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  • Pour un 1er Amendement

    Pour un 1er Amendement

    Je ne serais probablement pas d’accord en tout avec Etienne Chouard, mais il a raison quand il dit que tout citoyen devrait réfléchir à la Constitution. Et je pense que sur le point de la liberté d’expression, cela s’applique très bien.

    Constitution

    La définition de la Constitution dit bien sûr tout, mais je suis plus pragmatique que cela. De mon point de vue, il est plus simple de repartir des basiques : toute société humaine fonctionne en ayant un certains nombre de règles. Ces règles définissent un certain nombre d’interdits qui encadrent la liberté humaine, en précisant les conditions d’applications. Elles doivent être, pour être justes, adossée aux règles morales de la société en question, et valable pour tous de la même manière. Certaines de ces règles sont implicites, traditionnelles, et d’autres sont explicites, écrites. Je ne reviens pas là-dessus, j’en ai déjà parlé en détail ici : Loi et règlementation.
    La Constitution, dans mon esprit, est un ensemble de principes et de meta-règles qui permettent de juger de la validité des règles (lois, règlementations, décrets, etc.). La Constitution définit ce qu’est une bonne règle.

    C’est dans cet esprit que le Bill of Right US a été écrit, et je le trouve bien plus puissant et pertinent que notre propre constitution (qui en fait, sans la déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, n’est qu’une longue liste descriptive de l’organisation des pouvoirs, certes intéressante, mais guère utile pour parler « principe » ou « meta-règles »). Pourquoi ? Parce la première meta-règle, le premier amendement, dit qu’une bonne loi ne pourrait entraver la liberté de conscience et d’expression des citoyens. Le second amendement, dit qu’une bonne loi ne pourrait pas désarmer les citoyens. Le troisième précise que sauf cas très exceptionnel, le respect de la propriété privée sera absolu. Allez lire le texte, vous verrez qu’il réellement costaud. Les législateurs et hommes de pouvoirs ne peuvent pas faire taire les gens, les désarmer, les exproprier arbitrairement, etc. Ils essayent, mais les citoyens américains sont protégés par leur Constitution.

    Liberté d’expression

    Dans ce billet, je voulais partager mes interrogations et recherches sur la liberté d’expression (le 1er amendement américain), car elle est bien menacée. Pour en savoir plus sur la liberté d’expression, vous pouvez aller lire l’excellent article de la Stanford University. Les récents évènements en Angleterre le montrent : on y laisse des hordes armées circuler en ville pour terroriser tout le monde en appelant au meurtre, mais on peut emprisonner un citoyen pour ses propos sur les réseaux sociaux.
    J’ai déjà rappelé ailleurs la magnifique démonstration de John Stuart Mill concernant la nécessité de la liberté d’expression.
    Philippe Nemo a raison bien sûr, quand il dit qu’il faut abolir les lois de censures en France. Mais est-ce suffisant ? Je ne le crois pas.

    Constitution Française

    Dans notre Constitution, la liberté d’expression n’est mentionnée nulle part. Un petit peu dans l’article 4 (« La loi garantit les expressions pluralistes des opinions et la participation équitable des partis et groupements politiques à la vie démocratique de la Nation »), mais le terme « équitable » laisse la porte ouverte à toutes les dérives. Le 1er amendement est beaucoup plus clair et radical :
    Le Congrès n’adoptera aucune loi relative à l’établissement d’une religion, ou à l’interdiction de son libre exercice ; ou pour limiter la liberté d’expression, de la presse ou le droit des citoyens de se réunir pacifiquement ou d’adresser au Gouvernement des pétitions pour obtenir réparations des torts subis.
    Il faut aller chercher dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 (à laquelle il est fait référence dans le préambule).

    Article 10
    Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi.
    Article 11
    La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi.

    L’article 11 pourrait sembler donner les mêmes garanties que le 1er amendement US, mais ce n’est pas le cas : il suffit qu’une loi (telles que celles dont l’abrogation est demandée par Nemo) délimite des cas où la liberté d’opinion n’est plus la bienvenue (selon qui ? pour quelles raisons ?) pour faire taire les gens. Un article de Constitution qui laisse la loi venir changer son sens n’est pas très solide. C’est d’ailleurs le cas en France, puisque des juges politisés autorisent et voient comme recevables des plaintes qui sont de véritables tentatives de censures. Qu’est-ce qui garantit la liberté d’expression en France ? Pas grand-chose. Pour une part de notre attachement culturel à ce principe, mais il faut regarder les choses en face : les gauchistes au pouvoir, y compris au Conseil Constitutionnel (voire la sortie de Fabius au moment de la dernière présidentielle), n’ont aucune espèce d’envie de laisser parler leurs opposants. On peut voir les attaques contre Cnews, C8, L’incorrect (pour des unes, par leur banque), et les dissolutions d’associations identitaires diverses comme autant d’exemples de cette réduction lente, mais sûre, de la liberté d’expression.

