CatĂ©gorie : 💬 Citations

  • Citation #98

    Toute philosophie politique qui n’est pas construite comme une thĂ©orie des droits de propriĂ©tĂ© passe complĂštement à  cĂŽtĂ© de son objet et doit par consĂ©quent ĂȘtre rejetĂ©e d’emblĂ©e comme un verbiage dĂ©pourvu de sens pour une thĂ©orie de l’action.

    Hans Hermann Hoppe(1949 – ) Philosophe et Ă©conomiste amĂ©ricain

  • Citation #97

    Il existe une fausse vision du libĂ©ralisme selon laquelle la seule chose qui intĂ©resserait un libĂ©ral est la richesse matĂ©rielle, autrement dit l’argent. L’erreur est sans doute entretenue à  dessein par les non-libĂ©raux. Je leur retourne le compliment : ce sont les marxistes et socialistes qui s’intĂ©ressent aux richesses matĂ©rielles en prĂ©levant des impĂŽts, rĂ©partissant la richesse, etc. Ils oublient la dimension humaine des choses. Pour un libĂ©ral vĂ©ritable, ce qui est important, c’est l’esprit humain et ce qu’il est capable de crĂ©er. La richesse matĂ©rielle n’en est qu’une consĂ©quence Ă©ventuelle. Un des ouvrages essentiels de Ludwig von Mises, figure de proue de l’école libĂ©rale autrichienne avec Friedrich von Hayek, a pour titre L’action humaine. Son raisonnement de base : ĂȘtre libre — ne pas ĂȘtre esclave — c’est ĂȘtre propriĂ©taire de son corps et de son esprit. Or, si l’on est propriĂ©taire de son esprit, on l’est automatiquement de ce que son esprit a créé. Voilà  ce que veut dire « ĂȘtre propriĂ©taire des fruits de son activité », et c’est pour moi le fondement du libĂ©ralisme.
    Pascal Salin

