J’aimerais que quelqu’un, avant les élections présidentielles, aie fait une photographie de tous les blogs, de tous les discours « anti-sarko » que l’on pouvait lire ou entendre (j’ai moi-même mis de côté un article de Marianne sur Sarkozy qui résume beaucoup de choses…). Et que nous puissions ressortir à leurs auteurs – maintenant et/ou dans un an – le flot d’âneries que l’on a pu entendre, la montagne de paroles excessives, la somme de fantasmes déversés dans les médias. La désinformation – heureusement – n’a pas pris : les français ont compris que Sarkozy n’était pas l’espèce de dictateur en puissance que certains décrivaient, mais bien l’homme politique volontaire et pragmatique qu’il semblait être – et qu’il est. Alors, bien sûr, ses adversaires continuent de vouloir voir dans chacune de ses actions une menace, se coupant par là du peu d’électeur qui leur restent…Le PS dénonçait hier la présidence « absolue » de N. Sarkozy, s’enfonçant encore un peu plus dans l’attitude stérile consistant à critiquer l’adversaire plutôt qu’à faire des propositions politiques alternatives et réalistes. Attitude stérile qui est un aveu plus qu’une posture, à mon avis.
Alors, bien sûr, nous jugerons de l’action de Sarkozy et de Fillon sur résultats ; mais on peut dès à présent affirmer que les grands perdants de l’élection sont ceux qui pratiquent la caricature plus que la réflexion. Cette élection a été passionnée et raisonnable. C’est la force de la vérité que de pouvoir marier la passion des débats contradictoires à l’émergence – fragile et indispensable – de la raison.
Blog
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O๠est la dictature ?
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Citation #26
Au lieu de nous interroger, interrogeons les choses.
Emile Durkheim -

La vérité peut-elle se partager ?
C’est une petite réflexion qui est venu suite à certains commentaires sur un billet précédent. J’expliquais que je votais avec mon cerveau, pas avec une conviction ou des sentiments. Ce à quoi Babas répondait ceci :
Un dernier point, je ne vote pas avec mon cerveau mais avec mon impression. Je pars du principe que toutes les informations sont tronquées orientées manipulées par l’émetteur , le transmetteur et même le recepteur. A partir de là , je moyenne de façon totalement subjective.
Nous avons rediscuté de ça entre frangins ce week-end, et Simon me disait qu’il pensait ça aussi. Personnellement je ne suis pas trop d’accord ; mais la discussion était intéressante. On en arrive assez rapidement à la question du titre : « La vérité peut-elle se partager ? ». J’avais fait un petit article, il y a quelques temps, sur ma vision des rapports entre réalité et vérité. On y trouvait ces deux définitions :
Réalité :
ce qui existe indépendamment du sujet, ce qui n’est pas le produit de la pensée.Vérité :
1. Scientifique : connaissance reconnue comme juste, comme conforme à son objet et possédant à ce titre une valeur absolue, ultime
2. Philosophie : norme, principe de rectitude, de sagesse considéré(e) comme un idéal dans l’ordre de la pensée ou de l’action
3. Logique : conformité de la pensée ou de son expression avec son objetJe concluais qu’il fallait essayer, autant que faire se peut, de rapprocher la réalité et notre vérité.
Rappeler et souligner l’incapacité de l’être humain à communiquer totalement, j’en suis bien d’accord : qui pourrait nier cela ?
Mais dire que pour cette raison-là , on vote sur des impressions uniquement, je n’en suis pas d’accord. Bien sûr, la part de l’impression n’est pas nulle : tout le monde est influencé par la tête du candidat, sa manière de parler, et tout un tas de facteurs conscients ou inconscients liés au candidat, à notre histoire personnelle, et à la tonalité des médias qui transmettent ces informations. Mais on ne peut pas s’arrêter à cette constation : ce n’est pas parce que quelque chose est important, que nous devons nous y arrêter et considérer que c’est le seul facteur. Les arguments rationnels, la réflexion que l’on peut mener sur le monde qui nous entoure, sur les rapports de force existants, sur le sens dans lequel les choses évoluent sont aussi une part importante du choix d’un bulletin de vote. II clair que nous sommes des animaux (qui pourrait le nier ?), avec notre part d’impulsion inconsciente, notre part d’impression (pour reprendre le mot de Babas). Mais nous sommes aussi doués de raison, et capables – dans une certaine mesure, peut-être très restreinte – d’intégrer des faits dans un raisonnement et nous extirper, ne serait-ce qu’un peu, des jugements a priori et du conditionnement médiatique, familial, sociétal. Non ?
