La création initiale de l’impôt sur la fortune (ISF) fut une mesure totalement idéologique, illustrant le désir de la gauche de sanctionner et ponctionner les riches (« Je n’aime pas les riches », disait encore récemment François Hollande, pour qui riche signifiait avoir un revenu supérieur à 4000 €/mois ; il ne s’aimait donc pas lui-même).
La stupidité du raisonnement consistant à vouloir faire payer les riches (méchants profiteurs, exploiteurs, salauds de capitalistes) est pourtant simple à démontrer.
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Étiquette : Démagogie
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Que reste-t-il de l'ISF ?
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Portables et santé : pas de risques significatifs
Vous vous rappelez de nos discussions de l’autre jour à propos des dangers pour la santé des téléphones portables ? L’Académie nationale de médecine a publié le 17 juin dernier un communiqué pour réagir à l’appel à la précaution des cancérologues. Son contenu : pas de risques significatifs connus, et affirmation que « la médecine n’est ni de la publicité ni du marketing, et qu’il ne peut y avoir de médecine moderne que fondée sur les faits. Inquiéter l’opinion dans un tel contexte relève de la démagogie mais en aucun cas d’une démarche scientifique. ». Pan.
Etude Interphone : résultats rassurants
L’académie nationale de médecine commence par rappeler dans son communiqué les résultats partiels de l’étude Interphone (conduite dans 13 pays, et qui aura une puissance statistique importante puisqu’elle repose sur 6.600 cas de tumeurs (2.700 gliomes, 2.400 méningiomes, 1.100 neurinomes de l’acoustique et 400 tumeurs de la parotide). Ils sont sans équivoques :
L’étude Interphone France n’a pas montré d’excès de risque statistiquement significatif et ses auteurs ne font que suggérer la possibilité d’un risque pour des utilisations de 10 ans ou plus.
Ces résultats doivent être consolidés par le regroupement de toutes les études partielles, mais Interphone n’échappe pas à de sérieuses réserves méthodologiques : les expositions des cas et des témoins ont été estimées à partir d’interrogatoires sources d’incertitudes (non prises en compte dans les analyses statistiques) et de biais possibles d’anamnèse ** Par exemple, dans Epidémiologie, de Pierre Czernichow, Jacques Chaperon, Xavier Le Coutour, p. 264 : « Un biais de mesure fréquent est la recherche souvent plus attentive des faits passés chez les cas, dont la maladie les conduits à rechercher une cause possible : c’est le biais d’anamnèse (biais de mémoire, ou de « rumination »). » (pratiquement impossibles à corriger) ; les multiples tests statistiques devraient se fonder sur des techniques statistiques adéquates (pour ne pas augmenter le risque de résultat positif par simple hasard), ce qui n’est pas le cas.Et le communiqué revient ensuite sur l’article de Servan-Schreiber et des cancérologues, avant de donner ses propres recommandations.
Position de l’académie nationale de médecine
L’Académie de médecine rappelle :- que la médecine n’est ni de la publicité ni du marketing, et qu’il ne peut y avoir de médecine moderne que fondée sur les faits. Inquiéter l’opinion dans un tel contexte relève de la démagogie mais en aucun cas d’une démarche scientifique. On ne peut pas raisonnablement affirmer qu’ »un risque existe qu’il favorise l’apparition de cancers en cas d’exposition à long terme » et, en même temps, qu’ »il n’y a pas de preuve formelle de la nocivité du portable » ;
- que le principe de précaution ne saurait se transformer en machine alarmiste, surtout quand plusieurs milliards de portables sont utilisés dans le monde sans conséquences sanitaires apparentes depuis 15 ans.
