Étiquette : Vérité

  • Lettre à  un otage

    Lettre à  un otage

    C’est un curieux texte que ce petit livre d’Antoine de Saint-Exupéry, « Lettre à  un otage ». Initialement écrit comme une préface à  un ouvrage – un récit de l’exode intitulé « Trente-trois jours » – dont son ami Léon Werth lui avait confié le manuscrit, et qu’il avait emporté aux Etats-Unis, il ne sera finalement publié qu’en 1943, sans aucune référence directe à  celui-ci. Entre-temps, Léon Werth, dans le texte de Saint-Exupéry, s’est transformé en « un otage », symbole de tous les français vivant sous l’occupation. Il parle à  son ami, mais sans le mentionner, ce qui rend le message plus large tout en lui conservant une place centrale.
    Je n’aime pas trop les préfaces, mais celle de Françoise Gerbod dans mon édition Folio poche, est indispensable pour comprendre le texte. Elle donne l’éclairage personnel et historique indispensable pour en saisir la force, et l’émotion maîtrisée.

    Ambiance de guerre

    C’est un texte de guerre, d’exil, bien sûr. Beaucoup de passages sont magnifiques et résonnent étrangement avec notre époque – alors même que nous ne sommes pas en guerre – tant il y est question de la dignité de l’homme, de la vérité, et des conflits. L’évocation de la Lisbonne faisant mine de pouvoir continuer à  vivre joyeusement est magnifique et touchante et, particulièrement, m’a émue car elle décrit une constante universelle de l’humanité : même sans guerre directe, comment peut-on vivre joyeusement quand on connait les possibles périls ? Cette tristesse tragique exprimée par Saint-Exupéry me parait être une question qui sera toujours d’actualité. La tristesse est aussi celle que l’on peut ressentir lorsque la vérité s’efface, et que le respect de la dignité humaine est totalement nié. Je cite un passage que je trouve profond, et qui mériteraient de longue discussions…

    Respect de l’homme ! Respect de l’homme !… Là  est la pierre de touche ! Quand le nazisme respecte exclusivement qui lui ressemble, il ne respecte rien que soi-même. Il refuse les contradictions créatrices, ruine tout espoir d’ascension, et fonde pour mille ans, en place de l’homme, le robot d’une termitière. L’ordre pour l’ordre châtre l’homme de son pouvoir essentiel, qui est de transformer et le monde et soi-même. La vie crée l’ordre, mais l’ordre ne crée pas la vie. Il nous semble, à  nous, bien au contraire, que notre ascension n’est pas achevée, que la vérité de demain se nourrit de l’erreur d’hier, et que les contradictions à  surmonter sont le terreau même de notre croissance. Nous reconnaissons comme nôtres ceux mêmes qui diffèrent de nous. Mais quelle étrange parenté ! elle se fonde sur l’avenir, non sur le passé. Sur le but, non sur l’origine. Nous sommes l’une pour l’autre des pèlerins qui, le long de chemins divers, peinons vers le même rendez-vous. Mais voici qu’aujourd’hui le respect de l’homme, condition de notre ascension, est en péril. Les craquements du monde moderne nous ont engagés dans les ténèbres. Les problèmes sont incohérents, les solutions contradictoires. La vérité d’hier est morte, celle de demain est encore à  bâtir. Aucune synthèse valable n’est entrevue, et chacun d’entre nous ne détient qu’une parcelle de la vérité. Faute d’évidence qui les impose, les religions politiques font appel à  la violence. Et voici qu’à  nous diviser sur les méthodes, nous risquons de ne plus reconnaître que nous nous hâtons vers le même but.

    Soutien aux otages de France

    En guise d’incitation à  lire ce très beau petit livre, je recopie ici l’adresse finale à  son ami, et au peuple français.

