Étiquette : Droit

  • 70 ans de travaux forcés !

    Le fait de permettre aux gens de travailler jusqu’à  70 ans est-il une chance pour la liberté de travailler, ou une menace pour les salariés, un coin mis en place pour repousser l’âge légal de la retraite à  70 ans ? On retrouve sur ce sujet bien des clivages, et un PS égal à  lui-même : gravement à côté de la plaque…
    (suite…)

  • Citation #100

    Benjamin CONSTANTDemandez-vous d’abord, Messieurs, ce que, de nos jours, un Anglais, un Français, un habitant des Etats-Unis d’Amérique, entendent par le mot de liberté.

    C’est pour chacun le droit de n’être soumis qu’aux lois, de ne pouvoir être ni arrêté, ni détenu, ni mis à  mort, ni maltraité d’aucune manière, par l’effet de la volonté arbitraire d’un ou de plusieurs individus. C’est pour chacun le droit de dire son opinion, de choisir son industrie, et de l’exercer, de disposer de sa propriété, d’en abuser même ; d’aller, de venir sans en obtenir la permission, et sans rendre compte de ses motifs ou de ses démarches. C’est, pour chacun, le droit de se réunir à  d’autres individus, soit pour conférer sur ses intérêts, soit pour professer le culte que lui et ses associés préfèrent, soit simplement pour remplir ses jours ou ses heures d’une manière plus conforme à  ses inclinations, à  ses fantaisies. Enfin, c’est le droit, pour chacun, d’influer sur l’administration par la nomination de tous ou de certains fonctionnaires, soit par des représentations, des pétitions, des demandes, que l’autorité est plus ou moins obligée de prendre en considération.

    Benjamin Constant (1767-1830)

  • Citation #98

    Toute philosophie politique qui n’est pas construite comme une théorie des droits de propriété passe complètement à  côté de son objet et doit par conséquent être rejetée d’emblée comme un verbiage dépourvu de sens pour une théorie de l’action.

    Hans Hermann Hoppe(1949 – ) Philosophe et économiste américain

  • Avancement sur DLL

    Vous le savez peut-être (ou pas), j’ai commencé la lecture d’un ouvrage monumental de Friedrich Hayek : « Droit, Législation et Liberté ». J’en suis à  la fin de la première partie, et mon impression initiale s’est précisée. Il s’agit d’un grand livre, profond, humble, rigoureux. Il est assez difficile à  lire, parce que la pensée d’Hayek n’est pas linéaire ; elle ressemble plutôt à  ça :
    Solide
    C’est une pensée lente, solide, qui passe du temps à  préciser les termes, qui revient et peaufine les arguments. Le défaut, c’est que c’est long et pas toujours « funky » à  lire. Le gros avantage, c’est que c’est très solide et rigoureux. L’édifice est étayé par de nombreuses références, aucune idée n’est lancée en l’air. J’adore ce livre !
    J’avais fait un billet pour servir de point central, avec l’index des chapitres. Et puis j’ai publié les extraits qui me paraissaient bien résumer l’introduction.
    La grande question qui se pose à  moi, au moment de publier les extraits du chapitre premier, est la suivante : soit je publie en un seul article tous les extraits, et le billet sera indigeste et difficile à  lire, soit je résume à  l’extrême (car c’est possible), mais alors le billet n’aura plus le caractère démonstratif que possède le texte d’Hayek. J’ai choisi de couper la poire en mille morceaux, et d’utiliser le découpage interne (sous titres) de chaque chapitre : je publierai donc chaque chapitre dans plusieurs billets. Cela permettra de faire des billets plus courts, avec seulement quelques idées à  chaque fois. Et j’imagine que du coup, il sera également plus facile de réagir en commentaires…
    A bientôt, pour les premiers extraits du chapitre premier…!

  • Que reste-t-il de l'ISF ?

    La création initiale de l’impôt sur la fortune (ISF) fut une mesure totalement idéologique, illustrant le désir de la gauche de sanctionner et ponctionner les riches (« Je n’aime pas les riches », disait encore récemment François Hollande, pour qui riche signifiait avoir un revenu supérieur à  4000 €/mois ; il ne s’aimait donc pas lui-même).
    La stupidité du raisonnement consistant à  vouloir faire payer les riches (méchants profiteurs, exploiteurs, salauds de capitalistes) est pourtant simple à  démontrer.

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  • DLL – Introduction

    C’est parti ! Voici quelques citations choisies dans le chapitre d’introduction de « Droit, législation et liberté », de Hayek. L’articulation du livre y est décrite : les trois livres regroupés parlant respectivement du droit, de l’économie et des institutions politiques y sont décrits dans les grandes lignes. Mais je préfère revenir sur quelques passages que je trouve beaux, ou importants, ou les deux. Je redis que mon but n’est pas ici de livrer une analyse de cet ouvrage magistral (il se suffit bien à  lui-même), mais de partager avec vous ce que j’y trouve de bien.
    Cette introduction s’ouvre sur une citation de Montesquieu :

    Des êtres intelligents peuvent avoir des lois qu’ils ont faites, mais ils en ont aussi qu’ils n’ont pas faites.

