Étiquette : Subventions

  • Faut-il supprimer les subventions aux médias ?

    Faut-il supprimer les subventions aux médias ?

    Notez bien que la question n’est pas : trouvez-vous indispensable qu’il y ait des médias ? Personne, je crois, ne doute de l’utilité de pouvoir s’informer librement. Pas de médias, pas de liberté d’informer ou de s’informer, ça veut dire dictature. Et pour pouvoir s’informer librement, il faut disposer d’un grand choix et d’une diversité de sources. C’est ce qu’on appelle le pluralisme. Si tous les médias racontent exactement la même chose, alors c’est qu’ils ne parlent plus du réel, et on retourne sur la dictature (c’est le journal du parti). Le réel, et c’est ce sur quoi les gens veulent avoir des informations, s’appréhende au travers de filtres cognitifs, et avec des points de vue particuliers. Il n’y a pas d’information objective.
    Non : la question posée ici est de savoir s’il est une bonne ou une mauvaise chose, pour que les médias fassent bien leur travail, de leur donner des subventions. J’ai listé ici des arguments pour ou contre (listes non-exhaustives, que vous pouvez compléter et discuter en commentaire), et un petit test vous permettra de répondre oui ou non à  cette question récurrente.

    Pour les subventions

    • L’activité médiatique d’information, consistant à  informer, analyser, enquêter, recouper est beaucoup moins rentable que la diffusion de films ou d’émissions de jeux. Sans soutien, une partie de l’offre d’information disparaitrait et on perdrait en pluralisme
    • Face aux géants des autres pays (américains notamment), il convient de soutenir de manière intelligente la production et les activités médiatiques françaises, notamment théâtre et cinéma. C’est la fameuse exception culturelle. La « culture » n’est pas un bien comme un autre.
    • En ne subventionnant pas la presse et les médias, ils seront à  la merci de grands groupes capitalistes, qui pourront faire pression en fonction de leurs intérêts sur les « bonnes » et les « mauvaises » informations

    Contre les subventions

    • Les subventions maintiennent sous perfusion des médias sans aucun lectorat, ou spectateurs. L’argent pris pour les soutenir est de l’argent qui n’est plus disponible pour d’autres activités (y compris la création d’autres médias, plus rentables). Un média qui réussit, c’est un média qui sait trouver des clients, dans un milieu concurrentiel, et être rentable. Au nom de quoi serait-ce une entreprise pas comme les autres ? Par ailleurs, les subventions sont accordées de manière plus ou moins arbitraires aux différents médias
    • Il y a plein de métiers différents dans le monde des médias (création, production, diffusion, etc.) : Aucun de ces secteurs d’activité ne fait parti des fonctions régaliennes de l’Etat.La culture, l’information, dans un pays libre, n’a rien à  faire dans le giron de l’Etat. C’est dans les dictatures, justement, que ces activités sont liées à  l’Etat
    • S’il fallait soutenir un secteur avec des subventions parce qu’y réussir est difficile, alors il faudrait soutenir l’ensemble des secteurs, ce qui implique des subventions dans toutes les activités, avec une armée de fonctionnaires pour gérer tout cela au moins mal.

    Petit sondage

    [yop_poll id= »1″]

  • A quoi sert le ministre de la culture ?

    Ministre de la culture. Rien que l’appellation est ridicule. Les différentes politiques culturelles mises en oeuvre depuis 1959 n’ont servi à  rien. La lettre de mission que Nicolas Sarkozy a adressé à  Mme Albanel le rappelle :

    En 1959, Malraux définissait ainsi les missions du nouveau ministère des affaires culturelles : « rendre accessible les oeuvres capitales de l’humanité, assurer la plus vaste audience à  notre patrimoine culturel et favoriser la création des oeuvres de l’art et de l’esprit qui les enrichit ». […]

    Les acquis de cette politique sont considérables : une offre foisonnante, des musées et des monuments rénovés, un cinéma rivalisant avec la production internationale. Ces succès ne doivent pas faire oublier les lacunes et les ratés : un déséquilibre persistant entre Paris et les régions, une politique d’addition de guichets et de projets au détriment de la cohérence d’ensemble, une prise en compte insuffisante des publics, et surtout l’échec de l’objectif de démocratisation culturelle. De fait, notre politique culturelle est l’une des moins redistributives de notre pays. Financée par l’argent de tous, elle ne profite qu’à  un tout petit nombre.

    […] Il vous revient de proposer les voies et moyens d’une politique culturelle nouvelle, audacieuse, soucieuse de favoriser l’égalité des chances, d’assurer aux artistes une juste rémunération de leur travail, de développer la création et nos industries culturelles, de s’adresser à  tous les publics.

    On retrouve la logique constructiviste de Malraux, cette logique qui a la prétention de croire qu’il est possible de piloter la production culturelle, sous toutes ses formes. Et qui veut faire croire qu’en perfusant le domaine de la culture avec de l’argent public on parviendra à  autre chose qu’à  un désastre. Si une oeuvre n’intéresse personne, au nom de quoi faut-il la subventionner ? Et si elle intéresse un public, comment croire qu’il n’y aura pas des producteurs suffisamment intelligents pour la produire et gagner de l’argent avec ?
    Il n’y a aucune justification morale ou politique à  ce que l’argent du contribuable serve à  « assurer aux artistes la juste rémunération pour leur travail », ou à  « développer les industries culturelles ».
    Et que je sache, ce n’est pas la France qui a produit Eternal Sunshine of the Spotless Mind, ou Little Miss Sunshine. Coltrane ou Madonna n’ont pas eu besoin de subventions pour travailler, créer des oeuvres originales, et convaincre leur public de les acheter.
    A quoi sert le ministre de la culture ? A rien.