    Si je combats encore je combattrai un peu pour toi. J’ai besoin de toi pour croire en l’avènement de ce sourire. J’ai besoin de t’aider à  vivre. Je te vois si faible, si menacé, traînant tes cinquante ans, des heures durant, pour subsiter un jour de plus, sur le trottoir de quelque épicerie pauvre, grelottant à  l’abri précaire d’un manteau râpé. Toi si Français, je te sens deux fois en péril de mort, parce que Français, et parce que juif. Je sens tout le prix d’une communauté qui n’autorise plus les litiges. Nous sommes tous de France comme d’un arbre, et je servirai ta vérité comme tu eusses servi la mienne. Pour nous, Français du dehors, il s’agit, dans cette guerre, de débloquer la provision de semences gelée par la neige de la présence allemande. Il s’agit de vous secourir, vous de là -bas. Il s’agit de vous faire libres dans la terre où vous avez le droit fondamental de développer vos racines. Vous êtes quarante millions d’otages. C’est toujours dans les caves de l’oppression que se préparent les vérités nouvelles : quarante millions d’otages méditent là -bas leur vérité neuve. Nous nous soumettons, par avance, à  cette vérité.
    Car c’est bien vous qui nous enseignerez. Ce n’est pas à  nous d’apporter la flamme spirituelle à  ceux qui la nourrissent déjà  de leur propre substance, comme d’une cire. Vous ne lirez peut-être guère nos livres. Vous n’écouterez peut-être pas nos discours. Nos idées, peut-être, les vomirez-vous. Nous ne fondons pas la France. Nous ne pouvons que la servir. Nous n’aurons aucun droit, quoi que nous ayons fait, à  aucune reconnaissance. Il n’est pas de commune mesure entre le combat libre et l’écrasement de la nuit. Il n’est pas de commune mesure entre le métier de soldat et le métier d’otage. Vous êtes les saints.
  • L’après littérature

    L’après littérature

    « L’après littérature » de Finkielkraut est un très bel essai, inquiet, sur la place des « petits faits vrais », et du réel, face aux systèmes idéologiques, et un remarquable plaidoyer pour la nuance, la mesure, exemplairement moral dans son respect conjoint de la vérité et de l’esprit de justice.

    La littérature comme moyen de rester dans le réel.

    Dans « Un coeur intelligent » Finkielkraut avait montré magistralement, à  travers un certain nombre de romans, comment la littérature permettait d’accéder à  la complexité du réel et des humains, et à  la nuance. Et comment, si nous ne pouvons pas nous passer d’histoires, et de narrations, il faut sortir des fables pour faire place à  la littérature. Ce fil, cette thèse reste très présente dans « L’après littérature » : la littérature permet de continuer à  rester dans la vérité du réel.

    Plus une cause est grande et moins elle a de temps à  perdre avec les petits faits vrais.

    La littérature comme anti-idéologie. Le titre du livre résume bien l’angoisse de l’auteur, que je partage : celle de voir les esprits, par manque de temps, de courage ou simplement d’éducation, redevenir de moins en moins capables d’appréhender cette réalité, et de préférer les grandes causes « nobles », les idéologies, à  la vérité et au Bien. Et parmi ces idéologies une sorte de « nihilisme compassionnel« , haïssant toute forme de hiérarchie, égalitariste, dont le prototype nous est fourni par ce grand lecteur de Proust qu’est Finkielkraut sous les traits de « Tante Céline », personnage très secondaire de Du côté de chez Swann. Celle-ci, en effet, met en avant ses bons sentiments qui doivent prévaloir sur tout le reste… Chantal Delsol le disait dans « Un personnage d’aventure » :

    Etre adulte consiste à  nommer les choses telles qu’elles sont. C’est pourquoi une époque idéologique fabrique un peuple-enfant.

    Maître à  penser

    Je trouve qu’Alain Finkielkraut est vraiment un maître à  penser. Outre sa maîtrise absolue du langage, saisissante quand on y réfléchit et quand on le lit, il déploie sa pensée avec une justesse imparable. Je n’ose imaginer la quantité de travail qui se cache derrière cet admirable propos (tout est toujours sourcé, cité, et même les adversaires voient leurs propos rapportés scrupuleusement). Ce qui m’impressionne le plus, c’est sa capacité à  faire en sorte que sa pensée épouse le réel au plus près, sans jamais faire de concession ou de compromis ni avec la vérité, ni avec la morale. Ce qui est un exploit exemplaire : coller uniquement au réel (« ce qui est ») pourrait faire tomber dans une forme de pragmatisme factuel, et coller uniquement à  la morale (« ce qui devrait être ») pourrait faire tomber dans une forme d’idéalisme de bon aloi, en surplomb de la réalité. Finkielkraut articule toujours les deux, dans un sens de la nuance intégral, signe de quelqu’un que le réel obsède – comme il le disait en entrée de « A la première personne » -, mais que le Bien et le Juste motivent au même titre.
    Je trouve que la parole de Finkielkraut est une forme de réhabilitation du travail conjoint du Vrai (adéquation avec le réel) et du Juste (recherche de ce qui devrait être), qui montre par comparaison à  quel point l’idéologie, les idéologies, ne sont pas dans le registre de la morale, mais bien dans celui uniquement de la propagande politique. Quelle morale pourrait s’accommoder de faire passer son combat pour la justice avant le respect dû à  la vérité ? Magistral, donc. Laissons-lui le mot de la fin :

