Étiquette : Concurrence

  • L’innovation pour les nuls #2 – fonction innovation

    L’innovation pour les nuls #2 – fonction innovation

    J’aime les entreprises. Certes, il est de bon ton de les affubler de tous les maux, notamment à  cause d’une culture française très déformée par le marxisme et le communisme (la fameuse aliénation par le travail). Avant de parler de la fonction innovation, il est utile de rappeler deux ou trois choses à  propos des entreprises.

    Réhabiliter l’entreprise

    Je ne vois pourtant dans les entreprises que des collectifs d’individus qui oeuvrent ensemble pour un objectif commun. Les déboires liés à  une approche très financiarisée de la gestion des entreprises ne doivent pas cacher ce qui reste le coeur : de formidables aventures humaines. Quelle que soit la mission d’une entreprise, elle est toujours liée au fait de rendre service à  d’autres, contre rétribution. Je trouve cela très noble. Tout est toujours échanges de services en économie. Frédéric Bastiat – que l’on devrait faire lire à  tous les lycéens – l’a très bien analysé et décrit. D’autres, comme Mises (L’action humaine) ou Hayek, ont prolongé la réflexion. Comment l’entreprise remplit sa mission ? En exécutant un ensemble généralement complexe de tâches, que je résumerai sous le terme « activités ». Ces activités, depuis longtemps déjà , ont fait l’objet d’analyses, et sont structurées. C’est ce qu’on appelle « l’organisation ».

    Le terreau de l’innovation

    Deux facteurs au moins peuvent être mentionnés comme conditions de l’innovation. Le premier c’est bien sûr, et dans l’ordre d’apparition, une société d’économie libre. Respect des contrats, des droits individuels, dont la propriété, adossée à  la liberté et à  la responsabilité. Une société libre, c’est une société où chacun peut suivre son chemin à  sa guise, dans le respect des règles communes. Le second, ce sont les progrès continus (et irréguliers) des connaissances. Les progrès techniques en font partie, bien sûr.
    La liberté a une conséquence directe, et bénéfique, c’est la situation de concurrence. La concurrence rappelons-le toujours, n’est pas une situation donnée, un état figé, mais simplement une règle : la liberté pour chacun d’entrer sur un marché. Donc de concurrencer d’autres acteurs. La concurrence bénéficie toujours au consommateur final : plusieurs acteurs, en situation de concurrence, se disputent le droit de lui rendre le meilleur service.

    […] la concurrence ne signifie pas que n’importe qui puisse prospérer en copiant simplement ce que d’autres font. Cela signifie le droit reconnu à  tous de servir les consommateurs d’une façon meilleure ou moins chère sans être entravé par des privilèges accordés à  ceux dont les situations acquises seraient atteintes par l’innovation. [Ludwig Von Mises]

    Concurrence : le moteur de l’innovation

    Toute entreprise sera donc nécessairement confrontée à  la concurrence, maintenant ou demain. Cela a une implication importante : aucune entreprise ne peut être pensée de manière statique. Le monde change, les savoirs progressent, de nouveaux acteurs arrivent sur le marché. Les activités d’une entreprise donnée, disons l’entreprise 1, sont donc par nature à  la fois durables, et changeantes. Comme dans toute activité humaine, penser le permanent et le changement en même temps reste un véritable enjeu. Certains ont rapproché cette situation de l’hypothèse de la Reine Rouge (nommée d’après Lewis Carroll), mais je trouve qu’il y manque la notion de progrès. Bref, c’est un autre sujet.

    Fonction Innovation

    Le schéma qui suit tente de résumer cela dans une image, réductrice forcément, mais qui donne les grandes lignes. J’y ai positionné plusieurs entreprises en concurrence pour servir des clients. Et j’ai fait l’exercice de montrer ce qu’est la fonction innovation pour une entreprise.

    Nous rentrerons plus en détail dans le prochain article avec les notions de conception réglée et conception innovante (indispensables pour penser l’innovation). Je crois que le coeur du sujet de l’innovation, c’est de toujours challenger les activités actuelles pour mieux servir les clients, mieux remplir la mission. Les activités évoluent souvent, la mission reste comme un phare qui guide les choix stratégiques. Les innovateurs rappellent en permanence dans l’entreprise que la mission n’est pas identique à  l’activité. Les activités sont le moyen actuel pour remplir la mission. Les challenger en permanence, de manière bienveillante, c’est le travail de l’innovateur. Un article de cette série, le #4, reviendra sur la mission, et la transformation.

