Étiquette : Guerre

  • Toucher le fond ?

    Toucher le fond ?

    Je suis en ce moment d’humeur sombre. Je pensais que l’expression « toucher le fond » portait en elle une forme d’espoir, puisqu’arrivés au fond, on peut s’appuyer dessus pour rebondir, repartir vers le haut. Ce que les dirigeants européens et français nous démontrent depuis des décennies, c’est qu’il n’y a pas de fond. Rien n’y fait : les chocs répétés avec le réel ne les fait pas bouger d’un iota. Ils continuent avec arrogance à étaler leur incompétence, leur idéologie, et leur totale absence d’intérêt pour les peuples de leurs différents pays. A persévérer dans l’erreur.

    Errare humanum est. Perseverare diabolicum.

    Certes, on peut se réconforter en se disant que les peuples ont élus dans plusieurs pays européens des dirigeants un peu moins pervers, et que le mouvement enclenché aux USA va avoir des conséquences positives sur les lignes en Europe.
    Mais force est de constater que plus les US montrent le chemin et plus les dirigeants européens s’enfoncent. Il y a là un spectacle particulièrement difficile à supporter. Macron continue à faire de pitoyables représentations théâtrales, pendant que son sinistre de l’économie, l’affreux communiste Lombard, explique qu’il faut continuer à saborder notre économie, voler l’épargne des français, et que nous allons sauver la planète. Rien que d’écrire cela, et j’en ai des frissons de dégoût : qu’avons-nous fait pour avoir à des postes ministériels de tels abrutis incultes ?
    Les médias mainstream comme on les appelle (mais que l’on devrait plutôt renommer les raconteurs d’histoires) continuent leur sordide jeu de désinformation systématique. L’excitation atteint son comble sur 3 minutes d’un échange avec Zelensky et Trump/Vance : qui est allé regarder l’échange en entier ? Est-ce vraiment le sujet principal pour les Européens par ailleurs : quel média est allé montrer et expliquer ce qui se passe en Roumanie (pour le coup, en Europe) ? Le refus de démocratie est à son comble, la tentation censoriale est plus que jamais présente parmi les élites paniquées, et rien ne semble indiquer que le peuple soit intéressé par ces sujets. Les indignations sélectives, pilotées par le pouvoir, sont de plus en plus incroyables (au sens propre du terme), et sont pourtant reprises en boucle. Orwell n’est pas loin du tout : « on empêche les élections de se tenir en Roumanie, c’est pour le bien de la démocratie », « on continue à pomper tout le fric qu’on peut sans jamais arrêter de dépenser, c’est pour la prospérité ». « on va tout faire pour continuer à alimenter la guerre avec la Russie, c’est pour la paix ». « l’immigration musulmane massive depuis quarante ans n’a aucun lien avec les violences en hausse en France ». Sincèrement ?
    Le sentiment d’une chute inarrêtable est permanent. Le RN est incapable de jouer un vrai rôle d’opposition : soumis à la gauche intellectuelle. Si vous avez sur vous un peu d’espoir, je suis preneur. Je n’ai plus beaucoup d’échantillons sur moi. Je songe sérieusement à ce qu’il faudrait de plus pour me décider à quitter ce si beau pays en train de sombrer, sans jamais toucher le fond. Quarante ans de socialisme auront-ils eu raison de nous ?

  • Lettre à  un otage

    Lettre à  un otage

    C’est un curieux texte que ce petit livre d’Antoine de Saint-Exupéry, « Lettre à  un otage ». Initialement écrit comme une préface à  un ouvrage – un récit de l’exode intitulé « Trente-trois jours » – dont son ami Léon Werth lui avait confié le manuscrit, et qu’il avait emporté aux Etats-Unis, il ne sera finalement publié qu’en 1943, sans aucune référence directe à  celui-ci. Entre-temps, Léon Werth, dans le texte de Saint-Exupéry, s’est transformé en « un otage », symbole de tous les français vivant sous l’occupation. Il parle à  son ami, mais sans le mentionner, ce qui rend le message plus large tout en lui conservant une place centrale.
    Je n’aime pas trop les préfaces, mais celle de Françoise Gerbod dans mon édition Folio poche, est indispensable pour comprendre le texte. Elle donne l’éclairage personnel et historique indispensable pour en saisir la force, et l’émotion maîtrisée.

