Retour sur la notion d’offre d’emploi « valable ». S’il parait légitime, dans un système de redistribution centralisé, de contrôler où va l’argent du contribuable, il n’est pas moins important de ne pas systématiquement empiéter sur la liberté individuelle. Les solutions proposées par le gouvernement, au final, reviennent à laisse l’Etat décider pour nous ce qu’est une offre d’emploi valable. Ce n’est donc pas pour des histoires de « pression » mise sur les chômeurs, ou de « culpabilisation » qu’il faut critiquer ce genre de dispositif, mais pour son caractère collectiviste, centralisé, et déresponsabilisant.
C’est hier que Christine Lagarde, ministre de l’économie, de l’industrie et de l’emploi, devait présenter en conseil des ministres, le projet de loi « relatif aux droits et devoirs des demandeurs d’emploi », qui pourrait être débattu au Parlement avant la fin de la session d’été, le 14 juillet.
Précisons quelques points. Si collectivement, on décide d’indemniser le chômage pour sécuriser les personnes (ce qui peut se défendre), il est indispensable de gérer la manière dont on va organiser cette redistribution. Il ne peut être question, dans une société où la justice et la responsabilité ont encore une place, de redistribuer aux chômeurs sans compter et sans contrôler la fraude l’argent prélevé à d’autres. C’est une attitude collectiviste responsable. L’évaluation, bien sûr, est toujours perfectible, et il y aura lieu de l’améliorer.
Certains, mus par une volonté évidente de s’opposer à tout ce que pourra proposer le gouvernement, critiquent cela au nom d’une pression sociale mise sur les chômeurs. C’est une attitude collectiviste irresponsable. Il est normal, dans une logique de droits accordés aux citoyens et financés collectivement, de mettre en face des devoirs.
Mais on peut également prendre le problème avec une approche libérale. Et s’étonner, par exemple, que tout ce petit monde ne dise pas clairement la vérité – nue et simple – : il n’est pas possible de définir ce que signifie une offre d’emploi « valable ». Pour la simple et bonne raison que les individus ne sont pas des robots interchangeables, et que les choix de vie, les contraintes, les goûts de l’un ne sont pas ceux de l’autre. Je ne veux pas que soient fixées dans un texte de Loi ce que je dois considérer comme raisonnable. quelques pistes de réflexions : ne serait-il pas plus juste de fixer une indemnisation limitée dans la durée, sans condition d’obtention ? Ne pourrait-on pas laisser les individus choisir librement l’organisme auprès duquel ils souhaitent cotiser pour s’assurer contre le risque du chômage ?Pour la simple et bonne raison que les individus ne sont pas des robots interchangeables, il n’est pas possible de définir ce que signifie une offre d’emploi « valable ».
Chaque individu, bien sûr, garde cependant le choix : le jour où je me retrouverais dans cette situation, j’espère avoir un peu d’argent de côté pour – le cas échéant – continuer à choisir ce qui est valable ou pas pour moi. Je trouve que dans ce type de mesures, ce n’est pas l’aspect responsable qui est gênant ; c’est l’aspect collectiviste. Comment un ministre saurait-il mieux que moi décider pour moi ce qui est valable ? Pour rester un individu libre, je ne peux donc pas me servir de cette politique : je choisirai donc mon emploi si je le peux (c’est à dire si j’ai les moyens de me passer de l’indemnisation). Etrange, non ?
On ne peut donc continuer dans cette option de redistribution centralisée qu’au prix d’un abandon (d’une limitation forte) de la liberté de choix des individus. Pour rester libre, je devrais donc cotiser pour les autres, mais sans pouvoir profiter du système ?