    Constitution Anglaise

    La situation est beaucoup plus complexe en Angleterre, car leur système de règles est un mélange de règles coutumières, de droit positif contenu dans plusieurs documents différents : Magna Carta, Habeas Corpus, Bill of Rights, différents Acts). Mais ce qu’on peut y voir n’incite pas à l’optimisme : il n’y a pas de droit formel à la liberté d’expression, celle-ci reposant principalement sur la « common law » (droit coutumier ou jurisprudence). Quand la culture change, le « droit coutumier » aussi. C’est tout l’intérêt d’une Constitution : elle ancre de manière formelle des choses qui sont rendues plus difficiles à faire bouger. Pour l’Angleterre, du coup, c’est l’article 10 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme qui joue, et c’est la même que celle de la Déclaration des droits de l’Homme. Depuis plusieurs années déjà, la police de la pensée veille au grain multiculturaliste en Angleterre.

    Pour un 1er amendement à la Française

    Il me semble clair qu’il faut absolument réintégrer dans notre Constitution un article identique à celui de la Constitution Américaine : un article interdisant aux législateurs, politiciens, hommes du pouvoir, de restreindre la liberté d’expression et d’opinions. Sans conditions. Sans cela, nous suivrons le même chemin que l’Angleterre.

  • Des vérités devenues folles

    Des vérités devenues folles

    Ce livre de Rémi Braque traînait dans ma pile depuis déjà 4 ou 5 ans : « Des vérités devenues folles » est sorti en 2019. C’est un recueil de conférences données en langue anglaise par Rémi Brague dans différents pays, et qui, comme il l’introduit très bien en début d’ouvrage, sont soit des regroupements et synthèses de choses déjà présentes dans ses ouvrages, soit des préfigurations de ce qu’allaient être les prochains. C’est donc un ouvrage traduit, sous la supervision de l’auteur.

    Format très agréable

    Le découpage en conférences, elles-mêmes découpées en sous-parties relativement courtes, rend la lecture très aisée. Le style, comme toujours, est d’une grande clarté et d’une grande pédagogie. Rémi Brague est une érudit, mais il n’utilise ses connaissances qu’au moment nécessaire dans sa réflexion, et cite toujours les autres quand il leur emprunte des idées, pour les articuler avec les siennes, les commenter, ou les enrichir. Sous-titré « la sagesse du moyen-âge au secours des temps moderne », il débute sur le constat d’échec du projet moderne, et de l’athéisme (rejoignant en cela la pensée de Philippe Nemo, et la précisant à mon sens), pour ensuite enchaîner sur une réflexion très riche sur la nécessité du Bien, la nature, la création, la culture et les valeurs et vertus. Il insiste aussi sur les thèmes de la famille comme creuset indispensable, et la civilisation comme conservation et conversation. Il y a beaucoup de passage splendides, de citations passionnantes, et Rémi Brague, surtout, assume de toujours mettre les pieds dans le plat des sujets qui lui paraissent centraux. Il ne tourne pas autour du pot, et ça fait du bien. Ça bouscule parfois, ça intrigue, et ça donne envie de pouvoir échanger avec lui là où naissent des désaccords.

    Obsédé du sens

    Rémi Brague, dont je respecte et reconnait très sincèrement la rigueur, est à mon sens parfois victime de sa foi, et la quête du sens qui va avec ; il pose comme prémisse dans certains raisonnement des choses qui me semble, à tout le moins, discutables. En voici quelques-unes, en exemple :
    – « … l’idée de providence ne désigne pas quelque chose qui tient dans les mains des humains de l’homme, mais quelque chose qui vient de plus haut. » Pourquoi « d’en haut » ? Pourquoi pas simplement « quelque chose d’extérieur à l’homme » ?
    – le chapitre 3 me semble être une pure tautologie (je peux me tromper et avoir mal compris), mais je le lis comme un chapitre dont le propos est de montrer que le Bien est nécessaire parce que.. le Bien est nécessaire.
    – évoquant notre compréhension de la nature, notamment au moyen des sciences et techniques, il écrit « Il ne nous est plus possible de comprendre la nature. Comprendre suppose l’introduction de causes finales. » Cela me semble, à nouveau, un double saut philosophique : « plus possible », parce qu’il nous a déjà été possible de comprendre la nature ? Par ailleurs, cette affirmation suppose qu’une compréhension n’est possible que si elle est totale, ce qui est un méprise sur ce que signifie connaître. La connaissance et la compréhension ne sont jamais totales. Exiger cela de notre rapport à la nature, c’est déjà créer les conditions d’un raisonnement biaisé.
    – j’ai noté à plusieurs endroits, la même incompréhension de la technique que chez Finkielkraut. Brague semble penser l’homme comme un animal pensant et parlant, mais dont la relation technique avec le monde est « non naturelle ». Or, je crois, profondément, que l’homme est un animal technique avant d’être un animal parlant. Cette séparation est artificielle, et conduit à de mauvaises représentations de notre rapport au monde.
    – « le monde doit être considéré comme porteur de sens » : c’est la posture du croyant telle que décrite par Adin Steinsaltz, mais on a bien le droit de ne pas la partager. Le besoin de sens pour l’humain, et son utilité pour mener notre action et nos vies, n’est pas nécessairement une preuve d’un « monde porteur de sens ». Il est possible d’imaginer que c’est une caractéristique des animaux pensant que nous sommes, que d’utiliser cette chose que l’on appelle « sens ».
    J’en ai noté deux ou trois autres comme cela : ce sont les passages où j’aimerais pouvoir échanger avec Brague : je suis sûr que ma lecture est partiale, probablement branlante et j’aimerais pouvoir approfondir ces points. Le reste du livre est à mon sens absolument superbe, indispensable, car il apporte sur, notamment, la liberté, la nature, la civilisation des éléments de réflexions, des idées, des mots, qui sont incroyablement féconds. J’ai nourri mon essai en lisant Brague.