    Penser ce(s) dialogue(s), les organiser, est le fond de la question de l’innovation : articuler exploitation et exploration, combiner le « maintenant » qui rapporte, et le « demain » qui sera nécessaire, conjuguer gestion des risques et structuration de l’inconnu, parler de ce qui peut être conflictuel dans les choix stratégiques. Et assumer des stratégies en apparence paradoxales.

    >> Lire les autres articles de la série <<

  • Don’t Stop Google

    Don’t Stop Google

    A l’heure où les eurodéputés se livrent à  de ridicules exercices de postures marxistes et populistes, il serait utile de rappeler quelques éléments de science économique. C’est probablement le manque le plus cruel de notre système éducatif : les élèves sortent de l’école — pour la plupart – sans avoir acquis les fondements de la science économique.

    Rappel sur les marchés

    Avec internet, c’est peu de le dire, la connaissance est disponible, très largement. Ainsi je proposerais bien aux eurodéputés, mais aussi à  tous ceux qui veulent lire un livre fantastique, d’aller sur le site de l’Institut Coppet pour découvrir « L’action humaine », de Ludwig Von Mises. Economiste, Ludwig Von Mises a écrit cet ouvrage majeur en 1949. Il était, entre autres, le professeur et père spirituel de Friedrich Hayek, autre grand philosophe et économiste (prix Nobel d’économie 1974).
    Je ne résiste pas au plaisir de copier ici deux petits extraits (allez lire ce livre, c’est magnifique de simplicité et de clarté).
    Marché :
    Le marché n’est pas un lieu, une chose, ni une entité collective. Le marché est un processus, réalisé par le jeu combiné des actions des divers individus coopérant en division du travail. Les forces qui déterminent l’état — continuellement modifié — du marché sont les jugements de valeur de ces individus et leurs actions telles que les dirigent ces jugements de valeur. L’état du marché à  tout moment est la structure des prix, c’est-à -dire la totalité des taux d’échange telle que l’établit l’interaction de ceux qui veulent acheter et de ceux qui veulent vendre. Il n’y a rien qui ne soit de l’homme, rien de mystique en ce qui concerne le marché. Le déroulement du marché est entièrement produit par des actions humaines. Tout phénomène de marché peut être rattaché originairement à  des choix précis de membres de la société de marché.
    Ils ne sont pas rares ceux qui parlent des marchés comme s’il s’agissait d’une entité collective, pire d’un individu. « les marché ont eu peur de… », « les marchés ont jugés que… ». Ecoutez BFM radio, qui est pourtant une radio économique avec plein de supers intervenants, et vous verrez que même chez les économistes, cette manière de pensée est courante.

    Rappel sur la concurrence

    Concurrence
    Aujourd’hui des gens affirment la même chose en ce qui concerne diverses branches de la grande entreprise : vous ne pouvez ébranler leur position, elles sont trop grandes et trop puissantes. Mais la concurrence ne signifie pas que n’importe qui puisse prospérer en copiant simplement ce que d’autres font. Cela signifie le droit reconnu à  tous de servir les consommateurs d’une façon meilleure ou moins chère sans être entravé par des privilèges accordés à  ceux dont les situations acquises seraient atteintes par l’innovation. Ce dont un nouveau venant a le plus besoin s’il veut porter un défi aux situations acquises des firmes établies de longue date, c’est surtout de la matière grise et des idées. Si son projet est apte à  satisfaire les plus urgents d’entre les besoins non encore satisfaits des consommateurs, ou à  y pourvoir à  un moindre prix que les vieux fournisseurs, il réussira en dépit de tout ce qu’on répète abondamment sur la grandeur et le pouvoir de ces firmes.
    La concurrence libre et parfaite n’existe pas, c’est un mythe inventé par des gens qui ne comprennent pas l’économie, ni la logique de marché. La concurrence c’est simplement le droit de toute personne ou entreprise à  entrer sur le marché, comme le rappelait à  juste titre Nicolas Bouzou et Philippe Silberzahn sur Twitter.

