En 1978, quatre années après avoir été déchu de sa nationalité par le pouvoir communiste, et expulsé de son pays, Alexandre Soljenitsyne prend la parole devant les étudiants de Harvard. Son discours est un discours de vérité, tranchant comme un couteau, sans fioritures, sans pincettes. Il n’est pas venu passer de la pommade aux étudiants, ou au monde occidental. Non : il vient expliquer qu’il est atterré par ce qu’il voit depuis qu’il est arrivé en Occident, à commencer par le manque de courage :
Le déclin du courage est peut-être le trait le plus saillant de l’Ouest aujourd’hui pour un observateur extérieur. Le monde occidental a perdu son courage civique, à la fois dans son ensemble et singulièrement, dans chaque pays, dans chaque gouvernement, dans chaque pays, et bien sûr, aux Nations unies. Ce déclin du courage est particulièrement sensible dans la couche dirigeante et dans la couche intellectuelle dominante, d’où l’impression que le courage a déserté la société toute entière. Bien sûr, il y a encore beaucoup de courage individuel, mais ce ne sont pas ces gens-là qui donnent sa direction à la vie de la société. Les fonctionnaires politiques et intellectuels manifestent ce déclin, cette faiblesse, cette irrésolution dans leurs actes, leurs discours et, plus encore, dans les considérations théoriques qu’ils fournissent complaisamment pour prouver que cette manière d’agir, qui fonde la politique d’un Etat sur la lâcheté et la servilité, est pragmatique, rationnelle et justifiée, à quelque hauteur intellectuelle et même morale qu’on se place. Ce déclin du courage, qui semble aller ici ou là jusqu’à la perte de toute trace de virilité, se trouve souligné avec une ironie toute particulière dans les cas où les mêmes fonctionnaires sont pris d’un accès subit de vaillance et d’intransigeance, à l’égard de gouvernements sans force, de pays faibles que personne ne soutient ou de courants condamnés par tous et manifestement hors d’état de rendre un seul coup. Alors que leur langue sèche et que leurs mains se paralysent face aux gouvernements puissants et aux forces menaçantes, face aux agresseurs et à l’Internationale de la terreur. Faut-il rappeler que le déclin du courage a toujours été considéré comme le signe avant-coureur de la fin ?
Les pages consacrées à la tolérance vis-à-vis de la violence et de la criminalité, comme celles où il expose – en 1978! – à quel point les médias sont de véritables propagateurs de mensonges, sont tout simplement incroyables. Son constat est implacable, et son analyse des causes le conduit à identifier une vision dogmatique de l’humanisme qui a perdu de vu la spiritualité et la transcendance.
Nous avions placé trop d’espoirs dans les transformations politico-sociales, et il se révèle qu’on nous enlève ce que nous avons de plus précieux : notre vie intérieure. A l’Est, c’est la foire du Parti qui la foule aux pieds ; à l’Ouest, la foire du commerce : ce qui est effrayant, ce n’est même pas le fait du monde éclaté, ce n’est que les principaux morceaux en soient atteints d’une maladie analogue. Si l’homme, comme le déclare l’humanisme, n’était né que pour le bonheur, il ne serait pas né non plus pour la mort. Mais corporellement voué à la mort, sa tâche sur cette terre n’en devient que plus spirituelle : non pas l’accomplissement d’une quotidienneté, non pas la
recherche des meilleurs moyens d’acquisition, puis de joyeuse dépense des biens matériels, mais l’accomplissement d’un dur et permanent devoir, en sorte que tout le chemin de notre vie devienne l’expérience d’une élévation avant tout spirituelle : quitter cette vie en créatures plus hautes que nous n’y étions entrés. Il est impératif que nous revoyions à la hausse l’échelle de nos valeurs humaines. Sa pauvreté actuelle est effarante.
