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  • Pascal Salin parle de la crise

    Je ne saurais trop vous conseiller d’aller lire la tribune de Pascal Salin, publiée aujourd’hui dans Les Echos. Il y revient sur la crise financière actuelle, et en explique les causes et les ressorts. Extraits.

    …ou l’échec d’un Etat pas assez libéral

    La crise financière actuelle est l’occasion pour beaucoup de commentateurs de chanter le refrain habituel sur l’instabilité chronique du capitalisme et sur la nécessité d’un renforcement de la réglementation des marchés que l’on appelle d’ailleurs, de manière erronée, une régulation des marchés financiers. Tel fut d’ailleurs le credo affirmé par le président français dans son récent discours de Toulon. C’est pourtant une leçon toute différente que l’on devrait tirer de la crise actuelle, à  savoir que la meilleure régulation passe par le libre fonctionnement des marchés et non par leur réglementation. La cause essentielle de cette crise provient en effet de l’extraordinaire variabilité de la politique monétaire américaine au cours des années récentes. Or celle-ci est bien évidemment décidée par des autorités publiques et non déterminée par le marché. […] Or les conséquences néfastes de cette politique ont été aggravées par plusieurs phénomènes. Tout d’abord, le sens de la responsabilité à  l’égard du risque est émoussé parce qu’il est implicitement admis que les autorités publiques ne laisseraient pas se produire des faillites importantes en cas de difficultés (ce que confirme en partie le comportement actuel des autorités américaines). En particulier, les deux grands pourvoyeurs de crédits « subprime », Fannie May et Freddie Mac – initialement créés par l’Etat américain – bénéficiaient de garanties étatiques privilégiées qui les ont conduits à  prendre des risques très excessifs.
    Après être revenu sur la règlementation financière, et ses effets pervers, Pascal Salin conclut :
    Dans le monde capitaliste du XIXe siècle, plus stable que le monde financier actuel, le crédit bancaire résultait des décisions des actionnaires des banques. Dans l’univers étatisé de notre époque, c’est le contraire qui se passe. On impose arbitrairement un ratio de fonds propres qui ne fait que mimer un vrai monde capitaliste, mais cela conduit à  l’apparition de bulles financières. Les établissements de crédit maximisent le montant de leurs crédits et essaient ensuite par des manipulations de présenter un ratio de fonds propres conforme à  la réglementation. Une réglementation qui impose un résultat ne remplacera jamais le libre jeu des décisions d’êtres humains responsables (c’est-à -dire capitalistes). C’est pourquoi les appels constants lancés de nos jours en faveur d’une plus forte réglementation des marchés financiers ne sont pas fondés. Certes, on peut reprocher aux établissements financiers de n’avoir pas été plus prudents. Cela résulte des structures institutionnelles de notre époque que nous avons rappelées. Mais cela reflète aussi le fait que l’information ne peut jamais être parfaite : un système capitaliste n’est pas parfaitement stable, mais il est plus stable qu’un système centralisé et étatique. C’est pourquoi, au lieu de stigmatiser une prétendue instabilité du capitalisme financier, on devrait stigmatiser l’extraordinaire imperfection de la politique monétaire. On peut regretter que les managers des grandes banques n’aient pas été plus lucides et n’aient pas mieux évalué les risques qu’ils prenaient dans un monde où la politique monétaire est fondamentalement déstabilisatrice. Mais c’est précisément et surtout ce caractère déstabilisant de la politique monétaire que l’on doit déplorer. Arrêtons donc les procès faits à  tort au capitalisme et recherchons au contraire le moyen de libérer les marchés financiers de l’emprise étatique.
    Pascal Salin

