CatĂ©gorie : 📚 Livres

  • Le climat par les chiffres

    Le climat par les chiffres

    Sous-titrĂ© « Sortir de la science-fiction du GIEC », le dernier livre de Christian Gerondeau est remarquable de concision et de pĂ©dagogie : factuel, sourcĂ©, il s’ouvre sur une sĂ©rie de 23 graphiques commentĂ©s qui mettent les donnĂ©es disponibles en image.
    Si vous voulez rentrer dans le dĂ©tail du contenu, je vous invite Ă  visionner cette vidĂ©o oĂč il est interviewĂ© par Charles Gave et Eric LĂ©ser de l’Institut des LibertĂ©s (discussion trĂšs intĂ©ressante et qui dĂ©passe le cadre strict de l’ouvrage que je recense) :

    Si vous n’avez pas le temps, et en rĂ©sumant Ă  l’extrĂȘme : la quasi-totalitĂ© des discussions sur le climat, le C02 et l’impact de l’homme sont des sophismes. Les dĂ©bats sur le climat tiennent non de la raison mais de la religion : les faits n’intĂ©ressent pas les gens, ils cherchent avant tout Ă  ĂȘtre dans le camp des « gentils » (ceux qui vont sauver le monde en se suicidant). Le dĂ©lire est pourtant assez simple Ă  dĂ©monter, et Christian Gerondeau y parvient magistralement. Il a raison de dire, avec d’autres, que nous sommes devant la plus grande manipulation de tous les temps, dont les consĂ©quences pour les pays dĂ©veloppĂ©s sont graves.
    RĂ©flĂ©chissons en nous basant sur les faits, rappelle Gerondeau. Il est rapide de montrer que les efforts faits par les humains pour rĂ©duire leurs Ă©missions de CO2 (si tant est qu’elles soient la cause d’une quelconque modification de tempĂ©rature) sont inutiles : le flux (la production annuelle de CO2 mondiale) reprĂ©sente Ă  peine 1/200e du stock (la masse totale de CO2 dans l’atmosphĂšre terrestre). Faire Ă©voluer nos productions de CO2 ne sert strictement Ă  rien. D’autant plus que les pays en voie de dĂ©veloppement vont augmenter leurs Ă©missions, et ils ont bien raison car cela va sauver des vies : le manque d’accĂšs Ă  l’Ă©nergie, Ă  l’Ă©lectricitĂ© cause des millions de victimes : nous avons fait progresser notre niveau et notre qualitĂ© de vie en utilisant plus d’Ă©nergie, ce que font aussi les autres pays. Nous sommes en train, au nom de thĂ©ories fumeuses, de nous tirer des balles dans les pieds. Et nous trouvons en plus le moyen d’ĂȘtre surpris que les autres ne nous suivent pas dans nos dĂ©lires !
    Je vous invite vraiment Ă  Ă©couter la vidĂ©o, et Ă  lire le livre de Gerondeau. Sa position rejoint mon constat : nous sommes devant une mythologie, une foi, dĂ©rangeante dans son rejet des faits, de la rĂ©alitĂ©, et dans ses racines misanthropiques. Ce qui est flagrant, rageant, c’est que ce mensonge organisĂ© est devenu une sorte de religion diffuse, officielle, mortifĂšre et proprement suicidaire. Est-ce un signe de plus d’une dĂ©cadence gĂ©nĂ©rale, ou l’un de ses moteurs principaux ?

  • Corps et Ăąme

    Corps et Ăąme

    C’est un bien joli cadeau que m’a fait une collĂšgue quand j’ai quittĂ© mon job prĂ©cĂ©dent : bien sĂ»r les cadeaux de dĂ©part Ă©taient tous super (bouteilles de grands vins, et bon pour un grand restaurant), mais celui-ci avait le goĂ»t du cadeau plus personnel, plus intime, puisqu’elle m’a donnĂ© un de ses romans prĂ©fĂ©rĂ©s. Je ne saurais assez la remercier, car j’ai trouvĂ© cela trĂšs gĂ©nĂ©reux, et plus risquĂ©. Partager ce qu’on aime met en situation que cela plaise moins aux autres. Elle s’est livrĂ©e, et j’en suis trĂšs touchĂ©.

