Étiquette : Dialogue

  • Alain Boyer : à  propos de la théorie politique de Karl Popper

    Après le texte de Popper sur les fondements du libéralisme, je vous présente aujourd’hui le commentaire qu’en faisait Alain Boyer, dans le hors-série du Point consacré à  la pensée libérale. J’aime ce glissement de la pensée entre la démarche scientifique et son énorme efficacité pour appréhender le monde, et la démarche de la politique libérale basée sur la croyance en la possibilité d’un progrès, fruit de la « délibération publique contradictoire ». Je vous laisse apprécier.

    Karl Popper (Vienne, 1902 — Londres, 1994) est avant tout un philosophe des sciences, connu pour sa réponse à  la question de la démarcation entre la science empirique et les autres discours, à  savoir la « falsifiabilité« , le fait qu’une théorie qui prétend parler du monde doit en principe pouvoir être infirmée par l’expérience : nous devons laisser à  la Nature la possibilité de répondre « non » aux propositions que nous faisons pour la décrire dans ses mécanismes les plus cachés. Le débat contradictoire et la méthode des hypothèses multiples est au centre de cette conception, qui voit dans la « coopération amicalement hostile des savants » le nerf indispensable du progrès des connaissances. Le pluralisme et la liberté de discussion critique occupent la même place au sein de la théorie politique de Popper, centrée sur l’idée de « société ouverte », où les traditions et les institutions peuvent être remises en cause et améliorées au nom de normes morales, comme la liberté et la justice. Ce type de société apparaît avec la démocratie athénienne, mais elle est surtout le produit de la « tradition libérale » et de la « tradition rationaliste critique », auxquelles se rattache Popper, tout en n’ignorant pas certaines des bases morales de la critique socialiste du système libéral, que l’Etat peut aider à  réformer dans le sens de la promotion de la justice, en ne prenant pas la route dangereuse de l’utopie, mais en tâchant de lutter pas à  pas contre toutes les formes de malheur évitable, et en ne sous estimant jamais l’importance des conséquences inattendues souvent « perverses » de son action, sur laquelle il doit pouvoir revenir à  la suite d’un débat public ouvert et sans dogmes. Le libéral croit en la possibilité, mais non en la nécessité, du progrès, dans le cadre institutionnel de la démocratie représentative et délibérative, où les dirigeants peuvent être remplacés sans violence. Il ne s’agit pas de « faire le bonheur » des citoyens, projet paternaliste liberticide, mais de créer un environnement institutionnel tel que l’on puisse peu à  peu améliorer les conditions d’existence des plus mal lotis, tout en ne sacrifiant pas les libertés individuelles, en particulier la liberté d’expression critique et pluraliste. Aucune autorité n’étant infaillible, c’est par la délibération publique contradictoire sur les problèmes sociaux que l’on peut espérer avancer. Tout ce dont nous avons besoin pour cela, c’est d’être prêt à  apprendre de l’autre par la discussion rationnelle. Et la discussion sera d’autant plus féconde que la variété des points de vue sera grande. « Si la tour de Babel n’avait pas existé, nous aurions dû l’inventer ». Le libéral ne rêve pas d’un consensus parfait de l’opinion, il souhaite seulement la « fertilisation mutuelle » des opinions par leur confrontation. Mais aucun problème ne peut être résolu à  la satisfaction générale, et nous ne devons pas le regretter. Il faut promouvoir la tradition du « gouvernement par la discussion », l’habitude d’écouter les points de vue divergents, le développement d’un « sens de la justice et la capacité d’accepter des compromis ». Sur la tard, Popper a reconnu que même si l’Etat minimal était un bon idéal (il faut se méfier de toute bureaucratie), une certaine dose de « paternalisme » était compatible avec cet idéal.
    Alain BOYER
    Popper : La Société ouverte et ses ennemis (1ère éd. anglaise 1945; trad. abrégée, Seuil, 1979); Conjectures et Réfutations (1ère éd. anglaise 1963; trad. Payot, 1985); Etat paternaliste ou Etat minimal (1ère éd. allemande 1988; trad. Editions de l’Aire, 1997
    Beaudoin J. : K. Popper, PUF, 1989
    Boyer A. : Introduction à  la lecture de K. Popper, PENS, 1994

