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  • Citation #168

    Il ne faut pas pleurer pour ce qui n’est plus mais être heureux pour ce qui a été.

    Marguerite Yourcenar (1903-1987)
    Femme de lettres française.

    Merci à l’ami Jean-Marc pour cette belle citation !

  • Dune

    Dune

    Cela faisait longtemps que je voulais lire Dune, de Frank Herbert (1920 – 1986)11. Lien wikipedia : faites attention à la qualité des informations que vous pouvez y trouver, notamment celles ayant des résonnances politiques.. Sa réputation, et son statut d’ouvrage de SF le plus vendu au monde, ne sont pas usurpé. C’est avant tout un extrêmement bon roman, nerveux, très imaginatif, avec une intrigue très prenante, et des personnages posés d’une manière super talentueuse : en quelques lignes parfois, et au fur et à mesure des intrigues, chaque personnage a une vraie personnalité, juste marquée comme il faut pour être reconnaissable, et suffisamment en nuance pour garder la complexité, et les émotions.
    L’histoire n’est probablement plus à raconter, tant elle est connue ? Sachez qu’il s’agit d’une aventure politique et familiale sur une planète lointaine, dont l’importance est capitale car c’est celle où l’on extrait l’épice, une matière permettant de rallonger la vie, sorte de drogue étrange, trouvée dans les sables des déserts de Dune. L’histoire de Paul Atréides, héritier de sa famille qui débarque sur cette planète, truffée de pièges par les Harkonnens préalablement en charge de l’exploiter, est celle d’un jeune adulte propulsée plus vite que prévu dans l’action, dans le fait de devoir sauver sa peau, et qui est doué d’une sorte de pouvoir mystérieux entrant en résonnance avec des prophéties anciennes présentes sur cette planète, notamment le peuple des Fremens, qui vivent dans le désert, auprès des dangereux vers géants des sables.
    C’est du super space opéra, prenant. J’ai dévoré le premier tome et je suis plongé dans le deuxième. A lire, pour tous les amateurs de SF, mais au-delà, par tous les amateurs de bon romans d’imagination.

  • Le règne animal

    Le règne animal

    Cela faisait bien longtemps qu’un film français ne m’avait enthousiasmé à ce point, alors je ne résiste pas au plaisir de vous le conseiller. C’est un film très dynamique qui décrit l’histoire d’une famille, dans un monde où un mystérieux phénomène de mutation des humains en animaux a pris place.
    Les acteurs sont formidables – Paul Kircher absolument magistral dans son interprétation bestiale au sens noble du terme -, et l’histoire ne souffre d’aucun temps mort. Tout y est en place, tous les seconds rôles et les personnages périphériques sont pensés, et bien traités. Et le scénario est absolument impeccable : toutes les thématiques contenues dans le thème y sont au moins brossées, sinon au centre de l’action (l’altérité, le parcours initiatique, la séparation entre l’enfant et son foyer, la transformation adolescente, la difficulté à communiquer, la part de bête dans l’homme – pour le meilleur et pour le pire -, le rapport à la nature).
    J’ai fini en larme, je l’avoue, car le cinéaste – Thomas Cailley – a réussi à en plus faire une montée en puissance du récit jusqu’à la toute dernière seconde du film. Du très grand art. A voir et à revoir.
    note : je ne mettrai plus de lien vers Wikipedia dans mes articles, suite à la découverte que, comme beaucoup d’entreprises et d’associations, la fièvre gaucho-wokiste en a pris possession.

  • Rachmaninov – Sokolov

    Rachmaninov – Sokolov

    Grigory Sokolov est un grand pianiste (j’avoue le découvrir seulement). Son jeu est d’une grande précision, et d’une grande lisibilité : si vous fermez les yeux, vous entendrez, à mon sens, une interprétation exceptionnelle de la musique de l’auteur. En l’occurence, Rachmaninov. J’ai été subjugué par la prestation de cet orchestre et de ce pianiste, au service de ce si beau et si romantique morceau. Si vous ne connaissez pas Rachmaninoff, c’est probablement le meilleur moyen de le découvrir. Direction : Jukka-pekka Saraste. Orchestre Symphonique de la Radio Finlandaise. Quelle absolue beauté.

