Catégorie : 📚 Livres

  • La horde du contrevent

    La horde du contrevent

    Incroyable univers imaginaire

    Alain Damasio a signé avec « La horde du contrevent » (2004) un roman étonnant, brillant et captivant. Dans un monde imaginaire, dominé par le vent qui balaye la surface de la planète de l’Amont à  l’Aval, des équipes d’aventuriers tentent d’aller, à  pied, en « contrant », découvrir la source du vent. Les images qui m’en sont venues à  la lecture me rappellent l’univers d’un Moebius, dans Le Monde D’Edena, par exemple.
    L’article de Wikipedia résume bien les grandes lignes :

    Ils sont vingt-trois, forment la trente-quatrième Horde du Contrevent et ont entre vingt-sept et quarante-trois ans. Dans un monde balayé par les vents, ils ont été formés depuis l’enfance dans un seul but : parcourir le monde, d’ouest en est, de l’Aval vers l’Amont, à  contre-courant face au vent, à  travers la plaine, l’eau et les pics glacés, pour atteindre le mythique Extrême-Amont, la source de tous les vents. Tous différents mais tous unis, ils forment une horde autonome et solidaire, qui avance dans un seul objectif, luttant constamment contre le vent. Profitant du savoir et de l’expérience de huit siècles d’échecs, on la dit la meilleure et l’ultime Horde, celle qui atteindra enfin l’Extrême-Amont.

    Le roman est écrit de manière assez originale : chaque personnage de la Horde est représenté par un caractère (glyphe), ou une suite de caractères, et parle d’un ton particulier. On est successivement dans la peau de l’un ou l’autre des personnages. Certains, comme le Golgoth (Ν©), parlent une langue argotique très fleurie, remplies de néologismes et de trouvailles sémantiques, et d’autres parlent de manière plus sobre. Le style est brillant, dense, et l’on se retrouve souvent presque physiquement plongé dans l’univers venteux et froid, humide, magique et dangereux dans lequel évolue la horde. Des morceaux de bravoures d’écriture ponctuent le livre : la joute verbale, par exemple, avec concours de palindromes, entre Caracole le troubadour et l’un des érudits est tout à  fait impressionnante. Cette brillance stylistique, qui pourrait agacer, m’a pour le coup plutôt emballé, car elle est toujours au service de l’histoire et de l’émotion.

    Roman métaphysique

    Les pérégrinations des personnages, leur quête épique et absurde, ne sont pas sans rappeler celles des personnages de Septentrion. La place que prend la nature, également, est très structurante dans le récit. Les scènes d’actions, formidables, haletantes, les dangers auxquels sont confrontés les personnages, sont toujours contrebalancées par des moments plus intimes, des envolées contemplatives ou philosophiques. Foisonnant est un terme qui qualifie bien ce roman étrange, hors-norme, poétique et métaphysique, que j’ai lu avec un grand plaisir.

  • Rationalité

    Rationalité

    Le dernier ouvrage de Steven Pinker, professeur de psychologie à  l’université Harvard, est une très belle et utile somme consacrée à  la « capacité humaine d’utiliser des connaissances pour atteindre ses objectifs ».

    La raison, moteur du progrès

    Pinker fait de la raison le moteur du progrès matériel et moral de l’humanité. Deux moyens sont à  notre disposition pour améliorer cette capacité. Le premier consiste à  acquérir individuellement des connaissances sur les nombreux biais et erreurs qui entachent nos raisonnements : erreurs de logique, croyances erronées, mauvaise utilisation des statistiques, trop grande confiance dans nos intuitions, confusion entre corrélation et causalité. C’est l’objet principal du livre que de les porter à  notre connaissance, et c’est fait d’une manière claire, très riche, pédagogique. Le propos est direct et clair, émaillé d’exemples concrets et d’histoires drôles. Tout cela devrait être appris à  l’école, comme le souligne l’auteur, « les outils de la logique, des probabilités et de l’inférence causale traversent tout type de connaissance humaine : la rationalité devrait être le quatrième pilier essentiel [des programmes scolaires], avec la lecture, l’écriture et l’arithmétique ».

