Comment savoir si le progrès existe ? Peut-être en se demandant ce qui pourrait caractériser le développement des populations dans le monde. C’est ce que font les Nations Unies depuis longtemps. L’indice qui est calculé pour évaluer cela est l’Indice de Développement Humain. Il est calculé en moyennant 3 indices quantifiant le savoir, la santé et le niveau de vie. Et depuis 30 ans, il augmente dans toutes les régions du monde. Le progrès existe !
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Étiquette : Education
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Le progres existe, et il se mesure
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Autodéfense intellectuelle
Pour lutter contre toutes les formes d’irrationalité et de croyances dangereuses, il n’existe qu’une méthode : la pratique du doute et de l’esprit critique. Dans un remarquable petit ouvrage très détaillé et documenté (« Petit Cours d’autodéfense intellectuelle »), Normand Baillargeon détaille tous les pièges tendus par les marchands de rêve ou de cauchemar, et liste les outils et les méthodes de pensée permettant de se défendre. Un livre indispensable et simple à lire. Salutaire.
Parmi mes lectures de vacances, j’ai découvert un livre passionnant, facile à lire et à mon sens indispensable pour tous ceux qui aiment la raison et le doute. Il s’agit du « Petit cours d’autodéfense intellectuelle », de Normand Baillargeon (Lux Editeurs, Collection Instinct de Liberté). Il en existe une version un peu plus ancienne en ligne, sur la page d’Olivier Hammam. J’ai tout de suite été séduit par le propos : trop de croyances irrationnelles circulent, dans tous les milieux, et peuvent le faire uniquement parce que l’éducation au sens critique, au scepticisme et au doute scientifique n’est pas assez développée. Le livre présente des outils et des méthodes qui permettent de raisonner lucidement et d’aiguiser son sens critique.Le livre présente des outils et des méthodes qui permettent de raisonner lucidement et d’aiguiser son sens critique. Emaillé de citations et d’exemples très concrets, il est découpé en 5 grands chapitres, regroupés en deux grandes parties : outils de la pensée critique, et justification des croyances.Quelques indispensables outils de la pensee critique
Dans cette partie, les différentes manières de mentir — consciemment ou non — avec des mots ou des chiffres sont présentés, ainsi que les outils intellectuels nécessaires pour éviter de se faire entourlouper.
- Chapitre 1 – Le langage : dans cette partie, l’auteur revient sur les mots utilisés, aux choix trompeurs que l’on peut faire et qu’il faut connaître pour éviter de se faire abuser. Il discute ensuite de logique, et plus particulièrement de l’art de combiner des propositions. La rhétorique, la fourberie mentale et la manipulation sont passées en revue avec les paralogismes courants.
- Chapitre 2 – Mathématiques (compter pour ne pas s’en laisser conter) : dans ce chapitre, l’auteur revient sur certains outils mathématiques de base (les « mathématiques citoyennes ») — manipulation des grands nombres, statistiques, présentations des données — indispensables pour pouvoir analyser les chiffres qui nous sont fournis et la manière dont ils sont présentés sans se faire abuser
La justification des croyances
Dans cette partie qui traite des croyances, l’auteur revient sur ce qu’est une croyance, et les trois grandes sources de connaissances et de croyances : expérience personnelle, sciences et médias. Pour chacun de ces domaines, l’auteur explique la démarche à avoir pour rester sceptique et ne pas se faire embobiner.
- Chapitre 3 — L’expérience personnelle : Justifier nos croyances par notre expérience personnelle est naturel, mais c’est une démarche dont il importe de connaître les limites (perception, souvenir, jugement)
- Chapitre 4 — La science empirique et expérimentale : pour savoir tracer la limite entre sciences et pseudosciences (les disciplines qui se parent des atours des sciences sans en adopter la rigueur dans la démarche et le doute systématique, par exemple l’homéopathie), pour tracer cette limite, donc, il importe de connaître quelques balises et quelques outils de la démarche scientifique (expérimentation avec contrôle de variable, avec groupe de contrôle et en double aveugle). L’auteur revient également sur des notions d’épistémologie, et sur les fondements de la Science. Je ferais un article prochainement là -dessus, parce que ces notions sont miennes depuis longtemps, étant scientifique, et que je trouve que la présentation devrait en être faite plus souvent.