    Roman d’apprentissage

    Ce roman, c’est « Corps et Ăąme », de Frank Conroy (1936 – 2005). C’est l’histoire d’un jeune garçon solitaire, livrĂ© Ă  lui-mĂȘme par une mĂšre aimante mais fantasque, qui survit grĂące Ă  la dĂ©couverte d’un piano dans le petit appartement en sous-sol oĂč il passe ses journĂ©es. Il survit, et se dĂ©couvre un don. Je passe sur les dĂ©tails : il se rĂ©vĂšle ĂȘtre un musicien exceptionnel, et les rencontres, le hasard, la chance, vont lui permettre de devenir pianiste professionnel. C’est un livre d’apprentissage, un rĂ©cit initiatique assez classique dans sa forme : le jeune hĂ©ros, Claude Rawlings, dĂ©couvre la vie, profite des enseignements de plusieurs professeurs de piano, et d’un mentor, et finit par devenir, Ă  force d’un travail acharnĂ©, passionnĂ© et passionnant, un grand pianiste. Il dĂ©couvre au passage l’amour, la sexualitĂ©, les relations humaines, les drames qui structurent souvent la personnalitĂ© des humains et des familles.

    Excellent !

    J’ai dĂ©vorĂ© le livre, qui est excellent, vraiment (merci Clara!). Le style est enlevĂ©, prĂ©cis et fait progresser l’action rapidement, tout en Ă©tant capable de s’arrĂȘter dans des descriptions contemplatives merveilleuses. La description des moments de piano et de musique sont incroyables. J’ai Ă©tĂ© obligĂ© au bout de 100 pages d’aller vĂ©rifier que l’auteur Ă©tait bien pianiste : c’est le cas, Conroy Ă©tait aussi pianiste de jazz, et ça se sent Ă  beaucoup de moments. Seul un pianiste peut dĂ©crire aussi formidablement l’apprentissage du piano. Seul un musicien peut dĂ©crire avec autant de prĂ©cision les processus d’interprĂ©tation, de crĂ©ation, de jeu Ă  plusieurs. Le concert de jazz en duo Ă  la fin du livre est extraordinaire, tout comme les moments de jeu avec un cĂ©lĂšbre violoniste que Claude accompagne.
    J’ai adorĂ© le livre pour un autre aspect, qui rejoint la part autobiographique du livre : Claude Rawlings n’est pas quelqu’un de normal. C’est un gĂ©nie, que la musique sauve et rĂ©vĂšle. Il n’est pas trĂšs conscient d’autre chose que de la musique. Il pose un regard dĂ©tachĂ© sur tout le reste, car il vit dans sa bulle, il vit dans la musique. Cela le protĂšge, et le coupe aussi des relations « normales » des autres humains. Sans ĂȘtre vraiment spĂ©cial, il est atypique. Il est surdĂ©veloppĂ© des sens : cela se voit aussi quand il dĂ©couvre la sexualitĂ©. Ce qu’il n’a pu dĂ©velopper dans la relation aux autres, il l’a compensĂ© dans un rapport au sensitif trĂšs intense. Aucune dramatisation dans ce beau roman : un parcours tendu par l’exigence et l’Ă©vidence. Claude Rawlings ne pouvait ĂȘtre que pianiste. Toute sa vie s’articule autour de son travail et de son art. Les gens, les Ă©vĂšnement autour de lui s’alignent naturellement sur ça. La ligne de force est claire. L’histoire avec son mentor Aaron Weisfeld, qui l’accueille dans son magasin de partitions et d’instruments, et l’initie au piano, est trĂšs Ă©mouvante Ă  ce titre. L’histoire sombre de Weisfeld que l’on dĂ©couvre Ă  la fin donne une profondeur particuliĂšre au parcours entier du livre, et Ă  la place de la musique et du travail dans la vie de Claude Rawlings.
    Un roman magistral, Ă©mouvant, Ă  lire. Si vous aimez la musique, n’hĂ©sitez mĂȘme pas une seconde !

