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  • Faut-il avoir de l’ambition ?

    A force d’entendre les commentateurs critiquer Sarkozy pour son ambition, et comme cela rejoint des critiques que l’on entend couramment au sein de ma boite concernant tel ou tel cadre dirigeant, je me suis posé la question du sens du mot « ambition ».

    En effet, le français est une langue comportant peu de mots, et il n’est pas rare qu’un mot comporte plusieurs acceptions de sens relativement différents. J’avais lu cette phrase, je ne sais plus où, que « le français avait longtemps été la langue de la diplomatie justement pour cette raison : une langue avec peu de mots permet de trouver plus facilement une formulation un peu ambiguë qui convient aux deux parties ». Le français n’est plus la langue diplomatique depuis le Traité de Versailles (1919), mais il n’a pas tellement évolué depuis, que cet état de fait soit devenu faux.

    Pour le nombre de mots, j’ai trouvé dans les articles de wikipédia (celui sur le français et celui sur l’anglais) et sur le site de l’Académie Française qu’en gros le français comporte 100.000 mots (Trésor de la Langue Française), pour 500.000 mots en anglais (Oxford English Dictionnary).

    Je suis donc allé faire un tour sur l’excellent dico Lexilogos, et voilà  la définition pour le mot « ambition » :

    Ambition :

    1. Recherche immodérée de la domination et des honneurs.
    2. Désir d’accomplir, de réaliser une grande chose, en y engageant sa fierté, son honneur.

    Ce qui est clair en lisant ces deux définitions, c’est qu’elles n’ont pas du tout le même sens : autant la première décrit quelque chose de négatif (recherche immodérée de la domination, c’est tout de même bien la description du connard, ça), autant la seconde décrit quelque chose qui peut être très positifComment s’étonner que les Français entretiennent avec l’ambition (et la réussite, qui peut être le résultat de l’ambition) des rapports ambiguës ? Le mot lui-même est pour le moins ambivalent…
    Pour conclure, il faut bien préciser de quoi l’on parle lorsqu’on dit d’un homme politique, ou d’un dirigeant, ou de n’importe qui d’ailleurs, qu’il est animé par une énorme ambition…Si avoir de l’ambition au premier sens du mot est inquiétant, ne pas en avoir au second sens du mot l’est tout autant !

  • Qui osera ?

    Quel(le) homme (femme) politique osera parler de la place de l’Etat ? Quel candidat à  l’élection présidentielle osera soulever le problème de l’omniprésence de l’Etat dans notre pays ?
    Briguer le pouvoir, et en même temps promettre d’amoindrir sa portée, est-ce possible ?
    Je ne vois qu’une chose qui puisse permettre cela (et rien n’est joué, j’attends d’entendre les candidats sur ce sujet épineux) : il faut que le candidat soit là  temporairement, et que la décision de restreindre la place de l’Etat n’entame son pouvoir que sur une durée finie. Ce qui se traduit par :

    • mandats limités dans le temps et dans le nombre
    • personnages politiques issus de la société civile, et pouvant facilement y retourner

    Restreindre le champ d’action de l’Etat, c’est aussi avoir le courage d’expliquer que l’Etat n’est pas un bon gestionnaire, que les fonctionnaires sont trop nombreux et l’efficacité de leur action mal évaluée, et enfin que certains domaines ne nécessitent pas d’intervention de l’Etat, mais se porteraient mieux si on laissait le marché jouer son rôle vivifiant, créateur et régulateur naturel.
    Qui aura le courage ?

  • Citation #9

    Si tu veux te soumettre toutes choses, soumets-toi à  la raison.
    Sénèque

  • Citation #8

    La seule chose absolue dans un monde comme le nôtre, c’est l’humour.
    [Albert Einstein]

    [ratings]

  • Richter joue Chopin

    Voilà une petite vidéo de Richter exécutant (c’est le mot) l’étude n°4 Op.10 de Chopin. Beau !

