Catégorie : 🧠 Réflexions

  • Confabulation

    Confabulation

    J’ai appris ce mot en lisant l’excellent livre de Thibaut Giraud (alias Monsieur Phi) sur les LLM (Large Language Models). Le livre « La parole aux machines » est remarquable et fera l’objet bientôt d’une recension détaillée ici.
    En décrivant la manière dont les premières versions des LLM hallucinaient (ça arrive encore mais nettement moins), il précise :
    Le terme n’est peut-être pas le mieux choisi pour désigner ce phénomène parce que celui-ci n’a qu’un rapport assez vague avec des hallucinations au sens psychologique : on ne prétend pas que ChatGPT perçoit faussement l’existence d’oeufs de vache. Il serait plus juste de parler de faubulation pour ce type de discours, c’est-à-dire la présentation d’éléments fictifs comme factuels. On pourrait aussi rapprocher ce phénomène de la confabulation qui consiste, pour l’être humain, dans le fait d’ajouter involontairement des éléments imaginaires afin de compenser des lacunes dans ce que la mémoire nous présente. Presque tous nos souvenirs sont le mélange d’éléments réels et confabulés que nous avons le plus grand mal à distinguer (…).
    Cela résonne avec certaines de mes réflexions sur les récits et les faits, et comme j’aime les mots je suis allé chercher la définition de ces deux mots.
    Fabulation :
    A.− Organisation des faits constituant le fond d’une œuvre littéraire.
    B.− Récit imaginaire.

    Et le deuxième, qui semble être un anglicisme, ou peut-être simplement plus rare ou récent (absent du TLFI), décrit, dans un registre plutôt pathologique, un « trouble de la mémoire qui consiste à produire des souvenirs fabriqués, déformés ou mal interprétés sur soi-même ou sur le monde ». Le terme est donc particulièrement bien choisi pour décrire ces fameuses « hallucinations » des LLM.
    En conclusion, il faut aussi mentionner le troisième larron de la bande, basé sur la racine « fable » (emprunté au latin « fabula », désignant des « propos, paroles ») : affabulation, dont je ne connaissais pas du tout le sens précis (uniquement le dernier sens, par extension, qui est déjà loin du sens initial).
    Affabulation subst. fem :
    A.− Rare, vx. Morale énoncée au début ou plus généralement à la fin d’une fable, d’un apologue.
    – P. ext. Moralité tirée d’un événement symbolique.
    B.− RHÉT. Organisation méthodique d’un sujet en « fable », c’est-à-dire en intrigue d’une pièce de théâtre, en trame d’un récit imaginaire.
    − Au plur. Œuvres d’imagination organisées en « fable ».
    − P. ext. Succession des épisodes d’un rêve.

    Je suis content d’avoir un mot pour décrire ce phénomène que j’ai expérimenté souvent : la confabulation.

  • Flânerie #2

    Flânerie #2

    En me baladant dans le petit village de Bretagne où nous passons les vacances, je suis tombé au bord d’un chemin sur cette boîte aux lettres si reconnaissable de La Poste. En la regardant, je me suis dit que c’était un formidable objet : son usage, simple et connu de tous, cache une très grande complexité organisationnelle, et une histoire très profonde avec des racines dans l’époque de Louis XI (et probablement plus ancienne).

    Cet objet simple comporte plusieurs détails qui évoque tout cela : l’aspect abîmé de cette boîte, trompeur, ne doit pas cacher le fait que le logo qui y figure est le dernier logo de La Poste, donc son installation doit être assez récente. Ensuite, le numéro codé « A1C4F5 » suppose et évoque un système structuré de numérotation et de positionnement sur des cartes des différentes boites, avec un système logique pour les retrouver facilement.

    J’ai aussi été saisi par un autre aspect. J’ai pensé au designer qui ont pensé cet objet, qui l’ont dessiné, et qui ont peaufiné ses détails. Ils ont dû avoir une réelle satisfaction à voir le fruit de leur travail diffusé à cette échelle, et utilisé quotidiennement par des millions d’utilisateurs. Quelle joie cela doit être (le format de la boîte aux lettres jaune est celui créé par l’entreprise Fonderie Dejoie, et le logo – « l’oiseau postal » – est une version revisitée du logo créé par Guy Georget).

