Étiquette : Responsabilité

  • Les effets négatifs de la crise sont multiples

    Un des impacts non négligeables de la crise financière actuelle, c’est de faire le jeu de tous les interventionnistes, et de tous les anticapitalistes, qui l’utilisent comme un argument pour aller vers plus de règlementation, et plus d’intervention étatique sur les marchés financiers. Toutes les vieilles rengaines ressortent : échec du système américain, capitalisme immoral, anti-libéralisme…Un débat entendu hier sur BFM le montre très clairement. A nous de rester critiques, et de ne pas laisser dire des contre-vérités.

    Ce qu’il ne faut pas laisser dire

    J’ai écouté le « Grand Débat » BFM (animé par Nicolas Doze) dont le titre était « La fin du siècle américain ? ». Les intervenants étaient :

    • Jean-Philippe Immarigeon, avocat, chroniqueur dans la Revue des Défense Nationale, auteur de « American Parano » et de « Sarko l’américain » aux éditions Bourrin, et de « L’imposture américaine » à  paraître le 15 janvier 2009
    • Thomas Snegaroff, historien, co-auteur de « L’unité réinventée : Les présidents américains face à  la nation » aux éditions Ellipses
    • Jean-Marc Vittori, Editorialiste aux Echos, auteur du « Dictionnaire d’économie à  l’usage des non-économistes » aux éditions Grasset & Fasquelle.

    Le point d’accord fondamental qui s’est vite imposé dans la discussion, à  ma surprise, était que les USA sont « finis », économiquement, militairement, et qu’il va falloir repenser complètement le système du capitalisme. Ce point d’accord s’est construit sur la base de toute une clique d’arguments fallacieux, approximatifs et très dogmatiques. Voici une liste – non exhaustive – des arguments que j’ai pu noter dans l’émission en question (je renvoie vers les articles où j’ai déjà  traité de ces thèmes pour ne pas alourdir inutilement) :

    • Anti-américanisme primaire, palpable pendant le débat. On sentait une certaine jubilation chez certains…
    • L’échec est celui d’un système de société complet (notamment en mettant en avant les inégalités du système américain, et du capitalisme)
    • Utilisation de la panoplie rhétorique anti-libérale (l’utilisation, par exemple, du mot néolibéralisme est significative)
    • Mélange douteux d’anti-capitalisme et d’écologie normative (sur la base du raisonnement « Croissance = CO2 = danger pour la planète », raisonnement dont les bases scientifiques sont tout à  fait contestables)

    On est responsable de ce qu’on dit, et de ce qu’on laisse dire sans réagir.
    J’ai donc été très déçu par Jean-Marc Vittori, pourtant auteur d’un très bon éditorial l’autre jour, et qui a laissé dire tout cela, sans broncher, et même à  certains moments en apportant de l’eau au moulin des deux autres intervenants…

    Ce qu’il faut répéter

    Alors, il faudra bien répéter, sans se lasser, des vérités simples qui ont moins de place dans les médias nationaux. Vincent Bénard en rappelait certaines récemment dans un excellent billet :

    La crise actuelle n’est pas une crise du libéralisme, mais une faillite de l’intervention toujours croissante des états, et notamment l’état américain, dans leurs économies :

