Auteur/autrice : BLOmiG

  • Citation #50

    Le bonheur suppose sans doute toujours quelque inquiétude, quelque passion, une pointe de douleur qui nous éveille à  nous-même.

    Alain

  • Libéralisme et constructivisme

    Retour sur les idées présentées au début de l’excellent bouquin de Pascal Salin « Libéralisme ». Où l’on apprend la différence entre libéralisme et constructivisme, et que notre société française est majoritairement sous le signe du constructivisme. Les sources idéologiques du constructivisme y sont détaillées avec clarté et vigueur : égalitarisme, absolutisme démocratique et scientisme. Je sais dès à  présent que ce livre sera très enrichissant, et j’ai envie de partager les réflexions qu’il m’inspire avec vous.

    Les livres et moi

    J’ai un problème avec les livres : j’adore ça ! J’ai toujours plus ou moins 2 ou 3 livres en cours simultanément. Selon la facilité de lecture, selon mes envies du moment, je passe de l’un à  l’autre. J’ai presque fini l’excellent bouquin « Les prêcheurs de l’Apocalypse » de Jean de Kervasdoué (CNAM). J’ai été stoppé net dans ma lecture parce qu’ai reçu ma commande de deux bouquins de Pascal Salin : « Libéralisme » et « Français, n’ayez pas peur du libéralisme« . Je n’ai pas pu résister, hier soir, et je me suis plongé avec délectation dans « Libéralisme ». C’est écrit clairement, c’est puissant, et je sens déjà  que ce livre sera marquant, intellectuellement parlant. Il y a des livres comme ça, qui prennent presqu’autant de valeur qu’une rencontre avec quelqu’un (et c’en est une d’ailleurs).
    Les quelques précisions que Pascal Salin donne dès le début sont très éclairantes, et je voudrais les partager avec vous (il y aura, je pense, plusieurs autres billets consacrés à  ce bouquin merveilleux). La distinction apportée par Alain Boyer entre morale de responsabilité et morale de conviction avait été super enrichissante, et bien plus structurante que la traditionnelle scission gauche/droite, dont le sens n’est pas net. Pascal Salin commence par distinguer le libéralisme et le constructivisme (c’est l’objet de cet article), et enchaine sur la distinction entre libéralisme « humaniste » et libéralisme « utilitariste » (ce sera l’objet d’un deuxième article). Cette distinction entre « individualisme ou libéralisme » et « constructivisme » a été proposée par Friedrich Hayek.

    Libéralisme et constructivisme

    Le libéralisme est fondée sur la liberté individuelle, et sur le droit qui garantie cette liberté individuelle à  tous. La société est, selon les vues libérales, libre d’évoluer au gré des initiatives des individus, et il n’est donc pas possible de la construire de toute pièce. En cela, le libéralisme et le constructivisme sont incompatibles : le constructivisme, en effet, consiste à  vouloir construire la société en fonction de valeurs et de la place qu’on veut donner à  telle ou telle catégorie de citoyens. Le libéral s’oppose à  cette vision parce que la seule entité raisonnable pour réfléchir est l’individu.
    […] le libéral est, selon les propres termes de Friedrich Hayek, celui qui « laisse faire le changement, même si on ne peut pas prévoir où il conduira ». Il implique, par conséquent, une confiance dans les capacités des personnes à  s’adapter continuellement à  des conditions changeantes et toujours imprévisibles.
    Pascal Salin, fort de cette distinction, explique qu’en France la quasi-totalité des hommes politiques (de droite comme de gauche) est constructiviste. Que l’on soit réformateur, ou conservateur, on peut être constructiviste. Dans un cas on veut changer le système, dans l’autre on veut le maintenir, et dans les deux cas il s’agit de vouloir construire la société.

    Sources du constructivisme

    Pascal Salin détaille les sources de la prégnance très forte du constructivisme en France :

