Étiquette : Dialogue

  • Idéologie incompétente contre pragmatisme volontaire

    Fameux débat hier soir ! Le débat n’a pas été trop lissé, je trouve. Les commentateurs soulignent la combativité de Royal et la mise sur la défensive de Sarkozy (les pro-Royal), d’autres la perte de sang-froid de Royal et le Zen de Sarkzoy (les pro-Sarkozy). J’ai personnellement eu beaucoup plus l’impression d’un rouleau compresseur qui écrasait une brindille, ou un courant d’air.
    J’ai noté pour ma part l’excellente gestion du temps de Sarkozy qui – dès le début – a réussi à  gagner quelques minutes de temps de paroles qu’il a systématiquent conservées et qui lui permettaient, sur tous les sujets, de commencer par donner sa vision, laisser Royal parler, puis conclure. Deux interventions sur chaque sujet pour encadrer celle de Royal, avec un temps total identique : chapeau !
    Nous avons noté également trois petites entorses aux règles CSA : deux fois on a aperçu Royal pendant que Sarkozy parlait, et une fois PPDA a dit à  Royal « oui, mais si vous ne répondez pas aux questions… ».
    Ce qui me semble plus important, c’est que sur quasiment tous les sujets, Royal ne répondait pas aux questions posées, et refusait de rentrer dans le détail. Tactique ? Incompétence ? la question reste ouverte pour certains. Sarkozy donne tout de même une impression de connaissance des dossiers plus flagrante.
    Sur quasiment tout les sujets, Royal propose une discussion entre les partenaires sociaux. Un peu court comme politique, non ? Il ne me semble pas que ce soit les syndicats qui sont les candidats à  la présidentielle…
    J’ai surtout vu dans ce débat l’opposition entre l’idéologie et le pragmatisme, entre les voeux pieux et la volonté, entre l’incantation socialisante et le libéralisme modéré.
    Vous me direz que je suis partisan ? oui, c’est vrai : je suis toujours partisan de la raison, du pragmatisme, de la vérité au-dessus de l’idéologie, de la compétence et de la culture du résultat. Et c’est pour ça que j’espère que le vainqueur, au final, ce sera Sarkozy, qui porte ces valeurs.

  • Le CSA, artisan du manque de débat et paravent du mauvais journalisme !

    Absence de débat ?

    Dernière ligne droite : le 22 avril prochain aura lieu le premier tour de l’élection présidentielle, et le 06 mai le second tour. On peut se plaindre du niveau de la campagne (par exemple là ), mais personnellement je trouve que les sujets de fond ont été abordés : emploi, dette publique, effectif de la fonction publique, immigration, identité nationale, politique industrielle, réforme de l’université et l’enseignement…quels sujets n’ont pas été abordés ? aucun! Pour autant, on a l’impression d’un manque ; ce manque se situe, à  mon avis, au niveau du débat public : la télé a toujours le don de mettre le focus sur des sujets de manière assez arbitraire, et pas assez longtemps. A nous d’écouter la radio, de lire, de discuter. Ne comptons pas sur la télé pour faire vivre le débat : nous sommes tous des acteurs du débat, non ?

    Missions du CSA

    Je pense qu’en parallèle de ce constat (manque de débat à  la télé), il faut voir le poids d’un institution incontournable en France : le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (à  ne pas confondre avec l’institut de sondage CSA. Son rôle est bien défini sur le site – j’en ai extrait les points concernant de près ou de loin les élections présidentielles – :
    Ce que fait le CSA :

    • Le CSA nomme les présidents des télévisions et des radios publiques.
    • Le CSA délivre des autorisations aux stations de radio MF et MA, aux télévisions locales, aux chaînes de télévisions diffusées par câble, par satellite, par internet, par ADSL, etc.
    • Le CSA rend des avis au gouvernement sur les projets de loi et de décrets qui concernent l’audiovisuel.
    • Le CSA gère et attribue les fréquences destinées à  la radio et à  la télévision.
    • Le CSA veille au respect du pluralisme politique et syndical sur les antennes.
    • Le CSA organise les campagnes officielles radiotélévisées des différentes élections (présidentielles, législatives, etc.).
    • Le CSA s’assure du respect par tous les diffuseurs des lois et de la réglementation en vigueur.
    • Le CSA peut sanctionner une station de radio ou une chaîne de télévision qui ne respecte pas la réglementation.

