Catégorie : 🧠 Réflexions

  • Flânerie #2

    Flânerie #2

    En me baladant dans le petit village de Bretagne oĂą nous passons les vacances, je suis tombĂ© au bord d’un chemin sur cette boĂ®te aux lettres si reconnaissable de La Poste. En la regardant, je me suis dit que c’Ă©tait un formidable objet : son usage, simple et connu de tous, cache une très grande complexitĂ© organisationnelle, et une histoire très profonde avec des racines dans l’Ă©poque de Louis XI (et probablement plus ancienne).

    Cet objet simple comporte plusieurs dĂ©tails qui Ă©voque tout cela : l’aspect abĂ®mĂ© de cette boĂ®te, trompeur, ne doit pas cacher le fait que le logo qui y figure est le dernier logo de La Poste, donc son installation doit ĂŞtre assez rĂ©cente. Ensuite, le numĂ©ro codĂ© « A1C4F5 » suppose et Ă©voque un système structurĂ© de numĂ©rotation et de positionnement sur des cartes des diffĂ©rentes boites, avec un système logique pour les retrouver facilement.

    J’ai aussi Ă©tĂ© saisi par un autre aspect. J’ai pensĂ© au designer qui ont pensĂ© cet objet, qui l’ont dessinĂ©, et qui ont peaufinĂ© ses dĂ©tails. Ils ont dĂ» avoir une rĂ©elle satisfaction Ă  voir le fruit de leur travail diffusĂ© Ă  cette Ă©chelle, et utilisĂ© quotidiennement par des millions d’utilisateurs. Quelle joie cela doit ĂŞtre (le format de la boĂ®te aux lettres jaune est celui créé par l’entreprise Fonderie Dejoie, et le logo – « l’oiseau postal » – est une version revisitĂ©e du logo créé par Guy Georget).

    Son aspect m’a aussi Ă©voquĂ© le fait que certainement cette activitĂ© a connu un fort dĂ©clin avec l’arrivĂ©e du mail et de la concurrence. Ce que confirme une petite interrogation de Grok :
    Ces chiffres montrent une croissance forte au XIXe siècle avec l’essor des communications, une stabilitĂ© au XXe, puis une chute drastique depuis les annĂ©es 2000 due Ă  l’email et aux services numĂ©riques. Pour les pĂ©riodes antĂ©rieures au XIXe siècle, les donnĂ©es sont rares et locales, car le service postal Ă©tait moins centralisĂ©.

    Il y a encore tout de mĂŞme 6 milliards de courriers envoyĂ©s / reçus par an en France, excusez du peu ! Cette baisse d’activitĂ© ne doit pas cacher la formidable entreprise qu’a Ă©tĂ©, et est encore La Poste, ce qu’elle a rendu possible, ni le fait que sa perte de vitesse n’est que le signe de l’invention par d’autres humains d’une formidable alternative (le web et le mail). Chaque chose qui se termine coexiste avec d’autres qui se crĂ©ent et grandissent. Les humains sont formidables.

  • Objets mentaux

    Le thème de mon billet de l’autre jour (Faits & RĂ©cits) et le fait de poser les idĂ©es par Ă©crit m’a fait avancer dans mon essai. Ce billet partage l’avancement en guise de note plus pour moi-mĂŞme, pardonnez-moi, chers lecteurs, de partager aussi des brouillons, mais ça aide Ă  progresser.

    Faits, rĂ©cits, et …

    Je me suis très vite rendu compte, puisqu’un des axes de mon essai Ă©tait de faire un tri, un rangement, dans les diffĂ©rents objets mentaux que l’on manipule pour penser, qu’il y a bien plus d’objets mentaux que simplement les rĂ©cits et les faits. Pour bien lutter contre le biais de confusion (utiliser des objets mal identifiĂ©s ou mal dĂ©finis entraĂ®ne Ă  coup sĂ»r une pensĂ©e confuse), il faut donc ĂŞtre plus systĂ©matique dans le « bestiaire » des objets mentaux. Voici mes notes et l’Ă©tat de ce bestiaire, sans plus de prĂ©cisions. N’hĂ©sitez pas, bien sĂ»r, si cela vous interpelle ou provoque des rĂ©flexions, questions, critiques, etc. Ă  les partager en commentaire.

