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  • Innovation pour les nuls

    Innovation pour les nuls

    Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l’innovation, la créativité, et leur place dans les entreprises. Il manquait un index à  cette série d’articles consacrées à  l’innovation, et je publie donc ce post pour regrouper les différents articles « Innovation pour les nuls ». En voici la liste :

    Bien entendu, je ne me présente pas comme un expert : n’hésitez pas à  challenger, questionner, discuter, tous ces contenus ! Je les publies ici pour garder une trace, même peu construite, des réflexions qui sont les miennes, ou des connaissances qui me paraissent utiles. Vous pouvez également commenter pour demander un article sur tel ou tel sujet (en lien avec innovation et créativité bien sûr) : si je le maîtrise suffisamment je le produirai avec plaisir. C’est ça aussi, l’innovation pour les nuls ! Bonne lecture !

  • Ikigai

    Ikigai

    Grâce à  un collègue et néanmoins ami (Pierre pour ne pas le nommer), j’ai découvert aujourd’hui ce beau dessin et le beau concept associé : Ikigai. C’est un concept proche de « raison d’être », mais associé à  l’idée de joie. Je ne sais pas s’il est très utilisé au Japon, et n’étant pas connaisseur de leur culture, je ne m’aventurerais pas sur ce terrain. Mais j’ai trouvé l’image et l’idée très stimulantes. Regrouper en une image la raison d’être, la mission, la vocation, la profession et la passion, il fallait le faire. Je me projette bien dans l’exercice de remplir les cases pour moi (ou pour mon boulot). Et vous ?

  • Entreprises à  mission : et si on posait le débat ?

    Entreprises à  mission : et si on posait le débat ?

    Dans un article polémique, Philippe Silberzahn règle son compte à  l’entreprise à  mission. J’avais déjà  abordé le sujet pour montrer que le sujet de la mission est en lien étroit avec les capacités d’innovation. Je trouve l’article un peu excessif, et j’aimerais ici poser quelques éléments de la discussion, pour éviter de jeter le bébé avec l’eau du bain.

    Points d’accord

    Quelques éléments que je partage avec Philippe Silberzahn :

    • les politiciens ont une fâcheuse tendance à  être comme des bouchons sur l’eau : tel le bouchon qui suit le mouvement des vagues (les évolutions de la société), le politicien a beau jeu d’entériner ces évolutions dans des textes de loi ou réglementation et de crier ensuite : « regardez ! je fais monter et descendre l’eau ». Bêtise crasse, ou simple volonté de se croire puissant, cela est proprement ridicule, et montre l’étendue du constructivisme ambiant. Les politiciens devraient apprendre ce qu’est l’ordre spontané dans une économie libre, cela leur permettrait peut-être de se cantonner à  leur vrai rôle, qui est de garantir la sécurité et la Justice à  leurs concitoyens.
    • il est clair que les entreprises créent de la valeur pour le collectif, pour la société, et qu’elles n’ont pas attendus que cela leur soit demandé par un politicien pour le faire, que ce soit sous forme de RSE, ou de mission élargie inscrite dans les statuts
    • le faible respect des droits de propriété dans une France très marxisante est un point d’énervement quotidien. Cette institution de la liberté qu’est la propriété est bafouée quotidiennement par nos lois et réglementations. En rajouter une couche est certainement une mauvaise idée

    Points de désaccord

    Quelques nuances que j’aimerais apporter, maintenant, au propos très dur de Philippe Silberzahn, pour éviter de jeter le bébé avec l’eau du bain. Le bébé, c’est l’entreprise à  mission. L’eau du bain, c’est la récupération politicienne d’un mouvement existant. Depuis longtemps, un peu partout, et qui me semble un levier à  la fois d’innovation et d’engagement. En espérant qu’au final les modifications du code civil ne seront qu’une ouverture, et pas une contrainte, il faut tout de même prendre conscience que le fait d’introduire dans les statuts d’une entreprise un objet plus large que le seul profit est un vrai levier.

    • D’innovation : l’innovation se nourrit d’une mission large définie, qui permet de constamment revisiter l’offre, et la définition de ce qu’on appelle un client. Le « Job to be done » ne sert pas à  autre chose. Définir la mission est une source de créativité.
    • D’engagement : un des leviers de la motivation réside dans le sens et l’utilité de nos actions. Formuler collectivement dans le projet d’entreprise des aspirations plus larges que les activités actuelles ou historiques, c’est une très bonne manière de redonner du sens et de la motivation aux parties prenantes de l’entreprise.