  • Greta a ressuscitĂ© Einstein

    Greta a ressuscité Einstein

    Dans Greta a ressuscitĂ© Einstein, Jean-Paul Oury montre que les tenants de l’Ă©cologisme radical, pourtant trĂšs peu scientifique, utilisent la science comme argument d’autoritĂ© pour faire taire les rĂ©calcitrants.

    Apprentis dictateurs aux manettes

    Dans un premier tome – Greta a tuĂ© Einstein –, Jean-Paul Oury montrait comment l’écologisme, incarnĂ© par la jeune Greta Thunberg, Ă©tait une sorte de foi dans une Nature dĂ©ifiĂ©e, et visant en fait Ă  dĂ©manteler tout ce qui fonde notre civilisation. Dans ce deuxiĂšme opus – Greta a ressuscitĂ© Einstein –, l’auteur montre que les tenants de cet Ă©cologisme trĂšs peu scientifique sont allĂ©s plus loin et utilisent maintenant la science comme argument d’autoritĂ© pour faire taire les rĂ©calcitrants. Le sous-titre dĂ©crit trĂšs bien cela : « La science entre les mains d’apprentis dictateurs. » Riche, documentĂ©, argumentĂ© et rigoureux, cet essai est Ă  mettre entre toutes les mains pour comprendre notre Ă©poque, et ne pas se faire manipuler. Le schĂ©ma d’action de ces « prophĂštes » est toujours le mĂȘme : susciter la peur devant des dangers plus ou moins avĂ©rĂ©s, abuser du principe de prĂ©caution pour empĂȘcher tout progrĂšs scientifique et technique (on ne peut jamais garantir qu’une technologie est sans risque), s’appuyer sur des idĂ©ologues dĂ©guisĂ©s en scientifiques pour faire taire toute discussion au nom du consensus.

    Retrouver la raison ?

    Sur cinq sujets, l’auteur dĂ©ploie impitoyablement l’analyse de ces attaques contre la raison et la science : climatocratie, covidocratie, biodiversitocratie, collapsocratie et algorithmocratie. Dans chacun des cas, les arguments des agitateurs de peur reposent sur des conjectures scientifiquement trĂšs fragiles. Sur le sujet du Covid en particulier, Oury replace fort Ă  propos la discussion sur la diffĂ©rence entre Science et MĂ©decine. Il faut lire cet essai pour retrouver la raison et le goĂ»t de la controverse : rappelons le, la science n’est pas une affaire de consensus, mais de vĂ©ritĂ© (adĂ©quation avec le rĂ©el). Et il y a une raison de plus pour lire Oury : il nous permet, longues citations Ă  l’appui, de dĂ©couvrir la pensĂ©e limpide et profonde d’un auteur injustement mĂ©connu, Raymond Ruyer (1902-1987). Immense philosophe des sciences, il fait partie, avec Gilbert Simondon, des rares penseurs français qui permettent de replacer la technique et la science dans une perspective anthropologique.

    Cet article a d’abord Ă©tĂ© publiĂ© sur le site du magazine L’incorrect, sous le titre « Les menaces de la science politisĂ©e« 

  • Nos Rois de France

    Nos Rois de France

    C’est un bien joli cadeau que l’on m’a fait rĂ©cemment : « Nos Rois de France », aux Ă©ditions Perrin, est un remarquable ouvrage, magnifiquement illustrĂ©, consacrĂ©, comme son nom l’indique, aux Rois de France. Il est signĂ© par Franck Ferrand, Pierre-Louis Lensel et Anne-Louise Sautreuil.