    Les briques élémentaires

    Voici donc un certain nombre d’objets mentaux, que l’on manipule lorsque l’on pense. On peut bien sĂ»r les combiner pour crĂ©er des objets plus complexes, mais ceux-lĂ  me paraissent avoir des caractĂ©ristiques suffisamment notables pour les distinguer. Ce modèle continuera Ă  Ă©voluer bien sĂ»r, mais ça fait une bonne base. Chaque brique est dĂ©crite comme suit : une dĂ©finition (plus ou moins calquĂ©e sur celle du dictionnaire, des caractĂ©ristiques distinctives, un champ de valeur, un exemple, une description possible de la manière dont cet objet mental existe (au sens de Ferraris Objet=acte inscrit), et une « instanciation » possible de l’objet (une manière de l’utiliser concrètement).

    • Descriptions

      • DĂ©finition : ÉnoncĂ©s sur le rĂ©el, vĂ©rifiables ou rĂ©futables, dĂ©crivant objectivement la rĂ©alitĂ©, les faits.

      • CaractĂ©ristiques distinctives : RĂ©futabilitĂ©, objectivitĂ©, ancrage empirique.

      • Champ de valeur : VĂ©ritĂ©.

      • Exemple : « L’eau bout Ă  100°C Ă  pression standard. »

      • Inscription : Acte de documenter ou enregistrer un Ă©noncĂ© vĂ©rifiable (ex. : noter une observation scientifique dans un journal).

      • Instanciation : Lire ou citer un fait dans une discussion, re-crĂ©ant sa description objectivement (ex. : expliquer que « l’eau bout Ă  100°C » lors d’une expĂ©rience).

    • Raisonnements

      • DĂ©finition : Suite logique de propositions aboutissant Ă  une conclusion, permettant de structurer la pensĂ©e.

      • CaractĂ©ristiques distinctives : Logique, structure argumentative, cohĂ©rence interne.

      • Champ de valeur : Logique, argumentation.

      • Exemple : DĂ©monstration du thĂ©orème de Pythagore.

      • Inscription : Acte de formuler ou dĂ©battre un enchaĂ®nement logique (ex. : Ă©noncer un argument lors d’un dĂ©bat).

      • Instanciation : Appliquer un raisonnement dans un problème rĂ©el, comme dĂ©montrer un thĂ©orème pour rĂ©soudre une Ă©quation.

    • Concepts

      • DĂ©finition : ReprĂ©sentation mentale abstraite et gĂ©nĂ©rale, objective, stable, munie d’un support verbal. Les concepts n’ont pas nĂ©cessairement un statut logique.

      • CaractĂ©ristiques distinctives : Abstraction, objectivitĂ©, stabilitĂ©, support verbal.

      • Champ de valeur : Imagination, crĂ©ativitĂ©, abstraction.

      • Exemple : Notion de libertĂ©.

      • Inscription : Acte de nommer ou discuter une idĂ©e abstraite (ex. : dĂ©finir verbalement « liberté » dans une conversation).

      • Instanciation : Utiliser un concept dans une rĂ©flexion personnelle, comme penser Ă  « liberté » pour Ă©valuer une situation Ă©thique.

    • Questions

      • DĂ©finition : Interrogations, ouvertes ou fermĂ©es, qui provoquent la rĂ©flexion ou un changement de point de vue.

      • CaractĂ©ristiques distinctives : Forme interrogative, stimulation cognitive, absence de rĂ©ponse dĂ©finitive.

      • Champ de valeur : Exploration, dĂ©centrement.

      • Exemple : « Quel est le sens de la vie ? »

      • Inscription : Acte de poser ou partager une interrogation (ex. : formuler une question dans un dialogue).

      • Instanciation : Poser une question lors d’une discussion, activant une rĂ©flexion collective (ex. : « Quel est le sens de la vie ? » dans un dĂ©bat philosophique).

    • RĂ©cits

      • DĂ©finition : PrĂ©sentation (orale ou Ă©crite) d’Ă©vĂ©nements (rĂ©els ou imaginaires). Constructions narratives organisant des Ă©vĂ©nements ou idĂ©es pour crĂ©er ou transmettre du sens.

      • CaractĂ©ristiques distinctives : NarrativitĂ©, structure temporelle, subjectivitĂ©, prĂ©sentation orale ou Ă©crite.

      • Champ de valeur : Sens, transmission, Ă©motion, identitĂ©.

      • Exemple : Fable « Le Lièvre et la Tortue ».

      • Inscription : Acte de raconter ou consigner une narration (ex. : Ă©crire ou raconter une histoire).

      • Instanciation : Raconter une fable oralement, re-crĂ©ant son sens narratif pour un public (ex. : performer « Le Lièvre et la Tortue »).

    • Règles

      • DĂ©finition : Prescriptions d’ordre moral ou pratique, plus ou moins impĂ©ratives, explicites ou implicites, structurant les comportements et les interactions sociales.

      • CaractĂ©ristiques distinctives : Prescription, contexte social, normativitĂ©, explicite ou implicite.

