Alternative Libérale : des idées justes, mais mal défendues ?

J’ai terminé la semaine dernière le Manifeste des Alter-libéraux. Il s’agit du programme pour les présidentielles et les législatives du parti Alternative Libérale. Les auteurs sont Edouard Fillias, Sabine Hérold , Aurélien Veron, Jean-Paul Oury et Ludovic Lassauce.
Ce petit livre, facile à  lire, est une bouffée d’air frais pour la pensée sclérosée par l’uniformité du discours français gauchisant et adorateur de l’Etat providence. L’auteur principal (et malheureux candidat à  la candidature pour l’élection présidentielle) livre un discours cohérent, vif et jeune. Beaucoup de propositions de bon sens : j’ai trouvé cette lecture très agréable. L’originalité : le parti-pris est celui de la liberté individuelle à  tous les étages. Le livre est plus un éloge de la liberté dans tous les domaines, qu’un plaidoyer pour le libéralisme économique. Ce qui rend le discours plus recevable par l’opinion publique, et même temps lui enlève de sa portée politique. Ce qui se retrouve, à  mon avis, dans la prise de position pour soutenir Bayrou, alors même que les idées d’Alternative Libérale sont beaucoup plus proches de Nicolas Sarkozy. Ce choix restera à  mon avis une erreur politique historique pour ce mouvement.

Le liberalisme doit devenir transversal

Pour finir, je trouve que ce parti souffre du même défaut que les mouvements écologistes. Sa force est à  la fois sa faiblesse. L’écologie met la survie de la planète en priorité numéro un : c’est sa force (parce qu’effectivement tout dépend de cela : quelle société si la planète n’existe plus ?) et sa faiblesse (quelle politique pourrait se passer d’intégrer l’écologie dans ses actions : c’est le développement durable, et on voit que l’écologie est fondamentalement quelque chose de transversal). De même, le libéralisme met la défense des libertés individuelles en priorité numéro un : c’est sa force (quelle société peut être souhaitable si ses membres ne sont pas libres?) et sa faiblesse (la liberté doit être un fondement pour toute démocratie, et par là -même elle est aussi transversale et ne peut pas être la propriété d’un parti, mais doit être une sorte de préalable à  tout discours politique). La vraie démarche aurait consisté à  faire ce que Nicolas Hulot a fait pour l’écologie : faire signer un « pacte libéral » à  tous les candidats. Encore aurait-il fallu pour cela que les médias soient aussi réceptifs au discours du libéralisme qu’à  celui de l’écologie. Le chemin est encore long…
A lire donc, pour redonner aux idées politiques cette composante indispensable sur le plan philosophique – la liberté individuelle – , bien que vouée, à  mon sens, à  être intégrée pleinement par tous les partis raisonnables et amoureux de la liberté.


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Commentaires

  1. Avatar de Cyril

    Libertés individuelles, nature plus propre : tout les monde adhère à ces mots là ! Tellement logique que ces idées défendues en proue n'attirent personne ?

  2. Avatar de BLOmiG
    BLOmiG

    Salut cyril,
    merci pour ton commentaire !
    oui tout le monde adhère aux mots…mais aux idées ? Il est facile de défendre la nature ou la liberté individuelle, mais c'est une autre chose que de les défendre dans les actes. C'est pour ça que c'est une bonne chose que Nicolas Hulot aie fait passer son pacte écologique. Et c'est pour ça que c'est dommage que Alternative Libérale n'aie pas fait la même chose…

  3. Interview par Lomig…
    Lomig tient un blog intéressant, expressionlibre.net, dans lequel il avait déjà  parlé d’Alternative Libérale en avril 2007, autant dire une éternité. Commentaire d’alors : Ce choix restera à  mon avis une erreur politique historique po…

  4. Avatar de Le Champ Libre

    Juste pour vous signaler mon site libéral au cas ou vous ne le connaîtriez pas.

  5. Avatar de Le Champ Libre

    Je me suis gouré dans l’adresse. C’est réparé.

  6. Avatar de BLOmiG
    BLOmiG

    Salut : oui je connais déjà  votre site que j’apprécie beaucoup. J’avais même utilisé un de vos articles « Le seuil de pauvreté : un indicateur qui n’indique rien » dans mon billet Pauvres américains et riches français
    à  très bientà´t !