  • Citation #96

    La vérité ne se décide pas à  la majorité des voix. La vérité est la vérité, elle se reconnaît. Mais cette vérité-là  ne peut pas elle-même être reconnue dans le monde hyperpolitisé et hypermédiatisé où nous vivons et où toute valeur disparaît au profit du nombre. C’est le nombre de ses fans qui fait de Loana une star plus que ses qualités intrinsèques. Et c’est le nombre de participants au sommet antilibéral de Porto Alegre ou au Forum des puissants de Davos qui permettent de focaliser l’attention des médias et des hommes politiques.
    […] Non, le Forum de Davos, les grandes entreprises multinationales, le FMI et la Banque mondiale ne sont pas l’expression ni même le symbole du capitalisme!
    N’est-il pas paradoxal, en effet, de faire du FMI ou de la Banque mondiale des symboles du capitalisme, alors qu’il s’agit là  d’organisations interétatiques ? Les ressources qu’ils distribuent ont nécessairement été produites par les efforts de personnes privées auprès desquelles elles ont été prélevées. Et elles sont essentiellement redistribuées à  des États et à  des organisations publiques, c’est-à -dire à  des personnes irresponsables, puisqu’elles n’engagent pas leurs propres ressources et qu’elles ne subissent pas la sanction de leurs erreurs. Car les habitants des pays pauvres ne sont pas les victimes du capitalisme mondial, ils sont bien au contraire les victimes d’un manque de capitalismeC’est ainsi que le FMI et la Banque mondiale ont gaspillé des ressources considérables, qu’ils ont incité une myriade d’autres organisations et États à  faire de même et qu’ils ont aidé à  se maintenir en place des régimes aussi nuisibles que corrompus. Car les habitants des pays pauvres ne sont pas les victimes du capitalisme mondial, ils sont bien au contraire les victimes d’un manque de capitalisme. Ce n’est pas sur les marchés mondiaux qu’il faut trouver la source de leurs maux, mais chez eux-mêmes: ce sont les États des pays pauvres qui les maintiennent dans la pauvreté en empêchant les initiatives privées, en spoliant les plus actifs, les plus courageux, les plus innovateurs, en détruisant la morale naturelle — si indispensable au développement — par le développement de la corruption.
    Qu’est-ce que le capitalisme en réalité?
    On fait également fausse route en ramenant le capitalisme à  la seule existence de quelques grandes firmes. Comme l’a si bien souligné l’auteur péruvien Hernando de Soto, dans de nombreux pays sous-développés on appelle capitalistes les propriétaires de grosses entreprises qui vivent en symbiose avec l’État, qui vivent de subventions, de privilèges, de protections douanières et qui, en retour, soutiennent les hommes politiques en place. Mais ils ne méritent pas le beau nom de « capitalistes », ni même celui d’entrepreneurs. Ils ne sont que des nomenklaturistes, des parasites sociaux, qui non seulement vivent aux dépens des autres, mais encore les empêchent de se développer. Les vrais capitalistes, ce sont tous ces hommes et ces femmes — qu’ils soient pauvres ou aisés, petits entrepreneurs, agriculteurs ou artisans — qui développent des trésors d’imagination pour survivre, imaginer, créer, en dépit des obstacles fiscaux, législatifs et réglementaires que leur opposent les détenteurs du pouvoir.
    àŠtre capitaliste, c’est se voir reconnaître la propriété du fruit de son travail, de ses efforts, de son imagination. Et toute la dignité de l’homme lui vient donc de sa capacité à  être capitaliste. Comment se fait-il alors qu’il soit si difficile de se dire favorable au capitalisme, d’en défendre les valeurs? On pourra voir un indice inquiétant des dérives intellectuelles de notre temps en considérant l’extraordinaire contraste qui existe entre, d’une part, le « battage médiatique » mondial qui entoure la rencontre de Porto Alegre — ainsi que, dans une moindre mesure, la réunion du Forum de Davos —, et, d’autre part, cette formidable initiative qu’a été, le 2 décembre dernier, la « marche pour le capitalisme » qui s’est déroulée dans une presque centaine de villes à  travers le monde. Cette « marche » — dont l’initiative revient non pas à  quelque « gros capitaliste », mais à  un chanteur des rues australien — est passée presque inaperçue, d’une part bien sûr parce que les organisateurs de ces différentes manifestations étaient loin de bénéficier des aides financières disponibles pour les autres, mais aussi parce que le silence médiatique a été presque total. Mais, répétons-le, ce n’est pas le nombre qui fait la vérité.
    Pascal Salin

  • Pas besoin d’Etat pour assurer la sécurité des citoyens ?