    Son aspect m’a aussi évoqué le fait que certainement cette activité a connu un fort déclin avec l’arrivée du mail et de la concurrence. Ce que confirme une petite interrogation de Grok :
    Ces chiffres montrent une croissance forte au XIXe siècle avec l’essor des communications, une stabilité au XXe, puis une chute drastique depuis les années 2000 due à l’email et aux services numériques. Pour les périodes antérieures au XIXe siècle, les données sont rares et locales, car le service postal était moins centralisé.

    Il y a encore tout de même 6 milliards de courriers envoyés / reçus par an en France, excusez du peu ! Cette baisse d’activité ne doit pas cacher la formidable entreprise qu’a été, et est encore La Poste, ce qu’elle a rendu possible, ni le fait que sa perte de vitesse n’est que le signe de l’invention par d’autres humains d’une formidable alternative (le web et le mail). Chaque chose qui se termine coexiste avec d’autres qui se créent et grandissent. Les humains sont formidables.

  • Objets mentaux

    Le thème de mon billet de l’autre jour (Faits & Récits) et le fait de poser les idées par écrit m’a fait avancer dans mon essai. Ce billet partage l’avancement en guise de note plus pour moi-même, pardonnez-moi, chers lecteurs, de partager aussi des brouillons, mais ça aide à progresser.

    Faits, récits, et …

    Je me suis très vite rendu compte, puisqu’un des axes de mon essai était de faire un tri, un rangement, dans les différents objets mentaux que l’on manipule pour penser, qu’il y a bien plus d’objets mentaux que simplement les récits et les faits. Pour bien lutter contre le biais de confusion (utiliser des objets mal identifiés ou mal définis entraîne à coup sûr une pensée confuse), il faut donc être plus systématique dans le « bestiaire » des objets mentaux. Voici mes notes et l’état de ce bestiaire, sans plus de précisions. N’hésitez pas, bien sûr, si cela vous interpelle ou provoque des réflexions, questions, critiques, etc. à les partager en commentaire.

    Les briques élémentaires

    Voici donc un certain nombre d’objets mentaux, que l’on manipule lorsque l’on pense. On peut bien sûr les combiner pour créer des objets plus complexes, mais ceux-là me paraissent avoir des caractéristiques suffisamment notables pour les distinguer. Ce modèle continuera à évoluer bien sûr, mais ça fait une bonne base. Chaque brique est décrite comme suit : une définition (plus ou moins calquée sur celle du dictionnaire, des caractéristiques distinctives, un champ de valeur, un exemple, une description possible de la manière dont cet objet mental existe (au sens de Ferraris Objet=acte inscrit), et une « instanciation » possible de l’objet (une manière de l’utiliser concrètement).

    • Descriptions

      • Définition : Énoncés sur le réel, vérifiables ou réfutables, décrivant objectivement la réalité, les faits.

      • Caractéristiques distinctives : Réfutabilité, objectivité, ancrage empirique.

      • Champ de valeur : Vérité.

      • Exemple : « L’eau bout à 100°C à pression standard. »

      • Inscription : Acte de documenter ou enregistrer un énoncé vérifiable (ex. : noter une observation scientifique dans un journal).

      • Instanciation : Lire ou citer un fait dans une discussion, re-créant sa description objectivement (ex. : expliquer que « l’eau bout à 100°C » lors d’une expérience).

    • Raisonnements

      • Définition : Suite logique de propositions aboutissant à une conclusion, permettant de structurer la pensée.

      • Caractéristiques distinctives : Logique, structure argumentative, cohérence interne.

      • Champ de valeur : Logique, argumentation.

      • Exemple : Démonstration du théorème de Pythagore.

      • Inscription : Acte de formuler ou débattre un enchaînement logique (ex. : énoncer un argument lors d’un débat).

      • Instanciation : Appliquer un raisonnement dans un problème réel, comme démontrer un théorème pour résoudre une équation.

    • Concepts

      • Définition : Représentation mentale abstraite et générale, objective, stable, munie d’un support verbal. Les concepts n’ont pas nécessairement un statut logique.

      • Caractéristiques distinctives : Abstraction, objectivité, stabilité, support verbal.

      • Champ de valeur : Imagination, créativité, abstraction.

      • Exemple : Notion de liberté.