On peut, bien sûr ne pas partager l’intégralité de l’analyse de Soljénitsyne. Mais sa force, la lucidité de son regard posé sur notre société en 1978, voyant le délitement à l’œuvre, nous oblige à la considérer. Elle devrait faire partie des textes à faire lire et à discuter au Lycée.
Le texte du discours est en ligne (je l’ai lu pour ma part dans l’édition des Belles Lettres). Pour ceux qui voudraient le découvrir tout de suite, la vidéo de ce discours est disponible sur Youtube :
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L’étincelle Bitcoin
J’ai beaucoup appris en regardant les vidéos du Youtuber Jon Black sur le sujet du Bitcoin. C’est donc tout naturellement que j’ai acheté son ouvrage récemment publié « L’étincelle Bitcoin ». Bien m’en a pris : c’est un excellent livre d’introduction et de plongée dans la « révolution pacifique » Bitcoin.
Pédagogique
A la lecture, il se confirme que la pédagogie, il y a des gens doués pour ça, et que ça se travaille. Le ton et le format de ses vidéos (courtes, synthétiques, méthodiques) se retrouve dans le livre. Les chapitres ont une structure identique (ils se terminent tous par une des 21 façons de changer le monde), et ils sont faciles à lire comme tout, passionnants, documentés. Plus le livre avance et plus on progresse en difficulté aussi. C’est très agréable à lire, et j’ai appris plein de choses (sur le système bancaire, sur l’influence néfaste du FMI et d’une forme de colonialisme monétaire).
Inspirant et réaliste
Le parti pris par Jon Black d’éclairer en quoi le Bitcoin est en train de changer le monde, et quel monde cela permet d’imaginer est une super idée. Le livre est, du coup, animé d’un souffle « randien », et est très inspirant et positif. D’autant plus que l’auteur a évité le piège de la projection un peu gratuite vers un idéal, en démarrant toujours les chapitres par le fait de bien poser le problème, pour ensuite montrer en quoi Bitcoin résoud tout ou partie de ce problème.
Ma seule petite critique serait une forme d’emballement optimiste à deux endroits du livre où Jon Black explique que le Bitcoin est une forme de réserve de valeur inviolable/involable. Je crois que c’est faux : c’est certainement plus sûr que de la monnaie fiat laissée sur un compte en banque, mais il est toujours possible pour des bandits (Etat autoritaire, truands, etc.) de venir menacer un propriétaire de Bitcoin avec un flingue sur la tempe et lui demander ses clefs privées.
21 façons de transformer le monde
J’avais prévu de re-lister ici les 21 phrases de conclusion qui clôturent chaque chapitre, mais ça ne serait pas très utile. C’est le raisonnement, l’analyse des problèmes et leur mise en perspective avec la formidable invention qu’est Bitcoin qui fait l’intérêt du livre. Je partage le point de vue de l’auteur, point de vue d’ailleurs partagé par tous ceux qui adoptent Bitcoin : il s’agit d’un changement de paradigme majeur, comme il en arrive une ou deux fois par siècle. La monnaie, est omniprésent dans nos vies, tous les jours : réserve de valeur, moyen d’échanges, unité de compte. Comment un tel bouleversement – la création de la première monnaie digitale dure – pourrait se produire sans changer totalement le regard que nous portons sur un certain nombre de sujets ?
Non sans vous avoir recommandé chaudement de vous procurer cet ouvrage indispensable, frais, structuré et rigoureux, pédagogique, je laisse le mot de la fin à l’auteur, avec un extrait du Chapitre 20 : le rééquilibrage humain.
Si le système monétaire a été aussi peu remis en question jusqu’à aujourd’hui, c’est principalement parce que nous avons été maintenus habilement dans un état de confusion quant à son fonctionnement. En effet, ceux qui profitent le plus de la création monétaire ont une forte incitation financière à masquer, autant que possible, la réalité spoliatrice du système dont ils bénéficient. Pour permettre à ce système de perdurer le plus longtemps possible, il est essentiel que la plupart des gens ne comprennent pas comment il fonctionne. Ainsi, dirigeants de banques centrales, responsables gouvernementaux, et économistes rémunérés par les Etats contribuent activement à maintenir une matrice de mensonges sur le fonctionnement de la monnaie.
