Étiquette : Bastiat

  • L’Etat peut-il nous voler ?

    L’Etat peut-il nous voler ?

    Dans des discussions récentes, dans une interview récente de Philippe Nemo, et d’une manière générale dans la pensée libérale, cette question se pose. L’Etat peut-il nous voler ? Certains impôts et taxes, par leur caractère confiscatoire ou spoliateur, peuvent-ils s’apparenter à du vol ?

    Bien poser la question…

    Comme toujours, avant de répondre, il convient de se demander si la question est bien posée, ou si c’est la bonne question. Première chose, « l’Etat » ne fait rien, ne pense rien, ne veut rien. Seules les personnes pensent. Donc, la première clarification à faire, c’est de penser que la manière dont « l’Etat » se comporte vis-à-vis des citoyens est la somme d’une (énorme) quantité d’actions individuelles passées, et présentes. Des députés qui écrivent et votent des lois et réglementations (il y a plus ou moins longtemps), des fonctionnaires ou des agents de l’Etat qui agissent en fonction de ces lois et des politiques actuelles, etc.
    La deuxième clarification importante concerne la notion de « vol ». J’avais en tête cette pensée toute simple (simpliste?). Il n’y a que deux manières de transférer un bien d’une personne à une autre : librement, ou sous la contrainte. Je faisais donc le raccourci suivant : les taxes et les impôts me sont pris de manière forcée, donc c’est du vol. Mais c’est bien sûr plus complexe comme nous allons le voir, ce qui ne change pas nécessairement ce point de vue radical. Revenons aux définitions.
    Vol :
    Action de s’emparer frauduleusement de ce qui appartient matériellement à autrui.
    Fraude :
    1. Action de tromper, d’abuser autrui en contrevenant aux règlements, d’employer la ruse pour le mystifier.
    2. (Droit civil) Acte accompli en vue de porter atteinte délibérément aux droits et intérêts d’autrui.
    3. (Droit pénal) Tromperie, acte de mauvaise foi par lequel on lèse quelqu’un en se soustrayant aux règlements.

    Voilà qui apporte un élément complémentaire à la discussion. Le vol consiste à s’emparer de quelque chose de manière frauduleuse, ce qui signifie en contrevenant aux règles, ou (point 2) en portant atteinte aux droits d’autrui. La notion de vol implique donc deux notions très importantes : les règles (règlements, lois tacites ou explicites) et les droits.

    Une loi peut-elle être injuste ?

    Première remarque : pris sous l’angle du non-respect des règles, la question devient tautologique. Puisque ce sont les hommes de l’Etat qui édictent et font appliquer les règlements, ils peuvent donc en édicter certains qui sans jamais se retrouver « en fraude » peuvent néanmoins être compris et perçus comme « du vol » (au sens de « nuire aux droits » des citoyens, notamment le droit de propriété). Cela amène sur une autre question : « une loi ou une règle peut-elle être injuste ? ». La réponse est oui bien sûr. Le droit naturel des humains peut être piétinés par le droit positif voté d’autres humains. Que l’on songe aux lois d’exclusion des juifs sous Hitler… Une loi, oui, peut-être injuste. Donc le fait de « frauder » n’est pas en soi suffisant pour définir le « vol ». Le fait des léser des droits est fondamental dans cette histoire.
    Deuxième remarque : il me semble que l’on se retrouve donc, directement, dans la discussion, centrale dans l’œuvre d’Hayek (Droit, législation et liberté) sur la distinction entre loi et réglementation (à vous d’aller lire cet article). Pour faire simple et rapide : dans une société de liberté (mais la nôtre l’est-elle toujours?), les règles justes sont des règles de juste conduite abstraites, montrant aux citoyens les barrières à ne pas franchir pour ne pas « heurter » les droits des autres, d’une manière réciproque. Les règlementations qui visent un état de choses particulières (égalité de fait entre les citoyens, attribution de privilèges (ou de pénalités) à telle ou telle catégorie de citoyens, ou d’acteurs économiques) sont presque toujours injustes. Elles reposent sur une prémisse fausse : penser qu’une autorité centrale peut organiser le détail de la société, de l’état des choses, et qu’il est possible à une intelligence humaine d’embrasser les conséquences -inconnues- d’une multitude d’actions individuelles. Cette négation de l’ordre spontané (associé à la liberté de la société) est un non-sens philosophique, politique et moral. Le seul impôt moralement juste est l’impôt proportionnel (conforme à la Constitution) ; tout impôt progressif (visant à « rééquilibrer » un ordre qui serait injuste) est, à mon sens, injuste, et bâti sur un conception erronée de ce qu’est une société libre. Il est vrai que ses partisans ne cherchent pas, à mon sens, à bâtir une société de liberté et de prospérité, mais une société égalitaire, ce qui compte tenu de la nature humaine, est une forme de totalitarisme.