      • Champ de valeur : Morale, justice, harmonie sociale.

      • Exemple : « Ne pas voler. »

      • Inscription : Acte de codifier ou imposer une prescription (ex. : Ă©noncer une règle dans un contrat ou une loi).

      • Instanciation : Appliquer une règle dans une interaction sociale, comme respecter « ne pas voler » dans la vie quotidienne.

    • Modèles

      • DĂ©finition : Système physique, mathĂ©matique ou logique reprĂ©sentant les structures essentielles d’une rĂ©alitĂ© et capable Ă  son niveau d’en expliquer ou d’en reproduire dynamiquement le fonctionnement. ReprĂ©sentations simplifiĂ©es du rĂ©el, associĂ©es Ă  des objets tangibles ou abstraits.

      • CaractĂ©ristiques distinctives : ReprĂ©sentation, structure systĂ©matique, explication ou reproduction, finalitĂ© pratique ou esthĂ©tique.

      • Champ de valeur : UtilitĂ©, beautĂ©, clartĂ©, adĂ©quation.

      • Exemple : Plan d’une maison.

      • Inscription : Acte de concevoir ou documenter un système reprĂ©sentatif (ex. : dessiner un plan ou formuler un modèle mathĂ©matique).

      • Instanciation : Utiliser un modèle pour simuler une rĂ©alitĂ©, comme tester un plan d’une maison dans un logiciel de simulation.

    • Croyances

      • DĂ©finition : Opinions ou reprĂ©sentations que l’on tient pour vraies, souvent non vĂ©rifiĂ©es empiriquement, et dont le degrĂ© d’adĂ©quation au rĂ©el peut varier de très incertain Ă  presque sĂ»r.

      • CaractĂ©ristiques distinctives : AdhĂ©sion subjective, signification, variabilitĂ© d’adĂ©quation, rĂ©sistance Ă  la rĂ©futation.

      • Champ de valeur : Foi, identitĂ©, sens.

      • Exemple : Croyance en une vie après la mort.

      • Inscription : Acte de professer ou partager une opinion tenue pour vraie (ex. : dĂ©clarer une foi dans un groupe).

      • Instanciation : Vivre une croyance dans un rituel, comme prier pour valider une conviction en une vie après la mort.

    • Connaissances

      • DĂ©finition : Ensembles d’informations ou de savoirs validĂ©s empiriquement, organisĂ©s et utilisables, issus de l’observation, de l’expĂ©rience ou de l’analyse.

      • CaractĂ©ristiques distinctives : Validation empirique, organisation systĂ©matique, utilisabilitĂ©, origine observationnelle ou analytique.

      • Champ de valeur : VĂ©ritĂ©, comprĂ©hension.

      • Exemple : Connaissance de la gravitation universelle.

      • Inscription : Acte de compiler ou enseigner un savoir validĂ© (ex. : rĂ©diger un manuel scientifique).

      • Instanciation : Appliquer une connaissance en pratique, comme utiliser la gravitation pour calculer une orbite.

    • Symboles

      • DĂ©finition : ReprĂ©sentations abstraites ou matĂ©rielles (signes, images, objets), fait ou Ă©lĂ©ment naturel Ă©voquant, dans un groupe humain donnĂ©, par une correspondance analogique, formelle, naturelle ou culturelle, quelque chose d’absent ou d’impossible Ă  percevoir, ou portant un sens conventionnel ou culturel reliant le concret et l’abstrait.

      • CaractĂ©ristiques distinctives : Signification Ă©vocatrice, contexte culturel, polyvalence sĂ©mantique, relie concret et abstrait.

      • Champ de valeur : Signification, identitĂ©, expression.

      • Exemple : Une colombe symbolisant la paix.

      • Inscription : Acte de conventionner ou utiliser un signe Ă©vocateur (ex. : adopter un symbole dans une communautĂ©).

      • Instanciation : InterprĂ©ter un symbole dans un contexte, comme voir une colombe et Ă©voquer la paix lors d’une cĂ©rĂ©monie.

    • Savoirs pratiques

      • DĂ©finition : CompĂ©tences ou savoir-faire pratiques, acquis par l’expĂ©rience ou l’apprentissage, permettant d’agir efficacement dans le monde.

      • CaractĂ©ristiques distinctives : Pragmatisme, incorporation, contextualitĂ©.

      • Champ de valeur : UtilitĂ©, efficacitĂ©, maĂ®trise.

      • Exemple : Savoir-faire d’un artisan pour construire un meuble.

      • Inscription : Acte de dĂ©montrer ou transmettre une compĂ©tence (ex. : enseigner un savoir-faire artisanal).