      • Inscription : Acte de nommer ou discuter une idée abstraite (ex. : définir verbalement « liberté » dans une conversation).

      • Instanciation : Utiliser un concept dans une réflexion personnelle, comme penser à « liberté » pour évaluer une situation éthique.

    • Questions

      • Définition : Interrogations, ouvertes ou fermées, qui provoquent la réflexion ou un changement de point de vue.

      • Caractéristiques distinctives : Forme interrogative, stimulation cognitive, absence de réponse définitive.

      • Champ de valeur : Exploration, décentrement.

      • Exemple : « Quel est le sens de la vie ? »

      • Inscription : Acte de poser ou partager une interrogation (ex. : formuler une question dans un dialogue).

      • Instanciation : Poser une question lors d’une discussion, activant une réflexion collective (ex. : « Quel est le sens de la vie ? » dans un débat philosophique).

    • Récits

      • Définition : Présentation (orale ou écrite) d’événements (réels ou imaginaires). Constructions narratives organisant des événements ou idées pour créer ou transmettre du sens.

      • Caractéristiques distinctives : Narrativité, structure temporelle, subjectivité, présentation orale ou écrite.

      • Champ de valeur : Sens, transmission, émotion, identité.

      • Exemple : Fable « Le Lièvre et la Tortue ».

      • Inscription : Acte de raconter ou consigner une narration (ex. : écrire ou raconter une histoire).

      • Instanciation : Raconter une fable oralement, re-créant son sens narratif pour un public (ex. : performer « Le Lièvre et la Tortue »).

    • Règles

      • Définition : Prescriptions d’ordre moral ou pratique, plus ou moins impératives, explicites ou implicites, structurant les comportements et les interactions sociales.

      • Caractéristiques distinctives : Prescription, contexte social, normativité, explicite ou implicite.

      • Champ de valeur : Morale, justice, harmonie sociale.

      • Exemple : « Ne pas voler. »

      • Inscription : Acte de codifier ou imposer une prescription (ex. : énoncer une règle dans un contrat ou une loi).

      • Instanciation : Appliquer une règle dans une interaction sociale, comme respecter « ne pas voler » dans la vie quotidienne.

    • Modèles

      • Définition : Système physique, mathématique ou logique représentant les structures essentielles d’une réalité et capable à son niveau d’en expliquer ou d’en reproduire dynamiquement le fonctionnement. Représentations simplifiées du réel, associées à des objets tangibles ou abstraits.

      • Caractéristiques distinctives : Représentation, structure systématique, explication ou reproduction, finalité pratique ou esthétique.

      • Champ de valeur : Utilité, beauté, clarté, adéquation.

      • Exemple : Plan d’une maison.

      • Inscription : Acte de concevoir ou documenter un système représentatif (ex. : dessiner un plan ou formuler un modèle mathématique).

      • Instanciation : Utiliser un modèle pour simuler une réalité, comme tester un plan d’une maison dans un logiciel de simulation.

    • Croyances

      • Définition : Opinions ou représentations que l’on tient pour vraies, souvent non vérifiées empiriquement, et dont le degré d’adéquation au réel peut varier de très incertain à presque sûr.

      • Caractéristiques distinctives : Adhésion subjective, signification, variabilité d’adéquation, résistance à la réfutation.

      • Champ de valeur : Foi, identité, sens.

      • Exemple : Croyance en une vie après la mort.

      • Inscription : Acte de professer ou partager une opinion tenue pour vraie (ex. : déclarer une foi dans un groupe).

      • Instanciation : Vivre une croyance dans un rituel, comme prier pour valider une conviction en une vie après la mort.

    • Connaissances

      • Définition : Ensembles d’informations ou de savoirs validés empiriquement, organisés et utilisables, issus de l’observation, de l’expérience ou de l’analyse.

      • Caractéristiques distinctives : Validation empirique, organisation systématique, utilisabilité, origine observationnelle ou analytique.

      • Champ de valeur : Vérité, compréhension.

      • Exemple : Connaissance de la gravitation universelle.

      • Inscription : Acte de compiler ou enseigner un savoir validé (ex. : rédiger un manuel scientifique).

      • Instanciation : Appliquer une connaissance en pratique, comme utiliser la gravitation pour calculer une orbite.

