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  • Les Jourdain de LinkedIn

    Les Jourdain de LinkedIn

    Etre respectable … à  tout prix ?

    Je passe un certain temps sur le réseau professionnel LinkedIn. C’est un outil très bien pensé qui permet de faire de la veille (pour des jobs ou des infos dans son domaine) et qui permet de rester en contact facilement avec un réseau professionnel élargi, dans la durée. Dans un espace de ce type, il n’est pas étonnant que les gens se mettent en avant et se sur-valorisent. Pour certains, il y a des enjeux de recrutement. Il est piquant de constater les moyens que les gens utilisent pour se valoriser. Il y en a un qui est devenu omniprésent, jusqu’à  l’écoeurement : celui de se donner une « respectabilité » (au sens de Bock-Côté) par le biais de messages très politiquement corrects. Les thèmes sont récurrents : diversité & inclusion, écologisme, et les « grandes missions » qui donnent du sens. Ce qui est terrible, c’est la naïveté de ceux qui font cela. Ils pensent s’acheter une respectabilité à  peu de frais, mais, de fait, font à  la manière du Bourgeois Gentilhomme, de la politique sans le savoir. Loin de leur conférer une quelconque respectabilité, cela montre plutôt leur manque de recul, de références intellectuelles, de réflexion, et leur grande naïveté.

    L’idéologie gauchiste sous-jacente

    Car enfin, ces thèmes sont ceux de l’extrême-gauche qui a réussi à  infiltrer à  peu près tous les cercles. Sous couvert de vertus, en utilisant des mots biens choisis, il y est question d’idéologie politique. Sous couvert de tolérance, les thèmes de diversité et d’inclusion sont souvent utilisés pour promouvoir une idéologie diversitaire, « woke », visant à  tout sauf à  la tolérance, mais plutôt à  l’oppression d’une majorité pensée comme « oppressive ». Sous couvert d’écologie, le thème du réchauffement climatique, ou de la RSE, sont utilisés pour promouvoir une idéologie anti-capitaliste, décroissante, et anti-business.
    Vous avez bien le droit de faire ce que vous voulez sur LinkedIn. Mais par pitié, si vous faites de la politique, soyez-en au moins conscients, et assumez-le ! Arrêtez de nous manipuler, ou d’être les Jourdain de LinkedIn.

  • Les fontaines du paradis

    Les fontaines du paradis

    Utopiales de Nantes

    Si vous lisez ce blog, vous savez que j’aime la science fiction. J’ai eu la chance d’aller passer une journée aux Utopiales de Nantes, dans le cadre de mon travail. C’est un festival de Science-Fiction. J’ai trouvé l’évènement, pour ce que j’en ai vu, super bien organisé (tables rondes, conférences, expositions, BD, jeux, livres, etc..). Et nous avons assisté le matin à  une remarquable conférence – « Penser les futurs » – de Roland Lehoucq (astrophysicien et auteur, président du festival) et Vincent Bontems (philosophe, chercheur et auteur). Nous y avons découvert une histoire de la science-fiction, et de ses rapports à  la science. J’ai découvert la distinction entre hard science-fiction et space opera. Cela mériterait plusieurs articles sur toutes les infos passionnantes qui nous ont été partagées. Je garde en tête le concept de « merveilleux scientifique » qui animait les premiers auteurs de SF. Et je me demande sous le feu de quelles idéologies nous avons perdu, collectivement, notre capacité d’émerveillement par rapport à  la science et aux contenus scientifiques. Le terme ou label « science fiction » (fiction scientifique) a été inventé par Hugo Gernsback (très influencé par H.G. Wells et J. Vernes, inventeurs du genre).

    Ce récit a pour but de fournir au lecteur une prévision de l’avenir justifié par les merveilleux progrès de la science actuelle.

    Hugo Gernsback (1884 – 1967) romancier de science-fiction et homme de presse américain

    Vincent Bontems, chercheur associé au CGS de l’école des Mines, a ensuite partagé une analyse tout à  fait passionnante des différents discours sur le futur (divination, prophétie, utopie/dystopie, futurologie et prospective) et des différentes fonctions des récits de Science-Fiction. Réellement passionnant ! Ses slides étaient remplis de super citations d’auteur de SF et de scientifiques. Je vais les ajouter à  ma collection. Dans la bibliothèque du festival, j’ai acheté un ouvrage d’une des premiers représentants de la hard science-fiction, Arthur C. Clarke, que les conférenciers avaient présenté : « Les fontaines du paradis« .

