Étiquette : Idéal

  • L’écart entre le rêve et la réalité

    L’écart entre le rêve et la réalité

    J’ai trouvé ce speech de Conan O’Brien excellent : drôle, profond à  certains moments, et plein d’une belle énergie de showman. L’acteur vient pour la remise des diplômes de l’université de Dartmouth, et parle aux étudiants de ce qui nous rend unique.

    C’est notre échec à  devenir notre idéal perçu qui au final nous définit et nous rend unique. Ce n’est pas facile, mais si vous acceptez cette infortune et la gérez correctement, votre échec perçu peut devenir un catalyseur pour une profonde ré-invention.

    C’est en anglais. Vous pouvez lire le speech de Conan O’Brien complet sur le site de l’université.

  • Citation #89

    L’égalité devant la loi conduit à  la revendication que tous les hommes prennent une part égale à  la détermination de la loi. Tel est le point de rencontre entre le libéralisme traditionnel et le mouvement démocratique. Cependant, ils n’en ont pas moins une autre préoccupation essentielle. Le libéralisme (dans le sens que ce mot avait en Europe au siècle dernier) se soucie surtout de limiter le pouvoir de contrainte que possède n’importe quel gouvernement, qu’il soit démocrate ou non, cependant que le démocrate dogmatique ne connaît qu’une seule limite au gouvernement, l’opinion courante de la majorité. La différence entre ces deux idéaux apparaît en toute clarté si nous désignons le terme auquel chacun s’oppose : la démocratie s’oppose au gouvernement autoritaire ; le libéralisme au totalitarisme. Aucun des deux systèmes n’exclut nécessairement le contraire de l’autre : une démocratie peut détenir des pouvoirs totalitaires et il est concevable qu’un gouvernement autoritaire agisse selon des principes libéraux.

    Friedrich HayekEconomiste et philosophe britannique d’origine autrichienne.

  • Citation #88

    Utopie, comme idéologie, est aujourd’hui un mot péjoratif ; et il vrai que la plupart des utopies visent à  remodeler la société de fond en comble et souffrent de contradictions internes qui rendent leur réalisation impossible. Mais une image idéale d’une société qui ne serait pas entièrement réalisable, ou une conception pilote de l’ordre global à  viser, n’en est pas moins la condition préalable et indispensable d’une politique rationnelle, en même temps que la contribution essentielle que la science peut apporter à  la solution des problèmes de politique pratique.Friedrich Hayek (1899-1992)

  • Le mythe de l'indépendance

    Le mythe de l'indépendance

    Ce texte est le premier d’une série consacrée au décryptage et à  l’analyse critique des messages véhiculés par les médias. Et c’est également le premier article « invité » sur ce blog, puisqu’il a été écrit par Zorro.
    Revue Prescrire
    Septembre 2007, page 697-98
    Auteur : « la revue Prescrire »

    (suite…)

  • Eloge de l’acceptation

    Accepter : voilà  un mot qui est souvent accompagné d’une image négative, parce qu’on le confond avec la résignation, ou la tolérance. Les sens sont pourtant différents : tolérer, c’est laisser faire des choses que l’on a le pouvoir d’empêcher ; et se résigner, c’est considérer que l’on aucun moyen d’action. Accepter, au contraire, c’est simplement prendre le monde tel qu’il est. Quel autre choix avons-nous ? Refuser le monde tel qu’il est, c’est ouvrir la porte à  tous les délires, à  tous les idéaux plus ou moins foireux. Ceux qui ne raisonnent que sur le monde tel qu’il devrait être (à  leur yeux, forcément) prennent deux risques majeurs : oublier le point de départ de l’action (qui est le monde tel qu’il est), et se retrouver seul (le monde rêvé n’est pas unique).
    Accepter, ce n’est donc ni se résigner, ni tout tolérer. C’est juste considérer les choses telles qu’elles sont, et c’est le seul préalable connu à  l’action. La démarche scientifique en est la preuve. Quel action est possible, si ce n’est à  partir du réel ?
    Le monde est rempli de choses qui nous heurtent, nous choquent, et qui peuvent paraitre inacceptables. Il faut bien pourtant accepter l’exitence du mal, de la souffrance pour pouvoir se battre contre. Comment pourrait-on se battre contre quelque chose qui n’existe pas ? Ce n’est pas en niant la souffrance qu’on la diminue : c’est d’abord en l’acceptant (en acceptant son existence), puis en cherchant des moyens concrets de la diminuer. Ce n’est pas parce que quelque chose est difficile qu’il faut l’éviter. Au contraire.
    Il faut accepter le monde. Et le fait que beaucoup de choses soient dures à  accepter dit bien qu’il s’agit d’un effort, d’un travail. Je ne suis pas sûr qu’on puisse tout accepter ; mais nous devons faire autant que possible cet effort indispensable. C’est le seul chemin. Ceux qui le refusent prennent un autre chemin, dangereux, qui commence dans la conviction et finit dans le fanatisme, ou la maladie mentale. Le monde est notre seul lieu commun, il nous relie les uns aux autres parce que nous le partageons. Son équivalent abstrait n’est pas l’idéal, mais la raison.
    Accepter, c’est donc le début de la sagesse. Il n’existe qu’un monde, et c’est celui dans lequel nous vivons. C’est à  partir de cette réalité qu’il faut construire, et pas à  côté. J’aurais même tendance à  penser que prise dans ce sens, l’acceptation, c’est la sagesse même.