Alors, ne laissons pas, dans un abandon bien coupable, l’Etat décider pour nous ce qui est bon. Il est très facile de trouver des cas où les critères de « valabilité » mis en avant par le gouvernement seront en inadéquation avec la volonté des individus. C’est normal, à nouveau : il est illusoire de vouloir définir de manière globale ce qui est bon pour les individus. Chaque individus doit rester libre de décider de ce qui est bon pour lui. Il y aura donc de nombreux cas de personnes qui choisiront, pour continuer à être un peu maîtres de leur vie, de ne pas accepter les offres « valables », et donc à se passer de l’indemnisation pour laquelle elles auront pourtant cotisé. Ce système n’est pas juste. Ou plutôt, il incite les gens à rentrer dans le jeu, et donc à accepter que l’Etat décide à leur place ce qui est « valable » ou non. Je ne peux pas me résoudre à penser que c’est une solution justifiée, viable, ou intelligente. Elle me parait même inquiétante, et aller à contresens de ce qui avait été mis en avant par Sarkozy pendant la campagne, à savoir un retour à la liberté et à la responsabilité individuelle.
J’aime bien la conception française, l’individu est assez intelligent et responsable pour imposer ses choix à tous les autres (à travers le vote). Mais il est incapable de décider seul de ce qui est bon pour lui, pour cela il doit écouter les autres.
C’est de l’anti-Voltaire, de l’anti-Candide.
salut AsTeR,
merci pour ton commentaire…oui c’est exactement ça. Les rhétoriciens utilisent l’argument de l’individu responsable quand ça les arrange, et le rejettent quand ça les arrange. On appelle ça de l’arbitraire, je crois…?
Drôle de conception de l’être humain, en tout cas….!
à bientôt !
Ce qui n’est pas acceptable dans ce système, ce sont deux choses : 1) L’indemnisation du chômage elle-même telle qu’elle existe : des cotisations prélevées sur les revenus de ceux qui travaillent, proportionnelles à ces revenus, et des indemnités calculées sur l’ancien revenu des chômeurs. Le déséquilibre est inévitable d’une part, et cela constitue de fait un revenu de substitution de nature à déresponsabiliser certains chômeurs ainsi indemnisés. 2) A l’intérieur de ce mauvais système, cette notion d’emploi « valable » qu’on n’aurait pas le droit de refuser. Et là, Lomig, je suis totalement d’accord avec toi pour refuser que ce soit l’Etat qui décide pour moi de ce qui est valable ou pas. En réalité, l’assurance chômage devrait être tout autre chose qu’un revenu de substitution. Elle devrait n’être que la garantie d’un revenu plancher réputé suffisant pour vivre en attendant d’obtenir un nouvel emploi. Ca ne préjuge en rien d’une quelconque modification du calcul des cotisations. Simplement, l’indemnité ne serait plus un pseudo-salaire mais bien uniquement une aide. Ensuite, et malgré cela, on ne peut pas, il est vrai, continuer à indemniser ad vitam aeternam un chômeur qui ne fait aucun effort de retour à l’emploi. Il pourrait donc sembler… Lire la suite »
salut René,
merci pour ces précisions…
je suis totalement en accord avec ce que tu dis. UNe indemnisation forfaitaire, d’une durée fixe me parait être plus viable que le système actuel. Il faudrait regarder ce qui se fait dans les autres pays, chose que j’ai pas eu le temps de faire…
Ta conclusion cerne bien le fond du problème : est-ce que les gens sont responsables ou pas de leurs actions…?
à bientôt !
