C’était une belle soirée d’été, en famille. Nous avons fait le jeu du « quizz musical » : quelqu’un lance un morceau sur Spotify, et les autres doivent l’identifier. Bien sûr, au bout de quelques minutes, chacun en profite pour faire découvrir aux autres des morceaux qu’il aime, et c’est très bien ainsi. Ce soir là , j’ai découvert le superbe morceau Aqualast de Rover (de son vrai nom Timothée Régnier), et l’artiste, au passage. Depuis, je suis allé écouter ses deux albums (Rover en 2012 et Let It Glow en 2015). Ce sont deux excellents albums. Je ne résiste donc pas au plaisir de partager avec vous. J’ai choisi le titre Queen of the fools, mais vraiment il y en a beaucoup qui valent le détour. J’attends avec impatience le prochain album.
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La grève (Atlas Shrugged)
La Grève, roman fleuve, unique, philosophique, est signé Ayn Rand (de son vrai nom Alissa Zinovievna Rosenbaum), philosophe, scénariste et romancière américaine d’origine russe, née en 1905 à Saint-Pétersbourg et morte en 1982 à New York.
La grève : roman philosophique
C’est un livre hors du commun : véritable roman philosophique, à thèse, il en a les inconvénients et les qualités. Les inconvénients, tout d’abord : à force de démontrer les choses, la narration perd en rythme, et certaines tirades des personnages sont franchement surréalistes (personne ne prend la parole en société pour faire un discours d’une heure). Mais ce serait oublier les qualités, réelles, du roman. Il y a de très beaux passages, et c’est en partie lié aussi à cet aspect philosophique. Ayn Rand insuffle dans ses personnages quelque chose d’épique, d’héroïque, qui par moment touche très juste. Certaines scènes sont tout bonnement extraordinaires, par leur intensité dramatique mêlée à un sentiment de justesse morale et philosophique. Le discours de John Galt à la radio incarne tout cela à la fois.
Le roman est assez simple dans sa structure : on assiste à la lente destruction de la société industrielle, basée sur la raison, le respect de la justice, de la propriété, par d’obscurs intrigants politiques qui parviennent à retourner les valeurs morales, et à faire triompher le mensonge et la négation de la réalité, sous couvert d’intérêt général. L’intrigue tient au fait qu’un certain nombre de capitaines d’industrie, de capitalistes, disparaissent de la circulation : sont-ils « déserteurs », comme le proclame le gouvernement, ou ont-ils rejoints une sorte de « résistance », comme les rumeurs semblent l’indiquer ? Je ne vous révélerai bien sûr pas la suite ici, mais elle ne déçoit pas du tout. Le scénario imaginé autour de Dagny Taggart, personnage principal, est incroyable. Ms Taggart est une femme d’affaire, à la tête d’une grande société de chemin de fer familiale. Personnage très attachant, proche d’Ayn Rand, courageuse, libre. Passionnément éprise de liberté.La grève : roman anti-communiste et rationnaliste
Quand on sait qu’Ayn Rand a fuit plusieurs fois avec ses parents les révolutionnaires communistes, et qu’elle a du subir la propagande et la censure, pour finalement devoir quitter la Russie, on comprend mieux son combat pour la liberté. Elle porte, dans La Grève notamment, une charge fabuleuse contre l’altruisme, et la culpabilité judéo-chrétienne (le péché originel), et prône un « égoïsme rationnel ». Selon elle, aucune morale n’est possible en niant le droit pour chaque personne, de poursuivre son bonheur comme il l’entend, et de vivre avant tout pour se réaliser. Elle a mis en place une philosophie qui me parle : individualiste, rationaliste. Elle est connue sous le nom d’objectivisme. Il est bien clair que son discours est presque inaudible dans les moments que nous vivons : trop individualiste, trop anti-socialiste, pas assez misérabiliste, pas assez collectiviste, trop attaché à la raison et au mérite, à l’échange libre et au progrès, et trop peu complaisant avec la moraline de salon, prônant le sacrifice et la négation des valeurs. J’ai le sentiment, en lisant Rand, d’être né trop tard. Le monde moral d’Ayn Rand, vivant à travers les personnages de la Grève, me semble illustrer l’humanité dans ses aspirations les plus nobles et exigeantes.
Certains risquent de ne pas trouver ce roman à leur goût. Peut-être même choquant. Je crois, pour ma part, que les amoureux de la liberté y trouveront une incarnation originale et unique de l’humanisme libéral, et capitaliste.