    Format parfait

    Au delĂ  de la fabuleuse iconographie qui rend l’ouvrage trĂšs agrĂ©able Ă  lire, le format des chapitres et le ton est absolument parfait pour moi : 10-15 pages par roi, avec un Ă©clairage Ă  la fois historique, politique, gĂ©nĂ©alogique, biographique. Les gĂ©nĂ©alogies placĂ©es en dĂ©but d’ouvrage sont trĂšs pratique. Chacun des quinze rois retenus par les auteurs, de Louis VII Ă  Louis XVI, devient dans ce livre un vĂ©ritable personnage de roman d’aventures : les portraits sont vivants, ne cachent jamais les ambivalences, et mettent l’accent sur ce que chaque roi a apportĂ© Ă  la France, et comment il a contribuĂ© Ă  la structurer. On enrage en lisant cela de n’avoir pas eu de meilleurs professeurs d’histoires, et on se dĂ©solĂ© que cette histoire extraordinaire ne fasse pas l’objet d’une production plus abondante de films et de sĂ©ries. Dumas l’avait compris : cette Histoire est un cadre fabuleux pour inventer des histoires…

    Royalistes malgré nous ?

    Il faudrait, pour rendre hommage Ă  l’intention des auteurs, citer intĂ©gralement la prĂ©face de Franck Ferrand. On y apprend, premiĂšrement, que ce livre n’est qu’une version remaniĂ©e de ses Ă©missions sur Radio Classique. J’en copie nĂ©anmoins ici un extrait, pour vous donner envie d’aller acheter cet ouvrage absolument splendide et passionnant, pĂ©dagogique et complexe, simple et riche Ă  la fois.

    Il n’est pas interdit (…) de chercher Ă  tirer de cette galerie de portraits contrastĂ©e une ligne directrice, une philosophie d’ensemble – voire une morale … chacun se fera son idĂ©e. Pour aider un peu les moins fixĂ©s, j’aurais tendance – cela n’engage que moi – Ă  orienter leur rĂ©flexion vers le rĂŽle majeur de la royautĂ© en tant que forgeron millĂ©naire du corps social de la France. Il me semble que ce peuple si particulier dans ses aspirations, dans ses propensions, dans ses comportements doit Ă©normĂ©ment au patient travail de ses nombreux rois. Ce sont eux, les rois de France, qui auront pour finir contenu la noblesse, surveillĂ© le clergĂ©, promu la bourgeoisie, dĂ©fendu la paysannerie et, d’une façon gĂ©nĂ©rale, constituĂ© les Français en un corps plus ou moins cohĂ©rent, plus ou moins harmonieux. Ce sont eux qui auront constamment sabrĂ© les singularitĂ©s trop puissantes, au profit de l’Ă©mergence d’une population plus homogĂšne.
    Tocqueville, dans le premier tome de sa DĂ©mocratie, a rĂ©sumĂ© ce phĂ©nomĂšne d’une plume acerbe, certes, mais finement taillĂ©e : « En France, les rois se sont montrĂ©s les plus actifs et les plus constants des niveleurs. Quand ils ont Ă©tĂ© ambitieux et forts, ils ont travaillĂ© Ă  Ă©lever le peuple au niveau des nobles ; et quand ils ont Ă©tĂ© modĂ©rĂ©s et faibles, ils ont permis que le peuple se plaçùt au-dessus d’eux-mĂȘmes. Les uns ont aidĂ©s la dĂ©mocratie par leurs talents, les autres par leurs vices. Louis XI et Louis XIV ont pris soin de tout Ă©galiser au-dessous du trĂŽne, et Louis XV est enfin descendu lui-mĂȘme avec sa cour dans la poussiĂšre. » Il y a certainement, dans cet avis tranchĂ©, quelque faussetĂ© de dĂ©tail et mĂȘme de l’injustice, mais le fond mĂ©rite mille fois d’en ĂȘtre mĂ©ditĂ©, jusqu’Ă  s’interroger sur les racines de ce qui devait, en fin de compte, tuer nos rois… Et si, en effet, de tous les testaments possibles de la monarchie française, le plus pertinent – et non le moins paradoxal – rĂ©sidait dans les ressorts mal connus de son propre sabordage ?
  • Je n’ai pas dit mon dernier mot