    Questions en suspens

    Il reste donc plusieurs questions (beaucoup). Ratifier par la loi, par le truchement du code civil, une évolution déjà  visible dans la société, est-ce une erreur ? Est-ce que cela conduira à  des dérives, à  des lourdeurs, ou est-ce que cela sera une opportunité pour les entreprises qui le feront ? Au-delà  de cette « officialisation », le concept d’entreprise à  mission est-il générateur de valeur ? d’opportunités ? D’innovation, d’engagement ?

    Je conclue en confirmant qu’il s’agit là  d’un vrai sujet, selon moi, et que loin d’être un piège à  cons, l’entreprise à  mission est un outil, pour les entreprises. Que cet outil soit récupéré par une classe politique en manque de vernis moral, c’est une chose. Qu’il faille lutter contre sa systématisation, c’est évident. Mais cela reste une belle manière de redonner aux entreprises un sens collectif qu’elles ont perdu dans l’esprit de certains. Jean-Dominique Senard, patron de Michelin, n’a pas attendu les politiciens pour avancer sur ce sujet. Il me semble avec des fruits plutôt intéressants. A débattre ?

  • L’innovation pour les nuls #4 – Mission

    L’innovation pour les nuls #4 – Mission

    Après avoir parlé de l’innovation en général, de la place de la fonction innovation dans l’entreprise, et des cadres conceptuels permettant d’articuler tout cela, venons-en à  un sujet qui me tient à  coeur, celui de la mission de l’entreprise. C’est un sujet important pour l’innovation, et c’est un sujet d’actualité. Le rapport Notat-Senard vient d’être présenté, et propose de modifier la définition juridique des entreprises en ajoutant la prise en compte des enjeux sociaux et environnementaux, en complément de la recherche de son intérêt propre. Ils évoquent également les entreprises à  mission, qui pose au centre des débats la « raison d’être » des entreprises.

    Start with Why

    Il me semble qu’au coeur de ces discussions et de ces évolutions (déjà  visibles dans plusieurs pays, et déjà  théorisées), il y a la question du sens de l’action collective. Les humains aiment agir dans un cadre qui fait sens pour eux. Et c’est à  ce prix qu’ils s’engagent vraiment dans leurs actions. J’avais trouvé très percutantes les conférences de Simon Sinek (associées à  son livre Start With Why). En même temps que la définition des actions (what), des organisations (how), il est important de parler de la raison d’être, du sens de nos activités (why). C’est toujours utile et éclairant de définir les enjeux. Pourquoi travaillons-nous ? Dans quel but ? Bien sûr, il s’agit toujours de rendre service. Pourquoi nous levons-nous le matin pour aller au boulot ? pour gagner de quoi vivre, bien sûr. Mais souvent pour des objectifs un peu plus large, selon nos goûts et nos valeurs.

    Transformation et mission

    Ce sujet de la mission de l’entreprise est également au coeur de deux ouvrages importants. Reinventing Organizations, de Frédéric Laloux, et Refonder l’entreprise, de Blanche Segrestin et Armand Hatchuel. Je cite à  dessein l’ouvrage de Segrestin, car les chercheurs du CGS de l’Ecole des mines, avec qui j’ai le plaisir de travailler, ont beaucoup oeuvré à  théoriser et à  structurer les connaissances sur ce sujet. Ils font partie des ouvrages très cités par le rapport Notat-Senard. Le livre de Laloux montre, vision et exemples à  l’appui, que la transformation implique toujours une remise au coeur de l’activité de la mission de l’entreprise. J’avais gardé une trace de ce qui se raconte dans le livre de Laloux sous forme de trois caractéristiques de la transformation : organisation circulaire, ouverture et mission.

    Je trouve ces trois axes éclairants pour expliciter ce qu’on appelle transformation.