    Ambiance de guerre

    C’est un texte de guerre, d’exil, bien sûr. Beaucoup de passages sont magnifiques et résonnent étrangement avec notre époque – alors même que nous ne sommes pas en guerre – tant il y est question de la dignité de l’homme, de la vérité, et des conflits. L’évocation de la Lisbonne faisant mine de pouvoir continuer à  vivre joyeusement est magnifique et touchante et, particulièrement, m’a émue car elle décrit une constante universelle de l’humanité : même sans guerre directe, comment peut-on vivre joyeusement quand on connait les possibles périls ? Cette tristesse tragique exprimée par Saint-Exupéry me parait être une question qui sera toujours d’actualité. La tristesse est aussi celle que l’on peut ressentir lorsque la vérité s’efface, et que le respect de la dignité humaine est totalement nié. Je cite un passage que je trouve profond, et qui mériteraient de longue discussions…

    Respect de l’homme ! Respect de l’homme !… Là  est la pierre de touche ! Quand le nazisme respecte exclusivement qui lui ressemble, il ne respecte rien que soi-même. Il refuse les contradictions créatrices, ruine tout espoir d’ascension, et fonde pour mille ans, en place de l’homme, le robot d’une termitière. L’ordre pour l’ordre châtre l’homme de son pouvoir essentiel, qui est de transformer et le monde et soi-même. La vie crée l’ordre, mais l’ordre ne crée pas la vie. Il nous semble, à  nous, bien au contraire, que notre ascension n’est pas achevée, que la vérité de demain se nourrit de l’erreur d’hier, et que les contradictions à  surmonter sont le terreau même de notre croissance. Nous reconnaissons comme nôtres ceux mêmes qui diffèrent de nous. Mais quelle étrange parenté ! elle se fonde sur l’avenir, non sur le passé. Sur le but, non sur l’origine. Nous sommes l’une pour l’autre des pèlerins qui, le long de chemins divers, peinons vers le même rendez-vous. Mais voici qu’aujourd’hui le respect de l’homme, condition de notre ascension, est en péril. Les craquements du monde moderne nous ont engagés dans les ténèbres. Les problèmes sont incohérents, les solutions contradictoires. La vérité d’hier est morte, celle de demain est encore à  bâtir. Aucune synthèse valable n’est entrevue, et chacun d’entre nous ne détient qu’une parcelle de la vérité. Faute d’évidence qui les impose, les religions politiques font appel à  la violence. Et voici qu’à  nous diviser sur les méthodes, nous risquons de ne plus reconnaître que nous nous hâtons vers le même but.

    Soutien aux otages de France

    En guise d’incitation à  lire ce très beau petit livre, je recopie ici l’adresse finale à  son ami, et au peuple français.

    Si je combats encore je combattrai un peu pour toi. J’ai besoin de toi pour croire en l’avènement de ce sourire. J’ai besoin de t’aider à  vivre. Je te vois si faible, si menacé, traînant tes cinquante ans, des heures durant, pour subsiter un jour de plus, sur le trottoir de quelque épicerie pauvre, grelottant à  l’abri précaire d’un manteau râpé. Toi si Français, je te sens deux fois en péril de mort, parce que Français, et parce que juif. Je sens tout le prix d’une communauté qui n’autorise plus les litiges. Nous sommes tous de France comme d’un arbre, et je servirai ta vérité comme tu eusses servi la mienne. Pour nous, Français du dehors, il s’agit, dans cette guerre, de débloquer la provision de semences gelée par la neige de la présence allemande. Il s’agit de vous secourir, vous de là -bas. Il s’agit de vous faire libres dans la terre où vous avez le droit fondamental de développer vos racines. Vous êtes quarante millions d’otages. C’est toujours dans les caves de l’oppression que se préparent les vérités nouvelles : quarante millions d’otages méditent là -bas leur vérité neuve. Nous nous soumettons, par avance, à  cette vérité.
    Car c’est bien vous qui nous enseignerez. Ce n’est pas à  nous d’apporter la flamme spirituelle à  ceux qui la nourrissent déjà  de leur propre substance, comme d’une cire. Vous ne lirez peut-être guère nos livres. Vous n’écouterez peut-être pas nos discours. Nos idées, peut-être, les vomirez-vous. Nous ne fondons pas la France. Nous ne pouvons que la servir. Nous n’aurons aucun droit, quoi que nous ayons fait, à  aucune reconnaissance. Il n’est pas de commune mesure entre le combat libre et l’écrasement de la nuit. Il n’est pas de commune mesure entre le métier de soldat et le métier d’otage. Vous êtes les saints.
  • Romain Rolland