  • Blog pour les nuls #4

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    Réseau Social, Web 2.0, participatif. Que recouvrent ces mots ? Le blogueur ne peut pas se contenter de lancer ses bouteilles à la mer en écrivant ses articles, il faut aussi qu’il se fasse connaitre, et qu’il aille à la rencontre d’autres blogueurs pour découvrir d’autres choses. Qui dit blog, dit dialogue ; et qui dit dialogue, dit interlocuteurs. Quels sont les moyens de favoriser, et d’augmenter le dialogue sur un blog ? Quels sont les moyens de rencontrer des personnes intéressées par les mêmes choses que vous ? C’est à cette question que j’essaye de répondre dans cet article, et le dialogue, c’est la motivation principale du blogueur, non ? (suite…)

  • Peut-on être optimiste ?

    djihadEternelle discussion entre collègues, où je découvre que je dois être le seul être de la planète à  croire au progrès. Tout va mal, m’explique-t-on, et le pire est certain. Je sors donc mes rames, et explique que si le pire est toujours possible, il n’existe pas moins des raisons d’être optimistes. Et qu’il est très important de savoir distinguer ce qui va dans le mauvais sens de ce qui va dans le bon sens pour qu’une action efficace soit possible. Après le développement humain, exemple de la guerre…
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  • Le lecteur est roi ! (3/4 : Ecoutez vos lecteurs)

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    Comment placer le lecteur au centre du blog ? Nous avons vu dans le premier et le deuxième article de la série comment l’accueillir dans un cadre agréable (design) et comment lui présenter l’information sous une forme accessible et facile à trier (structuration des articles). Le point suivant, objet de cet article, est d’être toujours à l’écoute du lecteur. C’est l’attitude essentielle permettant de toujours mieux le satisfaire : l’écouter. 4 moyens d’écouter le lecteur sont décrits : favoriser les commentaires, répondre à tous les commentaires, demander directement leur avis aux lecteurs et orienter la thématique du blog en fonction des retours.

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  • Syndicats : anti-démocrates

    L’annonce de la mise en place éventuelle d’un service minimum dans l’éducation nationale, pourtant logique, et dans la continuité de la politique annoncée par le gouvernement, fait pousser des cris aux syndicats d’enseignants. Il feraient mieux d’aider à  proposer des solutions pour sauver l’éducation nationale.
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  • Discussion de Café du Commerce

