La Loi, c’est la force commune organisée pour faire obstacle à l’Injustice.
Frédéric Bastiat
Étiquette : Loi
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Citation #24
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Harmonies économiques : Introduction
Voici le premier d’un série d’articles sur l’ouvrage « Harmonies économiques » de Bastiat. Comme je trouve ce texte admirable, je ferais un billet de résumé/extraits sur chacun des chapitres, au fur et à mesure de mes lectures, et du temps disponible sur mes soirées et mes week-end ! J’utiliserai abondamment les longs extraits de texte, parce que c’est la beauté du texte, son aspect pédagogique et clair qui m’a donné envie de faire ces billets (…et aussi parce que ça va plus vite :smile: ).
Les intérêts sont harmoniques
Je commence donc avec l’introduction du livre, intitulée « A la jeunesse Française ».
Il part sur cette idée très forte, qui résume l’ensemble de l’ouvrage (il se fixe comme ojectif de le démontrer) : « Tous les intérêts légitimes sont harmoniques ». Il discute dans cette introduction de la « solution » au problème social.
Or, cette solution, vous le comprendrez aisément, doit être toute différente selon que les intérêts sont naturellement harmoniques ou antagoniques.
Dans le premier cas, il faut la demander à la Liberté; dans le second, à la Contrainte. Dans l’un, il suffit de ne pas contrarier; dans l’autre, il faut nécessairement contrarier.
Mais la Liberté n’a qu’une forme. Quand on est bien convaincu que chacune des molécules qui composent un liquide porte en elle-même la force d’où résulte le niveau général, on en conclut qu’il n’y a pas de moyen plus simple et plus sûr pour obtenir ce niveau que de ne pas s’en mêler. Tous ceux donc qui adopteront ce point de départ: Les intérêts sont harmoniques, seront aussi d’accord sur la solution pratique du problème social: s’abstenir de contrarier et de déplacer les intérêts.
La Contrainte peut se manifester, au contraire, par des formes et selon des vues en nombre infini. Les écoles qui partent de cette donnée: Les intérêts sont antagoniques, n’ont donc encore rien fait pour la solution du problème, si ce n’est qu’elles ont exclu la Liberté. Il leur reste encore à chercher, parmi les formes infinies de la Contrainte, quelle est la bonne, si tant est qu’une le soit. Et puis, pour dernière difficulté, il leur restera à faire accepter universellement par des hommes, par des agents libres, cette forme préférée de la Contrainte.La suite sur la page suivante !
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La Loi, la démocratie et ses limites…
Le malaise des sociétés démocratiques vient de ce que les mots ont perdu leur sens. A l’origine, en démocratie, les pouvoirs de l’État, contrairement à ce qui se passe en monarchie, étaient limités par la Constitution et par la coutume. Mais nous avons glissé progressivement dans la démocratie illimitée : un gouvernement peut désormais tout faire sous prétexte qu’il est majoritaire. La majorité a remplacé la Loi. La Loi elle-même a perdu son sens: principe universel au départ, elle n’est plus aujourd’hui qu’une règle changeante destinée à servir des intérêts particuliers.
La démocratie s’est pervertie parce que nous avons confondu idéal démocratique et tyrannie de la majorité. Parce que nous croyons dans les idéaux de base de la démocratie: le suffrage universel et la suprématie du droit, nous nous sentons obligés de défendre des institutions particulières qui passent, à tort, pour leur seule traduction concrète.
Seul le système capitaliste permet la démocratie. Lorsque le régime est dominé par une doctrine collectiviste, la démocratie finit inévitablement par se détruire elle-même. Le planisme mène à la dictature parce que la dictature est l’instrument le plus efficace de coercition et de réalisation forcée d’un idéal et qu’à ce titre elle est indispensable à une société planifiée. Le conflit entre planisme et démocratie surgit simplement du fait que cette dernière est un obstacle à la suppression de la liberté requise par la direction de l’activité économique. Mais dans la mesure où la démocratie cesse d’être une garantie de la liberté individuelle, il se peut qu’elle persiste sous une forme quelconque sous un régime totalitaire. Une véritable « dictature du prolétariat », même démocratique de forme, au jour où elle entreprendrait la direction centralisée de l’économie, détruirait probablement la liberté individuelle aussi complètement que le ferait n’importe quelle autocratie.