      • Instanciation : ExĂ©cuter un savoir-faire, comme construire un meuble pour re-crĂ©er la compĂ©tence en action.

    • Imaginaires

      • DĂ©finition : Ensembles de reprĂ©sentations mentales qui dĂ©bordent sur la perception et l’intellection, qui surchargent la rĂ©alitĂ© de retentissements affectifs, d’analogies et mĂ©taphores, de valeurs symboliques secondes, mais selon des formes et forces très variĂ©es.

      • CaractĂ©ristiques distinctives : FictionnalitĂ©, dĂ©bordement cognitif, analogies et mĂ©taphores, variĂ©tĂ© des formes.

      • Champ de valeur : Imagination, crĂ©ativitĂ©, Ă©vasion, affectivitĂ©, symbolisme.

      • Exemple : L’univers fictif du Seigneur des Anneaux.

      • Inscription : Acte de partager ou Ă©voquer une reprĂ©sentation surchargĂ©e (ex. : discuter un monde fictif dans un groupe).

      • Instanciation : Vivre un imaginaire via une visualisation mentale, comme s’immerger dans l’univers du Seigneur des Anneaux lors d’une lecture.

    • Perceptions

      • DĂ©finition : Objets mentaux formĂ©s par l’interaction entre la conscience et un objet physique, par le biais des sensations, interprĂ©tations, et significations, associĂ©s Ă  un sentiment plus ou moins prĂ©cis de la rĂ©alitĂ© de quelque chose.

      • CaractĂ©ristiques distinctives : Interaction sensorielle, interprĂ©tation subjective, signification, sentiment de rĂ©alitĂ©.

      • Champ de valeur : ExpĂ©rience, subjectivitĂ©, connexion au rĂ©el.
        Exemple : Perception d’un tableau comme « beau » ou « troublant ».

      • Inscription : Acte de dĂ©crire ou partager une expĂ©rience sensorielle (ex. : tĂ©moigner d’une perception dans une conversation).

      • Instanciation : Revivre une perception en la dĂ©crivant, comme Ă©voquer le « beau » d’un tableau dans une discussion.

    VoilĂ , comme vous le voyez, il y a encore pas mal de boulot. J’ai surtout travaillĂ© sur les briques et leur dĂ©finition, et j’ai laissĂ© Grok remplir les autres cases, certaines sont bien ficelĂ©es et d’autres pas du tout. Mais je pose ça pour garder une trace de cette version. Il en manque selon vous ? J’Ă©crirai un court chapitre sur chacun de ces objets dans mon essai (cette forme de liste Ă  puces n’est pas du tout le format cherchĂ©).

  • Registres de discours

    Registres de discours

    Bibliographie

    Pour continuer Ă  avancer sur le « bot » d’analyse automatique des articles sur X, il est nĂ©cessaire de bien penser les catĂ©gories dans lesquelles on lui demande de ranger les phrases d’un texte. Lorsque j’ai demandĂ© Ă  Grok ce qui existait dĂ©jĂ  comme type de classifications, il m’a apportĂ© les rĂ©ponses suivantes (j’ai ajoutĂ© les liens vers les auteurs).

    Voici un aperçu des plus pertinents, basés sur la littérature académique et les principes de rhétorique :
    Rhétorique aristotélicienne
    Aristote distingue trois modes de persuasion :

    • Ethos : CrĂ©dibilitĂ© de l’orateur (par exemple, citer un expert).
    • Pathos : Appel aux Ă©motions (proche de nos “Émotions” ou “Jugements moraux”).
    • Logos : Arguments logiques (proche de nos “Arguments” et “Faits”).

    Pertinence : Ton approche couvre déjà ethos (via citations dans les faits), pathos (jugements moraux, récits), et logos (arguments, faits). Ajouter une catégorie “Ethos” pourrait être redondant.
    Analyse du discours (Van Dijk, Fairclough)
    Teun van Dijk (discours critique) distingue :

    • Faits objectifs.
    • Opinions (proche de rĂ©cits et jugements moraux).
    • Arguments idĂ©ologiques.
    • Émotions.

    Norman Fairclough : Met l’accent sur les idéologies implicites, qui pourraient correspondre à tes mots débattables ou récits.
    Pertinence : Ton approche est déjà proche de ces cadres, avec une granularité plus fine (questions, jugements moraux).
    Typologie des discours (narratologie, sémiotique)
    Gérard Genette ou Roland Barthes distinguent :

    • Narratif (rĂ©cits).
    • Descriptif (faits).
    • Argumentatif (arguments).
    • Expressif (Ă©motions, jugements moraux).