    Reformulation

    Donc, non l’Etat ne peut pas nous voler, car d’une part « l’Etat » ne fait rien (ce sont les humains qui agissent), et d’autres part toutes les actions injustes des hommes de l’Etat (spoliation, négation du droit de propriété, etc.) le sont toujours dans un cadre « légal », du moins réglementaire. Ils ne peuvent pas nous voler, puisqu’ils écrivent eux-mêmes la ligne qui distingue la fraude de la non-fraude.
    Par contre, et c’était le sens mon avis naïf, oui, les hommes de l’Etat ont mis en place, et conduisent des actions injustes, qui bafouent les droits des citoyens. L’Etat ne peut pas nous voler, certes ; mais nous avons mis en place, depuis des décennies, par le biais de nos vote, par notre inaction et notre faiblesse, parfois de manière volontaire (pour certains), une société profondément injuste, où l’égalité devant la loi n’est plus respectée, où toute une partie des hommes de l’Etat et des sphères proches d’eux se gavent de ressources spoliées aux français vivants et aux français à venir. Soyons collectivement capables de voir cela, et faire dégonfler cet ensemble d’institutions devenues, malgré nous, l’ennemi des citoyens.
    Relisons le grand Frédéric Bastiat, qui avait analysé tout cela (« L’État, c’est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde. ») il y a déjà longtemps…

    Le droit à  la propriété est antérieur à  la loi. Ce n’est pas la loi qui a donné lieu à  la propriété mais au contraire, la propriété qui a donné lieu à  la loi. Cette observation est importante, car il est assez commun, surtout parmi les juristes, de faire reposer la propriété sur la loi, d’où la dangereuse conséquence que le législateur peut tout bouleverser en conscience.

    Frédéric Bastiat (1801 – 1850) économiste, homme politique et magistrat français.

  • Citation #143

    Le droit à  la propriété est antérieur à  la loi. Ce n’est pas la loi qui a donné lieu à  la propriété mais au contraire, la propriété qui a donné lieu à  la loi. Cette observation est importante, car il est assez commun, surtout parmi les juristes, de faire reposer la propriété sur la loi, d’où la dangereuse conséquence que le législateur peut tout bouleverser en conscience.

    Frédéric Bastiat (1801 – 1850) économiste, homme politique et magistrat français.

  • Enlisement idéologique

    Enlisement idéologique

    J’aime bien les voyages en train. Quand je suis seul, je passe au relais presse acheter un magazine qui me fait une partie du trajet. Lors d’un de mes derniers voyages, j’ai acheté le hors-série du Point, consacré aux grands débats de l’économie.

    Méconnaissance des auteurs autrichiens

    J’ai été déçu, je dois le dire. Il y a un gros travail de fait, mais depuis l’édito jusqu’à  la manière de traiter les sujets, je retrouve l’espèce de mêli-mêlo peu éclairant que j’ai l’habitude de trouver dans les médias. C’est à  mon sens relié à  deux causes principales : une pensée très française, marxisante, et une presque complète méconnaissance de l’Ecole Autrichienne d’économie et des mécanismes économiques.

    Je ne suis pas compétent pour juger tous les articles, et l’humilité la plus élémentaire consiste à  garder une partie de ses critiques pour soi. Par contre, il se trouve que je connais quelques auteurs cités dans le recueil : Bastiat, Von Mises, Hayek notamment. Et sur ces auteurs, par contre, je peux me permettre de porter un regard critique. Et ce que je lis n’est pas glorieux.

    Deux exemples. Il est dit de Bastiat, page 52, qu’il « ne doit pas être considéré comme un théoricien ». J’aimerais bien savoir pourquoi ! Au contraire, Bastiat, certes volontiers polémiques, a construit des bases de réflexions très proches de l’Ecole Autrichienne d’économie, avec une description de la valeur et de l’utilité comme des choses subjectives. Cette approche, qui ressort de l’individualisme méthodologique, est – contrairement à  ce qui est écrit dans le Hors-série – une approche théorique très solide.