  • Croyez-vous au progres ?

    Definition du progres : quel ideal ?

    Pour répondre à  cette question, il faut définir le progrès et puis voir s’il y a lieu d’y croire ou pas.

    PROGRàˆS:

    • Accroissement quantitatif ou intensif d’un phénomène.
    • Processus évolutif orienté vers un terme idéal.

    Laissons le premier sens qui est simplement le sens synonyme d’ »évolution ». Le deuxième sens se comprendra mieux si on définit l’ »idéal ».

    IDÉAL:

    • [Avec une valeur relative : un idéal particulier]
      Ce que l’on conçoit comme conforme à  la perfection et que l’on donne comme but ou comme norme à  sa pensée ou son action dans quelque domaine que ce soit.
    • [Avec une valeur absolue : l’idéal] Ce qui satisferait toutes les exigences du coeur et de l’intelligence, par opposition à  la réalité limitée et décevante.

    Selon le sens que l’on utilise, on ne sera pas du tout dans le même registre : le deuxième oppose l’idéal à  la réalité, tandis que le premier utilise l’idéal comme but ou norme de pensée ou d’action. Comme souvent avec l’absolu, il nous induit en erreur : nous sommes finis par nature, et relatifs. Concentrons-nous sur la première définition, même s’il faut être conscient que c’est l’idéal imaginé en opposition avec le réel qui fait que beaucoup d’idéalistes sont aussi pessimistes.
    Avec le premier sens, le progrès devient un « processus évolutif orienté vers un terme conforme à  la perfection ET que l’on donne comme but ou comme norme à  sa pensée ou son action ». Il y a donc un rôle actif dans le progrès : c’est nous qui utilisons un idéal pour but, et qui oriente un processus évolutif. Quelle action sans but ? Quelle ambition dans l’action si ce n’est vers un idéal de perfection ? Encore une fois, il faut insister : viser un but ne signifie pas qu’il soit atteint, ou accessible. Un scientifique, un romancier et une philosophe semblent d’accord là -dessus :

    Le progrès n’a aucun caractère inéluctable, rien ne garantit des lendemains meilleurs.

    Karl Popper

    Croire au progrès ne signifie pas qu’un progrès ait déjà  eu lieu.

    Franz Kafka

    Le progrès et la catastrophe sont l’avers et le revers d’une même médaille.
    Hannah Arendt

    La notion de progrès oriente simplement l’action. L’archer qui vise la cible n’a pas de garantie qu’il l’atteindra ; mais comment pourrait-il l’atteindre s’il ne la vise pas ?

    Facteurs du progres social

    Cette notion de progrès est reliée de manière forte aux siences, et donc à  la connaissance (seule les sciences produisent des connaissances).

    Les sciences se caractérisent par le fait qu’il y a progrès.
    Pierre Rosenberg

    Le progrès en art n’existe pas. Il y a de grands artistes dans tous les siècles, et dans tous les pays, il y a des développements de style, mais il n’y a pas de progrès.

    Pierre Rosenberg

    La question principale à  se poser est donc : le progrès a-t’il un sens dans le domaine social ? Et si oui, quels sont les facteurs du progrès social ?
    On revient toujours sur les mêmes choses, n’en déplaise à  ceux qui aiment les tables rases…
    L’éducation :

    Nos progrès en tant que nation dépendront de nos progrès en matière d’éducation. L’esprit humain est notre ressource fondamentale.

    John Fitzgerald Kennedy

    la liberté de pensée, la créativité, et l’optimisme :

    La personnalité créatrice doit penser et juger par elle-même car le progrès moral de la société dépend exclusivement de son indépendance.

    Albert Einstein

    L’enthousiasme est à  la base de tout progrès.
    Henry Ford

    L’histoire universelle est le progrès dans la conscience de la liberté.
    Friedrich Hegel

    sans oublier le sexe, bien sûr, et l’émancipation des femmes, sans vouloir paraitre ethnocentriste ou islamophobe :mrgreen: :

    Le progrès social commence toujours par l’indépendance des fesses.

    Albert Cossery

    En conclusion, on peut dire que le progrès existe, comme guide d’action et de pensée. Et qu’il importe moins de savoir s’il faut y croire ou non (ce qui impliquerait qu’on pourrait agir sans but), mais bien plutôt d’identifier ce qui, dans l’action ou dans la pensée, va dans le sens du progrès, et de mettre nos efforts là -dessus. Qu’en pensez-vous ?