    Organiser la rationalité

    Le deuxième moyen consiste à  bâtir collectivement des institutions et processus de rationalité, forçant la confrontation des idées, l’esprit critique, l’humilité et la rigueur. « Il s’agit notamment de l’examen critique par les pairs dans les universités, de la testabilité dans les sciences, de la vérification des faits et de l’édition dans le journalisme, de l’équilibre des pouvoirs dans la gouvernance et des procédures contradictoires dans le système judiciaire ». L’auteur précise bien certaines des raisons de l’irrationalité actuelle (complotisme, charlatanisme et fake news) : certaines institutions — médias, universités — dans lesquels les citoyens avaient externalisé la création et le partage du savoir suscitent la méfiance à  cause de « l’étouffante monoculture (…) de gauche », dogmatique, qui y règne.

    Eudémonisme

    La seule – toute petite – critique que l’on pourrait adresser à  Pinker, c’est qu’il semble considérer comme acquis le fait que chacun cherche le bonheur. Au-delà  du fait que cette notion est pour le moins polysémique, c’est une position eudémoniste (le bonheur comme fin ultime). Elle est tout à  fait légitime, mais mériterait d’être mise en perspective. Si la raison est la capacité humaine à  utiliser des connaissances pour atteindre ses fins, une compréhension élargie des fins permet de mieux embrasser la rationalité. Le kamikaze qui se tue pour sa cause est rationnel, en un sens qui échappe à  l’eudémoniste. C’est la même limite que ceux qui cherchent à  penser l’action humaine sans prendre en compte la subjectivité de la valeur. Vouloir pleinement comprendre la rationalité sans comprendre la subjectivité des fins est aussi vain que comprendre l’action humaine sans comprendre la subjectivité de la valeur. Comme le rappelait Charles Larmore dans « Modernité et Morale » :

    C’est un acquis irrévocable du libéralisme politique que le sens de la vie est un sujet sur lequel on a une tendance naturelle et raisonnable, non pas à  s’accorder, mais à  différer et à  s’opposer les uns aux autres. De là , l’effort libéral pour déterminer une morale universelle, mais forcément minimale, que l’on puisse partager aussi largement que possible en dépit de ses désaccords.

    Cette remarque n’enlève rien aux qualités de l’ouvrage, formidable de clarté et de rigueur, qui devrait trouver sa place dans toute bonne bibliothèque.

  • Le goût du vrai

    Le goût du vrai

    « Le goût du vrai », d’Etienne Klein, dans la collection Tracts, est un joli petit essai, qui défend la science (et la raison), dans une époque qui, selon l’auteur, tente de n’en faire qu’un discours parmi d’autres.

    Plaidoyer pour la science

    J’ai découvert la collection Tracts, de Gallimard, grâce à  mon ami Jean-marc. C’est une collection intéressante : des petits livres courts, sans couverture rigide (donc peu chers), et forçant leurs auteurs à  être concis. Etienne Klein, physicien, philosophe des sciences, et grand pédagogue, fait partie des gens que j’aime écouter. Vous pouvez le découvrir sur Youtube dans des conférences et interviews.
    Le livre est un plaidoyer pour la science, la vérité et la raison, sans jamais tomber dans le scientisme. On sent qu’Etienne Klein est un peu inquiet par la déraison qui a surgit autour du COVID. On ne saurait lui reprocher ! Le livre se lit très bien, et apporte beaucoup d’arguments utiles et percutants. Il m’a alimenté pour mon essai en cours d’écriture sur un certain nombre de points. Je me permets d’y apporter une critique, cependant, car c’est dans l’identification et la formulation des points de désaccords que l’on se nourrit de la pensée d’autrui.