    Deuxième exemple, sur Hayek, page 84 : après avoir décrit une de ses analyses, il est écrit qu’elle « reflète ses obsessions ». Pathologiser un auteur, de manière insidieuse, me rappelle les manières de faire du politiquement correct décrite par Bock-Côté. J’ai lu Hayek, et s’il y a un bien un auteur qui réfléchit de manière rationnelle, puissante, en amoureux de la vérité, c’est bien lui ! Mais un journaliste français ne pouvait pas faire un papier sur Hayek sans l’égratigner un peu au passage. Question de posture. Il ne faudrait pas que les copains socialistes pensent que le Point est devenu néo-ultra-libéral radical…

    Biais déjà  décrits par Butler

    Le mêli-mêlo est typique de ce que décrit Benoît Malbranque dans la préface de l’excellente « Introduction à  l’Ecole autrichienne d’économie », d’Eammon Butler (dispo gratuitement aux Editions de l’Institut Coppet) :
    Bien que non majoritaire, une position courante concernant la méthodologie économique est de dire qu’aucune des méthodologies n’est la réponse unique aux défis épistémologiques de l’économie, et que, pour cette raison, il convient de n’en employer aucune de manière directe. Ce « pluralisme méthodologique », comme certains l’ont appelé, a de nombreux défenseurs et jouit d’un prestige grandissant. Il est pourtant aisé de comprendre pourquoi ce n’est pas une position satisfaisante. Au fond, le pluralisme méthodologique n’est rien de plus que la réponse d’économistes égarés incapables de se faire un avis sur ce qui constitue la méthode appropriée à  la science économique. […]
    Pour Ludwig Von Mises et ses disciples, la question de la méthode est fondamentale : elle conditionne le sain développement de théories économiques rigoureuses, justes et porteuses de sens. Les principes méthodologiques soutiennent l’ensemble de l’édifice autrichien, et c’est sans surprise qu’on retrouve leur exposition dans la plupart des grandes oeuvres de Mises. Ce dernier se faisait une idée bien précise de l’économie. Il fallait se la représenter comme une sous-catégorie de la « science de l’agir humain » qu’il intitula « praxéologie ». En économie, il ne s’agit pas de dire pourquoi les individus agissent en suivant tel ou tel objectif ou en s’efforçant de faire correspondre leur conduite à  tel ou tel code moral. Il s’agit de reconnaître et d’utiliser le fait qu’ils agissent bel et bien en suivant des objectifs et en faisant correspondre leur conduite à  un code moral — en somme, qu’ils agissent intentionnellement.[…] Dans leur insistance sur le choix de l’action humaine comme fondement de toute connaissance économique, les Autrichiens étaient nécessairement poussés à  n’accepter que les individus comme sujet de leur étude, et à  suivre scrupuleusement l’individualisme méthodologique. Après tout, seuls les individus agissent. Ainsi que l’écrira le même Rothbard, « la première vérité à  découvrir à  propos de l’action humaine est qu’elle ne peut être initiée que par des « acteurs » individuels. Seuls les individus ont des objectifs et agissent pour les atteindre.»

    Ce qui me reste de cette lecture (le Hors-Série du Point) : l’impression gênante qu’il s’agissait plus pour les auteurs de prétendre couvrir tous les points de vue que de regrouper des savoirs. Non : on ne peut pas mettre toutes les idées au même niveau, comme si c’était une affaire de goûts et de couleurs. La Science économique, solide dans l’approche autrichienne, parce que ne cherchant pas à  singer les sciences naturelles, en faisant étalage d’outils mathématiques camouflant la réalité sous des macro-indicateurs composites, est une science de l’action humaine. Il faut commencer par rappeler ce que l’on sait. Il en va sur ce sujet, comme sur les sujets de réchauffement climatique, d’un mauvais mélange de science et de politique (c’est souvent le cas). Les journalistes auteurs de ce hors-Série feraient bien de se reprendre, et de sortir de leur enlisement idéologique.

  • Nature des échanges

    Nature des échanges

    La confusion morale est grande dans notre pays. Sur beaucoup de sujets, nous avons collectivement un peu perdu la tête, c’est-à -dire que nous avons simplement oublié qui nous sommes, et qui nous voulons être. Je voudrais souligner dans ce billet un des aspects sur lequel nous sommes dans une schizophrénie complète. Il s’agit de la nature des échanges. Et de l’impact de cette mauvaise compréhension sur la manière de penser la nature du travail. Le principe est simple pourtant : un échange librement consenti est un acte légitime, moralement juste, et la somme des échanges libres est une source de prospérité collective. Les intérêts des uns et des autres ne sont pas divergents, mais convergents.

    L’échange libre est juste

    Commençons par une première idée : l’échange libre est juste. Pourquoi ? Parce que la valeur des deux choses échangées est la même.

