Eric Zemmour partage dans « Je n’ai pas dit mon dernier mot » son Ă©clairage et son analyse de l’annĂ©e de campagne pour les Ă©lections prĂ©sidentielles. C’est une belle maniĂšre de « conclure » le prĂ©cĂ©dent ouvrage, « La France n’a pas dit son dernier mot« . Ce livre est trĂšs agrĂ©able Ă lire, fluide, percutant.
Toujours lĂ !
Eric Zemmour parvient Ă Ă©viter trĂšs simplement deux Ă©cueils qui auraient pu rendre ce livre inutile, voire insupportable : le narcissisme, et le rĂšglement de compte. Il reste Ă©gal Ă lui-mĂȘme : direct, fin analyste, sincĂšre sur tous les sujets, mĂȘlant humilitĂ© et ambition. Et c’est une trĂšs intĂ©ressante plongĂ©e dans la rĂ©alitĂ© d’une campagne prĂ©sidentielle.
J’ai trouvĂ© son analyse historique et gĂ©opolitique sur le conflit russo-ukrainien tout Ă fait passionnante, et riche. Je continue Ă penser que cet homme-lĂ , doit avoir une place dans la vie politique. Nous verrons de quoi l’avenir des boutiques & partis politiques sera fait. Mais les idĂ©es, les constats, les solutions que proposent Zemmour, sans nĂ©cessairement toutes me satisfaire, me semblent adossĂ©es, et articulĂ©es, avec le seul vrai sujet structurant, et dont tous les autres dĂ©pendent : le Grand Remplacement, autre nom de la dĂ©ferlante migratoire qui transforme notre pays depuis 40 ou 50 ans. Identitaire, culturelle, civilisationnelle, je partage avec Zemmour l’idĂ©e que c’est LE combat Ă mener. Avec deux-trois autres sur lesquelles je pense pouvoir adhĂ©rer aussi Ă ses pistes de solutions (souverainetĂ©, industrialisation, Ă©ducation). On voit bien, Ă la lecture, que Zemmour a dĂ©cidĂ© d’inscrire son action et celle de ReconquĂȘte! dans la durĂ©e, avec son triptyque idĂ©es-actions-Ă©lections.
Glaçant
L’Ă©clairage apportĂ© de l’intĂ©rieur par le candidat Ă la prĂ©sidentielle est assez glaçant car il confirme, pour ceux qui auraient pu encore en douter, que les journalistes, dans leur ensemble, sont lĂ pour dĂ©sinformer, orienter, manipuler l’opinion, au service du pouvoir ou du politiquement correct. Il faut supprimer toutes formes de subventions aux mĂ©dias. La somme de petites bassesses, de petits accommodements avec la vĂ©ritĂ© fait froid dans le dos, et je trouve le chapitre « VĂ©ritĂ© ou radicalitĂ© ? » tout Ă fait excellent.
Extrait
Pour vous donner envie de lire cet ouvrage, je vous en partage pour finir un extrait.
« N’est pas le gĂ©nĂ©ral de Gaulle qui veut. » Je lis l’interview accordĂ©e par Laurent Fabius au Parisien et je n’en reviens pas. En pleine campagne, le prĂ©sident du Conseil constitutionnel est sorti de la rĂ©serve qui doit ĂȘtre la sienne. Et de quelle maniĂšre ! Laurent Fabius prĂ©vient sans ambages : contrairement Ă ce qu’avait osĂ© le gĂ©nĂ©ral de Gaulle avec ses rĂ©fĂ©rendums, le prĂ©sident Ă©lu en 2022 ne fera pas tout ce qu’il voudra, le peuple ne sera pas souverain, le Conseil constitutionnel veillera au grain. Je comprends tout de suite que je suis visĂ©. C’est d’ailleurs ainsi que les journalistes l’ont prĂ©sentĂ©e et c’est pourquoi j’y ai tout de suite rĂ©pondu : « Ce sera le peuple qui dĂ©cidera, et pas le prĂ©sident du Conseil constitutionnel. »
Depuis le dĂ©but de la campagne, et mĂȘme bien avant, j’avais inlassablement dĂ©noncĂ© le dĂ©voiement de l’Etat de droit par les juges. C’est un sujet qui me passionne depuis des annĂ©es ; je le perçois comme le noeud gordien qu’il faudra trancher ; j’y ai mĂȘme consacrĂ© un livre, intitulĂ© Le coup d’Etat des juges, dĂšs 1997.