    Habiter la nature et penser l’homme

    Je suis tout à fait touché par la pensée de Brague dont je me sens très proche, sur sa manière de penser la liberté, la culture, l’importance de la conversation civilisée comme marqueur de civilisation, et sur plein d’autres sujets (la morale par exemple, ou le christianisme). Et sur la nécessité de « louer » la création, d’en chanter les louanges, de garder sa capacité à s’émerveiller, et à dire en quoi l’existence même du monde (quelle que soit la manière de le penser) est une bénédiction, une source de joie, et une raison de vouloir « continuer », prolonger, la fantastique histoire de la vie. J’ai du choisir un passage pour terminer cet article et vous donner à voir le style et l’ampleur du propos de Rémi Brague. J’ai pris un passage de la fin du très beau chapitre « Valeurs ou vertus ? », car il résonne avec le sous-titre du livre.
    De quoi avons-nous besoin pour que l’Occident continue à se prendre au sérieux, avec ce qu’il représente ? Comment pouvons-nous le proposer de manière responsable au reste du monde sans nous livrer à un impérialisme culturel ?
    Mon intuition est que nous devrions, pour commencer, dire adieu à l’idée même de « valeurs ». Il va sans dire que nous devrions garder comme un trésor précieux le contenu de ces soi-disant valeurs, car se débarrasser de ce contenu moral peut conduire à notre perte. Mais nous devrions libérer ce noyau positif de la suspicion de n’être guère plus que le folklore de l’homme blanc. Pour y parvenir, il nous faut revenir aux deux notions prémodernes évoquées plus haut, à savoir les vertus et les commandements. Au lieu de jouer les unes contres les autres, nous devrions tenter une synthèse qui leur permettrait de se stimuler mutuellement.
    À vrai dire, cette synthèse n’est pas quelque chose que nous aurions à établir. Elle a déjà existé au Moyen Âge dans les trois religions. (…)
    Pour nous, cela suppose un double effort, pour repenser à la fois les vertus et les commandements. D’un côté, nous devrions tenter de comprendre que les vertus sont l’épanouissement de l’homme en tant que tel, en dépit de la diversité des cultures et des religions. Cela implique de reconnaître une sorte de nature humaine. De l’autre, nous devrions nous débarrasser de la représentation des commandements divins comme « hétéronomie ». En termes plus simples, en évitant tout terme technique, ces commandements ne sont pas les caprices d’un tyran imposés à un troupeau d’esclaves. L’ensemble des commandements bibliques proviennent d’un premier commandement aussi simple que fondamental: « Sois! », « Sois ce que tu es! » Le « Deviens qui tu es » n’as pas eu à attendre Pindare, et encore moins Nietzsche. Tout ce qui ressemble à une décision juridique dans la Bible, c’est la petite monnaie de la création ou, si vous préférez, sa réfraction dans les différents milieux qui déploient les capacités dont elle est grosse. Cette interprétation a presque atteint le niveau d’une pensée consciente et réflexive dans la Bible elle-même, par exemple lorsque le Deutéronome résume l’ensemble des commandements à observer la formule « Choisis la vie » (30, 19).
    Aujourd’hui, l’humainté occidentale a grand besoin de cette redécouverte et de cette récupération : d’un côté, des vertus comme étant bonnes pour chaque être humain et, de l’autre, des l’obéissance au commandement d’être, et d’être ce que nous sommes. Puisse-t-elle comprendre cette nécessité et cette urgence.

  • X contre Google

    X contre Google

    J’avais déjà évoqué ici les biais politique des outils de Google. Et en ce moment sur X, beaucoup de preuves affluent pour montrer que Google & Facebook déforment honteusement les résultats de leurs moteurs de recherche : mise en avant de Kamala Harris, difficulté à trouver la vidéo de la tentative d’assassinat de Trump. C’était une des premières choses qu’Elon Musk avait fait après le rachat de Twitter, devenu X depuis : virer les agences gouvernementales de sa plateforme. Il avait également confirmé les méthodes de censures qui avaient mises en place pendant la crise COVID (Twitter Files).
    Devant ces faits, il devient évident que X est une plateforme construite sur des règles éthiques solides, bien plus que les autres. Et que les Google et Facebook contribuent à ce règne du mensonge qui m’horripile tant. Plan d’action personnel (pas si simple à mettre en œuvre car cela change – beaucoup – les habitudes).

    1. plus un centime à Google : j’avais un petit abonnement Drive pour stocker des données, je vais les mettre ailleurs et résilier l’abonnement (Maj : ✔️)
    2. Trouver une alternative à Google search : si vous avez des pistes je suis preneur (maj : depuis hier soir j’utilise DuckduckGo; ça a l’air très bien ✔️)
    3. Basculer de mon mail Gmail à une autre boite mail (lié à mon domaine blomig.com)
    4. Faire circuler ces infos sur Google et Facebook pour que les gens en soient conscients : c’est l’objet de ce billet ✔️
    5. Ecraser mon compte Facebook (qui ne sert déjà plus à rien) Maj : compte désactivé ✔️
    6. Je l’avais déjà fait, mais abonnement payant à X pour soutenir le projet ✔️

    Qu’en pensez-vous ? Avez-vous déjà des outils de recherche autre que Google ? Sont-ils performants ?