- Chapitre 5 — Les médias : Dans ce chapitre, moins directement applicable pour nous parce que décrivant la situation dans les médias canadiens et US, l’auteur revient sur l’indispensable scepticisme de rigueur pour analyser les informations provenant des médias. Loin d’être la vérité, elles sont le résultat d’un choix dont il importe de connaître les tenants et les aboutissants. L’auteur semble considérer que le plus grave trouble dont souffrent les médias est le regroupement en une pensée unique mercantile et orientée politiquement. Ce n’est pas à mon avis le seul, mais les rappels qu’il fait sont importants.
Quelques citations
Vous savez que j’aime les citations : chaque chapitre de ce livre en contient plusieurs, et je me ferais un plaisir de les réutiliser dans les citations du dimanche. En voilà quelques-unes qui m’ont plu. Je précise au passage que le livre contient une belle section bibliographique, ainsi que des liens vers pas mal de sites Internet intéressants. Un livre moderne et humble, en somme. L’éducation à cette capacité critique est la seule éducation dont on peut dire qu’elle fait les bons citoyens.
Si l’habitude de penser de manière critique se répandait au sein d’une société, elle prévaudrait partout, puisqu’elle est une manière de faire face aux problèmes de la vie. Les propos dithyrambiques de quelconques orateurs ne sauraient faire paniquer des personnes éduquées de la sorte. Celles-ci mettent du temps avant de croire et sont capables, sans difficulté et sans besoin de certitude, de tenir des choses pour probables à des degrés divers. Elles peuvent attendre les faits, puis les soupeser sans jamais se laisser influencer par l’emphase ou la confiance avec laquelle des propositions sont avancées par un parti ou par un autre. Ces personnes savent résister à ceux qui en appellent à leurs préjugés les plus solidement ancrés ou qui usent de la flatterie. L’éducation à cette capacité critique est la seule éducation dont on peut dire qu’elle fait les bons citoyens.William Graham SumnerPour finir, deux autres citations utilisées par l’auteur dans le livre, en une belle épanadiplose, et qui prouvent qu’il ne tombe jamais dans un scepticisme rassis ou dans un nihilisme dangereux) : la première, parce que je l’avais déjà utilisée ici, et qu’elle figure au tout début du « Petit cours d’autodéfense intellectuelle »
Douter de tout et tout croire sont deux solutions également commodes qui, l’une comme l’autre, nous dispensent de réfléchir. Poincaré
et celle qui termine le livre, disant à peu près la même chose de manière plus détaillée :
Il me semble que ce qui est requis est un délicat équilibre entre deux tendances : celle qui nous pousse à scruter de manière inlassablement sceptique toutes les hypothèses qui nous sont soumises et celle qui invite à garder une grande ouverture d’esprit aux idées nouvelles. Si vous n’êtes que sceptique, aucune idée nouvelle ne parvient jusqu’à vous ; vous n’apprenez jamais quoi que ce soit de nouveau ; vous devenez une détestable personne convaincue que la sottise règne sur le monde — et, bien entendu, bien des faits sont là pour vous donner raison. D’un autre côté, si vous êtes ouvert jusqu’à la crédulité et n’avez pas même une once de scepticisme en vous, alors vous n’êtes même plus capable de distinguer entre les idées utiles et celles qui n’ont aucun intérêt. Si toutes les idées ont la même validité, vous êtes perdu : car alors, aucune idée n’a plus de valeur.Carl Sagan
Je vous recommande vivement ce livre simple et clair. Il pourrait paraître prétentieux de se placer soi-même dans le camp des sceptiques, ou des lucides. Ce serait oublier que, comme la liberté, le doute et le scepticisme ne sont pas des choses acquises mais qui se travaillent chaque jour. Ce ne sont pas des choses données, mais toujours à conquérir. -
Syndicats : anti-démocrates
L’annonce de la mise en place éventuelle d’un service minimum dans l’éducation nationale, pourtant logique, et dans la continuité de la politique annoncée par le gouvernement, fait pousser des cris aux syndicats d’enseignants. Il feraient mieux d’aider à proposer des solutions pour sauver l’éducation nationale.
