Je ne sais plus oĂą, ni quand, mais j’avais promis Ă Â Mathieu L. de publier ici un extrait de Bastiat oĂą il parle du socialisme. C’est un petit texte extrait de « La Loi« , Ă©crit en 1850, juste avant sa mort. D’une grande beautĂ©, comme tous les textes de Bastiat que j’ai lus.
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Catégorie : 🧩 Extraits
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DLL – La persistance du constructivisme dans la pensĂ©e courante
Chapitre premier : « Raison et évolution »
La persistance du constructivisme dans la pensée courante
Le rejet des rĂ©cits par lesquels la religion expliquait la source et les fondements de la validitĂ© des règles traditionnelles de la morale et du droit conduisait au rejet de ces règles mĂŞmes, dans la mesure oĂą elles ne pouvaient ĂŞtre justifiĂ©es rationnellement. C’est Ă Â leur succès dans cette « libĂ©ration » de l’esprit humain que nombre de penseurs cĂ©lèbres de cette Ă©poque doivent leur rĂ©putation.
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Qui paye la note ?
Je vous avoue que je ne vois jamais les plans de relance d’un bon oeil. J’imagine qu’il y a tous les meilleurs arguments du monde pour justifier de nouvelles dĂ©penses, qui sont forcĂ©ment financĂ©es par les contribuables. Je n’ai pas forcĂ©ment les compĂ©tences, ou la plume pour le dire, alors je vais utiliser les mots des autres…:
Au fond de l’action publique, il y a un état d’esprit qui la guide, la sincérité ou l’insincérité. Quand l’Etat français, constamment, depuis trente ans, a dépensé davantage qu’il n’a gagné, avec pourtant un niveau élevé de fiscalité, il s’est, en fait, enfoncé dans l’insincérité. Il l’a fait avec notre accord, celui des citoyens, accord tacite, accord implicite, mais aussi accord formel car plusieurs fois, au carrefour de l’histoire, le suffrage universel a désavoué les rares personnalités qui tentaient de s’approcher de la sincérité.Les déficits publics ne sont pas un concept. Ils sont une philosophie du renoncement et de la démission, expression de la peur et du refus des épreuves. Ils ont été, en France, le choix politique de la communauté pour régler les problèmes immenses que posaient aux économies occidentales les chocs pétroliers des années soixante-dix. C’est à  ce moment là  que le mensonge s’est installé.
Jean-Michel Aphatie, sur le site de Claude Reichman[1. trouvé grâce à  Philippe (Sully) Robert]
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Pas seul
Ily a des matins, oĂą la manière dont sont traitĂ©s les infos par les journalistes, et la manière dont sont traitĂ©s les problèmes par les politiciens, donnent un sentiment de bataille perdue d’avance, de gâchis et de mission impossible. Et puis, heureusement, des textes lus Ă Â droite Ă Â gauche me permettent de voir que je ne suis pas seul. A trouver l’intervention omniprĂ©sente de l’Etat dĂ©primante, alarmante mĂŞme. A trouver le niveau d’Ă©ducation de mes concitoyens tout aussi alarmant. Aujourd’hui, c’est la tribune de Guy Sorman que j’aurais aimĂ© Ă©crire. A dĂ©faut d’avoir son talent et sa compĂ©tence, je vous la recopie ici.
Les Français, dit on, c’est le lieu commun de la saison, rĂ©clameraient « le retour de l’Etat ». Certes, mais chez nous, l’Etat n’est jamais parti : le taux de prĂ©lèvement public est parmi les plus Ă©levĂ©s en Europe et dans l’OCDE, supĂ©rieur Ă Â 50%. Par ailleurs, ce taux n’a cessĂ© de monter depuis 1981, de mĂŞme que le nombre des fonctionnaires. Ceci sous les gouvernements de droite comme de gauche. Nos banques sont Ă©troitement contrĂ´lĂ©es, l’Etat a partout des participations industrielles, le Code du travail est le plus protecteur des salariĂ©s en Europe, le Code des impĂ´ts est le plus indĂ©chiffrable, l’impĂ´t sur la fortune c’est Français (demandez Ă Â Johnny[1. ou Ă Â John Malkovich…]), etc.. L’information est aussi sous l’autoritĂ© de l’Etat et va l’ĂŞtre plus encore avec la dĂ©signation du prĂ©sident de la tĂ©lĂ©vision publique par le chef de l’Etat (du Poutinisme audiovisuel). L’Ă©ducation, Ă Â tous les niveaux, ne pourrait ĂŞtre plus Ă©tatisĂ©e dans son organisation et son contenu qu’elle ne l’est dĂ©jĂ Â . Donc, de quoi parle-t-on ?