  • Tutoriel : acheter du Bitcoin

    Tutoriel : acheter du Bitcoin

    Chose promise, chose due : après mon article sur le livre « L’étalon Bitcoin », j’avais dis que je ferai un billet pratico-pratique pour ceux qui veulent investir en Bitcoin. Le voici : un tutoriel pas-à-pas pour savoir comment acheter et détenir de manière sûre des Bitcoins.


    Warning : je ne suis pas conseiller financier, et cet article n’est en aucune manière un conseil en investissement ou financier. Ce que j’y écris ne sont que mes vues personnelles.
    Warning 2 : je mentionne dans le fil de l’article des services ou produits commerciaux. Ce billet n’est pas sponsorisé, il retranscrit simplement de manière factuelle les choix que j’ai fait. Je mentionnerai au passage certains concurrents. A nouveau, cet article n’est pas un comparatif entre différentes solutions, mais le descriptif de mes choix, avec mes critères.


    Je ne reviens pas ici sur ce qui pourrait vous motiver à acheter des bitcoins, mais simplement sur la manière de le faire (une manière parmi d’autres). Cela regroupe un certain nombre de choses que je n’avais pas forcément en tête au début du processus, et que j’ai appris en me documentant et en apprenant.
    Mon premier conseil est général : si vous n’avez pas envie de vous renseigner un tout petit peu sur ce qu’est le Bitcoin, sur son mode de fonctionnement, etc, alors ce n’est probablement pas une bonne idée de chercher à en acheter. Pourquoi ? Parce que les infos que l’on trouve sur le Bitcoin sont souvent incomplètes, fausses, ou idéologiquement très biaisées (c’est le cas de la page Wikipedia qui raconte à peu près n’importe quoi). Donc : comme toujours, pour ne pas se faire manipuler, il faut se renseigner et garder un esprit critique.
    Mon deuxième conseil, également général : je n’ai pour ma part investi dans Bitcoin qu’avec une logique de long-terme. Je n’ai aucune compétence pour savoir s’il est utile de faire du trading rapide avec Bitcoin. Je n’en ai pas le temps non plus d’ailleurs. Donc je ne parle pas de cela dans le billet. Je vois le Bitcoin comme une vague de fond qui va radicalement changer les choses, et je m’en veux de ne pas en avoir acheté il y a 10 ans. Mieux vaut tard que jamais. Je ne vendrai qu’en cas de force majeure mes bitcoins.

    Rappel des bases

    J’ai rappelé des éléments clés dans d’autres billets (« L’étalon Bitcoin » et « Bitcoin : comprendre et investir« ) et vous trouverez plein de choses sur internet (par exemple sur la chaîne de JonBlack). Je redonne quelques éléments clefs en lien avec la démarche d’achat de Bitcoin.
    Le Bitcoin est une monnaie digitale pair-à-pair (sans autorité centrale), dont le fonctionnement a été posé dès le départ : il n’y aura jamais plus de 21 millions de Bitcoins (les bitcoins sont divisables en 100 millions de sous-unités, les satoshis). Toutes les opérations (création par les opérations de minage, transactions) sont inscrites dans un registre public, crypté, la fameuse blockchain (chaîne de blocs : parce qu’un nouveau bloc contenant les nouvelles informations y est ajouté, à la suite des autres, toutes les 10 minutes). Tous les noeuds du réseau Bitcoin ont toutes les informations permettant de vérifier une transaction : la source possède-t-elle bien les bitcoins ? Pas besoin de passer par une autorité centrale pour vérifier les transactions, ce sont les noeuds du réseau qui valident.
    Posséder des bitcoins, concrètement, ça veut dire posséder ses clés privées d’accès à un portefeuille (Wallet). Je ne rentre pas dans le détail (vous pouvez lire cet article), mais la blockchain sécurise les transactions avec une clef publique (qui permet d’avoir l’adresse où envoyer l’argent), et une clef privée (gardée secrète qui permet de valider les transactions). C’est beaucoup plus complexe que cela, et intéressant d’ailleurs, mais en gros ça suffit pour notre propos ici. Donc : posséder des bitcoins, c’est avoir réalisé une transaction dans laquelle quelqu’un va nous envoyer des bitcoins vers une adresse de « portefeuille digital ». Bien sûr, en échange de cela il voudra de l’argent ou un autre actif, et il ne validera la transaction qu’en étant garanti de l’échange. La transaction verra votre portefeuille (Wallet) être crédité du montant correspondant, et vous êtes le seul à pouvoir y accéder (grâce à votre clef d’accès). Les autres peuvent y accéder pour y verser des Bitcoin, via la clef publique, mais vous êtes le seul à pouvoir valider une transaction qui partirait de votre Wallet pour aller ailleurs.
    Cela permet de comprendre pourquoi il faut donc 1) acheter des bitcoins et 2) les mettre à l’abri dans un Wallet.