Le plus grand de ces mensonges est que l’inflation est un phénomène naturel et souhaitable émergeant spontanément dans toute économie saine, et que les manipulations de la monnaie pour diriger l’économie d’une pays sont bénéfiques à la société au sens large. En réalité, c’est exactement le contraire : l’inflation n’est pas un phénomène naturel, mais une politique délibérée de confiscation de richesse au travers de l’expansion de la masse monétaire.
Ironiquement, alors que les banques centrales prétendent « lutter » contre l’inflation et se donnent pour mission de maintenir le pouvoir d’achat de la monnaie, elles sont en réalité la cause directe de l’inflation par leurs politiques monétaires. Le simple fait que les banques centrales aient un « objectif d’inflation » (généralement de 2% par an) signifie qu’elles ont pour but déclaré de veiller à ce que le pouvoir d’achat de la monnaie soit dilué en moyenne de 2% chaque année. Ces manipulations monétaires sont directement responsables d’effets secondaires catastrophiques pour notre société.
De plus, l’état naturel d’une économie est en réalité la déflation, car sans création monétaire, les prix diminueraient au fil du temps en raison de la nature déflationniste des progrès technologiques.
Les populations sont délibérément maintenues dans un état d’ignorance et d’inculture financière sur ce sujet : nombreux sont ceux, par exemple, qui pensent que c’est une bonne chose que le prix de leur maison augmente au fil du temps, car ils pensent ainsi s’enrichir. La plupart des gens ne réalisent pas qu’il ne s’agit pas d’un enrichissement, mais d’une dévaluation de la monnaie, et que tous les prix augmentent au fil du temps en réponse à l’expansion de la masse monétaire (c’est pour cela que la courbe à long terme des prix des actifs suit exactement la même forme exponentielle que celle de la quantité de monnaie en circulation).
Bitcoin nous pousse à remettre en question ces mensonges monétaires. En effet, c’est un système si différent de ce que nous avons connu jusqu’à présent que pour comprendre son fonctionnement, nos sommes obligés d’élargir notre champs de connaissances. En apprenant d’avantage sur l’économie, l’histoire monétaire, la politique, la psychologie et les mathématiques, nous sommes incités à mieux comprendre le fonctionnement réel du monde et à nous interroger sur la nature même de la monnaie :
– D’où vient l’inflation ? Pourquoi la vie devient-elle plus chère au fil du temps alors que nous devenons de plus en plus efficients ?
– Quand de la nouvelle monnaie est créée, qui reçoit cette monnaie fraichement imprimée ? Quelles en sont les conséquences ?
– Si l’Etat peut créer de la monnaie pour financer ses dépenses, pourquoi devons-nous payer des impôts ?