    Séparer la politique et le scientifique: une urgence !

    Il me semble qu’Etienne Klein est victime d’un biais très présent à  notre époque, et qui mériterait d’ailleurs d’être analysé, collectivement. Sur plusieurs sujets, il semble ne pas faire la séparation, pourtant essentielle à  mes yeux, entre la science (qui dit ce qui est), et la politique (qui dit ce qu’on fait). Contrairement à  ce qui est implicitement dit dans le livre de Klein, il n’y a pas de lien univoque entre ce qu’on sait, et ce qu’on doit faire. Il y a toujours plusieurs manières d’intégrer les connaissances dans l’action. Prétendre le contraire (ce que ne fait pas Klein) serait pour le coup du scientisme, et une forme de naïveté.
    Sur deux sujets que Klein prend en exemple (COVID et réchauffement climatique), il me semble justement qu’un certain nombre de personnes utilisent un discours pseudo-scientifique pour faire passer leurs idées politiques. Nous devons nous opposer à  cela. Klein semble sous-estimer le « vérolage » d’un certain nombre d’institutions scientifiques par des enjeux politiques/politiciens. C’est le cas du GIEC. C’est le cas du Conseil scientifique de crise COVID. Tout cela est connu, et il est surprenant que Klein ne prenne pas cela en compte pour mettre de manière plus explicite la séparation entre science et politique comme un des moyens de retrouver la raison.

  • Veni Vidi Vici

    Veni Vidi Vici

    Un pamphlet truculent

    Sous-titré Menace sur les gauchistes, le livre de Papacito et Julien Rochedy « Veni Vidi Vici » (en référence à  Jules César bien sûr) est un pamphlet truculent.
    La définition de ce mot décrira mieux que moi, du coup, le style de cet essai :

    1. Qui se caractérise par une mine florissante et joviale, une forte stature, un costume pittoresque, un comportement tapageur et des propos gaillards de bon vivant, de rustaud sympathique. 2. Qui présente une facture hardie, vigoureuse, des colorations vives. 3. Qui se caractérise par une plaisante liberté de ton allant jusqu’à  la gaillardise ou la grossièreté; qui abonde en formules énergiques, en images expressives.
    Source : TLFI

    Et ça, pour truculer, on peut dire que les auteurs truculent ! C’est un pamphlet sévèrement burné, mordant et très drôle. Le style de Papacito, à  l’écrit, me fait penser à  Frédéric Dard. J’ai explosé de rire à  plusieurs reprises en lisant le livre. C’est rafraichissant, acide, et sous les coups de boutoirs envoyés dans le politiquement correct, il y a un propos juste sur la société, sur les ornières dans lesquelles nous nous sommes fourrés. Cela m’a fait penser, par certains aspects, à  la pensée d’Obertone. Ce n’est pas un hasard, d’ailleurs, si Papacito et Obertone (ainsi que Rochedy) se retrouvent dans le projet La Furia (que j’ai soutenu dès le début). Vous pouvez retrouver les deux auteurs présenter leur livre sur Youtube. Seul défaut stylistique : comme chez beaucoup d’intellos de droite, l’utilisation du mot « anthropologie » me semble abusive et dans un sens assez éloigné du sens du dictionnaire. A préciser, donc.

    Constats et solutions

    La France en mauvais état

    Sur le constat, on retrouve des choses connues (là , là  et là , par exemple, on en a déjà  parlé). La France est dans un état misérable sur pas mal de sujets. Exode des cerveaux, immigration de masse incontrôlée, sans assimilation, extension sans fin du domaine d’intervention de l’Etat, et des réglementations. En gros, la France aux mains des communistes et des communautaristes. Avec une culpabilité permanente, entretenue savamment par des élites démissionnaires et par les gauchistes qui tiennent les manettes des narrations médiatiques.

