Il existe une fausse vision du libéralisme selon laquelle la seule chose qui intéresserait un libéral est la richesse matérielle, autrement dit l’argent. L’erreur est sans doute entretenue à dessein par les non-libéraux. Je leur retourne le compliment : ce sont les marxistes et socialistes qui s’intéressent aux richesses matérielles en prélevant des impôts, répartissant la richesse, etc. Ils oublient la dimension humaine des choses. Pour un libéral véritable, ce qui est important, c’est l’esprit humain et ce qu’il est capable de créer. La richesse matérielle n’en est qu’une conséquence éventuelle. Un des ouvrages essentiels de Ludwig von Mises, figure de proue de l’école libérale autrichienne avec Friedrich von Hayek, a pour titre L’action humaine. Son raisonnement de base : être libre — ne pas être esclave — c’est être propriétaire de son corps et de son esprit. Or, si l’on est propriétaire de son esprit, on l’est automatiquement de ce que son esprit a créé. Voilà ce que veut dire « être propriétaire des fruits de son activité », et c’est pour moi le fondement du libéralisme.
Pascal Salin
Auteur/autrice : BLOmiG
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Citation #97
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Clic, Clic, Clic
C’est ce que je vous demande de faire, chers lecteurs : Nicolas J, de Partageons mon avis (un dangereux gauchiste) veut se servir de son influence pour réduire à néant nos efforts pour faire triompher le libéralisme : luttons pour faire vivre nos idéaux de liberté, humanistes et fraternels. La vérité finira par s’imposer, sans usage de la force. Pour cela, il faut cliquer ici[1. Le but de ce jeu très intelligent est simplement de voir qui apportera le plus de visites à l’autre. Une sorte de duel blogosphérique à distance, entre un « gauchiste mangeur d’enfant et un libéral avec du poil dans les oreilles »].
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Pascal Salin parle de la crise
Je ne saurais trop vous conseiller d’aller lire la tribune de Pascal Salin, publiée aujourd’hui dans Les Echos. Il y revient sur la crise financière actuelle, et en explique les causes et les ressorts. Extraits.
…ou l’échec d’un Etat pas assez libéral
La crise financière actuelle est l’occasion pour beaucoup de commentateurs de chanter le refrain habituel sur l’instabilité chronique du capitalisme et sur la nécessité d’un renforcement de la réglementation des marchés que l’on appelle d’ailleurs, de manière erronée, une régulation des marchés financiers. Tel fut d’ailleurs le credo affirmé par le président français dans son récent discours de Toulon. C’est pourtant une leçon toute différente que l’on devrait tirer de la crise actuelle, à savoir que la meilleure régulation passe par le libre fonctionnement des marchés et non par leur réglementation. La cause essentielle de cette crise provient en effet de l’extraordinaire variabilité de la politique monétaire américaine au cours des années récentes. Or celle-ci est bien évidemment décidée par des autorités publiques et non déterminée par le marché. […] Or les conséquences néfastes de cette politique ont été aggravées par plusieurs phénomènes. Tout d’abord, le sens de la responsabilité à l’égard du risque est émoussé parce qu’il est implicitement admis que les autorités publiques ne laisseraient pas se produire des faillites importantes en cas de difficultés (ce que confirme en partie le comportement actuel des autorités américaines). En particulier, les deux grands pourvoyeurs de crédits « subprime », Fannie May et Freddie Mac – initialement créés par l’Etat américain – bénéficiaient de garanties étatiques privilégiées qui les ont conduits à prendre des risques très excessifs.
Après être revenu sur la règlementation financière, et ses effets pervers, Pascal Salin conclut :
Dans le monde capitaliste du XIXe siècle, plus stable que le monde financier actuel, le crédit bancaire résultait des décisions des actionnaires des banques. Dans l’univers étatisé de notre époque, c’est le contraire qui se passe. On impose arbitrairement un ratio de fonds propres qui ne fait que mimer un vrai monde capitaliste, mais cela conduit à l’apparition de bulles financières. Les établissements de crédit maximisent le montant de leurs crédits et essaient ensuite par des manipulations de présenter un ratio de fonds propres conforme à la réglementation. Une réglementation qui impose un résultat ne remplacera jamais le libre jeu des décisions d’êtres humains responsables (c’est-à -dire capitalistes). C’est pourquoi les appels constants lancés de nos jours en faveur d’une plus forte réglementation des marchés financiers ne sont pas fondés. Certes, on peut reprocher aux établissements financiers de n’avoir pas été plus prudents. Cela résulte des structures institutionnelles de notre époque que nous avons rappelées. Mais cela reflète aussi le fait que l’information ne peut jamais être parfaite : un système capitaliste n’est pas parfaitement stable, mais il est plus stable qu’un système centralisé et étatique. C’est pourquoi, au lieu de stigmatiser une prétendue instabilité du capitalisme financier, on devrait stigmatiser l’extraordinaire imperfection de la politique monétaire. On peut regretter que les managers des grandes banques n’aient pas été plus lucides et n’aient pas mieux évalué les risques qu’ils prenaient dans un monde où la politique monétaire est fondamentalement déstabilisatrice. Mais c’est précisément et surtout ce caractère déstabilisant de la politique monétaire que l’on doit déplorer. Arrêtons donc les procès faits à tort au capitalisme et recherchons au contraire le moyen de libérer les marchés financiers de l’emprise étatique.
