Résultats de recherche pour « hayek »

  • Obscurantisme

    José Bové et ses acolytes anti-OGM ont été relaxés par le tribunal de Carcassonne. Ils comparaissaient pour avoir envahi le site du semencier Monsanto le 13 avril dernier, à  Trèbes.
    Je trouve cette décision de justice choquante, et je ne comprends pas pourquoi et comment la justice peut se comporter de la sorte. Que diriez-vous si des gens forçaient votre porte, et envahissaient votre appartement pour vérifier que vous ne cachez pas de Coca-Cola[1. Je cite l’article de Greenpeace Montpellier datant du 16 avril : « Le porte-parole de Monsanto ne s’est toujours pas excusé pour cette dangereuse fabrication de produits américains. »] ? Et si, de plus, ils étaient jugés innocents ? C’est exactement ce que vient de décider le tribunal de Carcassonne. Il faut croire que l’obscurantisme gagne du terrain (et nous en fait perdre). Le problème, c’est qu’il devient légal
    Le sujet est tellement politisé, polémique, qu’il devient difficile de rappeler la vérité scientifique. Passons. Les risques liés aux OGM sont du même ordre que ceux liés aux émissions de gaz à  effets de serre : vraisemblablement extrêmement réduits et, de plus, difficiles à  évaluer. Le principe de précaution aidant, les médias — main dans la main avec les alter-mondialistes anti-capitalistes — en font leur choux gras : l’irrationnel fait vendre.
    Alors, puisque le juge a tranché, je pense qu’il faut être cohérent, et respecter la loi de mon pays. Je vais donc dès demain aller casser des voitures dans la rue. N’émettent-elles pas du CO2 ? Et peut-être aussi mettre mon poing dans la gueule de tous ces abrutis qui téléphonent et nous pourrissent la tronche avec leur sales portables !


  • Pas besoin d’Etat pour assurer la sécurité des citoyens ?


    M.Grunert : Vous êtes un libéral cohérent. Alors, selon vous, peut-on en appeler à  l’Etat pour garantir la sécurité des citoyens ? Dans une période de crise internationale, l’intellectuel libéral que vous êtes n’est-il-pas tenté par le pragmatisme ?

    Pascal Salin : Il est évident que je ne crois pas que l’Etat soit capable de garantir la sécurité des citoyens. En effet, les hommes de l’Etat sont, par nature irresponsables et l’Etat fait donc toujours moins bien que des personnes privées unies par des liens contractuels. L’idée qu’il faille un Etat pour assurer la sécurité des citoyens est l’un des grands et dangereux mythes de nos sociétés. Nous sortons d’un XXème siècle atroce et qui a été atroce précisément parce que les états se sont faits la guerre. Ce sont les hommes de l’Etat, non les « marchands », qui sont responsables des dizaines de millions de morts qui ont jalonné ce siècle. Est-ce là  la sécurité ?
    Et nous voyons, à  une autre échelle, dans la vie quotidienne, que l’Etat est totalement incapable d’assurer notre sécurité. C’est lui qui a construit les banlieues sinistres et les HLM-poulaillers, c’est lui qui a favorisé une immigration de mauvaise qualité, c’est lui qui est incapable de sévir, c’est lui qui a le monopole d’une justice
    peureuse et sans moyens.
    Mais il est vrai que la tentation du pragmatisme existe toujours car devant les dangers immédiats, à  l’intérieur comme à  l’extérieur, on est tenté de se retourner contre la seule force qui existe, à  savoir le monopole étatique (qui tient sa position précisément du fait qu’il interdit aux autres de le concurrencer). Nous devons évidemment souhaiter que, dans l’immédiat, l’Etat assure le mieux possible notre sécurité, mais demander en même temps qu’il soit concurrencé dans ces tâches.

    Trouvé sur le Cercle Hayek, dirigé par Marc Grunert

  • Le PS nouveau est arrivé

    Dans le Figaro du 11/08, Chantal Brunel, députée de Seine-et-Marne, porte-parole de l’UMP, a signé un article intitulé « Libéralisme et autoritarisme, le choc des modèles ».
    Cela m’a intéressé, parce qu’il précise la ligne idéologique de l’UMP, et qu’il recoupe partiellement la problématique exposée dans la dernière citation du dimanche.

