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  • A la recherche du réel

    A la recherche du réel

    J’avais lu ce livre de Bernard d’Espagnat (« A la recherche du réel ») pendant mes études. Et je l’ai ressorti cet été car, écrivant un essai sur le thème du réel, en lien avec le découpage de Karl Popper, il m’a paru naturel, vu son titre, de m’y replonger.

    Je précise que c’est un livre de physicien, passionné de philosophie, et qu’il est à  destination d’un public plutôt averti. Il n’y pas d’équations dans le livre, mais les concepts manipulés ici nécessitent d’avoir un petit bagage scientifique. Le livre est centré, comme le rappelle la préface enthousiaste d’Etienne Klein (qui a connu Bernard d’Espagnat, et co-écrit un livre avec lui), sur la controverse entre Einstein et Bohr. Il s’agissait pour les physiciens, au moment des premiers succès de la mécanique quantique, de comprendre les implications philosophiques de cette théorie si efficace à  décrire une partie du réel, mais apportant des idées et des concepts radicalement contre-intuitifs. Pour ceux qui veulent en savoir plus, et comprendre comment dans les années 60 John Bell sur le plan théorique, et Alain Aspect et al. sur le plan pratique ont tranché dans ce débat, je recommande d’aller voir les vidéos et l’interview d’Alain Aspect que l’on peut trouver sur Sciences Etonnantes.

    S’appuyant sur ce thème, Bernard d’Espagnat en profitait pour apporter une réflexion profonde sur le « réel », et la capacité de la science à  la saisir. Il a forgé à  cette occasion le concept de « réel voilé » pour illustrer le décalage systématique entre l’Etre tel qu’il est, et nos modèles, descriptions, théories, langages qui ne sont capables que de décrire une partie des phénomènes (mais avec quelle efficacité parfois!). Je ne rentre pas dans la discussion à  proprement parler, car elle fera l’objet d’un chapitre de mon essai. Je recommande ce livre très riche, passionnant, et qui m’a permis d’ajouter dans ma collection, entre autres, cette magnifique citation de Pascal :

    Je ne dispute jamais du nom, pourvu qu’on m’avertisse du sens qu’on lui donne.

  • Septentrion

    Septentrion

    Jean Raspail a écrit le roman Septentrion en 1979. C’est un roman étrange, mystérieux, et métaphysique. J’y ai retrouvé avec plaisir la plume incroyable de Jean Raspail (je ne connaissais que Le camp des saints). Il a un style puissant et simple, touchant sans jamais être mièvre, tendre et viril à  la fois.
    Le roman démarre avec des scènes très fortes : une partie de la population devient presqu’ahurie, par un phénomène inexpliqué, tandis que les différents canaux de communication se coupent. Un groupe de personnes, qui sont restées lucides, sentent le danger et décident de fuir à  bord d’un train. Ce démarrage trompe le lecteur sur la nature du roman, car on n’entendra plus vraiment parler de tout cela par la suite : ce n’est que le contexte de départ. Un groupe de volontaires, constitué par les circonstances et le hasard, circule à  bord d’un train. C’est une belle troupe, mêlant femmes et enfants, militaires, aventuriers, une prostituée, et un écrivain qui est le narrateur.

    Le Septentrion, pays absurde ?

    Au fur et à  mesure de la lecture, nous comprenons que ce train sera le reste de leur vie. Le train et ses habitants deviennent une métaphore de la vie. L’issue est connue. Je n’en dis pas plus pour ne pas déflorer l’histoire. Le charme de ce livre ne tient pas à  l’histoire, mais au style, et à  ce qui arrive aux personnages. Leurs arrêts pendant le trajet, à  différents endroits – villes abandonnées, rivières splendides, forêts pleine de mystères – sont les points d’accroches de ce périple absurde. Absurde au sens Camusien, bien sûr. Leur fuite aussi, et leur volonté de préserver ce qui fait leur identité et leur humanité, face à  l’ennemi qui les pourchasse, structure le récit. Le rapport au mystère du narrateur n’est pas univoque, et il laisse une grande place à  l’interprétation du lecteur. C’est ce qui fait de ce roman une très belle oeuvre métaphysique : très personnelle, émouvante et lyrique à  certains moments, décrivant à  la perfection ce qui fait la beauté de la vie, et son absurdité, elle laisse le lecteur, comme dans un tableau, contempler et attraper ce qui lui parlera le mieux. On n’est pas vraiment tenu en haleine, mais c’est un choix qui était le bon. Vous le verrez si vous lisez Septentrion, de Jean Raspail.
    Il ne me reste qu’à  courir lire L’anneau du pêcheur qui, d’après Jean Raspail, est son chef d’oeuvre.

  • Interview d’Alain Boyer : huitième partie

    Je reprends la publication de l’interview d’Alain Boyer, professeur de philosophie politique à  la Sorbonne. Vous pouvez retrouver les autres parties de l’interview dans le sommaire ! Le dernier morceau publié datait du 25 janvier, et le sujet était l’Islam, et les religions en général. Nous abordons maintenant Karl Popper, dont Alain Boyer est un spécialiste, et donc la philosophie des sciences, la métaphysique…Bonne lecture !
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