    M.Grunert : Vous êtes un libéral cohérent. Alors, selon vous, peut-on en appeler à  l’Etat pour garantir la sécurité des citoyens ? Dans une période de crise internationale, l’intellectuel libéral que vous êtes n’est-il-pas tenté par le pragmatisme ?

    Pascal Salin : Il est évident que je ne crois pas que l’Etat soit capable de garantir la sécurité des citoyens. En effet, les hommes de l’Etat sont, par nature irresponsables et l’Etat fait donc toujours moins bien que des personnes privées unies par des liens contractuels. L’idée qu’il faille un Etat pour assurer la sécurité des citoyens est l’un des grands et dangereux mythes de nos sociétés. Nous sortons d’un XXème siècle atroce et qui a été atroce précisément parce que les états se sont faits la guerre. Ce sont les hommes de l’Etat, non les « marchands », qui sont responsables des dizaines de millions de morts qui ont jalonné ce siècle. Est-ce là  la sécurité ?
    Et nous voyons, à  une autre échelle, dans la vie quotidienne, que l’Etat est totalement incapable d’assurer notre sécurité. C’est lui qui a construit les banlieues sinistres et les HLM-poulaillers, c’est lui qui a favorisé une immigration de mauvaise qualité, c’est lui qui est incapable de sévir, c’est lui qui a le monopole d’une justice
    peureuse et sans moyens.
    Mais il est vrai que la tentation du pragmatisme existe toujours car devant les dangers immédiats, à  l’intérieur comme à  l’extérieur, on est tenté de se retourner contre la seule force qui existe, à  savoir le monopole étatique (qui tient sa position précisément du fait qu’il interdit aux autres de le concurrencer). Nous devons évidemment souhaiter que, dans l’immédiat, l’Etat assure le mieux possible notre sécurité, mais demander en même temps qu’il soit concurrencé dans ces tâches.

    Trouvé sur le Cercle Hayek, dirigé par Marc Grunert

  • Citation #91

    Il est temps de faire apparaître les véritables responsabilités. Ce n’est pas l’économie de marché, ni le Capitalisme qu’il faut rendre responsables des malheurs des années 1930; mais le monde de la politique, les bureaucrates, et tous ces économistes soi disant éclairés qui n’ont jamais compris que la gravité des cycles économiques est moins liée à  la logique des affaires elles-mêmes qu’à  la multiplication par les pouvoirs publics des entraves au fonctionnement des mécanismes économiques de régulation. Il est vrai que les fluctuations conjoncturelles font partie intégrante des mécanismes de l’économie de marché. Mais ces fluctuations ne se seraient jamais transformées en dépression si l’Etat ne s’en était pas mêlé. Il en fut ainsi en 1929, comme il en avait été lors des dépressions précédentes de 1837, 1873 ou de 1892: un examen attentif des événements qui précédèrent ces accidents montre que, contrairement à  la légende, ceux-ci n’ont jamais été le fruit d’un quelconque « laissez-faire », mais bien au contraire la conséquence d’attitudes irresponsables de la part des pouvoirs publics utilisant l’action économique et monétaire à  des fins spécifiques.
    Murray Rothbard (1926-1995)

  • Citation #90

    On ne peut qu’être frappé par l’importance de la générosité privée dans des pays libéraux comme les Etats-Unis. On l’a un peu oublié en Europe, à  cause de l’Etat providence. On y devient égoïste, parce que c’est à  l’Etat de s’en occuper et qu’on paie suffisamment d’impôts pour cela… L’Etat détruit tout, même les sentiments altruistes.

    Pascal Salin

  • Citation #86

    Tandis que la règle du capitalisme américain est « permettre aux nouvelles entreprises de voir le jour », il semble que celle du capitalisme français soit « permettre aux vieilles entreprises de ne pas mourir » ! Mais le capitalisme français ne peut obtenir ce résultat contre nature sans une intervention active de l’Etat. C’est ce qui doit changer.

    Léon Blum

    Citation trouvée chez Libertas