    Le monde selon l’UMP

    Le monde présenté par Chantal Brunel se découpe en deux « blocs » : les régimes capitalistes libéraux et les régimes capitalistes autoritaires. En clair, pour l’UMP, le capitalisme a gagné, et les questions du PS concernant le libéralisme sont un peu vaines.

    Les querelles picrocholines sur la promotion du libéralisme politique, comme économique, sont dépassées.

    Pourtant, quelques phrases plus loin, on peut lire :

    la compétition mondiale n’oppose plus les sociétés libérales aux sociétés dirigées, mais les sociétés capitalistes libérales aux sociétés capitalistes autoritaires.

    Outre la très juste remarque de Hayek consistant à  rappeler qu’un gouvernement autoritaire pouvait conduire une politique d’inspiration libérale, cette phrase signifie bien qu’il y a une ligne de distinction entre « libéraux » et « autoritaires » parmi les capitalistes…La question du libéralisme reste donc bien centrale, quoi qu’en dise Mme Brunel.
    Ensuite, elle précise qu’il y a bien deux libéralismes différents :

    Force est de constater que le capitalisme autoritaire fait tache d’huile sur la carte du monde. Car si le cheminement est différent, la même logique est à  l’oeuvre en Russie, et demain sans doute à  Cuba et dans différents pays d’Amérique latine.
    De l’autre côté, le capitalisme libéral semble évoluer en deux branches : le monde anglo-saxon d’une part, très attaché à  la «pureté» de l’économie de marché et aux libertés individuelles, aspire à  un minimum de régulation ; l’Europe continentale, d’autre part, qui cherche un consensus de ses principaux membres en faveur d’une économie de marché «à  visage humain», pour éviter abus, inégalités et crises. Ce capitalisme européen me semble arrivé à  l’âge de raison. Il aura à  coeur de protéger ses marchés contre les effets négatifs de la mondialisation (hedge funds, fonds souverains). Il protégera ses salariés et assurera des conditions de vie correcte (santé, éducation, etc.) par la puissance publique. Conscient de ses propres excès, il cherche dès à  présent des solutions pour réprimer les rémunérations indécentes, les golden parachutes, les retraites des dirigeants, qui ne reflètent pas la performance des intéressés.
    En somme, entre capitalisme libéral et capitalisme autoritaire, deux cultures se regardent dans les yeux : pour l’une, la prospérité doit servir au bien-être de la société ; pour l’autre, la prospérité doit satisfaire l’appétit de puissance.

    Je trouve cet article très pertinent, et très clair. Même si je ne suis pas d’accord avec cette vision ; du moins pas totalement. Et même si on y trouve l’approximation courante commise par les partisans de l’intervention étatique entre régulation et règlementation. Dommage.

    Le PS modernisé, c’est l’UMP

    Ce texte, finalement, décrit la ligne politique d’une gauche moderne, celle-la même que le PS n’arrive pas à  incarner. L’ouverture, loin d’être le « coup » médiatique que dénonçaient les adversaires de Sarkozy, correspondait donc bien à  cela : l’UMP, sous l’impulsion de Sarkozy, s’est transformée en un grand parti social-libéral, ou réformiste social.
    Plusieurs questions se posent à  la lecture de cet article :

    • Puisque le grand parti de gauche français est l’UMP, quel sera le parti de droite ? Ou plutôt, puisque l’UMP incarne le réformisme « social », constructiviste, étatiste, quel parti pourra donner sa chance aux idées libérales ?
    • Puisque l’UMP a gagné la bataille idéologique en menant de manière responsable la politique qu’aurait du proposer le PS, quel va être la place du PS, idéologiquement ? N’y a t’il pas un risque de voir le PS aller fricoter encore un peu plus avec l’extrême-gauche ?
    • Quel place en France pour les idées libérales anglo-saxonnes ? Même une maigre culture des idées politique montre que le libéralisme dont se réclame l’UMP est ce qu’on appelle libéralisme utilitariste. C’est exactement ce que les penseurs libéraux dénoncent comme n’étant pas libéral. En légitimant le recours à  la règlementation, en continuant à  faire référence à  une « justice sociale », l’UMP se positionne comme les « liberal » anglo-saxons. Qui pourra incarner l’équivalent des républicains américains, par exemple ?