    • Egalitarisme :
      Il existe en effet deux notions différentes de l’égalité, l’égalité des droits et l’égalité des résultats. La première inspirait la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 («Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits», phrase qui était cependant immédiatement suivie d’une autre dont l’inspiration était plus collectiviste : « les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune») ; mais c’est la seconde notion qui est devenue dominante et elle est d’ailleurs formellement affirmée dans la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, qui reconnaît toutes sortes de «droits à » (droit au travail, à  la Sécurité sociale, etc.). La première notion est manifestement libérale et individualiste, puisqu’elle consiste à  reconnaître l’égale dignité de chacun, mais à  le laisser libre de développer son propre destin à  partir du moment où ses droits sont déterminés et respectés. La seconde est un pur produit du constructivisme, puisqu’elle consiste à  penser que l’on peut interférer avec les résultats de l’action humaine et imposer une répartition des richesses conforme au modèle décidé par les détenteurs du pouvoir, en donnant a priori à  chacun des droits sur l’activité d’autrui.
      Ce faisant, on crée, au nom de l’égalitarisme, de nouvelles inégalités, par exemple celles qui existent entre ceux qui vivent de leurs propres efforts et ceux qui profitent de la contrainte organisée ; ou encore entre ceux qui ont accès au pouvoir politique, instrument supposé de l’égalitarisme, et ceux qui en sont écartés.
    • Absolutisme démocratique :
      Le caractère démocratique d’un pays ou d’une institution quelconque est devenu le critère d’évaluation prioritaire. […]
      L’extension de cet absolutisme démocratique va évidemment de pair avec une méfiance très grande à  l’égard des solutions de marché et c’est pourquoi on s’achemine bien souvent vers la recherche de solutions de type collectiviste où la négociation et le «dialogue », par l’intermédiaire de représentants démocratiquement élus, sont censés conduire à  un consensus. C’est l’illusion de la convergence des intérêts, non pas entre les individus – ce que seul le marché permet de réaliser – mais entre les groupes organisés.
      Le résultat de cette conception de la vie sociale est évidemment le corporatisme qui, étrangement, a conduit la France d’aujourd’hui à  ressembler à  la France de l’Ancien Régime. Cette ressemblance n’est d’ailleurs pas le fruit du hasard. Elle est seulement le résultat d’une conception de la vie sociale où la source de tout pouvoir réside non pas dans les individus, mais dans la sphère politique. De ce point de vue, il importe relativement peu que le pouvoir politique soit de nature monarchique ou démocratique. Aucun pouvoir en effet n’a les moyens d’organiser la cohérence des besoins individuels, il ne peut qu’agir grossièrement en plaçant les individus dans des catégories, professionnelles, religieuses, ou sociales, en prétendant reconnaître l’existence d’intérêts catégoriels et en organisant centralement leur coexistence. Comme nous le verrons constamment, l’État crée des abstractions collectives – par exemple les intérêts catégoriels -, il prétend qu’ils existent par nature et qu’il est évidemment le seul à  pouvoir les organiser de manière à  assurer la cohésion sociale, puisqu’il s’agit d’«intérêts collectifs».
      Cette conception collectiviste de la société conduit naturellement à  la politisation de la vie quotidienne. Tout est le résultat des luttes pour le pouvoir, qu’il s’agisse de la santé, de l’éducation ou de l’activité entrepreneuriale. Mais parce qu’elle ignore les besoins individuels, aussi bien que les informations individuelles, cette conception, loin de conduire à  l’harmonie, est source de frustrations et d’envies insatiables. Lorsque les choix quotidiens de votre vie sont essentiellement effectués par d’autres que vous, même si ceux qui décident sont censés être vos représentants, vous devez soit subir leurs décisions, soit vous lancer dans un combat épuisant et inégal pour essayer d’exprimer et de faire comprendre la réalité de vos besoins.
    • Scientisme ou illusion du savoir :
      Le constructivisme repose sur un formidable orgueil intellectuel : pour vouloir modeler la société à  sa guise, il faut évidemment supposer à  la fois que l’on connaît les objectifs de ses membres – comme si l’infinie diversité de ces objectifs individuels pouvait faire l’objet d’un processus réducteur de synthèse globale – mais aussi que l’on connaît les meilleurs moyens d’y arriver, c’est-à -dire que l’on a une connaissance parfaite des processus d’interactions complexes qui composent une société. […]
      Tous ces constructivistes veulent plier la réalité à  leurs désirs, par des moyens nécessairement illusoires, puisqu’ils n’ont pas la connaissance, mais seulement la prétention de la connaissance. Aussi, pour poursuivre leurs desseins, mobilisent-ils toutes les théories-alibis de notre époque, toutes celles qui semblent parer leurs actes d’une couverture scientifique.
      En réalité, cette approche est non pas scientifique, mais scientiste, c’est-à -dire qu’elle prend l’apparence habituelle de la science, par exemple son caractère mathématique, mais elle ne répond pas à  ses exigences méthodologiques fondamentales.

    Voilà . Pour un début de livre, je trouve ça passionnant, clair, lucide et raisonnable. Pour ceux que ça intéresse, le texte du début du livre (celui qui distingue Libéralisme et constructivisme) est disponible intégralement sur Catallaxia. Dire que je vous conseille d’aller le lire est un euphémisme. En conclusion, la fin du chapitre :
    Comme le disait, je crois, Julien Freund, le libéral se doit d’être tolérant avec les hommes et intolérant avec les idées, en ce sens qu’on ne peut pas admettre qu’une idée et son contraire soient également et simultanément vrais, mais les hommes sont tous également dignes de respect. En France, c’est le contraire qui prévaut sur la scène politique : on est intolérant avec les hommes et tolérant avec les idées.