L’argumentaire du prĂ©sident du Conseil constitutinnel ici est d’ailleurs la preuve Ă©clatante de ce que j’avançais alors. Selon lui,  » l’une des caractĂ©ristiques des dĂ©mocraties avancĂ©es comme la nĂŽtre, c’est que la loi, qu’elle soit votĂ©e par le Parlement ou le fruit d’un rĂ©fĂ©rendum ne peut pas faire n’importe quoi (c’est qui souligne) et qu’elle doit ĂȘtre conforme Ă la Constitution et aux grands principes. C’est le rĂŽle du Conseil constitutionnel mis en place par la Ve RĂ©publique de veiller et de contrĂŽler cette conformitĂ©. »
Il faut dĂ©cortiquer avec soin le propos de Laurent Fabius pour comprendre ce qu’il contient de scandaleux. Le prĂ©sident du Conseil constitutionnel nous dit que le peuple souverain, qui exprimerait sa voix par rĂ©fĂ©rendum, pourrait faire « n’importe quoi » ; c’est donc Ă lui, et aux huit autres juges non Ă©lus, de dĂ©terminer si, oui ou non, le peuple a fait n’importe quoi. Comprenez bien : 99,99% des Français pourraient voter pour une rĂ©forme que Laurent Fabius continuerait de se rĂ©server le droit de censurer leur volontĂ©. Et il ose utiliser le mot « dĂ©mocratie » pour dĂ©fendre une telle aberration. (…)
Si j’avais Ă©tĂ© au second tour, j’aurais fait de cette question l’un des sujets majeurs du dĂ©bat avec le prĂ©sident sortant : sommes-nous toujours une dĂ©mocratie, c’est-Ă -dire un rĂ©gime oĂč le peuple a le dernier mot, ou sommes-nous dirigĂ©s par une oligarchie technocratique et juridique ? La question est cruciale pour nos institutions, pour notre souverainetĂ© Ă©conomique et pour la protection de nos entreprises. Elle est brĂ»lante pour tout ce qui a trait aux droits des Ă©trangers. Pour les juges, les droits de l’homme supplantent dĂ©sormais les droits des citoyens. Cette orientation mondialiste du droit contemporain interdit toute politique qui voudrait bloquer les flux migratoires et combattre enfin sĂ©rieusement le Grand Remplacement Ă l’oeuvre.
Il reste une ultime rĂ©sistance Ă cette mainmise du droit sur la dĂ©mocratie : le rĂ©fĂ©rendum. C’est le seul moyen d’instaurer une vĂ©ritable politique d’immigration qui ne soit pas empĂȘchĂ©e par les innombrables « droits » accordĂ©s aux Ă©trangers par les jurisprudences successives. Bref, de rendre Ă l’Etat, donc au peuple français, la maĂźtrise de sa politique d’immigration concĂ©dĂ©e aujourd’hui aux immigrĂ©s eux-mĂȘmes. Je le propose depuis vingt-cinq ans et l’ai dĂ©fendu tout au long de la campagne. Il faut dire qu’en matiĂšre d’immigration, ne pas utiliser l’arme du rĂ©fĂ©rendeum signifie ne toucher Ă rien. AprĂšs la tribune de Laurent Fabius, j’eus une conversation intĂ©ressante avec mon Ă©quipe. Nous nous Ă©tions dit que le programme que nous portions ne pouvait s’imposer que si nous Ă©tions, au pouvoir, en mesure de convoquer un rĂ©fĂ©rendum. Avoir un groupe Ă l’AssemblĂ©e nationale ne nous servirait Ă rien, car nos travaux, mĂȘme s’ils Ă©taient acceptĂ©s par les autres dĂ©putĂ©s (ce qui Ă©tait dĂ©jĂ fort peu probable), seraient de toute façon censurĂ©s par le Conseil constitutionnel. Que la seule arme dont notre peuple disposait contre son remplacement, c’Ă©tait sa propre voix, via le rĂ©fĂ©rendum.
Ce 25 janvier, Laurent Fabius n’avait pas parlĂ© au hasard. En fermant cette ultime issue dĂ©mocratique qu’est le rĂ©fĂ©rendum, Laurent Fabius interdisait d’avance Ă notre pays d’Ă©chapper au Grand Remplacement, qui l’Ă©treint chaque annĂ©e d’avantage, et pour cela, il changeait subrepticement la nature de nos institutions.
Il disait en quelques mots que l’Ă©lection prĂ©sidentielle ne servait Ă rien, et que la campagne qui la prĂ©cĂ©dait Ă©tait vaine. Ils appellent cela « l’Etat de droit », j’appelle cela un coup d’Etat.