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  • La vulgarité du Nouvel Obs

    Comment faire pour remplir un journal, quand on est à  court d’idées ? Au Nouvel Observateur, ils ont la solution : prendre un évènement avec Sarkozy qu’ils n’ont pas couvert, et raconter n’importe quoi ! Si possible en faisant passer Sarkozy pour un gros imbécile vulgaire. La vulgarité n’est pas toujours où l’on veut nous faire croire, et c’est grâce à  Jean Quatremer, journaliste à  Libération, que l’on sait où elle se trouve en l’occurence.

    C’est une bien belle histoire (lue chez Koz), et qui mérite de circuler fort et partout.
    Le Jeudi 15/05/2008, la rubrique « Téléphone Rouge » du Nouvel Observateur (rubriques où les articles ne sont pas signés) s’ouvre sur la nouvelle suivante :
    Les nouveaux connards de Sarkozy
    Nicolas Sarkozy a toujours autant de mal à  se faire au style présidentiel. ”Putain les mecs, il fait chaud, on se fout sur la terrasse ! », a-t-il lancé, lundi 5 mai, à  quelques journalistes spécialistes des questions européennes qu’il avait invité pour une rencontre informelle à  l’Elysée. L’entretien s’est déroulé dans la bonne humeur jusqu’à  ce qu’un des reporters s’avise d’interroger Sarkozy sur sa pusillanimité à  propos des droits de l’homme en Tunisie. Réponse du président : « Rien à  foutre, de toute manière, ce ne sont que des connards qui posent des questions à  la con… ».

    Or, un des journalistes qui étaient présent (contrairement au Nouvel Obs) à  cette entrevue, Jean Quatremer, est formel :
    Spectaculaire, mais totalement faux. Je le sais, comme mes confrères en poste à  Bruxelles le savent, puisque j’étais présent. Et je peux vous affirmer que jamais le Président n’a tenu de tels propos. En le disant, je brise le « off » dont nous étions convenu avec l’Élysée. Mais comment rester muet devant un tel mensonge qui nuit à  toute la profession : d’une part parce que celui qui a parlé (ou qui a parlé à  quelqu’un qui a parlé) a violé le « off », mais surtout parce qu’il a raconté n’importe quoi. C’est exactement de la même eau que le soi-disant SMS envoyé par Nicolas Sarkozy à  son ex-femme (« si tu reviens, j’annule tout »).

    Jean Quatremer, « Sarkozy, le Nouvel Observateur et les connards »
    Depuis, le Nouvel Observateur a reconnu s’être trompé.
    Comment qualifier ce genre de non-journalisme ? De la propagande ? Du mensonge éhonté ? De la basse manipulation ? Je vous laisse choisir les mots qui conviennent le mieux pour décrire cet acte minable.
    Vendredi 23 mai, le texte en question était encore en ligne (cliquez sur la petite image ci-dessous pour voir la copie d’écran). L’affaire est maintenant dans les mains des grands médias. On ne peut que saluer, en attendant, la rigueur intellectuelle de Jean Quatremer. Et le remercier d’avoir dénoncé cet acte de mensonge grossier.
    Copie d'écran du 23/05

  • Delanoë n’est pas libéral

    Delanoë n’est pas libéral

    Bertrand Delanoë sort un bouquin aujourd’hui, appelé « De l’audace ». Il s’y positionne comme « libéral », ce que les médias ont bien sûr relayé avec délectation (tu parles, une occasion de voir les gars de gauche se taper dessus!). Delanoë n’est pas vraiment libéral, mais cette prise de position a le grand mérite de mettre le libéralisme sur le devant de la scène, et donnera l’occasion aux vrais libéraux – de tous horizons – de s’exprimer plus librement. Voilà  donc une belle avancée, audacieuse. Le petit landernau des blogs de gauche en est d’ailleurs tout agité…et c’est tant mieux : il faut bien remuer, sinon la pulpe elle reste au fond !