    La valeur, c’est le rapport de deux services échangés.
    L’idée de valeur est entrée dans le monde la première fois qu’un homme ayant dit à  son frère: Fais ceci pour moi, je ferai cela pour toi, — ils sont tombés d’accord; car alors pour la première fois on a pu dire: Les deux services échangés se valent.
    Frédéric Bastiat, De la valeur

    L’échange, c’est un échange de service, et non un vol. Certains, pourtant, n’arrivent à  concevoir un échange libre que comme une action ou l’un bénéficie et l’autre non. La valeur n’est pas intrinsèquement dans les choses, dans les services, mais elle existe à  partir du moment où un échange libre a lieu. Un échange librement consenti et choisi par les deux parties, c’est nécessairement un échange dont les deux termes ont la même valeur.

    Le travail aussi est un échange

    La deuxième idée touche à  notre conception du travail : le travail, c’est aussi un échange. Une grande partie de la population souffre d’une mauvaise perception de ce qu’est un échange libre, et notamment en ce qui concerne le travail. Combien de personnes peu impliquées dans leur travail, parce qu’il ne faut pas trop se faire avoir par son patron ? Combien de personnes persuadées que dans un échange, il y en a forcément un qui se fait avoir ? Comment peut-on être heureux dans une société d’échanges libres, si l’éducation que l’on a reçue, le conditionnement idéologique, nous font confondre l’échange et le vol. L’acte libre, juste, et l’acte injuste ? Le bien et le mal ?
    Echanger de l’argent contre du pain est-ce du vol ? Acheter, ou vendre du pain, est-ce du vol ? Non, bien sûr, tant que l’on est libre de le faire ! Alors pourquoi échanger son travail contre de l’argent (ou l’inverse), serait du vol ? L’argument consistant à  dire que l’on n’est pas libre de travailler est spécieux : dans le cas de l’achat ou de la vente du pain, suis-je libre de devoir manger ? Ce n’est pas le besoin que vient remplir l’objet de l’échange qui en détermine la légitimité, c’est son caractère libre ou contraint.
    Le jeu est d’autant plus pernicieux que les mêmes qui expliquent que l’échange libre, c’est du vol, utilisent ou sont d’accord pour utiliser la contrainte, fiscale le plus souvent, pour faire advenir une société supposément plus juste. Lutter contre le vol (supposé), en utilisant le vol (réel), quelle fumisterie ! En faisant croire que l’échange (qui est juste), c’est du vol (ce qui est injuste), ils poussent l’idée que pour plus de justice il faudrait utiliser la spoliation fiscale (injuste).

    Confusion morale

    La confusion morale, par conséquent, est grande dans ce pays. Une bonne partie de la population croit et pense, encouragé en cela par d’éminents intellectuels, que les services échangés en permanence dans la société sont condamnables, en partie, moralement et concrètement. Ils sont en cela les dignes héritiers de Rousseau, qui voyait dans les institutions, et dans la société en général, la source de tous nos maux. Rien n’est plus faux. Ces services échangés chaque jour, dans Travailler, c’est rendre service à  d’autres, directement ou indirectementune grande partie de nos actions, sont des éléments de solidarité. Nous sommes tous solidaires, y compris par ces échanges constants, nombreux, libres, de services. Nous nous rendons service, directement ou indirectement, les uns aux autres en permanence. Nous sommes solidaires dans l’échange libre. Travailler, c’est rendre service à  d’autres, d’une manière ou d’une autre. Par le travail, je trouve un moyen de gagner de quoi subsister et combler un certain nombre de mes besoins, et pour ce faire je rends service à  d’autres. Travailler c’est participer à  bâtir une société libre et juste. Ceux qui ont injecté l’idée d’un vol dans le travail sont coupables d’avoir injecté un grand désarroi moral dans les actions quotidiennes de millions de gens. Comment ensuite améliorer les manières de travailler, et les comportements au travail, si une partie des gens a la ferme conviction que tout ce qui vient de l’entreprise (via ses managers, ou ses dirigeants), ou de la société, ou des échanges, est forcément synonyme de contrainte injuste, donc de manipulation et/ou de mensonge ?

    Résumons, donc. La société, c’est l’échange. « Union des forces et séparation des occupations », comme dit Bastiat. Échange de services. Réfléchissez chaque jour au nombre de personnes, vivantes ou mortes qui vous rendent service. La vie en société, c’est d’abord une somme de services énormes qui s’échangent, entre les hommes. La société libre, ce sont avant tout des gens qui, en se répartissant le travail et en se spécialisant, se rendent service les uns aux autres. L’idée résumée comme suit par Bastiat me semble évidente : « Dans l’isolement, nos besoins surpassent nos facultés. Dans l’état social, nos facultés surpassent nos besoins ». Il y a lieu de rappeler cela en permanence, et faire progresser l’idée que les intérêts des personnes ne sont pas antagoniques, mais bien plutôt harmoniques et convergents.