    • Symboles

      • Définition : Représentations abstraites ou matérielles (signes, images, objets), fait ou élément naturel évoquant, dans un groupe humain donné, par une correspondance analogique, formelle, naturelle ou culturelle, quelque chose d’absent ou d’impossible à percevoir, ou portant un sens conventionnel ou culturel reliant le concret et l’abstrait.

      • Caractéristiques distinctives : Signification évocatrice, contexte culturel, polyvalence sémantique, relie concret et abstrait.

      • Champ de valeur : Signification, identité, expression.

      • Exemple : Une colombe symbolisant la paix.

      • Inscription : Acte de conventionner ou utiliser un signe évocateur (ex. : adopter un symbole dans une communauté).

      • Instanciation : Interpréter un symbole dans un contexte, comme voir une colombe et évoquer la paix lors d’une cérémonie.

    • Savoirs pratiques

      • Définition : Compétences ou savoir-faire pratiques, acquis par l’expérience ou l’apprentissage, permettant d’agir efficacement dans le monde.

      • Caractéristiques distinctives : Pragmatisme, incorporation, contextualité.

      • Champ de valeur : Utilité, efficacité, maîtrise.

      • Exemple : Savoir-faire d’un artisan pour construire un meuble.

      • Inscription : Acte de démontrer ou transmettre une compétence (ex. : enseigner un savoir-faire artisanal).

      • Instanciation : Exécuter un savoir-faire, comme construire un meuble pour re-créer la compétence en action.

    • Imaginaires

      • Définition : Ensembles de représentations mentales qui débordent sur la perception et l’intellection, qui surchargent la réalité de retentissements affectifs, d’analogies et métaphores, de valeurs symboliques secondes, mais selon des formes et forces très variées.

      • Caractéristiques distinctives : Fictionnalité, débordement cognitif, analogies et métaphores, variété des formes.

      • Champ de valeur : Imagination, créativité, évasion, affectivité, symbolisme.

      • Exemple : L’univers fictif du Seigneur des Anneaux.

      • Inscription : Acte de partager ou évoquer une représentation surchargée (ex. : discuter un monde fictif dans un groupe).

      • Instanciation : Vivre un imaginaire via une visualisation mentale, comme s’immerger dans l’univers du Seigneur des Anneaux lors d’une lecture.

    • Perceptions

      • Définition : Objets mentaux formés par l’interaction entre la conscience et un objet physique, par le biais des sensations, interprétations, et significations, associés à un sentiment plus ou moins précis de la réalité de quelque chose.

      • Caractéristiques distinctives : Interaction sensorielle, interprétation subjective, signification, sentiment de réalité.

      • Champ de valeur : Expérience, subjectivité, connexion au réel.
        Exemple : Perception d’un tableau comme « beau » ou « troublant ».

      • Inscription : Acte de décrire ou partager une expérience sensorielle (ex. : témoigner d’une perception dans une conversation).

      • Instanciation : Revivre une perception en la décrivant, comme évoquer le « beau » d’un tableau dans une discussion.

    Voilà, comme vous le voyez, il y a encore pas mal de boulot. J’ai surtout travaillé sur les briques et leur définition, et j’ai laissé Grok remplir les autres cases, certaines sont bien ficelées et d’autres pas du tout. Mais je pose ça pour garder une trace de cette version. Il en manque selon vous ? J’écrirai un court chapitre sur chacun de ces objets dans mon essai (cette forme de liste à puces n’est pas du tout le format cherché).

  • Registres de discours

    Registres de discours

    Bibliographie

    Pour continuer à avancer sur le « bot » d’analyse automatique des articles sur X, il est nécessaire de bien penser les catégories dans lesquelles on lui demande de ranger les phrases d’un texte. Lorsque j’ai demandé à Grok ce qui existait déjà comme type de classifications, il m’a apporté les réponses suivantes (j’ai ajouté les liens vers les auteurs).

    Voici un aperçu des plus pertinents, basés sur la littérature académique et les principes de rhétorique :
    Rhétorique aristotélicienne
    Aristote distingue trois modes de persuasion :

    • Ethos : Crédibilité de l’orateur (par exemple, citer un expert).
    • Pathos : Appel aux émotions (proche de nos “Émotions” ou “Jugements moraux”).
    • Logos : Arguments logiques (proche de nos “Arguments” et “Faits”).

