Étiquette : Vie

  • Le divin dans l’humain

    Le divin dans l’humain

    Je me suis laissé aller à  regarder quelques conférences sur TED. Quel plaisir ! Quel richesse, et quelle chance de pouvoir profiter des meilleurs conférenciers, gratuitement, traduits la plupart du temps.

    Et je suis tombé sur cette merveilleuse conférence d’Elizabeth Gilbert. Elle y parle de ses doutes sur son métier, de son rapport au travail, de son processus de création.

    Elle y parle de la différence entre la manière de penser des grecs et des romains – qui voyaient le génie comme quelque chose d’extérieur au créateur, une sorte de force ou d’être divin qui venait donner à  l’oeuvre son tour unique (le créateur a un génie) – et celle généralement acceptée de nos jours – où l’entièreté du génie est considérée comme étant le fruit de l’individu (le créateur est un génie). Le fait de placer l’humain au centre de l’univers, à  la renaissance, a mis un poids excessif sur le dos des créateurs, selon Elizabeth Gilbert.

    Elle conclut son exposé en évoquant la question du sens de tout cela, et cela m’a profondément ému : elle y dit, magnifiquement, et avec un point de vue différent, l’émotion de l’absurde que Camus avait chanté dans « Le mythe de Sisyphe ». Mélange de joie, de nostalgie, de rage, de peur et d’amour de l’humain. J’ai pleuré, à  la fin, sans vraiment savoir pourquoi, emporté par l’émotion sincère et vraie de la conférencière. Quelle grâce, quelle force, quelle générosité !

  • Equilibre instable

    Equilibre instable

    L’équilibre est une notion qui m’a toujours intéressé : je suis quelqu’un de calme, et je recherche l’équilibre. J’ai compris, et cela m’a pris du temps, que l’équilibre est quelque chose de dynamique, et non de statique. L’équilibre, pour un être vivant, n’est possible que dans l’action.

    Équilibre est synonyme d’activité.

    Jean Piaget (1896 – 1980) biologiste, psychologue, logicien et épistémologue suisse

    Il faut donc aussi équilibrer notre manière de recherche l’équilibre : ne pas vouloir atteindre un improbable équilibre stable, mais au contraire rechercher l’équilibre instable. Notre vie est une recherche d’équilibre instable. Nous devons nous mettre sans cesse en mouvement, agir, et dans le même temps conserver au mieux les équilibres.

    La vie, c’est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre.

    Albert Einstein (1879 – 1955) physicien théoricien allemand, puis helvético-américain

  • La mort est partout

    La mort est partout

    Dès le début, j’ai été captivé par le livre de Luc Ferry, « Apprendre à  vivre« . Il s’agit de philosophie, un peu vulgarisée, mais au niveau d’implication où je l’attends : de la philosophie non pas théorique et abstraite, mais de la philosophie à  vivre, qui est une réflexion sur la vie, et qui a pour ambition de permettre de « vivre mieux ».

    Une idée forte m’a séduite au tout début du livre, à  propos de la mort. J’ai toujours trouvé difficile de comprendre pourquoi l’idée de la mort est si présente dans nos vies, bien qu’on ne meure qu’une fois, et que le moment même de la mort n’est pas là . Luc Ferry explique que la mort n’est pas présente qu’à  un moment, mais dans plein de petites instants de nos vies, tous ceux qui ne seront jamais plus là . Le temps qui passe. « Never more », c’est le titre d’un poème d’Edgar Allan Poe (Le corbeau) que Luc Ferry cite pour illustrer son propos.

    Toutes ces joies vécues, une fois passées, renvoient à  l’idée de la mort. « Jamais plus ». Cette nostalgie est très forte chez moi. Quand je repense aux moments passés en famille, à  déguster du vin de Bordeaux, cet été, l’idée m’envahit que ces moments ne sont plus là , et ne seront plus jamais là . Je pourrais fondre en larmes en me plongeant dans cette nostalgie. Nostalgie, joie empoisonnée. Joie aussi, oui, car ces souvenirs sont des souvenirs de bonheur.