L’Académie de médecine recommande :
- d’évaluer sérieusement les risques régulièrement évoqués, en privilégiant dans chaque cas une grande étude inattaquable sur sa méthodologie (ce qui n’est le cas ni d’Interphone ni du grand nombre d’études sur le même sujet qui l’ont précédée), plutôt que de nombreuses études de moindre envergure dotées de moyens et d’une puissance statistique insuffisants ;
- de privilégier les études de cohorte ** Etudes de cohorte :
sélection des sujets réalisée en fonction de l’exposition et non pas de l’issue. Il s’agit d’études d’observation, le plus souvent prospectives, dans laquelle un groupe de sujets exposés (à des facteurs de risque d’une maladie ou à un traitement particulier) est suivi pendant une période déterminée et comparé à un groupe contrôle non exposé. qui permettent une estimation beaucoup plus fiable des expositions et évitent les biais d’anamnèse entre les cas et les témoins ; - de mettre systématiquement à la disposition de la communauté scientifique les données de base des études épidémiologiques, après un délai raisonnable pour ne pas priver ses auteurs de la priorité de leurs publications, afin de pouvoir faire l’analyse pertinente de leur fiabilité.
Que rajouter à tout cela ? ça m’a fait chaud au coeur de voir que l’esprit scientifique, d’analyse et de scepticisme, n’est pas mort.
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Smic : enfin du courage politique !
Sarkozy et Fillon ont raison de ne pas augmenter le Smic plus vite que l’inflation. On sait effectivement que les coups de pouce donnés régulièrement au Smic ont été des coups de pieds pour l’emploi, et ont produit un tassement des salaires vers le bas (smicardisation des salaires). Rappel de quelques évidences économiques, et critique de la position poliquement correcte.
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Sarkozy et le populisme …
On entend souvent dire de Nicolas Sarkozy qu’il est « populiste ». Il s’agit bien sûr, dans la bouche de ses détracteurs, d’une quasi-insulte…Je me suis donc demandé ce que signifie ce mot.
Populisme :
- Mouvement politico-social (qui s’est formé en Russie dans les années 1860) qui voulait entraîner l’ensemble de la paysannerie, du peuple, dans la lutte contre le pouvoir tsariste.
- P. ext., POL. Tout mouvement, toute doctrine faisant appel exclusivement ou préférentiellement au peuple en tant qu’entité indifférenciée.
Quand on se focalise sur l’interêt général, on est donc taxé forcément de « populisme », puisqu’on se réfère à l’interêt du peuple, sans différenciation. C’est donc un travers d’utiliser ce mot systématiquement de manière péjorative : doit-on forcément parler au nom d’un sous-groupe, d’une corporation, d’une minorité pour que le discours soit recevable ? A mon avis, non ! Par ailleurs ceux qui pensent tout dire en traitant Sarkozy de « populiste » sont aussi ceux qui lui reprochent d’être « communautariste », c’est à dire de privilégier l’approche consistant à favoriser des groupes plus que d’autres au détriment de l’intérêt général !
S’il parle au nom du peuple au sens large, on le traite de populiste, et si il parle d’une catégorie particulière de la population, d’un communauté précise, il est taxé de communautariste. Au nom de qui doit-il parler ? Pour ses critiques, la réponse est claire : il doit se taire, et tous les mots -même mal utilisés- sont bons pour atteindre ce but. Pour ma part, je pense qu’il est bon de remettre l’intérêt général au centre du débat : comment trouver un compromis politique orienté vers le progrès si l’on est systématiquement focalisés sur les interêts d’un catégorie de citoyens en particulier ? Comment redonner du lien social, des projets communs, si on ne parle toujours que des intérêts de certains ?
La notion d’intérêt général permet justement de trouver le compromis en faisant naitre les voies qui permettent de marier les intérêts forcément particuliers, et souvent contradictoires de l’ensemble des groupes et des personnes composant la population. Qui peut craindre l’intérêt général si ce n’est un groupe qui a suffisament bien tiré son épingle du jeu pour que le moindre accroissement d’intérêt général, soit synonyme de perte pour lui ? Ceux qui critiquent systématiquement cette approche sont donc à soupconner au mieux d’élitisme, au pire de corporatisme et de poujadisme. -
Ségolène Royal : interventionnisme, démagogie et quelques silences en forme d’aveux
Hier soir, comme beaucoup de Français j’imagine, j’ai regardé la prestation de Ségolène Royal sur TF1. Si je devais résumer, je dirais qu’elle nous a servi un vaste foutoir de bons sentiments et de promesses sans réelle assise économique. Voyons plus en détail.