La règle de loi limite la compétence de la législation: elle la réduit, d’une part, aux règles générales des lois formelles, et s’oppose, d’autre part, à toute législation orientée d’après les intérêts d’une certaine catégorie de gens. La règle de loi implique la condition de n’employer le pouvoir coercitif de l’État que dans des circonstances définies d’avance par la loi; et exactement de la façon prévue. Tout amendement particulier enfreint la règle de loi. Quiconque conteste ce fait admet la légitimité des pouvoirs que les dictateurs ont obtenus par des moyens constitutionnels en Allemagne, Italie et en Russie.Friedrich VON HAYEK -
C’est le système qu’il faut changer, pas les hommes !
Vouloir sortir de la violence et de la bêtise par un changement des hommes, de leur manière de se comporter, est une grave erreur politique, et qui est celle qui conduit aux dictatures…Et puis, c’est aussi d’une grande prétention : changer sur quelques années ou dizaines d’années ce que la nature a mis des millénaires à construire, n’est-ce pas la preuve d’une légère tendance à la tentation du démiurge ? En tout cas c’est un signe de manque d’humilité.
Empecher la violence
On sort de la violence par le droit, qui à la fois limite notre champ d’action, et nous le prépare. Les règles communes empêchent la violence, et permettent de maximiser la liberté individuelle et collective.
Le droit est l’ensemble des conditions qui permettent à la liberté de chacun de s’accorder à la liberté de tous.
Emmanuel KantLe droit empêche la violence, et affirme également le droit à la propriété. Ce n’est pas un hasard si dans les premières lois (les 10 commandements) figurent – après tout le blabla concernant Dieu – ces 5 points :
- Tu ne tueras point.
- Tu ne commettras point d’adultère.
- Tu ne déroberas point.
- Tu ne porteras point de faux témoignage contre ton prochain.
- Tu ne convoiteras point la maison de ton prochain ; tu ne convoiteras point la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son boeuf, ni son âne, ni aucune chose qui appartienne à ton prochain.
On retrouve là les points de bases de toute doctrine libérale du droit : pas de violence, pas de vol, pas de mensonge.
Le premier des droits de l’homme c’est la liberté individuelle, la liberté de la propriété, la liberté de la pensée, la liberté du travail.
Jean JaurèsSortir de la violence est déjà un progrès immense. Et c’est pourquoi on ne doit et peut pas tolérer les atteintes à la liberté individuelle, à la propriété : ce sont les fondements du contrat social.
Sortir de la bêtise par l’éducation
Mais il reste la bêtise, l’intolérance, la petitesse d’esprit, l’égoïsme. C’est un problème différent : on peut empêcher la violence par la force ; mais on ne pourra jamais interdire la connerie. On ne sort de ces maux que par l’éducation, le travail, les projets communs, la confiance mutuelle. Ce sont là des choses qui demandent du temps.
Ceux qui disent vouloir sortir l’humanité de ses maux en un temps court se moquent de nous. Le système est ce qu’il faut changer bien sûr, de préférence régulièrement et sereinement. Car qu’est ce que le système, sinon l’ensemble des règles que nous nous donnons à nous-même pour vivre ensemble ? Il est normal et naturel de les changer…A la base de toutes les doctrines totalitaires se trouve la croyance que les gouvernants sont plus sages et d’un esprit plus élevé que leurs sujets, qu’ils savent donc mieux qu’eux ce qui leur est profitable.
Ludwig von Mises -
Toute l’économie en une page !
Voilà ce que j’ai trouvé sur l’excellent site de « L’ami du laissez-faire » (site crée par Patrick Madrolle, qui tient aussi un blog), une récapitulation très synthétique (et néanmoins assez complète) des lois économiques…ça ne fait jamais de mal de se cultiver un peu — ou de se rafraîchir la mémoire – …et puis, pour ceux qui veulent attaquer le soi-disant « dogme », il est important de le formuler préalablement à la discussion, non ?
Je cite donc Patrick Madrolle, parce qu’il n’y a rien à rajouter…:Milton Friedman, prix Nobel d’économie, a eu l’occasion de dire :
Ce qui est extraordinaire avec la science économique, c’est que toutes ses lois tiennent réellement en une page, mais leur simplicité n’a jamais été acceptée par la plupart des gens.