    Romain Rolland

    Zweig, un vieil ami

    J’ai découvert Stefan Zweig dans la bibliothèque de mes parents il y a longtemps, et j’avais dévoré un certain nombre de ses livres : Le joueur d’échecs, les nouvelles d’Amok, Vingt-quatre heures de la vie d’une femme. Stefan Zweig a une plume incroyable. J’avais également lu, il y a quelques années, une de ses fantastiques biographies, Joseph Fouché. Et j’ai enfin commencé à  mettre le nez dans le recueil de biographies de Zweig qui m’avait été offert. J’ai commencé par celle de Romain Rolland, et je suis maintenant plongé dans celle de Marie-Antoinette. Mais je fais dès à  présent un billet pour vous recommander sans réserves ces biographies passionnantes, magnifiquement écrites.

    Rolland, maître et ami de Zweig

    La biographie de Romain Rolland est doublement particulière : elle a été écrite par Zweig du vivant de Rolland, et ils sont par ailleurs, après avoir été dans une relation de maître à  élève (Zweig a été son traducteur vers l’allemand et son promoteur), des amis proches et fidèles (près de 800 lettres entre les deux hommes ont été retrouvées!). Ce qui unit les deux hommes, et cela est palpable dans l’admiration que l’on sent dans prose de Zweig, c’est une même passion pour l’Europe, sa culture, et une forme de tolérance et d’amour entre les cultures européennes qui, si elle nous parait toute naturelle maintenant, était à  l’époque de Rolland et de Zweig, totalement à  l’opposé de l’opinion publique, biberonnée à  l’esprit de revanche et de guerre. Ils sont effondrés par les conflits larvés (puis ouverts) et l’esprit de leur époque. A lire Rolland, à  travers Zweig, véritables « consciences de l’Europe », on comprend à  quel point les hommes d’Etat, de tout temps, ont joué contre les peuples et les cultures européennes. Je ne suis pas sûr que ça soit terminé.

    De libres âmes, de fermes caractères, c’est ce dont le monde manque le plus aujourd’hui. Par tous les chemins divers : soumission cadavérique des Eglises, intolérance étouffante des patries, unitarisme abêtissant des socialismes, nous retournons à  la vie grégaire… L’humanité a besoin que ceux qui l’aiment lui tiennent tête et se révoltent contre elle, quand il le faut. Romain Rolland

    Tolstoï, maître spirituel

    Le livre trop riche pour être ne serait-ce que résumé brièvement. Mais un moment m’a particulièrement marqué dans cette biographie, que je dois vous partager. Tolstoï, écrivain reconnu et admiré (notamment par Rolland), publie une brochure « Que devons-nous faire?« , dans laquelle il détruit et balaye d’un geste une partie de ce que Rolland aime, notamment la musique de Beethoven, ou encore Shakespeare. Cela bouleverse Romain Rolland ; il adore la musique, condamnée par Tolstoï, « comme une séductrice sensuelle, comme un mauvais ange de l’âme ». Je laisse l’admirable Zweig nous raconter la suite.