En fait, je crois, LOmiG, que tu touches dans ton billet au fondement même du gouvernement en place: il n’a absolument aucun programme, ni aucune idée claire qui le guide dans son action. Il n’est absolument pas libéral dans son essence politique même. Pour moi, il n’a qu’un lointain rapport avec les idées collectivistes, mais je pense que cela est dû à une différence de définition entre nous. En clair, si le programme sarkozyste apparaissait vaguement libéral au départ, on ne sait plus très bien où il va aujourd’hui, et je pense que nous sommes tous d’accord là-dessus, à gauche comme à droite. Personnellement, je pourrai vous tenir un discours totalement égoïste: étant fonctionnaire, je ne vois pas pourquoi je paie l’assurance-chômage, car je ne suis pas menacé par cela, et je n’ai donc pas besoin de m’assurer. Bon, là, je serai vraiment démago au possible. Plus sérieusement, ce qui me gène le plus, c’est que, dans ce cas précis, j’ai vraiment l’impression de financer un système qui ne donne rien pour les chômeurs puisqu’ils sont toujours aussi nombreux. Cependant, je crois que le problème n’est pas tellement situé au niveau de l’ANPE, mais au niveau de nos structures économiques,… Lire la suite »
Salut Mathieu L.,
d’accord avec toi pour dire que le positionnement du gouvernement n’est pas très clair…
Il me semble important de bien regarder, avant de se prendre la tête sur les raisons du chômages, les aspects culturels, etc… de bien regarder, donc, ce qui se passe dans les pays où le chômage est nul. Et comment ils y sont parvenus. Dans la plupart des cas, il y a une vraie souplesse du marché du travail (licenciement facile = embauche facile), il y a une absence de salaire minimum, ou en tout cas, pas un salaire minimum qui augmente plus vite que le reste (c’est le cas en France). En bref, comprendre que le coût du travail est une donnée importante. CEux qui embauchent sont rationnels : si ça leur coute plus cher d’embaucher que ce que ça leur rapporte, pourquoi embaucher ? C’est de l’économie de base, mais c’est la réalité…
En voulant « protéger » les salariés, on a construit une société de smicards et de chomeurs. Beau résultat.
A mon avis, LOmiG, ton raisonnement est incomplet. Les pays à faible chômage ont aussi une productivité plus faible à travail égal. Jacques Marseille déclarait même sur France Inter le 8 mai qu’il faudrait diminuer notre productivité pour la ramener à l’égal de celle du Japon, et que l’on créérait ainsi 5 millions d’emploi. Les pays où le chômage est faible (car il n’est jamais nul) ont axé leur consommation sur le crédit à outrance, comme aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, et c’est très dangereux. Les salaires y sont bloqués depuis les années 1970. Enfin, il y a dans toutes ces zones une précarité forte, avec environ 30% des travailleurs qui ont un temps de travail inférieur à 30 heures par semaine, avec des revenus misérables et l’obligation de cumuler les emplois. Dans ces pays, le marché fait office de régulateur de l’emploi, beaucoup plus qu’ici, et, contrairement à ce qu’on pense souvent, il partage le travail à sa manière. Je te conseille d’aller sur le site de la Maison Blanche pour y lire les statistiques fédérales là-dessus. Je vais essayer de te retrouver le lien. En France, nous avons un taux de chômage élevé, mais je crois aussi que… Lire la suite »
Je suis en train de rechercher des stats, parce que je pense que ton affirmation selon laquelle les salaires sont bloqués aux USA et GB est fausse.
quelques stats qui comparent les salaires dans les pays européens :
Statistiques Suisse
à bientôt !
Je n’arrive pas à retrouver les pages que j’avais lu sur le temps de travail aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. J’ai besoin de plus de recherche, alors, demain.
Pour les salaires, je pensais en fait au salaire minimum, mais j’admets qu’il faut vérifier.
Cordialement,
@ René et à Lomig
A vous lire, on croirait que les indemnités chômage sont éternelles.
N’avez-vous donc jamais été au chômage ????
1° les indemnités diminuent très vite. Par paliers.
2° Lorsque vous commencez à être indemnisé, on vous précise la date d’expiration de celle-ci.
Vous n’avez jamais entendu parler de « chômeurs en fin de droit » ????
jf.
Jacques,
je ne suis tout de même pas si déconnecté de la réalité ;)
ce que je garde en tête, pour juger de l’efficacité du système, c’est qu’il coûte à la collectivité 70Milliards chaque année, pour un effet assez retreint sur le chômage (qui stagne depuis 15ans), ce qui donne donc un coût de 30000€ par an et par chômeur…! (chiffres 2005)
Il faut distinguer dans ces chiffres les dépenses « passives » (indemnisation au chômage et incitation au retrait d’activité) – 25milliards- et les dépenses « actives » (formation professionnelle et dépenses pour favoriser l’emploi) -27milliards-. Il faut ajouter à cela les dépenses liées aux effets des lois Aubry -9milliards-….voilà pour les grands postes.