Si vous trouvez que la dernière phrase comporte trop de gros mots, ne lisez surtout pas ce livre. -
De la démocratie en Amérique
J’ai eu la chance d’avoir un Kindle lors de mon dernier anniversaire. Du coup, je découvre les joies de la lecture facile dans le métro, ou au dodo. C’est léger un Kindle, et on peut facilement annoter des choses en lisant. Le premier livre que j’ai lu, c’est le formidable livre d’Alexis-Henri-Charles Clérel, comte de Tocqueville, couramment connu sous le nom d’Alexis de Tocqueville (1805-1859). Personnage de roman, issu de la noblesse, homme politique, philosophe, sociologue avant l’heure, c’est surtout une plume incroyable de clarté et de concision. Alexis de Tocqueville a fait un voyage pour aller observer le système carcéral aux USA naissants, mais il y a passé plus de temps, et en a rapporté un premier livre (1835) et un second (1940) qui dessinent une analyse sociale et politique des USA : « De la démocratie en Amérique ».
Livre de référence de philosophie politique
C’est un livre formidable, fondamental, et qui consiste en une sorte d’analyse d’une Nation naissante, les USA, comparée avec ce que Tocqueville connait, c’est-à -dire la monarchie française post-révolutionnaire, et l’émergence de la même société démocratique en France.
Le livre est formidable pour plusieurs raisons, outre les qualités stylistiques déjà évoquées : un esprit synthèse extraordinaire, un goût pour la précision factuelle, et la rigueur intellectuelle, une grande connaissance du sujet.Je ne sais si j’ai réussi à faire connaître ce que j’ai vu en Amérique, mais je suis assuré d’en avoir eu sincèrement le désir, et de n’avoir jamais cédé qu’à mon insu au besoin d’adapter les faits aux idées, au lieu de soumettre les idées aux faits.
On sent que Tocqueville s’est réellement plongé dans le pays américain, dans sa culture, dans son histoire. Ce qui en ressort, si je devais résumer à l’extrême :
- la vague de fond de l’égalité qui est en train de transformer le monde. Ce que Tocqueville voit dans l’Amérique, c’est l’avenir des nations européennes. Il souligne à la fois l’inéluctabilité du phénomène, son extrême proximité avec l’idée de liberté, et en même temps en décrit très bien les aspects potentiellement excessifs (tome 2 notamment avec le concept de tyrannie de la majorité).
- la construction de la société américaine qui s’est faite sur une base locale, communale, c’est-à -dire dans une logique de subsidiarité ascendante. Les institutions de chaque Etat ne sont légitimes que pour remplir les fonctions que l’échelon inférieur, communal, ne peut assurer/gérer seul. La constitution de l’Union est dans le même esprit : le niveau national ne peut prendre la main que sur des sujets délégués des différents Etats vers le gouvernement national. Tocqueville y voit un puissant levier pour limiter le pouvoir, par son morcellement. J’y vois aussi un moyen simple pour éviter une centralisation excessive. Tocqueville insiste également sur le rôle que les citoyens jouent dans l’administration et la politique locale, bien plus qu’en France.
- A titre personnel, Tocqueville voit dans tous ces changements, qu’il sent bien arriver aussi en France, à la fois un progrès pour la liberté en général, mais aussi une régression pour la liberté de penser et d’expression : la fameuse tyrannie de la majorité rend presque infréquentable celui qui ne pense pas comme la majorité. Une fois une idée adoptée par la majorité, elle n’est plus discutable. Cela ne vous rappelle rien ?
- Enfin, on peut lire dans « De la démocratie en Amérique » un plaidoyer pour une libéralisme subsidiaire assez large dans la société, sauf pour les aspects de politique extérieures. Par ailleurs, et sur de nombreux aspects, il me semble être un vrai libéral humaniste, et un vrai critique de l’utilitarisme, position dont je ne saurais être plus proche.Je reviendrai là -dessus dans un billet à venir.
- Tocqueville pensait que les bienfaits de la démocratie américaine résidait dans la tranquille et pacifique coexistence des individus, et la prospérité. Il voyait dans cet état de choses un monde d’où l’esprit de grandeur, et d’entreprendre de grands projets, aurait disparu. Je pense qu’il avait en partie raison, et en partie tort sur ce point : il avait une grille de lecture militaire, aristocratique, de ce qui est grand ou non. Les démocraties ont montré par la suite, grâce aux progrès de la liberté et de la technique, qu’elles pouvaient aussi secréter de grands projets, et de grandes entreprises.
