Étiquette : Science-Fiction

  • Neuromancien

    Neuromancien

    Si vous lisez ce blog, vous savez que j’aime la science-fiction. J’ai dévoré récemment « Neuromancien », de William Gibson, qui est un classique de la SF. Et pour cause : c’est un super roman, et dès 1985, Gibson invente – excusez du peu – le cyberespace et ce qui pourrait s’apparenter à la matrice (reprise dans le célèbre film sous une forme plus évoluée). En effet, le personnage principal peut se brancher avec des électrodes dans le cyberspace pour aller y faire ses actions d’interactions avec les codes et les IA, et il peut parfois se faire manipuler par les IA s’y trouvant (notamment Winterhouse), le faisant vivre momentanément dans un monde parallèle, ressenti, irréel, mais vécu comme tel.
    Le style du roman est dense, direct, trash parfois. Les personnages agissent et leur émotions sont rarement décrites dans une grande débauche de détail. L’action d’abord. Il y est question de hacking, de cyberspace donc, d’IA qui peuplent ce cyberespace, et comme dans toute histoire qui se respecte, les péripéties font apparaitre des êtres malfaisants (humains ou non), et font miroiter au sein des personnages tout un tas de thèmes esquissés par l’auteur de manière subtile : la frontière entre le réel et le virtuel, la part de la mémoire dans la construction du présent, la place des objets techniques dans la vie des humains. Je ne détaille pas ici les rebondissements : c’est baroque à souhait, étrangement moderne, nostalgique. Gibson a inventé tout un univers qui a profondément marqué les imaginaires des générations suivantes. A lire, assurément.
    Un dernier point : la magnifique postface de Jack Womack, également écrivain et ami de Gibson, complète et profonde, me confirme dans l’idée que définitivement, les postfaces sont bien plus pertinentes que les préfaces.

  • Frederik Peeters

    Frederik Peeters

    Après le premier article dédié à Moebius, je continue la série BD avec un auteur fantastique : Frederik Peeters. J’ai découvert cet auteur avec la série « Lupus », sorte d’épopée existentielle galactique, dessinée dans un superbe noir et blanc, très original, avec des personnages très bien plantés, et une inspiration SF, et des plans cadrés sur des détails, ou avec des points de vue particuliers, qui donnent tout de suite un style particulier à la narration, entre aventure et poésie.

    J’ai ensuite découvert « Aama » (même veine), « Koma », très belle série dans un monde imaginaire étrange, et puis le fantastique « L’homme gribouillé ». J’ai depuis peu aussi fait l’acquisition de la série « Saint Elme », qui est un peu dans la même veine que L’homme gribouillé, en plus trash. Je ne peux que vous inviter à découvrir cet auteur incontournable. A mon avis, il faut commencer par « L’homme gribouillé », puis enchaîner avec « Lupus ». Ce n’est que mon avis, de toute façon pour ma part, je suis fan de son coup de crayon et de ses cadrages, donc peu importe l’œuvre en fait.

    Pour vous mettre l’eau à la bouche, une image de l’univers d’Aama. Le singe est une sorte de robot super-combattant vraiment terrible.

  • Dune

    Dune

    Cela faisait longtemps que je voulais lire Dune, de Frank Herbert (1920 – 1986)11. Lien wikipedia : faites attention à la qualité des informations que vous pouvez y trouver, notamment celles ayant des résonnances politiques.. Sa réputation, et son statut d’ouvrage de SF le plus vendu au monde, ne sont pas usurpé. C’est avant tout un extrêmement bon roman, nerveux, très imaginatif, avec une intrigue très prenante, et des personnages posés d’une manière super talentueuse : en quelques lignes parfois, et au fur et à mesure des intrigues, chaque personnage a une vraie personnalité, juste marquée comme il faut pour être reconnaissable, et suffisamment en nuance pour garder la complexité, et les émotions.
    L’histoire n’est probablement plus à raconter, tant elle est connue ? Sachez qu’il s’agit d’une aventure politique et familiale sur une planète lointaine, dont l’importance est capitale car c’est celle où l’on extrait l’épice, une matière permettant de rallonger la vie, sorte de drogue étrange, trouvée dans les sables des déserts de Dune. L’histoire de Paul Atréides, héritier de sa famille qui débarque sur cette planète, truffée de pièges par les Harkonnens préalablement en charge de l’exploiter, est celle d’un jeune adulte propulsée plus vite que prévu dans l’action, dans le fait de devoir sauver sa peau, et qui est doué d’une sorte de pouvoir mystérieux entrant en résonnance avec des prophéties anciennes présentes sur cette planète, notamment le peuple des Fremens, qui vivent dans le désert, auprès des dangereux vers géants des sables.
    C’est du super space opéra, prenant. J’ai dévoré le premier tome et je suis plongé dans le deuxième. A lire, pour tous les amateurs de SF, mais au-delà, par tous les amateurs de bon romans d’imagination.

