Deux nuits de violences. Deux nuits d’affrontements dans les zones de non-droit. On a la lourde impression d’un recommencement à l’identique. Doigt pointé sur la Police, certains n’hésitent pas à jeter de l’huile sur le feu (médias ou associations), pour des raisons communautaristes, et de bien pensance. Que tout cela est grave…
(suite…)
Étiquette : Politique
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On prend les mêmes et on recommence ?
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Interview d'Alain Boyer
Alain Boyer est professeur de philosophie politique à la Sorbonne, spécialiste de Karl Popper. Issu d’un milieu d’extrême gauche, il connait très bien la philosophie des idées politiques de l’extrême gauche au libéralisme. Début de la publication d’une interview « fleuve », qui donnera lieu à des billets réguliers. Cette interview est exceptionnelle, parce qu’Alain Boyer est quelqu’un d’exceptionnel ! Grande gentillesse, grande culture, clarté des idées : je ne peux que vous inviter à la lire, et à la commenter !
Ca y est ! J’ai presque terminé de transcrire l’interview d’Alain Boyer, professeur de philosophie politique à la Sorbonne, et j’ai donc commencé à lui envoyer, pour validation, les premiers morceaux de cette interview. J’ai déjà raconté ailleurs les circonstances de notre rencontre, je n’y reviens pas. Elle a duré 3 h, et cela donne, une fois retranscrit à l’écrit, une vingtaine de pages dans un éditeur de textes. Pas question de tout publier d’un coup, donc ! La première partie sera publiée vendredi, et je pense continuer à publier les différents morceaux chaque vendredi. Je mettrais cet article à jour au fur et à mesure en rajoutant des liens vers les différentes parties de l’interview. Vous êtes donc ici sur la porte d’entrée pour l’interview d’Alain Boyer. Les questions abordées tout au long de l’interview sont la politique, la philosophie politique, Sarkozy, la gauche française, l’islam, Popper, entre autres. J’ai pris énormément de plaisir à rencontrer Alain Boyer, et j’espère que vous en prendrez à lire son interview !
Articles de l’interview
Les articles produits à partir de l’interview sont les suivants :
Première partie (en ligne) : parcours politique d’Alain Boyer, de ses débuts dans une famille de syndicalistes anti-totalitaires, en passant par les groupes d’extrême gauche en mai 68, jusqu’au PS de Michel Rocard en 1974.Deuxième partie (en ligne) : Suite du parcours. Réflexions sur le PS, l’économie de marché, le libéralisme, et les problèmes qu’a la gauche actuelle avec tout cela !
Troisième Partie (en ligne) : Dans cette partie, Alain Boyer nous donne son point de vue sur le PS, sur le positionnement politique de Sarkozy (libéral ? pas libéral ?), et sur les réformes en cours.
Quatrième Partie (en ligne) : Dans cette partie, Alain Boyer nous explique l’histoire (et le fond) de son article de soutien à Sarkozy, paru dans le Figaro entre les deux tours de l’élection présidentielle.
Cinquième Partie (en ligne) : Alain Boyer y décrypte son sujet de cours sur la tyrannie, pour mieux aborder la démocratie, les droits de l’homme, et les valeurs fondamentales qui seront toujours à défendre. Contre les extrémistes de tout poil.
Sixième Partie (en ligne) : Sont abordés ici, les questions épineuses des religions, de leur rapport avec la démocratie, et en particulier l’Islam (à suivre dans la prochaine)
Septième Partie (en ligne) : suite de la discussion sur l’Islam et les grandes religions monothéistes.
Huitième Partie (en ligne) : On aborde Karl Popper, la science, la métaphysique…
Neuvième Partie (en ligne) : Suite de la précédente, Alain Boyer raconte sa rencontre avec Karl Popper, les apports de ce dernier en philosophie politique. Au programme : démocratie, libéralisme, totalitarisme, utilitarisme : passionnant et clair !