Pascal Salin -
Subsidiarité
Retour sur le principe de subsidiarité, souvent invoqué et source de pas mal de confusion. Les sociaux-démocrates le font partir d’en haut, et le confondent avec la décentralisation (le niveau le plus haut dans l’organisation de la société délègue une partie de ses pouvoirs), tandis que les libéraux le font partir de l’individu, et y voient le seul moyen de structurer la loi pour garantir la liberté individuelle. Pour les libéraux, la subsidiarité, c’est le principe selon lequel les individus délèguent une partie du pouvoir sur un organe collectif (public ou non).
J’ai reçu ma dernière commande : « L’homme Libre« , un livre d’hommage à Pascal Salin. Et, bien sûr, je n’ai pas pu m’empêcher de commencer à dévorer quelques chapitres. Dont un, clair et néanmoins fouillé11. Il y revient notamment sur les racines étymologiques, historiques, et philosophiques du concept, en particulier sur sa proximité avec des textes du pape Pie XII, et avec le concept de personnalisme – cher à Koz, de Jean-Philippe Feldman2, traitant du principe de subsidiarité : « Subsidiarité et libéralisme ». Son article montre bien comment ce principe a été utilisé aussi bien par les sociaux-démocrates, que par les conservateurs ou les libéraux.
Il rappelle les distinctions et les nuances qu’il faut apporter à la définition du concept32. J’avais déjà fait suivre ici une tribune de Feldman sur le droit et la législation, pour éviter que cela ne devienne un fourre-tout. La subsidiarité comporte deux dimensions, et doit partir de l’individu pour être une notion pleinement libérale.Subsidiarité : deux dimensions
3. distinctions que l’article de Wikipedia sur la subsidiarité ne fait pas du tout
Ce qu’il rappelait déjà dans une conférence sur la constitution européenne :Pour un libéral, la subsidiarité a deux dimensions. La première, trop souvent oubliée, est la dimension horizontale : la subsidiarité c’est ce qui fait le partage entre la sphère de la puissance publique et la société civile. La deuxième, qui n’est qu’annexe, c’est la subsidiarité verticale : au sein de la puissance publique les décisions doivent être prises au plus près de l’individu.
La subsidiarité doit partir de l’individu
La subsidiarité doit partir de l’individu, comme le rappelle Jacques de Guénin :
L’homme libre et responsable, nous l’avons vu, cherche à s’associer à d’autres personnes pour satisfaire des objectifs qui dépassent ses seules capacités. Il fait ainsi partie de groupes, comme sa paroisse, son quartier, ou sa commune. Ces groupements peuvent à leur tour s’associer pour accomplir des objectifs encore plus ambitieux. Mais les groupes d’ordre supérieur ne doivent pas retirer aux groupes d’ordre inférieur (dont le plus petit est l’individu), ce que ces derniers peuvent accomplir eux-mêmes : c’est le fameux principe de subsidiarité. Pour le libéral, l’État lui-même devrait être une association d’ordre supérieur à laquelle les associations d’ordre inférieur, telles que les communes, délégueraient certains pouvoirs et certains moyens, selon le principe de subsidiarité. Mais nous vivons depuis toujours dans un schéma strictement inverse où l’État dispose de tous les pouvoirs et ne consent à déléguer quelques petits espaces de liberté aux citoyens que lorsque ceux-ci le lui arrachent.
Mathieu Laine et Jean-Philippe Feldman avait également insisté sur le caractère remontant de la subsidiarité dans un texte traitant du rejet de la constitution européenne paru sur le Québécois Libre :
Pour les libéraux, une constitution devrait tout d’abord avoir pour objet non pas tant d’agencer les pouvoirs que de limiter le Pouvoir. Synthèse ambiguë, la Constitution européenne encourage à l’inverse l’augmentation et la centralisation des pouvoirs. Au-delà des domaines de compétence exclusive de l’Union européenne, la liste des domaines de compétence partagée avec les États membres est en effet impressionnante : marché intérieur, environnement, protection des consommateurs, transports, etc. Les principes de subsidiarité et de proportionnalité sont certes consacrés, mais au lieu d’être remontante, au lieu de partir de l’individu pour remonter jusqu’à l’Union européenne, la subsidiarité, concept fondamentalement libéral, est ici descendante.
C’est toujours le même principe mis en avant par les libéraux : l’individu – les individus – doivent être le départ et la fin de tout système politique, sous peine de bafouer la liberté individuelle. Chose immorale, même sous des prétextes constructivistes prétendument « sociaux ». J’y souscris pleinement : et vous ?