La réponse à ces questions nous amènent à découvrir la sombre vérité cachée derrière les mensonges monétaires : la monnaie n’est pas seulement utilisée come un outil d’oppression financière, mais aussi comme un mécanisme de confiscation cachée. La principale raison pour laquelle nous devons travailler toujours plus pour joindre les deux bouts est que les bénéficiaires du système monétaire actuel volent systématiquement notre pouvoir d’achat à travers la création monétaire. (…)
En d’autres termes, Bitcoin est à la fois la lunette qui nous permet de mieux voir les mensonges du système monétaier actuel et la seule alternative crédible à celui-ci. Cela explique en grande partie pourquoi l’adoption de Bitcoin a augmenté de façon spectaculaire au cours de ces dernière années : à mesure que des millions de personnes à travers le monde découvrent chaque année à quel point le système des monnaies fiat est brisé et spoliateur, de nouveaux participants rejoignent le camp des « bitcoiners convaincus ». Ils sont à leur tour plus susceptibles de partager cette prise de conscience avec d’autres, contribuant ainsi à une révolution pacifique contre le système des monnaies fiat. -
Javier Milei
@LexFridman est une superstar des podcasts, comme @JoeRogan. Si vous ne les connaissez pas, allez les découvrir. Lex Fridman a récemment interviewé @JMilei, le président argentin depuis une année. Si vous aimez les mensonges régulièrement fournis par les médias subventionnés, ne regardez pas cette vidéo. Continuez de penser que Milei est « fou », « d’extrême-droite ». Si, au contraire, vous aimez vous faire une idée par vous-même des gens, de leurs pensées, de leurs actions, alors c’est le moment. A titre personnel, au bout d’une heure, je peux vous dire que le sujet était déjà bien clarifié : Javier Milei est un homme d’Etat hors-norme, un grand défenseur de la liberté, pragmatique, érudit sur l’Ecole Autrichienne d’économie (ce qui ne peut que me plaire), dont je me sens très proche, et dont la liberté de parole détonne dans notre petit monde français bien propre sur lui. Décidemment, c’est en Amérique que ça bouge fort. La vieille Europe trouvera-t-elle les ressorts pour suivre ce qui s’y passe ?
Here's my conversation with Javier Milei (@JMilei), President of Argentina 🇦🇷.
I'm posting it in both English (overdubbed) & Spanish (with subtitles) here on X and everywhere else.
See comment thread for Spanish version and links. The Spanish version has me speaking Spanish 🔥… pic.twitter.com/zCazJbhFsA
— Lex Fridman (@lexfridman) November 19, 2024
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Les 5 méprises sur le climat
La plupart des gens ne se renseignent pas beaucoup, et d’une manière plus ou moins compréhensible, font confiance aux médias pour s’informer. Je pense donc qu’ils se méprennent souvent, car certains « experts » mentent, par contre. Voici donc quelques-unes des méprises courantes sur le sujet du climat, véhiculées par des médias peu rigoureux.
Un grand merci au compte X @Elpis_R, car il a fait un remarquable travail de synthèse.Méprise sur la science
Comme je l’avais rappelé ici, et comme on peut l’entendre souvent, la science n’est pas une affaire de consensus. La démarche scientifique consiste à formuler des énoncés sur le réel (affirmation, théories, modèles, etc.) et à les confronter à la réalité pour en tester la validité. Peu importe que X% de la communauté scientifique soit d’accord avec une affirmation : si le réel lui donne tort, elle est fausse. L’affirmation « tous les cygnes sont blancs » est une affirmation scientifique (il est possible d’imaginer une expérience de pensée ou réelle qui la réfute). Peu importe le nombre de personnes qui l’estime juste : la découverte d’un cygne noir suffit à l’invalider.
Méprise sur les échelles
Les humains en 2024 sont singulièrement peu humble quand il s’agit de considérer leur juste importance dans l’univers. Une grande ville dépasse déjà, dans l’espace et dans sa complexité, ce qu’un humain est capable de connaître : que dire alors de la Terre ? Ce que l’humanité produit de CO2 par an, n’est qu’une toute petit partie du CO2 atmosphérique (de l’ordre de 0,3%), qui n’est lui-même qu’une petite partie des gaz à effets de serre de l’atmosphère (notamment la vapeur d’eau, qui représente 10 fois la quantité de CO2). Vouloir faire croire qu’une inflexion plus ou moins marqué de ces émissions (jouant donc sur moins d’un dix millième en ordre de grandeur), est sincèrement complètement idiot.
