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  • Pour une plus juste répartition des richesses : solidarité ou charité ?

    Comment répartir mieux les richesses ?

    Face à  l’injustice des ressources très inégalement réparties entre les hommes, on ne peut que souhaiter une plus juste répartition. Pour quelle raison certains devraient être pauvres, simplement à  cause du fait qu’ils ne sont pas nés au bon endroit ? La redistribution des richesses est une nécessité impérieuse, pour qui a un tant soit peu le sens de la justice. L’ampleur et le mode d’organisation de cette intervention des hommes sur la répartition des richesses sont les vrais problèmes…Et ces deux aspects de la question sont plus liés qu’il n’y parait de prime abord : selon le mode d’intervention choisi, l’ampleur ne sera pas forcément la même.

    Don et redistribution, charité et solidarité : quelques définitions

    Deux grands styles de re-répartition des richesses existent : le redistribution et le don.

    Redistribution
    Ensemble des opérations par l’intermédiaire desquelles une partie des revenus est prélevée sur certains agents économiques ou catégories sociales pour être reversée au bénéfice d’autres

    DonAction de donner, de céder gratuitement et volontairement la propriété d’une chose

    La différence est claire : dans un cas (la redistribution) il s’agit de quelque chose d’organisé collectivement, et dans l’autre (le don) il s’agit d’un acte individuel.
    C’est pour ça qu’on peut relier ces deux modes à  deux motivation, ou deux conceptions un peu différentes ; la redistribution va avec l’idée de solidarité :

    Solidarité :

    1. Dépendance mutuelle entre les êtres humains, existant à  l’état naturel et due au besoin qu’ils ont les uns des autres. Responsabilité mutuelle qui s’établit entre les membres d’un groupe social.
    2. Devoir moral, résultant de la prise de conscience de l’interdépendance sociale étroite existant entre les hommes ou dans des groupes humains, et qui incite les hommes à  s’unir, à  se porter entraide et assistance réciproque et à  coopérer entre eux, en tant que membres d’un même corps social.

    et le don va avec l’idée de charité :

    Charité :

    1. Principe de lien spirituel, moral qui pousse à  aimer de manière désintéressée.
    2. Amour mutuel des hommes, considérés comme des semblables; humanité, philanthropie
    3. Établissements, fondations, congrégations ayant ces actes pour but.

    Il n’y a pas lieu, à  mon avis, de discuter du bien-fondé moral de l’une ou l’autre de ces conceptions (charité ou solidarité) : l’une et l’autre sont intéressantes, et ce qui compte c’est plus l’efficacité des modes de redistribution qui vont avec, que leur valeur intrinsèque. Soyons pragmatiques. Ces deux approches sont nécessaires : il faut être solidaire, et il faut être capable de charité. Il faut du social, et de l’amour.

    Différences de cultures : trop de solidarité tue la charité !

    Aux Etats-unis, la charité est beaucoup plus développée qu’en France, où la redistribution organisée est forte. Les oeuvres charitatives, philanthropiques, et le mécenat privé sont beaucoup plus développés aux USA qu’en France. La question est de savoir ce qui est le plus efficace pour lutter contre l’inégale répartition des richesses. Un exemple tel que celui des restos du Coeur avait montré en son temps que l’initiative individuelle ou associative est plus réactive et plus efficace que la redistribution lourde organisée par l’Etat. C’était le message de Coluche : « les politiques en ont parlé, moi je l’ai fait! ». Notre système de solidarité, et de redistribution, en France, est tellement complexe qu’il en devient inefficace : pourquoi ne pas le simplifier, et en limiter le poids, pour redonner de l’air à  la charité et aux initiatives du type « Bill Gates » ?
    Je laisse le mot de la fin à  J.F. Revel, plaidant pour une plus grande souplesse et une plus grande liberté individuelle dans le choix du mode de redistribution :

    Pourquoi les français qui en ont les moyens seraient-ils généreux, alors que la société les condamne précisément pour avoir acquis ces moyens ? La générosité n’est-elle pas à  double tranchant dans un pays où l’argent doit se cacher et où, par conséquent, l’évergétisme est voué à  l’exécration, sauf dans quelques rares cas, comme dans l’entretien d’une équipe de ballon rond ? Comment espérer s’attirer la reconnaissance de ses compatriotes en tant que bienfaiteur public, si le don a pour premier effet de signaler le donateur comme un être immoral, puisque possesseur d’une grande fortune ? La haine « chrétienne et révolutionnaire » de l’argent engendre ainsi une société non moins inégalitaire que d’autres, mais notablement plus avare, plus égoïste, plus hypocrite.