    En 1970, Soljenitsyne recevait le prix Nobel de littérature. Le discours qu’il n’a pas pu prononcer à  Stockholm se terminait par une note d’espoir : « Dans le combat contre le mensonge, l’art a toujours gagné, et il gagnera toujours ouvertement, irréfutablement, dans le monde entier. » C’était il y a cinquante ans. Moins de deux décennies après cette profession de foi, le mur de Berlin tombait et le communisme soviétique rendait l’âme. Les faits semblent donc avoir donné raison à  Soljenitsyne. A y regarder de plus près, ils l’ont cruellement démenti. Non seulement le présent égalitaire règne sans partage, mais il s’imagine autre qu’il n’est. A force de se raconter des histoires, il se perd complètement de vue. Les scénarios fantasmatiques qu’il produit en cascade lui tiennent lieu de littérature. Néoféminisme simplificateur, antiracisme somnanbule, recouvrement méthodique de la laideur et de la beauté du monde par les équations de la pensée calculante, déni obstiné de la finitude : dans son combat contre le mensonge, l’art est en train de perdre la partie.
  • Game Over

    Game Over

    Game Over, de Laurent Obertone, est la suite logique et philosophique de l’Eloge de la force, du même auteur. C’est un curieux pamphlet anti-démocratique, stimulant, paradoxal, désespéré. C’est aux Editions Magnus, co-créée par l’auteur avec sa comparse de La Furia, Laura Magné. Le style d’Obertone, ciselé, percutant, est stimulant et porte un regard très objectif sur le réel, donc désespéré (au sens Camusien, ne se berçant pas d’espoirs ou d’illusions).

    Anti-démocratique

    Anti-démocratique, oui cet essai l’est, car sa thèse de départ est que la démocratie (dans sa forme actuelle) est un jeu de dupe. La description des travers de nos démocraties est particulièrement juste, terrible, et ce simple constat de départ est une raison suffisante pour acheter l’ouvrage. Oui, la liberté d’expression est restreinte. Oui, nos votes n’ont pas servis à  grand-chose depuis longtemps. Oui, les institutions sont dévoyées. Oui, l’Etat est omniprésent, obèse, impotent et injuste. Clientélisme. Oui, l’immigration cause violence, insécurité physique et culturelle, mais rien n’est fait. La liste pourrait être prolongée presqu’à  l’infini. Obertone voit clair. Et nous décrit – je m’inclue dans le paquet – comme des drogués qui jouent à  un jeu sans fin, avec le shoot d’adrénaline tous les 5 ans pour les élections, soigneusement mis en scène par des médias totalement sous tutelle du pouvoir. Oui, c’est un cirque un peu clownesque, dont l’issue est connue. Le pouvoir progressiste se maintient en place. La solution ne viendra pas d’un sauveur, ou de ce jeu faussé. Dur à  admettre. Mais vrai en partie. On retrouve dans cette première partie des accents libéraux/libertariens dignes de Bastiat, ou d’Ayn Rand. J’y retrouve pour ma part des résonances avec mes dernières lectures (Philippe Nemo), et avec mon point de vue sur la liberté.

    A ce titre, toute loi sanctionnant la discrimination privée est abrogée. Si tel particulier ne veut vivre ou s’associer qu’avec tels individus, si telle entreprise ne veut favoriser que tels autres, c’est leur problème. Cela implique bien sûr l’abolition de la carte scolaire, du chantage à  la parité et à  la diversité, et autres infamies totalitaires. Discriminer est le principe de base de la liberté. Ceux qui se sentent l’obligation morale de « vivre en mixité » avec des « personnes racisées » sont libres de le faire – plutôt que se contenter d’y inciter les autres. Mais aucune inclination morale ne peut plus devenir une obligation légale. (…) La reconnaissance ne peut que se gagner, pas se revendiquer, ou dépendre d’un quota.