    Il lui faut devenir infidèle soit à  l’artiste qu’il vénère, soit à  lui-même et à  l’art, à  l’homme ou à  l’idée qui lui sont les plus chers.
    Dans cette alternative, le jeune étudiant se décide à  faire quelque chose de tout à  fait insensé. Un jour, il envoie de sa petite mansarde, dans les lointains infinis de la Russie, une lettre à  Tolstoï ; il y dépeint son doute et les tourments de sa conscience. Il lui écrit de la même façon que les misérables s’adressent à  Dieu sans espérer le miracle d’une réponse, mais seulement par un ardent besoin de se confesser.
    Les semaines passent. Rolland a oublié depuis longtemps cette heure de folie. Mais un soir, en rentrant dans sa mansarde, il trouve sur sa table une lettre ou pour mieux dire un petit paquet. C’est la réponse de Tolstoï à  l’inconnu, une missive de trente-huit pages en français, toute une dissertation. Et cette lettre du 14 octobre 1887 (…) commence par ces paroles aimantes : « Cher frère ». Le cri de celui qui appelle à  l’aide a pénétré jusqu’au coeur du grand homme, qui exprime tout d’abord sa profonde émotion : « J’ai reçu votre première lettre. Elle m’a touchée le coeur. Je l’ai lue les larmes aux yeux. » Puis il essaie d’exposer à  l’inconnu ses idées sur l’art : l’art qui contribue à  unir les hommes a seul de la valeur ; le seul artiste qui compte est celui qui sacrifie quelque chose à  ses convictions ; la condition de toute vocation véritable n’est pas l’amour de l’art, mais l’amour de l’humanité ; quiconque est rempli de cet amour des hommes peut seul espérer créer une fois en art une oeuvre de valeur.
    Ces mots ont une influence décisive sur l’avenir de Romain Rolland. Mais ce qui le bouleverse, ce n’est pas tant cette doctrine, exprimée encore souvent plus tard et d’une façon plus précise par Tolstoï, que cet empressement fraternel à  rendre service ; c’est moins la parole que l’acte de cet homme bienveillant. A l’appel d’un anonyme, d’une petit étudiant de Paris, l’écrivain le plus célèbre de son temps avait mis de côté son travail quotidien ; il avait employé un ou deux jours pour répondre à  ce frère inconnu et le consoler ! Cela comptera dans la vie de Rolland comme un évènement important et fécond. C’est alors que, songeant à  sa propre détresse et à  ce réconfort venu de l’étranger, il a appris à  considérer toute crise de conscience comme quelque chose de sacré et que c’est le premier devoir moral de l’artiste d’y prêter assistance. Dès l’instant où il déplia cette lettre, un sauveur, un conseiller fraternel s’éveilla en lui. C’est là  le point de départ de toute son oeuvre et de son autorité parmi les hommes.

    Et nous voyons, dans la suite de la vie de Rolland qu’il a, notamment pendant la guerre, repris ce flambeau de consolateur, et de porteur de l’esprit européen, humaniste, fidèle à  l’esprit libre et à  la raison : il a répondu à  des centaines de lettres que des inconnus lui envoyaient pour partager avec lui leurs doutes, leurs craintes, leurs espoirs. Des soldats, des mères, des désespérés. Tout ce qui vibre encore pour la paix et la concorde trouve une aide active chez Rolland.

    Ces centaines, ces milliers de lettres qu’il a écrites durant la guerre ont l’importance d’une oeuvre morale comme aucune autre écrivain contemporain n’en a produit. Elles ont porté de la joie à  un grand nombre d’isolés, raffermi des incertains, relevé des désespérés ; jamais la mission d’une écrivain ne fut plus noblement remplie.
    Mais au point de vue artistique aussi, ces lettres, dont quelques-unes ont été publiées depuis lors, me paraissent être ce que Rolland a créé de plus pur et de plus parfait, car le sens profond de son art étant de consoler, maintenant que dans ces entretiens d’homme à  homme il s’abandonne complètement, bien des pages sont empreintes d’une force rythmée, d’un ardent amour de l’humanité qui les égalent aux plus beaux poèmes de tous les temps.
  • L’étrange défaite