Mettre l’accent sur ce qui gêne la communication et la transmission d’idée, c’est oublier de le mettre sur ce qui permet la communication et la transmission d’idée : les faits, les arguments rationnels qui nous relient au travers de ce qu’on pourrait appeler la réalité. Il y autant de vérité que d’êtres humains, mais il n’y a qu’une réalité. Et c’est de cette réalité là dont on parle, il me semble, lorsque l’on choisit un bulletin de vote pour le mettre dans l’urne. L’acte de voter est un acte réfléchi, et le contraire de la passion. La passion, en politique, ce sont les armes, les combats. La raison, en politique, c’est le vote et la réflexion ; l’acceptation de la raison des plus nombreux est un pas énorme vers moins de conflits et plus de débats rationnels. Qu’en pensez-vous ?
La politique est le lieu de la pensée où l’on met en relation la réalité et des valeurs ; j’ai l’impression que, souvent, l’absence d’effort pour regarder la réalité « comme elle est » empêche de se rendre compte que sur les valeurs, nous sommes beaucoup plus proches les uns des autres que nous le pensons. C’est cela, ce que je voulais dire en expliquant que je votais avec ma raison : faisons ensemble un constat partagé sur la réalité des faits, et les différences de valeur ne seront, bien souvent, plus un problème mais une richesse.Il n’y a qu’une seule et même raison pour tous les hommes ; ils ne deviennent étrangers et impénétrables les uns aux autres que lorsqu’ils s’en écartent.
Simone Weil -
Les mots creux
J’ai été frappé de constater que, suite à la mise en place d’un gouvernement jeune, mixte et orienté vers l’action, la gauche n’a rien de trouvé de mieux que de contester l’ouverture qu’a représenté l’arrivée en son sein de personnalité de gauche ou du centre. Toujours le même combat stérile, sur des mots creux, de ceux qui n’ont plus d’idées à proposer. Qui a dit qu’un gouvernement se doit d’être d’ouverture ? Seuls le PS trouve matière à discuter dans cette expression : ce que les français attendent du nouveau gouvernement, ce n’est pas qu’il soit d’ouverture, c’est qu’il soit d’action, et qu’il fasse ce qui a été annoncé. La raclée aux législatives semble plus que claire, et elle sera autant le fruit du prolongement naturel de l’élection présidentielle, que de la nullité du parti socialiste. Un membre du PS dans le gouvernement ? Au lieu de s’en glorifier, et d’être fier du membre du PS qui va excercer un pouvoir, on l’exclue du parti. Singulière ouverture d’esprit de la part de ceux qui passent leur temps à critiquer le manque d’ouverture de leurs adversaires.
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Citation #25
L’argent est préférable à la pauvreté, ne serait-ce que pour des raisons financières.
Woody Allen -
Réforme de la fonction publique : sujet chaud !
Dans les grands débats du mardi, sur BFM, Philippe Manière envisageait les réformes de la fonction publique accomplies dans les pays scandinaves, et notamment en Suède, et que Nicolas Sarkozy pourrait appliquer en France pour réduire les budgets de fonctionnement de l’Etat. Le débat était assez dépassionné, et pour cause les interlocuteurs n’étaient pas vraiment partie prenante, mais plutôt des analystes et des observateurs, suédois ou non. Il y avait dans cette discussion :
- Nicolas Lecaussin, Directeur de l’Institut Français pour la recherche sur les Administrations Publiques (Ifrap), Auteur de « Cet Etat qui tue la France » aux éditions du Plon, Rédacteur en chef de la revue Société civile.
- Marie-Laure Le Foulon, Correspondante du quotidien Le Figaro pour la Scandinavie, Auteur du livre « Le rebond du modèle scandinave » aux éditions Lignes de repère.
- Magnus Falkehed, Journaliste suédois indépendant, Auteur du livre « Le Modèle suédois : santé, services publics, environnement, ce qui attend les Français » aux éditions Payot.
Un relatif consensus s’est établi assez rapidement sur deux points :
- la nécessité d’une grande transparence dans les finances de la fonction publique, préalable indispensable à toute réforme juste, et appliquée de manière pédagogique
- la nécessité de modifier le statut des fonctionnaires pour assouplir le fonctionnement et la qualité du service public, dans le souci de plus de justice (comment justifier que certains citoyens soient complètement protégés des contraintes économiques et d’efficacité responsable, tandis que d’autres les supportent quotidiennement?)
Il y a avait un contraste assez frappant entre le ton assez tranquille avec lequel les invités tombaient d’accord sur ces sujets, alors même qu’ils sont (étaient?) systématiquement évités comme des tabous dans les médias français : les langues commencent à se délier…!
Pour preuve, lorsque le présentateur demande à Falkehed de conclure en disant ce que selon lui Sarkozy peut faire pour mener à bien ces réformes, la réponse tombe :N. Sarkozy devrait envoyer Philippe Séguin [Premier Président de la Cour des Comptes] faire les comptes des centrales syndicales, qui n’auraient plus qu’à se taire, et les réformes passeraient en douceur !
Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce n’est pas de la langue de bois !