    Acheter des bitcoins

    Pour acheter des bitcoins, le plus simple est de s’inscrire sur une plateforme d’échange (Exchange). En créant un compte sur une telle plateforme, vous pourrez y verser des euros, et avec cet argent acheter des Bitcoins moyennant une petite commission (et vous pourrez aussi y acheter d’autres cryptomonnaies, nous y reviendrons). J’ai choisi pour ma part d’utiliser Coinbase, mais il en existe plein d’autres bien sûr (Binance, eToro, Kraken). Vous imaginez bien qu’avec les montants en jeu (marché du bitcoin à l’heure où j’écris ces lignes : 1274 Milliards d’Euros), il y a quelques personnes intéressées pour apporter des services aux utilisateurs du Bitcoin. J’ai choisi Coinbase car c’était une des deux plus importantes, et parce que son patron Brian Armstrong, s’était fait remarquer en expliquant que les activistes woke ou cinglés du climat n’avaient rien à faire dans sa boite, qui est là pour servir ses clients et pas faire de la propagande. Bon il ne l’a pas dit comme cela, mais j’ai aimé son courage.
    Créer son compte est très simple sur ces plateformes qui ont aussi des apps smartphones bien sûr. Cela implique également, puisque cela revient à créer à un compte bancaire, une déclaration aux autorités fiscales. Catégorie « Déclaration de compte d’actifs à l’étranger« .
    Une fois cette étape franchie, vous aurez un compte en ligne, sur lequel vous pourrez verser des euros, et acheter des bitcoins… ou d’autres cryptomonnaies.

    Remarques sur les « autres » cryptomonnaies

    J’avais, au tout début, acheté du bitcoin, et puis un peu d’Ethereum, et puis un peu de Solana, et puis deux trois autres crypto en petites quantités. Partant du principe qu’il était de bon sens de diversifier son portefeuille. J’avais en gros 80% de BTC et 20% du reste. J’ai changé d’avis. Après avoir lu pas mal sur le sujet, je pense comme à peu près tous ceux qui ont lu sur le sujet sérieusement : Bitcoin est une invention extraordinaire, et les autres crypto (appelées AltCoins) sont dans une de ces catégories :

    • des copies arrivées bien après (donc sans grosse capitalisation et probablement sans avenir, la copie étant moins intéressante et robuste que l’originale)
    • des services adossés à des cryptomonnaies sans intérêts, qui probablement ne nécessitent pas d’utiliser de blockchain puisqu’ils ne sont pas réellement décentralisés
    • soit carrément des projets plus ou moins fumeux uniquement là parce que les milliards de monnaie d’Etats (ou monnaies FIAT) injectés dans l’économie servent aussi et toujours à financer des projets très risqués qui n’auraient pas été financés sans cette monnaie facile. C’est la même chose dans le monde des Startups…

    Je suis donc devenu un « bitcoin only ». Comme je le répète, tous ceux qui bossent le sujet. Les meilleurs projets dans le monde des « cryptos » ou des « tokens » sont à mon avis des services (comme Coinbase) qui permettront de faciliter l’usage du Bitcoin, mais sans la complexité et la lourdeur de la blockchain (qui dans le cas du bitcoin se justifie car c’est la technologie qui permet de garantir la décentralisation – transaction sans tiers de confiance).

    Sécuriser ses bitcoins

    Pourquoi faut-il sécuriser ses bitcoins ? Parce que quelle que soit la confiance que l’on place dans les Exchanges, ils ont été victimes, à plusieurs reprises, de hacking (au passage Le Bitcoin, non). Or, si vos bitcoins sont sur l’exchange, vos clefs aussi. Donc, selon la gravité du hacking – peu probable restons réalistes – vous pourriez perdre vos bitcoins. La plupart des plateformes d’échanges, désormais, détiennent vos bitcoins & vos clefs en dehors du réseau, ce qui limite beaucoup les risques.
    Bref : il est donc plus sûr de faire comme les exchanges, c’est-à-dire mettre ses bitcoins hors du réseau, dans un wallet (portefeuille). Il en existe en ligne (Coinbase en propose un par exemple), et hors-ligne (hardware ou papier). J’ai opté pour cette dernière option et j’ai choisi le wallet hardware Trezor (on peut citer aussi Ledger, ou Coldcard). Tous mes satochis / bitcoins sont donc hors-ligne. Personne ne peut me les voler. Coinbase m’a servi à acheter des bitcoins, mon Trezor me sert à les stocker. Comme je suis dans une logique de long-terme je n’ai pas besoin qu’ils soient utilisables tout de suite en ligne. La sécurité est doublée : une phrase de 20 mots clefs gardée à part, permet de récupérer ses clefs au cas où le hardware physique serait endommagé.

    Et vous, comment gérez-vous vos cryptomonnaies ? Etes-vous Bitcoin only ou avez fait des choix différents ? Vos retours m’intéressent.

  • Mine d’or musicale : Tiny Desk Concerts

    Mine d’or musicale : Tiny Desk Concerts

    Il arrive qu’on perde du temps à regarder des vidéos pas terrible, mais il arrive aussi qu’on tombe sur une chaîne extra. Je ne résiste pas au plaisir de vous partager cette superbe chaîne de NPR Music, qui ont enregistré et mis en ligne des centaines de mini-concerts (20-30 min), avec tout un tas de groupes plus ou moins connus. La liste des groupes et artistes est incroyable, quand on fouille on tombe sur Bono, Alicia Keys, Norah Jones, plein d’autres groupes au top. J’ai découvert grâce à cette chaîne Post Malone, vraiment chouette. En teaser, voici le concert d’Harry Styles. Classe.

