Politique et éthique [bis]

J’avais il y a quelque temps publié un article pour essayer de dégager/construire une grille de positionnement politique. Les commentaires (et les discussions avec certains en chair et en os) m’avaient conduit à  chercher un peu plus, et à  rencontrer le cadre conceptuel d’Arnold Kling.

Cadre conceptuel d’Arnold Kling

J’étais tombé sur le blog de Nicomaque (alias Damien Theillier), que j’ai eu la chance de côtoyer à  l’époque de mon activité de blogueur politique (LHC et compagnie). L’article en question revient sur le découpage proposé par Arnold Kling, économiste et membre du CATO institute. Ce découpage consiste à  expliquer qu’il existe trois types de pensées politiques : conservatrice, progressiste et libérale. Chacune ayant sa grille de lecture, sa tension centrale, son axe entre un Bien et un Mal. Ces différentes grilles de lecture du monde expliquent en partie la difficulté de dialoguer entre courants politiques. Je vous invite à  lire l’article de Nicomaque en entier, il vaut le détour. Pour rappel je recolle ici les tensions identifiées par Kling :

PROGRESSISME
Opprimés <————————-> Oppresseurs

CONSERVATISME
Civilisation <————————-> Barbarie

LIBÉRALISME
Libre-choix <————————-> Coercition

Adaptation et mise en image

Je les ai modifiées un peu, car je trouvais intéressant les points suivants :

  • chaque tension peut être lue comme un axe Bien/Mal. J’ai donc modifiée celui des progressistes pour le formuler avec un Mal (l’oppression) et un Bien (l’Egalité). De même, pour les libéraux, étant connaisseur de la pensée libérale, le terme de coercition me parait inadapté. Les libéraux ne sont pas contre l’application de la Loi, ils sont contre son extension infinie par la réglementation constructiviste. J’ai donc choisi le terme d’irresponsabilité (un peu faible, mais qui décrit mieux le positionnement libéral).
  • Un axe Bien/Mal m’a envoyé dans un registre moral, au sens propre du terme. Qu’est-ce que la morale, si ce n’est cette tension entre l’être et le devoir-être ? L’être, c’est le réel. Et le devoir-être, c’est le monde de l’idéal visé. Intéressant pour tempérer les velléités idéologiques. Rester relié au réel, bien sûr. Mais aussi accepter que les autres courants de pensée disent quelque chose de ce réel qui est tout aussi recevable.
  • j’ai tenté de formuler ce qui peut être commun aux courants de pensée (pris deux à  deux) sur les bords du triangle. Par construction, chaque courant trouverait ce qui l’oppose aux deux autres sur le bord opposé du triangle.

Le résultat est la figure qui illustre l’article. Qu’en pensez-vous ? Est-ce que cela fonctionne à  votre avis ? Seriez-vous capable de vous positionner dans un des courants ? Lequel est le plus loin de vous ? Dans mon cas, cela fonctionne pas trop mal. Je me sens libéral-conservateur (si je devais choisir, car par ailleurs je crois au Progrès…)

Commentaires

9 réponses à “Politique et éthique [bis]”

  1. Avatar de Francois Unger
    Francois Unger

    oui intéressant de réfléchir à  son positionnement selon ces axes.
    merci

    1. Avatar de Unger

      Hello Lomig!
      Merci très interessant!
      Gont

  2. Avatar de Jean-Marc POSTIC
    Jean-Marc POSTIC

    Je n’arrive pas à  choisir. Je me positionne sur les 3 axes donc au centre. J’ai l’impression que compte tenu de l’évolution du réel, il est nécessaire de tourner les potentiomètres pour toujours trouver l’équilibre parfait. A l’image du point triple sur le diagramme de phase température-pression d’une substance chimique pure o๠peuvent coexister trois phases différentes. Je trouve que les toutes les caractéristiques sur le schéma fonctionnent bien. Sur le plan émotionnel-spontané j’aime le progressisme et j’aime qu’il soit sur le sommet supérieur du triangle.