L’économiste américain Mark Skousen a relevé le défi. Le texte ci-dessous a été publié par la revue du F.E.E. (Foundation for Economic Education, New York), Freeman, Janvier 1997. Et ce texte a été traduit par Jacques Garello, président de l’ALEPS, Association pour la liberté économique et le progrès social, pour La Nouvelle Lettre, numéro du 15 février 1997.
Voilà donc la liste:
- Intérêt personnel : Personne ne dépense l’argent des autres avec autant de soin que le sien propre.
- Croissance économique : La clé de l’élévation du niveau de vie est de développer l’épargne, la formation de capital, l’éducation et la technologie.
- Commerce : Lors de tout échange volontaire, quand ils disposent d’une information précise, l’acheteur et le vendeur sont tous les deux gagnants ; de ce fait, une augmentation du commerce entre individus, entre groupes ou entre pays est profitable aux deux parties.
- Concurrence : Étant donné la réalité universelle des ressources limitées et des demandes illimitées, la concurrence existe dans toutes les sociétés et ne peut pas être abolie par décret gouvernemental.
- Coopération : Puisque la plupart des individus ne sont pas autosuffisants, et que presque toutes les ressources naturelles doivent être transformées pour devenir utilisables, les individus – travailleurs, propriétaires, capitalistes et entrepreneurs – doivent travailler ensemble dans le but de produire des biens et services de valeur.
- Division du travail et avantage comparatif : Les différences de talents, d’intelligence, de savoir et de propriété conduisent à la spécialisation et à un avantage comparatif détenu par chaque individu, entreprise ou pays.
- Dispersion du savoir: L’information sur le comportement du marché est si diverse et omniprésente qu’elle ne peut être saisie ni calculée par une autorité centrale.
- Perte et profit : Le profit et la perte sont des mécanismes du marché qui indiquent ce qui doit être ou ne pas être produit dans le long terme.
- Coût d’opportunité : Étant donné les contraintes de temps et de ressources, il faut toujours faire des arbitrages. Vouloir faire quelque chose demande de renoncer à d’autres que l’on aurait aimé faire aussi. Le prix payé pour s’engager dans une activité est égal au coût des activités auxquelles on a renoncé.
- Théorie des prix : Les prix sont déterminés par l’estimation subjective des acheteurs (demande) et des vendeurs (offre), et non par un quelconque coût de production objectif ; plus le prix est élevé, moins les quantités achetées seront grandes et plus les quantités offertes seront importantes.
- Causalité : À chaque cause correspond un effet. Les actions des individus, des entreprises ou des gouvernements ont un impact sur les autres acteurs de l’économie, impact qui peut être prédit, bien que le niveau de prédictibilité dépende de la complexité des actions engagées.
- Incertitude : Il existe toujours une dose de risque et d’incertitude sur l’avenir, car les gens effectuent des réévaluations, tirent des leçons de leurs erreurs et changent d’avis, ce qui rend délicate toute prédiction sur leurs comportements à venir.
- Économie du travail : L’augmentation des salaires sur le long terme ne peut être réalisée que par une plus grande productivité, c’est-à -dire par davantage d’investissements en capital pour chaque travailleur ; le chômage chronique est une conséquence de l’action du gouvernement qui fixe les taux de salaire au-dessus du niveau d’équilibre du marché.
- Contrôles du gouvernement : Les contrôles des prix, des salaires ou des loyers peuvent bénéficier à certains individus ou groupes, mais pas à la société dans son ensemble ; en fin de compte, ces contrôles créent de la pénurie, du marché noir et une détérioration de la qualité et des services. Les repas gratuits, ça n’existe pas.
- Monnaie : Des tentatives délibérées pour déprécier la monnaie nationale, ou baisser artificiellement les taux d’intérêt, ou encore pour s’engager dans des politiques d’argent facile conduisent inévitablement à l’inflation, à des cycles prospérité/récession et aux crises économiques. C’est le marché, et non l’État, qui devrait régler la monnaie et le crédit.
- Finances publiques : Dans toutes les entreprises publiques, et afin de maintenir un haut niveau d’efficacité et une bonne gestion, les principes du marché doivent être adoptés chaque fois que cela est possible:
- le gouvernement devrait essayer de se cantonner à ce que les entreprises privées ne peuvent pas faire ; il ne doit pas s’engager dans des affaires que le secteur privé gère mieux que lui.
- le gouvernement devrait fonctionner selon ses moyens.
- l’analyse coût/avantage: les bénéfices marginaux doivent être supérieurs aux coûts marginaux.