    L’étrange défaite

    Marc Bloch est un historien français de renommée, ancien combattant de la première guerre mondiale, et combattant volontaire lors de la seconde, résistant, mort sous les balles de la Gestapo, après avoir été capturé et torturé. En 1940 (de juin à  septembre), il écrit un livre remarquable, L’étrange Défaite, qui ne sera publié qu’après sa mort, en 1946. Dans ce livre, il se présente comme un témoin de l’intérieur (puisqu’il combat dans l’armée française, où il exerce des responsabilités comme Responsable des Carburants, et il analyse la défaite. Il en décrit les ressorts opérationnels, et cherche, au-delà  des raisons militaires, à  en comprendre les causes. J’ai lu ce livre parce qu’il était plus que vivement recommandé par Pierre Mari, dans son essai En pays défait. Ce qu’il disait de l’analyse de Bloch résonnait avec ma passion pour la vérité et pour le réel.

    Défaite militaire

    La défaite dont parle Bloch, c’est bien sûr la défaite militaire de la France contre l’Allemagne, au début de la seconde guerre mondiale. En quelques mois, les Allemands défoncent littéralement les défenses de leurs adversaires sur le front de l’Ouest. La défaite est intellectuelle et stratégique :
    Beaucoup d’erreurs diverses, dont les effets s’accumulèrent, ont mené nos armées au désastre. Une grande carence, cependant, les domine toutes. Nos chefs ou ceux qui agissaient en leur nom n’ont pas su penser cette guerre. En d’autres termes, le triomphe des Allemands fut, essentiellement, une victoire intellectuelle et c’est peut-être là  ce qu’il y a eu en lui de plus grave. On peut, je crois, préciser encore davantage. Un trait, entre tous décisif, oppose la civilisation contemporaine à  celles qui l’ont précédée : depuis le début du XXe siècle, la notion de distance a radicalement changé de valeur. La métamorphose s’est produite, à  peu près, dans l’espace d’une génération et, si rapide qu’elle ait été, elle s’est trop bien inscrite, progressivement, dans nos moeurs, pour que l’habitude n’ait pas réussi à  en masquer, quelque peu, le caractère révolutionnaire. (…) Cette guerre accélérée, il lui fallait, naturellement, son matériel. Les Allemands se l’étaient donné. La France non, ou, du moins, pas en suffisance.
    Les français, pour la plupart, n’avaient pas pris la mesure du changement complet d’approche des Allemands. Voilà  la raison de l’étrange défaite.

    En un mot, parce que nos chefs, au milieu de beaucoup de contradictions, ont prétendu, avant tout, renouveler, en 1940, la guerre de 1915-1918. Les Allemands faisaient celle de 1940

    Marc Bloch décrit aussi très bien comment, de manière tactique, la bureaucratie, l’absence de communication entre services, les petits intérêts personnels ont pu rendre presqu’impossible le combat des troupes françaises. Mais il a raison : cette défaite tactique n’est que la conséquence de la défaite intellectuelle et stratégique.

    Défaite des élites

    Marc Bloch cherche ensuite à  comprendre d’où vient cette défaite intellectuelle, qui ne peut évidemment se résumer à  une défaite militaire. Il analyse ce qui, dans la société française, a pu générer un tel décalage entre les Allemands et les Français. Son analyse me semble très juste. Il y décrit à  merveille une société où les débats sont peu à  peu devenus paresseux, avec des intellectuels qui patiemment ont détruit l’idée de progrès, avec des journalistes que le réel n’intéresse que peu. Il critique sévèrement aussi l’Education nationale qui n’a pas appréhendé l’enjeu majeur, au-delà  de l’instruction, d’apprendre aux enfants le goût de l’observation, de l’autonomie dans la pensée critique. En lisant cette partie, comme en lisant l’essai de Pierre Mari, la rage froide revient : car ces constats si intelligemment faits, en 1940, sont toujours d’actualité. Rien ou presque, n’a été fait. Que de temps perdu ! Oui : on peut en vouloir aux élites.