  • L’étalon Bitcoin

    L’étalon Bitcoin

    Qu’est-ce qu’une monnaie ? A quoi ça sert ? Quelles sont les caractéristiques d’une bonne ou d’une mauvaise monnaie ? C’est à ces questions que Saifedean Ammous répond dans « L’étalon Bitcoin », avant de présenter le Bitcoin qui est probablement une monnaie presque parfaite.


    Le titre de l’excellent livre de Saifedean Ammous, économiste de l’Ecole Autrichienne (dont je me revendique philosophiquement), est un peu trompeur : J’utilise dans mes articles des liens vers des pages Wikipedia : faites attention à la qualité des informations que vous pouvez y trouver, notamment celles ayant des résonnances politiques.c’est d’abord et avant tout un ouvrage passionnant sur la monnaie, et l’histoire des monnaies. Bien sûr, en filigrane, il y a le Bitcoin, mais c’est seulement dans les tous derniers chapitres que l’auteur le traite à part entière, et pour montrer sur quels points spécifiques le Bitcoin est une réponse à des problématiques concrètes des monnaies à l’ère du numérique et des Banques centrales. Ce livre, je le précise, sorti en 2018, est devenu un classique sur la monnaie et Bitcoin. Il était recommandé par Philippe Herlin dans son excellent « Bitcoin : comprendre et investir« , et également par Jon Black dont je suis l’excellente chaîne Youtube. Sauf mention contraire, les citations dans cet article sont tirées du livre.

    Qu’est-ce qu’une monnaie ?

    J’avais beaucoup apprécié la lecture de l’ouvrage de Pascal Salin « La vérité sur la monnaie », dont j’ai pu réviser, grâce à « L’étalon Bitcoin » un certain nombre d’éléments. Je trouve extrêmement important de comprendre ce qu’est une monnaie, et je synthétise ici les points clefs pour en garder trace, et les partager avec vous, chers lecteurs.

    Moyen d’échange

    Les échanges directs ne sont pas toujours simples entre humains : il faut pour qu’ils soient possible une quadruple coïncidence difficile à réaliser dans la pratique (de besoins, de temps, d’échelle, de lieux). Si j’ai des carottes à échanger contre du bois, il faut qu’au moment (temps) où j’ai besoin de bois, j’ai en au même endroit que moi (lieux), quelqu’un qui a du bois et besoin de carottes (besoins), et que j’ai suffisamment de carottes pour avoir du bois (échelle). Une monnaie est d’abord et avant tout un bien qui résous ce problème : un intermédiaire qui sert de moyen d’échanges. Un tel bien, s’il est suffisamment accepté comme moyen d’échanges, permet à chacun de ne plus se préoccuper de trouver ceux qui ont, au bon moment, les bons biens à échanger contre le sien. Ce premier aspect de la monnaie est essentiel, car il est consubstantiel à la possibilité de la division du travail. Sans monnaie, je suis presque obligé de moi-même disposer d’un peu de bois, sous peine de ne jamais rencontrer cette quadruple coïncidence. Avec une monnaie, je sais que je peux me concentrer sur mes carottes, les échanger contre le bien qui sert de monnaie, et que grâce à cette monnaie je pourrais facilement me procurer du bois (et toutes les autres choses dont je pourrais avoir besoin).
    C’est la fonction par excellence de la monnaie que d’être un médium d’échange – en d’autres termes, c’est un bien acquis non pour être consommé (un bien de consommation), non pour être employé pour la production d’autres biens (un investissement ou un capital), mais en priorité pour être échangé contre d’autres biens.

    Réserve de valeur

    Tous types d’objets ou de bien peuvent servir de monnaie : il y a eu dans l’histoire de l’humanité des monnaies en coquillage, en pierre, en sel, en animaux, en métaux précieux, en papier monnaie, etc… Il est important que cette monnaie soit facilement échangeable ou vendable (liquide), et qu’elle le soit de manière durable dans le temps. Il faut donc éviter des monnaies qui pourraient pourrir dans le temps (soit parce qu’elles sont organiques, soit parce qu’elles seraient soumises à différentes formes de détérioration – corrosion, érosion, etc..). Mais cette intégrité physique ne suffit pas.
    Pour qu’un bien garde sa valeur, il est aussi nécessaire que la disponibilité de ce bien ne s’accroisse pas considérablement pendant la période où il est détenu par son propriétaire. Il y a une caractéristique commune aux différentes formes de monnaie à travers l’histoire qui est l’existence d’une mécanisme restreignant la production de nouvelles unités du bien servant de monnaie afin de maintenir la valeur des unités existantes. La difficulté relative de production de nouvelles unités monétaires détermine la dureté d’une monnaie. Une monnaie dont la production est difficile à accroitre est qualifiée de monnaie dure alors que la monnaie facile est celle dont la production en grande quantité est élastique.
    Cette dureté peut se mesurer assez facilement en faisant le rapport de deux choses : le stock (quantité totale existante de cette monnaie) et le flux (la production supplémentaire qui sera faite au cours de la prochaine période). Plus ce ratio stock/flux est élevé, plus nous avons affaire une monnaie dure. Saifedean Ammous insiste sur le fait que dans l’histoire des monnaies, les biens qui ont duré le plus comme monnaie, sont les plus durs, c’est-à-dire les monnaies dotées de mécanismes de protection contre la production facile. Un autre aspect : tout changement dans les conditions de production d’une monnaie particulière peut complètement renverser sa valeur. L’exemple historique des monnaies de pierre des îles Yap vaut le coup d’être découvert (l’auteur le décrit de manière détaillée sous l’angle purement monétaire).