    Jean-François REVEL

  • Sarkozy et le populisme …

    On entend souvent dire de Nicolas Sarkozy qu’il est « populiste ». Il s’agit bien sûr, dans la bouche de ses détracteurs, d’une quasi-insulte…Je me suis donc demandé ce que signifie ce mot.

    Populisme :

    1. Mouvement politico-social (qui s’est formé en Russie dans les années 1860) qui voulait entraîner l’ensemble de la paysannerie, du peuple, dans la lutte contre le pouvoir tsariste.
    2. P. ext., POL. Tout mouvement, toute doctrine faisant appel exclusivement ou préférentiellement au peuple en tant qu’entité indifférenciée.

    Quand on se focalise sur l’interêt général, on est donc taxé forcément de « populisme », puisqu’on se réfère à  l’interêt du peuple, sans différenciation. C’est donc un travers d’utiliser ce mot systématiquement de manière péjorative : doit-on forcément parler au nom d’un sous-groupe, d’une corporation, d’une minorité pour que le discours soit recevable ? A mon avis, non ! Par ailleurs ceux qui pensent tout dire en traitant Sarkozy de « populiste » sont aussi ceux qui lui reprochent d’être « communautariste », c’est à  dire de privilégier l’approche consistant à  favoriser des groupes plus que d’autres au détriment de l’intérêt général !
    S’il parle au nom du peuple au sens large, on le traite de populiste, et si il parle d’une catégorie particulière de la population, d’un communauté précise, il est taxé de communautariste. Au nom de qui doit-il parler ? Pour ses critiques, la réponse est claire : il doit se taire, et tous les mots -même mal utilisés- sont bons pour atteindre ce but. Pour ma part, je pense qu’il est bon de remettre l’intérêt général au centre du débat : comment trouver un compromis politique orienté vers le progrès si l’on est systématiquement focalisés sur les interêts d’un catégorie de citoyens en particulier ? Comment redonner du lien social, des projets communs, si on ne parle toujours que des intérêts de certains ?
    La notion d’intérêt général permet justement de trouver le compromis en faisant naitre les voies qui permettent de marier les intérêts forcément particuliers, et souvent contradictoires de l’ensemble des groupes et des personnes composant la population. Qui peut craindre l’intérêt général si ce n’est un groupe qui a suffisament bien tiré son épingle du jeu pour que le moindre accroissement d’intérêt général, soit synonyme de perte pour lui ? Ceux qui critiquent systématiquement cette approche sont donc à  soupconner au mieux d’élitisme, au pire de corporatisme et de poujadisme.

  • L’idéal comme guide d’action

    L’idéal comme guide d’action

    La définition de l’idéal montre deux utilisations possibles que l’on peut en faire :

    IDEAL :
    Ce que l’on conçoit comme conforme à  la perfection et que l’on donne comme but ou comme norme à  sa pensée ou son action dans quelque domaine que ce soit.

    Toute la nuance réside dans le ou (que j’ai mis en gras). Utilisé comme un mètre-étalon (la norme), et c’est la meilleure manière d’être malheureux : c’est le pessimisme; utilisé comme un but, c’est la voie de l’action et du bonheur : c’est l’optimisme.
    Sur le constat, un optimiste et un pessimiste peuvent être d’accord : le monde est injuste, dur, cruel, tragique, plein de menaces, mais aussi beau, riche de la nature et des hommes, plein de promesses.
    Nous sommes tous un peu pessimistes et optimistes :

    Le pessimisme de la connaissance n’empêche pas l’optimisme de la volonté.
    Antonio Gramsci

    Mais la connaissance du monde doit inclure ce qu’il y a de bien dedans, et ce qui pourrait en naître de positif…

    Pourquoi ce qui est beau ne devrait-il pas être vrai ? Quel pessimisme dans ces simples mots !
    Mark Fisher

    J’ai l’impression que dans le pessimisme, il y a comme une manière de partir de l’idéal et d’aller vers le monde réel : quelle déception ! Dans l’attitude optimiste, au contraire, le point de départ est le monde réel et on utilise l’idéal comme un but, une visée : quel guide efficace pour l’action !
    Alors soyons lucides sur l’état du monde (en ne laissant pas de côté la beauté, l’amour, la sincérité, l’échange qui font aussi partie du monde), et utilisons l’idéal non pas pour broyer du noir, mais pour regarder ensemble dans la même direction.

    Un pessimiste voit la difficulté dans chaque opportunité, un optimiste voit l’opportunité dans chaque difficulté.
    Winston Churchill

  • Autonomie et hétéronomie

    Raymond Boudon, dans le hors-série du Point sur le libéralisme, commence l’interview qui lui est consacrée par préciser ce qui, selon lui, sépare les socialistes des libéraux. Les libéraux mettent l’accent sur l’autonomie des humains, et les socialistes sur l’hétéronomie. C’est effectivement le point central. Voyons donc les définitions de ces termes (même si l’étymologie est relativement claire).