Dixième Partie (en ligne) : Toujours à propos de la pensée de Karl Popper, nous abordons le marxisme, le rationalisme, le commerce, l’écologie. C’est l’avant dernier morceau de la série !
Onzième et dernière partie (en ligne) : Les réformes de l’enseignement supérieur, et le sentiment d’Alain Boyer sur la possibilité de réformes en France. Cette partie clôt l’interview. Bonne lecture !
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Lettre ouverte d'un greviste aux citoyens
Nous allons faire grève. Pour défendre notre bout de pain. C’est ça, la société individualiste ! Chacun défend son petit pré carré, et puis voilà . Ce n’est pas tellement notre vision du monde, mais puisqu’il faut s’adapter : nous nous adaptons. Le système nous a régulièrement, et depuis longtemps, envoyé un signal clair que nos grèves permettaient de conserver nos avantages : pour quelle raison absurde agirions-nous autrement ? La solidarité, l’intérêt général sont des utopies sociales mises en place pour endormir les citoyens. Nous, nous savons que chacun défend son intérêt personnel, et celui de sa corporation, de sa classe.
L’argent du contribuable, votre argent, qui sert à nous payer, est le symbole de cette relation. Vous nous payez pour assurer un service. Vous êtes donc nos employeurs. Quoi de plus logique, pour une grêve, que de viser à ennuyer son employeur ? C’est le principe même de la grêve, non ? Nous n’avons que faire des millions de gens qui vont passer des heures dans les transports, en voiture, à vélo, pour arriver pas trop en retard à leur travail. Nous n’avons que faire de leur vie de famille. Chacun sa croix.
Nous savons que certains libéraux vicieux mettront en avant le fait que les clients ont payés un service, et qu’il est donc normal de le rendre. Ils qualifieront cela de vol. Ils prétendront que nous devrions rendre ce service, et laisser tomber nos privilèges. Au motif qu’un privilège est toujours un abus de pouvoir, une spoliation. Ils prétendent – les fous ! – que la Loi devraient être la même pour tout le monde. Mais nous savons, nous, que la Loi n’est pas la même pour tous : certains naissent riches, et d’autres pauvres. Ils nous disent qu’il ne faut pas confondre l’égalité devant la Loi, et l’égalité dans les faits. Nous ne confondons pas les deux. Nous avons simplement compris qu’il suffit d’avoir un loi spéciale pour nous, pour pouvoir – de fait – tirer son épingle du jeu. Nous avons réussi à mettre en place un système dans lequel nous vivons au dépend des contribuables, avec leur argent, en ayant des conditions de travail meilleures, et nous devrions avoir la bêtise de lâcher cela ? Au nom de quoi ? Nos enfants payeront pour nous nos retraites ; il n’est pas nécessaire de se projeter dans l’avenir.
De toute façon, nous ne sommes pas responsables : ce sont les politiques qui le sont. De droite comme de gauche, ils ont cautionné ce mode de fonctionnement « ancien régime ». Ils essayent maintenant de changer la donne. Nous savons que la société ne s’organise pas autour d’un droit commun, mais sur la base de rapports de force entre les classes. Nous nions l’existence des individus ; nous croyons dans la lutte des classes. Et nous serons les plus forts, même minoritaires, parce que nous avons une arme que vous n’avez pas : on vous emmerde !
Pour ceux que tout cela exaspère, j’ai trouvé grâce à jmj arras un appel de l’association Liberté Chérie pour faire une contre-manif dimanche prochain. Je passe l’info, mais je ne m’y associe pas : je ne supporte plus toutes ces manifs qui sont le symbole que notre démocratie a depuis longtemps faussé ses règles du jeu. Ce n’est pas la rue qui décide, ce sont les urnes. Ou alors, qu’on me l’explique clairement : nous ne sommes plus en démocratie…Mais qui s’en soucie ? Sinon, il y a plein d’infos intéressantes chez Damoclès. -
Libéralisme et constructivisme
Retour sur les idées présentées au début de l’excellent bouquin de Pascal Salin « Libéralisme ». Où l’on apprend la différence entre libéralisme et constructivisme, et que notre société française est majoritairement sous le signe du constructivisme. Les sources idéologiques du constructivisme y sont détaillées avec clarté et vigueur : égalitarisme, absolutisme démocratique et scientisme. Je sais dès à présent que ce livre sera très enrichissant, et j’ai envie de partager les réflexions qu’il m’inspire avec vous.
