Troisième et dernière partie de l’interview de Pascal Salin. Avoir avoir abordĂ© la crise, puis le libĂ©ralisme, nous discutons pour finir de la mise en Ĺ“uvre du libĂ©ralisme, et de diverses questions d’actualitĂ©s.
Catégorie : 🎙️ Interviews
-
Interview de Pascal Salin 2/3
Dans la deuxième partie de l’interview de Pascal Salin, nous abordons le libĂ©ralisme. Au menu : principes moraux de la philosophie libĂ©rale, place de l’Etat, contrat social, utopie rĂ©aliste.
-
Interview de Pascal Salin 1/3
Voici la première partie de l’interview de Pascal Salin. Au programme : crise financière, rĂ©glementation Ă©tatique, système bancaire et monĂ©taire, responsabilitĂ©. Le point de vue d’un Ă©conomiste de l’Ă©cole autrichienne sur la crise : dĂ©capant, puissant parce que basĂ© sur une vraie connaissance, stimulant. RĂ©jouissant ! Enfin un peu de raison dans le bruit mĂ©diatico-politique.
-
Pas besoin d’Etat pour assurer la sĂ©curitĂ© des citoyens ?
M.Grunert : Vous ĂŞtes un libĂ©ral cohĂ©rent. Alors, selon vous, peut-on en appeler Ă Â l’Etat pour garantir la sĂ©curitĂ© des citoyens ? Dans une pĂ©riode de crise internationale, l’intellectuel libĂ©ral que vous ĂŞtes n’est-il-pas tentĂ© par le pragmatisme ?
Pascal Salin : Il est Ă©vident que je ne crois pas que l’Etat soit capable de garantir la sĂ©curitĂ© des citoyens. En effet, les hommes de l’Etat sont, par nature irresponsables et l’Etat fait donc toujours moins bien que des personnes privĂ©es unies par des liens contractuels. L’idĂ©e qu’il faille un Etat pour assurer la sĂ©curitĂ© des citoyens est l’un des grands et dangereux mythes de nos sociĂ©tĂ©s. Nous sortons d’un XXème siècle atroce et qui a Ă©tĂ© atroce prĂ©cisĂ©ment parce que les Ă©tats se sont faits la guerre. Ce sont les hommes de l’Etat, non les « marchands », qui sont responsables des dizaines de millions de morts qui ont jalonnĂ© ce siècle. Est-ce lĂ Â la sĂ©curitĂ© ?
Et nous voyons, Ă Â une autre Ă©chelle, dans la vie quotidienne, que l’Etat est totalement incapable d’assurer notre sĂ©curitĂ©. C’est lui qui a construit les banlieues sinistres et les HLM-poulaillers, c’est lui qui a favorisĂ© une immigration de mauvaise qualitĂ©, c’est lui qui est incapable de sĂ©vir, c’est lui qui a le monopole d’une justice
peureuse et sans moyens.
Mais il est vrai que la tentation du pragmatisme existe toujours car devant les dangers immĂ©diats, Ă Â l’intĂ©rieur comme Ă Â l’extĂ©rieur, on est tentĂ© de se retourner contre la seule force qui existe, Ă Â savoir le monopole Ă©tatique (qui tient sa position prĂ©cisĂ©ment du fait qu’il interdit aux autres de le concurrencer). Nous devons Ă©videmment souhaiter que, dans l’immĂ©diat, l’Etat assure le mieux possible notre sĂ©curitĂ©, mais demander en mĂŞme temps qu’il soit concurrencĂ© dans ces tâches.TrouvĂ© sur le Cercle Hayek, dirigĂ© par Marc Grunert
-
Valls, le solitaire ?
La blogosphère n’en a pas beaucoup parlĂ©. De droite comme de gauche. Et pourtant, les positions exprimĂ©es par Manuel Valls, pleines de bon sens, et de sens de la responsabilitĂ©, tranchent clairement avec la position officielle du PS. Est-ce le signe d’un dĂ©but de changement d’attitude au PS ? Il faut soutenir, en tout cas, ce type de discours qui sort de l’opposition systĂ©matique, et qui se place dans le registre de la proposition et du progrès.
(suite…) -
Interview d’Alain Boyer : onzieme et derniere partie !