    Mission et innovation

    Pourquoi ces thèmes de mission et de transformation me paraissent essentiels pour parler d’innovation ? J’avais explicité dans le schéma de l’article #2 en quoi la mission était au centre des discussions apportées par les fonctions innovation. Sans mission un peu « large » définie, pas de possibilité d’innovation. En tout cas, des innovations incrémentales uniquement. La mission de mon entreprise est de fabriquer des voitures ? ou de rendre service aux gens dans leur mobilité ? Dans le premier cas, je continue à  fabriquer, de mieux en mieux, et de plus en plus efficacement, des voitures. Dans le second cas, il devient légitime d’aller explorer des services de mobilité, ou tout type de sujet qui alimente une réflexion plus large sur la mobilité en général. La mission est-elle de vendre le plus d’objets possible, ou de participer à  construire une société, un monde désirables ? La mission ramène également dans le champ stratégique des entreprises un notion de morale, au sens noble du terme. Nos activités, pour faire sens, impliquent d’accepter de définir une mission qui nous engage, et qui contribue à  nous engager. Au sein d’un monde où les enjeux sociaux et environnementaux sont dans le périmètre de réflexion et d’action.

    Le prochain billet traitera de la créativité, et des méthodes de conception.

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  • L’innovation pour les nuls #2 – fonction innovation

    L’innovation pour les nuls #2 – fonction innovation

    J’aime les entreprises. Certes, il est de bon ton de les affubler de tous les maux, notamment à  cause d’une culture française très déformée par le marxisme et le communisme (la fameuse aliénation par le travail). Avant de parler de la fonction innovation, il est utile de rappeler deux ou trois choses à  propos des entreprises.

    Réhabiliter l’entreprise

    Je ne vois pourtant dans les entreprises que des collectifs d’individus qui oeuvrent ensemble pour un objectif commun. Les déboires liés à  une approche très financiarisée de la gestion des entreprises ne doivent pas cacher ce qui reste le coeur : de formidables aventures humaines. Quelle que soit la mission d’une entreprise, elle est toujours liée au fait de rendre service à  d’autres, contre rétribution. Je trouve cela très noble. Tout est toujours échanges de services en économie. Frédéric Bastiat – que l’on devrait faire lire à  tous les lycéens – l’a très bien analysé et décrit. D’autres, comme Mises (L’action humaine) ou Hayek, ont prolongé la réflexion. Comment l’entreprise remplit sa mission ? En exécutant un ensemble généralement complexe de tâches, que je résumerai sous le terme « activités ». Ces activités, depuis longtemps déjà , ont fait l’objet d’analyses, et sont structurées. C’est ce qu’on appelle « l’organisation ».

    Le terreau de l’innovation

    Deux facteurs au moins peuvent être mentionnés comme conditions de l’innovation. Le premier c’est bien sûr, et dans l’ordre d’apparition, une société d’économie libre. Respect des contrats, des droits individuels, dont la propriété, adossée à  la liberté et à  la responsabilité. Une société libre, c’est une société où chacun peut suivre son chemin à  sa guise, dans le respect des règles communes. Le second, ce sont les progrès continus (et irréguliers) des connaissances. Les progrès techniques en font partie, bien sûr.
    La liberté a une conséquence directe, et bénéfique, c’est la situation de concurrence. La concurrence rappelons-le toujours, n’est pas une situation donnée, un état figé, mais simplement une règle : la liberté pour chacun d’entrer sur un marché. Donc de concurrencer d’autres acteurs. La concurrence bénéficie toujours au consommateur final : plusieurs acteurs, en situation de concurrence, se disputent le droit de lui rendre le meilleur service.

    […] la concurrence ne signifie pas que n’importe qui puisse prospérer en copiant simplement ce que d’autres font. Cela signifie le droit reconnu à  tous de servir les consommateurs d’une façon meilleure ou moins chère sans être entravé par des privilèges accordés à  ceux dont les situations acquises seraient atteintes par l’innovation. [Ludwig Von Mises]

    Concurrence : le moteur de l’innovation

    Toute entreprise sera donc nécessairement confrontée à  la concurrence, maintenant ou demain. Cela a une implication importante : aucune entreprise ne peut être pensée de manière statique. Le monde change, les savoirs progressent, de nouveaux acteurs arrivent sur le marché. Les activités d’une entreprise donnée, disons l’entreprise 1, sont donc par nature à  la fois durables, et changeantes. Comme dans toute activité humaine, penser le permanent et le changement en même temps reste un véritable enjeu. Certains ont rapproché cette situation de l’hypothèse de la Reine Rouge (nommée d’après Lewis Carroll), mais je trouve qu’il y manque la notion de progrès. Bref, c’est un autre sujet.

    Fonction Innovation

    Le schéma qui suit tente de résumer cela dans une image, réductrice forcément, mais qui donne les grandes lignes. J’y ai positionné plusieurs entreprises en concurrence pour servir des clients. Et j’ai fait l’exercice de montrer ce qu’est la fonction innovation pour une entreprise.