  • Citation #167

    Grâce à des méthodes de manipulation mentale toujours plus efficaces, les démocraties changeront de nature ; les anciennes formes désuètes – élections, parlements, cours suprêmes et tout le reste – resteront. La substance sous-jacente sera un nouveau type de totalitarisme non-violent. Tous les noms traditionnels, tous les slogans sacrés resteront exactement ce qu’ils étaient au bon vieux temps. La démocratie et la liberté seront le thème de chaque émission et éditorial […]. Pendant ce temps, l’oligarchie au pouvoir et son élite hautement qualifiée composée de soldats, de policiers, de fabricants de pensées et de manipulateurs d’esprit dirigeront tranquillement le spectacle comme bon leur semble.

    Aldous Huxley (1894 – 1963) écrivain, romancier et philosophe britannique

  • Avec les fées

    Avec les fées

    J’avoue à ma grande honte que je n’avais jamais rien lu de Sylvain Tesson. Après son passage chez Bock-côté, où j’ai retrouvé avec plaisir ses talents de conteur, érudit sans jamais étaler sa culture, poète romantique sans jamais tomber dans la grandiloquence, je me suis dit qu’il fallait quand même que je découvre sa plume.
    « Avec les fées » raconte son périple avec deux amis (Arnaud Humann et Benoît Lettéron) sur la côte atlantique, depuis la Galice espagnole jusqu’aux Shetlands d’Ecosse. Etrange voyage amphibien, alternant journée de marches et bivouacs sommaires sur terre, et navigation en saut de puce le long de la côte. Le but avoué du voyage : découvrir ces terres celtiques où se mêlent paganisme, christianisme et romantisme arthurien. A la recherche des fées.
    L’été commençait quand je partis chercher les fées sur la côté atlantique. Je ne crois pas à leur existence. aucune fille-libellule ne volette en tutu au-dessus des fontaines. Le monde s’est vidé de ses présences. (…) Le mot fée signifie autre chose. C’est une qualité du réel révélée par une disposition du regard. Il y a une façon d’attraper le monde et d’y déceler le miracle. Le reflet revenu du soleil sur la mer, le froissement du vent dans les feuilles d’un hêtre, le sang sur la neige et la rosée perlant sur une fourrure de bête : là sont les fées. On regarde le monde avec déférence. Elles apparaissent. Soudain, un signal. La beauté d’une forme éclate. Je donne le nom de fée à ce jaillissement.
    J’ai dévoré livre. Il est passionnant, bourré de pensée et de référence intéressante, drôle souvent. Drôle d’aede, de barde, que ce troubadour de Sylvain Tesson. Sa réflexion, au long du voyage, sur la quête du Graal, mouvement par essence, et qui trouve son accomplissement dans la présence du monde, dans la présence au monde, est passionnante.
    Ma quête du Graal ne consistait plus à le chercher mais à décider qu’il était atteint. Le Graal était la fin de la quête. Dans Poésie et vérité, Goethe donne deux confirmations : « L’éternel poursuit sa course à travers toute chose. Avec ravissement attache-toi à l’Etre. » Puis je découvris pendant la quart du matin quelques vers du Second Faust, alors que nous sortions de la nuit en traversant un champ d’éoliennes maritimes qui tournaient devant la côte d’Inverness pour signaler aux hommes que le Progrès brasserait toujours du vent.

    Né pour voir
    Le monde me plaît
    Vous, mes yeux bienheureux
    Quoi que vous avez vu
    Que cela soit comme cela veut
    C’était pourtant bien beau

    Le Graal apparaissait donc, pour peu que l’on décidât la quête achevée. Alors, tout se révélait. Et le monde suffisait. Mais pour peu qu’on décrétât qu’il y avait un Dieu, on émettait l’idée que Dieu était plus précieux que le monde, extérieur à lui, et qu’on pouvait donc blesser le monde sans s’en prendre directement à Dieu. Alors, zigouiller les bêtes, égorger les moutons, saloper les marais et cracher sur les combes blessaient la créature, mais pas le créateur. A moi, le monde suffisait. Comme il était compliqué d’arriver à cette idée enfantine. Les éoliennes battaient l’aube. Le voilier passa entre les colonnes blanches. Que cela soit comme cela veut. J’avis vogué trois mois pour trouver ce vers. Pour moi, le Graal avait été le mouvement, il prenait à présent le nom de présence.
    Ce dernier passage montre bien le style de Tesson : entremêlant en permanence interaction avec le paysage, la nature, et ses idées enrichies des dizaines de bouquins emportés pour documenter le voyage, c’est un style direct et imagé, vivant et incarné, que j’aime beaucoup. Je vais aller découvrir d’autres livres de Tesson. Et vous ? En avez-vous lu ? Lesquels me conseillez-vous ?
    Mise à jour : l’entretien avec Etienne Klein est très intéressant aussi et éclaire d’autres aspects de la réflexion de Tesson.