    Solutions

    Bien sûr, le livre est une des solutions. Reprendre la main sur le discours, apporter de la controverse et des points de vue différents. Cela rejoint les efforts de Causeur, de l’Incorrect, de CNews, de Valeurs Actuelles, et même de Front Populaire. Les lignes intellectuelles bougent, depuis plusieurs années.
    Papacito et Rochedy partagent le même goût pour l’histoire de France, et pour la transmission de ce qui fait de l’Occident et de la France des civilisations magnifiques. Histoire et identité.
    L’autre solution, plus individuelle, consiste à  retrouver une virilité assumée, et donc une vraie liberté. Spirituelle et physique. Les temps sont durs, et comme le dit le proverbe Si vis pacem para bellum. Ils incarnent tous deux à  merveilles, physiquement, dans la pensée, dans la drôlerie, cette virilité qui manque tant aux relations sociales depuis 20 ans. Tout le monde baigne dans une sorte de politiquement correct très féminin, où le conflit est toujours tenu hors du champ intellectuel. Il est temps de changer cela, pour regarder les choses en face, sans faux semblants.
    Ces solutions ne suffiront peut-être pas. Mais comme l’explique Papacito, dans un geste digne de Cyrano de Bergerac, en racontant avec une drôlerie féroce, et un sens du tragique magnifique, la bataille de Camerone :

    C’est dans l’incertitude de la victoire que se renforce la certitude du combat. (…) Je combats tranquille et serein car toi, moi, et quelques autres braves, vivons notre Camerone. Nous sommes cernés par le progrès, nous sommes abandonnés par nos élites, l’ennemi est en surnombre, sur-armé, sur-financé, nos églises sont vides, les courageux se comptent sur les doigts de la main et les collaborateurs foisonnent. Nous sommes un seul homme contre mille gauchistes et mille autres moudjahidines. Nous sommes une charge dérisoire, baïonnette au canon, que l’ennemi tout-puissant crible de balles à  volonté. Un petit carré de France sous la mitraille infinie du Great Reset mondialisé. Et pourtant, mes frères d’armes, à  vous les suicidaires, je le réaffirme ici encore, je combats tranquille et serein dans cette grande défaite qu’aura été la France mourante qui m’a vu naître. Je marche avec ferveur et la tête haute vers la fin de mon monde, j’emporte avec moi le courage de mes camarades de lutte, je fais ce que fait la race d’hommes à  laquelle j’appartiens, c’est-à -dire fabriquer tant bien que mal un héroïsme artisanal de bric et de broc, faute de savoir se résigner à  produire une lâcheté industrielle. C’est dans cette abnégation stupide, à  contre-courant de ce que les naïfs pensent être « la nouvelle marche du monde », dans cet entêtement à  vouloir faire vivre ce qui meurt, que je trouve mon salut personnel.

    Enfin, il est palpable dans le discours des auteurs, qu’il y a des choses sacrées, qui permettent de penser une société avec son histoire, sa noblesse, sa richesse, son patrimoine, et en allant au-delà  du simple confort. Qu’est-ce qu’une chose sacrée ? Ce pourquoi on peut se sacrifier, symboliquement ou concrètement. Dans Veni, Vedi, Vici, Papacito et Rochedy, expliquent que la France, la famille, l’identité sont sacrées. ajout du 06 décembre : et qu’elles valent bien une reconquête

