Auteur/autrice : BLOmiG

  • Le sens de la vie

    Le sens de la vie

    La vie a-t-elle un sens ? C’est une question que tout le monde s’est posée au moins une fois.
    Pour qui ne croit pas en une vie après la mort, le seul sens objectif de la vie, c’est d’aller de la vie à  la mort. La vie n’a pas de sens en dehors de cette plage restreinte : elle est absurde. La vie n’a pas de sens absolu. C’est dur à  admettre, mais c’est comme ça : quelle que soit la vie que l’on mène, à  la fin on crève.
    Dès lors, deux attitudes sont possibles :

    • on peut accepter que la vie n’aie pas de sens, ou au contraire être trop attaché au sens pour se contenter de ça. La première attitude est certainement très sage, mais elle difficile à  vivre — en tout cas pour moi -. C’est sortir de l’envie d’absolu par la négation complète du sens, et donc de cette envie. Et je n’aime pas trop nier mes envies…
    • La seconde attitude mérite qu’on s’y attarde : si la vie n’a pas de sens absolu, et que j’ai envie qu’elle en ait un quand même, comment je fais ? Il reste le sens relatif. Relatif à  quoi ? mais, à  ce qu’on veut, bien sûr ! à  ce qui fait sens pour nous. C’est à  nous de donner du sens à  notre vie, puisque le monde ne le fait pas. Chacun est libre de donner le sens — relatif – qu’il veut à  sa vie.

    Pour ma part, j’ai identifié trois « sens » à  ma vie. Au sens biologique, le sens de la vie est de vivre et de se perpétuer. Faire des enfants fait partie du sens de la vie.
    Au sens « expérience vécue », ce qui donne du sens c’est ce qui rend heureux et fait aller d’un point à  un autre dans un même temps : faire des projets avec les autres donne du sens à  la vie. Les imaginer, les réaliser, en jouir, et en refaire. Avec les autres. Parce que la vie n’a pas de sens, parce qu’on est toujours tout seul au final, c’est justement un effort de la volonté que de ne pas accepter le silence du monde et la solitude. On se construit par les autres et par l’action. C’est l’effort pour donner du sens à  sa vie.

  • Justice sociale et égalité

    Justice sociale et égalité

    Constat

    Le monde est injuste. Il suffit de regarder autour de soi pour constater des injustices monstrueuses. Quelle justice dans le monde quand on peut naître malformé ? Ou malade ? Ou dans une famille qui ne nous donnera pas d’amour ? Ou dans un pays dévasté par la maladie ou la guerre ? Il y a sur la terre des gens qui naissent avec tout et d’autres avec rien. C’est tout le sens qui est contenu là , et les droits de l’homme. Dire que les hommes naissent libre et égaux en droit, c’est affirmer que, malgré toutes les inégalités injustes présentes au départ, la société que l’on veut construire n’en créera pas de supplémentaires.
    Cela, c’est le constat que l’on peut faire à  12 ans, en ouvrant les yeux. Et ce sentiment d’injustice est une facette très humaine et très communément partagée de nos sentiments.

    La justice n’est pas l’égalité

    La suite, c’est de savoir comment on garantit le mieux possible qu’une société ne produit pas d’injustices supplémentaires. Et trouver l’équilibre entre l’égalité et la justice. C’est un sujet qu’on n’aime pas trop en France : l’égalité est-elle forcément juste ?
    Poser en principe l’égalité de droit c’est une très bon moyen d’éviter un certain nombre d’injustices de type « castes ». Mal comprendre ce principe, c’est vouloir une égalité de fait, et c’est l’esprit du communisme.
    Ce qui est choquant dans les inégalités, ce sont celles qui ne sont pas méritées. Celles qui sont là  avant ou dès la naissance, où qui sont créées malgré nous par l’environnement. Une société juste se doit de corriger ces inégalités là .