    Je n’ai pas dit mon dernier mot

    Eric Zemmour partage dans « Je n’ai pas dit mon dernier mot » son Ă©clairage et son analyse de l’annĂ©e de campagne pour les Ă©lections prĂ©sidentielles. C’est une belle maniĂšre de « conclure » le prĂ©cĂ©dent ouvrage, « La France n’a pas dit son dernier mot« . Ce livre est trĂšs agrĂ©able Ă  lire, fluide, percutant.

    Toujours lĂ  !

    Eric Zemmour parvient Ă  Ă©viter trĂšs simplement deux Ă©cueils qui auraient pu rendre ce livre inutile, voire insupportable : le narcissisme, et le rĂšglement de compte. Il reste Ă©gal Ă  lui-mĂȘme : direct, fin analyste, sincĂšre sur tous les sujets, mĂȘlant humilitĂ© et ambition. Et c’est une trĂšs intĂ©ressante plongĂ©e dans la rĂ©alitĂ© d’une campagne prĂ©sidentielle.
    J’ai trouvĂ© son analyse historique et gĂ©opolitique sur le conflit russo-ukrainien tout Ă  fait passionnante, et riche. Je continue Ă  penser que cet homme-lĂ , doit avoir une place dans la vie politique. Nous verrons de quoi l’avenir des boutiques & partis politiques sera fait. Mais les idĂ©es, les constats, les solutions que proposent Zemmour, sans nĂ©cessairement toutes me satisfaire, me semblent adossĂ©es, et articulĂ©es, avec le seul vrai sujet structurant, et dont tous les autres dĂ©pendent : le Grand Remplacement, autre nom de la dĂ©ferlante migratoire qui transforme notre pays depuis 40 ou 50 ans. Identitaire, culturelle, civilisationnelle, je partage avec Zemmour l’idĂ©e que c’est LE combat Ă  mener. Avec deux-trois autres sur lesquelles je pense pouvoir adhĂ©rer aussi Ă  ses pistes de solutions (souverainetĂ©, industrialisation, Ă©ducation). On voit bien, Ă  la lecture, que Zemmour a dĂ©cidĂ© d’inscrire son action et celle de ReconquĂȘte! dans la durĂ©e, avec son triptyque idĂ©es-actions-Ă©lections.

    Glaçant

    L’Ă©clairage apportĂ© de l’intĂ©rieur par le candidat Ă  la prĂ©sidentielle est assez glaçant car il confirme, pour ceux qui auraient pu encore en douter, que les journalistes, dans leur ensemble, sont lĂ  pour dĂ©sinformer, orienter, manipuler l’opinion, au service du pouvoir ou du politiquement correct. Il faut supprimer toutes formes de subventions aux mĂ©dias. La somme de petites bassesses, de petits accommodements avec la vĂ©ritĂ© fait froid dans le dos, et je trouve le chapitre « VĂ©ritĂ© ou radicalitĂ© ? » tout Ă  fait excellent.

    Extrait

    Pour vous donner envie de lire cet ouvrage, je vous en partage pour finir un extrait.