    Ce que ne fait pas le CSA

    • Le CSA n’est pas un organe de censure : il n’intervient jamais auprès d’une chaîne de télévision ou d’une station de radio avant la diffusion d’un programme.
    • Même s’il est attentif aux réactions des téléspectateurs, le CSA ne peut pas, en raison de la liberté éditoriale dont disposent radios et télévisions, demander de rétablir une émission supprimée, de programmer plus ou moins de films ou d’émissions de variétés, de moins rediffuser certains programmes.
    • Le CSA n’est pas responsable de la mise en oeuvre du droit de réponse à  la radio et à  la télévision. Toute personne désirant exercer ce droit doit directement s’adresser à  la chaîne ou à  la station ayant diffusé les propos incriminés.

    Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), autorité administrative indépendante créée par la loi du 17 janvier 1989, garantit en France l’exercice de la liberté de communication audiovisuelle dans les conditions définies par la loi du 30 septembre 1986 modifiée.
    Voyons quels règles il a mis en place pour la couverture des élections présidentielles dans les médias.

    Les règles fixées par le CSA

    Voilà  les règles fixées pour cette campagne présidentielle (source journal Le Figaro)

    Le CSA a divisé le calendrier de la campagne en trois périodes.
    La première, dite « préliminaire », a commencé le 1er décembre 2006 et durera jusqu’au 19 mars. La liste des candidats n’est pas encore connue. Les règles s’appliquent donc, selon le CSA, aux « candidats déclarés » et aux « candidats présumés ». Les premiers sont ceux qui ont « manifesté par des actes significatifs leur volonté de concourir », les seconds ceux qui « concentrent autour d’eux des soutiens publics et significatifs à  leur candidature ».
    À ces candidats, télévisions et radios doivent réserver un temps de parole et d’antenne « équitable ». Selon Dominique Baudis, président du CSA, l’accès aux antennes doit être « en rapport avec leur notoriété et leur influence, leur représentativité et leurs activités de campagne ». Le candidat de CPNT, par exemple, ne sera pas traité de la même façon que Sarkozy ou Royal. Les propos des candidats « investis de fonctions officielles » ne sont pris en compte « que s’ils excèdent manifestement le champ de compétences de ces fonctions et peuvent avoir un impact significatif sur le scrutin ».
    Du 20 mars au 8 avril durera la période dite « intermédiaire » : les noms des candidats définitifs seront ­connus, mais la campagne officielle n’aura pas commencé. La règle de « l’équité » demeurera pour les « temps d’antenne » (comptes rendus, commentaires et présentations) et les soutiens des candidats. En revanche, les temps de parole des candidats devront être rigoureusement équivalents, respectant la règle de « l’égalité ».
    Du 9 avril au 6 mai, s’écoulera le temps de la campagne proprement dite. Les temps de parole et d’antenne devront être les mêmes pour tous les candidats et ceux qui les soutiennent. Les chaînes devront aussi exposer les événements liés à  l’élection « avec mesure et honnêteté » et de « ne défavoriser aucune candidature ». Pendant cette période aura lieu, en outre, les émissions officielles de la campagne sur les chaînes et stations de radio publiques.

    Nous sommes donc actuellement, et depuis le 20 mars, dans le phase « intermédiaire » : le temps de parole des candidats (dont les noms sont maintenant connus) doit être rigoureusement identiques..
    Il me semble que cela bloque tout de même un peu le débat…: si une rédaction veut organiser un débat avec Nicolas Sarkozy ou Ségolène Royal, il doit automatiquement en prévoir d’autres avec le même temps de parole pour la dizaine d’autres candidats…pas très pratique ! Comme il est impossible avec 12 candidats d’organiser un débat général (qui résoudrait le problème), le choix est difficile : ou bien on se met en porte-à -faux vis-à -vis du CSA, ou bien on monopolise son temps d’antenne avec des débats politiques…La solution la plus simple, encouragée par ce système donc, consiste à  tout bonnement ne pas trop programmer de débats politiques avec les candidats…Drôle de logique, où pour garantir l’égalité, on diminue globalement le temps consacré à  la politique…