Grand auteur
Au-delà de ces quelques points, très subjectifs et réducteurs, je vous recommande très vivement la lecture de cet ouvrage majeur. Beaucoup de passages sont extraordinaires de lucidité, de rigueur morale et intellectuelle, et c’est un plaisir de chaque instant que de suivre cette analyse, et cette langue française magnifique. Personne ne peut comprendre ce qu’est la démocratie, sans avoir lu Tocqueville. Le mot de la fin à l’auteur (une citation parmi des dizaines et des dizaines notées sur mon kindle) :
Il existe une loi générale qui a été faite ou du moins adoptée, non pas seulement par la majorité de tel ou tel peuple, mais par la majorité de tous les hommes. Cette loi, c’est la justice.
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Gilets jaunes : insaisissable peuple ?
Comme tout le monde en France, je me suis interrogé sur la signification du mouvement des gilets jaunes. Je m’efforce d’écrire ce billet pour me forcer à résumer ce que j’en pense. Je ne prétends pas apporter un regard nouveau ou original sur le sujet.
En préambule : je précise que je ne parle que des Gilets Jaunes. Pas des insupportables racailles de banlieues qui viennent systématiquement utiliser les rassemblements pour piller et agresser la population. Ni des Black-blocks, que je mets dans le même panier. La place de tous ces haineux est en prison.
Qui sont ces Gilets jaunes ?
Cela étant posé, il est vrai que le mouvement est difficile en partie à saisir : protéiforme, multi-revendications, très suivis donc en train de subir des tentatives de récupérations de tous les côtés de l’échiquier politique. C’est intéressant, car le soutien de nombreuses personnalités politiques et intellectuelles au mouvement permet de se rendre compte de certaines caractéristiques intrinsèques. Ce mouvement a démarré par une exaspération liée à la hausse des taxes sur le carburant. C’est un mouvement populaire, spontané. Le Manifeste des gilets jaunes pour la France, qui circule sur Facebook me semble en saisir assez bien l’essence (« Marre du mépris »): rejet des élites (politiques et médiatiques), affirmation d’un peuple et de son identité, des terroirs, rejet de l’immigration massive et subie, rejet de la finance mondialisée. J’y retrouve assez bien le peuple que l’on ne voit pas dans les éternelles discussion entre « centre ville » et « banlieues ». Le peuple des moyennes et petites villes, le peuple de la campagne. Le peuple qui parle de quelque part, ancré.
Bien sûr, il y a de multiples modèles mentaux, et perspectives, pour analyser et comprendre ce qui se joue. Bien sûr, chacune est en partie réductrice. Mais, voilà , j’ai à vous proposer une analyse toute bête qui simplifie la question. A vous de me dire en commentaires si elle est simpliste ou non, et sur quels points…
La colère est légitime
Ma théorie est simple : la colère qui s’exprime dans le mouvement des gilets jaunes est une colère légitime, et qui parle du réel. Elle est en opposition avec des « élites » qui, avec tout un enrobage rhétorique, sont dans une forme d’idéologie permanente, d’utopie. Les gilets jaunes expriment une colère qui n’est pas neuve : elle couve depuis des dizaines d’années. Et j’ai la faiblesse de croire que deux éléments de la réalité rattrapent simplement le monde politique, via la colère des gilets jaunes, et le bon sens populaire. Je soutiens sans réserve les gilets jaunes, au titre de ces deux éléments, qui sont deux sujets connus de tous, mais qu’il est de bon ton de ne pas trop évoquer en société : c’est grossier de dire la vérité. Je vais donc l’écrire de manière très basique, très simple. Tout cela est connu, il y a des tonnes de livres et d’articles qui décrivent ce réel depuis longtemps. Ensuite, il y a ceux qui veulent voir, et ceux qui ne veulent pas voir.
Identité vs multiculturalisme
Le peuple a compris que le multiculturalisme est une impasse. On ne peut pas construire de force une culture abstraite, qui nie l’histoire, les traditions, les coutumes, des peuples. Se cristallisant par moment – et pour cause ! – sur l’islam politique, ce débat est plus vaste, et concerne simplement notre identité française. Nous sommes un pays occidental, judéo-greco-romano-chrétien. Nous sommes libéraux et universalistes. Dans notre pays, on est tolérants, libres de croire ou de ne pas croire, et les citoyens sont égaux devant la Loi. C’est simple, mais ça nous a pris plus de 2500 ans pour en arriver là . Ceux qui n’aiment pas ce qu’est la France sont libres d’aller vivre ailleurs. Il est temps de lire Levi-strauss, Braudel et Huntington.