    AUTONOMIE :

    • Faculté de se déterminer par soi-même, de choisir, d’agir librement
    • Liberté, indépendance morale ou intellectuelle

    HETERONOMIE :

    • Fait d’être influencé par des facteurs extérieurs, d’être soumis à  des lois ou des règles dépendant d’une entité extérieure.

    Voilà  pour l’opposition frontale, les deux pôles. D’un côté l’accent est mis sur la liberté individuelle, la responsabilité. De l’autre, l’accent est mis sur les causes biologiques, socio-culturelles et psychologiques. Comme toujours, la vérité est à  chercher entre les deux…ou plutôt avec les deux ! A l’évidence, l’homme et son action sont à  la fois hétéronomes et autonomes. La vérité – qui concerne l’action, parce que le monde et les hommes sont en perpétuel mouvement – est donc plus de savoir où on se situe par rapport à  l’équilibre. Les extrêmes à  éviter sont simples :

    • Expliquer l’être humain uniquement par des causes externes non dépendantes de sa volonté, c’est nier la formidable force évolutive de la liberté et de la raison, et c’est nier toute responsabilité de nos actes ! A donner trop de place à  la cause externe, on oublie la liberté individuelle qui est l’oxygène de l’esprit
    • Expliquer l’être humain uniquement par ses décisions supposées libres, c’est nier la formidable emprise de la biologie, de la culture et de l’inconscient sur notre vie. A donner trop de place à  la liberté individuelle, on oublie la nécessaire prise en compte de l’injustice du monde et la solidarité

    Il importe donc d’insister là -dessus : l’homme est le résultat de causes externes ET de sa liberté de ses choix. Dans chaque situation particulière, la question est de savoir si on met trop l’accent sur l’un ou l’autre pôle. La France – nous ! – , en ce moment particulier de son histoire, doit remettre l’accent sur l’autonomie des individus (donc sur leur responsabilité), sous peine de les étouffer ; ça ne veut pas dire qu’il faut oublier toutes les causes externes qui motivent leurs actes, tout le poids de la socio-culture. C’est simplement le constat qu’on est d’un côté de l’équilibre, et cela montre dans quel sens une action vraie et juste peut et doit se développer.

  • A bas la polémique, et vive la controverse !

    Pendant la campagne présidentielle, Yves de Kerdrel (éditorialiste du Figaro et intervenant quotidien sur BFM) et Laurent Mauduit (ex-journaliste économique du Monde et essayiste) croisent le fer, cordialement mais sans concessions. Cela s’intitule « La controverse Kerdrel – Mauduit« . C’est un nom très bien choisi, et qui décrit bien le contenu de ces articles :

    CONTROVERSE :
    Discussion argumentée, contestation sur une opinion, un problème, un phénomène ou un fait; p. méton. ensemble des éléments divergents ou contradictoires du débat.

    Je suis allé voir la définition de la polémique pour saisir la nuance :

    POLÉMIQUE :
    Discussion, débat, controverse qui traduit de façon violente ou passionnée, et le plus souvent par écrit, des opinions contraires sur toutes espèces de sujets (politique, scientifique, littéraire, religieux, etc.).

    La nuance se situe donc dans la violence et la passion : la controverse est au dialogue ce que la polémique est à  la dispute.
    Deux sujets ont déjà  été abordés : « Pour ou contre l’ISF et les droits de successions » et « Patrons ‘voyous’ et chefs d’entreprises« . A suivre donc, pour ceux qui veulent élever un peu le niveau du débat, avec de vrais arguments raisonnables de part et d’autre.

  • Le pacifisme est une peur

    Réfléchir pour canaliser les émotions

    Le monde est le siège de rapports de forces, de conflits qui ne nous concernent pas forcément directement, mais qui, par l’horreur qu’ils ne peuvent manquer de nous faire ressentir, nous impliquent émotionnellement de toutes façons. Pour ne pas être submergés par les émotions, et pour éviter de laisser la colère ou la peur devenir nos conseillères, il convient donc de réfléchir sur ces conflits le plus sereinement possible.

    Définition du conflit

    Comme d’habitude, pour réfléchir, il est toujours éclairant de vérifier les définitions des mots que l’on utilise pour préciser et affiner sa pensée : les mots sont les seuls liens avec les idées que l’on peut partager – presque – objectivement et rationnellement. Le ‘presque’ dans la phrase précédente n’est pas une raison pour abandonner cet effort, mais au contraire une raison supplémentaire de le faire. Savoir qu’on n’atteint pas l’absolu ne doit pas empêcher de le viser. Pour réfléchir juste, et pour échanger avec les autres, il faut partir des définitions.
    Définissons le conflit, d’abord :

    Forte opposition, divergence profonde, différend grave, vif désaccord.