Les livres et moi
J’ai un problème avec les livres : j’adore ça ! J’ai toujours plus ou moins 2 ou 3 livres en cours simultanément. Selon la facilité de lecture, selon mes envies du moment, je passe de l’un à l’autre. J’ai presque fini l’excellent bouquin « Les prêcheurs de l’Apocalypse » de Jean de Kervasdoué (CNAM). J’ai été stoppé net dans ma lecture parce qu’ai reçu ma commande de deux bouquins de Pascal Salin : « Libéralisme » et « Français, n’ayez pas peur du libéralisme« . Je n’ai pas pu résister, hier soir, et je me suis plongé avec délectation dans « Libéralisme ». C’est écrit clairement, c’est puissant, et je sens déjà que ce livre sera marquant, intellectuellement parlant. Il y a des livres comme ça, qui prennent presqu’autant de valeur qu’une rencontre avec quelqu’un (et c’en est une d’ailleurs).
Les quelques précisions que Pascal Salin donne dès le début sont très éclairantes, et je voudrais les partager avec vous (il y aura, je pense, plusieurs autres billets consacrés à ce bouquin merveilleux). La distinction apportée par Alain Boyer entre morale de responsabilité et morale de conviction avait été super enrichissante, et bien plus structurante que la traditionnelle scission gauche/droite, dont le sens n’est pas net. Pascal Salin commence par distinguer le libéralisme et le constructivisme (c’est l’objet de cet article), et enchaine sur la distinction entre libéralisme « humaniste » et libéralisme « utilitariste » (ce sera l’objet d’un deuxième article). Cette distinction entre « individualisme ou libéralisme » et « constructivisme » a été proposée par Friedrich Hayek.Libéralisme et constructivisme
Le libéralisme est fondée sur la liberté individuelle, et sur le droit qui garantie cette liberté individuelle à tous. La société est, selon les vues libérales, libre d’évoluer au gré des initiatives des individus, et il n’est donc pas possible de la construire de toute pièce. En cela, le libéralisme et le constructivisme sont incompatibles : le constructivisme, en effet, consiste à vouloir construire la société en fonction de valeurs et de la place qu’on veut donner à telle ou telle catégorie de citoyens. Le libéral s’oppose à cette vision parce que la seule entité raisonnable pour réfléchir est l’individu.
[…] le libéral est, selon les propres termes de Friedrich Hayek, celui qui « laisse faire le changement, même si on ne peut pas prévoir où il conduira ». Il implique, par conséquent, une confiance dans les capacités des personnes à s’adapter continuellement à des conditions changeantes et toujours imprévisibles.
Pascal Salin, fort de cette distinction, explique qu’en France la quasi-totalité des hommes politiques (de droite comme de gauche) est constructiviste. Que l’on soit réformateur, ou conservateur, on peut être constructiviste. Dans un cas on veut changer le système, dans l’autre on veut le maintenir, et dans les deux cas il s’agit de vouloir construire la société.Sources du constructivisme
Pascal Salin détaille les sources de la prégnance très forte du constructivisme en France :
- Egalitarisme :
Il existe en effet deux notions différentes de l’égalité, l’égalité des droits et l’égalité des résultats. La première inspirait la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 («Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits», phrase qui était cependant immédiatement suivie d’une autre dont l’inspiration était plus collectiviste : « les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune») ; mais c’est la seconde notion qui est devenue dominante et elle est d’ailleurs formellement affirmée dans la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, qui reconnaît toutes sortes de «droits à » (droit au travail, à la Sécurité sociale, etc.). La première notion est manifestement libérale et individualiste, puisqu’elle consiste à reconnaître l’égale dignité de chacun, mais à le laisser libre de développer son propre destin à partir du moment où ses droits sont déterminés et respectés. La seconde est un pur produit du constructivisme, puisqu’elle consiste à penser que l’on peut interférer avec les résultats de l’action humaine et imposer une répartition des richesses conforme au modèle décidé par les détenteurs du pouvoir, en donnant a priori à chacun des droits sur l’activité d’autrui.