  7. […] ou par une promotion des idées libérales à  l’intérieur des grands partis (UMP-PS) ? Je penchais pour la deuxième option il y a plus d’un an, et maintenant, après m’être un peu […]

  8. Avatar de JPO

    Je retrouve ce texte tout à  fait par hasard. Merci pour cette bonne recension… Mais bouh…. quel dommage pour la deuxième partie. Quelle mauvaise idée. Heureusement que tes positions ont un peu plus évolué depuis.
    A bientà´t
    JPO

  9. Avatar de BLOmiG
    BLOmiG

    salut JPO,
    oui c’est marrant de relire 2 ans plus tard ce qu’on a écrit…
    La deuxième partie correspondait à  mon avis à  l’époque : comment ne peut-on pas être d’accord avec les idées libérales, qui sont simplement l’expression réfléchie et pensée de la défense de la liberté individuelle contre toute forme d’abus de pouvoir et de contrainte illégitime ?
    La deuxième partie correspond à  notre éternel débat, avec Aurélien et toi, sur l’entrisme. Les idées libérales ont-elles leurs places dans les grands partis ? Je l’espère très sincèrement. Mais j’ai déjà  redit, et plus récemment, qu’à  mon sens le mieux était d’avoir les deux : un parti ne faisant pas d’entrisme, et un parti en faisant. C’est le cas.
    Mais l’un comme l’autre vous êtes devant un choix difficile : pour AL, c’est de savoir jusqu’o๠vous pourrez aller, et s’il ne serait pas plus judicieux, tant qu’à  rester cohérents et sans compromis, de devenir un think tank ?
    Pour le PLD, c’est de savoir jusqu’o๠ils pourront aller, en terme de compromis avec ce qu’ils pensent être juste et vrai en tant que libéraux, et si l’efficacité de serait pas alors de l’entrisme total,à  savoir non pas intégrer des PLD sur des listes autres, mais simplement d’aller à  l’UMP ou au PS et y faire la défense des idées libérales…
    ce sont vos questions à  vrai dire, moi j’ai choisi : je soutiens vos combats en les finançant (très modestement), et je soutiens vos idées en en discutant ici avec d’autres. C’est aussi un travail nécessaire. et que tu connais très bien aussi d’ailleurs.
    Il ne faudra pas oublier de faire de l’entrisme à  l’éduc nat et dans les médias. C’est au moins aussi important que les partis politiques…
    à  bientà´t

  10. Avatar de Jpo
    Jpo

    Salut Lomig,
    As-tu vu le sondage qui est sorti hier ? Les Français plébiscitent deux ultra-dirigistes tous les deux anti-libéraux ( l’un l’avoue l’autre le sussure). Si ça ça n’est pas la preuve qu’il faut un vrai parti libéral fort et qui pèsesur l’échiquier politique alors je n’ai rien compris. Car s’il y avait eu un parti libéral qui soit comme en Allemagne la troisième force politique les sondés auraient eu au mois le choix pour dire: je veux m’en sortir par moi même. La ilsn’ont pasce choix.
    Avec l’approche des Européennes, la stratégie d’AL se révèle payante. Voici un excellent vecteur pour réunir tous les libéraux autour d’une cause et se racommoder. Si les libéraux ne saisissent pas cette opportunité pour s’unir, alors on comprendra pourquoi ils sont inexistants en politique et ils ne pourront s’en prendre qu’à  eux-mêmes s’ils ne pèsent rien. Ce serait trop stupide surtout qu’en ce moment on cartonne à  3/4 adhésions par jour.
    Cette histoire d’entrisme ne tient pas la route: on a vu ce qui était arrivé à  DL. On ne fait pas d’entrisme avec un parti politique qui ne pèse rien : ou alors celui qui fait ça cherche seulement à  se donner bonne conscience, car en fait ce qu’il cherche s’est une place au chaud pour ses fesses.
    Un parti politique ne fait sens que par les idées qu’il représente et le nombre de militants qu’il incarne.
    Les lobbies, les associations, les individus à  tite personnel peuvent faire de l’entrisme, pas les partis politiques. Ca ne fait pas de sens. Pour moi c’est un faux débat qui cache une querelle d’égo.
    Par contre je comprends et cautionne tout à  fait ta position d’indépendant. Je la trouve même très subtile ( ce n’est pas pour rien que le comité de rédaction de ma liberté t’a nommé « libéral de l’année » ;-) )
    Par contre je ne vois pas pourquoi tu préconnises à  AL de devenir un think tank alors que nous allons avoir au minimum 3 listes et au max 5 et que des élus nous rejoignent ( de l’entrisme à  l’envers :-) )
    Je pense que tout cela mérite un petit post que je vais bientà´t concocter.
    A bientà´t