    Le conflit peut se résoudre en général de deux manières :

    • en parlant, et c’est ce qu’on appelle la politique (l’art de gérer les conflits)
    • avec les armes, et c’est ce qu’on appelle la guerre (le règlement armé des conflits)

    Que la première solution soit préférable à  la seconde, je crois que ça ne fait pas l’ombre d’un doute. Qu’elle le soit toujours n’est pas aussi sûr : il faut pour cela que la résolution politique soit possible, et que la solution sur laquelle elle amène soit satisfaisante. C’est toute la différence entre un pacifique et un pacifiste. Voyons cela.

    Pacifique ou pacifiste ? j’ai choisi…

    Partons des définitions pour vérifier ce qui différencie le pacifique et le pacifiste.

    Pacifique : Qui aime la paix, qui aspire à  la paix, qui vit en paix.

    Pacifisme : Doctrine ou attitude qui fait de la paix entre les nations un bien qui conditionne tous les autres et qui doit être fondé sur des bases autres que celles de la paix armée.

    Il est clair que nous sommes, pour la plupart, pacifiques. Seuls les gens belliqueux — au sens propre du terme : qui veulent la guerre — ne sont pas pacifiques. Les intégristes musulmans ne sont pas pacifiques quand ils disent vouloir rayer Israël et l’Occident de la carte. On peut, par contre, être pacifique (aspirer à  la paix) sans être pacifiste. Le pacifiste en effet, place la paix (l’absence de guerre) au dessus de tout. C’est-à -dire au-dessus, par exemple, de la justice et de la liberté. Aucun bien ne pourrait, aux yeux d’un pacifiste, justifier une guerre. C’est bien là , donc, la différence entre un pacifique et un pacifiste : tous deux aspirent à  la paix, et aiment la paix ; mais quand le pacifiste place la paix au-dessus de tout, le pacifique accepte que certaines choses puissent nécessiter la guerre. Qu’est-ce que la guerre ?

    Guerre : Rapports conflictuels qui se règlent par une lutte armée, en vue de défendre un territoire, un droit ou de les conquérir, ou de faire triompher une idée.

    Conquérir un monde plus juste, plus libre peut-il justifier une guerre ? il me semble que oui. La guerre menée par les américains pendant la seconde guerre mondiale était-elle justifiée ? il me semble que oui. Je suis, pour ma part, farouchement pacifique. J’aspire à  la paix presque plus qu’à  tout. La paix est la condition nécessaire à  l’établissement de tout le reste. Mais si liberté n’existe plus ? mais si l’injustice devient la règle ? Il y a, malheureusement, des guerres utiles. Je ne suis pas pacifiste. Et vous ?

    L’argument de la peur

    L’argument généralement avancé ensuite par un pacifiste, argument difficile parce qu’on parle ici de choses très graves, est le suivant : « Puisque tu penses que la guerre peut se justifier, accepterais-tu de te battre ? ». Effectivement, bonne question — centrale, même -.
    Mais l’objection a ses limites : si la seule raison d’être du pacifisme est la peur de se battre, alors il n’a plus, comme qualité morale, que les attributs d’un excès de prudence. Si on pense qu’un conflit ne peut plus se résoudre par la politique, et qu’on reste dans l’inaction par peur de la guerre, on n’est pas moralement juste, on est simplement peureux. J’ajoute qu’on peut avoir encore plus peur de l’évolution du monde sans guerre, que de la guerre. Quel monde Ahmadinejad prépare-t-il ?

    Urgence extrême

    On sait quelle société Ahmadinejad et les islamistes veulent préparer. Un monde sans juif. Un monde soumis à  l’Islam et la Charia. Un monde de régression absolue, sans liberté de penser et d’agir. Bien sûr, la guerre doit toujours être le dernier recours, et l’on doit déployer des forces colossales pour l’éviter. Mais ça veut dire qu’il faut déployer, de manière plus qu’urgente, des forces – plus importantes que ce que l’on fait pour l’instant – pour mettre la pression sur l’Iran.
    L’ONU doit faire peser, rapidement et fermement, une menace d’intervention militaire sur l’Iran. Notre diplomatie doit être orientée dans ce sens : l’Iran doit céder, et laisser les instances internationales, profondément pacifiques, contrôler son nucléaire civil et bannir son nucléaire militaire. Toute attitude opposée (et c’est le cas pour l’instant) est une déclaration ouverte de guerre. La France doit peser de tout son poids à  l’ONU dans ce sens, à  mon avis. Pour que l’issue politique reste possible, pour éviter la guerre. Parce que toute personne pacifique déteste la guerre pour ce qu’elle est : une horreur.