  • L’hà´pital en France : le désastre …

    Expérience

    A l’occasion de l’accouchement de ma femme, nous avons découvert le fonctionnement d’une des maternité les plus réputées de France : celle de Cochin/Port Royal. Autant le dire tout de suite, nous avons été attérés par :

    • le niveau de l’accueil pendant la grossesse (quasiment aucune information, gynécologue à  la limite du désagréable)
    • le niveau de qualité de l’environnement après l’accouchement, qui fluctuait entre médiocre et pitoyable (informations contradictoires, bruits, taille des chambres, ronde du personnel en fin de garde qui réveille tout le monde, non-assistance à  ma femme lors d’une baisse de tension, locaux délabrés) : comment se reposer après avoir accouché dans ces conditions stressantes ?

    Questions directes

    Cela pose tout de suite deux questions :

    • où est cette super maternité que tout le monde vante ? est-ce cela le « super hôpital » français, que des réformes viendrait mettre à  mal ?
    • pourquoi ne pas faire payer aux clients de l’hôpital le service qu’ils utilisent, pour améliorer celui-ci ? cela n’empêche pas d’aider ceux qui n’ont pas les moyens, que je sache

    Réponse brutale ?

    Une voie me parait très efficace pour sortir de cet état désastreux : changer le statut des hôpitaux afin que chaque hôpital puisse être géré comme une entreprise autonome. Chaque client doit être rentable ; et les hôpitaux sont en concurrence les uns avec les autres…Bien sûr, une proposition ce style déclenche forcément des cris de chouettes « mais, c’est livrer la santé au marché ! » (comme si l’économie n’avait pas sa place dans la gestion des hôpitaux) ou « c’est exclure les pauvres et créer une santé à  deux vitesses » (comme si rendre les hôpitaux profitables excluaient d’aider ceux qui n’ont pas les moyens, et comme si la santé en France n’était pas déjà  à  deux vitesses…).

    Avantages d’un peu de libéralisme … intelligent

    Détaillons un peu les avantages d’un système un peu plus libéral :

    1. amélioration sensible de la qualité du service (public) rendu : c’est le but même. Pour rendre un service correct, il faut avoir les moyens de le financer, et un mode de fonctionnement dont le but est de l’améliorer ! C’est le seul moyen pour replacer le patient au coeur des préoccupations de l’hôpital.
    2. diminution des coûts indirect liés à  ce service : si le client paye directement l’hôpital, il n’y plus besoin d’utiliser des fonctionnaires pour collecter les impôts liés à  la santé, ni pour redistribuer cet argent
    3. meilleure justice globale du système : au lieu d’aider tout le monde mal pour un service médiocre, on pourra aider ceux qui en ont besoin, bien, et pour un service de qualité ! Nous avons payé, alors même que nous avons un niveau de vie comfortable, la même chose à  l’hôpital qu’une personne seule qui touche le Smic ! Où est la justice ?
    4. Payer mieux le personnel hospitalier : si l’hôpital redevient rentable, le personnel sera mieux payé, mieux formé, et aura plus de perspectives d’évolution

    Mon père, qui connait bien le milieu hospitalier, m’a expliqué à  cette occasion que l’hôpital n’est pas organisé pour les patients, mais pour le corps médical ! Peut-être un peu provocateur, mais cela correspond à  ce qu’on y a vu : quand vous venez de réussir endormir votre bébé, qu’il est 1h du matin, que vous avez accouchée la veille, et qu’une infirmière débarque dans la chambre en réveillant tout le monde pour demander si le bébé a mangé, il y a tout de même lieu de se demander si sa préoccupation principale est le repos de la mère, la nourriture du bébé ou la fin du tour de garde de l’infirmière avec l’esprit tranquille !
    Il y a du boulot, mais c’est possible : il suffirait (quels sont les freins à  celà  ?) de rendre chaque hôpital autonome financièrement, et responsable de ses résultats. Si chaque patient est un client qui paye, il sera en droit d’être exigeant quant au service rendu, non ?