Tout cela pour un pays qui crée moins d’emplois que les autres pays de l’OCDE, en dépensant plus pourtant pour soi-disant lutter contre le chômage…!
Les statistiques établies par l’OCDE montrent que les pays qui font peser sur les employeurs les taux de cotisations sociales les plus lourds sont aussi ceux où le chomage est le plus élevé.
Voilà ce qu’on doit tout de même rappeler avant de parler du chômage, et de son soi-disant traitement « politique », dont on observe les effets plutôt dévastateurs.
@ Lomig et Jacques Je pense que le fond du problème est bien là : est-ce que notre régime « d’assurance chômage » est efficace ou pas ? Et pour répondre, il faut d’abord se mettre d’accord sur la définition de cette efficacité. S’agit-il de combattre le chômage ou seulement d’indemniser les chômeurs ? Dans l’idéal de l’interventionnisme au pouvoir, ce devraient être les deux. Mais force est de constater que c’est un échec sur les deux tableaux : Comme l’a dit justement Lomig, le niveau de chômage stagne depuis plus de 15 ans, même si on s’évertue par des artifices à prouver le contraire. Ce n’est pas en jouant sur la définition des chômeurs qu’on redonne du travail effectif. Le nombre de chômeurs non indemnisés, non seulement ceux en fin de droit mais aussi ceux qui ne sont pas repris dans les chiffres officiels et qui sont bien, de fait, chômeurs puisque demandeurs d’emploi, ou bien encore travailleurs à temps très partiel subi, ne cesse de progresser. Forts de ce constat, il est nécessaire d’en rechercher les causes et, si possible, de les éradiquer. Je vais appeler à l’aide Monsieur de La Palice pour dire que la principale cause de chômage,… Lire la suite »
@ René,
Pourquoi parlez-vous toujours d’entreprises qui n’embauchent pas, bien évidemment à cause des charges….selon vous, exemple les aides devenues abattements pour les 35 heures faites ou non….. et que vous ne parlez JAMAIS des entreprises qui licencient à tour de bras, comme on l’apprend une, deux ou trois fois par semaine sur les chaînes nationales alors que c’est encore plus souvent sur les chaînes régionales.
Il me semble que le chômage est surtout alimenté par ces licenciements massifs, ainsi que par la mise aux rancarts des seniors (dispensés ensuite de recherche d’emploi…) plutôt que par le manque d’embauche. (Combien y a-t-il d’offres d’emploi non satisfaites en France ????)
jf.
Premièrement, licencier ou ne pas embaucher, c’est très exactement la même chose d’un point de vue macro économique. Dans les deux cas, il s’agit de supprimer des postes à cause du manque d’activité, et je ne recommence pas ici mon exposé sur le manque d’activité qui est dû en grande partie au manque de compétitivité, lui même lié en partie à l’importance des charges. Deuxièmement, j’ai déjà dénoncé moi-même la « mise au rencart » des Séniors. Mais leur maintien en activité ne serait pas une source de création d’emplois. Le Sénior conservé à son poste, c’est mathématiquement une embauche en moins. Sauf dans le cas d’une hausse de l’activité, et on revient à la case départ. Troisièmement, il y a finalement assez peu, en pourcentage, d’offres d’emplois non satisfaites. Et leurs statistiques font apparemment l’objet de « manipulations » fréquentes au gré des besoins des responsables politiques. Quoi qu’il en soit, leur cause principale est l’inadéquation entre l’offre et la demande. D’une part l’orientation des lycéens est un échec. D’autre part, les universités ne préparent que très peu aux professions porteuses d’emploi. Ce problème est strictement un problème de formation. Le nombre d’offres non satisfaites n’est en rien significatif du niveau d’activité, et… Lire la suite »
Salut,
merci René pour la clarté de ton exposé, je suis en tout point d’accord avec ton dernier commentaire. Oui il faut alléger toutes les charges, pour toutes les entreprises. A chaque fois qu’une politique renchérit le cout du travail, on tue de l’emploi…
à bientôt i
Vous êtes beaucoup plus compétents que moi sur ces questions…..