- le principe de commutativité: ceux qui bénéficient d’un service devraient payer pour ce service.
Il y a tout de même matière à réfléchir là -dessus, non ? Et se poser quelques questions sur l’idéologie ambiante : ces lois sont des lois d’économie positive (ce qui est de l’ordre du savoir scientifique) et non pas normative (ce qu’on décide en connaissant l’économie positive, et en y rajoutant nos valeurs morales et politiques)…Merci à nos politiques de ne pas en oublier la moitié en court de route…!
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Les motards doivent-ils respecter la loi ?
Je met un titre volontairement provocateur parce c’est un sujet qui m’énerve, et qui me parait symptomatique de la mentalité ambiante…Je vais au boulot tous les jours en voiture ; et je suis choqué par le fait que quasiment toutes les situations de danger que je peux rencontrer sont liées aux motards/scooters ! A part le fait de doubler par la droite et de circuler systématiquement entre les files de voitures (qui est passible d’une contravention !), je voudrais donner deux exemples récents :
- en rentrant le soir, je passe sur l’avenue du Général Leclerc et l’avenue du Maine : systématiquement, les deux-roues qui circulent en face franchissent la ligne blanche centrale et roulent tout simplement…à contresens sur la file de gauche de mon côté ! Sous les yeux des agents de la circulation placés là , qui ne semblent même pas le remarquer…si par malheur je fais un appel de phare pour montrer que, bon, quand même, j’ai le droit une fois sur deux à un signe d’énervement de la part du motard/scooter me montrant que cette situation lui semble normale
- en traversant la rue d’Alésia l’autre jour sur un de ces passages piétons si pratiques (vous savez, ceux où il n’y a pas de feux, et où les piétons doivent littéralement risquer leur vie pour passer entre les voitures qui, en l’absence de feu, foncent…), en traversant donc, un scooter – qui était à 10 mètres du passage lorsque j’étais rendu au milieu de celui-ci – a failli me rentrer dedans : c’est moi qui me suis arrêté pour le laisser passer ; énervé, j’ai fais un geste de la main (style « je prépare un claque ») pour lui montrer ma peur et ma colère. Il a simplement fait demi-tour pour me rattraper et m’ »expliquer » (sur un ton plus proche du cri de la hyène enragée que de celui de la discussion posée) qu’il était engagé (à 10 mètres du passage piéton!) et que je devais le laisser passer ! Sans commentaires …
Ce ne sont pas des exemples très graves, puisqu’il ne s’agit pas d’accident. Mais ces comportements, malheureusement mènent à des accidents : les motards représentent 0,8% du traffic, mais 15,5% des conducteurs impliqués dans un accident corporels (chiffres sécurité routière). Bien sûr, ils sont moins protégés, mais quand on voit que dans 50% des cas, la voiture qui a participé à l’accident avec un 2 roues ne l’a carrément pas vu, il convient, plutôt que de montrer du doigt les voitures allumant leurs phares, de se poser la question du comportement dangereux des motards/scooters.
Pourquoi tolère t’on ces infractions au code de la route, alors qu’on sait qu’ils sont la cause d’accidents ? Y’a-t-il plusieurs types d’usagers, ceux qui doivent respecter le code de la route, et ceux qui n’en ont pas l’obligation…? Ces questions se posent aussi pour les automobilistes, quand on voit le respect tout relatif des distances de sécurité, ou l’utilisation hasardeuse des clignotants… Alors bien sûr, je sais bien que tous les motards ne sont pas des inconscients irrespectueux de la loi : il y a évidemment plein de motards prudents, conscients du danger, et respectueux des plus élémentaires règles du code de la route. Mais, outre le fait qu’ils ne sentiront pas visés, ils ne pourront qu’approuver le fait de vouloir faire appliquer strictement le code de la route aux motards.
Ne vous méprenez pas : je ne suis pas un extrémiste de l’application de la loi. La loi peut être mauvaise, à revoir, ou dans des circonstances particulières, conduire à des actes immoraux (c’est alors un devoir de ne pas la respecter). Mais quand la loi vise de toute évidence à rendre possible la cohabitation harmonieuse des citoyens, et qu’elle va dans le bon sens, il n’y a aucune raison à ne pas la respecter. Et aucune excuse à ne pas la faire respecter. Quel est le sens d’une loi qu’on n’applique pas ?