    Paradoxal

    Paradoxal, le livre l’est aussi, car après cette charge en règle, violente, contre le jeu démocratique et ses illusions, ses mensonges, Obertone signe à  la fin de chaque chapitre une liste de choses que ferait une société libre, plus juste. Et cela ressemble fortement à  un programme politique. Il peut bien l’appeler anti-politique, mais cela reste des actions politiques, au sens plein du terme, c’est-à -dire ayant à  voir avec l’organisation de la Cité, de la société. Sur l’immigration, sur la place de l’Etat et sur bien d’autres sujets, d’ailleurs, on retrouve certaines des propositions d’Eric Zemmour. La dernière partie remet l’accent sur les leviers personnels de refus de la médiocrité, de la consommation anesthésiante, et de l’éloge du travail, de la liberté et de la force du précédent opus. Voilà  donc le paradoxe de ce livre : il est traversé par un souffle que je qualifierai de clairement libéral, au sens plein du terme. En quoi cela serait-il nécessairement anti-politique, ou anti-démocratique ? La seule réponse serait qu’un tel programme ne pourrait se mettre en place qu’en changeant radicalement les règles du jeu (révolution ? coup d’Etat ?), mais l’auteur ne le dit pas explicitement. Il y a donc un petit goût de non-dit à  la fin de ce livre, qui par ailleurs se dévore avec plaisir, tant il est bien écrit et tant l’air qui y souffle est vrai et libre. Les yeux grands ouverts, le regard clair d’un homme sincère, honnête et épris de vérité et de justice : comment pourrait-on ne pas s’y retrouver ?

    Le courage, notre devoir, c’est la vérité. Les mafias étatiques qui parasitent la planète n’ont aucun besoin d’organisation secrète, ou de plan de destruction du monde. Seulement de citoyens lâches. Nos peuples ne le seraient pas moins avec d’autres dirigeants. Les impressions, assertions, manipulations complotistes sont à  rejeter au même titre que les mensonges officiels. Nous ne voulons pas d’une autre secte. Nous voulons la vérité.
  • 12 leçons de rhétorique pour prendre le pouvoir

    12 leçons de rhétorique pour prendre le pouvoir

    J’ai regardé avec attention une bonne partie des vidéos de Victor Ferry sur sa chaîne Youtube : L’artisanat Rhétorique. Du coup, je me suis dit un jour : ce gars-là  est tellement bon, je dois le soutenir en achetant son bouquin ! Cet acte de soutien, au bout de quelques pages, a pris la forme d’une excellente décision. Car ce livre est tout bonnement excellent. D’une grande clarté, alliant à  merveille la simplicité de ton, les exemples concrets, et les détours historiques ou philosophique : on se sent pris en main, et guidé magistralement vers ce savoir si particulier qu’est la rhétorique, définie par Aristote, Victor Ferry le rappelle au début, comme :

    la capacité à  découvrir ce qui, dans chaque situation, est propre à  persuader.

    Ce livre est un livre de référence sur la rhétorique, nul besoin d’être un expert pour pouvoir l’affirmer. Il nous permet de tellement monter en compétence, rapidement, que ce statut ne saurait lui être refusé.

    La rhétorique, un savoir pratique

    La rhétorique est donc par définition un savoir de praticien : il s’agit d’utiliser à  bon escient le langage, la logique, les arguments, les émotions, non pas uniquement pour convaincre, mais pour persuader, c’est-à -dire pousser à  l’action. Et Victor Ferry est effectivement passé maître dans l’art de persuader : partageant ses propres objectifs et motivations avec nous, nous pouvons voir de quelle manière il nous persuade d’agir. Ainsi, le premier chapitre vise à  « affûter notre esprit » : dès le démarrage, l’auteur nous incite à  structurer notre manifeste, c’est-à -dire notre cause (un problème que l’on veut résoudre, et les solutions que nous proposons), et à  travailler à  le rendre compréhensible, structuré, valide et vrai, et à  travailler sur les contre-arguments autant que sur les arguments. J’ai tout de suite rédigé mon « manifeste », sans aucune peine, et j’ai apprécié ce moment. C’est indispensable, et j’ai pu voir, concrètement, comment l’auteur m’a mis en action pour le faire, sans s’en cacher. Magistrale mise en application, et en abîme, de la puissance de la rhétorique. J’apprécie beaucoup l’honnêteté de l’auteur sur la dimension politique de la rhétorique : l’exigence de transparence sur les intentions vient désamorcer les critiques portant sur l’aspect manipulateur de ce savoir.

