Registres de discours

Bibliographie

Pour continuer à avancer sur le « bot » d’analyse automatique des articles sur X, il est nécessaire de bien penser les catégories dans lesquelles on lui demande de ranger les phrases d’un texte. Lorsque j’ai demandé à Grok ce qui existait déjà comme type de classifications, il m’a apporté les réponses suivantes (j’ai ajouté les liens vers les auteurs).

Voici un aperçu des plus pertinents, basés sur la littérature académique et les principes de rhétorique :
Rhétorique aristotélicienne
Aristote distingue trois modes de persuasion :

  • Ethos : Crédibilité de l’orateur (par exemple, citer un expert).
  • Pathos : Appel aux émotions (proche de nos “Émotions” ou “Jugements moraux”).
  • Logos : Arguments logiques (proche de nos “Arguments” et “Faits”).

Pertinence : Ton approche couvre déjà ethos (via citations dans les faits), pathos (jugements moraux, récits), et logos (arguments, faits). Ajouter une catégorie “Ethos” pourrait être redondant.
Analyse du discours (Van Dijk, Fairclough)
Teun van Dijk (discours critique) distingue :

  • Faits objectifs.
  • Opinions (proche de récits et jugements moraux).
  • Arguments idéologiques.
  • Émotions.

Norman Fairclough : Met l’accent sur les idéologies implicites, qui pourraient correspondre à tes mots débattables ou récits.
Pertinence : Ton approche est déjà proche de ces cadres, avec une granularité plus fine (questions, jugements moraux).
Typologie des discours (narratologie, sémiotique)
Gérard Genette ou Roland Barthes distinguent :

  • Narratif (récits).
  • Descriptif (faits).
  • Argumentatif (arguments).
  • Expressif (émotions, jugements moraux).

Pertinence : Tes catégories recouvrent ces types, avec une spécificité pour les questions et mots débattables.
Linguistique pragmatique (Austin, Searle)
Actes de langage :

  • Expressifs (émotions, jugements moraux).
  • Directifs (appels à l’action).
  • Informatifs (faits).
  • Commissifs (promesses, engagements).

Pertinence : Les actes directifs pourraient justifier une catégorie “Appels à l’action”, mais moins pertinente pour des articles journalistiques.
Journalisme et analyse médiatique :
Des outils comme Media Bias/Fact Check ou AllSides distinguent :

  • Faits objectifs.
  • Opinions/éditoriaux (récits, jugements moraux).
  • Biais idéologiques (mots débattables).

Pas de classification standard pour “questions” ou “arguments” explicites, ce qui rend ta méthode originale.

Registres de discours v0

J’ai ajouté depuis à mes catégories une qui s’appelle « Interprétation », et j’ai incorporé ce qui de l’ordre des Emotions dans « Récits ». La question reste ouverte de savoir s’il faut ajouter les « appels à l’action ». Voici donc à date la liste des catégories pour classer les phrases et distinguer les différents registres de discours (et les gestes mentaux qui vont avec) :

  • Descriptif (Faits) : Phrases vérifiables (chiffres, dates, noms), bleu, gras.
  • Narratif (Récits) : Phrases donnant sens/émotions, non vérifiables, rouge, italique.
  • Interprétatif : Phrases hypothétiques/interprétations, jaune, souligné double.
  • Logique (Arguments) : Phrases avec prémisses/conclusion (“donc”, “car”), violet, encadré.
  • Interrogatif (Questions) : Phrases et tournures interrogatives (“?”), vert, souligné.
  • Moral (Jugements moraux) : Phrases éthiques (“juste”), marron, italique gras.
  • Polémique (Mots débattables) : Mots connotatifs/controversés (ex. “euthanasie”, « extrême-droite »), orange, souligné, annotés dans les phrases des autres catégories.

Questions en suspens

Deux points me paraissent difficiles à résoudre. Tout d’abord il convient, dans la catégorie « DESCRIPTIVE » (faits) d’aller vérifier les faits et éventuellement souligner les mensonges. Ensuite, et c’est le point le plus compliqué, il convient de parvenir à garder en tête qu’un article peut être tout à fait équilibré, utiliser peu de manipulations émotionnelles ou narratives, mais laisser volontairement de côté la moitié de la réalité qu’il est censé décrire (mise sous le tapis). Cela impliquerait d’aller systématiquement chercher plusieurs articles et comparer l’angle de vue choisi, les faits laissés de côté par les uns et les autres, etc. C’est titanesque (en fait) et probablement pas tout à fait possible (en droit) : il n’existe pas de manière objective de traiter un sujet ou de rapporter des faits. Toute description d’un ensemble de faits nécessite des choix, un arbitrage, et implique un point de vue à la fois idéologique (chacun a ses propres schémas mentaux) et factuel (même en supposant une neutralité axiologique, personne n’a une connaissance universelle et considère donc la réalité en étant dépendant de ses connaissances). Qu’en pensez-vous ?