Cependant, je me pose toujours une question:
Que reste-t-il comme charges sociales aux entreprises puisqu’on annonce à tout bout de champ des exonérations,des allégements, des abattements….
Et ce n’est pas d’hier, puisque cela a commencé en 1983, après une vive campagne d’Yvon Gattaz, le Patron du CNPF d’alors, auprès de M. Miterrand. Y. Gattaz obtiendra ainsi un moratoire sur les charges, assorti d’un écrètement de la taxe professionnelle.
Depuis, TOUS les gouvernements y ont été de leur dispositf.
Alors ?????
jf.
Bonjour, Je voudrai rebondir sur les derniers commentaires. Vos analyses semblent ignorer que la question de l’emploi ne se traite pas qu’au niveau micro-économique. Les emplois qui manquent en France sont des emplois sous-qualifiés en majorité. Je répète que ce manque s’explique en grande partie par la productivité très forte de notre pays, qui a axé sur le développement de technologies permettant de supprimer ces emplois, comme dans la fonction publique, ou sur la délocalisation vers des pays à bas coûts, comme dans le secteur privé. De ce fait, les salariés qui souffrent sont les professions les plus faiblement qualifiés. Les prélèvement obligatoires et la réduction du temps de travail ont fait de notre pays le quatrième le plus productif au monde. Croyez-vous vraiment que nous avons aujourd’hui les besoins pour recréer ces emplois? Dans de nombreux autres pays, comme aux Etats-Unis, le faible coût du travail a permis le maintien d’une partie de ces emplois, mais dans des conditions effroyables, avec des salaires minimums bloqués et des temps de travail souvent bien plus faibles que le temps légal, sans oublier la précarité. A-t-on besoin de ce type d’emplois? A l’évidence, oui. Les services sont des réserves à emplois sous-qualifiés… Lire la suite »
salut à tous, @ Jacques : le ration est à peu près connu en France. Quand une boite veut embaucher quelqu’un et le payer disons 2000€ / mois, cela lui coûte 4000€ / mois (salaire charges). @ Mathieu L. : très honnêtement, je ne crois pas que le problème de la formation – important – puisse être résolu par une solution de type collective, avec une éducation gerée de manière centralisée et qui veut avoir une vision totale des besoins de la société. Je ne crois pas que ça soit possible, tout simplement de former en temps réel exactement ce qu’il faut sur le marché du travail… La voie qui me parait la plus intelligente serait de laisser totalement ouvert à la concurrence l’éducation. En maintenant une éducation nationale, et en permettant à ceux qui veulent le faire de scolariser leurs enfants où ils veulent. De même pour ce qui se passe après le bac. Et en arrêtant de vouloir faire croire que l’éducation – parce qu’elle est primordiale et indispensable, et que son absence coute toujours plus cher que son coût financier – devrait être totalement hors de toute logique comptable. Il FAUT faire payer les études aux étudiants,… Lire la suite »
Le chômage a permis la conpression des salaires, qui ont cru beaucoup moins vite que durant les Trente Glorieuses, alors que la hausse du PIB s’est poursuivie. De nombreux économistes reconnaissent aujourd’hui cette évolution de la répartition des richesses, INSEE comprise, et l’important tranfert de valeur effectué du travail vers le capital depuis 1973. Keynes avait déjà bien vu ce processus lors de son analyse de la crise de 1929, en démontrant que le marché du travail pouvait être en équilibre en maintenant un chômage important, du fait du jeu de l’offre et de la demande. Il ne s’agit donc nullement de cynisme, car la taille du gâteau n’arrête pas de gonfler, et c’est bien pour cela que la solution libérale de faire encore plus gonfler le gâteau me semble illusoire dans le contexte actuel. Seule la chute du chômage et la disparition de la précarité permettrait à nouveau de répartir les richesses par le marché, librement grâce au rapport de force généré par le plein-emploi, mais c’est encore loin d’être le cas. Sur l’indemnisation du chômage, tout ce qui arriverait, c’est simplement que les chômeurs ne seraient plus indemnisés. Je ne crois nullement que l’on puisse rester au chômage… Lire la suite »
Excusez-moi pour les fautes d’orthographes du commentaire précédent, mais la fatigue était forte…
Salut Mathieu L.
je te soupconne (gentiment, hein) de promouvoir une idée sans la baser sur des faits, voire en mettant en avant des contre-vérités.