    Qu’en pensez-vous ?

  • Citation #89

    L’égalité devant la loi conduit à  la revendication que tous les hommes prennent une part égale à  la détermination de la loi. Tel est le point de rencontre entre le libéralisme traditionnel et le mouvement démocratique. Cependant, ils n’en ont pas moins une autre préoccupation essentielle. Le libéralisme (dans le sens que ce mot avait en Europe au siècle dernier) se soucie surtout de limiter le pouvoir de contrainte que possède n’importe quel gouvernement, qu’il soit démocrate ou non, cependant que le démocrate dogmatique ne connaît qu’une seule limite au gouvernement, l’opinion courante de la majorité. La différence entre ces deux idéaux apparaît en toute clarté si nous désignons le terme auquel chacun s’oppose : la démocratie s’oppose au gouvernement autoritaire ; le libéralisme au totalitarisme. Aucun des deux systèmes n’exclut nécessairement le contraire de l’autre : une démocratie peut détenir des pouvoirs totalitaires et il est concevable qu’un gouvernement autoritaire agisse selon des principes libéraux.

    Friedrich HayekEconomiste et philosophe britannique d’origine autrichienne.

  • DLL – Introduction

    C’est parti ! Voici quelques citations choisies dans le chapitre d’introduction de « Droit, législation et liberté », de Hayek. L’articulation du livre y est décrite : les trois livres regroupés parlant respectivement du droit, de l’économie et des institutions politiques y sont décrits dans les grandes lignes. Mais je préfère revenir sur quelques passages que je trouve beaux, ou importants, ou les deux. Je redis que mon but n’est pas ici de livrer une analyse de cet ouvrage magistral (il se suffit bien à  lui-même), mais de partager avec vous ce que j’y trouve de bien.
    Cette introduction s’ouvre sur une citation de Montesquieu :

    Des êtres intelligents peuvent avoir des lois qu’ils ont faites, mais ils en ont aussi qu’ils n’ont pas faites.

    De l’esprit des lois, I, p. I

    Assurer la liberté individuelle : un combat d’actualité

    Lorsque Monstesquieu et les rédacteurs de la constitution américaine exposèrent la conception, qui s’était développée en Angleterre, d’une constitution limitative, ils proposèrent un modèle qu’a toujours suivi le constitutionalisme libéral. Leur objectif principal était de fournir des sauvegardes institutionnelles à  la liberté individuelle ; et le dispositif dans lequel ils placèrent leur confiance fut la séparation des pouvoirs. Dans la forme où nous la connaissons, cette division du pouvoir, entre la législature, le judiciaire et l’administration, n’a pas atteint le but auquel elle était censée parvenir. Partout les gouvernements ont obtenu, par des moyens constitutionnels, des pouvoirs que ces hommes entendaient leur dénier. La première tentative en vue d’assurer la liberté individuelle par des constitutions a manifestement échoué. […] Pour moi, leurs buts (des rédacteurs de la constitution, ndr) apparaissent aussi valables que jamais. Mais comme leurs moyens se sont avérés inadéquats, quelque nouvelle invention institutionnelle est nécessaire.

    Causes de l’échec

    […] j’en suis venu à  voir clairement pourquoi ces idéaux n’avaient pas su garder l’adhésion des idéalistes, à  qui sont dus tous les grands mouvements politiques, et à  comprendre quelles sont les croyances de notre époque qui se sont montrés inconciliables avec les idéaux en question. Il me semble à  présent que les raisons de cette évolution ont été principalement : la perte de la croyance en une justice indépendante de l’intérêt personnel ; par voie de conséquence, le recours à  la législation pour autoriser la contrainte, non plus simplement pour empêcher l’action injuste, mais pour atteindre des objectifs particuliers concernant des individus ou des groupes spécifiques ; et la fusion, entre les mains des mêmes assemblées représentatives, de la mission d’énoncer les règles de juste conduite, avec la mission de diriger le gouvernement.