    Que l’on regarde la séquence de la crise du COVID, et les effets de manche actuels du gouvernement. Un peu de recul historique montre que la réaction actuelle de nos élites est à  la fois grotesque – dictée par les (en)jeux de communication – et dramatique – toujours plus d’étatisme, toujours plus d’argent balancé à  droite à  gauche. Aucune analyse des erreurs, ou marge d’amélioration. La com’, la com’, la com’.

    A lire d’urgence

    Au-delà  de l’analyse incroyable, il faut se jeter sur cet essai : il est écrit dans un français admirable (j’en ai gardé plein de citations), et de toute évidence Marc Bloch était un penseur d’une grande finesse, en plus d’être un homme d’un grand courage. On lit par ailleurs dans son texte, de manière explicite, un patriotisme fervent, sincère et direct que l’on aimerait pouvoir retrouver dans nos élites actuelles. Je vois un peu d’espoir à  certains endroits (par exemple, ou encore), mais que cela est fragile, et semble lointain, devant l’ampleur des chantiers à  démarrer.
    Enfin, à  titre personnel, je suis touché par le livre de Marc Bloch parce qu’il y exprime très bien le mal français, qui est avant tout de ne pas vouloir/pouvoir se coltiner la réalité. L’épitaphe souhaité par Bloch dans son testament (qui accompagne mon édition de l’Etrange défaite, avec 5 essais variés, à  lire également) est « Dilexit veritatem » (« Il aimait la vérité. »).
    Vraiment, pour que s’accomplisse, selon le mot de Renan, après une autre défaite, la réforme intellectuelle et morale de ce peuple, la première chose qu’il lui faudra rapprendre sera le vieil axiome de la logique classique :
    A est A, B est B ; A n’est point B.

    Comme l’écrivait très bien Chantal Delsol :
    Je veux dire que l’acquisition de la réalité se fait dans l’enfance ou ne se fait jamais. La fierté d’un éducateur est de façonner des adultes, et non de vieux enfants. Etre adulte consiste à  nommer les choses telles qu’elles sont. C’est pourquoi une époque idéologique fabrique un peuple-enfant.

    Quand les français vont-ils se décider à  sortir de l’idéologie permanente, et à  redevenir un peuple d’adultes ?

  • Etat de guerre ?

    Etat de guerre ?

    Un meurtre au sein des renseignements, c’est grave. Il est temps de prendre la mesure du problème auquel la France est confrontée (l’islamisation), et de sortir de l’inhibition de l’action. Nous sommes – devrions – être en état de guerre, et utiliser les outils adéquats pour lutter idéologiquement et sur le terrain.

    La réalité de l’islamisation

    La vie médiatique et politique est ainsi faite qu’elle se concentre souvent sur le temps court, et se focalise d’avantage sur les histoires de femmes voilées au Conseil Régional, plutôt que sur les faits récents d’un attentat commis au sein de la DRPP. Cet attentat est pourtant infiniment plus grave, et important pour ce qu’il dit de la situation du pays. De fait, il est maintenant de notoriété publique que l’infiltration des islamistes a pris une ampleur sans précédent. En témoigne la mission d’information sur les services publics face à  la radicalisation dont le rapport est accessible à  tous (Rapport Diard & Poulliat).

    En entendant Alain Bauer, Zineb El-Rhazoui (menacée de mort par les islamistes), et le juge Bruguière débattre de tout cela, j’ai eu le sentiment que l’on se perd un peu dans les – salutaires et louables – précautions propres aux états de droit. Cela sent la technicité, le sens de la précision, l’esprit de justesse. Et cela donne l’impression d’une forme d’impuissance. J’ai pourtant la conviction qu’il faut simplement comprendre que les outils sont là  : il suffit de prendre la mesure de ce que signifie être en guerre. En effet, la question n’est plus là  : ce sont nos ennemis, en nous menaçant, qui choisissent pour nous. Nous sommes en guerre parce que nous sommes attaqués, pas parce que nous aimerions la guerre.