    De l’esprit des lois, I, p. I

    Assurer la liberté individuelle : un combat d’actualité

    Lorsque Monstesquieu et les rédacteurs de la constitution américaine exposèrent la conception, qui s’était développée en Angleterre, d’une constitution limitative, ils proposèrent un modèle qu’a toujours suivi le constitutionalisme libéral. Leur objectif principal était de fournir des sauvegardes institutionnelles à  la liberté individuelle ; et le dispositif dans lequel ils placèrent leur confiance fut la séparation des pouvoirs. Dans la forme où nous la connaissons, cette division du pouvoir, entre la législature, le judiciaire et l’administration, n’a pas atteint le but auquel elle était censée parvenir. Partout les gouvernements ont obtenu, par des moyens constitutionnels, des pouvoirs que ces hommes entendaient leur dénier. La première tentative en vue d’assurer la liberté individuelle par des constitutions a manifestement échoué. […] Pour moi, leurs buts (des rédacteurs de la constitution, ndr) apparaissent aussi valables que jamais. Mais comme leurs moyens se sont avérés inadéquats, quelque nouvelle invention institutionnelle est nécessaire.

    Causes de l’échec

    […] j’en suis venu à  voir clairement pourquoi ces idéaux n’avaient pas su garder l’adhésion des idéalistes, à  qui sont dus tous les grands mouvements politiques, et à  comprendre quelles sont les croyances de notre époque qui se sont montrés inconciliables avec les idéaux en question. Il me semble à  présent que les raisons de cette évolution ont été principalement : la perte de la croyance en une justice indépendante de l’intérêt personnel ; par voie de conséquence, le recours à  la législation pour autoriser la contrainte, non plus simplement pour empêcher l’action injuste, mais pour atteindre des objectifs particuliers concernant des individus ou des groupes spécifiques ; et la fusion, entre les mains des mêmes assemblées représentatives, de la mission d’énoncer les règles de juste conduite, avec la mission de diriger le gouvernement.

    Tôt ou tard, les gens découvriront que non seulement ils sont à  la merci de nouvelles castes privilégiées, mais que la machinerie para-gouvernementale, excroissance nécessaire de l’Etat tutélaire, est en train de créer une impasse en empêchant la société d’effectuer les adaptations qui, dans un monde mouvant, sont indispensables pour maintenir le niveau de vie atteint, sans parler d’en atteindre un plus élevé.

    Je passe sur les idées d’ordre spontané et de justice sociale, qui sont évoquées dans l’introduction : nous aurons l’occasion d’y revenir plus loin.

    Un but : une nouvelle constitution

    C’est seulement dans ce livre-ci que je me pose la question de savoir quel arrangement constitutionnel, au sens juridique du terme, pourrait le mieux conduire à  préserver la liberté individuelle.

    Une méthode de réflexion : le rationnalisme évolutionniste

    J’ai été effectivement amené à  la conviction que les plus importantes divergences de notre temps, non seulement scientifiques mais aussi politiques (ou « idéologiques »), proviennent initialement de certaines différences entre deux écoles de pensée, dont on peut démontrer que l’une est dans l’erreur. Les deux sont communément appelées rationalisme, mais je devrais les distinguer en rationalisme évolutionniste (ou comme l’appelle Sir Karl Popper, « critique »), et rationnalisme constructiviste (« naif », selon Popper), le second étant erroné. Si le rationalisme constructiviste peut être montré comme reposant sur des présomptions matériellement fausses, c’est tout une famille de pensées et d’écoles qui se trouvera convaincue d’erreur.

    Un résultat : réfutation du socialisme

    Dans les domaines théoriques, c’est en particulier le positivisme juridique et la croyance connexe en la nécessité d’un pouvoir « souverain » illimité, dont le sort est lié à  celui de cette erreur. Il en va de même de l’utilitarisme, au moins dans sa variante axée sur l’acte ; je crains aussi qu’une part non négligeable de ce qu’on appelle « sociologie » ne soit une progéniture directe du constructivisme lorsqu’elle présente son but comme étant de « créer l’avenir du genre humain » ou, selon les mots d’un auteur, affirme « que le socialisme est l’aboutissement logique et inévitable de la sociologie ». Toutes les doctrines totalitaires, dont le socialisme n’est que la plus noble et la plus influente, sont concernées par cette critique du constructivisme. Elles sont fausses, non en raison des valeurs sur lesquelles elles s’appuient, mais parce qu’il y méconnaissance des forces qui ont rendu possible la Grande Société et la civilisation. La démonstration que les oppositions entre socialistes et non-socialistes sont fondées initialement sur des questions purement intellectuelles susceptibles de solution scientifique, et non sur des jugements de valeur différents, me semble l’un des aboutissements les plus importants de la réflexion poursuivie dans ce livre.

    Si Hayek, dans l’introduction, n’annonce pas une réfutation théorique du socialisme, ni plus ni moins, c’est que je ne sais plus lire ! Tout un programme, qui va être passionnant à  suivre. J’aime beaucoup l’idée de raisonner en se basant sur des choses qui sont de l’ordre de la connaissance, et non sur des jugements de valeurs : indispensable pour pouvoir progresser ensemble.
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