  • Les fontaines du paradis

    Les fontaines du paradis

    Utopiales de Nantes

    Si vous lisez ce blog, vous savez que j’aime la science fiction. J’ai eu la chance d’aller passer une journée aux Utopiales de Nantes, dans le cadre de mon travail. C’est un festival de Science-Fiction. J’ai trouvé l’évènement, pour ce que j’en ai vu, super bien organisé (tables rondes, conférences, expositions, BD, jeux, livres, etc..). Et nous avons assisté le matin à  une remarquable conférence – « Penser les futurs » – de Roland Lehoucq (astrophysicien et auteur, président du festival) et Vincent Bontems (philosophe, chercheur et auteur). Nous y avons découvert une histoire de la science-fiction, et de ses rapports à  la science. J’ai découvert la distinction entre hard science-fiction et space opera. Cela mériterait plusieurs articles sur toutes les infos passionnantes qui nous ont été partagées. Je garde en tête le concept de « merveilleux scientifique » qui animait les premiers auteurs de SF. Et je me demande sous le feu de quelles idéologies nous avons perdu, collectivement, notre capacité d’émerveillement par rapport à  la science et aux contenus scientifiques. Le terme ou label « science fiction » (fiction scientifique) a été inventé par Hugo Gernsback (très influencé par H.G. Wells et J. Vernes, inventeurs du genre).

    Ce récit a pour but de fournir au lecteur une prévision de l’avenir justifié par les merveilleux progrès de la science actuelle.

    Hugo Gernsback (1884 – 1967) romancier de science-fiction et homme de presse américain

    Vincent Bontems, chercheur associé au CGS de l’école des Mines, a ensuite partagé une analyse tout à  fait passionnante des différents discours sur le futur (divination, prophétie, utopie/dystopie, futurologie et prospective) et des différentes fonctions des récits de Science-Fiction. Réellement passionnant ! Ses slides étaient remplis de super citations d’auteur de SF et de scientifiques. Je vais les ajouter à  ma collection. Dans la bibliothèque du festival, j’ai acheté un ouvrage d’une des premiers représentants de la hard science-fiction, Arthur C. Clarke, que les conférenciers avaient présenté : « Les fontaines du paradis« .

    Les fontaines du paradis

    Arthur C. Clarke (1917 – 2008) était – excusez du peu ! – scientifique, écrivain de science-fiction, écrivain scientifique, futurologue, présentateur télé, explorateur sous-marin et inventeur britannique. Il fait partie, avec Heinlein et Asimov des « trois grands » de la science-fiction anglo-saxonne. Il est l’auteur, notamment, du fameux « 2001 : l’odyssée de l’espace » qui a inspiré le film éponyme. Son roman est l’histoire de la mise en place du premier « ascenseur spatial » : une sorte de station spatiale orbitale, reliée à  la terre par des filins en nanotubes, et que l’on peut rejoindre en « ascenseur ». Le roman décrit les premières étapes de la mise en place, de manière assez détaillée. Le concept n’est pas du tout impossible, scientifiquement, à  la restriction prêt que nous n’avons de matériaux assez résistants (à  part les nanotubes de carbone, mais que l’on sait pour le moment construire sur quelques mm ou cm). La station est situé sur une orbite géostationnaire. De nombreux articles scientifiques ont montré que cette construction était une possibilité scientifique, sinon technologique.
    C’est un bon roman, au delà  de l’aspect invention et science. L’éclairage sur le lieu d’où partira l’ascenseur spatial, un temple religieux en haut d’une montagne, et que l’on doit donc dégager pour réaliser le projet permet une mise en abîme historique intéressante. Les rebondissements de la deuxième partie, le long de l’ascenseur sont très faciles à  imaginer dans un film. J’ai découvert un auteur très intéressant.

  • La France n’a pas dit son dernier mot

    La France n’a pas dit son dernier mot

    Le hasard et la force des circonstances ont transformé la campagne de promotion du dernier livre d’Eric Zemmour, « La France n’a pas dit son dernier mot », en campagne présidentielle. Les choses ont beaucoup évoluées entre le moment où la publication a été planifiée, et cette rentrée folle. L’introduction et la conclusion, plus « programmatiques » sont visiblement des ajouts, assumés de dernière minute. La couverture également. Il convient donc, pour faire la recension de cet ouvrage, de séparer l’ouvrage à  proprement parler, et le début de pré-campagne d’Eric Zemmour. Ce sont deux sujets totalement différents.