    Delanoë n’est pas libéral

    Bertrand Delanoë sort son livre « De l’audace » aujourd’hui. C’est un livre entretien avec Laurent Joffrin. Tous les médias ont déjà  relayé quelques petites phrases à  propos du libéralisme :
    Pour le maire de Paris, « libertaire » qui n’a « jamais été marxiste », la gauche doit adopter « une doctrine de la liberté et de la justice dans une société imparfaite et non une doctrine de la lutte des classes qui nous promet une société égalitaire et parfaite ». Il va même jusqu’à  employer des mots tabous : « Si les socialistes du XXIe siècle acceptent enfin pleinement le libéralisme, s’ils ne tiennent plus les termes de « concurrence » ou de « compétition » pour des gros mots, c’est tout l’humanisme libéral qui entrera de plein droit dans leur corpus idéologique. Il faut choisir : la synthèse est morte. Voici venu le temps des différences assumées. » […] Ce qui est inacceptable pour un progressiste, c’est de hisser le libéralisme au rang de fondement économique et même sociétal avec ses corollaires, désengagement de l’État et laisser-faire économique. »
    Dire que le désengagement de l’Etat est inacceptable, c’est simplement être anti-libéral !Le libéralisme est une doctrine philosophique qui prône le respect absolu de la liberté individuelle. Aucune contrainte n’est tolérée pour un libéral. Le libéralisme s’oppose à  la contrainte (notamment celle de l’Etat) et à  l’arbitraire. L’individu est au coeur du libéralisme. Chaque individu. Bien sûr que le libéralisme est le fondement de l’économie : c’est la liberté d’échanger, de produire, de travailler, d’entreprendre qui fonde l’économie. Cela n’est possible que si la liberté est réelle, et si la propriété privée est un droit inaliénable. Cela se fait dans un état de droit. Rappelons que la propriété inclue la propriété de soi, et de son travail. Pas de liberté sans propriété.
    Expliquer, ce qui est bien, que la gauche doit adopter une doctrine de liberté et de justice, en acceptant la concurrence, c’est une chose. Dire juste derrière que le désengagement de l’Etat est inacceptable, c’est simplement dire l’inverse. L’Etat est détenteur du monopole de la contrainte ; il permet l’établissement d’un Etat de droit – indispensable – mais il impose également des contraintes à  la liberté d’action des individus au fur et à  mesure qu’il prend de l’ampleur et qu’il intervient partout. La règlementation n’est pas la régulation.
    Défendre l’Etat providence qui intervient dans tous les secteurs, ne pas admettre le laisser faire économique, c’est tout sauf être libéral. Le libéralisme économique, selon Hayek :
    …considère la concurrence comme supérieure non seulement parce qu’elle est dans la plupart des circonstances la méthode la plus efficace qu’on connaisse, mais plus encore parce qu’elle est la seule méthode qui permette d’ajuster nos activités les unes aux autres sans intervention arbitraire ou coercitive de l’autorité.
    et voici ce que Mises disait du laisser-faire économique :
    Laissez faire ne signifie pas : laissez agir des forces mécaniques sans âme. Il signifie : permettez à  chaque individu de choisir comment il veut coopérer dans la division sociale du travail ; permettez aux consommateurs de déterminer ce que les entrepreneurs doivent produire.
    Alors bien sûr, Delanoë n’est pas libéral. Il est pour certaines libertés individuelles, c’est tout.

    Blogosphère en ébullition ?

    Libertas est, en libéral cohérent, bien entendu conscient de cette contradiction dans les termes de Delanoë. Mais la prise de position de Delanoë, si elle n’est pas cohérente, a le mérite de provoquer ceux qui ont l’habitude de se déclarer « anti-libéraux ». Antoine Besnehard, est dans la ligne exacte de Delanoë, de même que Nicolas. La prise de position de Delanoë, si elle n’est pas cohérente, a le mérite de mettre le libéralisme sur le devant de la scène, et de le faire connaitre.Ils comprennent l’intérêt et la valeur de la liberté, mais ils ne sont pas prêts à  accepter le libéralisme économique, qui n’est pourtant que le libéralisme s’appliquant au domaine du commerce. D’ailleurs, c’est amusant, car Antoine en appelle au « bien être commun » pour justifier les impôts et la position omniprésente de l’Etat : cela rejoint notre discussion avec René et Nicolas J, où le point central de désaccord avait fini par converger sur « l’intérêt général », et son statut (existe ou pas ?).
    D’autres, comme Marc Vasseur, plus outrancier il vrai, ne comprennent même pas que l’on puisse se dire libéral et de gauche. Plus étonnant, Koz semble lui aussi très circonspect vis-à -vis du libéralisme, et voit la démarche de Delanoë comme un savant calcul électoral…
    Tout cela montre la grande confusion d’une pensée qui voudrait garder la liberté d’action, mais seulement pour certains actes, et seulement pour certaines personnes, arbitrairement. L’inverse du libéralisme, quoi ! Cela montre également une confusion entre libéralisme économique et « loi du plus fort ». Comme si le fait de ne pas laisser libre les acteurs économiques empêchaient la loi du plus fort. Le libéralisme est la seule doctrine qui, dans ses bases mêmes, rejette toute forme de contrainte et d’oppression des individus !