    Une voie de sortie ? Pour le débat et pour l’information factuelle

    Une manière de sortir de cela consisterait à  laisser les rédactions libres de programmer ce qui leur chante…! On pourrait objecter que cela ruinerait toute objectivité journalistique, et qu’on assisterait à  des choses biaisées. Comme si ce n’était pas déjà  le cas ! Je crois – au contraire – que de laisser les rédactions libres de leur choix permettrait de pointer un peu du doigt cette séparation que les médias ont tant de mal à  faire : celle entre le journalisme factuel, et les opinions. La liberté laissée aux rédactions permettrait au CSA de quantifier le poids donné par chaque média à  chaque candidat. Libre ensuite aux auditeurs de s’orienter vers les moyens d’informations qu’ils préfèrent. Pourquoi la presse écrite pourrait-elle développer une forte composante dite d’opinion, et pas la télévision ? Est-ce pour maintenir le dogme de l’égalité sur le plus gros et le plus suivis des médias ? Ce dogme a fini par produire l’inverse de son but initial : de garant de l’équité de représentation des diverses composantes politiques (ce qui est indispensable), le CSA est devenu l’instrument derrière lequel la télévision se donne bonne conscience à  peu de frais : je respecte le temps de parole égal des candidats, je n’ai donc pas à  me poser la question déontologique principale, à  savoir trancher entre informations factuelles et opinions personnelles.

  • A bas la polémique, et vive la controverse !

    Pendant la campagne présidentielle, Yves de Kerdrel (éditorialiste du Figaro et intervenant quotidien sur BFM) et Laurent Mauduit (ex-journaliste économique du Monde et essayiste) croisent le fer, cordialement mais sans concessions. Cela s’intitule « La controverse Kerdrel – Mauduit« . C’est un nom très bien choisi, et qui décrit bien le contenu de ces articles :

    CONTROVERSE :
    Discussion argumentée, contestation sur une opinion, un problème, un phénomène ou un fait; p. méton. ensemble des éléments divergents ou contradictoires du débat.

    Je suis allé voir la définition de la polémique pour saisir la nuance :

    POLÉMIQUE :
    Discussion, débat, controverse qui traduit de façon violente ou passionnée, et le plus souvent par écrit, des opinions contraires sur toutes espèces de sujets (politique, scientifique, littéraire, religieux, etc.).

    La nuance se situe donc dans la violence et la passion : la controverse est au dialogue ce que la polémique est à  la dispute.
    Deux sujets ont déjà  été abordés : « Pour ou contre l’ISF et les droits de successions » et « Patrons ‘voyous’ et chefs d’entreprises« . A suivre donc, pour ceux qui veulent élever un peu le niveau du débat, avec de vrais arguments raisonnables de part et d’autre.

  • Le sens de la vie

    Le sens de la vie

    La vie a-t-elle un sens ? C’est une question que tout le monde s’est posée au moins une fois.
    Pour qui ne croit pas en une vie après la mort, le seul sens objectif de la vie, c’est d’aller de la vie à  la mort. La vie n’a pas de sens en dehors de cette plage restreinte : elle est absurde. La vie n’a pas de sens absolu. C’est dur à  admettre, mais c’est comme ça : quelle que soit la vie que l’on mène, à  la fin on crève.
    Dès lors, deux attitudes sont possibles :

    • on peut accepter que la vie n’aie pas de sens, ou au contraire être trop attaché au sens pour se contenter de ça. La première attitude est certainement très sage, mais elle difficile à  vivre — en tout cas pour moi -. C’est sortir de l’envie d’absolu par la négation complète du sens, et donc de cette envie. Et je n’aime pas trop nier mes envies…
    • La seconde attitude mérite qu’on s’y attarde : si la vie n’a pas de sens absolu, et que j’ai envie qu’elle en ait un quand même, comment je fais ? Il reste le sens relatif. Relatif à  quoi ? mais, à  ce qu’on veut, bien sûr ! à  ce qui fait sens pour nous. C’est à  nous de donner du sens à  notre vie, puisque le monde ne le fait pas. Chacun est libre de donner le sens — relatif – qu’il veut à  sa vie.