    Pertinence : Tes catégories recouvrent ces types, avec une spécificité pour les questions et mots débattables.
    Linguistique pragmatique (Austin, Searle)
    Actes de langage :

    • Expressifs (Ă©motions, jugements moraux).
    • Directifs (appels Ă  l’action).
    • Informatifs (faits).
    • Commissifs (promesses, engagements).

    Pertinence : Les actes directifs pourraient justifier une catégorie “Appels à l’action”, mais moins pertinente pour des articles journalistiques.
    Journalisme et analyse médiatique :
    Des outils comme Media Bias/Fact Check ou AllSides distinguent :

    • Faits objectifs.
    • Opinions/Ă©ditoriaux (rĂ©cits, jugements moraux).
    • Biais idĂ©ologiques (mots dĂ©battables).

    Pas de classification standard pour “questions” ou “arguments” explicites, ce qui rend ta méthode originale.

    Registres de discours v0

    J’ai ajoutĂ© depuis Ă  mes catĂ©gories une qui s’appelle « InterprĂ©tation », et j’ai incorporĂ© ce qui de l’ordre des Emotions dans « RĂ©cits ». La question reste ouverte de savoir s’il faut ajouter les « appels Ă  l’action ». Voici donc Ă  date la liste des catĂ©gories pour classer les phrases et distinguer les diffĂ©rents registres de discours (et les gestes mentaux qui vont avec) :

    • Descriptif (Faits) : Phrases vĂ©rifiables (chiffres, dates, noms), bleu, gras.
    • Narratif (RĂ©cits) : Phrases donnant sens/Ă©motions, non vĂ©rifiables, rouge, italique.
    • InterprĂ©tatif : Phrases hypothĂ©tiques/interprĂ©tations, jaune, soulignĂ© double.
    • Logique (Arguments) : Phrases avec prĂ©misses/conclusion (“donc”, “car”), violet, encadrĂ©.
    • Interrogatif (Questions) : Phrases et tournures interrogatives (“?”), vert, soulignĂ©.
    • Moral (Jugements moraux) : Phrases Ă©thiques (“juste”), marron, italique gras.
    • PolĂ©mique (Mots dĂ©battables) : Mots connotatifs/controversĂ©s (ex. “euthanasie”, « extrĂŞme-droite »), orange, soulignĂ©, annotĂ©s dans les phrases des autres catĂ©gories.

    Questions en suspens

    Deux points me paraissent difficiles Ă  rĂ©soudre. Tout d’abord il convient, dans la catĂ©gorie « DESCRIPTIVE » (faits) d’aller vĂ©rifier les faits et Ă©ventuellement souligner les mensonges. Ensuite, et c’est le point le plus compliquĂ©, il convient de parvenir Ă  garder en tĂŞte qu’un article peut ĂŞtre tout Ă  fait Ă©quilibrĂ©, utiliser peu de manipulations Ă©motionnelles ou narratives, mais laisser volontairement de cĂ´tĂ© la moitiĂ© de la rĂ©alitĂ© qu’il est censĂ© dĂ©crire (mise sous le tapis). Cela impliquerait d’aller systĂ©matiquement chercher plusieurs articles et comparer l’angle de vue choisi, les faits laissĂ©s de cĂ´tĂ© par les uns et les autres, etc. C’est titanesque (en fait) et probablement pas tout Ă  fait possible (en droit) : il n’existe pas de manière objective de traiter un sujet ou de rapporter des faits. Toute description d’un ensemble de faits nĂ©cessite des choix, un arbitrage, et implique un point de vue Ă  la fois idĂ©ologique (chacun a ses propres schĂ©mas mentaux) et factuel (mĂŞme en supposant une neutralitĂ© axiologique, personne n’a une connaissance universelle et considère donc la rĂ©alitĂ© en Ă©tant dĂ©pendant de ses connaissances). Qu’en pensez-vous ?

  • Filtre Ă  mĂ©dias

    Filtre à médias

    Dans la suite de mon article prĂ©cĂ©dent, je me suis amusĂ© Ă  demander Ă  Grok de m’aider Ă  sĂ©parer dans un texte :

    • Ce qui est de l’ordre des faits (rĂ©futable au sens de Popper) (en bleu gras)
    • Ce qui est de l’ordre du rĂ©cit (en lien avec le sens, l’interprĂ©tation de l’action) (en rouge italique)
    • Ce qui est d’ordre interrogatif (des questions pour le moment, mais on pourrait raffiner avec des questions implicites ou explicites, ouvertes ou fermĂ©es, etc…) (en vert)
    • les mots potentiellement « orientĂ©s » susceptibles d’ĂŞtre apporteur de biais dans le raisonnement (en orange)

    Il a très bien compris ce que je lui demandais, et voici ce que ça donne avec un texte copiĂ©-collĂ© depuis Le Monde. Voici l’analyse qu’en fait Grok.