    Les fontaines du paradis

    Arthur C. Clarke (1917 – 2008) était – excusez du peu ! – scientifique, écrivain de science-fiction, écrivain scientifique, futurologue, présentateur télé, explorateur sous-marin et inventeur britannique. Il fait partie, avec Heinlein et Asimov des « trois grands » de la science-fiction anglo-saxonne. Il est l’auteur, notamment, du fameux « 2001 : l’odyssée de l’espace » qui a inspiré le film éponyme. Son roman est l’histoire de la mise en place du premier « ascenseur spatial » : une sorte de station spatiale orbitale, reliée à  la terre par des filins en nanotubes, et que l’on peut rejoindre en « ascenseur ». Le roman décrit les premières étapes de la mise en place, de manière assez détaillée. Le concept n’est pas du tout impossible, scientifiquement, à  la restriction prêt que nous n’avons de matériaux assez résistants (à  part les nanotubes de carbone, mais que l’on sait pour le moment construire sur quelques mm ou cm). La station est situé sur une orbite géostationnaire. De nombreux articles scientifiques ont montré que cette construction était une possibilité scientifique, sinon technologique.
    C’est un bon roman, au delà  de l’aspect invention et science. L’éclairage sur le lieu d’où partira l’ascenseur spatial, un temple religieux en haut d’une montagne, et que l’on doit donc dégager pour réaliser le projet permet une mise en abîme historique intéressante. Les rebondissements de la deuxième partie, le long de l’ascenseur sont très faciles à  imaginer dans un film. J’ai découvert un auteur très intéressant.

  • Citation #138

    A vouloir dissimuler coûte que coûte les conflits, on finit très souvent par bloquer toute issue, y compris celle de la négociation, et souvent on exaspère l’opposition des parties. Le conflit introduit une rupture et du même coup il débloque la situation parce qu’en général il met subitement les parties en présence de l’enjeu réel, des conséquences et des risques.

    Julien Freund (1921 – 1993) philosophe, sociologue et résistant français

  • La France n’a pas dit son dernier mot

    La France n’a pas dit son dernier mot

    Le hasard et la force des circonstances ont transformé la campagne de promotion du dernier livre d’Eric Zemmour, « La France n’a pas dit son dernier mot », en campagne présidentielle. Les choses ont beaucoup évoluées entre le moment où la publication a été planifiée, et cette rentrée folle. L’introduction et la conclusion, plus « programmatiques » sont visiblement des ajouts, assumés de dernière minute. La couverture également. Il convient donc, pour faire la recension de cet ouvrage, de séparer l’ouvrage à  proprement parler, et le début de pré-campagne d’Eric Zemmour. Ce sont deux sujets totalement différents.

    Choses vues : galerie de portrait

    Eric Zemmour a eu l’occasion de le préciser à  de nombreuses reprises depuis la sortie : l’inspiration de ce livre, qui est la suite du « Suicide français », est l’ouvrage de Victor Hugo, « Choses vues« . Recueil de notes, de réflexions, et de points de vue sur les évènements. Les choses vues d’Eric Zemmour, celles rapportées dans ce livre en tout cas, sont beaucoup orientées sur ses rencontres et ses échanges avec un réseau très varié. Et de fait : son point de vue sur l’actualité, il l’a partagé ailleurs, dans ses nombreux éditos, articles et débats depuis très longtemps. La galerie de portrait, incisive, très bien écrite, souvent drôle n’épargne pas grand monde. Nous découvrons sous la plume de Zemmour un monde de politiciens, de journalistes, de hauts fonctionnaires, qui de manière très partagée, ne dit pas tout haut ce qu’ils racontent dans les dîners en ville, en privé. C’est probablement normal en partie, mais je garde toujours cette phrase de Péguy en tête :

    Un homme qui tient dans une assemblée des propos qu’il ne peut pas tenir dans une autre où il fréquente n’est pas un honnête homme.

    Charles Péguy (1873-1914)
    Ecrivain, poète, essayiste et officier de réserve français.

    Eric Zemmour décrit des cercles de pouvoir peuplés d’Hommes assez malhonnêtes, en ce sens. Manipulateurs, à  tout le moins. Mais pas uniquement. Il y aussi de très beaux portraits d’amitiés réelles, y compris avec des « adversaires » idéologiques (Hugues Dewavrin par exemple). J’ai beaucoup apprécié ce livre, très plaisant à  lire, éclairant. Il y a de très belles pages. Le portrait de Simone Veil est magnifique. A lire, donc, tranquillement.