    Luc Ferry explique ensuite que si les religions sont une démarche vers le salut par un autre (Dieu, quelle qu’en soit la forme et la nature), tandis que la philosophie est une démarche vers le salut par nous-mêmes. Je suis frappé par une chose : parler de salut, comme le fait Ferry, et comme le fait également Comte-Sponville, est pour moi une chose étrange. Tant il me parait évident que Camus, sur ce point, avait raison : il n’y a pas de salut. Peut-être Ferry revient-il là -dessus plus loin dans le livre. C’est possible. Et peut-être qu’aussi, le sens que je donne au mot « salut » n’est pas le même que lui. On peut entendre par « salut » le fait de parvenir à  ne vivre que dans le présent, et en harmonie avec l’univers.

    Si l’on entend par éternité non la durée infinie mais l’intemporalité, alors il a la vie éternelle celui qui vit dans le présent.

    Ludwig Wittgenstein

    La sagesse consiste, à  mon sens, à  accepter qu’il n’y a pas de salut possible. Acceptation impossible, pour tout être désirant plus que tout vivre et survivre. C’est l’absurde de nos vies, le tragique. Et c’est ce qui en fait toute la valeur. Et toute la saveur, aussi.

  • Les paradoxes de l’absurde

    Les paradoxes de l’absurde

    L’absurde naît de cette confrontation entre l’appel humain et le silence déraisonnable du monde.

    Albert Camus (1913 – 1960) écrivain, philosophe, romancier, dramaturge, essayiste et nouvelliste français.

    Si vous n’êtes ni suicidaire, ni croyant, vous devez savoir ce qu’est le sentiment de l’absurde. L’absurde, si bien décrit et investigé par Albert Camus, est le sentiment lié à  notre statut d’être mortel, conscient de l’être, et néanmoins avide de sens. Il n’existe pas de sens absolu à  notre vie. Puisqu’au bout du chemin, nous mourrons, quoi qu’il arrive. On peut s’extraire de cette dure réalité en se suicidant, ou en inventant une vie après la mort, ce que font la plupart des croyants. Prise comme cela, la croyance est un suicide philosophique.
    Pour les autres, dont je suis, c’est l’absurde. Ce sentiment tragique fait partie de la vie. Mais il est moins insupportable qu’il n’y parait au premier abord. Si l’absurde détruit le sens, et l’espoir, il constitue aussi ce qui nous relie au monde. En effet, c’est aussi une source de liberté que de savoir qu’il n’existe pas de sens absolu. A chacun de chercher le sens qu’il veut donner à  sa vie.
    Si le sens absolu n’existe pas, alors chaque être humain est libre d’une certaine manière. Cela ne signifie pas que tout est permis, loin de là . Mais tout de même, c’est aussi une grande liberté de savoir que nous sommes les seuls juges – et les seuls responsables – de nos choix.
    Bien sûr, le bonheur prend un goût différent pour l’homme absurde. Mais je préfère le goût de la vérité à  la « joie empoisonnée » que constituent toutes les tentatives déraisonnables de rétablissement du sens absolu.

    Le bonheur suppose sans doute toujours quelque inquiétude, quelque passion, une pointe de douleur qui nous éveille à  nous-même.

    Alain (Emile Chartier, dit) (1868 – 1951) philosophe, journaliste, essayiste et professeur de philosophie français.

  • Citation #95

    Françoise DoltoLe seul péché est de ne pas se risquer pour vivre son désir.

    Françoise Dolto (1908-1988)

  • Si j'étais riche …

    Tas de biftonsEternelle discussion avec mes collègues ce midi : que feriez-vous de 130 millions d’euros ? Quasiment personne ne joue au loto parmi nous, mais tout le monde a toujours beaucoup d’idées pour dépenser l’argent ! Personnellement, je pense que je deviendrais quelqu’un de méprisable si je gagnais une telle somme. Et vous ?
    (suite…)