  • Mars, mon amour

    Mars, mon amour

    Sébastien Damart, avec qui j’ai eu le plaisir de travailler il y a quelques années, signe avec « Mars, mon amour » un joli roman de science-fiction. A quelques petites maladresses stylistiques près, je trouve sincèrement que c’est un super roman. Je recopie ici le 4ème de couverture qui dit bien de quoi il s’agit.
    2045. Une année qui fait date dans l’histoire de l’exploration martienne. Les premiers pas de l’Homme sur Mars. Une première mission. Quatre astronautes. Initier un réchauffement de la planète toute entière et permettre de rêver au débarquement de futurs colons.
    Dès son arrivée, l’équipage est témoin d’étranges phénomènes. La géologie et la météorologie martiennes semblent jouer avec les explorateurs. L’un d’entre eux, en particulier, rapidement convaincu d’être en présence d’une forme de vie animée d’un sentiment amoureux. Ce genre de sentiment pur et infini qui vous rend indestructible et qui dure éternellement…
    Cinquante ans plus tard. Un convoi spatial. Direction Mars pour récupérer un minerai précieux. Mars s’est réchauffée. Elle s’est réveillée. A-t-elle seulement oublié l’être aimé ? Et surtout, qu’est-elle prête à faire pour le retrouver ?

    L’ambiance est super, et l’amateur de SF que je suis y a trouvé son compte. On est dans une sorte de mélange entre « Seul sur Mars » et « Life : origine inconnue ». Les personnages sont bien campés, et le style efficace. Certains scènes sont proprement glaçante, dans la lignée des meilleures passages de la SF à suspens (j’ai pensé à Ad Astra). J’ai dévoré ce livre dont le scénario est très original, et je vous en recommande chaudement la lecture.

  • Le problème à  trois corps

    Le problème à  trois corps

    Liu Cixin, écrivain chinois, est – de manière tout à  fait méritée – mondialement connu pour sa trilogie démarrant avec « Le problème à  trois corps ».
    Vous le savez, j’aime la science (notamment la physique), et la science-fiction. Je crois que c’est d’ailleurs mon style de fiction préféré. J’y retrouve de quoi satisfaire mon goût pour le mystère de la nature et de la matière, mystère qui se nourrit, bien sûr, de la frontière entre ce que l’on sait, et ce que l’on ne sait pas. La science-fiction se situe en général juste là , du moins la hard-science-fiction.
    Le problème à  trois corps est un formidable roman, avant tout. Les personnages, le style, les réflexions des personnages, le rythme : tout me convient. J’ai dévoré ce livre en une semaine. Je sais que je vais commander les deux suivants rapidement. Le seul problème, confirmé par une amie, c’est que c’est très explicite sur les aspects de science(fiction), et du coup un peu technique, ce qui peut être rébarbatif. Moi j’adore. Il y est même fait un clin d’oeil au superbe « Les fontaines du paradis »). Pour vous donner envie d’y plonger le nez, voici quelques éléments de résumé (résumé plus détaillé sur Wikipedia).

    Histoire d’envergure interplanétaire !