    Pertinence : Ton approche couvre déjà ethos (via citations dans les faits), pathos (jugements moraux, récits), et logos (arguments, faits). Ajouter une catégorie “Ethos” pourrait être redondant.
    Analyse du discours (Van Dijk, Fairclough)
    Teun van Dijk (discours critique) distingue :

    • Faits objectifs.
    • Opinions (proche de récits et jugements moraux).
    • Arguments idéologiques.
    • Émotions.

    Norman Fairclough : Met l’accent sur les idéologies implicites, qui pourraient correspondre à tes mots débattables ou récits.
    Pertinence : Ton approche est déjà proche de ces cadres, avec une granularité plus fine (questions, jugements moraux).
    Typologie des discours (narratologie, sémiotique)
    Gérard Genette ou Roland Barthes distinguent :

    • Narratif (récits).
    • Descriptif (faits).
    • Argumentatif (arguments).
    • Expressif (émotions, jugements moraux).

    Pertinence : Tes catégories recouvrent ces types, avec une spécificité pour les questions et mots débattables.
    Linguistique pragmatique (Austin, Searle)
    Actes de langage :

    • Expressifs (émotions, jugements moraux).
    • Directifs (appels à l’action).
    • Informatifs (faits).
    • Commissifs (promesses, engagements).

    Pertinence : Les actes directifs pourraient justifier une catégorie “Appels à l’action”, mais moins pertinente pour des articles journalistiques.
    Journalisme et analyse médiatique :
    Des outils comme Media Bias/Fact Check ou AllSides distinguent :

    • Faits objectifs.
    • Opinions/éditoriaux (récits, jugements moraux).
    • Biais idéologiques (mots débattables).

    Pas de classification standard pour “questions” ou “arguments” explicites, ce qui rend ta méthode originale.

    Registres de discours v0

    J’ai ajouté depuis à mes catégories une qui s’appelle « Interprétation », et j’ai incorporé ce qui de l’ordre des Emotions dans « Récits ». La question reste ouverte de savoir s’il faut ajouter les « appels à l’action ». Voici donc à date la liste des catégories pour classer les phrases et distinguer les différents registres de discours (et les gestes mentaux qui vont avec) :

    • Descriptif (Faits) : Phrases vérifiables (chiffres, dates, noms), bleu, gras.
    • Narratif (Récits) : Phrases donnant sens/émotions, non vérifiables, rouge, italique.
    • Interprétatif : Phrases hypothétiques/interprétations, jaune, souligné double.
    • Logique (Arguments) : Phrases avec prémisses/conclusion (“donc”, “car”), violet, encadré.
    • Interrogatif (Questions) : Phrases et tournures interrogatives (“?”), vert, souligné.
    • Moral (Jugements moraux) : Phrases éthiques (“juste”), marron, italique gras.
    • Polémique (Mots débattables) : Mots connotatifs/controversés (ex. “euthanasie”, « extrême-droite »), orange, souligné, annotés dans les phrases des autres catégories.

    Questions en suspens

    Deux points me paraissent difficiles à résoudre. Tout d’abord il convient, dans la catégorie « DESCRIPTIVE » (faits) d’aller vérifier les faits et éventuellement souligner les mensonges. Ensuite, et c’est le point le plus compliqué, il convient de parvenir à garder en tête qu’un article peut être tout à fait équilibré, utiliser peu de manipulations émotionnelles ou narratives, mais laisser volontairement de côté la moitié de la réalité qu’il est censé décrire (mise sous le tapis). Cela impliquerait d’aller systématiquement chercher plusieurs articles et comparer l’angle de vue choisi, les faits laissés de côté par les uns et les autres, etc. C’est titanesque (en fait) et probablement pas tout à fait possible (en droit) : il n’existe pas de manière objective de traiter un sujet ou de rapporter des faits. Toute description d’un ensemble de faits nécessite des choix, un arbitrage, et implique un point de vue à la fois idéologique (chacun a ses propres schémas mentaux) et factuel (même en supposant une neutralité axiologique, personne n’a une connaissance universelle et considère donc la réalité en étant dépendant de ses connaissances). Qu’en pensez-vous ?