    Logique d’esclaves

    Jusqu’à  preuve du contraire, aucun Etat n’empêche aux concurrents de Google de venir le concurrencer. Google est de toute évidence sur un marché concurrentiel.
    Comme décidemment on trouve presque tout sur internet, notamment en termes de livres, j’inviterais bien également les eurodéputés à  lire ce texte 260 du chapitre 9 de l’ouvrage de Nietzsche, « Par-delà  le bien et le mal », mais ça risque d’être un peu plus compliqué. Ils comprendraient probablement qu’au-delà  d’affirmer leur idéologie constructiviste et socialiste, leurs prises de positions ne traduisent finalement que leur sentiment d’impuissance et de soumission face à  Google et aux US, puisqu’ils en sont à  bêtement considérer que ce qui est puissant est nécessairement mauvais, donc une cible pour des combats politiques. Les eurodéputés n’ont-ils aucun autre combat plus urgent que d’essayer d’empêcher d’agir une société utile, dynamique, qui créé de l’emploi et de l’innovation ?
    Je reposte en conclusion le tweet de Loïc Lemeur :

  • La Commission casse des pare-brise

    La Commission casse des pare-brise

    La Commission européenne combat les cartels, nous dit-on. Est-ce là  une saine attitude, consistant à  défendre le consommateur contre les ententes illicites entre industriels ? Ou assiste-t-on plutôt à  des mesures dogmatiques consistant à  vouloir « tordre » la réalité pour la faire coller à  des théories fumeuses ? Un bref aperçu du sens de ces mots, et un rappel de ce qu’est la concurrence permettent de répondre à  cette question.
    (suite…)

  • Citation #99

    Eloge de la concurrence

    Dans un monde où la libéralisation des échanges est devenue une réalité, la réflexion sur le rôle de la concurrence s’est imposée comme une préoccupation majeure de notre époque. Ses avantages sont certes généralement reconnus, mais elle est également souvent critiquée. Devant les craintes que ferait naître une concurrence « excessive », on demande alors de la limiter, de la « réguler » (c’est-à -dire en fait de la réglementer). Certes, on peut comprendre certaines de ces craintes, car la concurrence n’est pas toujours facile à  vivre et, tout au moins si on en est le bénéficiaire, on préférerait parfois pouvoir développer ses activités à  l’abri de toute concurrence. Mais il faut bien évaluer la portée de ces appels à  la modération de la compétition. En effet, la concurrence prévaut sur un marché dans la mesure où tous les producteurs sont libres de proposer leurs produits et où, par ailleurs, tous les consommateurs sont libres de les acheter (ou de les refuser). Accepter la concurrence, c’est donc accepter la liberté d’agir ; limiter la concurrence, c’est limiter la liberté. C’est la raison pour laquelle, je pense que, par principe, « la concurrence est toujours bonne » : elle consiste, pour chacun, à  exercer sa liberté dans le respect de la liberté d’autrui.
    Dans un article récent des « Echos » (22 avril 2008), Angus Sibley me reproche cette position, qu’il trouve excessive, et il va même jusqu’à  dire que « la pagaille bancaire est une conséquence de la méchante philosophie des ultralibéraux » qui « prône la concurrence désentravée et féroce ». Il affirme que « les bonnes choses de ce monde deviennent nocives en excès », ce qui le conduit à  faire un parallèle entre la concurrence et les hormones thyroïdes dans le corps humain. Mais comparaison n’est pas raison. Ce parallèle ne nous apprend rien sur ce qu’est la concurrence et sur son rôle. […]
    Le respect de la liberté d’entrer sur un marché, pour un producteur comme pour un consommateur, est un principe absolu de nature morale. Le respect de la liberté d’entrer sur un marché, pour un producteur comme pour un consommateur, est un principe absolu de nature morale.Or un principe n’admet pas de compromis, il ne peut pas être plus ou moins valable. S’il est évident que la consommation de nourriture ou d’hormones thyroïdes ne doit pas être excessive, cela n’implique en rien qu’il faille imposer des limites à  un principe tel que celui de la liberté d’agir. Encore faut-il bien comprendre de quoi l’on parle. Lorsqu’on dit que la liberté d’agir ne doit pas rencontrer de limites, cela signifie qu’on ne doit pas limiter par la contrainte l’exercice de cette liberté. Mais il est par ailleurs évident que ce dernier rencontre une limite naturelle : la liberté d’agir d’un individu ne doit pas porter atteinte à  la liberté d’agir des autres.
    Il est aujourd’hui à  la mode de réclamer une « régulation » de la concurrence, à  cause de ses excès supposés et de la responsabilité qu’on lui attribue, à  tort, dans l’instabilité économique et financière. Or il serait tout d’abord plus correct de parler de « réglementation » que de « régulation », car c’est bien cela que l’on invoque en fait. Mais c’est oublier que la meilleure régulation est assurée, précisément, par la liberté et la concurrence, c’est-à -dire un système où les individus adaptent continuellement leurs décisions à  celles des autres. Bien sûr, le résultat de ces processus d’interdépendance n’est jamais parfait, car les êtres humains ne sont pas parfaits et ils ne possèdent pas la connaissance absolue. C’est pourquoi il ne faut pas comparer les résultats du fonctionnement d’un système Il est absurde de vouloir confier à  quelques personnes la tâche d’imposer aux autres de manière arbitraire des limites à  l’exercice de leur libertéde libre concurrence à  ceux, supposés, d’un système idéal qui ne peut pas exister, où l’instabilité n’existerait pas et où l’information serait éternellement parfaite.
    Mais, de manière similaire, les « réglementeurs » – et non les « régulateurs » – auxquels on fait appel n’ont pas non plus la connaissance absolue. Il est même certain que les détenteurs du pouvoir de contrainte légale et réglementaire n’ont qu’une information infiniment petite par rapport à  celle qui est continuellement créée par des millions d’individus. Comment peut-on manquer de logique au point de prétendre que des hommes libres risquent d’abuser de leur liberté et de supposer par ailleurs que ces autres hommes chargés de les contrôler ne risquent absolument pas d’abuser de leur propre liberté ? Pourtant, cette dernière ne comporte aucune limite naturelle, puisqu’elle est en fait une liberté sans principe, sans régulation, la liberté de contraindre autrui ! Il est donc absurde – mais aussi immoral – de vouloir confier à  quelques personnes la tâche d’imposer aux autres de manière arbitraire des limites à  l’exercice de leur liberté. Oui, cela est certain, il n’y a rien de mieux que la concurrence et la liberté d’agir.
    Pascal Salin, Eloge la concurrence, Les Echos (30/04/2008)