    Deux époques se côtoient à  merveille dans la narration, sans aucune complexité inutile. En 1967, une scientifique, Ye Wenjie, se retrouve embarquée de force sur un projet ultra-confidentiel de l’armée, une sorte d’antenne géante de communication avec l’espace, perchée sur une montagne au fin fond des forêts du Grand Khingan. En 2007, un scientifique de haut niveau – Wang Miao – commence à  avoir des troubles visuels (des séries de chiffres apparaissent sur sa rétine). Cherchant à  en comprendre la cause, il se retrouve recruté par l’armée pour infiltrer une étrange organisation des Frontières de la Science, qui pourrait être liée à  une vague de suicides parmi les scientifiques. Les Etats majors de tous les pays semblent être sur le qui-vive vis-à -vis d’une menace extra-terrestre.
    Je n’en dis pas plus, si ce n’est qu’en plus des personnages particulièrement bien dessinés, l’intrigue se joue avec en trame de fond une humanité qui, pour une partie, ne croit plus en rien, et pense que le salut ne pourra venir que d’une civilisation extra-terrestre, plus avancée. Il y a beaucoup de résonances dans ce thème avec les atermoiements millénaristes ou eschatologiques actuels, et cela donne de la puissance au récit. Le rapport à  la science, et donc à  la vérité, y est, c’est bien normal pour de la hard SF, également central. Superbe roman !
    Je précise enfin que c’est grâce à  Jean Clayrac (Un regard inquiet) que j’ai découvert cet ouvrage, via nos échanges sur Twitter. J’avais par ailleurs recensé son livre « Trois coups de tonnerre » ici même.

  • La horde du contrevent

    La horde du contrevent

    Incroyable univers imaginaire

    Alain Damasio a signé avec « La horde du contrevent » (2004) un roman étonnant, brillant et captivant. Dans un monde imaginaire, dominé par le vent qui balaye la surface de la planète de l’Amont à  l’Aval, des équipes d’aventuriers tentent d’aller, à  pied, en « contrant », découvrir la source du vent. Les images qui m’en sont venues à  la lecture me rappellent l’univers d’un Moebius, dans Le Monde D’Edena, par exemple.
    L’article de Wikipedia résume bien les grandes lignes :

    Ils sont vingt-trois, forment la trente-quatrième Horde du Contrevent et ont entre vingt-sept et quarante-trois ans. Dans un monde balayé par les vents, ils ont été formés depuis l’enfance dans un seul but : parcourir le monde, d’ouest en est, de l’Aval vers l’Amont, à  contre-courant face au vent, à  travers la plaine, l’eau et les pics glacés, pour atteindre le mythique Extrême-Amont, la source de tous les vents. Tous différents mais tous unis, ils forment une horde autonome et solidaire, qui avance dans un seul objectif, luttant constamment contre le vent. Profitant du savoir et de l’expérience de huit siècles d’échecs, on la dit la meilleure et l’ultime Horde, celle qui atteindra enfin l’Extrême-Amont.

    Le roman est écrit de manière assez originale : chaque personnage de la Horde est représenté par un caractère (glyphe), ou une suite de caractères, et parle d’un ton particulier. On est successivement dans la peau de l’un ou l’autre des personnages. Certains, comme le Golgoth (Ν©), parlent une langue argotique très fleurie, remplies de néologismes et de trouvailles sémantiques, et d’autres parlent de manière plus sobre. Le style est brillant, dense, et l’on se retrouve souvent presque physiquement plongé dans l’univers venteux et froid, humide, magique et dangereux dans lequel évolue la horde. Des morceaux de bravoures d’écriture ponctuent le livre : la joute verbale, par exemple, avec concours de palindromes, entre Caracole le troubadour et l’un des érudits est tout à  fait impressionnante. Cette brillance stylistique, qui pourrait agacer, m’a pour le coup plutôt emballé, car elle est toujours au service de l’histoire et de l’émotion.

    Roman métaphysique

    Les pérégrinations des personnages, leur quête épique et absurde, ne sont pas sans rappeler celles des personnages de Septentrion. La place que prend la nature, également, est très structurante dans le récit. Les scènes d’actions, formidables, haletantes, les dangers auxquels sont confrontés les personnages, sont toujours contrebalancées par des moments plus intimes, des envolées contemplatives ou philosophiques. Foisonnant est un terme qui qualifie bien ce roman étrange, hors-norme, poétique et métaphysique, que j’ai lu avec un grand plaisir.