Ce faisant, on crée, au nom de l’égalitarisme, de nouvelles inégalités, par exemple celles qui existent entre ceux qui vivent de leurs propres efforts et ceux qui profitent de la contrainte organisée ; ou encore entre ceux qui ont accès au pouvoir politique, instrument supposé de l’égalitarisme, et ceux qui en sont écartés. - Absolutisme démocratique :
Le caractère démocratique d’un pays ou d’une institution quelconque est devenu le critère d’évaluation prioritaire. […]
L’extension de cet absolutisme démocratique va évidemment de pair avec une méfiance très grande à l’égard des solutions de marché et c’est pourquoi on s’achemine bien souvent vers la recherche de solutions de type collectiviste où la négociation et le «dialogue », par l’intermédiaire de représentants démocratiquement élus, sont censés conduire à un consensus. C’est l’illusion de la convergence des intérêts, non pas entre les individus – ce que seul le marché permet de réaliser – mais entre les groupes organisés.
Le résultat de cette conception de la vie sociale est évidemment le corporatisme qui, étrangement, a conduit la France d’aujourd’hui à ressembler à la France de l’Ancien Régime. Cette ressemblance n’est d’ailleurs pas le fruit du hasard. Elle est seulement le résultat d’une conception de la vie sociale où la source de tout pouvoir réside non pas dans les individus, mais dans la sphère politique. De ce point de vue, il importe relativement peu que le pouvoir politique soit de nature monarchique ou démocratique. Aucun pouvoir en effet n’a les moyens d’organiser la cohérence des besoins individuels, il ne peut qu’agir grossièrement en plaçant les individus dans des catégories, professionnelles, religieuses, ou sociales, en prétendant reconnaître l’existence d’intérêts catégoriels et en organisant centralement leur coexistence. Comme nous le verrons constamment, l’État crée des abstractions collectives – par exemple les intérêts catégoriels -, il prétend qu’ils existent par nature et qu’il est évidemment le seul à pouvoir les organiser de manière à assurer la cohésion sociale, puisqu’il s’agit d’«intérêts collectifs».
Cette conception collectiviste de la société conduit naturellement à la politisation de la vie quotidienne. Tout est le résultat des luttes pour le pouvoir, qu’il s’agisse de la santé, de l’éducation ou de l’activité entrepreneuriale. Mais parce qu’elle ignore les besoins individuels, aussi bien que les informations individuelles, cette conception, loin de conduire à l’harmonie, est source de frustrations et d’envies insatiables. Lorsque les choix quotidiens de votre vie sont essentiellement effectués par d’autres que vous, même si ceux qui décident sont censés être vos représentants, vous devez soit subir leurs décisions, soit vous lancer dans un combat épuisant et inégal pour essayer d’exprimer et de faire comprendre la réalité de vos besoins. - Scientisme ou illusion du savoir :
Le constructivisme repose sur un formidable orgueil intellectuel : pour vouloir modeler la société à sa guise, il faut évidemment supposer à la fois que l’on connaît les objectifs de ses membres – comme si l’infinie diversité de ces objectifs individuels pouvait faire l’objet d’un processus réducteur de synthèse globale – mais aussi que l’on connaît les meilleurs moyens d’y arriver, c’est-à -dire que l’on a une connaissance parfaite des processus d’interactions complexes qui composent une société. […]
Tous ces constructivistes veulent plier la réalité à leurs désirs, par des moyens nécessairement illusoires, puisqu’ils n’ont pas la connaissance, mais seulement la prétention de la connaissance. Aussi, pour poursuivre leurs desseins, mobilisent-ils toutes les théories-alibis de notre époque, toutes celles qui semblent parer leurs actes d’une couverture scientifique.