    1. Avatar de BLOmiG
      BLOmiG

      merci Jean-marc pour ton commentaire. Oui je partage ton avis : seul un être obtus et très idéologue ne se reconnaîtrait que dans un des 3 types de pensées…Je trouve que ce que j’ai ajouté sur les bords du triangles (des choses en communs à  deux types de pensées, et donc plutà´t en opposition avec le troisième) fonctionne pas mal. Ce qui veut dire que pour toi, le thème le plus en opposition avec ta pensée serait « identité/nation » : ça marche ou pas du tout ?

      1. Avatar de Jean-Marc POSTIC
        Jean-Marc POSTIC

        Oui ça marche parfaitement !

        1. Avatar de BLOmiG
          BLOmiG

          excellent ! merci pour ta réponse. BIentà´t il y aura un billet qui parlera d’identité. :)

  3. […] En se positionnant sur ces deux axes on obtient le schéma suivant. J’ai fait figurer en rouge les risques ou travers de chaque position, en bleu les valeurs ultimes, et en vert le registre d’éthique mobilisé. Il ne me reste plus qu’à  inventer un petit questionnaire court, permettant en une dizaine de questions, de se positionner sur ce tableau. Ce serait une bonne manière d’en tester la pertinence, non ? Surtout, surtout, n’hésitez pas à  « boxer » ce schéma, et ce post : j’aimerai rendre robuste ce modèle, et j’accepterai tout à  fait qu’il soit en partie faux. J’ai continué la réflexion avec le découpage de Kling […]

  4. Avatar de Un Regard inquiet

    Intéressant mais je ne suis pas tout à  fait d’accord avec la distinction entre conservatisme et libéralisme. Le libéralisme, au moins l’une de ses formes, n’est que l’application de la prudence conservatrice à  l’économie : l’humilité devant de la complexité des équilibres sociaux.

    Je trouve que le conservatisme s’oppose au progressisme non pas tant dans ses objectifs que dans ses moyens : Edmund Burke était liberal et attaché aux droits de l’homme (aux libertés civiles seulement, pas aux droits civiques) mais pensait que la raison en était une moins bonne garante que la tradition.

    Dans mon dernier article, j’avais proposé cette définition-ci du progressisme : « la conviction de la supériorité de la théorie sur la sagesse pratique et le désir qui en découle de détruire l’ordre établi pour imposer un ordre idéal. » C’est en même temps l’inverse du conservatisme et du libéralisme.

    J’y consacrerai probablement un prochain article.

    En tout cas, j’enregistre votre site dans mes favoris, il a l’air passionant !

    (L’article mentionné plus haut est celui-ci ; https://unregardinquiet.com/2020/11/18/le-progressisme-trois-siecles-de-compromissions)

    1. Avatar de BLOmiG
      BLOmiG

      merci pour ton commentaire ! je partage ce que tu dis sur le libéralisme, et sur les vrais raisons de l’opposition entre conservatisme et progressisme, qui portent autant sur la manière que sur le fond. c’est d’ailleurs une distinction qui manque dans le découpage de Kling.
      Le découpage de Kling est intéressant. Je pense que toute pensée politique est adossée à  un système de valeur et à  une définition du Bien, ou un Idéal. Je vais aller lire ton article avec grand plaisir ; cependant, je reste convaincu que chaque point de vue sur le monde (en tout cas ceux de ce triptyque) contient une part de vérité. Le progressisme comme les autres. le fait qu’en 2020 les progressistes soient réellement devenus fous à  force de nier le réel, ne signifie pas que tout le progressisme soit à  jeter à  la poubelle. Je dirais d’ailleurs la même chose avec les libéraux : pour en avoir cotoyé pas mal à  une époque, je peux te dire qu’une partie d’entre eux était également perdu dans des idéaux, sans jamais reconnecter ça avec le réel. C’est oà¹, à  mon sens, le conservatisme, en ce moment redevient actuel : à  une époque aussi idéologique et aussi loin du réel, cette sagesse pratique, cet attachement aux traditions est clairement salutaire.

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