On devine, bien entendu, que le Français rĂŞve d’un monde plus prĂ©visible ; mais plus d’Etat serait Ă Â l’expĂ©rience, moins de croissance, pauvres mais Ă©gaux. La grande illusion est tout de mĂŞme, de croire que l’Etat est plus rationnel et rassurant que le marchĂ© : c’est historiquement faux. Le marchĂ© fait des bulles mais les Etats font la guerre.A lire Ă©galement, La folie injectrice chez Franck Boizard, et Si on apprenait enfin l’Ă©conomie ?, tribune d’Yves de Kerdrel.
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La Loi, de Frédéric Bastiat
J’ai reçu hier mon exemplaire de « La Loi« , de FrĂ©dĂ©ric Bastiat. Bien entendu, je n’ai pas pu rĂ©sister, et j’ai commencĂ© Ă Â le lire. Je vous en donne quelques extraits ici, pour vous donner envie d’aller le lire…
J’ai retrouvĂ© avec exaltation, et un plaisir intense, la langue pure et belle de Bastiat, sa manière de rigoureusement exprimer les idĂ©es. Sa verve aussi, car c’est rĂ©ellement un grand Ă©crivain. Comme ce livre est disponible en intĂ©gralitĂ© sur le net, j’ai pu aller vous chercher deux extraits lus hier soir. En guise d’amuse-gueule…
Propriété, Spoliation et Loi
L’homme ne peut vivre et jouir que par une assimilation, une appropriation perpĂ©tuelle, c’est-Ă Â -dire par une perpĂ©tuelle application de ses facultĂ©s sur les choses, ou par le travail. De lĂ Â la PropriĂ©tĂ©.
Mais, en fait, il peut vivre et jouir en s’assimilant, en s’appropriant le produit des facultĂ©s de son semblable. De lĂ Â la Spoliation.
Or, le travail Ă©tant en lui-mĂŞme une peine, et l’homme Ă©tant naturellement portĂ© Ă Â fuir la peine, il s’ensuit, l’histoire est lĂ Â pour le prouver, que partout oĂą la spoliation est moins onĂ©reuse que le travail, elle prĂ©vaut; elle prĂ©vaut sans que ni religion ni morale puissent, dans ce cas, l’empĂŞcher.
Quand donc s’arrĂŞte la spoliation ? Quand elle devient plus onĂ©reuse, plus dangereuse que le travail.
Il est bien Ă©vident que la Loi devrait avoir pour but d’opposer le puissant obstacle de la force collective Ă Â cette funeste tendance ; qu’elle devrait prendre parti pour la propriĂ©tĂ© contre la Spoliation.
Il est bien évident que la Loi devrait avoir pour but d’opposer le puissant obstacle de la force collective à  cette funeste tendance ; qu’elle devrait prendre parti pour la propriété contre la Spoliation
Mais la Loi est faite, le plus souvent, par un homme ou par une classe d’hommes. Et la Loi n’existant point sans sanction, sans l’appui d’une force prĂ©pondĂ©rante, il ne se peut pas qu’elle ne mette en dĂ©finitive cette force aux mains de ceux qui lĂ©gifèrent.
Ce phĂ©nomène inĂ©vitable, combinĂ© avec le funeste penchant que nous avons constatĂ© dans le coeur de l’homme, explique la perversion Ă Â peu près universelle de la Loi. On conçoit comment, au lieu d’ĂŞtre un frein Ă Â l’injustice, elle devient un instrument et le plus invincible instrument d’injustice. On conçoit que, selon la puissance du lĂ©gislateur, elle dĂ©truit, Ă Â son profit, et Ă Â divers degrĂ©s, chez le reste des hommes, la PersonnalitĂ© par l’esclavage, la LibertĂ© par l’oppression, la PropriĂ©tĂ© par la spoliation.