    Candidat potentiel

    Comment ne pas dire un mot, aussi, sur cette rentrée « folle » ? Je ne remets pas des liens vers les différentes conférences et interventions d’Eric Zemmour : vous avez tout sur sa chaîne Youtube. Je suis tout cela avec un grand plaisir. Enfin ! Enfin, un homme politique parle du réel sans ambages. Et qui rentre dans le combat, aussi, des mots qui enferment le débat dans le politiquement correct. Enfin, le sujet de l’identité est porté, incarné, pensé et mis au centre du débat. Avec le prisme de l’assimilation, le seul à  même de permettre la lutte contre le multiculturalisme. Nous verrons ce que tout cela donnera. Mais le choc est violent pour une partie des journalistes qui ne peut plus continuer – ils essayent ! – à  simplement coller l’étiquette d’extrême-droite à  tous ceux qui ne pensent pas comme eux. Il est terrible aussi, le choc, pour les politiciens de « droite » (UMP-Les Républicains et Rassemblement National) : enfin quelqu’un explique, sans avoir aucune crainte, que la victoire passer par l’union des droites. Si Zemmour y va, je voterai sans hésitation pour lui. A tous ceux qui critiquent, ou insultent, Eric Zemmour, je recommande donc la lecture de « La France n’a pas dit son dernier mot ». Cela leur évitera de le traiter de raciste, ou de faire mine de croire qu’il serait hostile aux musulmans…Je leur dédie cet extrait de la conclusion :

    Les musulmans qui veulent s’assimiler à  notre civilisation doivent pouvoir le faire sans crainte ni sentiment de culpabilité, sans être harcelés par ceux qui les traitent d’apostats, « d’Arabe de service » ou de « nègre de maison ». Ils sont nombreux à  avoir quitté leur terre parce qu’elle était le lieu de toutes les misères, les tyrannies, les corruptions. S’ils sont venus chez nous, eux ou leurs parents, c’est pour bénéficier des charmes et des avantages de la civilisation occidentale, née du mariage de la religion chrétienne et de la culture gréco-romaine, et non pour y ramener les affres de la civilisation qu’ils ont fuie.
  • L’erreur est humaine

    L’erreur est humaine

    Vincent Berthet, docteur en sciences cognitives, signe avec « L’erreur est humaine » un ouvrage clair et synthétique, assez complet, sur la rationalité humaine et ses limites. C’est une bonne introduction au domaine des sciences cognitives, par le prisme de l’économie comportementale. Il y partage un certain nombre de clefs de compréhension du cerveau humain, et recense notamment une bonne partie des biais cognitifs qui rendent notre rationalité tout à  fait discutable, du moins limitée. Si le sujet des biais vous intéresse, je vous recommande aussi mon modeste article sur deux biais complexes : historicisme & polylogisme.

    L’erreur est humaine : Biais, heuristiques et … statistiques

    Les exemples, précis, clairs et nombreux permettent une lecture facile et une vraie plongée dans l’univers de ces biais, des heuristiques et des statistiques mal interprétées par notre cerveau. J’ai été content d’y trouver un passage sur les statistiques « Bayesienne« , et je crois qu’il serait bon que chacun intègre ces notions. Je ferai un post sur le sujet. S’appuyant sur les travaux de Kahneman (système 1 / système 2), j’ai été surpris de pas trouver de référence aux travaux d’Olivier Houdé, qui a pourtant élargi cette approche, et qui l’a vulgarisée dans un excellent Que Sais-je ? « Le raisonnement« .
    Loin de condamner la rationalité, ce concept de « rationalité limitée » permet de replacer nos capacités cognitives dans une perspective évolutionniste. Si ces biais et raccourcis mentaux existent, c’est qu’ils ont une fonction adaptative, et qu’ils permettent dans un certain nombre de situations complexes, d’être efficaces. L’auteur revient donc sur des cas concrets où l’intuition et les heuristiques sont plus efficaces – donc plus rationnelles – que l’analyse complète — souvent impossible – de la situation.