De même pour les augmentations prévues ou estimées du niveau des océans… les échelles à nouveau ont de quoi faire rire : les gens s’affolent (ou veulent affoler) avec des élévations de quelques millimètres ou centimètres, là où les hauteurs des océans ont évolué par le passé bien plus que cela (plusieurs mètres), et là où les grandes marées conduisent à des variations bien plus importantes. Problème d’échelle, à nouveau.Méprise sur la causalité
Un principe utile dans les raisonnements – pas que scientifiques – est le principe de causalité. Il est prouvé (article 111. The temperature–CO2 climate connection:
an epistemological reappraisal of ice-core messages, Pascal Richet, article 22) que le CO2 augmente après l’augmentation des températures, on se demande donc bien pourquoi l’augmentation du CO2 pourrait être la cause de l’augmentation de la T° ?Une conséquence des deux points précédents (le CO2 produit par les humains est négligeable dans l’effet de 2. What Humans Contribute to Atmospheric CO2: Comparison of Carbon Cycle Models with Observations, Herman Harde, Earth Sciencesserre global, et le CO2 varie surtout en conséquence des variations de T°) : les efforts fait par toutes les entreprises, sous le coup de la règlementation débile, pour mesurer et diminuer leur « bilan carbone » ne sert à rien (à part enrichir des consultants et Jancovici).
Méprise sur les faits
Avant même toutes ces discussions, il y a une méprise plus générale, induite par les termes (« dérèglement climatique ») : A quelle époque le climat a-t-il été réglé ? Tout personne de bonne constitution qui va voir les courbes de variation de T° et du climat sur la Terre sur le temps long constate que le climat a toujours fluctué, et souvent beaucoup plus vite qu’à notre époque. C’est un fait que le climat n’est pas « réglé », et ne l’a jamais été.
Par ailleurs, il est pénible de voir tout le monde pleurer sur l’augmentation de CO2, car c’est une bonne pour la planète : le dioxyde de carbone favorise la végétation, et la vie sur Terre. Découvrez d’autres mensonges factuels ici : Climat : les 12 mensonges du GIEC.
Un autre exemple, pour la route ? J’entends souvent parler de la pénurie d’eau à cause du réchauffement. Quelle foutaise : sur la planète bleue, où 71% de la surface couverte l’est par de l’eau, on nous explique que l’on va manquer d’eau ? Par quelle drôle de mécanisme cela serait-il possible ? Encore un fait totalement douteux. Il en est de même de l’augmentation des catastrophes climatiques (elles sont stables dans le temps merci @AssoClimatoReal).Méprise sur les intentions
Toutes ces méprises ne sont possibles que parce qu’une partie des scientifiques, des médias et des politiciens, joue un jeu de propagande politique, et non d’information et de recherche de la vérité. Les activistes du climat ne se battent pas pour la Terre, ou le climat, mais pour asservir les autres et décider à leur place comment ils doivent vivre : décroissance, contrôle politique et social, censure. Ce sont des dictateurs. @JP_O l’a bien montré dans Greta a tué Einstein.
Je reprends ce que j’ai déjà décrit ailleurs, ainsi que d’autres @FBoisard1533 :
nous sommes devant une mythologie, une foi, dérangeante dans son rejet des faits, de la réalité, et dans ses racines misanthropiques. Ce qui est flagrant, rageant, c’est que ce mensonge organisé est devenu une sorte de dogme diffus, officiel, mortifère et proprement suicidaire. Est-ce un signe de plus d’une décadence générale, ou l’un de ses moteurs principaux ? -
Un souffle de liberté
J’ai suivi de près la campagne US sur X. Contrairement à ce que nous serinait les médias depuis des mois, Donald Trump, après un parcours proprement exceptionnel (multiples tentatives juridiques, monde médiatique vent debout contre « Hitler », deux tentatives d’assassinat) a été réélu haut la main. Une véritable vague républicaine. Bien sûr, les ralliements de poids, tout à fait justes et compréhensibles, de @elonmusk, @RobertKennedyJr, Vivek Ramaswamy, et autre @joeRogan ont pesé dans la balance. Le génie de la communication de Trump aussi bien sûr. Mais surtout, surtout, le fait qu’ils aient fait leur campagne sur les vrais sujets : moins de bureaucratie et d’étouffement étatique, guerre au wokisme, fin des frontières ouvertes, sortie des folies « climatiques », retour à la croissance et à moins de dette. C’est simple : quand on parle aux gens des vrais sujets, sans mentir en permanence, et sans leur vomir à la tronche, ça marche.