    Prochain billet, dans la foulée, et en conséquence : Quelques doutes sur la « mode » de la RSE

  • Pas d’excuses : deux grands livres gratuits

    Pas d’excuses : deux grands livres gratuits

    C’est pour partager deux liens passionnants que je fais ce court article aujourd’hui. Plus que des liens, ce sont deux livres accessibles gratuitement en ligne. De grands ouvrages du libéralisme : Harmonies économiques (Bastiat) et L’action humaine (Von Mises). Les deux sont des ouvrages d’économie, mais pas d’économie au sens technique du terme. Non : simplement des ouvrages qui parlent de l’action humaine, et des choses que l’on sait sur cette action, sur les éléments qui influencent les choix des individus, et sur les phénomènes qui en résultent.

    Harmonies économiques : la valeur est subjective

    Le premier est le magnifique « Harmonies économiques« , de Frédéric Bastiat. Profond, enthousiaste, optimiste et écrit dans un français vraiment beau et précis. Dans cet ouvrage (mais il faut lire tout Bastiat), Bastiat livre sa vision de la société et pose les bases, en partie, de ce qu’on appellera par la suite l’école autrichienne d’économie. Quelques points saillants (communs aux deux auteurs je trouve, et c’est pourquoi ils sont dans une même école de pensée) :

    • la société est harmonique, c’est-à -dire qu’un certain nombre de mécanismes auto-régulent une bonne partie des phénomènes à  l’oeuvre dans une société de droit, pour autant que l’on respecte de manière stricte la liberté d’action (liberté étant entendu au sens de « libre dans le cadre de la loi »). Cette vision est explicitement opposée à  une vision socialiste ou communiste, et avant que Marx ne sévisse, Bastiat avait déjà  démonté une bonne partie de la doxa socialiste/communiste.
    • la valeur est toujours subjective : toute tentative pour décrire une valeur absolue est par principe vouée à  l’échec. La valeur, c’est ce que chaque individu va associer, dans un contexte donné, à  telle ou telle action ou choix. La valeur c’est toujours une préférence dans l’action. Rien d’immuable ou de constant ou d’objectif, donc. La valeur est subjective.

    L’action humaine, traité de praxéologie

    Le second livre est le non moins important traité de « L’action humaine« , de Ludwig Von Mises. Ce fabuleux livre, clair, concis et direct apporte des éléments fondamentaux pour comprendre ce qui distingue, comme science, l’économie des autres autres sciences. L’économie, ce n’est pas l’histoire, ce n’est pas la biologie, ce n’est pas la philosophie, c’est une science de l’action humaine (praxéologie).
    La praxéologie traite de l’action humaine en tant que telle, d’une façon universelle et générale. Elle ne traite ni des conditions particulières de l’environnement dans lequel l’homme agit ni du contenu concret des évaluations qui dirigent ses actions. Pour la praxéologie, les données sont les caractéristiques psychologiques et physiques des hommes agissants, leurs désirs et leurs jugements de valeur, et les théories, doctrines, et idéologies qu’ils développent pour s’adapter de façon intentionnelle aux conditions de leur environnement et atteindre ainsi les fins qu’ils visent.
    (Ludwig von Mises, L’Action humaine, 1949)

    Je ne saurais assez vous recommander la lecture de ces deux ouvrages. Commencez par le Bastiat, plus simple, et antérieur dans le temps. Harmonies économiques devrait être au programme d’étude du cycle normal de tout lycéen. Découvrir ce qu’est la valeur, l’échange, la monnaie, la propriété, au travers de textes courts, bien écrits, riches philosophiquement tout en étant limpides : voilà  une mission qui devrait être remplie par tout système éducatif bien pensé.
    Donc, vous ne savez pas ce qu’est l’économie, ni par où prendre le morceau ? Il y a des ressources merveilleuses en ligne, gratuitement accessibles: Pas d’excuses !

    >> Harmonies économiques
    >> L’action Humaine

  • Les socialistes

    Je ne sais plus où, ni quand, mais j’avais promis à  Mathieu L. de publier ici un extrait de Bastiat où il parle du socialisme. C’est un petit texte extrait de « La Loi« , écrit en 1850, juste avant sa mort. D’une grande beauté, comme tous les textes de Bastiat que j’ai lus.
    (suite…)