Suite et fin de l’interview d’Alain Boyer, professeur de philosophie politique Ă Â la Sorbonne. Après les deux prĂ©cĂ©dentes parties consacrĂ©es Ă Â Karl Popper, la dernière partie est consacrĂ©e aux rĂ©formes entreprises dans le domaine de l’enseignement supĂ©rieur. Aux blocages, et aux voies de progrès…Ă©voquĂ©s en septembre 2007, ça a dĂ©jĂ Â changĂ© depuis. Vous pouvez retrouver toutes les parties de l’interview dans le sommaire ! …Bonne lecture !
J’avais essayĂ© d’orienter quelques questions sur l’enseignement, pour finir, j’aimerais bien revenir sur ce qui se passe, concrètement en France, sur ce que le gouvernement est en train d’essayer de mettre en place. Puisque tu fait partie de l’UniversitĂ©, on a parlĂ© d’autonomie des universitĂ©s, de sĂ©lection Ă Â l’entrĂ©e (ce n’est plus d’actualitĂ©) qu’en penses tu ?
Moi je suis Ă©videmment favorable Ă Â ce qui a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ©. à ‡a faisait longtemps que les universitaires demandaient ce genre de rĂ©formes. Plus d’autonomie, plus de libertĂ© de choix des programmes, que tout ne remonte pas nĂ©cessairement au ministère, que les universitĂ©s puisse nouer des contrats sans forcĂ©ment demander l’autorisation Ă Â Papa l’Etat, des contrats rĂ©gionaux, avec les entreprises,que les prĂ©sidents d’universitĂ© aient plus de pouvoir pour ĂŞtre plus efficaces. Alors le problème, c’est la sĂ©lection et puis les droits d’inscription.
C’est les deux qui ont Ă©tĂ© laissĂ©s plus ou moins en stand-by cet Ă©tĂ©…
Oui. Je pense qu’il serait bon d’augmenter les droits d’inscription pour financer les universitĂ©s, Ă Â condition Ă©videmment de fournir un système de prĂŞts et de bourses. Pour conserver une Ă©galitĂ©. Mais qu’un fils d’avocat international qui gagne des millions d’euros, suive ses Ă©tudes pour 100 euros par an, c’est absurde !
Surtout quand sait le manque de moyens Ă Â l’université…Oui c’est terrible ! Je n’ai pas de bureau par exemple Ă Â la Sorbonne. J’ai Ă©videmment pas de secretaire pour moi, alors que dans de nombreux pays, un professeur d’universitĂ© a un assistant payĂ©, qui travaille pour et avec lui, qui fait des recherches, etc…
Donc là  ça va plutôt dans le bon sens ?
à ‡a va plutĂ´t dans le bon sens, le problème c’est que depuis l’affaire Devaquet en 1986 c’est presque intouchable, l’idĂ©e de droits d’inscription et de sĂ©lection. Alors, la sĂ©lection Ă Â l’entrĂ©e, je la trouverais normale parce que les jeunes de 18 ans sont souvent mal conseillĂ©s, souvent mal orientĂ©s (sinon dĂ©sorientĂ©s) — il y a par ailleurs en France un prĂ©jugĂ© contre les Ă©tudes de technicien, qui sont pourtant tout aussi « nobles » que des Ă©tudes de fonctionnaires ou de prof – donc beaucoup de gens se retrouvent dans des fillières sans dĂ©bouchĂ©s, en plus ils ne sont pas assez bons, alors il ratent leurs examens. On a quand mĂŞme 5 fois plus d’Ă©tudiants en psychologie en France que la moyenne europĂ©enne. On n’a pas des millions de psychologues Ă Â former!
Oui des dĂ©fauts d’orientation..
C’est dĂ©licat, parce que je ne peux pas scier la branche sur laquelle je suis assis, en disant que la philo par exemple — oĂą il n’y a pas beaucoup de dĂ©bouchĂ©s – ….
Il peut peut-ĂŞtre y avoir un peu moins d’Ă©tudiants…?