  • Filtre à médias

    Filtre à médias

    Dans la suite de mon article précédent, je me suis amusé à demander à Grok de m’aider à séparer dans un texte :

    • Ce qui est de l’ordre des faits (réfutable au sens de Popper) (en bleu gras)
    • Ce qui est de l’ordre du récit (en lien avec le sens, l’interprétation de l’action) (en rouge italique)
    • Ce qui est d’ordre interrogatif (des questions pour le moment, mais on pourrait raffiner avec des questions implicites ou explicites, ouvertes ou fermées, etc…) (en vert)
    • les mots potentiellement « orientés » susceptibles d’être apporteur de biais dans le raisonnement (en orange)

    Il a très bien compris ce que je lui demandais, et voici ce que ça donne avec un texte copié-collé depuis Le Monde. Voici l’analyse qu’en fait Grok.

    Loi Duplomb sur l’agriculture : comment les partisans du texte ont réussi à court-circuiter les débats à l’Assemblée nationale.

    Dans une ambiance particulièrement tendue. Les députés du centre jusqu’à l’extrême droite ont voté, lundi, la motion de rejet portée, paradoxalement, par le rapporteur de la proposition de loi. Ce qui permet de l’envoyer directement en commission mixte paritaire.

    La gauche dénonce un « déni démocratique ».

    Publié aujourd’hui à 05h31, modifié à 09h15. Temps de Lecture 4 min.

    Les députés de LFI brandissent des pancartes évoquant des victimes de maladies causées par des pesticides, lors du débat sur le projet de loi Duplomb, à l’Assemblée Nationale, à Paris, le 26 mai 2025.

    L’initiative fera sans doute date à l’Assemblée nationale.

    Lundi 26 mai après-midi, les députés du bloc central, de droite et d’extrême droite ont voté à une très grande majorité la motion de rejet préalable de la proposition de loi Duplomb. Visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur. (274 voix pour et 121 contre).

    Un fait déjà exceptionnel au Palais-Bourbon. La motion de rejet a été déposée by the rapporteur même du texte, le député Julien Dive (Les Républicains, Aisne), ainsi que par les différents présidents de groupe de l’alliance gouvernementale, Laurent Wauquiez (Les Républicains), Gabriel Attal (Renaissance), Marc Fesneau (MoDem) et Paul Christophe (Horizons). Pourtant favorables au texte.

    Le calcul est purement politique.

    Paradoxalement, le vote de cette motion de rejet permet l’accélération de l’acceptation du texte. Dont le but est « de faire reconnaître que le texte proposé est contraire à une ou plusieurs dispositions constitutionnelles ou de faire décider qu’il n’y a pas lieu à délibérer ».

    En effet, après être passée au Sénat, la proposition de loi faisait l’objet de près de 3 500 amendements en séance à l’Assemblée. Dont 1 500 déposés par…

    Et la proportion :

    Faits : (12 / 19) × 100 = 63,16 %.

    Récits : (7 / 19) × 100 = 36,84 %.

    Questions : (0 / 19) × 100 = 0 %.

    Je trouve ça assez intéressant comme manière de visualiser le texte. J’aimerais pouvoir insérer plusieurs articles différents pour voir ce qui en ressort (en terme de proportions, pour pouvoir comparer différents médias, discours politiques, différentes thématiques, etc.). Qu’en pensez-vous ?

  • Faits & récits

    Faits & récits

    Cet article est plus une note pour poser quelques idées pour la suite de mon essai : veuillez pardonner sa forme approximative.

    Deux modes d’appréhension du réel

    Dans le cadre d’une réflexion sur les objets mentaux que l’on manipule, deux en particulier ont retenus pour attention, afin de les distinguer pour éviter les biais de confusion. Les « énoncés sur le réel », visant à décrire des faits, et les « récits » visant à relier entre eux des évènement ou des faits (factuels ou imaginaires). Ces deux modes pourraient être distingués ainsi :