Quand tu dis que « les systèmes qui réussissent, comme en Finlance, sont non concurrentiels », c’est faux. Il se trouve que j’ai écris un article il ya peu consacré à l’école en Finlande Ecole, priorité aux profs ou aux élèves. Basé sur le constat de réussite du système finlandais, et sur l’analyse des raisons de ce succès que l’on peut trouver dans un rapport de Paul Robert (je donne le lien dans l’article), on peut y lire ceci :
Si ça c’est un système non-concurrentiel, alors moi, je suis la reine d’Angleterre !
Par ailleurs, je ne vois absolument rien de choquant à ce que l’établissement aie son mot à dire dans le choix des élèves…que l’on soit dans une logique de « contrat » avec un accord entre deux partis libres et consentants qui s’entendent sur le « contrat », ça me parait souhaitable.
Je ne vois pas pourquoi les élèves devraient pouvoir choisir les établissements, sans que l’inverse soit possible.
@ Jacques Je n’ai jamais prétendu qu’il n’y avait pas d’allègements de charges. J’ai dit, et je répète, qu’elles sont inopérantes. En même temps, venir demander « que reste-t-il comme charges sociales aux entreprises ? » serait risible si le sujet n’était pas aussi grave. Les exonérations et allègments que vous faites remonter jusqu’en 1983, mais qui n’ont jamais été aussi importantes historiquement que depuis les lois Aubry, même si elles coûtent (trop) cher au contribuable, ne représentent qu’une très faible réduction du poids total des charges, lesquelles représentent en moyenne 40 % du salaire brut. Les allègements dont nous parlons ramènent ce taux en moyenne de 20 %, mais uniquement pour la plupart sur les bas salaires, ce qui me fait dire qu’ils n’ont de réel effet qu’à la marge. En outre, elles tirent mécaniquement les salaires vers le bas, ce qui est négatif sur le plan de la consommation, et donc de la croissance économique. « Alors ????? », demandez-vous. Alors, la taxation des salaires reste beaucoup trop élevé malgré ces mesurettes, et le coût du travail est globalement trop important pour permettre le jeu normal d’une économie libre et prospère. @ Mathieu L. Je commence à en avoir assez d’entendre dire… Lire la suite »
Bonjour LOmiG, Tout d’abord, le système finlandais pose de nombreuses questions concernant l’organisation de l’Education. Contrairement à ce que l’on pense souvent, la plupart des enseignants français ne seraient sans doute pas opposés à la concurrence, si les conditions de départ étaient identiques partout, mais ce n’est absolument pas le cas. J’affirmerai ici une chose claire et, là encore, sans statistique, c’est que les bons établissements le sont par leurs élèves, et non par le niveau d’enseignement qui y est dispensé. En effet, les profs sont les mêmes aujourd’hui car les diplômes sont les mêmes, seule l’expérience varie parfois. Personnellement, je suis dans un établissement où les élèves sont considérés comme faibles, et nous faisons pourtant une multitude d’activités diversifiés qui ont de réels succès pédagogiques. Pourtant, les bons élèves des classes moyennes et aisées n’y viendront pas, parce que c’est la zone. L’école ne fonctionne pas hors de la société, et toutes ses divisions s’y retrouvent. Je signale ensuite qu’un prof peut être viré aujourd’hui, et cela arrive d’ailleurs régulièrement, pour des affaires de pédophilie ou morale souvent. Malheureusement, l’Etat, comme les établissements privés, n’ont pas les moyens de virer en masse les enseignants, car on manque cruellement de… Lire la suite »