En réalité, cette approche est non pas scientifique, mais scientiste, c’est-à -dire qu’elle prend l’apparence habituelle de la science, par exemple son caractère mathématique, mais elle ne répond pas à ses exigences méthodologiques fondamentales.
Voilà . Pour un début de livre, je trouve ça passionnant, clair, lucide et raisonnable. Pour ceux que ça intéresse, le texte du début du livre (celui qui distingue Libéralisme et constructivisme) est disponible intégralement sur Catallaxia. Dire que je vous conseille d’aller le lire est un euphémisme. En conclusion, la fin du chapitre :
Comme le disait, je crois, Julien Freund, le libéral se doit d’être tolérant avec les hommes et intolérant avec les idées, en ce sens qu’on ne peut pas admettre qu’une idée et son contraire soient également et simultanément vrais, mais les hommes sont tous également dignes de respect. En France, c’est le contraire qui prévaut sur la scène politique : on est intolérant avec les hommes et tolérant avec les idées. - Egalitarisme :
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Ceux qui ne veulent pas compter
J’ai entendu l’autre jour un débat où il était question de la réforme de la carte judiciaire. Regrouper des tribunaux pour mutualiser les moyens, en gros. Optimiser le fonctionnement de la justice. Certains opposants (avocats, magistrats) critiquaient la réforme portée par Rachida Dati, au motif que c’était une réforme comptable, qui laissait de côté l’aspect humain. Certains mêmes décrivaient la méthode de Mme Dati comme une méthode « brutale ». On voit bien la critique qui est sous-entendue là : toujours critiquer la méthode pour ne pas parler du fond. Comme les syndicats. Heureusement, le député UMP Georges Fenech était présent pour défendre l’action de rénovation du gouvernement, et a finalement expliqué que tous ces arguments ne portaient jamais sur le fond, mais visaient plus à défendre les intérêts de corporations, et/ou de maires soucieux de conserver « leurs » tribunaux à quelques mois des élections. Il a dû réaffirmer que le gouvernement ne visait pas « à démanteler la Justice » (ce dont l’accusait une femme dont j’ai oublié le nom), mais à optimiser son fonctionnement, et à casser les conservatismes. C’est pour cette raison, selon lui, que la réforme n’a pas été redescendue au niveau local (régions, département). Un des intervenants expliquaient en effet qu’il aurait fallu laisser les gens qui connaissent les dossiers sur le terrain décider de quel tribunal doit ou pas être fermé. Georges Fenech a répondu à cet argument – plutôt raisonnable à première vue – que c’était justement le meilleur moyen pour que chacun s’accroche à « son » tribunal et finisse par conclure que la réforme est bonne, mais pas dans sa ville.
J’aurais bien voulu également que quelqu’un souligne que critiquer l’aspect « comptable » d’une réforme est un peu ambigu. Rappelons la définition de « comptable ».Définition :
En parlant d’un personne, il s’agit de quelqu’un qui doit des comptes, qui responsable. En parlant d’une chose, cet adjectif désigne tout ce qui sert à tenir, ou qui fait partie, d’une comptabilité, et ce qui déterminé par les techniques comptables. Rajoutons pour finir que l’étymologie vient de « contable » (XIIIe s.) « que l’on peut compter ».Je trouve ça plutôt sain, pour ma part, que les réformes soient comptables : ça fait des années que les politiques utilisent l’argent du contribuable sans compter, justement, et il est temps que ça cesse. Etre dans une logique comptable, c’est aussi et surtout chiffrer ce qu’on veut faire, porter le débat sur des choses objectives et non pas sur des questions idéologiques ou sur des procès d’intention.