    Loi Duplomb sur l’agriculture : comment les partisans du texte ont réussi à court-circuiter les débats à l’Assemblée nationale.

    Dans une ambiance particulièrement tendue. Les députés du centre jusqu’à l’extrême droite ont voté, lundi, la motion de rejet portée, paradoxalement, par le rapporteur de la proposition de loi. Ce qui permet de l’envoyer directement en commission mixte paritaire.

    La gauche dénonce un « déni démocratique ».

    Publié aujourd’hui à 05h31, modifié à 09h15. Temps de Lecture 4 min.

    Les députés de LFI brandissent des pancartes évoquant des victimes de maladies causées par des pesticides, lors du débat sur le projet de loi Duplomb, à l’Assemblée Nationale, à Paris, le 26 mai 2025.

    L’initiative fera sans doute date à l’Assemblée nationale.

    Lundi 26 mai après-midi, les députés du bloc central, de droite et d’extrême droite ont voté à une très grande majorité la motion de rejet préalable de la proposition de loi Duplomb. Visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur. (274 voix pour et 121 contre).

    Un fait déjà exceptionnel au Palais-Bourbon. La motion de rejet a été déposée by the rapporteur même du texte, le député Julien Dive (Les Républicains, Aisne), ainsi que par les différents présidents de groupe de l’alliance gouvernementale, Laurent Wauquiez (Les Républicains), Gabriel Attal (Renaissance), Marc Fesneau (MoDem) et Paul Christophe (Horizons). Pourtant favorables au texte.

    Le calcul est purement politique.

    Paradoxalement, le vote de cette motion de rejet permet l’accélération de l’acceptation du texte. Dont le but est « de faire reconnaître que le texte proposé est contraire à une ou plusieurs dispositions constitutionnelles ou de faire décider qu’il n’y a pas lieu à délibérer ».

    En effet, après être passée au Sénat, la proposition de loi faisait l’objet de près de 3 500 amendements en séance à l’Assemblée. Dont 1 500 déposés par…

    Et la proportion :

    Faits : (12 / 19) Ă— 100 = 63,16 %.

    Récits : (7 / 19) × 100 = 36,84 %.

    Questions : (0 / 19) Ă— 100 = 0 %.

    Je trouve ça assez intĂ©ressant comme manière de visualiser le texte. J’aimerais pouvoir insĂ©rer plusieurs articles diffĂ©rents pour voir ce qui en ressort (en terme de proportions, pour pouvoir comparer diffĂ©rents mĂ©dias, discours politiques, diffĂ©rentes thĂ©matiques, etc.). Qu’en pensez-vous ?

  • Faits & rĂ©cits

    Faits & récits

    Cet article est plus une note pour poser quelques idées pour la suite de mon essai : veuillez pardonner sa forme approximative.

    Deux modes d’apprĂ©hension du rĂ©el

    Dans le cadre d’une rĂ©flexion sur les objets mentaux que l’on manipule, deux en particulier ont retenus pour attention, afin de les distinguer pour Ă©viter les biais de confusion. Les « énoncĂ©s sur le rĂ©el », visant Ă  dĂ©crire des faits, et les « rĂ©cits » visant Ă  relier entre eux des Ă©vènement ou des faits (factuels ou imaginaires). Ces deux modes pourraient ĂŞtre distinguĂ©s ainsi :