    Quelques constats de J. Marseille

    Dans son excellent – et flippant – livre « Le grand gaspillage« , Jacques Marseille donne quelques exemples et explications du dysfonctionnement de l’hôpital, dans le chapitre « Le gaspillage de l’Etat médecin ». En très gros résumé (il faut lire ce livre absolument!) :

    • la France dépense 10% de son PIB dans la santé, contre 8% en moyenne dans les autres pays de l’UE. La France a donc le meilleur système de santé ? non : une étude comparative avec le Danemark, la Suède, l’Allemagne et la Grande-Bretagne montre, sur un panel relativement large de pathologie fréquentes, que la France est la moins bien dotée…les principales raisons sont :
      • surconsommation de médicaments
      • nombre élévé d’actes chirurgicaux
    • le système de santé français, malgré ce que peuvent en dire les farouches défenseurs de l’immobilisme, est injuste et répartit mal son effort selon les classes sociales et selon les régions : que ce soit pour la mortalité, ou pour l’accès aux soins il y a de très fortes inégalités dans le système français (pour une dépense donnée, l’ouvrier a quatre fois moins recours à  un spécialiste que le cadre sup)
    • le système français favorise, par sa non distinction, les comportements à  risques : le fumeur alcoolique qui roule bourré le soir paye la même chose que la mère de famille sage qui mène une vie rangée et peu risquée

    Il faut lire ce livre, qui détaille tous les audits réalisés sur le système de santé (Cour des Comptes et Inspection générale des affaires Sociales), et donne beaucoup de chiffres choquants, symptomatiques du gaspillage organisé qu’est le système de santé public en France. Un exemple, 56 administratif pour 100 lits sur les grands hopitaux parisiens, et pourtant – dixit la Cour des Comptes, parlant de l’Assistance Publique – Hopitaux de Paris – l’AP-HP:

    …gestion peu rigoureuse sans clarté comptable, marchés publics illégaux, budget d’exploitation gonflé artificiellement de plusieurs milliards, gestion stratégique absente, fragilité périlleuse…

    Pendant ce temps les internes bossent 60h par semaine, payé 1500€ !
    Après avoir listé et passé en revue les gaspillages et les fraudes, J. Marseille conclue (c’est moi qui met en gras):

    Autant dire qu’il n’exite aucune contradiction entre la volonté de diminuer les gaspillages et celle d’assurer la santé et la solidarité des Français. Mais, dans ce système à  guichet ouvert qu’est devenue la « Sécu », trop d’intérêts poussent à  l’augmentation de la dépense : les présidents des conseils d’administration des hôpitaux, qui sont les maires de leurs communes, soucieux, à  ce titre, de maintenir l’emploi et de satisfaire lerus électeurs ; les directeurs d’hôpitaux qui s’opposent à  la fermeture des établissements vétustes ou inutiles (le dixième d’entre eux) qu’ils dirigent ; le patronat, soucieux du devenir des cliniques privées et de l’avenir des industries pharmaceutiques ; les médecins qui confondent trop souvent contrôle des dépenses et atteint à  l’éthique médicale; les syndicats de salariés, majoritaires aux conseils d’administration de la CNAMTS et qui y placent leurs permanents, multipliant les stages de formation dont nous avons vus au chapitre précédent à  quoi ils servaient réellement […les milliards collectés pour la formation professionelle servent largement à  financer les organisations syndicales…]. « Médecine à  deux vitesses », « rationnement », « tiers payant inflationniste », « défense des personnels de santé », autant de formules creuses et incantatoires qui masquent l’alliance contre-nature des syndicats de salariés et des médecins libéraux pour s’opposer à  un réel débat démocratique, celui qui porterait sur la nécessité de garantir le droit aux soins tout en contrôlant l’usage des prélèvements qui pèsent sur les assurés et les contribuables.