    Il y a des inégalités justes

    Il ne faut pas se tromper de cible et vouloir corriger toute inégalité. Certains Français sont soupçonneux dès qu’une inégalité pointe le bout de son nez. Même si elle est juste. Dire qu’une inégalité peut être juste, c’est déjà  douteux pour beaucoup. Cela force à  poser la question du mérite, centrale dans les sociétés démocratiques libérales telles que la nôtre.
    Les injustices sont à  mon avis la principale source de mécontentement dans notre société ; peut-être même que le sentiment d’injustice est une source de violences sociales plus importante que la pauvreté à  moyen terme.
    Réfléchir aux rapports entre la justice sociale et l’égalité est indispensable.
    Comme le disait Aristote :

    La plus grande injustice est de traiter également les choses inégales.

    J’espère que toutes ces questions seront débattues librement par les candidats à  l’élection présidentielle ; cela permettrait de sortir un peu de la schizophrénie ambiante qui consiste à  vivre dans une société qui soupçonne toujours celui ou celle qui réussit économiquement, tout en vivant sur son dos. Histoire d’être un peu plus justes.

  • Faut-il être optimiste ?

    Faut-il être optimiste ?

    La violence, réelle ou potentielle, la pauvreté, économique ou culturelle, ne permettent que rarement de voir le monde sous un jour positif. Ce constat est une banalité : le monde est loin d’être parfait. Tout le monde s’accorde là -dessus. Il convient, pour faire un constat proprement, de lister aussi les choses positives, car il y en a. Beaucoup. Tous les jours des enfants apprennent à  lire dans des pays jusque là  presque totalement illettrés, tous les jours des femmes et des hommes travaillent ensemble – partout dans le monde – pour un monde meilleur. Mais une somme de petites actions positives portant des fruits à  long terme est toujours moins visible qu’une grosse action négative immédiate. Ce qui compte, c’est la balance…progrès ou pas ?
    Par ailleurs, le constat, ce n’est que le point de départ de la réflexion : on vit ici et maintenant. Regarder l’avenir avec bienveillance ou avec inquiétude, c’est ce qu’on appelle être optimiste ou pessimiste. On s’entend souvent répondre, pour peu que l’on affiche un peu d’optimisme et qu’on laisse penser à  son interlocuteur qu’il (elle) est trop pessimiste : « je ne suis pas pessimiste, je suis réaliste ». C’est une confusion — à  mon sens – entre le constat (l’énorme tas de problèmes), et la suite des événements (la réduction possible ou non d’une partie de ces problèmes). Tous les problèmes actuels doivent-ils forcément conduire au pire ? Il faut croire que non. Quel choix, d’ailleurs, avons-nous sur ce point ? Comment vivre avec en perspective le pire ? Je ne le veux pas.
    Alain résume bien tout cela, et bien plus, en une seule phrase, dans Propos sur le bonheur :

    Le pessimisme est d’humeur ; l’optimisme est de volonté.

  • Vouloir être libre !

    Vouloir être libre !

    La liberté est un mouvement plus qu’un état. Une quantité, plus qu’une qualité. On est plus ou moins libre. Ce qui importe donc, c’est de savoir ce qui libère et ce qui enferme. Ce qui ouvre et ce qui gène.
    Si être libre c’est faire ce qu’on veut (ou penser ce qu’on veut), on peut interpréter la liberté dans les deux sens : il y a un effort pour écarter de ce qui gêne la volonté, et un effort sur la volonté elle-même pour apprendre à  désirer des choses faisables. Celui qui désire l’inaccessible est voué à  l’aliénation.

    La liberté, ce n’est pas pouvoir ce que l’on veut, c’est vouloir ce que l’on peut.

    Jean-Paul Sartre (1905 – 1980) écrivain et philosophe français

    Pour vouloir ce que l’on peut, il faut savoir évaluer proprement ce que l’on peut, et à  ne pas vouloir des choses impossibles : la vérité libère. Et les convictions enferment.
    Apprendre à  ne pas vouloir des choses impossibles, ça s’appelle exactement la volonté.
    La volonté libère. L’idéalisme enferme.

  • Etes-vous heureux ?

    Etes-vous heureux ?