    • Les Ă©noncĂ©s sur le rĂ©el, qui visent Ă  dĂ©crire des faits, de manière explicative, sont dans le champ de la connaissance ou de la science, au sens de Popper. Ils peuvent ĂŞtre des thĂ©ories ou des modèles, ou de simple description de ce qui se passe. Leur formulation permet des les confronter Ă  des expĂ©riences (concrètes ou de pensĂ©e). Lorsque l’Ă©noncĂ© ne correspond pas au rĂ©el, aux faits, c’est l’Ă©noncĂ© que l’on revoit, ou a minima cela doit conduire Ă  une rĂ©-interprĂ©tation de la manière dont on comprend les faits. Par exemple : « lorsque je lâche une carafe de la hauteur de ma taille, elle tombe par terre et se casse ». Cette phrase est un Ă©noncĂ© sur le rĂ©el, facilement testable. Il est rĂ©futable : si je prends une carafe et que je la lâche, et qu’elle ne tombe pas, ou qu’elle tombe mais sans se casser, je devrais prĂ©ciser mon Ă©noncĂ©. Il deviendrait probablement un truc du genre « sur la planète Terre, 98% des carafes lâchĂ©es d’une hauteur de 1,74m, tombent et sur un sol suffisamment dur (Ă  prĂ©ciser) se cassent au moment du choc avec le sol ». Ce mode d’apprĂ©hension du rĂ©el, scientifique ou factuel, vise la vĂ©ritĂ© (forcĂ©ment partielle, et indĂ©finiment amĂ©liorable).
    • Les rĂ©cits, qui prĂ©sentent des Ă©vènements d’une manière structurĂ©es (Ă©vènement factuels ayant rĂ©ellement eu lieu, ou imaginaires), visent Ă  crĂ©er un lien entre ces Ă©vènement et Ă  crĂ©er du sens. Ils mettent gĂ©nĂ©ralement en scène des personnages, et utilisent plus ou moins de manière linĂ©aire la temporalitĂ© et la succession des Ă©vènements. Toute histoire est le fait d’un (ou plusieurs) auteurs qui ont construits, choisis, la manière de prĂ©senter ces Ă©vènements dans le but d’Ă©clairer le sens, la morale de l’histoire. Il n’existe pas d’histoire vraie : toute histoire est un choix, et ne montre qu’une partie des choses. Comme le disait Bainville en parlant de l’Histoire « La tâche de l’historien consiste essentiellement Ă  abrĂ©ger. S’il n’abrĂ©geait pas, – et la remarque n’est pas nouvelle, – il faudrait autant de temps pour raconter l’histoire qu’on en a mis Ă  la faire. » Ce mode d’apprĂ©hension du rĂ©el, narratif, construit, vise le sens (qui nĂ©cessite interprĂ©tation morale).

    VoilĂ  donc deux modes d’apprĂ©hension du rĂ©el, qui tous deux utilisent les faits (« Ce qui est arrivĂ©, ce qui existe. »), mais pour en faire des choses diffĂ©rentes. ComprĂ©hension des lois naturelles d’un cĂ´tĂ© (qui donne des moyens d’action concrets sur les choses), construction de sens de l’autre, donc de motifs et de moyens d’action (individuels ou collectifs).

    Suite

    Ma rĂ©flexion, Ă  ce jour, est qu’il faut maintenant trouver des moyens de discriminer les histoires morales de celles qui sont immorales. J’avais commencĂ© Ă  lister et Ă  dĂ©crire des « fables immorales« , et c’Ă©tait bien dans cette logique. Je pense que le mode d’apprĂ©hension du monde liĂ© aux rĂ©cits est en fait une approche religieuse ou surnaturelle : Steinsaltz disait cela très bien dans Mots Simples : « La croyance en D-ieu peut ĂŞtre naĂŻve et puĂ©rile ou bien raffinĂ©e et Ă©laborĂ©e. Les images que nous nous en faisons peuvent ĂŞtre absurdes ou philosophiquement abouties. Cependant, cette croyance, une fois dĂ©barrassĂ©e de tout verbiage, se rĂ©sume ainsi : l’existence a un sens. Certains pensent, probablement Ă  tort, qu’ils le connaissent, alors que d’autres se contentent d’y rĂ©flĂ©chir. Tout ce que nous vivons apparaĂ®t comme un ensemble dĂ©cousu. Le fait que nous nous efforcions de relier entre elles ces diffĂ©rentes particules d’information repose sur notre foi, a priori, qu’il existe bien une certaine connexion. »
    Je crois pour ma part que, si nous avons bien sĂ»r besoin pour agir d’adosser cette action a du sens, Ă  des objectifs, que pour autant cela ne permet de pas de prĂ©tendre que l’univers, ou l’existence a un sens autre que relatif Ă  nous.
    A travailler pour la suite : toute personne humaine normale connaĂ®t et utilise ces deux modes d’apprĂ©hension du rĂ©el. A quel moment sont-ils utiles pour nous ? Comment bien s’en servir ? J’ai le sentiment de vivre dans une Ă©poque saturĂ©e de rĂ©cits, dont un certain nombre se font passer pour des histoires vraies, ou morales. Il n’existe pas d’histoire vraie. Il n’existe que des histoires qui ont plus ou moins de sens pour ceux qui les entendent et les interprètent. Certaines sont toxiques, et elles sont des armes utilisĂ©es pour manipuler, et pervertir. Il serait bon parfois de se raconter moins d’histoires, et de plus regarder les faits, la rĂ©alitĂ©. Je me demande s’il ne faudrait pas, d’ailleurs, presqu’exclusivement faire cela. Qu’en pensez-vous ?