    « N’est pas le gĂ©nĂ©ral de Gaulle qui veut. » Je lis l’interview accordĂ©e par Laurent Fabius au Parisien et je n’en reviens pas. En pleine campagne, le prĂ©sident du Conseil constitutionnel est sorti de la rĂ©serve qui doit ĂȘtre la sienne. Et de quelle maniĂšre ! Laurent Fabius prĂ©vient sans ambages : contrairement Ă  ce qu’avait osĂ© le gĂ©nĂ©ral de Gaulle avec ses rĂ©fĂ©rendums, le prĂ©sident Ă©lu en 2022 ne fera pas tout ce qu’il voudra, le peuple ne sera pas souverain, le Conseil constitutionnel veillera au grain. Je comprends tout de suite que je suis visĂ©. C’est d’ailleurs ainsi que les journalistes l’ont prĂ©sentĂ©e et c’est pourquoi j’y ai tout de suite rĂ©pondu : « Ce sera le peuple qui dĂ©cidera, et pas le prĂ©sident du Conseil constitutionnel. »
    Depuis le dĂ©but de la campagne, et mĂȘme bien avant, j’avais inlassablement dĂ©noncĂ© le dĂ©voiement de l’Etat de droit par les juges. C’est un sujet qui me passionne depuis des annĂ©es ; je le perçois comme le noeud gordien qu’il faudra trancher ; j’y ai mĂȘme consacrĂ© un livre, intitulĂ© Le coup d’Etat des juges, dĂšs 1997.
    L’argumentaire du prĂ©sident du Conseil constitutinnel ici est d’ailleurs la preuve Ă©clatante de ce que j’avançais alors. Selon lui,  » l’une des caractĂ©ristiques des dĂ©mocraties avancĂ©es comme la nĂŽtre, c’est que la loi, qu’elle soit votĂ©e par le Parlement ou le fruit d’un rĂ©fĂ©rendum ne peut pas faire n’importe quoi (c’est qui souligne) et qu’elle doit ĂȘtre conforme Ă  la Constitution et aux grands principes. C’est le rĂŽle du Conseil constitutionnel mis en place par la Ve RĂ©publique de veiller et de contrĂŽler cette conformitĂ©. »
    Il faut dĂ©cortiquer avec soin le propos de Laurent Fabius pour comprendre ce qu’il contient de scandaleux. Le prĂ©sident du Conseil constitutionnel nous dit que le peuple souverain, qui exprimerait sa voix par rĂ©fĂ©rendum, pourrait faire « n’importe quoi » ; c’est donc Ă  lui, et aux huit autres juges non Ă©lus, de dĂ©terminer si, oui ou non, le peuple a fait n’importe quoi. Comprenez bien : 99,99% des Français pourraient voter pour une rĂ©forme que Laurent Fabius continuerait de se rĂ©server le droit de censurer leur volontĂ©. Et il ose utiliser le mot « dĂ©mocratie » pour dĂ©fendre une telle aberration. (…)
    Si j’avais Ă©tĂ© au second tour, j’aurais fait de cette question l’un des sujets majeurs du dĂ©bat avec le prĂ©sident sortant : sommes-nous toujours une dĂ©mocratie, c’est-Ă -dire un rĂ©gime oĂč le peuple a le dernier mot, ou sommes-nous dirigĂ©s par une oligarchie technocratique et juridique ? La question est cruciale pour nos institutions, pour notre souverainetĂ© Ă©conomique et pour la protection de nos entreprises. Elle est brĂ»lante pour tout ce qui a trait aux droits des Ă©trangers. Pour les juges, les droits de l’homme supplantent dĂ©sormais les droits des citoyens. Cette orientation mondialiste du droit contemporain interdit toute politique qui voudrait bloquer les flux migratoires et combattre enfin sĂ©rieusement le Grand Remplacement Ă l’oeuvre.
    Il reste une ultime rĂ©sistance Ă  cette mainmise du droit sur la dĂ©mocratie : le rĂ©fĂ©rendum. C’est le seul moyen d’instaurer une vĂ©ritable politique d’immigration qui ne soit pas empĂȘchĂ©e par les innombrables « droits » accordĂ©s aux Ă©trangers par les jurisprudences successives. Bref, de rendre Ă  l’Etat, donc au peuple français, la maĂźtrise de sa politique d’immigration concĂ©dĂ©e aujourd’hui aux immigrĂ©s eux-mĂȘmes. Je le propose depuis vingt-cinq ans et l’ai dĂ©fendu tout au long de la campagne. Il faut dire qu’en matiĂšre d’immigration, ne pas utiliser l’arme du rĂ©fĂ©rendeum signifie ne toucher Ă  rien. AprĂšs la tribune de Laurent Fabius, j’eus une conversation intĂ©ressante avec mon Ă©quipe. Nous nous Ă©tions dit que le programme que nous portions ne pouvait s’imposer que si nous Ă©tions, au pouvoir, en mesure de convoquer un rĂ©fĂ©rendum. Avoir un groupe Ă  l’AssemblĂ©e nationale ne nous servirait Ă  rien, car nos travaux, mĂȘme s’ils Ă©taient acceptĂ©s par les autres dĂ©putĂ©s (ce qui Ă©tait dĂ©jĂ  fort peu probable), seraient de toute façon censurĂ©s par le Conseil constitutionnel. Que la seule arme dont notre peuple disposait contre son remplacement, c’Ă©tait sa propre voix, via le rĂ©fĂ©rendum.
    Ce 25 janvier, Laurent Fabius n’avait pas parlĂ© au hasard. En fermant cette ultime issue dĂ©mocratique qu’est le rĂ©fĂ©rendum, Laurent Fabius interdisait d’avance Ă  notre pays d’Ă©chapper au Grand Remplacement, qui l’Ă©treint chaque annĂ©e d’avantage, et pour cela, il changeait subrepticement la nature de nos institutions.
    Il disait en quelques mots que l’Ă©lection prĂ©sidentielle ne servait Ă  rien, et que la campagne qui la prĂ©cĂ©dait Ă©tait vaine. Ils appellent cela « l’Etat de droit », j’appelle cela un coup d’Etat.
  • Cycle de la Tour de Garde