  • Citation #96

    La vĂ©ritĂ© ne se dĂ©cide pas à  la majoritĂ© des voix. La vĂ©ritĂ© est la vĂ©ritĂ©, elle se reconnaĂźt. Mais cette vĂ©ritĂ©-là  ne peut pas elle-mĂȘme ĂȘtre reconnue dans le monde hyperpolitisĂ© et hypermĂ©diatisĂ© oĂč nous vivons et oĂč toute valeur disparaĂźt au profit du nombre. C’est le nombre de ses fans qui fait de Loana une star plus que ses qualitĂ©s intrinsĂšques. Et c’est le nombre de participants au sommet antilibĂ©ral de Porto Alegre ou au Forum des puissants de Davos qui permettent de focaliser l’attention des mĂ©dias et des hommes politiques.
    [
] Non, le Forum de Davos, les grandes entreprises multinationales, le FMI et la Banque mondiale ne sont pas l’expression ni mĂȘme le symbole du capitalisme!
    N’est-il pas paradoxal, en effet, de faire du FMI ou de la Banque mondiale des symboles du capitalisme, alors qu’il s’agit là  d’organisations interĂ©tatiques ? Les ressources qu’ils distribuent ont nĂ©cessairement Ă©tĂ© produites par les efforts de personnes privĂ©es auprĂšs desquelles elles ont Ă©tĂ© prĂ©levĂ©es. Et elles sont essentiellement redistribuĂ©es à  des États et à  des organisations publiques, c’est-à -dire à  des personnes irresponsables, puisqu’elles n’engagent pas leurs propres ressources et qu’elles ne subissent pas la sanction de leurs erreurs. Car les habitants des pays pauvres ne sont pas les victimes du capitalisme mondial, ils sont bien au contraire les victimes d’un manque de capitalismeC’est ainsi que le FMI et la Banque mondiale ont gaspillĂ© des ressources considĂ©rables, qu’ils ont incitĂ© une myriade d’autres organisations et États à  faire de mĂȘme et qu’ils ont aidĂ© à  se maintenir en place des rĂ©gimes aussi nuisibles que corrompus. Car les habitants des pays pauvres ne sont pas les victimes du capitalisme mondial, ils sont bien au contraire les victimes d’un manque de capitalisme. Ce n’est pas sur les marchĂ©s mondiaux qu’il faut trouver la source de leurs maux, mais chez eux-mĂȘmes: ce sont les États des pays pauvres qui les maintiennent dans la pauvretĂ© en empĂȘchant les initiatives privĂ©es, en spoliant les plus actifs, les plus courageux, les plus innovateurs, en dĂ©truisant la morale naturelle — si indispensable au dĂ©veloppement — par le dĂ©veloppement de la corruption.
    Qu’est-ce que le capitalisme en rĂ©alitĂ©?
    On fait Ă©galement fausse route en ramenant le capitalisme à  la seule existence de quelques grandes firmes. Comme l’a si bien soulignĂ© l’auteur pĂ©ruvien Hernando de Soto, dans de nombreux pays sous-dĂ©veloppĂ©s on appelle capitalistes les propriĂ©taires de grosses entreprises qui vivent en symbiose avec l’État, qui vivent de subventions, de privilĂšges, de protections douaniĂšres et qui, en retour, soutiennent les hommes politiques en place. Mais ils ne mĂ©ritent pas le beau nom de « capitalistes », ni mĂȘme celui d’entrepreneurs. Ils ne sont que des nomenklaturistes, des parasites sociaux, qui non seulement vivent aux dĂ©pens des autres, mais encore les empĂȘchent de se dĂ©velopper. Les vrais capitalistes, ce sont tous ces hommes et ces femmes — qu’ils soient pauvres ou aisĂ©s, petits entrepreneurs, agriculteurs ou artisans — qui dĂ©veloppent des trĂ©sors d’imagination pour survivre, imaginer, crĂ©er, en dĂ©pit des obstacles fiscaux, lĂ©gislatifs et rĂ©glementaires que leur opposent les dĂ©tenteurs du pouvoir.
    Ă Ć tre capitaliste, c’est se voir reconnaĂźtre la propriĂ©tĂ© du fruit de son travail, de ses efforts, de son imagination. Et toute la dignitĂ© de l’homme lui vient donc de sa capacitĂ© à  ĂȘtre capitaliste. Comment se fait-il alors qu’il soit si difficile de se dire favorable au capitalisme, d’en dĂ©fendre les valeurs? On pourra voir un indice inquiĂ©tant des dĂ©rives intellectuelles de notre temps en considĂ©rant l’extraordinaire contraste qui existe entre, d’une part, le « battage mĂ©diatique » mondial qui entoure la rencontre de Porto Alegre — ainsi que, dans une moindre mesure, la rĂ©union du Forum de Davos —, et, d’autre part, cette formidable initiative qu’a Ă©tĂ©, le 2 dĂ©cembre dernier, la « marche pour le capitalisme » qui s’est dĂ©roulĂ©e dans une presque centaine de villes à  travers le monde. Cette « marche » — dont l’initiative revient non pas à  quelque « gros capitaliste », mais à  un chanteur des rues australien — est passĂ©e presque inaperçue, d’une part bien sĂ»r parce que les organisateurs de ces diffĂ©rentes manifestations Ă©taient loin de bĂ©nĂ©ficier des aides financiĂšres disponibles pour les autres, mais aussi parce que le silence mĂ©diatique a Ă©tĂ© presque total. Mais, rĂ©pĂ©tons-le, ce n’est pas le nombre qui fait la vĂ©ritĂ©.
    Pascal Salin

  • Citation #95

    Françoise DoltoLe seul péché est de ne pas se risquer pour vivre son désir.

    Françoise Dolto (1908-1988)

  • Citation #94

    La presse Ă©conomique nous a rĂ©cemment abreuvĂ©s de reportages sur la dure vie de ceux qui sont payĂ©s un salaire de misĂšre dans les pays anglo-saxons oĂč le salaire minimum est faible ou inexistant. L’erreur implicite (et probablement volontaire) transmise par ces hebdomadaires consiste à  comparer ces gens-là  avec nos smicards, Ă©videmment beaucoup mieux payĂ©s. Or, ceux qui gagneraient aussi peu en l’absence de salaire minimum ne sont pas les smicards. Ceux-là  sont assez productifs pour justifier leur emploi au niveau imposĂ©, et ne gagneraient donc pas moins si on supprimait le SMIC. C’est avec nos exclus, victimes de nos interdiction de travailler, qu’il faut comparer les faibles salaires dans les autres pays.