  • Travail de mĂ©moire

    Travail de mémoire

    Une macro-Ă©tude vient d’ĂŞtre partagĂ©e par Nicolas Hulscher sur son compte X (il est Ă©pidĂ©miologiste Ă  la McCullough Fondation) : elle reprend les chiffres de 99 millions de personnes ayant reçu l’injection contre le COVID. Les chiffres sont sans appel :

    1. Risque accru jusqu’Ă  610 % de myocardite après une injection sur plateforme ARNm.
    2. Risque accru de 378 % d’encĂ©phalomyĂ©lite aiguĂ« dissĂ©minĂ©e après une injection d’ARNm.
    3. Risque accru de 323 % de thrombose veineuse cérébrale après une injection de vecteur viral.
    4. Risque accru de 249 % de syndrome de Guillain-Barré après une injection de vecteur viral.

    Je me demande pourquoi ces faits ne sont pas partagĂ©s et discutĂ©s dans les mĂ©dias français, qui ont passĂ© tant de temps Ă  nous Ă©numĂ©rer le nombre de morts du COVID, et Ă  se faire les agents de la propagande gouvernementale. Ce dĂ©calage de traitement m’inspire plusieurs remarques, sur des plans diffĂ©rents.

    Médias véreux

    Ce n’est pas une nouvelle bien sĂ»r, mais ce qui se passe depuis que la pĂ©riode COVID s’est terminĂ©e, dans les mĂ©dias, est assez Ă©tonnant. Le sujet n’existe presque plus. Deux annĂ©es complètes de folie administrative et sanitaire, de la censure avĂ©rĂ©e, des mensonges avĂ©rĂ©s, des invectives, des gens suspendus, des rĂ©putations jetĂ©es en pâture, des injections quasi-obligatoires d’un produit mal testĂ© : et puis, plus rien. Le rĂ´le de « chiens de garde du pouvoir » des mĂ©dias est plus que jamais flagrant. Circulez, il n’y avait rien Ă  voir, et sauf contraints et forcĂ©s, les mĂ©dias vous diront qu’il n’y a toujours rien Ă  voir.

    Difficile apprentissage

    Ce qui est difficile, c’est de sortir de la logique de bouc-Ă©missaire, et rĂ©flĂ©chir Ă  ce qui s’est passĂ©, et comment on pourrait Ă©viter de refaire les mĂŞmes erreurs. Collectivement qu’avons-nous appris ? Comment cela se traduit-il dans des règles diffĂ©rentes de fonctionnement ? Sans partager les faits, il n’est pas possible d’apprendre. Sans revenir, et c’est difficile, sur ce qui s’est passĂ©, sur ce qu’on savait Ă  quel moment, etc. il ne sera pas possible de progresser. Les confinements Ă©taient idiots, le Covid n’Ă©tait dangereux que pour certaines personnes Ă  risque, les « vaccins » n’ont pas Ă©tĂ© testĂ© dans les règles de l’art et ne protĂ©geaient pas du tout. La quasi-obligation vaccinale Ă©tait une hĂ©rĂ©sie sanitaire, philosophique et politique. Ce n’est pas parce que tout le monde ou presque devient fou en mĂŞme temps, que c’est moins fou. Je n’arrive pas Ă  voir comment ce travail pourrait avoir lieu, si certains n’ont pas le courage de reconnaĂ®tre des torts, des mauvais choix (quelles qu’en soient les circonstances attĂ©nuantes). Faute avouĂ©e, Ă  moitiĂ© pardonnĂ©e, dit le proverbe.

    Chemins personnels

    Pour finir, il me semble que la racine du problème est individuelle. Quelles qu’aient pu ĂŞtre nos positions, convictions, efforts d’information, pendant cette pĂ©riode, il est dur de faire son introspection. Par exemple, j’ai acceptĂ© que mes enfants soient vaccinĂ©s, alors mĂŞme que je pensais qu’il n’y avait aucun bĂ©nĂ©fice Ă  le faire (et c’Ă©tait mĂŞme plus grave, il y a avait un risque de consĂ©quences plus grave que la Covid. Je regrette cela ; j’Ă©tais probablement plus informĂ© que la moyenne, et je n’ai pour autant fait les bons choix. Je comprends que certains prĂ©fèrent oublier volontairement cette pĂ©riode et passer Ă  autre chose. Mais je trouve cela d’une grande tristesse : vivre sa vie en escamotant une partie du rĂ©el, de nos choix individuels et collectifs, n’est-ce pas une manière, dĂ©jĂ , d’accepter de vivre dans la « Matrix » de l’Etat ? Car en faisant cela, ce n’est pas seulement nos erreurs, nos choix, nos hĂ©sitations, nos disputes, que nous effaçons, mais aussi les responsabilitĂ©s, Ă  commencer par la nĂ´tre. Qui peut prĂ©tendre ĂŞtre libre, sans ĂŞtre responsable ?