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Le moment décisif arrive…
On arrive au pied de la muraille. Le bras de fer a commencé entre le gouvernement et les différents représentants de l’immobilisme du monde universitaire. Certains syndicats (représentant les étudiants ou les directeurs d’universités, ou les professeurs) commencent à jouer le bloquage, en refusant d’entendre parler de sélection, de prise d’autonomie des universités. La suite nous montrera ce qu’il en est : mais on peut déjà craindre un peu que le projet ne s’amollisse et finisse par perdre de sa force si on évacue les notions qui fâchent (sélection et orientation, concurrence entre les établissements, financement privé de la recherche, évaluation des profs).
Le seul sujet qui ne fâche pas les immobiles : celui des moyens. Et il est vrai que l’université en manque cruellement. Il suffit de lire l’article que Mme Canto-Sperber (directrice de l’ENS de la rue d’ULM) écrivait dans le Figaro il y a peu pour s’en convaincre : il faut plus de moyens, mais cela doit s’accompagner de réformes structurelles ambitieuses pour un système poussiéreux et sclérosé par des batailles de clochers, et des mandarins séculaires. Le California Institute of Technology (le fameux CalTech) dispose, pour un nombre d’étudiants et de profs comparables, d’un budget de fonctionnement 8 fois supérieur à celui de la rue d’Ulm (pourtant un des pôles d’excellence en France, source de prix Nobel et de médailles Fields). Cela montre bien l’ampleur du chemin à parcourir. Et on voudrait le parcourir en restant immobiles ?
La négociation a été habile de la part du gouvernement sur le sujet de l’autonomie : comme les immobilistes sont également égalitaristes à tout crin, ils ont préféré accepter une autonomie pour tous les établissements, plutôt que de voir la sacro-sainte égalité entre les établissement disparaitre. Plutôt bouger tous ensemble, plutôt que de créer une différence entre les volontaires et les autres. Pourquoi pas, du moment que ça bouge ! Le refus du mouvement aura été moins fort que celui de l’inégalité et de la concurrence. Je ne sais pas s’il faut s’en réjouir d’un point de vue intellectuel ; espérons qu’au moins cela porte ses fruits et commence à remettre tout ce petit monde en mouvement. Et qu’une fois en mouvement, il comprendra que la concurrence est une nécessité : il importe de l’intégrer dans la construction du système au lieu d’en nier l’existence…C’est le seul moyen d’en limiter les effets néfastes, et de profiter pleinement de ses effets positifs, sources de création de richesse – intellectuelle et matérielle – par l’émulation. -
C’est le système qu’il faut changer, pas les hommes !
Vouloir sortir de la violence et de la bêtise par un changement des hommes, de leur manière de se comporter, est une grave erreur politique, et qui est celle qui conduit aux dictatures…Et puis, c’est aussi d’une grande prétention : changer sur quelques années ou dizaines d’années ce que la nature a mis des millénaires à construire, n’est-ce pas la preuve d’une légère tendance à la tentation du démiurge ? En tout cas c’est un signe de manque d’humilité.
Empecher la violence
On sort de la violence par le droit, qui à la fois limite notre champ d’action, et nous le prépare. Les règles communes empêchent la violence, et permettent de maximiser la liberté individuelle et collective.
Le droit est l’ensemble des conditions qui permettent à la liberté de chacun de s’accorder à la liberté de tous.
Emmanuel KantLe droit empêche la violence, et affirme également le droit à la propriété. Ce n’est pas un hasard si dans les premières lois (les 10 commandements) figurent – après tout le blabla concernant Dieu – ces 5 points :
- Tu ne tueras point.
- Tu ne commettras point d’adultère.
- Tu ne déroberas point.
- Tu ne porteras point de faux témoignage contre ton prochain.
- Tu ne convoiteras point la maison de ton prochain ; tu ne convoiteras point la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son boeuf, ni son âne, ni aucune chose qui appartienne à ton prochain.