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Commentaires

2 réponses à “Registres de discours”

  1. Avatar de Francois Unger
    Francois Unger

    Tout cela est bel et bon. Mais il reste à définir précisément l’objectif du travail.
    Oui, «  il n’existe pas de manière objective de traiter un sujet ou de rapporter des faits ». Il n’y a d’espoir que pour les sciences dures : oui la terre tourne autour du soleil. Facile.
    Mais dès qu’il s’git d’une action ou d’un fait dans lequel l’homme est impliqué, on est dans « l’histoire ». Et forcément tous les modes d’expression ou de description que tu cites sont impliqués.
    Si j’essaye de comprendre ta démarche (mais je plaide coupable d’avance) je la perçoit comme un moyen d’objectiver le fait que tel ou tel média (ou auteur, ou IA) est plus marqué par telle ou telle modalité de relation qu’il fait de « l’histoire ».

    Cet aspect est très interessant car l’outil permettrait à tout un chacun de découvrir, non les fake-news, mais les biais idéologique du rapporteur. Ce qui est aussi grave que les fake-news
    Mais peut-on aller plus loin et se poser la question suivante : dans une information qui cumule faits réels et interprétation humaine, comment identifier les quelques mots qui seraient effectivement utiles à ma compréhension du monde et de mon environnement direct (sans passer par le verbiage médiatique habituel) ?

    Exemple : un attentat lors d’une fête populaire dans un pays d’Europe.
    Quel interêt de l’info si je suis en Corée du Nord ?
    Quel intérêt si l’action se déroule au moyen âge ?
    Il faut donc borner les gens susceptibles de trouver un intérêt au fait rapporté.
    Pour un fait actuel il faut considérer que les européens peuvent être intéressés par sa relation.
    Peut-on définir un noyau incompressible d’information qui suffirait pour dire le fait brut, ou faut-il obligatoirement fournir des éléments contextuels vérifiables ( pays, jour, moyens de l’attentat, nombre de victimes, motif explicite ou non, informations validées sur l’auteur, réitération, intervention police ou population, début et fin de l’évènement, etc…) ?
    Ne faudrait-il pas définir quels éléments contextuels sont « neutres », quels sont les éléments issus d’une « idéologie » (assumée ou non), et quels sont les éléments structurés pour manipuler celui qui reçoit le message ?
    Les catégories que vous avez définies sont légitimes mais me semblent devoir être affinées en fonction de l’objectif de votre travail.

    Etes vous suffisamment avancés dans vos réflexions pour dire en une phrase courte « l’objectif de votre travail ».

    1. Avatar de BLOmiG
      BLOmiG

      hello merci pour ton commentaire. Je partage tes remarques et tes questions. Je n’ai pas pour le moment d’autres objectif de travail que d’apprendre à mettre en place ce type de « bot » utilisant les IA pour … apprendre.
      Cela dit le sujet des « registres de discours » m’intéresse par ailleurs au plus haut point. Je crois, c’est le sens du développement de mon essai pour faire le tri entre « récits » et « faits », que nous gagnons à être factuels, et à sortir des biais de confusion (l’intro de mon embryon d’essai) : il est normal et légitime de porter des jugements moraux, ou d’interpréter les faits, ou de raconter des histoires, mais il n’est pas normal de (se) faire croire que les uns sont équivalents aux autres. Je peux me raconter des histoires, mais je ne dois pas les confondre avec des faits. c’est cette capacité à distinguer qui m’intéresse (pour moi comme pour les autres). Penser comme il faut c’est notre devoir (comme disait l’autre).
      Le « Noyau incompressible » est une bonne piste je trouve (une sorte d’AFP revisitée). Rendre lisible les partis pris idéologiques et les contextes de pensée / modèles mentaux également (cela va de pair il faut rendre explicites ces derniers pour extraire le Noyau incompressible).
      a titre personnel, mon parcours est sur le chemin suivant : je pense, et je veux creuser cette perspective, que nous nous polluons la vie avec beaucoup trop d’histoires, d’interprétation plus ou moins étayées, et que nous en oublions de regarder les faits, pris au sens large (il y a des faits moraux, par exemple).
      Nous ne pouvons vivre bien qu’en étant dans une relation saine avec le réel : cela implique de ne pas lui ajouter des élucubrations mentales (les nôtres ou celles des autres), et plutôt chercher à regarder les faits.
      Cela rejoint en partie notre discussion politique épistolaire : quand l’Etat taxe mon employeur, puis moi, puis encore moi quand j’achète quelque chose, puis encore quand je le revends, c’est de la spoliation, du vol. Toutes les histoires que l’on peut se raconter autour pour atténuer, expliquer, nuancer la réalité, ne la changent en aucune manière. Factuellement, les gouvernants et les bureaucrates volent une partie de notre argent, de manière moralement condamnable (sauf à considérer le vol comme moral). Et ils le redistribuent de manière à s’acheter le maximum de voix possibles pour les prochaines élections, en gardant une bonne partie au passage pour financer leurs projets (personnels ou collectifs visant à se donner une bonne image d’eux-mêmes). J’ai mis 20 ans , ou 30 ans, à comprendre cela parce que mes schémas mentaux étaient encombrés d’histoires du type « si on vote c’est la démocratie », « la démocratie c’est bien », « c’est normal de subventionner des médias », etc. Les faits (factuels, opérationnels, mais aussi la réalité de nos modèles mentaux, de nos biais, la réalité des faits moraux, etc.) sont plus utiles à notre vie que les histoires. c’est une première partie de la réponse, sur un plan personnel.

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