    Unité de compte

    Un autre aspect fondamental de la monnaie est le fait de pouvoir servir d’unité de compte. Le fait qu’un bien soit diffusé largement et utilisé comme moyen d’échange rend possible d’exprimer les prix de tous les autres biens dans cette unité de compte. Cet élément est fondamental parce qu’il permet l’existence d’un système de prix, facilitant énormément les calculs économiques variés, et la circulation de l’information. L’existence de prix, en effet, permet à de nombreux acteurs économiques de se coordonner sans avoir besoin de communiquer entre eux. La variation d’un prix d’une matière première permet à ceux qui l’utilisent d’ajuster en conséquence leur activité sans avoir besoin d’aller se renseigner sur le détail des variations des conditions de production de cette matière première. C’est un des fondamentaux de l’efficacité d’un marché libre avec un système de prix : il permet une coordination spontanée, décentralisée, de nombreux acteurs de manière particulièrement efficace, en permettant la circulation de l’information, et l’auto-régulation des activités des acteurs entre eux sur la base de ces informations. C’est pour cette raison que la fixation arbitraire des prix, toujours, détruit la liberté et nuit à l’efficacité collective des échanges. Hayek avait expliqué tout cela dans un article fameux de 1945 « The use of knowledge in Society« .

    Voilà des élément importants de connaissances sur ce qu’est une monnaie, c’est-à-dire ces billets de banques, ces euros, que nous utilisons tous les jours de multiples fois. Moyen d’échange, réserve de valeur, unité de compte, voilà les 3 caractéristiques majeures d’une monnaie, qui peut être plus ou moins dure (solide).

    La place des Etats dans l’appauvrissement du monde

    L’histoire des monnaies que dresse ensuite l’auteur pourrait tenir en quelques principes, illustrés par nombreux exemples concrets historiques, documentés et vérifiables :

    • Toute personne qui a la capacité à créer de la monnaie ne pourra pas résister longtemps à le faire. Quand il le fait, il s’enrichit au détriment de tous ceux qui en détenaient avant (il créé de toute pièce une richesse pour lui, en faisant perdre de la valeur à la monnaie que tous les autres utilisent)
    • Toutes les périodes fastes de développement économique ont coïncidée avec des monnaies dures (le Florin, le Ducat, l’étalon-or)
    • La main mise par les Etats sur les monnaies, et l’uniformisation de leur gestion de l’inflation, conduit à des monnaies de mauvaise qualité, qui appauvrissent les gens à chaque nouvelle inflation de la masse monétaire, et encourage ainsi des comportements orientés sur la consommation immédiate et d’endettement plutôt que sur l’épargne et le pari sur le futur. Si je n’ai pas d’assurance que mon épargne en euro vaudra encore quelque chose dans 5 ou 10 ans, j’ai intérêt à emprunter ou à dépenser cette monnaie de mauvaise qualité rapidement. Ces emprunts et ces dépenses, contrairement à l’épargne et à l’investissement, limitent l’énergie que nous mettons à améliorer les moyens de production.
    • L’utilisation d’une mauvaise monnaie permet aux politiciens d’emprunter pour financer tout un tas de projets fumeux, sans avoir à faire peser ces choix sur les citoyens directement (ce qui serait le cas s’ils passaient par l’impôt). Mais ce n’est qu’une manière de différer le poids : la dette s’accumule, les projets destructeurs de valeur aussi, les bulles d’investissements qui existent uniquement parce que de grandes quantité d’argent sont régulièrement créés de toute pièce et injectées dans l’économie. Dans tous les secteurs, on trouve des activités dont la seule raison d’être est qu’elles ont pu être créées avec cet argent facile.

    Je ne reviens pas trop en détail sur les exemples historiques que cite l’auteur. Il y a en de nombreux. Selon lui, l’abandon de l’étalon or à peu près au moment de la première guerre mondiale a été une des causes des problèmes rencontrés par l’Occident depuis cette époque. Et toujours pas résolu, car l’inflation de la masse monétaire est devenue une sorte de règle de fonctionnement des monnaies étatiques, que nous sommes obligés d’utiliser. Von Mises avait résumé cela (cité dans le livre) :
    Les gouvernements pensent que … quand il y a le choix entre un impôt impopulaire et une dépense très populaire, ils ont une solution – la voie vers l’inflation. Ceci illustre le problème né de l’abandon de l’étalon-or.
    Ludwig Von Mises, extrait d’une conférence

    Le cas de Keynes

    On peut se demander pourquoi, sachant tout cela, nous continuons à accepter ce genre de politique. Un des éléments de réponse, passionnant, est qu’une partie des économistes, politiciens, élites, sont biberonné avec la pensée de Keynes, chantre de l’intervention étatique dans l’économie, enseigné dans toutes les universités. Cette pensée économique, Saifedean Ammour le montre citations et raisonnements à l’appui, est complètement fausse sur pleins de points (mais continue pourtant à être enseignée). Elle repose sur l’idée, jamais démontrée ou argumentée par Keynes, que l’activité économique est d’autant meilleure que les Etats s’endettent. Et donc, il est légitime qu’ils aient la main sur la monnaie et en créent beaucoup pour s’endetter. C’est bien sûr le contraire que l’on constate. Mais, c’est ce qu’une partie des gens apprennent en cours. Par ailleurs, l’auteur montre qui était Keynes, fils d’une famille richissime famille, né avec une cuillère en or dans la bouche, pédophile, partisan d’un eugénisme et d’un totalitarisme soft assumé.