    • Les énoncés sur le réel, qui visent à décrire des faits, de manière explicative, sont dans le champ de la connaissance ou de la science, au sens de Popper. Ils peuvent être des théories ou des modèles, ou de simple description de ce qui se passe. Leur formulation permet des les confronter à des expériences (concrètes ou de pensée). Lorsque l’énoncé ne correspond pas au réel, aux faits, c’est l’énoncé que l’on revoit, ou a minima cela doit conduire à une ré-interprétation de la manière dont on comprend les faits. Par exemple : « lorsque je lâche une carafe de la hauteur de ma taille, elle tombe par terre et se casse ». Cette phrase est un énoncé sur le réel, facilement testable. Il est réfutable : si je prends une carafe et que je la lâche, et qu’elle ne tombe pas, ou qu’elle tombe mais sans se casser, je devrais préciser mon énoncé. Il deviendrait probablement un truc du genre « sur la planète Terre, 98% des carafes lâchées d’une hauteur de 1,74m, tombent et sur un sol suffisamment dur (à préciser) se cassent au moment du choc avec le sol ». Ce mode d’appréhension du réel, scientifique ou factuel, vise la vérité (forcément partielle, et indéfiniment améliorable).
    • Les récits, qui présentent des évènements d’une manière structurées (évènement factuels ayant réellement eu lieu, ou imaginaires), visent à créer un lien entre ces évènement et à créer du sens. Ils mettent généralement en scène des personnages, et utilisent plus ou moins de manière linéaire la temporalité et la succession des évènements. Toute histoire est le fait d’un (ou plusieurs) auteurs qui ont construits, choisis, la manière de présenter ces évènements dans le but d’éclairer le sens, la morale de l’histoire. Il n’existe pas d’histoire vraie : toute histoire est un choix, et ne montre qu’une partie des choses. Comme le disait Bainville en parlant de l’Histoire « La tâche de l’historien consiste essentiellement à abréger. S’il n’abrégeait pas, – et la remarque n’est pas nouvelle, – il faudrait autant de temps pour raconter l’histoire qu’on en a mis à la faire. » Ce mode d’appréhension du réel, narratif, construit, vise le sens (qui nécessite interprétation morale).

    Voilà donc deux modes d’appréhension du réel, qui tous deux utilisent les faits (« Ce qui est arrivé, ce qui existe. »), mais pour en faire des choses différentes. Compréhension des lois naturelles d’un côté (qui donne des moyens d’action concrets sur les choses), construction de sens de l’autre, donc de motifs et de moyens d’action (individuels ou collectifs).

    Suite

    Ma réflexion, à ce jour, est qu’il faut maintenant trouver des moyens de discriminer les histoires morales de celles qui sont immorales. J’avais commencé à lister et à décrire des « fables immorales« , et c’était bien dans cette logique. Je pense que le mode d’appréhension du monde lié aux récits est en fait une approche religieuse ou surnaturelle : Steinsaltz disait cela très bien dans Mots Simples : « La croyance en D-ieu peut être naïve et puérile ou bien raffinée et élaborée. Les images que nous nous en faisons peuvent être absurdes ou philosophiquement abouties. Cependant, cette croyance, une fois débarrassée de tout verbiage, se résume ainsi : l’existence a un sens. Certains pensent, probablement à tort, qu’ils le connaissent, alors que d’autres se contentent d’y réfléchir. Tout ce que nous vivons apparaît comme un ensemble décousu. Le fait que nous nous efforcions de relier entre elles ces différentes particules d’information repose sur notre foi, a priori, qu’il existe bien une certaine connexion. »
    Je crois pour ma part que, si nous avons bien sûr besoin pour agir d’adosser cette action a du sens, à des objectifs, que pour autant cela ne permet de pas de prétendre que l’univers, ou l’existence a un sens autre que relatif à nous.
    A travailler pour la suite : toute personne humaine normale connaît et utilise ces deux modes d’appréhension du réel. A quel moment sont-ils utiles pour nous ? Comment bien s’en servir ? J’ai le sentiment de vivre dans une époque saturée de récits, dont un certain nombre se font passer pour des histoires vraies, ou morales. Il n’existe pas d’histoire vraie. Il n’existe que des histoires qui ont plus ou moins de sens pour ceux qui les entendent et les interprètent. Certaines sont toxiques, et elles sont des armes utilisées pour manipuler, et pervertir. Il serait bon parfois de se raconter moins d’histoires, et de plus regarder les faits, la réalité. Je me demande s’il ne faudrait pas, d’ailleurs, presqu’exclusivement faire cela. Qu’en pensez-vous ?