  11. Avatar de BLOmiG
    BLOmiG

    salut JPO,
    d’accord avec toi sur le fait qu’il faudra bien un jour ou l’autre, si on raisonne en terme de partis politiques, que les libéraux toutes tendances se regroupent entre eux dans une force « unique ».
    Mon propos était plus sur la manière la plus efficace de faire progresser les idées libérales. A l’évidence il faut jouer aussi sur l’éducation et sur la presse. Les think-tank ont un rà´le majeur à  jouer en intervenant régulièrement dans les débats publics pour suggérer et montrer les avantages de la « troisième voie » que tu évoques. Cela dit, ne mettons pas Besancenot et Sarkozy sur un même plan. On peut détester Sarzkozy pour plein de raisons, mais ne faisons pas semblant de croire que Besancenot n’est pas dangereux. Ce serait lui faire un trop beau cadeau. Je préfère avoir Sarkozy que Besancenot, sans aucune hésitation. Ok Sarkozy est un étatiste. Mais il est aussi réformateur, et démocrate. Besancnot est révolutionnaire.
    bonne continuation en tout cas, et n’oubliez pas de noyauter le plus possible les médias et les facs…

  12. Avatar de BLOmiG
    BLOmiG

    Au fait, j’ai parlé ce matin sur mon blog du sondage dont tu parles. Je ne crois pas qu’il y ait lieu de s’en réjouir : un extrémiste au second tour (potentiellement) n’est une bonne nouvelle pour personne, et la preuve que les médias / influenceurs sont toujours aussi complaisants avec cet abruti de Besancenot n’en est pas une non plus…

  13. Avatar de Jpo
    Jpo

    Ca fait depuis 2006 que je prédis qu’en 2012 on aura un 2e tour Sarko Besancenot. Pour l’instant les sondages me donnent raison : je te rassure c’est la seule satisfaction que j’éprouve et je préférerais m’être trompé.
    Tu dis Sarko est démocrate. Oui mais comme nous vivons dans une simili-démocratie la course au populisme est ouverte. Et ce n’est malheureusement pas avec la paupérisation des Français que les choses vont s’arranger.

  14. Avatar de BLOmiG
    BLOmiG

    rassures toi, JPO, je sais bien que la montée de Besancenot ne te fait aucun plaisir…
    Une remarque sur ce que tu dis: notre problème n’est pas un manque de démocratie, mais un manque de libéralisme. Nous souffrons d’un excès de démocratie, que certains appellent démocratisme (ou absolutisme démocratique, par exemple Salin), qui consiste à  voir dans le processus démocratique la source de toute justice. Ce qui est totalement faux. La justice réside bien souvent, non pas dans l’égalitarisme de la démocratie, mais dans le respect des droits humains. Dont le premier devrait rester pour tout le monde la liberté (qui implique responsabilité et propriété).
    Absolutisme démocratique (Salin) :

    Le caractère démocratique d’un pays ou d’une institution quelconque est devenu le critère d’évaluation prioritaire. […]
    L’extension de cet absolutisme démocratique va évidemment de pair avec une méfiance très grande à  l’égard des solutions de marché et c’est pourquoi on s’achemine bien souvent vers la recherche de solutions de type collectiviste o๠la négociation et le «dialogue », par l’intermédiaire de représentants démocratiquement élus, sont censés conduire à  un consensus. C’est l’illusion de la convergence des intérêts, non pas entre les individus – ce que seul le marché permet de réaliser – mais entre les groupes organisés.
    Le résultat de cette conception de la vie sociale est évidemment le corporatisme qui, étrangement, a conduit la France d’aujourd’hui à  ressembler à  la France de l’Ancien Régime. Cette ressemblance n’est d’ailleurs pas le fruit du hasard. Elle est seulement le résultat d’une conception de la vie sociale o๠la source de tout pouvoir réside non pas dans les individus, mais dans la sphère politique. De ce point de vue, il importe relativement peu que le pouvoir politique soit de nature monarchique ou démocratique. Aucun pouvoir en effet n’a les moyens d’organiser la cohérence des besoins individuels, il ne peut qu’agir grossièrement en plaçant les individus dans des catégories, professionnelles, religieuses, ou sociales, en prétendant reconnaître l’existence d’intérêts catégoriels et en organisant centralement leur coexistence. Comme nous le verrons constamment, l’à‰tat crée des abstractions collectives – par exemple les intérêts catégoriels -, il prétend qu’ils existent par nature et qu’il est évidemment le seul à  pouvoir les organiser de manière à  assurer la cohésion sociale, puisqu’il s’agit d’«intérêts collectifs».
    Cette conception collectiviste de la société conduit naturellement à  la politisation de la vie quotidienne. Tout est le résultat des luttes pour le pouvoir, qu’il s’agisse de la santé, de l’éducation ou de l’activité entrepreneuriale. Mais parce qu’elle ignore les besoins individuels, aussi bien que les informations individuelles, cette conception, loin de conduire à  l’harmonie, est source de frustrations et d’envies insatiables. Lorsque les choix quotidiens de votre vie sont essentiellement effectués par d’autres que vous, même si ceux qui décident sont censés être vos représentants, vous devez soit subir leurs décisions, soit vous lancer dans un combat épuisant et inégal pour essayer d’exprimer et de faire comprendre la réalité de vos besoins.

    à  bientà´t !

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