    Choses vues : galerie de portrait

    Eric Zemmour a eu l’occasion de le préciser à  de nombreuses reprises depuis la sortie : l’inspiration de ce livre, qui est la suite du « Suicide français », est l’ouvrage de Victor Hugo, « Choses vues« . Recueil de notes, de réflexions, et de points de vue sur les évènements. Les choses vues d’Eric Zemmour, celles rapportées dans ce livre en tout cas, sont beaucoup orientées sur ses rencontres et ses échanges avec un réseau très varié. Et de fait : son point de vue sur l’actualité, il l’a partagé ailleurs, dans ses nombreux éditos, articles et débats depuis très longtemps. La galerie de portrait, incisive, très bien écrite, souvent drôle n’épargne pas grand monde. Nous découvrons sous la plume de Zemmour un monde de politiciens, de journalistes, de hauts fonctionnaires, qui de manière très partagée, ne dit pas tout haut ce qu’ils racontent dans les dîners en ville, en privé. C’est probablement normal en partie, mais je garde toujours cette phrase de Péguy en tête :

    Un homme qui tient dans une assemblée des propos qu’il ne peut pas tenir dans une autre où il fréquente n’est pas un honnête homme.

    Charles Péguy (1873-1914)
    Ecrivain, poète, essayiste et officier de réserve français.

    Eric Zemmour décrit des cercles de pouvoir peuplés d’Hommes assez malhonnêtes, en ce sens. Manipulateurs, à  tout le moins. Mais pas uniquement. Il y aussi de très beaux portraits d’amitiés réelles, y compris avec des « adversaires » idéologiques (Hugues Dewavrin par exemple). J’ai beaucoup apprécié ce livre, très plaisant à  lire, éclairant. Il y a de très belles pages. Le portrait de Simone Veil est magnifique. A lire, donc, tranquillement.

    Candidat potentiel

    Comment ne pas dire un mot, aussi, sur cette rentrée « folle » ? Je ne remets pas des liens vers les différentes conférences et interventions d’Eric Zemmour : vous avez tout sur sa chaîne Youtube. Je suis tout cela avec un grand plaisir. Enfin ! Enfin, un homme politique parle du réel sans ambages. Et qui rentre dans le combat, aussi, des mots qui enferment le débat dans le politiquement correct. Enfin, le sujet de l’identité est porté, incarné, pensé et mis au centre du débat. Avec le prisme de l’assimilation, le seul à  même de permettre la lutte contre le multiculturalisme. Nous verrons ce que tout cela donnera. Mais le choc est violent pour une partie des journalistes qui ne peut plus continuer – ils essayent ! – à  simplement coller l’étiquette d’extrême-droite à  tous ceux qui ne pensent pas comme eux. Il est terrible aussi, le choc, pour les politiciens de « droite » (UMP-Les Républicains et Rassemblement National) : enfin quelqu’un explique, sans avoir aucune crainte, que la victoire passer par l’union des droites. Si Zemmour y va, je voterai sans hésitation pour lui. A tous ceux qui critiquent, ou insultent, Eric Zemmour, je recommande donc la lecture de « La France n’a pas dit son dernier mot ». Cela leur évitera de le traiter de raciste, ou de faire mine de croire qu’il serait hostile aux musulmans…Je leur dédie cet extrait de la conclusion :

    Les musulmans qui veulent s’assimiler à  notre civilisation doivent pouvoir le faire sans crainte ni sentiment de culpabilité, sans être harcelés par ceux qui les traitent d’apostats, « d’Arabe de service » ou de « nègre de maison ». Ils sont nombreux à  avoir quitté leur terre parce qu’elle était le lieu de toutes les misères, les tyrannies, les corruptions. S’ils sont venus chez nous, eux ou leurs parents, c’est pour bénéficier des charmes et des avantages de la civilisation occidentale, née du mariage de la religion chrétienne et de la culture gréco-romaine, et non pour y ramener les affres de la civilisation qu’ils ont fuie.