  • Citation #96

    La vérité ne se décide pas à  la majorité des voix. La vérité est la vérité, elle se reconnaît. Mais cette vérité-là  ne peut pas elle-même être reconnue dans le monde hyperpolitisé et hypermédiatisé où nous vivons et où toute valeur disparaît au profit du nombre. C’est le nombre de ses fans qui fait de Loana une star plus que ses qualités intrinsèques. Et c’est le nombre de participants au sommet antilibéral de Porto Alegre ou au Forum des puissants de Davos qui permettent de focaliser l’attention des médias et des hommes politiques.
    […] Non, le Forum de Davos, les grandes entreprises multinationales, le FMI et la Banque mondiale ne sont pas l’expression ni même le symbole du capitalisme!
    N’est-il pas paradoxal, en effet, de faire du FMI ou de la Banque mondiale des symboles du capitalisme, alors qu’il s’agit là  d’organisations interétatiques ? Les ressources qu’ils distribuent ont nécessairement été produites par les efforts de personnes privées auprès desquelles elles ont été prélevées. Et elles sont essentiellement redistribuées à  des États et à  des organisations publiques, c’est-à -dire à  des personnes irresponsables, puisqu’elles n’engagent pas leurs propres ressources et qu’elles ne subissent pas la sanction de leurs erreurs. Car les habitants des pays pauvres ne sont pas les victimes du capitalisme mondial, ils sont bien au contraire les victimes d’un manque de capitalismeC’est ainsi que le FMI et la Banque mondiale ont gaspillé des ressources considérables, qu’ils ont incité une myriade d’autres organisations et États à  faire de même et qu’ils ont aidé à  se maintenir en place des régimes aussi nuisibles que corrompus. Car les habitants des pays pauvres ne sont pas les victimes du capitalisme mondial, ils sont bien au contraire les victimes d’un manque de capitalisme. Ce n’est pas sur les marchés mondiaux qu’il faut trouver la source de leurs maux, mais chez eux-mêmes: ce sont les États des pays pauvres qui les maintiennent dans la pauvreté en empêchant les initiatives privées, en spoliant les plus actifs, les plus courageux, les plus innovateurs, en détruisant la morale naturelle — si indispensable au développement — par le développement de la corruption.
    Qu’est-ce que le capitalisme en réalité?
    On fait également fausse route en ramenant le capitalisme à  la seule existence de quelques grandes firmes. Comme l’a si bien souligné l’auteur péruvien Hernando de Soto, dans de nombreux pays sous-développés on appelle capitalistes les propriétaires de grosses entreprises qui vivent en symbiose avec l’État, qui vivent de subventions, de privilèges, de protections douanières et qui, en retour, soutiennent les hommes politiques en place. Mais ils ne méritent pas le beau nom de « capitalistes », ni même celui d’entrepreneurs. Ils ne sont que des nomenklaturistes, des parasites sociaux, qui non seulement vivent aux dépens des autres, mais encore les empêchent de se développer. Les vrais capitalistes, ce sont tous ces hommes et ces femmes — qu’ils soient pauvres ou aisés, petits entrepreneurs, agriculteurs ou artisans — qui développent des trésors d’imagination pour survivre, imaginer, créer, en dépit des obstacles fiscaux, législatifs et réglementaires que leur opposent les détenteurs du pouvoir.
    àŠtre capitaliste, c’est se voir reconnaître la propriété du fruit de son travail, de ses efforts, de son imagination. Et toute la dignité de l’homme lui vient donc de sa capacité à  être capitaliste. Comment se fait-il alors qu’il soit si difficile de se dire favorable au capitalisme, d’en défendre les valeurs? On pourra voir un indice inquiétant des dérives intellectuelles de notre temps en considérant l’extraordinaire contraste qui existe entre, d’une part, le « battage médiatique » mondial qui entoure la rencontre de Porto Alegre — ainsi que, dans une moindre mesure, la réunion du Forum de Davos —, et, d’autre part, cette formidable initiative qu’a été, le 2 décembre dernier, la « marche pour le capitalisme » qui s’est déroulée dans une presque centaine de villes à  travers le monde. Cette « marche » — dont l’initiative revient non pas à  quelque « gros capitaliste », mais à  un chanteur des rues australien — est passée presque inaperçue, d’une part bien sûr parce que les organisateurs de ces différentes manifestations étaient loin de bénéficier des aides financières disponibles pour les autres, mais aussi parce que le silence médiatique a été presque total. Mais, répétons-le, ce n’est pas le nombre qui fait la vérité.
    Pascal Salin

  • Citation #83

    Les administrations ont une vision de l’économie qui peut être résumée en quelques mots : « Si ça bouge, taxez-le. Si ça continue à  bouger, réglementez-le. Si ça s’arrête de bouger, subventionnez-le. »

    Ronald Reagan (1911-2004), homme d’Etat et président américain