Enseignements et doutes
J’aimerais penser qu’il est possible de tirer quelques enseignements pour la France, et que certains politiciens vont s’inspirer de cette remarquable campagne pour s’unir, parler plus vrai et sans détours des vrais sujets (comme @ZemmourEric le fait si bien). Mais quand je vois le niveau de l’Assemblée, des débats, et des petits cris d’effarouchés que poussent les uns et les autres quand on ose dire les choses en vrai, et au moment où des pogroms ont lieu sur le sol européen, je suis un peu sceptique. Néanmoins, quel kif : bravo au peuple américain d’avoir mis une telle raclée aux gauchistes et aux journalistes.
Mise à jour : pour le plaisir voici un petit extrait qui montre, sur le sujet de la liberté d’expression (1er amendement US), comment on défend concrètement un principe.YES!
pic.twitter.com/yrtfxAGfXi— Elon Musk (@elonmusk) November 9, 2024
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L’Etat peut-il nous voler ?
Dans des discussions récentes, dans une interview récente de Philippe Nemo, et d’une manière générale dans la pensée libérale, cette question se pose. L’Etat peut-il nous voler ? Certains impôts et taxes, par leur caractère confiscatoire ou spoliateur, peuvent-ils s’apparenter à du vol ?
Bien poser la question…
Comme toujours, avant de répondre, il convient de se demander si la question est bien posée, ou si c’est la bonne question. Première chose, « l’Etat » ne fait rien, ne pense rien, ne veut rien. Seules les personnes pensent. Donc, la première clarification à faire, c’est de penser que la manière dont « l’Etat » se comporte vis-à-vis des citoyens est la somme d’une (énorme) quantité d’actions individuelles passées, et présentes. Des députés qui écrivent et votent des lois et réglementations (il y a plus ou moins longtemps), des fonctionnaires ou des agents de l’Etat qui agissent en fonction de ces lois et des politiques actuelles, etc.
La deuxième clarification importante concerne la notion de « vol ». J’avais en tête cette pensée toute simple (simpliste?). Il n’y a que deux manières de transférer un bien d’une personne à une autre : librement, ou sous la contrainte. Je faisais donc le raccourci suivant : les taxes et les impôts me sont pris de manière forcée, donc c’est du vol. Mais c’est bien sûr plus complexe comme nous allons le voir, ce qui ne change pas nécessairement ce point de vue radical. Revenons aux définitions.
Vol :
Action de s’emparer frauduleusement de ce qui appartient matériellement à autrui.
Fraude :
1. Action de tromper, d’abuser autrui en contrevenant aux règlements, d’employer la ruse pour le mystifier.
2. (Droit civil) Acte accompli en vue de porter atteinte délibérément aux droits et intérêts d’autrui.
3. (Droit pénal) Tromperie, acte de mauvaise foi par lequel on lèse quelqu’un en se soustrayant aux règlements.
Voilà qui apporte un élément complémentaire à la discussion. Le vol consiste à s’emparer de quelque chose de manière frauduleuse, ce qui signifie en contrevenant aux règles, ou (point 2) en portant atteinte aux droits d’autrui. La notion de vol implique donc deux notions très importantes : les règles (règlements, lois tacites ou explicites) et les droits.Une loi peut-elle être injuste ?