    Tôt ou tard, les gens découvriront que non seulement ils sont à  la merci de nouvelles castes privilégiées, mais que la machinerie para-gouvernementale, excroissance nécessaire de l’Etat tutélaire, est en train de créer une impasse en empêchant la société d’effectuer les adaptations qui, dans un monde mouvant, sont indispensables pour maintenir le niveau de vie atteint, sans parler d’en atteindre un plus élevé.

    Je passe sur les idées d’ordre spontané et de justice sociale, qui sont évoquées dans l’introduction : nous aurons l’occasion d’y revenir plus loin.

    Un but : une nouvelle constitution

    C’est seulement dans ce livre-ci que je me pose la question de savoir quel arrangement constitutionnel, au sens juridique du terme, pourrait le mieux conduire à  préserver la liberté individuelle.

    Une méthode de réflexion : le rationnalisme évolutionniste

    J’ai été effectivement amené à  la conviction que les plus importantes divergences de notre temps, non seulement scientifiques mais aussi politiques (ou « idéologiques »), proviennent initialement de certaines différences entre deux écoles de pensée, dont on peut démontrer que l’une est dans l’erreur. Les deux sont communément appelées rationalisme, mais je devrais les distinguer en rationalisme évolutionniste (ou comme l’appelle Sir Karl Popper, « critique »), et rationnalisme constructiviste (« naif », selon Popper), le second étant erroné. Si le rationalisme constructiviste peut être montré comme reposant sur des présomptions matériellement fausses, c’est tout une famille de pensées et d’écoles qui se trouvera convaincue d’erreur.

    Un résultat : réfutation du socialisme

    Dans les domaines théoriques, c’est en particulier le positivisme juridique et la croyance connexe en la nécessité d’un pouvoir « souverain » illimité, dont le sort est lié à  celui de cette erreur. Il en va de même de l’utilitarisme, au moins dans sa variante axée sur l’acte ; je crains aussi qu’une part non négligeable de ce qu’on appelle « sociologie » ne soit une progéniture directe du constructivisme lorsqu’elle présente son but comme étant de « créer l’avenir du genre humain » ou, selon les mots d’un auteur, affirme « que le socialisme est l’aboutissement logique et inévitable de la sociologie ». Toutes les doctrines totalitaires, dont le socialisme n’est que la plus noble et la plus influente, sont concernées par cette critique du constructivisme. Elles sont fausses, non en raison des valeurs sur lesquelles elles s’appuient, mais parce qu’il y méconnaissance des forces qui ont rendu possible la Grande Société et la civilisation. La démonstration que les oppositions entre socialistes et non-socialistes sont fondées initialement sur des questions purement intellectuelles susceptibles de solution scientifique, et non sur des jugements de valeur différents, me semble l’un des aboutissements les plus importants de la réflexion poursuivie dans ce livre.

    Si Hayek, dans l’introduction, n’annonce pas une réfutation théorique du socialisme, ni plus ni moins, c’est que je ne sais plus lire ! Tout un programme, qui va être passionnant à  suivre. J’aime beaucoup l’idée de raisonner en se basant sur des choses qui sont de l’ordre de la connaissance, et non sur des jugements de valeurs : indispensable pour pouvoir progresser ensemble.
    Retrouvez les autres notes de lectures sur la page d’index de « Droit, législation et liberté »

  • Citation #88

    Utopie, comme idéologie, est aujourd’hui un mot péjoratif ; et il vrai que la plupart des utopies visent à  remodeler la société de fond en comble et souffrent de contradictions internes qui rendent leur réalisation impossible. Mais une image idéale d’une société qui ne serait pas entièrement réalisable, ou une conception pilote de l’ordre global à  viser, n’en est pas moins la condition préalable et indispensable d’une politique rationnelle, en même temps que la contribution essentielle que la science peut apporter à  la solution des problèmes de politique pratique.Friedrich Hayek (1899-1992)