Bonjour René, Nous ne serons jamais d’accord sur le travail. Je ne vois pourquoi on doit exiger d’une population qui a haussé fortement sa productivité depuis 30 ans, de travailler autant voire plus pour des salaires équivalents. C’est un marché de dupes. La productivité est centrale, même si je n’y vois pas forcément derrière l’idée de la baisse du temps de travail. Votre idée sur la quantité du temps de travail disponible me semble là aussi étonnante. Comment peut-on faire varier la quantité de travail disponible? Soit on augmente le temps de travail, ce qui risque de s’avérer difficile à supporter pour les salariés, sinon je ne vois pas pourquoi toutes ces luttes dans le passé pour diminuer le temps de travail; soit on augmente le nombre de gens au travail (en réduisant le temps d’étude des jeunes ou en allongeant la durée de travail des vieux); soit on mène des politiques pour faire augmenter la population salariée par l’immigration et la natalité; soit on augmente la productivité des salariés. Je maintiens qu’en France, on a choisi la dernière voie, alors qu’aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, on a utilisé les premières. La voie française oblige finalement un chômage élevé qui,… Lire la suite »
salut, tout d’abord désolé de devoir vous dire ça (j’ai fait la même chose) : il faut que nous arrivions à écrire des commentaires plus courts. Sans cela la discussion est difficile à suivre, et les arguments perdent de leur force, noyés dans un flux de phrases…. Juste pour rebondir à tes propos, Mathieu L. : Je souhaiterai que cela soit différent, mais je crains que nos concitoyens n’y soient pas encore prêt culturellement… il n’y a pas à décider d’en haut si le citoyens sont prêts ou pas : ouvrons le système et nous verrons bien vers quoi les gens se dirigent. Contrairement à toi, je pense que les gens sont bien plus prêts que tu ne le dis, ce sont nos dirigeants qui vivent sur des vieilles rengaines. Pour revenir sur ce que tu disais, René, l’argument fort que tu donnes est que l’on critique souvent les améliorations proposées au nom de l’égalité supposée du système actuel, qui est tout sauf réelle. Le système actuel est inégalitaire au possible, sélectif sans que les critères de sélection soient clairs et connus de tous, destructeur de lien social et de mixité sociale, et destructeur de valeurs importantes comme l’effort, le… Lire la suite »
Pas du tout d’accord sur ton constat final. Tous les systèmes scolaires de notre planète sont inégalitaires, parce que la société l’est. Je ne vois pas comment l’école pourrait être pleinement égalitaire quand le monde extérieur ne l’est pas.
Les systèmes que vous proposez existent ailleurs. Prenons le temps de les analyser, de voir ce qui pourrait être fait chez nous, et ce qui ne le pourrait pas. Voyons les qualités et les défauts. L’Education de nos enfants ne mérite pas la précipitation, mais le temps du débat et de la réflexion.
Faire court??? Mais, enfin, c’est impossible! Aaarrgghhh. Bon, on va essayer…
Salut Mathieu L.,
je n’ai pas dit qu’un système égalitaire était possible, au sens où tu l’entends. La seule égalité souhaitable à mon sens est une égalité des citoyens devant le système : chacun doit avoir les mêmes droits. Il y a un système de bourse : chacun doit pouvoir y candidater ! Il y a plusieurs écoles ? chacun doit pouvoir être libre de se présenter dans l’école de son choix ! Il y a plusieurs systèmes d’éducation différents ? il doit être du strict ressort du choix des parents d’inscrire leur enfant dans un système ou l’autre, voire de confier leurs enfants à un précepteur. Laissons les individus libre, et ne souhaitons pas une égalité de fait, seulement une égalité de droit.
à bientôt !
PS : oui c’est dur de faire court, mais c’est le prix à payer pour que la discussion reste un échange…non ?
Mais là aussi, c’est déjà le cas. La France est tout de même dotée d’un important réseau d’établissements privés, libres ou sous contrats, dans lesquels les parents peuvent inscrire leurs enfants sans problème. De même, le précepteur est possible: la loi impose la scolarité jusqu’à 16 ans, mais ne précise pas comment les parents doivent la mettre en oeuvre.