  • Citation #49

    Je conçois le principe du libre-échange comme moralement aussi fondamental que l’est en physique la loi de la gravitation. Le libre-échange réunit l’humanité, écarte tout antagonisme de race, de credo et de langue, il est la condition d’une paix éternelle entre les hommes. Je crois que le libre-échange aura pour effet de changer la face du monde dans la mesure où les systèmes de gouvernement que nous connaissons en seront bouleversés. Je crois que la volonté de construire des super États, des armées gigantesques va disparaitre alors que l’humanité ne deviendra qu’une seule famille dont chaque individu pourra librement échanger les fruits de son travail avec ses frères humains.
    Richard COBDEN (1804-1865) industriel et homme d’État radical et libéral britannique
  • Derniers commentaires : utiles ou pas ?

    J’ai besoin de votre avis. Suite à  une discussion avec Max, je me suis rendu compte que la disparition des derniers commentaires dans la colonne de droite était peut-être une erreur. Comme Max n’est pas le seul lecteur, j’aimerais bien avoir votre avis sur la questions, chers lecteurs, ou visiteurs de passage. Voici donc un petit sondage pour vous prononcer. N’hésitez pas à  donner votre avis en plus en commentaires, si cela éveille des réflexions.

  • Le salaire de Sarkozy

    J’ai entendu hier une bien belle perle sur BFM, puisque le présentateur y disait : « Nicolas Sarkozy verra son salaire aligné sur celui du Premier Ministre (qui gagne le double),ce qui lui fera une augmentation de 140%« . Enorme, non ? Doubler, jusqu’à  preuve du contraire, ou plutôt jusqu’à  ce qu’un sondage ait montré le contraire, c’est augmenter de 100%. Alors, doublé ou augmenté de 140% ?
    Cette perle, je l’ai retrouvée ce matin en cherchant 3 minutes à  l’aide de mon ami Google : titre de l’article « Double salaire pour Sarkozy », et texte dans l’article « …le salaire de Sarkozy va donc augmenter de 140%.. ». hum. Au passage, j’ai trouvé une petite revue de presse des réactions à  cette augmentation sur Challenges. En fait le salaire de Sarkozy sera désormais de 19331 €/mois. Sa rémunération annuelle passe de 101 488 € annuels à  un peu moins de 240 000 €. Soit 140% d’augmentation, à  peu de choses près.
    Il semble que le fond de l’histoire ne soit pas bien grave puisque cette mesure a consisté à  ce que la salaire du président de la république soit voté dans une loi, et non plus décidé par le président lui-même. Par ailleurs, cela replace simplement la rémunération du président plus au niveau de celle du premier ministre, ainsi que de celles des principaux dirigeants européens (Merkel touche, par exemple, 21000 €/mois). Bien sûr des commentateurs ne manquent pas de souligner le côté scandaleux de cette mesure de … transparence ! Je ne vois pas trop, en effet, ce qu’il y a de scandaleux à  regrouper sur une seule ligne budgétaire les dépenses élyséennes jusqu’ici éparpillées entre différents ministères et en faisant contrôler le tout par la Cour des comptes. Mais il est vrai que certains commentateurs politiques se placent plus du point de vue de la politique politicienne que de celui du contribuable.
    Allez, pour finir, un petit exemple de rigueur journalistique, puisque décidemment il semble qu’il soit difficile de manipuler les chiffres. Cette phrase est exacte, mais sa tournure incite à  penser que Sarkozy a … triplé son salaire (trouvé sur La Tribune, c’est moi qui met en gras) :

    Les députés ont approuvé mardi un triplement de la rémunération du président de la République, qui gagnera désormais 19.331 euros nets par mois, et du budget de l’Elysée, à  100 millions d’euros par an.

    C’est le budget de l’Elysée qui sera triplé, et non pas le salaire du président qui, lui, augmente de 140% (il double, quoi!).

  • Quand les femmes parlent de l'Islam

    Retour sur l’Islam, l’islamisme et la distinction que l’on doit faire entre les deux. Pas si simple, parce que l’Islam est une religion politique. Pas si simple, parce que la moindre remise en cause de l’Islam en tant que religion est systématiquement taxée d’islamophobie. La plupart du temps par des gens qui sont par ailleurs assez anti-religions, anti-cléricaux. Donnons la parole, donc aux femmes qui connaissent l’Islam (puisque le statut de la femme dans l’Islam est une des composantes qui choquent le plus), et à  des « modérés » (que l’on reconnait souvent comme étant ceux qui critiquent l’Islam).
    (suite…)