Interventionnisme
Ségolène Royal est bien dans la droite ligne des politiciens qui surtout ne veulent pas restreindre le rôle de l’Etat, et ses domaines d’intervention. En voilà trois exemples abordés hier :
- augmentation du SMIC et des autres salaires par intervention de l’état : les entreprises n’auront bientôt plus qu’à suivre une grille des salaires fournie par le Ministère du Travail : vive la planification !
- l’annonce de la réquisition des logements inoccupés par l’Etat est une atteinte à la propriété : mais il vrai que nous devons tout mettre en commun pour le bien général : vive le communisme !
- l’annonce d’empêcher les licenciements dans les entreprises qui font des profits ; les patrons peuvent être plus cool maintenant : l’Etat providence va gérer leur boîte à leur place (il est vrai que l’Etat a depuis longtemps fait ses preuves en tant que gestionnaire et stratège !)
La position du curseur qui définit le rôle que doit prendre l’Etat dans la force de ses interactions avec le marché a été clairement annoncée hier soir : interventionnisme forcené. Il est vrai que c’est ce que les Français voulaient entendre, tant ils sont habitués à systématiquement se tourner vers l’Etat pour chaque problème de la vie.
Démagogie
Si la démagogie est l’art de flatter les gens en leur disant ce qu’ils veulent entendre, et la rouerie l’art d’utiliser l’habilité de la parole jusqu’au mensonge, alors Ségolène Royal est une sacrée démagogue, voire une menteuse. Dire tout et son contraire dans un intervalle de trois minutes, c’est ce qu’elle a fait à plusieurs reprises hier :
- augmenter le SMIC et diminuer le chômage (voir mon billet précédent)
- il faut diminuer la dette de l’Etat Français, mais par contre, on ne touche pas aux fonctionnaires !
- à propos des OGM : il faut faire dela recherche sur les OGM, car ils peuvent apporter beaucoup, en terme de santé et d’environnement, mais José Bové a eu raison de faucher des champs d’OGM (contre ce que la justice vient pourtant de décider)
- quant au progrès technique, il détruit des emplois, mais il crée des emplois (dans la même phrase!)
N’oublions pas que la cohérence du discours, allant avec une utilisation saine de la raison, comporte le principe de non-contradiction : dois-je en conclure que Ségolène Royal, hier ne s’adressait pas à la raison ?
Quelques silences en forme d’aveux
Certains sujets importants n’ont pas été abordés, et qu’ils aient donné lieu à des questions ne change pas grand-chose :
- la pérennité du système de retraite a fait l’objet de la première question et Ségolène Royal, au lieu de répondre sur le fond de la question (l’âge des départs à la retraite) a préféré botter en touche et parler du montant des petites retraites
- un intervenant, étudiant en chimie, a évoqué les émeutes de l’hiver 2005 : là encore, silence sur ces évènements graves et sur leurs causes
- en enfin le clou du spectacle : personne n’a abordé les 35 heures ! Ségolène Royal, selon moi, avait pourtant le devoir de clarifier sa position sur ce point précis…
Ca fait franchement froid dans le dos !
Profondeur des vues journalistiques
Pour finir, il faut décerner la palme du ridicule à PPDA, dont le rôle est pourtant bien passif dans ce type rendez-vous : les seules interventions qu’il a faite pour rappeler des questions posées, et que Mme Royal avait oublié portaient sur … les 35 heures ? les banlieues ? l’inégalité de traitement homme/femme au travail ? le coût de la main d’oeuvre ? NON ! PPDA est intervenu pour relancer sur deux points essentiels de la campagne présidentielle, et cruciaux pour l’avenir de la France :
- le remaniement en cours de l’équipe de Ségolène Royal, mais sur les gens, hein ?