On retrouve là les points de bases de toute doctrine libérale du droit : pas de violence, pas de vol, pas de mensonge.
Le premier des droits de l’homme c’est la liberté individuelle, la liberté de la propriété, la liberté de la pensée, la liberté du travail.
Jean JaurèsSortir de la violence est déjà un progrès immense. Et c’est pourquoi on ne doit et peut pas tolérer les atteintes à la liberté individuelle, à la propriété : ce sont les fondements du contrat social.
Sortir de la bêtise par l’éducation
Mais il reste la bêtise, l’intolérance, la petitesse d’esprit, l’égoïsme. C’est un problème différent : on peut empêcher la violence par la force ; mais on ne pourra jamais interdire la connerie. On ne sort de ces maux que par l’éducation, le travail, les projets communs, la confiance mutuelle. Ce sont là des choses qui demandent du temps.
Ceux qui disent vouloir sortir l’humanité de ses maux en un temps court se moquent de nous. Le système est ce qu’il faut changer bien sûr, de préférence régulièrement et sereinement. Car qu’est ce que le système, sinon l’ensemble des règles que nous nous donnons à nous-même pour vivre ensemble ? Il est normal et naturel de les changer…A la base de toutes les doctrines totalitaires se trouve la croyance que les gouvernants sont plus sages et d’un esprit plus élevé que leurs sujets, qu’ils savent donc mieux qu’eux ce qui leur est profitable.
Ludwig von Mises -
Propositions de réformes pour l’école : à lire !
Dans une lettre ouverte sur l’injustice scolaire, et cosignée par plusieurs associations (tendance école libre), Anne Coffinier et Marc Gaucherand proposent – après avoir dressé un bref état des lieux catastrophique de l’école en France – des réformes pleines de bon sens pour améliorer le fonctionnement de l’école en France. Je pense qu’elle valent le coup d’être lues. D’abord parce qu’elle montrent des pistes de progrès intéressantes, et d’autres part parce qu’elles montrent, indirectement, que tous ces points ne sont pas encore d’actualité. A discuter pendant les débats pré-présidentielles, ou est-ce là un sujet trop important pour que les candidats prennent le risque de s’y aventurer ?
Selon les auteurs, il faut donc que l’Etat accepte de :- Promouvoir l’initiative des professeurs
- Reconnaître leur entière liberté pédagogique, pour qu’ils puissent s’adapter aux réalités et innover
- Les évaluer non sur leur docilité à appliquer les instructions pédagogiques mais sur les progrès des élèves
- Les laisser libres de choisir leur établissement
- Reconnaître l’autonomie de gestion des établissements
- Reconnaître la liberté du directeur de l’école à constituer et « manager » librement son corps enseignant, sous le contrôle de son conseil d’administration, afin de garantir l’indispensable cohérence de la communauté éducative
- Financer tous les établissements au prorata des élèves qui y sont librement inscrits ;
- Responsabiliser les familles
- Permettre à chaque famille de choisir l’école de ses enfants au sein de l’ensemble des écoles publiques ou privées existantes, afin de favoriser son implication dans l’établissement et le parcours scolaire
- Adapter le financement pour que les choix soient financièrement équivalents
- Diversifier l’offre scolaire
- Encourager les partenariats entre établissements scolaires et collectivités locales, entreprises ou instituts de recherche, pour permettre le développement d’établissements à forte identité aussi diversifiés que possible, qui constitueront autant d’atouts culturels et économiques pour leur région
- Supprimer le monopole de la collation des grades par l’État et reconnaître la diversité des diplômes et des formations
- Favoriser l’ouverture de nouveaux établissements, là où le besoin s’en fait sentir, grâce à un financement assoupli
- Défiscaliser les investissements au profit des écoles
- N’envisager le maintien ou la fermeture d’écoles qu’en fonction des résultats
Voilà à mon sens de bon conseils, emprunts de trois qualités qui manquent souvent à l’Etat lorsqu’il devient gestionnaire : la souplesse, la culture du résultat, et l’amour de la liberté individuelle.