Oui un peu moins et qui pariticipent au financement, sauf les plus pauvres, évidemment ! …
Et alors est-ce que tu es optimiste ? Parce que le sentiment que j’ai eu — je suis impatient, et j’avais le sentiment que c’Ă©tait le moment pour que beaucoup de choses changent — le sentiment que des sujets importants Ă©taient laissĂ©s de cĂ´tĂ© pour ne pas justement faire un « Devaquet ». Est-ce que tu es quand mĂŞme optimiste ?
Je pense qu’il y a quelque chose, psychologiquement qui s’est dĂ©bloquĂ©. Il y a un verrou qui a sautĂ©. Et j’espère que les organisations Ă©tudiantes seront raisonnables, et je pense d’ailleurs, L’UNEF en particulier, et ne vont pas faire comme c’est vraiment la tradition française, dès que le gouvernement fait un rĂ©forme on va dans la ue. C’est aberrant ! On ne peut plus rien faire…d’ailleurs, Sarkozy et PĂ©cresse sont arrivĂ©s avec quelques milliards. Il y a quand mĂŞme de l’argent lĂ Â pour la recherche. Pour terminer, je dirais que je suis quand mĂŞme un peu inquiet parce que je pense que les effets positifs des dĂ©bloquages psychologiques dont je parlais tout Ă Â l’heure, n’auront peut-ĂŞtre lieu que dans 4 ou 5 ans. Pour la croissance en particulier. Or on n’a pas beaucoup de marges de manoeuvres, question budget. On est dans le rouge ! Alors c’est très bien si la recherche a plus d’argent, si la police et la justice ont plus d’argent, si les prisons sont enfin rĂ©formĂ©es, parce que c’est un enfer, c’est mĂŞme bien si on diminue les impĂ´ts des riches entrepreneurs parce qu’ils vont revenir. Je ne suis pas pro-riche, loin de lĂ Â , mais enfin si on les taxe trop, ils partent. On ne va pas mettre un mur de Berlin pour les empĂŞcher. Il faut les faire revenir, les inciter. Mais tout ça, ça fait des dĂ©penses. Les recettes, ça va ĂŞtre un tout petit peu la baisse du nombre de fonctionnaires…un tout petit peu !
Oui, qui a déjà  été revu à  la baisse…
Donc bon, on va voir si le talent du PrĂ©sident va pouvoir rĂ©sister Ă Â ce problème de trouver de l’argent, un problème tout bĂŞte de gestion. Sans augmenter la pression fiscale.
C’est effectivement le point critique
Ce qui me semble très bien c’est de diminuer les taxes sur les heures supplĂ©mentaires, et les taxes sur les emprunts. à ‡a ça incite effectivement Ă Â innover et Ă Â embaucher. à ‡a peut enclencher un dynamique positive. Mais bon je garde une petite inquiĂ©tude. Je reste prudent.
C’est un conclusion qui me semble aller assez bien avec ta manière de penser : on jugera sur pièce, de manière objective et pas dogmatique. On verra ce qui se passe.
Oui. simplement je voudrais dire qu’il a Ă©tĂ© Ă©lu dĂ©mocratiquement. La dĂ©mocratie, ça repose sur le fait que pendant la pĂ©riode (5 ans) oĂą un gouvernement a Ă©tĂ© Ă©lu, et sauf s’il dĂ©passe des limites morales inacceptables, il faut le laisser faire son boulot. Il faut le critiquer au Parlement, il faut Ă©ventuellement le critiquer par des manifs, etc., mais il ne faut pas le bloquer. à ‡a, c’est la sociĂ©tĂ© bloquĂ©e, pas la sociĂ©tĂ© ouverte.
Merci beaucoup Ă Â toi.
Merci Ă Â toi !
VoilĂ Â . La publication de cette interview est terminĂ©e. Je voudrais Ă Â nouveau remercier Alain Boyer d’avoir acceptĂ© de me recevoir, et de rĂ©pondre patiemment Ă Â mes questions. C’est un peu Ă©trange de terminer cette publication, j’aimais bien me replonger, au rythme de parution des articles, dans le souvenir de cette rencontre passionnante. J’espère que vous avez pris du plaisir Ă Â la lire, et j’espère pouvoir vous en proposer de nouvelles au cours de cette annĂ©e…
Vous pouvez retrouver toutes les parties de l’interview dans le sommaire !