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Citation #96
La vérité ne se décide pas à la majorité des voix. La vérité est la vérité, elle se reconnaît. Mais cette vérité-là ne peut pas elle-même être reconnue dans le monde hyperpolitisé et hypermédiatisé où nous vivons et où toute valeur disparaît au profit du nombre. C’est le nombre de ses fans qui fait de Loana une star plus que ses qualités intrinsèques. Et c’est le nombre de participants au sommet antilibéral de Porto Alegre ou au Forum des puissants de Davos qui permettent de focaliser l’attention des médias et des hommes politiques.
[…] Non, le Forum de Davos, les grandes entreprises multinationales, le FMI et la Banque mondiale ne sont pas l’expression ni même le symbole du capitalisme!
N’est-il pas paradoxal, en effet, de faire du FMI ou de la Banque mondiale des symboles du capitalisme, alors qu’il s’agit là d’organisations interétatiques ? Les ressources qu’ils distribuent ont nécessairement été produites par les efforts de personnes privées auprès desquelles elles ont été prélevées. Et elles sont essentiellement redistribuées à des États et à des organisations publiques, c’est-à -dire à des personnes irresponsables, puisqu’elles n’engagent pas leurs propres ressources et qu’elles ne subissent pas la sanction de leurs erreurs. Car les habitants des pays pauvres ne sont pas les victimes du capitalisme mondial, ils sont bien au contraire les victimes d’un manque de capitalismeC’est ainsi que le FMI et la Banque mondiale ont gaspillé des ressources considérables, qu’ils ont incité une myriade d’autres organisations et États à faire de même et qu’ils ont aidé à se maintenir en place des régimes aussi nuisibles que corrompus. Car les habitants des pays pauvres ne sont pas les victimes du capitalisme mondial, ils sont bien au contraire les victimes d’un manque de capitalisme. Ce n’est pas sur les marchés mondiaux qu’il faut trouver la source de leurs maux, mais chez eux-mêmes: ce sont les États des pays pauvres qui les maintiennent dans la pauvreté en empêchant les initiatives privées, en spoliant les plus actifs, les plus courageux, les plus innovateurs, en détruisant la morale naturelle — si indispensable au développement — par le développement de la corruption.
Qu’est-ce que le capitalisme en réalité?
On fait également fausse route en ramenant le capitalisme à la seule existence de quelques grandes firmes. Comme l’a si bien souligné l’auteur péruvien Hernando de Soto, dans de nombreux pays sous-développés on appelle capitalistes les propriétaires de grosses entreprises qui vivent en symbiose avec l’État, qui vivent de subventions, de privilèges, de protections douanières et qui, en retour, soutiennent les hommes politiques en place. Mais ils ne méritent pas le beau nom de « capitalistes », ni même celui d’entrepreneurs. Ils ne sont que des nomenklaturistes, des parasites sociaux, qui non seulement vivent aux dépens des autres, mais encore les empêchent de se développer. Les vrais capitalistes, ce sont tous ces hommes et ces femmes — qu’ils soient pauvres ou aisés, petits entrepreneurs, agriculteurs ou artisans — qui développent des trésors d’imagination pour survivre, imaginer, créer, en dépit des obstacles fiscaux, législatifs et réglementaires que leur opposent les détenteurs du pouvoir.
àŠtre capitaliste, c’est se voir reconnaître la propriété du fruit de son travail, de ses efforts, de son imagination. Et toute la dignité de l’homme lui vient donc de sa capacité à être capitaliste. Comment se fait-il alors qu’il soit si difficile de se dire favorable au capitalisme, d’en défendre les valeurs? On pourra voir un indice inquiétant des dérives intellectuelles de notre temps en considérant l’extraordinaire contraste qui existe entre, d’une part, le « battage médiatique » mondial qui entoure la rencontre de Porto Alegre — ainsi que, dans une moindre mesure, la réunion du Forum de Davos —, et, d’autre part, cette formidable initiative qu’a été, le 2 décembre dernier, la « marche pour le capitalisme » qui s’est déroulée dans une presque centaine de villes à travers le monde. Cette « marche » — dont l’initiative revient non pas à quelque « gros capitaliste », mais à un chanteur des rues australien — est passée presque inaperçue, d’une part bien sûr parce que les organisateurs de ces différentes manifestations étaient loin de bénéficier des aides financières disponibles pour les autres, mais aussi parce que le silence médiatique a été presque total. Mais, répétons-le, ce n’est pas le nombre qui fait la vérité.
Pascal Salin -
Islam Documents : présentation et interview du responsable
Islam Documents est un site formidable, portant sur les origines de l’Islam et présentant l’ensemble des documents originaux relatifs à l’élaboration de la religion musulmane. Il comporte plus de 10.000 textes. Mis au courant de l’existence de ce site par un message de son responsable, et convaincu que l’approche historique est plus efficace que les débats théologiques (c’est l’affaire des musulmans) pour faire émerger la vérité, j’ai eu envie de lui poser quelques questions sur ce projet, son but, sa méthode. Voici donc ses réponses, en exclusivité pour ExpressionLibre. Donc pour vous, chers lecteurs !
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