Liberté vs constructivisme
Le peuple sait bien que l’Etat occupe une place beaucoup trop importante, délirante, dans la vie des citoyens. Réglementations étouffantes, fiscalité confiscatoire et incohérente, dépenses publiques mal évaluées, endettement honteux, nombres de fonctionnaires délirant. Cela nuit à la liberté d’action, au niveau de vie du pays, cela créé du chômage, cela empêche la prospérité. La société ouverte et libre, c’est une société de coopération généralisée, via la division du travail et le partage du savoir. Il est grand temps que les idéologues/parasites qui veulent imposer un ordre social aux autres, d’en haut, disparaissent du jeu politique. Il est grand temps de comprendre que Von Mises et Hayek sont des penseurs mille fois plus justes que Marx.
Fin du coup de gueule.
Le peuple n’est insaisissable que l’on si l’on ne veut plus le regarder en face, ainsi que la réalité dans laquelle il est plongé. J’espère sincèrement pour Macron, et son gouvernement, que son allocution de ce soir sera pertinente, et parlera de ces deux éléments de la réalité, frontalement, sans faire du bla-bla de politicien. Je n’en suis pas sûr du tout.
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Poisons et antidotes
J’ai eu l’occasion de faire une présentation lors de la dernière journée plénière de la Communauté d’innovation Renault, dont le thème était « Poisons et antidotes de l’innovation ». Les échanges ont été super intéressants, et je voulais partager ici les éléments que j’avais apporté à la discussion, via une présentation intitulée « Du poison ? Avec modération ! ».
Toxicologie
Une plongée dans l’univers des poisons et antidotes permet de dégager quelques vérités importantes :
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- Pas de vie sans poisons : il y a des poisons partout dans l’environnement (champignons et plantes toxiques, animaux venimeux, etc..), et il y aussi dans le corps humain de la sécrétion de poisons, et des organes de régulation permettant de les stocker, évacuer, détruire. Tout organisme vivant est soumis à des poisons et antidotes, externes et internes en permanence. Loin de notre imaginaire du poison issue des contes de fée, où le poison est concocté par un(e) méchant(e) empoisonneur(euse). Le foie dit plus sur notre rapport au poison que la sorcière de Blanche-neige.
- C’est la dose qui fait le poison: attribué à Paracelse, mais certainement connue des humains depuis bien plus longtemps, cette vérité toute simple est très importante. Poison ou antidote, ce n’est pas une question de nature, mais une question de quantité. Toute substance toxique l’est en raison bien sûr de sa composition (qui créé des interactions plus ou moins importantes avec l’organisme qui l’ingère ou est mis en contact), mais aussi et surtout par sa quantité. Tout produit toxique, ingéré en quantité inférieur à certains seuils, n’est pas toxique. Une grande quantité de produits, dosés correctement, sont des antidotes, et peuvent devenir en quantité plus importantes, de véritables poisons. Il suffit de penser aux médicaments pour s’en convaincre. Jean de Kervasdoué, dans son livre « Les prêcheurs de l’Apocalypse » avait très bien expliqué cela. Ce point est très impactant, prenez le temps d’y réfléchir. Quelque chose qui est associé dans notre esprit à une qualité, et qui se trouve être principalement une question de quantité, cela force à un peu de gymnastique mentale.
- Un point apporté à notre connaissance par le philosophe Dominique Christian et qui rejoint cela : le mot grec pharmakos, désignait à l’origine la victime expiatoire d’un rite sacrificiel, mais aussi… le poison… et l’antidote !
Vertus
Compte-tenu des quelques vérités sur les poisons et antidotes, j’ai trouvé utile d’aller chercher deux éléments chez les grecs :
- puisqu’il est question de dosage et de mesure, cela permet de faire appel très directement à deux des quatre vertus cardinales : la prudence et la tempérance. Je vous en donne ici la définition, et l’on peut voir à quel point l’histoire du bon dosage des poisons et antidotes peut être facilitée par ces vertus.
La prudence est la sagesse qui dispose la raison pratique à discerner, en toutes circonstances, le véritable bien et à choisir les justes moyens de l’accomplir.
La tempérance assure la maîtrise de la volonté sur les instincts et maintient les désirs dans les limites de l’honnêteté, procurant ainsi l’équilibre dans l’usage des biens.