Cinq lignes!!! Ouaahhh… lol
Salut mathieu L…..
tu décides quand même de la taille à donner à tes commentaires….5 lignes, c’est sûr que c’est plus difficile. En même temps, en 5 lignes on peut donner de vrais arguments forts, et qui relancent la discussion. (Aïe ! plus que 2 lignes :) ). Bien sûr il existe une certaine liberté en France : heureusement. Seulement, elle n’est pas réelle ni juste : ceux qui inscrivent leurs enfants dans le privé cotisent tout de même pour l’école publique, tout en payant aussi indirectement pour les subventions que l’école privée reçoit de l’Etat…trop compliqué, et trop injuste. Le plus simple ne serait-il pas que les écoles fassent payer le service rendu directement aux intéressés ? Une vraie autonomie aux établissement en quelque sorte. Qui seraient gérés comme des entreprises…
à bientôt, et désolé pour ce long commentaire !
Je crains que la suppression des aides d’Etat fasse s’effondrer les écoles privées, ou qu’elles haussent tellement leurs tarifs que le plus grand nombre en soit exclu. Où alors, elles joueront sur la qualité des enseignants, ce qui peut être tout aussi dommageable…
Là encore, les entreprises mesurent sans problème leur efficacité: profit or not profit. Pour l’éducation, les établissements sont évalués par leur image, notion bien irrationnelle et difficilement changeable. Les résultats au bac ou au brevet n’ont aucun sens, car ils sont liés aux élèves présents sur place…
Faire payer, mais combien??? Non, l’école, quand elle marche bien, bénéficie à toute la collectivité et, je le répète, c’est une belle externalité positive dont les entreprises bénéficient autant que les citoyens. Nous devons tous payer d’une manière ou d’une autre. Je serai plus pour rendre l’impôt plus équitable et plus progressif.
14 lignes… Bof…
Je ne pense pas que le grand nombre en serait exclu : les tarifs qui augmentent seraient en partie compensés par les impôts qui baissent ; par ailleurs les bourses et le mécenat compenserait en grande partie le problème de financement qui se poserait pour les plus démunis. C’est tout l’intérêt d’une école que de financer elle-même les élèves avec un bon dossier s’il n’ont pas les moyens de se payer l’inscription…
Libre aux écoles de fixer le tarif qu’elles veulent : si le marché est réellement ouvert à la concurrence, le prix ira rapidement se rapprocher de son niveau le plus juste, à savoir celui permettant une bonne adaptation offre / demande…
à bientôt !
Ah, mais 50% des Français ne paient pas d’impôt sur le revenu, et je ne pense pas qu’une éventuelle baisse de la TVA serait significative vu le contexte.
Le niveau juste, ce sera cher!!! L’éducation coûte cher, malheureusement. Elle nécessite du matériel, des personnels très qualifiés, des locaux et donc des dépenses de fonctionnement et d’investissement. Aujourd’hui, la charge est répartie entre Etat et collectivités territoriales, et les usagers pour le privé.
« si le marché est réellement ouvert à la concurrence, le prix ira rapidement se rapprocher de son niveau le plus juste, à savoir celui permettant une bonne adaptation offre / demande… »
Heureusement que vous avez mis un « SI », cher Lomig, car on sait tous qu’il n’y a pas concurrence en France mais ententes illicites à peu près dans tous les secteurs. Celui-là n’y échapperait probablement pas non plus.
jf.
Salut Jacques,
si tu avais lu Monopoles légitimes et illégitimes, tu saurais qu’un marché ouvert à la concurrence peut tolérer des ententes : la seule chose qui importe est la liberté totale laissée aux entrants sur un marché. SI trois opérateurs téléphoniques (c’est un exemple au hasard ;) ), s’entendent sur les prix au point que ceux-ci deviennent abusivemnt élevés, et SI un concurrent peut librement s’installer sur le marché, il aura vite fait de leur ravir leur clients (car il proposera un prix meilleur)…
La seule chose à garantir est la liberté d’entrée sur le marché. Ensuite si les gens veulent s’entendre, grand bien leur fasse.
à bientôt !
J’ai juste parlé d’ententes ILLICITES, ce qui est malheureusement courant actuellement et pas très « tolérable » !!!!
Mais merci pour le « cours » !!! :-(
jf.
Qu’appeles tu « ententes ILLICITES » ?