Par ailleurs, si pour que l’on puisse réformer, il est nécessaire d’aller interviewer chaque juge, chaque avocat, chaque greffier, et lui demander son avis sur la question, alors cela veut dire que la réforme est impossible. L’aspect comptable, justement, permet de connaitre quels sont les nombres de dossiers par juge, les nombres de juges et de tribunaux par habitant selon les régions et les villes, le temps moyen de traitement des dossiers, etc., tous ces éléments enfin qui permettent bien mieux que des grands discours de cerner la réalité concrète et objective. Combien de tribunaux doit-on fermer pour que chacun de ceux qui restent se retrouve dans une meilleure situation pour dispenser à chaque citoyen une justice de qualité ? Voilà la logique comptable. La qualité de la Justice ne se mesure pas au nombre de kilomètre que l’on doit faire pour arriver au tribunal. C’est pourtant un argument avancé par ceux qui ne veulent pas « compter ». Il ne faut surtout pas compter l’argent public dépensé, mais on peut compter, par contre, les kilomètres. Il faut arrêter de se moquer du monde. -
Pourquoi je suis libéral
Petit rappel de la définition du libéralisme, et du découpage de l’échiquier politique que l’on peut faire en se plaçant sous l’angle de la place donné à l’Etat dans la gestion de la société. Mes raisons d’être libéral, en somme. Je ne suis pas libéral parce que ce serait la position la meilleure, mais parce que c’est ce dont nous avons besoin aujourd’hui.
Origine du debat
Suite aux échanges en commentaires d’un billet sur la taxation des stocks-options pour financer le trou de la sécu, une discussion est partie pour savoir si on peut être « anti-libéral ». Nicolas, tenancier de « Partageons mon avis », en a fait un billet où il affirme être anti-libéral.
En guise de réponse à son article, je voudrais exprimer ici ma position.Definition
Il est toujours utile de partir de la définition du dictionnaire avant de discuter.
Définition du libéralisme :- [Sur le plan moral] Attitude de respect à l’égard de l’indépendance d’autrui, de tolérance à l’égard de ses idées, de ses croyances, de ses actes.
- [Sur le plan politique ou socio-économique]
- a. Attitude ou doctrine favorable à l’extension des libertés et en particulier à celle de la liberté politique et de la liberté de pensée. En partic. Ensemble des doctrines politiques fondées sur la garantie des droits individuels contre l’autorité arbitraire d’un gouvernement (en particulier par la séparation des pouvoirs) ou contre la pression des groupes particuliers (monopoles économiques, partis, syndicats). Anton. autoritarisme
- b. Ensemble des doctrines économiques fondées sur la non-intervention (ou sur la limitation de l’intervention) de l’État dans l’entreprise, les échanges, le profit. Anton. dirigisme, étatisme, interventionnisme, planisme.
Je passe donc sur la dimension morale du libéralisme : sur cette aspect, nous sommes tous libéraux (je l’espère, du moins). Revenons donc sur la définition politique et socio-économique qui est à mon avis articulée sur la place que l’on donne à l’Etat.
Spectre des possibles sur la place accordee à l’Etat
On pourrait découper les choses en dix, pour reproduire toutes les positions particulières, mais il me semble que 4 grandes catégories suffiront pour décrire les différentes positions politiques vis-à -vis de la place de l’Etat.
- Communisme : tout passe par l’Etat. L’économie est planifiée, et la propriété privée restreinte à son expression minimum. On sait où cela mène : misère, totalitarisme politique, crimes. C’est le règne de big brother (l’Etat) qui pense pour ces citoyens, forcément modèles.