    1. Dans une société libérale, jamais l’état n’aurait créé un oligopole financier (Fannie Mae et Freddie Mac), forcé pour des raisons politiciennes de racheter en masse des prêts de qualité très médiocre, hors de toute considération économique.
    2. Dans une société libérale, jamais l’état n’aurait pu faire croire à  des pauvres qu’il les aidait en votant des lois obligeant les banques à  leur prêter de l’argent hors de tout critère habituel de prudence.
    3. Dans une société libérale, jamais les propriétaires installés n’auraient pu, via leurs mairies, ériger des barrières réglementaires toujours plus hautes à  la construction de nouveaux logements, par des lois de zonage qui ont fait exploser les prix immobiliers et artificiellement gonflé de 4000 milliards de dollars la bulle que l’on sait.
    4. Dans une société libérale, jamais les dirigeants de banques n’auraient cru pouvoir compter sur la garantie de l’état et sur l’argent du contribuable pour couvrir leurs fautes, sans payer à  titre personnel un prix très lourd pour leur irresponsabilité, voire leur malhonnêteté. Les établissements financiers auraient dû organiser d’eux-mêmes et sur leurs fonds propres la garantie des déposants des établissements déficients.
    5. Dans une société libérale, aucune administration, aucune majorité politique ne pourrait exonérer certaines entreprises (comme Fannie Mae, Freddie Mac et leurs dirigeants, ou certaines banques d’affaire) des obligations nées du droit commun sous prétexte que cela arrange tel ou tel politicien.
    6. Dans une société authentiquement libérale, les taux d’intérêts ne pourraient pas être manipulés par des élites déconnectées des réalités économiques. Le prix de l’argent ne pourrait être que le reflet de l’offre et de la demande de moyens de paiement, et ne pourrait indéfiniment rester artificiellement sur ou sous-évalués, limitant, voire empêchant la formation de bulles spéculatives.
    7. Dans une société libérale, le législateur se ferait un point d’honneur de ne pas taxer abusivement la réussite, ce qui permettrait de fonder notre développement sur la saine accumulation de capital, et non sur le développement de bulles de crédit successives.
    8. Tous ces facteurs qui ont déclenché, amplifié ou propagé la crise sont nés des interventions étatiques sur l’économie, les marchés financiers, le marché immobilier. Sans cette intrusion constante des états dans la vie des marchés les plus importants pour nos vies, la crise des subprimes n’aurait tout simplement jamais pu se produire.

    Pour en savoir plus sur la crise des subprimes : Dossier « subprimes » sur Objectif Liberté