- est-ce que M. Hollande aura un poste et si oui, lequel ?
Merci pour ces interventions de journaliste « peopolitique », on s’en serait passé, et j’aurais pour ma part préféré qu’il relance Mme Royal sur les émeutes…
Pour finir sur une note d’humour, le monsieur qui a posé la question concernant le futur poste de Hollande en cas de victoire de Royal, l’a tourné de la sorte — vous me direz que j’ai l’esprit mal tourné, et c’est peut être vrai! – :Quelle sera la position de M. Hollande?
:mrgreen:Posée à la femme de l’intéressé, c’est une question qui ne manque pas de piquant ; ça m’a bien fait marrer. Il n’y a que les propos de Ségolène qui auraient pu être aussi drôles, s’ils n’avaient pas été aussi pathétiques.
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Ségolène Royal ou la régression du débat politique
Donc, Ségolène Royal confirme : son projet politique comporte l’augmentation du Smic à 1500€. C’est une noble intention, certainement, qui anime le PS en proposant ce genre de choses : comment s’opposer à l’augmentation des plus bas salaires ? il faudrait être un monstre moral, à coup sûr, pour ne pas vouloir cela !
Et pourtant, il m’avait semblé comprendre deux choses, au fil de mes lectures :- augmenter le smic, ça veut dire que c’est l’Etat qui décide de la manière dont les entreprises utilisent leur argent ; c’est une intervention de l’Etat dans ce qui devrait être un contrat entre l’employé et l’employeur…
- augmenter le smic, c’est forcer les entreprises à augmenter le salaire des employés les moins qualifiés : c’est donc augmenter le coût du travail non qualifié, dans l’absolu ET en relatif par rapport au travail qualifié
Les effets pervers de ce genre de mesures sont connus (je reprends les arguments listés dans un article d’Yves de Kerdrel (« Coup de pouce au smic, coup de pied à l’emploi » paru le 27 juin dernier) :
- en augmentant le coût du travail non qualifié, on écarte les gens non qualifiés du marché du travail (ils perdent en intérêt pour les entreprises)
- en augmentant le coût du travail en France, on fait perdre de la compétitivité à nos entreprises
- en augmentant le smic, on augmente directement la proportion de personnes qui sont payées au smic : d’où l’expression de « smicardisation »…un nivellement par le bas en quelque sorte
La conséquence de tout cela est donc d’augmenter indirectement le chômage !
Personnellement, ça m’énerve !…si on sait que l’augmentation du Smic est néfaste à l’emploi, comment peut-on promettre dans un même discours une baisse du chômage et une augmentation du Smic ? C’est ce qu’on appelle de la démagogie, et c’est le contraire de la politique. La politique, c’est l’art de gérer les conflits : en disant tout et son contraire, Ségolène Royal ne tranche pas. Ou plutôt si, mais sans le dire : le seul moyen de tenir ces deux promesses contradictoires, c’est qu’elles soient financées par les entreprises, qui devront payer plus cher leurs employés non-qualifiés. C’est faire endosser le coût de l’indispensable redistribution des richesses (rôle de l’Etat) par les entreprises, au lieu de répartir cet effort collectivement. Pourquoi ne pas laisser les entreprises et les employés négocier les contrats de travail, et laisser à l’Etat son rôle de redistribution pour ceux dont les salaires ne donnent un pouvoir d’achat suffisant…?
Il parait que les entreprises ont déjà des charges supérieures à la moyenne des pays européens : surprenante décision, alors, que d’augmenter le coût du travail…sauf si le but est de s’aligner sur les idées d’extrêmes gauche, et d’intégrer dans le discours comme dans les actes un ennemi commun : les entreprises et les patrons. Quelle régression dans le débat politique !