Première remarque : pris sous l’angle du non-respect des règles, la question devient tautologique. Puisque ce sont les hommes de l’Etat qui édictent et font appliquer les règlements, ils peuvent donc en édicter certains qui sans jamais se retrouver « en fraude » peuvent néanmoins être compris et perçus comme « du vol » (au sens de « nuire aux droits » des citoyens, notamment le droit de propriété). Cela amène sur une autre question : « une loi ou une règle peut-elle être injuste ? ». La réponse est oui bien sûr. Le droit naturel des humains peut être piétinés par le droit positif voté d’autres humains. Que l’on songe aux lois d’exclusion des juifs sous Hitler… Une loi, oui, peut-être injuste. Donc le fait de « frauder » n’est pas en soi suffisant pour définir le « vol ». Le fait des léser des droits est fondamental dans cette histoire.
Deuxième remarque : il me semble que l’on se retrouve donc, directement, dans la discussion, centrale dans l’œuvre d’Hayek (Droit, législation et liberté) sur la distinction entre loi et réglementation (à vous d’aller lire cet article). Pour faire simple et rapide : dans une société de liberté (mais la nôtre l’est-elle toujours?), les règles justes sont des règles de juste conduite abstraites, montrant aux citoyens les barrières à ne pas franchir pour ne pas « heurter » les droits des autres, d’une manière réciproque. Les règlementations qui visent un état de choses particulières (égalité de fait entre les citoyens, attribution de privilèges (ou de pénalités) à telle ou telle catégorie de citoyens, ou d’acteurs économiques) sont presque toujours injustes. Elles reposent sur une prémisse fausse : penser qu’une autorité centrale peut organiser le détail de la société, de l’état des choses, et qu’il est possible à une intelligence humaine d’embrasser les conséquences -inconnues- d’une multitude d’actions individuelles. Cette négation de l’ordre spontané (associé à la liberté de la société) est un non-sens philosophique, politique et moral. Le seul impôt moralement juste est l’impôt proportionnel (conforme à la Constitution) ; tout impôt progressif (visant à « rééquilibrer » un ordre qui serait injuste) est, à mon sens, injuste, et bâti sur un conception erronée de ce qu’est une société libre. Il est vrai que ses partisans ne cherchent pas, à mon sens, à bâtir une société de liberté et de prospérité, mais une société égalitaire, ce qui compte tenu de la nature humaine, est une forme de totalitarisme.Reformulation
Donc, non l’Etat ne peut pas nous voler, car d’une part « l’Etat » ne fait rien (ce sont les humains qui agissent), et d’autres part toutes les actions injustes des hommes de l’Etat (spoliation, négation du droit de propriété, etc.) le sont toujours dans un cadre « légal », du moins réglementaire. Ils ne peuvent pas nous voler, puisqu’ils écrivent eux-mêmes la ligne qui distingue la fraude de la non-fraude.
Par contre, et c’était le sens mon avis naïf, oui, les hommes de l’Etat ont mis en place, et conduisent des actions injustes, qui bafouent les droits des citoyens. L’Etat ne peut pas nous voler, certes ; mais nous avons mis en place, depuis des décennies, par le biais de nos vote, par notre inaction et notre faiblesse, parfois de manière volontaire (pour certains), une société profondément injuste, où l’égalité devant la loi n’est plus respectée, où toute une partie des hommes de l’Etat et des sphères proches d’eux se gavent de ressources spoliées aux français vivants et aux français à venir. Soyons collectivement capables de voir cela, et faire dégonfler cet ensemble d’institutions devenues, malgré nous, l’ennemi des citoyens.
Relisons le grand Frédéric Bastiat, qui avait analysé tout cela (« L’État, c’est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde. ») il y a déjà longtemps…Le droit à la propriété est antérieur à la loi. Ce n’est pas la loi qui a donné lieu à la propriété mais au contraire, la propriété qui a donné lieu à la loi. Cette observation est importante, car il est assez commun, surtout parmi les juristes, de faire reposer la propriété sur la loi, d’où la dangereuse conséquence que le législateur peut tout bouleverser en conscience.Frédéric Bastiat (1801 – 1850) économiste, homme politique et magistrat français.