  • Citation #99

    Eloge de la concurrence

    Dans un monde où la libéralisation des échanges est devenue une réalité, la réflexion sur le rôle de la concurrence s’est imposée comme une préoccupation majeure de notre époque. Ses avantages sont certes généralement reconnus, mais elle est également souvent critiquée. Devant les craintes que ferait naître une concurrence « excessive », on demande alors de la limiter, de la « réguler » (c’est-à -dire en fait de la réglementer). Certes, on peut comprendre certaines de ces craintes, car la concurrence n’est pas toujours facile à  vivre et, tout au moins si on en est le bénéficiaire, on préférerait parfois pouvoir développer ses activités à  l’abri de toute concurrence. Mais il faut bien évaluer la portée de ces appels à  la modération de la compétition. En effet, la concurrence prévaut sur un marché dans la mesure où tous les producteurs sont libres de proposer leurs produits et où, par ailleurs, tous les consommateurs sont libres de les acheter (ou de les refuser). Accepter la concurrence, c’est donc accepter la liberté d’agir ; limiter la concurrence, c’est limiter la liberté. C’est la raison pour laquelle, je pense que, par principe, « la concurrence est toujours bonne » : elle consiste, pour chacun, à  exercer sa liberté dans le respect de la liberté d’autrui.
    Dans un article récent des « Echos » (22 avril 2008), Angus Sibley me reproche cette position, qu’il trouve excessive, et il va même jusqu’à  dire que « la pagaille bancaire est une conséquence de la méchante philosophie des ultralibéraux » qui « prône la concurrence désentravée et féroce ». Il affirme que « les bonnes choses de ce monde deviennent nocives en excès », ce qui le conduit à  faire un parallèle entre la concurrence et les hormones thyroïdes dans le corps humain. Mais comparaison n’est pas raison. Ce parallèle ne nous apprend rien sur ce qu’est la concurrence et sur son rôle. […]
    Le respect de la liberté d’entrer sur un marché, pour un producteur comme pour un consommateur, est un principe absolu de nature morale. Le respect de la liberté d’entrer sur un marché, pour un producteur comme pour un consommateur, est un principe absolu de nature morale.Or un principe n’admet pas de compromis, il ne peut pas être plus ou moins valable. S’il est évident que la consommation de nourriture ou d’hormones thyroïdes ne doit pas être excessive, cela n’implique en rien qu’il faille imposer des limites à  un principe tel que celui de la liberté d’agir. Encore faut-il bien comprendre de quoi l’on parle. Lorsqu’on dit que la liberté d’agir ne doit pas rencontrer de limites, cela signifie qu’on ne doit pas limiter par la contrainte l’exercice de cette liberté. Mais il est par ailleurs évident que ce dernier rencontre une limite naturelle : la liberté d’agir d’un individu ne doit pas porter atteinte à  la liberté d’agir des autres.
    Il est aujourd’hui à  la mode de réclamer une « régulation » de la concurrence, à  cause de ses excès supposés et de la responsabilité qu’on lui attribue, à  tort, dans l’instabilité économique et financière. Or il serait tout d’abord plus correct de parler de « réglementation » que de « régulation », car c’est bien cela que l’on invoque en fait. Mais c’est oublier que la meilleure régulation est assurée, précisément, par la liberté et la concurrence, c’est-à -dire un système où les individus adaptent continuellement leurs décisions à  celles des autres. Bien sûr, le résultat de ces processus d’interdépendance n’est jamais parfait, car les êtres humains ne sont pas parfaits et ils ne possèdent pas la connaissance absolue. C’est pourquoi il ne faut pas comparer les résultats du fonctionnement d’un système Il est absurde de vouloir confier à  quelques personnes la tâche d’imposer aux autres de manière arbitraire des limites à  l’exercice de leur libertéde libre concurrence à  ceux, supposés, d’un système idéal qui ne peut pas exister, où l’instabilité n’existerait pas et où l’information serait éternellement parfaite.
    Mais, de manière similaire, les « réglementeurs » – et non les « régulateurs » – auxquels on fait appel n’ont pas non plus la connaissance absolue. Il est même certain que les détenteurs du pouvoir de contrainte légale et réglementaire n’ont qu’une information infiniment petite par rapport à  celle qui est continuellement créée par des millions d’individus. Comment peut-on manquer de logique au point de prétendre que des hommes libres risquent d’abuser de leur liberté et de supposer par ailleurs que ces autres hommes chargés de les contrôler ne risquent absolument pas d’abuser de leur propre liberté ? Pourtant, cette dernière ne comporte aucune limite naturelle, puisqu’elle est en fait une liberté sans principe, sans régulation, la liberté de contraindre autrui ! Il est donc absurde – mais aussi immoral – de vouloir confier à  quelques personnes la tâche d’imposer aux autres de manière arbitraire des limites à  l’exercice de leur liberté. Oui, cela est certain, il n’y a rien de mieux que la concurrence et la liberté d’agir.
    Pascal Salin, Eloge la concurrence, Les Echos (30/04/2008)

  • Radical ou Dogmatique ? Cohérent !

    C’est un sujet difficile, mais qui me tient à  coeur. Dans beaucoup de discussions avec des gens intelligents, si vous vous accrochez un peu trop à  un principe, ils finissent par vous cataloguer comme étant un « idéologue », un « radical », voire un « dogmatique ». Ceux là  bien sûr, se pensent comme des pragmatiques (ils le sont d’ailleurs). J’ai longtemps pensé que le pragmatisme était la seule manière intelligente de raisonner. Mais ça n’est pas si simple.
    (suite…)

  • Pascal Salin parle de la crise

    Je ne saurais trop vous conseiller d’aller lire la tribune de Pascal Salin, publiée aujourd’hui dans Les Echos. Il y revient sur la crise financière actuelle, et en explique les causes et les ressorts. Extraits.