    L’erreur avec le bonheur, c’est de vouloir le penser comme un état. Pour répondre à  la question du titre, il faut définir le bonheur (qui n’est pas la joie). J’aime la définition suivante (je ne parviens pas à  me rappeler si c’est de Laborit ou Comte-sponville, peu importe) très biologique et très dynamique (de mémoire) : « Etre heureux, c’est être capable d’avoir des projets, être capable de les mener à  bien, être capable de jouir de leur accomplissement, et être capable d’en avoir à  nouveau ». Cela définit le bonheur par son contraire, le malheur (qui n’est pas la souffrance). Est malheureux, celui qui n’est pas capable de faire des projets, celui qui n’est pas capable d’accomplir ses projets, celui qui ne peut pas en jouir une fois accomplis, et celui qui ne sait pas rebondir pour faire d’autre projets ensuite, ou qui n’a plus l’envie. Le bonheur serait donc plus un élan, une dynamique, plus qu’un état. Ca me parait sensé ; par ailleurs, cette description rejoint une autre image que j’aime bien : celle proposée par Camus, de Sisyphe poussant son rocher inlassablement, et y trouvant son bonheur.

    Il faut imaginer Sisyphe heureux.

    Pour finir petite citation d’Alain (ça fait toujours du bien par où ça passe) – expert en bonheur – :

    Le bonheur est une récompense qui vient à  ceux qui ne l’ont pas cherché.

  • La voie du milieu

    La voie du milieu

    Il faut saluer les différents syndicats de salariés et les organisations patronales d’avoir, à  l’initiative de Laurence Parisot, réussi à  se mettre ensemble autour d’une table pour dresser un état des lieux communs.
    J’ai été surpris en écoutant la radio ce matin de voir le peu d’enthousiasme qu’a soulevé cette avancée, pourtant importante, dans la qualité du dialogue. J’en déduis que les journalistes sont déçus : le dialogue constructif est moins vendeur que le conflit ouvert et les petites phrases assassines. On entend à  longueur d’année les mêmes critiquer le manque de dialogue et le conflit fermé, et lorsque de la discussion concrète se met en place, les commentaires sont tièdes. Il faut saluer l’énergie de tous ceux qui, malgré cette tiédeur et cet immobilisme, parviennent à  réunir tout le monde autour d’une table. Saluons Laurence Parisot pour son travail.
    Les médias ont tort de ne pas saluer l’évènement ; je vois pourtant au moins 5 avantages à  la tenue de ces discussions :

    1. le dialogue et l’élaboration d’un état des lieux partagé sont des étapes nécessaires de la résolution des problèmes, et vont faire avancer les choses immanquablement. Comment résoudre un problème quand on ne l’a pas au préalable posé ?
    2. cela va permettre de sortir des clichés habituels décrivant les organisations patronales commes des dirigeants égoistes et perchés dans leur tour d’ivoire, et les syndicats comme des organisations passéistes et arc-boutées sur l’immobilisme. Même si les clichés recouvrent une part de la vérité, ils ne rendent pas justice à  tous ceux qui veulent faire avancer les choses de manière pragmatique.
    3. l’état des lieux partagé devrait faire l’objet d’une publication à  la fin du premier trimestre de l’année 2007, c’est à  dire avant les présidentielles. On peut voir là  une occasion supplémentaire pour que les candidats se prononcent sur ces sujets importants, voire cruciaux, sur la base d’un constat relativement objectif.
    4. cela permet de voir qui veut jouer la carte du dialogue et qui ne veut pas la jouer. La CGT a réussi à  se mettre à  part en annonçant ne pas savoir si elle va participer aux groupes de travail qui vont se mettre en place. On ne peut que lui conseiller de revenir rapidement discuter à  cette table : sans quoi le cliché qu’on veut bien lui coller finira par être une réalité évidente pour tout le monde
    5. il était temps que les discussions reprennent entre les partenaires sociaux : c’est le seul moyen pour que l’état providence ne décide pas à  leur place de ce qu’il convient de mettre en place. Gageons que les principaux acteurs concernés du monde professionnel seront plus à  même de trouver des solutions intelligentes et efficaces pour faire évoluer les choses qu’une Martine Aubry ou qu’un Dominique de Villepin !

    Saluons donc les quatre des cinq syndicats de salariés (CFDT, CFTC, FO et CFE-CGC) et les trois organisations patronales (Medef, CGPME et UPA) qui ont accepté de travailler ensemble sur les contrats de travail, la sécurisation des parcours professionnels et la remise à  plat de l’assurance chômage. Et espèrons que la CGT va comprendre que la voie du progrès social, c’est le dialogue plus que le conflit.