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    A : je dois avouer que j’étais content de voir que Juppé s’est fait sortir, même s’il semble compétent. Il a un air de dédain et de supériorité assez énervant…ils ont perdu le plus compétent !
    B : euh…compétent ok, mais il y en a d’autres, des personnes compétentes tout de même, dans le gouvernement !
    A : ah bon ? qui ?
    B : eh bien, Bertrand, Fillon sont compétents, je trouve. Kouchner et Hirsch sont compétents, non ?
    A : mouais…ils ne doivent pas être à  l’aise Kouchner et Hirsch, avec leurs convictions. C’est incroyable, j’ai entendu Jouyet (secrétaire d’état aux affaires européennes, ex-proche de Hollande) à  la radio, il était devenu plus à  droite que les gens de l’UMP, comment on peut changer de convictions comme cela ?
    B : tu crois que leurs convictions sont si éloignées que cela, au PS et à  l’UMP ? il veulent la même chose, ce sont les moyens pour y arriver qui font débat !
    A : non, tu ne peux pas dire ça ! ils ne veulent pas la même chose ! leurs programmes n’ont rien à  voir ! Ce ne sont pas les mêmes programmes, tout de même ! Le coup des heures supp’ non rémunérées, la TVA sociale, ce sont bien des politiques de droite, et on sait bien ce que ça va faire !
    B : ah bon ? qu’est ce que ça va faire ?
    A : c’est un cadeau aux plus favorisés !
    B : mais, moi, il me semble bien que j’ai lu des articles d’économistes qui pensaient que c’était une bonne chose l’augmentation de la TVA !
    A : où tu l’as lu ? dans le Figaro ?
    B : oui, mais …
    A : c’est toujours pareil ! dans le Figaro, c’est toujours le même son de cloche ! C’est la voix de l’UMP !
    B : pas d’accord. Les gens qui écrivent une tribune sont libres de leurs propos, tout de même…! que ce soit au Figaro, dans Libération ou dans le Monde, non ?
    A : mais non ! ceux qui écrivent dans Libération sont de gauche, et ceux qui écrivent au Figaro sont de droite, c’est bien connu !
    B : ah bon, ok. Tu as raison ! bravo. Et que fais tu des gens qui écrivent dans tous ces journaux alternativement ? ils sont à  la fois soutien du PS et de l’UMP, alors ?
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    B : revenons sur la TVA : à  côté des économistes et politiciens qui vont essayer de convaincre dans un sens où dans l’autre, on a tout de même l’exemple de l’Allemagne qui montre que c’est possible !
    A : mais ça n’a rien à  voir ! L’Allemagne n’a rien à  voir avec la France…! C’est toujours les mêmes arguments ! si tu augmentes la TVA, tu vas forcément diminuer la consommation, donc la croissance.
    B : L’exemple Allemand montre l’inverse. L’Allemagne n’est peut être pas la France, mais les consommateurs allemands ne sont tout de même pas si différents des consommateurs français, et la structure de la société n’est pas non plus si différente…Quand même : la TVA sociale, son but c’est de faire basculer une partie de la fiscalité du travail et de l’investissement sur la consommation, en partant du principe qu’on ne peut pas faire fuire la consommation, tandis qu’on peut faire fuire l’investissement. Et les résultats sont là  : ceux qui prédisaient une baisse de la consommation en Allemagne ont eu tort ! la consommation n’a pas chuté, et le résultat c’est qu’on a assisté à  un renforcement de la croissance en Allemange, et donc à  une hausse globale du niveau de vie, pour faire vite….
    A : oui, alors ça, justement c’est pas sûr non plus, qu’une augmentation de croissance profite à  tout le monde !
    B : inégalement, c’est sûr, mais à  tout le monde, c’est sûr aussi, non ?
    A : enfin, ce qui est sûr c’est que ceux qui montrent du doigt le gouvernement pour la TVA sont des cons : c’était écrit dans le programme, ce n’est pas une surprise ! Il suffit de savoir lire entre les lignes !
    B : on est bien d’accord ! et même pas entre les lignes…!
    A : c’est pour ça que je n’ai pas voté pour Sarkozy, pour ce genre de cadeaux aux plus riches…!
    B : on verra, non ? on ne peut pas juger des résultats d’une politique avant qu’elle ait été mise en oeuvre, si ?
    A : mais si ! on sait ce que ça va faire, cette politique ! enfin !
    B : tout n’est pas à  court terme ! C’est dans 6 mois, 1 an, 2 ans qu’on verra les fruits de cette politique : c’est le jeu de la démocratie. Si au bout de 5 ans on n’est pas d’accord, ou pas satisfait avec les résultats, on sanctionnera par le vote !
    A : mouais….mais ce sera peut-être trop tard ! On ne pourra peut-être plus faire machine arrière…
    B : mais moi, je pense qu’ils vont faire du vrai boulot, et c’est maintenant que ça commence : les élections sont terminées, ils ont une vrai majorité, on va voir ce qu’ils font…Ayons l’ouverture d’esprit de juger d’après les résultats, et pas sur des procès d’intentions !
    A : je doute…
    B : enfin, quand même, on voit bien le changement par rapport à  Chirac : on sent bien qu’il y un esprit, une volonté d’action, de résultats, qui n’ont rien à  voir avec l’autre c……
    A : il y a surtout une différence dans la communication, dans le marketing…
    B : Allons ! dès à  présent, on voit bien que, justement, ce n’est pas du marketing. Chirac n’aurait pas parlé de TVA sociale avant le second tour, il se serait touché le zizi en parlant de diversité, de fracture sociale et autres sujets éminements polémiques…peu importe, nous verrons ce qu’ils vont faire, et comment ils vont le faire : c’est pour ça qu’ils sont là  !
    A : oui, nous verrons.
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    C’était la discussion d’hier midi (dans les grandes lignes) entre un collègue (A) et moi (B).