    …ou l’échec d’un Etat pas assez libéral

    La crise financière actuelle est l’occasion pour beaucoup de commentateurs de chanter le refrain habituel sur l’instabilité chronique du capitalisme et sur la nécessité d’un renforcement de la réglementation des marchés que l’on appelle d’ailleurs, de manière erronée, une régulation des marchés financiers. Tel fut d’ailleurs le credo affirmé par le président français dans son récent discours de Toulon. C’est pourtant une leçon toute différente que l’on devrait tirer de la crise actuelle, à  savoir que la meilleure régulation passe par le libre fonctionnement des marchés et non par leur réglementation. La cause essentielle de cette crise provient en effet de l’extraordinaire variabilité de la politique monétaire américaine au cours des années récentes. Or celle-ci est bien évidemment décidée par des autorités publiques et non déterminée par le marché. […] Or les conséquences néfastes de cette politique ont été aggravées par plusieurs phénomènes. Tout d’abord, le sens de la responsabilité à  l’égard du risque est émoussé parce qu’il est implicitement admis que les autorités publiques ne laisseraient pas se produire des faillites importantes en cas de difficultés (ce que confirme en partie le comportement actuel des autorités américaines). En particulier, les deux grands pourvoyeurs de crédits « subprime », Fannie May et Freddie Mac – initialement créés par l’Etat américain – bénéficiaient de garanties étatiques privilégiées qui les ont conduits à  prendre des risques très excessifs.
    Après être revenu sur la règlementation financière, et ses effets pervers, Pascal Salin conclut :
    Dans le monde capitaliste du XIXe siècle, plus stable que le monde financier actuel, le crédit bancaire résultait des décisions des actionnaires des banques. Dans l’univers étatisé de notre époque, c’est le contraire qui se passe. On impose arbitrairement un ratio de fonds propres qui ne fait que mimer un vrai monde capitaliste, mais cela conduit à  l’apparition de bulles financières. Les établissements de crédit maximisent le montant de leurs crédits et essaient ensuite par des manipulations de présenter un ratio de fonds propres conforme à  la réglementation. Une réglementation qui impose un résultat ne remplacera jamais le libre jeu des décisions d’êtres humains responsables (c’est-à -dire capitalistes). C’est pourquoi les appels constants lancés de nos jours en faveur d’une plus forte réglementation des marchés financiers ne sont pas fondés. Certes, on peut reprocher aux établissements financiers de n’avoir pas été plus prudents. Cela résulte des structures institutionnelles de notre époque que nous avons rappelées. Mais cela reflète aussi le fait que l’information ne peut jamais être parfaite : un système capitaliste n’est pas parfaitement stable, mais il est plus stable qu’un système centralisé et étatique. C’est pourquoi, au lieu de stigmatiser une prétendue instabilité du capitalisme financier, on devrait stigmatiser l’extraordinaire imperfection de la politique monétaire. On peut regretter que les managers des grandes banques n’aient pas été plus lucides et n’aient pas mieux évalué les risques qu’ils prenaient dans un monde où la politique monétaire est fondamentalement déstabilisatrice. Mais c’est précisément et surtout ce caractère déstabilisant de la politique monétaire que l’on doit déplorer. Arrêtons donc les procès faits à  tort au capitalisme et recherchons au contraire le moyen de libérer les marchés financiers de l’emprise étatique.
    Pascal Salin

  • Citation #91

    Il est temps de faire apparaître les véritables responsabilités. Ce n’est pas l’économie de marché, ni le Capitalisme qu’il faut rendre responsables des malheurs des années 1930; mais le monde de la politique, les bureaucrates, et tous ces économistes soi disant éclairés qui n’ont jamais compris que la gravité des cycles économiques est moins liée à  la logique des affaires elles-mêmes qu’à  la multiplication par les pouvoirs publics des entraves au fonctionnement des mécanismes économiques de régulation. Il est vrai que les fluctuations conjoncturelles font partie intégrante des mécanismes de l’économie de marché. Mais ces fluctuations ne se seraient jamais transformées en dépression si l’Etat ne s’en était pas mêlé. Il en fut ainsi en 1929, comme il en avait été lors des dépressions précédentes de 1837, 1873 ou de 1892: un examen attentif des événements qui précédèrent ces accidents montre que, contrairement à  la légende, ceux-ci n’ont jamais été le fruit d’un quelconque « laissez-faire », mais bien au contraire la conséquence d’attitudes irresponsables de la part des pouvoirs publics utilisant l’action économique et monétaire à  des fins spécifiques.
    Murray Rothbard (1926-1995)

  • Mohamed Sifaoui est toujours là  !

    Mohamed Sifaoui, musulman laïc et démocrate, et connu pour son courageux combat contre l’islamisme, a vu sa protection policière supprimée au début de l’année. Il s’est fait agressé dans la rue le 13 juin dernier, en plein Paris (11ème), par plusieurs islamistes. Choquant, et incompréhensible…
    (suite…)