- Etatisme solidaire / Social démocratie : son nom anglo-saxon est « liberals ». C’est en gros la social-démocratie de la gauche européenne. La gauche française est encore un peu trop empétrée avec ses extrêmes pour s’en réclamer complètement. L’intervention de l’Etat est préconisée dans les domaines où le marché est créateur de problèmes. L’Etat accompagne les plus démunis pour les aider, et promouvoir une vraie égalité de droit (santé, éducation, chômages, revenus minimum, etc…)
- Libéralisme / Libertarianisme : Le libéralisme économique, prône une place restreinte de l’Etat : peu ou pas d’intervention de l’Etat sur le marché, et restriction des domaines d’action de l’Etat à ses grandes fonctions (Police, Justice, éventuellement éducation). Le libéralisme garde en ligne de mire la responsabilité individuelle : trop d’Etat nuit à ce que les acteurs de la société soient responsables (en bien comme en mal) de leurs actes. Les libertariens vont plus loin en prônant une restriction des missions de l’Etat à la Justice et au maintien de l’ordre.
- Anarcho-capitalisme : C’est le libéralisme poussé à l’extrême. L’Etat est supprimé, et le marché règne en seul régulateur de la société. Une ineptie théorique, car la liberté n’est garantie que par le droit. Plus d’Etat, plus de liberté : l’anarcho-capitalisme contient dans sa définition même une contradiction. Son application ferait disparaitre ce qu’il présente comme la valeur la plus haute.
Pourquoi je suis libéral
Balayons d’un revers de manche le communisme, et l’anarcho-capitalisme qui sont toutes deux des utopies dangereuses. Le communisme a déjà fait ses preuves, et j’espère que l’anarcho-capitalisme n’aura jamais l’occasion de le faire.
La vraie discussion concerne les deux attitudes modérées. Il n’y a pas lieu de choisir définitivement entre l’une ou l’autre : c’est la situation actuelle – analysée – qui doit permettre de guider l’action politique. Selon les pays, les époques, il faut introduire de la solidarité étatique, ou du libéralisme. En France en 2007, il faut introduire du libéralisme. Pas parce que le libéralisme serait « meilleur » que l’étatisme, mais simplement parce que nous suivons depuis longtemps une voie politique où l’état prend une place importante (pour des raisons morales – justifiées – de solidarité défendre les plus démunis), mais cette politique a finie par se retourner contre son but initial. L’aide généralisé aux plus démunis a conduit à créer une société où le chômage est important, où il devient parfois plus rentable de ne pas travailler que de travailler, où les plus riches et les plus entreprenants sont incités à partir ailleurs à cause d’une fiscalité dogmatique (on prend au riche pour donner aux pauvres). Si pour aider les chômeurs, on favorise le chômage, alors il faut se poser des questions.
C’est pour ça que je suis libéral ; pas par conviction, mais parce que c’est de ça dont notre société a besoin, maintenant. Et si dans 10 ans, j’ai l’impression que le besoin est de renforcer le rôle de l’Etat dans tel ou tel secteur, je le dirai volontiers. C’est plus une question d’équilibre, qu’une prise de position définitive : il importe, dans chaque situation, de savoir où on se situe par rapport à l’équilibre, et d’agir en conséquence.Restons moderes
Mettre en avant pour critiquer les libéraux, l’idiotie de l’anarcho-capitalisme, est aussi stupide que de critiquer la solidarité en rappelant les excès du communisme. Restons modérés pour faire avancer le débat. Il n’y a pas d’un côté les gentils, et de l’autre les méchants. Il y a deux positions, toutes deux défendables et utiles, qu’il convient de passer au crible d’une analyse de la réalité, des contraintes du moment, pour voir ce qu’elles peuvent apporter pour faire progresser notre société. En dehors de cette attitude, il s’agit de convictions portées à bout de bras sans les confronter avec la réalité, et on est alors plus proche de l’extrémisme que de la pensée politique. On peut introduire une dose de libéralisme, tout en étant attaché à la solidarité et à l’intervention de l’Etat. C’est cela qu’il faut rappeler, pour éviter que les opposants au libéralisme ne le caricaturent systématiquement.