    Etat de guerre

    Il existe un certain nombre de dispositions dans notre Constitution (l’article 16 précise les mesures exceptionnelles lorsque l’on est en état de guerre), ou dans notre droit (état de siège et état d’urgence).

    La difficulté est connue : il s’agit de positionner le curseur entre deux risques. Celui de stigmatiser l’ensemble des musulmans comme de potentiels terroristes, et celui d’être perméables aux combattants infiltrés de l’islam politique. Le curseur est clairement, pour le moment, beaucoup trop près de la naïveté que de la dureté excessive. Combien d’attentats encore, avant de prendre la mesure du réel ?

    Il ne s’agit pas d’un complot. Un complot, c’est secret. Il s’agit d’un projet à  dimension internationale. Une action coordonnée et officielle de l’ensemble des pays musulmans : Stratégie de l’action islamique culturelle à  l’extérieur du monde islamique. Le financement d’associations fait clairement partie de ce projet, pour pouvoir renforcer l’identité musulmane – notamment des enfants – vivant en Occident. Je n’ai pas à  juger de la légitimité de ce projet. Je sais seulement qu’il contrevient à  la conservation de l’identité française.

    Alexandre Del valle le dit très bien : il y a les coupeurs de têtes (les terroristes), et les coupeurs de langues (tous ceux qui braient à  l’islamophobie quand la moindre critique de l’idéologie et du mode de vie islamiques est avancée). Il faut continuer de dire les choses. Il faut déclarer l’état de guerre. Nommer l’ennemi : l’islam politique radical. Pas les musulmans, qui doivent être dans ce combat avec tous les amoureux de la liberté. Des mesures fortes doivent être prises. Des mesures de lutte idéologiques d’une part, et pratiques d’autre part. Il faut lutter, dans le monde des idées, et sur le terrain. Sortir du politiquement correct.

    Lutte idéologique

    Comme toujours le combat des idées se joue beaucoup sur les mots. A titre personnel, je m’oppose aux pièges sémantiques/idéologiques suivants :

    • l’Islam n’est pas qu’une religion. Dans notre culture, le mot religion désigne depuis longtemps les aspects spirituels et rituels, sans la politique. Ce n’est pas le cas avec l’Islam : l’Islam est à  la fois religieux, politique et juridique
    • il faut réaffirmer notre culture et notre civilisation occidentale. Il faut sortir du relativisme consistant à  faire croire que toutes les cultures se valent, ce qui conduit au multiculturalisme. Affirmer la valeur de sa culture n’est pas nier celle des autres, c’est rendre possible une forme de dialogue. Je suis attaché à  la liberté individuelle, à  la tolérance, à  l’égalité devant la Loi : rien de tout cela n’existe vraiment dans les pays non-occidentaux. Cela ne permet probablement pas de les juger pour cela (jugement nécessairement ethnocentrique), mais j’ai bien le droit d’affirmer une préférence. A mes yeux, la culture occidentale vaut mieux que les autres. Ce n’est pas parce que les droits humains sont bafoués dans certains pays, ou que le droit positif de ces pays est en contradiction avec le droit naturel, qu’il faut s’en accommoder sur le plan des idées. Ces cultures sont dans le faux, éthiquement. Il convient de dénoncer ces atteintes aux droits humains. Ce n’est pas faire preuve d’ethnocentrisme que de dire que les droits des femmes en terre d’Islam sont bafoués, c’est rappeler que les humains en terre d’islam sont nos frères et nos soeurs en humanité, et qu’à  ce titre nous les créditons des mêmes droits naturels que nous.
    • Je refuse de me laisser piéger par l’expression « extrême droite » qui sert simplement aux tenants de l’idéologie diversitaire pour tenter de museler leurs adversaires. Le RN, ou ceux qui se retrouvent affublés de cette étiquette n’ont en général rien à  voir avec l’imaginaire de violence, de racisme, d’anti-parlementarisme, ou de néo-nazisme que le mot véhicule.