    Nous rentrerons plus en détail dans le prochain article avec les notions de conception réglée et conception innovante (indispensables pour penser l’innovation). Je crois que le coeur du sujet de l’innovation, c’est de toujours challenger les activités actuelles pour mieux servir les clients, mieux remplir la mission. Les activités évoluent souvent, la mission reste comme un phare qui guide les choix stratégiques. Les innovateurs rappellent en permanence dans l’entreprise que la mission n’est pas identique à  l’activité. Les activités sont le moyen actuel pour remplir la mission. Les challenger en permanence, de manière bienveillante, c’est le travail de l’innovateur. Un article de cette série, le #4, reviendra sur la mission, et la transformation.

    Penser ce(s) dialogue(s), les organiser, est le fond de la question de l’innovation : articuler exploitation et exploration, combiner le « maintenant » qui rapporte, et le « demain » qui sera nécessaire, conjuguer gestion des risques et structuration de l’inconnu, parler de ce qui peut être conflictuel dans les choix stratégiques. Et assumer des stratégies en apparence paradoxales.

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  • L’innovation pour les nuls #1 – Définition

    L’innovation pour les nuls #1 – Définition

    J’ai la chance de travailler dans le domaine de l’innovation depuis un certain temps. Je me suis dit qu’il serait donc utile de structurer un peu mes connaissances sur le sujet. J’espère pouvoir apporter un peu à  certains, et profiter du feedback, y compris critique, de quelques autres. J’ai choisi de faire plusieurs articles pour traiter de plusieurs sujets différents, en relation avec l’innovation. La définition est la première étape.

    Définition de l’innovation

    Commençons par le début. Qu’est-ce que l’innovation ? La définition (je vous conseille d’utiliser le très bon Trésor de la Langue Française Informatisé) montre dès le début la complexité du sujet : l’innovation est à  la fois un processus, et le résultat de ce processus.
    La racine du mot est également intéressante : in-novation. Introduire du neuf dans quelque chose qui a un caractère bien établi. Nous reviendrons sur le processus dans un autre article. Parlons du résultat. Une innovation, c’est quelque chose de nouveau (plus ou moins), qui est confronté à  l’usage que l’on peut en faire. Ce qui distingue l’innovation de la pure invention. Une innovation n’est pas « juste » une bonne idée, mais sa mise en oeuvre. Là  où l’invention peut rester dans la tête de son créateur, ou sur un papier, l’innovation est proposée à  un « marché » de potentiels utilisateurs. Il suffit de regarder les images qui sortent dans Google images pour la requête « innovation » pour voir que cette distinction n’est pas très bien faite en termes d’imaginaires). Une innovation peut être réussie (être utilisée) ou pas. On trouve sur Wikipédia (article innovation) cette définition, attribuée à  Patrick Brezillon, que je trouve assez juste :

    L’innovation est la concrétisation d’une idée nouvelle que s’approprie un public car correspondant à  ses besoins ou attentes explicites ou insoupçonnés jusqu’alors.

    Ajout grâce à  Klodeko en commentaire : une autre plus concise que j’aime bien :

    Quelque chose de nouveau qui a un impact

    Il est d’usage de distinguer les innovations produits/services, de procédés, de commercialisation et d’organisation. On peut raffiner ; deux ouvrages, parmi d’autres, m’ont paru intéressant à  ce titre :

    • La pensée Design, excellent livre qui explique ce qu’est l’approche design, avec notamment le fameux triptyque que j’ai utilisé pour illustrer cet article (image piquée sur Dius)
    • Ten Types of innovation, qui distingue 10 catégories/champs dans lequels on peut innover

    Quelle que soit la manière de découper cela, il apparaît que proposer une innovation (avec le travail que cela implique de conception, expérimentation, production, commercialisation) est toujours pour l’entreprise qui le fait une activité qui inclut une transformation. Soit parce qu’une nouvelle activité se créé de toute pièce, soit parce que l’innovation force l’entreprise existante à  transformer, plus ou moins, ses activités, les compétences qu’elle mobilise, etc…
    Pas d’innovation sans transformation, donc.

    Le prochain article sera consacré à  cette transformation, et aux liens entre la mission de l’entreprise et l’innovation. En effet, il est important d’expliquer pourquoi les entreprises doivent entretenir des capacités d’innovation, et comment ces capacités, transformantes, questionnent la mission de l’entreprise.

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