Il est dans la nature des hommes de rĂ©agir contre l’iniquitĂ© dont ils sont victimes. Lors donc que la Spoliation est organisĂ©e par la Loi, au profit des classes qui la font, toutes les classes spoliĂ©es tendent, par des voies pacifiques ou par des voies rĂ©volutionnaires, Ă Â entrer pour quelque chose dans la confection des Lois. Ces classes, selon le degrĂ© de lumière oĂą elles sont parvenues, peuvent se proposer deux buts bien diffĂ©rents quand elles poursuivent ainsi la conquĂŞte de leurs droits politiques : ou elles veulent faire cesser la spoliation lĂ©gale, ou elles aspirent Ă Â y prendre part.Loi, Morale et Justice
Aucune sociĂ©tĂ© ne peut exister si le respect des Lois n’y règne Ă Â quelque degrĂ© ; mais le plus sĂ»r, pour que les lois soient respectĂ©es, c’est qu’elles soient respectables. Quand la Loi et la Morale sont en contradiction, le citoyen se trouve dans la cruelle alternative ou de perdre la notion de Morale ou de perdre le respect de la Loi, deux malheurs aussi grands l’un que l’autre et entre lesquels il est difficile de choisir.
Il est tellement de la nature de la Loi de faire rĂ©gner la Justice, que Loi et Justice, c’est tout un, dans l’esprit des masses. Nous avons tous une forte disposition Ă Â regarder ce qui est lĂ©gal comme lĂ©gitime, Ă Â ce point qu’il y en a beaucoup qui font dĂ©couler faussement toute justice de la Loi. Il suffit donc que la Loi ordonne et consacre la Spoliation pour que la spoliation semble juste et sacrĂ©e Ă Â beaucoup de consciences. L’esclavage, la restriction, le monopole trouvent des dĂ©fenseurs non seulement dans ceux qui en profitent, mais encore dans ceux qui en souffrent. Essayez de proposer quelques doutes sur la moralitĂ© de ces institutions. « Vous ĂŞtes, dira-t-on, un novateur dangereux, un utopiste, un thĂ©oricien, un contempteur des lois ; vous Ă©branlez la base sur laquelle repose la sociĂ©tĂ©. » Faites-vous un cours de morale, ou d’Ă©conomie politique ? -
DLL – Le dĂ©veloppement de l'optique Ă©volutionniste
Chapitre premier : « Raison et évolution »
Le dĂ©veloppement de l’optique Ă©volutionniste
Il devint de plus en plus clair que la formation de types rĂ©guliers de relations humaines qui ne sont pas le but conscient d’actions humaines soulevait un problèmes qui nĂ©cessiterait le dĂ©veloppement d’une thĂ©orie sociale systĂ©matique. La rĂ©ponse Ă Â ce besoin fut fournie pendant la seconde moitiĂ© du XVIIIe siècle dans le domaine Ă©conomique par les philosophes moralistes Ă©cossais, conduits par Adam Smith et Adam Ferguson, cependant que les consĂ©quences Ă Â en tirer pour la thĂ©orie politique recevaient leurs magnifiques formulations du grand visionnaire Edmund Burke, encore que l’on chercherait vainement dans son oeuvre une thĂ©orie systĂ©matique.
Hayek s’emploie ensuite Ă Â dissiper certains malentendus Ă Â propos de la thĂ©orie Ă©volutionniste.
Il y a d’abord la croyance erronĂ©e que c’est une conception empruntĂ©e Ă Â la biologie. Ce fut en rĂ©alitĂ© l’inverse, et si Charles Darwin a su appliquer avec succès Ă Â la biologie un concept qu’il avait largement reçu des sciences sociales, cela ne rend pas ce concept moins important dans le domaine oĂą il avait pris naissance. C’est Ă Â l’occasion de la rĂ©flexion sur des formations sociales telles que le langage et la morale, le droit et la monnaie, qu’au cours du XVIIIe siècle les conceptions jumelles de l’Ă©volution et de la formation spontanĂ©e d’un ordre furent enfin clairement formulĂ©es, fournissant ainsi Ă Â Darwin et ses contemporains des outils intellectuels qu’ils purent appliquer Ă Â l’Ă©volution biologique. Ces philosophes moralistes du XVIIIe siècle et les Ă©coles historiques du droit et du langage peuvent bien ĂŞtre nommĂ©s — comme certains des thĂ©oriciens du langage du XIXe se sont eux-mĂŞmes qualifiĂ©s — des darwiniens avant Darwin.