    Lutte armée

    Il faut bien sûr, en parallèle, lutter contre les combattants. Voici une liste non exhaustive de ce qu’il faudrait au minimum faire pour lutter efficacement contre l’islamisation (un certain nombre de ces actions sont probablement en cours) :

    • rétablir l’ordre dans les banlieues islamisées et vivant du trafic de drogue
    • interdiction des financements étrangers des mosquées ; menace de rupture des relations commerciales avec les pays ayant signé le fameux plan d’islamisation
    • déclarer les Frères musulmans comme organisation terroriste (c’est déjà  le cas de la Russie, des émirats-arabes, de l’arabie saoudite et de l’égypte
    • fermer toutes les mosquées salafistes/radicales
    • expulser les étrangers fichés S, ou connus pour leur appartenance à  l’islam radical
    • reprendre la main sur le monde associatif (supprimer les associations qui ne sont que des chevaux de troie de l’islam, nettoyer le monde du sport, etc..)
    • surveiller toutes les mosquées, et forcer l’utilisation du français dans les lieux de cultes
    • prohiber les tenues islamistes dans tout l’espace public (arrêtons de faire les autruches et de croire que le voile n’est pas un étendard politique)
    • pénaliser toutes formes d’accointances avec la mouvance islamiste radicale (sites, associations, réseaux, mosquées). Cela s’appelle l’intelligence avec l’ennemi
    • stopper l’immigration depuis les pays musulmans
    • refaire de l’assimilation le seul mode d’accession à  la nationalité, et faire de l’acquisition de la nationalité la fin d’un processus, non son point de départ. Malika Sorel a tout dit dans ses livres

    Ces actions demanderont un courage politique hors du commun, dont le seul moteur doit être la préservation de la France : de son mode de vie, de ses institutions, de sa paix, de l’unité de son peuple.

    Je veux croire que la très grande majorité des français, musulmans comme non musulmans, soutiendra ces actions.

  • Pas seul

    Ily a des matins, où la manière dont sont traités les infos par les journalistes, et la manière dont sont traités les problèmes par les politiciens, donnent un sentiment de bataille perdue d’avance, de gâchis et de mission impossible. Et puis, heureusement, des textes lus à  droite à  gauche me permettent de voir que je ne suis pas seul. A trouver l’intervention omniprésente de l’Etat déprimante, alarmante même. A trouver le niveau d’éducation de mes concitoyens tout aussi alarmant. Aujourd’hui, c’est la tribune de Guy Sorman que j’aurais aimé écrire. A défaut d’avoir son talent et sa compétence, je vous la recopie ici.

    Les Français, dit on, c’est le lieu commun de la saison, réclameraient « le retour de l’Etat ». Certes, mais chez nous, l’Etat n’est jamais parti : le taux de prélèvement public est parmi les plus élevés en Europe et dans l’OCDE, supérieur à  50%. Par ailleurs, ce taux n’a cessé de monter depuis 1981, de même que le nombre des fonctionnaires. Ceci sous les gouvernements de droite comme de gauche. Nos banques sont étroitement contrôlées, l’Etat a partout des participations industrielles, le Code du travail est le plus protecteur des salariés en Europe, le Code des impôts est le plus indéchiffrable, l’impôt sur la fortune c’est Français (demandez à  Johnny[1. ou à  John Malkovich…]), etc.. L’information est aussi sous l’autorité de l’Etat et va l’être plus encore avec la désignation du président de la télévision publique par le chef de l’Etat (du Poutinisme audiovisuel). L’éducation, à  tous les niveaux, ne pourrait être plus étatisée dans son organisation et son contenu qu’elle ne l’est déjà . Donc, de quoi parle-t-on ?
    On devine, bien entendu, que le Français rêve d’un monde plus prévisible ; mais plus d’Etat serait à  l’expérience, moins de croissance, pauvres mais égaux. La grande illusion est tout de même, de croire que l’Etat est plus rationnel et rassurant que le marché : c’est historiquement faux. Le marché fait des bulles mais les Etats font la guerre.

    A lire également, La folie injectrice chez Franck Boizard, et Si on apprenait enfin l’économie ?, tribune d’Yves de Kerdrel.