  • Une idée simple, et quelques questions…

    Une idée simple…

    Une idée simple lue l’autre jour dans un article d’Hans-Hermann Hoppe[1. Cet article se trouve dans le livre « L’homme Libre », ouvrage collectif rédigé en l’honneur de Pascal Salin. J’en ai déjà  parlé un peu l’autre jour] : c’est un fait économique établi que pour un bien de consommation ou un service donné, la mise en concurrence des producteurs de ce bien permettra au consommateur d’y avoir accès à  moindre coût, et que ce bien sera de meilleure qualité (plus grand choix, notamment). A l’inverse, en situation de monopole[2. il faut distinguer les monopoles légitimes des monopoles illégitimes : le monopole illégitime est celui obtenu par la contrainte et interdisant aux nouveaux acteurs d’entrer sur le marché], un service ou un bien sera produit à  un coût supérieur et sera de qualité moindre. L’explication économique en est toute simple : si au lieu de confier la production d’un service à  quelques personnes, on autorise n’importe qui à  le proposer, on fait appel potentiellement à  des millions de personnes (à  leur créativité, à  leur intelligence, à  leur envie). La créativité de 1000 personnes sera toujours plus prolifique et riche que celle d’une personne, aussi intelligente soit-elle. L’émergence de la nouveauté et du changement est d’ailleurs conditionnée par l’ouverture à  la concurrence.

    …et quelques questions

    Si on utilise cette idée dans le domaine des services publics, on peut se poser les questions suivantes :

    • Les services produits par l’Etat, en situation de monopole la plupart du temps, sont-ils donc plus coûteux et de moindre qualité que ce à  quoi nous aurions accès si leur production était confiée à  des acteurs privés sur un marché concurrentiel ?
    • Peut-on tenir le même raisonnement pour les services d’ordre et de justice – pour les fonctions dites régaliennes de l’Etat ?

    Ce sont là  des questions cruciales et intéressantes, je trouve. Et vous ?


  • Citation #85

    Et cependant, comme ce mot sacré a encore la puissance de faire palpiter les coeurs, on dépouille la Liberté de son prestige en lui arrachant son nom ; et c’est sous le nom de concurrence que la triste victime est conduite à  l’autel, aux applaudissements de la foule tendant ses bras aux liens de la servitude.

    Frédéric Bastiat (1801-1850)