    Et à  qui prĂ©tend qu’il vaut mieux ne pas travailler que le faire à  ces conditions, on rĂ©pondra que c’est aux intĂ©ressĂ©s de choisir. Les lĂ©gislateurs du salaire minimum, en les privant de leur Droit de choisir, leur confisquent leur Droit naturel (et constitutionnel) de travailler. Confisquer à  quelqu’un son Droit de travailler, c’est se dire propriĂ©taire de sa capacitĂ© de travail. Et se prĂ©tendre propriĂ©taire du travail de quelqu’un, c’est de l’esclavagisme.

    Si on supprimait le SMIC, par consĂ©quent, la seule consĂ©quence en serait de rendre leurs chances à  une foule d’ĂȘtres humains en les rĂ©tablissant dans leur droit d’entrer à  nouveau sur le marchĂ© du travail, alors qu’ils en Ă©taient exclus faute de produire assez pour rentabiliser leur embauche par un Ă©ventuel employeur.

    Dans le climat terrorisant de la « pensĂ©e unique » qui domine notre pays, il faut du courage pour rĂ©clamer la suppression du salaire minimum. On a tĂŽt fait d’interprĂ©ter cette position comme l’expression du dĂ©sir de favoriser « les patrons » aux dĂ©pens des « travailleurs ». Il s’agit, bien au contraire, de rendre leurs chances en rendant leur Droit à  ceux qui, c’est le cas de le dire, sont les moins favorisĂ©s. C’est pourquoi je considĂšre que rĂ©clamer la suppression du salaire minimum est un devoir moral qui s’impose à  tous et je souhaite donc que tous hommes de bonne volontĂ©, de tous horizons, s’engagent dans une campagne pour sa suppression.

    Pascal Salin

  • Pas besoin d’Etat pour assurer la sĂ©curitĂ© des citoyens ?


    M.Grunert : Vous ĂȘtes un libĂ©ral cohĂ©rent. Alors, selon vous, peut-on en appeler à  l’Etat pour garantir la sĂ©curitĂ© des citoyens ? Dans une pĂ©riode de crise internationale, l’intellectuel libĂ©ral que vous ĂȘtes n’est-il-pas tentĂ© par le pragmatisme ?

    Pascal Salin : Il est Ă©vident que je ne crois pas que l’Etat soit capable de garantir la sĂ©curitĂ© des citoyens. En effet, les hommes de l’Etat sont, par nature irresponsables et l’Etat fait donc toujours moins bien que des personnes privĂ©es unies par des liens contractuels. L’idĂ©e qu’il faille un Etat pour assurer la sĂ©curitĂ© des citoyens est l’un des grands et dangereux mythes de nos sociĂ©tĂ©s. Nous sortons d’un XXĂšme siĂšcle atroce et qui a Ă©tĂ© atroce prĂ©cisĂ©ment parce que les Ă©tats se sont faits la guerre. Ce sont les hommes de l’Etat, non les « marchands », qui sont responsables des dizaines de millions de morts qui ont jalonnĂ© ce siĂšcle. Est-ce là  la sĂ©curitĂ© ?
    Et nous voyons, à  une autre Ă©chelle, dans la vie quotidienne, que l’Etat est totalement incapable d’assurer notre sĂ©curitĂ©. C’est lui qui a construit les banlieues sinistres et les HLM-poulaillers, c’est lui qui a favorisĂ© une immigration de mauvaise qualitĂ©, c’est lui qui est incapable de sĂ©vir, c’est lui qui a le monopole d’une justice
    peureuse et sans moyens.
    Mais il est vrai que la tentation du pragmatisme existe toujours car devant les dangers immĂ©diats, à  l’intĂ©rieur comme à  l’extĂ©rieur, on est tentĂ© de se retourner contre la seule force qui existe, à  savoir le monopole Ă©tatique (qui tient sa position prĂ©cisĂ©ment du fait qu’il interdit aux autres de le concurrencer). Nous devons Ă©videmment souhaiter que, dans l’immĂ©diat, l’Etat assure le mieux possible notre sĂ©curitĂ©, mais demander en mĂȘme temps qu’il soit concurrencĂ© dans ces tĂąches.

    Trouvé sur le Cercle Hayek, dirigé par Marc Grunert