    Découvrir le libéralisme, enfin…

    Tout cela ressort toujours du même constructivisme, qui n’est pas l’apanage de la gauche d’ailleurs, dégoulinant de bons sentiments, mais qui bizarrement n’inclue pas tous les individus au même niveau dans ces bons sentiments. Lutte des classes, quand tu nous tiens…Pourquoi ne pas aller voir ce qu’est réellement le libéralisme, maintenant que Delanoë a brisé le tabou ? L’avenir de la gauche sera forcément libéral, contrairement à  ce qu’ont immédiatement dit Julien Dray et Benoit Hamon. Quel bonheur si le libéralisme devient enfin un point de discussion au PS ! Avant de devenir, je l’espère, une évidence.

  • Cafouillage ?

    Ce matin à  la radio, le présentateur du journal parlait de « cafouillage » entre l’UMP et le gouvernement, à  propos des sons de cloches discordant sur les 35 heures. Devedjian, patron de l’UMP, veut les supprimer purement et simplement (approche libérale pour laisser les négocations jouer au sein de chaque entreprise). Bertrand et Sarkozy ont rappelé qu’il n’en était pas question (approche prudente visant à  éviter le conflit).
    Pour ma part, je trouve plutôt sain que l’UMP et le gouvernement ne soient pas en phase sur tout. Ceux qui seraient les premiers à  descendre Devedjian s’il ne faisait que répéter comme un toutou les messages de Sarkozy, lui reprochent allègrement ses prises de position décalées sur les 35h.
    En clair, quoi qu’il dise, quoi qu’il fasse, il aura tort. C’est ce qu’on appelle être partisan, et bien peu objectif. Si cela se comprend de la part de blogueurs qui livrent leurs opinions, cela est plus invraisemblable de la part de journalistes professionnels parlant aux heures de grandes écoutes. Pourquoi décrire cela comme un cafouillage, plutôt que comme une prise de position libérale de l’UMP ? C’est encore une fois pour centrer le débat sur les querelles de personnes, et oublier l’essentiel : parler du bien-fondé – ou non – de laisser les acteurs responsables décider entre eux de leurs contrats.

  • Redeker chez Ruquier

    Trouvée par le biais d’un article sur Riposte Laïque, cette intéressante vidéo de Robert Redeker chez Ruquier. Débat vif. Le titre choisi par celui qui a mis la vidéo sur DailyMotion en dit long : « Redeker l’islamophobe crucifié chez Ruquier ». J’avais déjà  évoqué Redeker à  plusieurs reprises ici ou là . Il avait signé une tribune anti-Islam dans le Figaro, qui lui avait valu des menaces de mort.

    Edit : le hasard fait que Didier Goux, qui avait commenté sur un autre billet, avait aussi parlé de cette émission. Je vous conseille donc d’aller lire son compte-rendu, et les discussions en commentaires…

  • Ne mélangeons pas le droit et l'éthique

    La morale – le bien et le mal – est toujours une affaire à  la fois collective et individuelle.
    Quelle morale serait nécessaire si on vivait seul ? Quelle morale serait nécessaire si on n’était que des êtres sociaux, déterminés par notre « rôle » dans la société (le droit suffirait alors). Il me semble étonnant de voir à  quel point les êtres humains veulent toujours rendre floue la frontière entre l’individuel et le collectif sur cet aspect. C’est un jeu dangereux : cela revient à  négliger ou à  confondre deux choses très importantes.

    • Le droit qui est un ensemble évolutif de règles collectives, et qui suffit à  régler les comportements admis et non admis
    • L’éthique qui est un système de valeurs individuelles, en construction également

    Vouloir imposer ses valeurs personnelles à  la collectivité est une tendance que je trouve assez dictatoriale dans l’esprit, et vouloir imposer par la loi des règles éthiques à  chaque individu conduit à  légiférer sur tout et n’importe quoi, dans les moindres détails des actions humaines.
    Notons au passage que le droit ne se fabrique pas tout seul, et que le fait de le penser comme un outil de contrôle des actes des individus ressort clairement de la première attitude : c’est une forme d’extension des valeurs d’un groupe d’individu à  d’autres, par la contrainte.
    Ces deux attitudes se rejoignent assez bien dans un esprit commun de négation de l’individu, et c’est bien pour cela qu’il faut s’en garder. L’individu – chaque individu – est, et doit rester, la finalité de nos réflexions. Il faut noter d’ailleurs qu’en niant l’individu, on ne peut que faire perdre son sens au collectif, puisque celui-ci n’est qu’une somme d’interactions entre des individus distincts.
    Sans individus, pas de collectivité.