    Cycle de la Tour de Garde

    Guillaume Chamanadjian et Claire Duvivier sont les auteurs, aux Editions Aux forges de Vulcain, de romans fantastiques placĂ©s sous le signe du Cycle de la Tour de Garde. Pour le moment, Chamanadjian Ă©crit les histoires de la Capitale du Sud, et Duvivier celles de la Capitale du Nord. J’en suis au quatriĂšme tome, et je ne peux que vous recommander ces romans : style enlevĂ©, rĂ©cit rythmĂ© et vif, personnages trĂšs incarnĂ©s et crĂ©dibles. J’ai dĂ©vorĂ© les trois premiers tomes avec joie. Je trouve par ailleurs que le projet est trĂšs ambitieux et captivant : Ă©crire Ă  deux une sĂ©rie, voilĂ  un pari intĂ©ressant (et rĂ©ussi!).
    Ce sont des histoires qui se dĂ©roulent dans un monde imaginaire, mais trĂšs rĂ©aliste dans les interactions qui se nouent entre les personnages. J’aime cet univers oĂč un peu de magie cĂŽtoie des personnages avec de vrais enjeux, et un monde dont le conflit et la politique n’ont pas Ă©tĂ© expurgĂ©s. Le monde dans lequel vivent les personnages est Ă  la fois urbain, mais aussi souvent dans la nature, et une sorte de « monde miroir », bien rĂ©el, donne une sorte de profondeur intĂ©ressante aux phĂ©nomĂšnes variĂ©s que l’on peut observer.
    J’ai trouvĂ© que le style, et le contenu, pouvait convenir Ă  des adolescents aussi bien qu’Ă  des adultes. Les personnages principaux sont plutĂŽt jeunes, et dĂ©couvrent en partie le monde. Ce ne sont pas Ă  proprement parler des romans d’apprentissages, mais les personnages s’y trouvent sans cesse dans une confrontation au rĂ©el. Ils grandissent, au sens que Chantal Delsol donne Ă  ce terme : le principe du « grandissement » est l’acquisition de la rĂ©alitĂ©. Pourquoi donc le grandissement devrait-il s’arrĂȘter ? Pourquoi ne concernerait-il pas les adultes ?
    NB : j’ai dĂ©couvert ces supers romans grĂące au fil Twitter d’Adrien, que je remercie donc chaleureusement !