    Le Bitcoin comme monnaie parfaite ?

    Le Bitcoin s’inscrit très exactement dans cette histoire des monnaies, à l’ère du numérique. C’était la question de son génial inventeur dont seul le pseudonyme est connu (Satoshi Nakamoto) : « comment créer une monnaie numérique liquide pair-à-pair ? ». Il a construit, avec d’autres, et depuis avec une armée de développeurs, une réponse aux vœux exprimés par Hayek en 1984 (cité dans le livre):
    Je ne crois pas que nous aurons à nouveau une bonne monnaie avant que nous ne reprenions la chose des mains du gouvernement. Autrement dit, nous ne pouvons pas le reprendre d’une manière violente des mains du gouvernement, tout ce que nous pouvons faire, c’est introduire d’une façon rusée et par un moyen détourné quelque chose qu’ils ne peuvent pas arrêter.
    J’ai passé déjà quelques dizaines d’heures à étudier le Bitcoin, et il faut reconnaître que c’est une invention géniale. En voici quelques éléments clefs, bien sûr beaucoup plus approfondis dans le livre, dont je ne peux que recommander chaudement la lecture (que vous ayez envie ou non d’investir dans du Bitcoin, car c’est un excellent ouvrage d’économie monétaire et d’histoire de la monnaie).

    • Stock limité : le code mis en place pour le bitcoin a posé cela dès le début : il n’y aura jamais plus de 21 millions de Bitcoin (chaque bitcoin est divisé en 100 millions de satoshis). Depuis l’apparition du bitcoin, en 2009, le nombre de bitcoin en circulation augmente, de moins en moins vite, et se terminera vers 2140. Cela fait du bitcoin la monnaie la plus dure qui soit : un accroissement de sa valeur ne peut pas entraîner un accroissement de son offre.
    • Sans intermédiaire : le fonctionnement du Bitcoin est basé sur un réseau de nœuds (logiciel installé sur un ordinateur pour faire vite) qui détiennent tous une copie, mise à jour en temps réel, de toutes les transactions bitcoin depuis le début. Ce registre particulier, crypté (reposant sur une blockchain, dont c’est selon l’auteur la seule application concrète), sert à vérifier à chaque transaction la possibilité de celle ci. Celui qui envoie des bitcoins à un autre a-t-il réellement en sa possession ces bitcoins ? Le fonctionnement du bitcoin est génial sur ce point : il est très coûteux pour les mineurs (des nœuds particuliers du réseau) de générer de nouveaux bitcoins, ou de générer une transaction dans le registre, et il est très facile pour le réseau de vérifier la validité des transactions et des nouveaux bitcoins. Du coup, il y a un mécanisme économique génial qui rend très difficile – impossible – la fraude. Pas besoin d’une autorité centrale, ou d’un tiers, pour valider les opérations : le réseau de nœuds sert à cela.
    • Premier vrai transfert numérique : comme l’explique très bien l’auteur, « Bitcoin est le premier exemple d’objet numérique dont le transfert met fin à sa détention par l’expéditeur. Nakamoto a inventé la rareté numérique
    • Ultra-robuste : depuis son apparition, il y a eu pas mal de tentatives de hackers, ou simplement de gens qui pensaient pouvoir améliorer le bitcoin, pour modifier le code bitcoin. Toutes ces tentatives, décrites dans le livre, ont échouées car le fonctionnement en réseau rend quasi-impossible le fait de faire évoluer le code, et par ailleurs très peu rentable économiquement. Il faudrait des moyens colossaux pour réussir à contrôler la moitié des nœuds du réseau, et l’opération, si elle réussissait, conduirait à une perte importante de la valeur du Bitcoin, donc rendrait cette opération encore moins rentable.

    Le bitcoin, pour finir, est tout à fait fascinant. C’est le fruit d’une idée de génie, puis d’une communauté de développeurs qui ont amélioré le code, patiemment, de manière très conservative (c’est très bien décrit dans l’ouvrage). La valeur du bitcoin, qui n’est plus à prouver, repose sur ses caractéristiques de conception, et sur ces nombreuses petites évolutions faites par la suite. Il évolue selon des règles catallactiques désormais. C’est un exemple de ce que le philosophe Ferguson appelle « le produit de l’action humaine et non une conception humaine ».
    Un dernier point qui est surprenant, pour illustrer les propos précédents, est la Loi de puissance que semble suivre le cours du bitcoin. Sur six ou sept ordres de grandeur de prix, l’évolution temporelle du bitcoin suit (avec bien sûr beaucoup de fluctuations et de volatilité) une loi de progression simple qui semble traduire, de mon point de vue, la dureté de cette monnaie. A date 25 juillet 2024, voici la photo du bitcoin :

    • Nombre de bitcoins en circulation : 19 730 450
    • Valeur d’un bitcoin en Euros : 59 000

    Je ferai prochainement un billet pratico-pratique sur la manière d’acheter et sécuriser des bitcoins.