- Puisque l’organisme contient lui-même des sources de poisons, et d’antidotes, la question devient assez proche, dans l’idée, du traitement du mal dans le récit mythologique du combat entre Typhon et Zeus (déjà évoqué ici). Le mythe de la création du cosmos, fascinant, se conclut par un formidable combat entre Zeus (qui veut installer l’ordre, et la justice) et Typhon (qui est le symbole du désordre, du chaos et de la violence, mais aussi du temps, de la génération). La fin est magnifique : Zeus triomphe de l’horrible Typhon, mais Gaia — la première déesse, et mère de ce dernier — insiste pour que Typhon ne soit pas tué, mais enfermé sous Terre. Parce que si l’harmonie triomphait, le cosmos sans le temps, le chaos, le déséquilibre ne serait rapidement plus rien d’autre qu’un univers immobile, figé, sans mouvement. Il en est de même pour des organisations qui voudraient se débarrasser complètement des poisons. Il s’agit bien plutôt de prévoir les bons organes de régulations.
Poisons et antidotes
Voici pour finir une liste – non exhaustive, c’est évident – de quelques poisons & antidotes. J’essaye de les décrire en restant dans ce que nous a apporté la toxicologie, c’est-à -dire en prenant en compte le fait qu’il est plus question de bon dosage, que d’une opposition entre des choses qui seraient des poisons par nature, et d’autres des antidotes.
Culte du héros & storytelling
Le mythe du héros salvateur est certainement un poison. Il fait oublier un peu vite que le nombre de projets innovants ayant réussis portés par une seule personne est probablement … nul ! Un projet, une innovation, c’est toujours des collaborations, des échanges, des compétences variées. Alors, question de mesure : Steve Jobs ou Musk sont réellement des gens admirables, mais il n’y a aucune raison pour les idéaliser. Il est plus utile de les comprendre, et de voir de quelle manière ils servent leurs projets en les incarnant et en les personnifiant. Il faut bien raconter des histoires pour embarquer les autres. Steve Jobs était un formidable raconteur.
Idéologie & utopie
L’idéologie et l’utopie sont utiles pour modéliser les choses, mais elles peuvent être de véritables poisons si elle empêchent de voir, et de se confronter au réel. Je suis parfois sidéré par le nombre de gens qui baignent en plein idéologie, et sont capables de penser complètement hors du réel, quitte à nier certaines réalité. Voir le réel, premier antidote à la connerie idéologique.
Soumission au politique
C’est presque la suite logique du point précédent, tant le monde politique nage en pleine idéologie. Il convient, pour toute personne qui tient l’activité humaine collective pour quelque chose de noble, de se méfier de l’agenda et des priorités des politiciens. Un exemple, celui de l’image : la main-mise du monde politique sur l’émission de monnaie, et sur la dette de nos sociétés, sont de véritables scandales. Il y a probablement une véritable bulle de projets qui ont trouvé un financement uniquement par l’afflux massif de liquidités. L’antidote consiste à continuer à se concentrer sur des projets avec des vrais clients.
Sinistrose & apocalypse
J’aime beaucoup la science-fiction, mais il faut reconnaître qu’elle est la plupart du temps très dystopique. Et elle alimente de ce fait un imaginaire très sinistre, pessimiste, de fin du monde. D’apocalypse. L’antidote consiste, envers et contre tous, à regarder le réel, et à assumer que celui-ci envoie aussi des messages qui permettent d’espérer que le progrès reste possible. Attention : ce type d’attitude est mal vu, tant il est aisé et bien vu d’être un prêcheur d’apocalypse.
Ennui & désengagement
A force de naviguer en pleine idéologie, et en alimentant tout cela avec de la dystopie, il est logique que le poison de l’ennui et du désengagement finisse par s’imposer. Je ne connais que deux antidotes radicaux à cela : la science et la philosophie. L’une et l’autre parlent du réel, utilisent le doute, et favorisent un étonnement salvateur. L’image que j’ai choisi illustre un des derniers sujets que je suis allé découvrir en physique : la découverte du Boson de Higgs grâce au LHC (accélérateur géant de particules). C’est une si formidable aventure humaine, de découverte, d’expériences et de théories, qu’il me parait impossible de prendre connaissance de cela sans en sortir convaincu de deux choses : les humains sont capables de choses formidables, et la nature est incroyable de complexité et de mystère. Sources d’émerveillement.
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Science étonnante
Quand on aime, on partage ! Je ne résiste pas au plaisir de faire connaitre l’excellente chaine Youtube Science Etonnante. Elle a été créée et est animée par David Louapre, physicien et super vulgarisateur scientifique. Le nom est très bien choisi je trouve : au coeur de mon goût pour la science et la philosophie, il y a cet étonnement, et cette capacité à douter, que l’on peut sentir dans toutes ces vidéos. Pour découvrir, je vous partage celle sur le jeu de la vie, mais surtout allez faire un tour vous balader dans les autres.