    Quelques limites

    L’ouvrage aurait gagné en profondeur avec une mise en perspective philosophique et morale : montrer les limites éthiques à  l’utilisation des nudges (techniques d’utilisation des biais cognitifs pour orienter le comportement) par les pouvoirs publics ou les entreprises, pour finalement les recommander en conclusion est un peu court. Vincent Berthet en parle ici en vidéo, si vous voulez en savoir plus.
    De même, une vraie réflexion sur le sens de la rationalité aurait permis de mieux éclairer la discussion : que pourrait bien signifier que l’humain soit non rationnel ? Etre rationnel ne signifie pas être infaillible, mais capable de penser son rapport au réel (y compris à  ses propres limites). Malgré ces quelques manques, l’ouvrage reste très utile. L’erreur est humaine, certes, mais mieux comprendre nos biais et limites permet de mieux penser. Et ainsi de ne pas persévérer dans l’erreur.

    Errare humanum est, perseverare diabolicum.

    NB : cette recension a d’abord été publié dans le magazine L’incorrect. Je les remercie de leur confiance.

  • Trois coups de tonnerre

    Trois coups de tonnerre

    Jean Clayrac signe avec « Trois coups de tonnerre » un petit essai très intéressant, et rudement bien écrit. Jean Clayrac est le pseudonyme de l’auteur, également taulier du site Un Regard Inquiet, que je vous invite à  découvrir. Le livre est sous-titré « Confession d’un antiraciste ordinaire », il est très bien résumé par le 4ème de couverture :

    Un antiraciste ordinaire, naguère certain de sa bonne moralité, a pris conscience, l’année précédente, de ses compromissions intellectuelles et des drames qu’elles avaient engendrés. Il se plonge dans une réflexion sur leurs causes idéologiques, morales et finalement existentielles, pour ouvrir la voie à  une refondation intellectuelle.

    C’est de la refondation de la gauche dont il s’agit. Et donc d’une partie de la société française, tant l’idéologie décrite dans l’essai – où elle y est démasquée, déconstruite, expliquée, analysée – imprègne les esprits en 2021 en France.

    Prise de conscience tardive ?

    Mieux vaut tard que jamais, se dit-on au début de l’essai. Car les trois coups de tonnerre sont l’affaire George Floyd, les actes de sauvageries de l’été 2020, et l’assassinat de Samuel Paty. 3 affaires relativement récentes qui, en retentissant comme des coups de teonerre, ont ouvert les yeux de l’auteur. On se demande comment du coup avaient retenti pour lui le 11 septembre, le Bataclan et tous les autres attentats islamistes. Mais mieux vaut tard que jamais ; et le livre, de fait, répond à  cette question de manière très précise et assumée. C’est tout l’intérêt.

    Mécanismes et causes de l’aveuglement volontaire

    Jean Clayrac, avec une honnêteté rare, et une précision chirurgicale, explique pas-à -pas les mécanismes du déni de réel dans lequel une partie de la gauche s’est enfermée depuis très longtemps, les raisons de ce déni. Les formes prises par ce déni aussi. Tout y est très documenté. C’est l’analyse des causes idéologiques du déni (antiracisme bêlant, oubli de l’histoire, ethnocentrisme). Et on retrouve, bien sûr, le point central des travaux de Bock-Côté : paraître vertueux, socialement, a été un des moteurs de ce déni.
    Une fois explicité tout cela, l’auteur poursuit son introspection, en écrivant « nous ». J’entends dans ce nous autre chose qu’une manière de ne pas dire « je » : il parle pour son « camp » idéologique, la gauche. Il cherche donc les causes morales du déni. Et il les explique très bien : lâcheté, conformisme, intelligence compromise.

    A faire découvrir à  tous vos amis de gauche

    Si le livre ne m’a pas appris tant que cela, il m’a permis de me mettre un peu dans les chaussures de quelqu’un d’idéologisé. Je suis admiratif du chemin parcouru par l’auteur (mais est-ce vraiment le cas, ou ce point de vue n’est-il qu’une manière rhétorique d’emmener dans son récit de manière assez large, y compris, surtout, ceux qu’il cherche à  faire bouger ?). Le livre est remarquablement clair, bien écrit, et découpé en courts chapitres qui rendent la lecture et la progression du propos tout à  fait limpide. En fait, je me suis dit en le terminant que j’allais l’offrir à  mon ami de gauche, car cet essai explique mieux que moi une partie des idées qui sont les miennes. L’essai permet certainement de faire bouger certaines consciences. On ne peut que l’espérer…