    Pour ma part, j’ai identifié trois « sens » à  ma vie. Au sens biologique, le sens de la vie est de vivre et de se perpétuer. Faire des enfants fait partie du sens de la vie.
    Au sens « expérience vécue », ce qui donne du sens c’est ce qui rend heureux et fait aller d’un point à  un autre dans un même temps : faire des projets avec les autres donne du sens à  la vie. Les imaginer, les réaliser, en jouir, et en refaire. Avec les autres. Parce que la vie n’a pas de sens, parce qu’on est toujours tout seul au final, c’est justement un effort de la volonté que de ne pas accepter le silence du monde et la solitude. On se construit par les autres et par l’action. C’est l’effort pour donner du sens à  sa vie.

  • La voie du milieu

    La voie du milieu

    Il faut saluer les différents syndicats de salariés et les organisations patronales d’avoir, à  l’initiative de Laurence Parisot, réussi à  se mettre ensemble autour d’une table pour dresser un état des lieux communs.
    J’ai été surpris en écoutant la radio ce matin de voir le peu d’enthousiasme qu’a soulevé cette avancée, pourtant importante, dans la qualité du dialogue. J’en déduis que les journalistes sont déçus : le dialogue constructif est moins vendeur que le conflit ouvert et les petites phrases assassines. On entend à  longueur d’année les mêmes critiquer le manque de dialogue et le conflit fermé, et lorsque de la discussion concrète se met en place, les commentaires sont tièdes. Il faut saluer l’énergie de tous ceux qui, malgré cette tiédeur et cet immobilisme, parviennent à  réunir tout le monde autour d’une table. Saluons Laurence Parisot pour son travail.
    Les médias ont tort de ne pas saluer l’évènement ; je vois pourtant au moins 5 avantages à  la tenue de ces discussions :

    1. le dialogue et l’élaboration d’un état des lieux partagé sont des étapes nécessaires de la résolution des problèmes, et vont faire avancer les choses immanquablement. Comment résoudre un problème quand on ne l’a pas au préalable posé ?
    2. cela va permettre de sortir des clichés habituels décrivant les organisations patronales commes des dirigeants égoistes et perchés dans leur tour d’ivoire, et les syndicats comme des organisations passéistes et arc-boutées sur l’immobilisme. Même si les clichés recouvrent une part de la vérité, ils ne rendent pas justice à  tous ceux qui veulent faire avancer les choses de manière pragmatique.
    3. l’état des lieux partagé devrait faire l’objet d’une publication à  la fin du premier trimestre de l’année 2007, c’est à  dire avant les présidentielles. On peut voir là  une occasion supplémentaire pour que les candidats se prononcent sur ces sujets importants, voire cruciaux, sur la base d’un constat relativement objectif.
    4. cela permet de voir qui veut jouer la carte du dialogue et qui ne veut pas la jouer. La CGT a réussi à  se mettre à  part en annonçant ne pas savoir si elle va participer aux groupes de travail qui vont se mettre en place. On ne peut que lui conseiller de revenir rapidement discuter à  cette table : sans quoi le cliché qu’on veut bien lui coller finira par être une réalité évidente pour tout le monde
    5. il était temps que les discussions reprennent entre les partenaires sociaux : c’est le seul moyen pour que l’état providence ne décide pas à  leur place de ce qu’il convient de mettre en place. Gageons que les principaux acteurs concernés du monde professionnel seront plus à  même de trouver des solutions intelligentes et efficaces pour faire évoluer les choses qu’une Martine Aubry ou qu’un Dominique de Villepin !

    Saluons donc les quatre des cinq syndicats de salariés (CFDT, CFTC, FO et CFE-CGC) et les trois organisations patronales (Medef, CGPME et UPA) qui ont accepté de travailler ensemble sur les contrats de travail, la sécurisation des parcours professionnels et la remise à  plat de l’assurance chômage. Et espèrons que la CGT va comprendre que la voie du progrès social, c’est le dialogue plus que le conflit.