    Livre de référence sur la rhétorique

    Je ne peux évidemment pas résumer ce livre : il contient une mine d’or d’informations, de références historiques, philosophiques, politiques. Il est structuré comme un cours, avec une progression très claire, des fiches pratiques, et des exemples très concrets. Je sais déjà  que je relirai ce livre, et/ou que je reviendrai y chercher des choses. L’impact de cette lecture est simple pour moi : l’écriture du manifeste m’a fait prendre conscience que mon essai sur le Réel (en cours d’écriture) était plus important que simplement un essai. Cela m’a conduit à  l’éclater en 3 parties, et très probablement le « manifeste » sera utile pour structurer le propos, notamment l’introduction qui doit présenter les intentions de l’auteur.
    Pour finir, je vous partage un petit extrait du livre pour vous donner envie de l’acheter ; vous ne pourrez pas le regretter ! J’ai mis des (…) partout où j’ai enlevé les exemples concrets : cela vous permettra de mesurer l’ampleur de l’aspect didactique du livre.

    Un argument est composé de deux éléments : la prémisse et la conclusion. La conclusion est ce que vous voulez que votre public admette comme vrai, et la prémisse est ce que vous lui donnez pour l’admettre : (…) C’est simple. Pourtant, même à  ce stade, on trouve des arguments qui n’en sont pas (…). On parlera alors de sophismes. Voyons comment éviter d’en produire. (…) Un bon argument doit offrir une résistance aux tests de vérité et de validité. (…) Le test de vérité porte sur la prémisse. Il s’agit de s’assurer que l’on dispose d’éléments permettant d’ancrer notre propos dans le réel. (…) Tester la validité, c’est se demander si les bonnes raisons de croire en la vérité de sa prémisse sont suffisantes pour fonder sa conclusion.
  • Le goût du vrai

    Le goût du vrai

    « Le goût du vrai », d’Etienne Klein, dans la collection Tracts, est un joli petit essai, qui défend la science (et la raison), dans une époque qui, selon l’auteur, tente de n’en faire qu’un discours parmi d’autres.

    Plaidoyer pour la science

    J’ai découvert la collection Tracts, de Gallimard, grâce à  mon ami Jean-marc. C’est une collection intéressante : des petits livres courts, sans couverture rigide (donc peu chers), et forçant leurs auteurs à  être concis. Etienne Klein, physicien, philosophe des sciences, et grand pédagogue, fait partie des gens que j’aime écouter. Vous pouvez le découvrir sur Youtube dans des conférences et interviews.
    Le livre est un plaidoyer pour la science, la vérité et la raison, sans jamais tomber dans le scientisme. On sent qu’Etienne Klein est un peu inquiet par la déraison qui a surgit autour du COVID. On ne saurait lui reprocher ! Le livre se lit très bien, et apporte beaucoup d’arguments utiles et percutants. Il m’a alimenté pour mon essai en cours d’écriture sur un certain nombre de points. Je me permets d’y apporter une critique, cependant, car c’est dans l’identification et la formulation des points de désaccords que l’on se nourrit de la pensée d’autrui.

    Séparer la politique et le scientifique: une urgence !

    Il me semble qu’Etienne Klein est victime d’un biais très présent à  notre époque, et qui mériterait d’ailleurs d’être analysé, collectivement. Sur plusieurs sujets, il semble ne pas faire la séparation, pourtant essentielle à  mes yeux, entre la science (qui dit ce qui est), et la politique (qui dit ce qu’on fait). Contrairement à  ce qui est implicitement dit dans le livre de Klein, il n’y a pas de lien univoque entre ce qu’on sait, et ce qu’on doit faire. Il y a toujours plusieurs manières d’intégrer les connaissances dans l’action. Prétendre le contraire (ce que ne fait pas Klein) serait pour le coup du scientisme, et une forme de naïveté.
    Sur deux sujets que Klein prend en exemple (COVID et réchauffement climatique), il me semble justement qu’un certain nombre de personnes utilisent un discours pseudo-scientifique pour faire passer leurs idées politiques. Nous devons nous opposer à  cela. Klein semble sous-estimer le « vérolage » d’un certain nombre d’institutions scientifiques par des enjeux politiques/politiciens. C’est le cas du GIEC. C’est le cas du Conseil scientifique de crise COVID. Tout cela est connu, et il est surprenant que Klein ne prenne pas cela en compte pour mettre de manière plus explicite la séparation entre science et politique comme un des moyens de retrouver la raison.

  • Citation #130

    Lorsque vous dites la vérité, vous n’avez à  vous souvenir de rien.

    Mark Twain (1835-1910)
    Ecrivain, essayiste et humoriste américain.