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  • L’élégance de Bitcoin

    L’élégance de Bitcoin

    Le livre de Ludovic Lars (@lugaxker), L’élégance de Bitcoin, sorti en 2023, est une véritable somme sur le Bitcoin : son histoire, J’utilise dans mes articles des liens vers Wikipedia : attention à la qualité des informations que vous y trouvez, surtout dans le champ politique. Wikipedia pullule, malheureusement pour ce beau projet, de gauchistes et de propagandistes de tous poils.ses principes – tant philosophiques, politiques que techniques – et ses enjeux y sont décrits de manière très complète, documentée et fouillée. Très agréable à lire, il est à coup sûr LE livre de référence en français.

    Bon conseil

    Lors de ma visite à la très chouette boutique Bitcoin Bazar (Paris 18ème), tenue par @bitcoinbazar21, j’ai pu discuter avec @bitcoinpointfr qui, dans la bibliothèque très fournie, m’a conseillé, pour rentrer dans des aspects plus techniques de lire le livre de Ludovic Lars. Et c’était un très bon conseil. Je me suis régalé, et j’ai beaucoup appris. Par moment, le livre rentre vraiment dans les aspects techniques, et j’ai du rendre les armes car je ne suis pas assez fort en informatique pour suivre. Mais ça n’est pas du tout le caractère principal du livre.

    Les racines du Bitcoin

    L’éclairage historique est absolument passionnant : tant sur la manière dont le Bitcoin est né, quand dans ses racines techniques ou philosophiques. C’est une histoire passionnante, vraiment, à découvrir. C’est presque un miracle que le Bitcoin ait pu être découvert, se mettre en place, résister, et finalement trouver sa place. Fruit étrange de la cryptographie, du cyberespace naissant, et des philosophies de liberté (Ecole autrichienne, agorisme, librisme, cypherpunk, extropianisme), son but et sa proposition de valeur étaient déjà très claire dans le fameux article / livre blanc de son créateur Satoshi Nakamoto :
    Une monnaie électronique purement pair-à-pair qui permet des paiements en ligne envoyés directement d’un acteur à au autre sans passer par une institution financière.A purely peer-to-peer version of electronic cash would allow online payments to be sent directly from one party to another without going through a financial institution.
    Si les débuts ont été un peu chaotiques, dans les premiers usages, entachés de vente de drogues et d’activités plus ou moins légales, et affaibli par un système pas complètement en place ni robuste, la suite a montré tout le génie de l’invention géniale (des inventions en fait) de Nakamoto : mêler cryptographie, et un registre public distribué (la blockchain) sur un réseau d’ordinateur qui valident les transactions, a fait de Bitcoin, en 2024, une formidable nouveauté monétaire, financière et qui peut revisiter et bousculer l’action d’un certain nombre d’Etats, en redonnant une liberté monétaire aux individus, contre l’appauvrissement organisé par les faux-monnayeurs, et contre le contrôle par la censure financière rendue bientôt possible par les monnaies digitales des banques centrales.

    Seigneuriage

    C’est un point commun à ceux qui s’intéressent au Bitcoin : ils ont « un peu » travaillé ce qu’est la monnaie (apprenez-en plus avec Saifedean Ammous @saifedean, Pascal Salin ou Philippe Herlin @philippeherlin). J’ai mis des guillemets à « un peu », car Ludovic Lars livre un chapitre magistral sur la monnaie, ses différents types et caractéristiques. J’y ai appris un terme que je n’avais lu encore nulle part, celui de seigneuriage (« Droit qu’un seigneur battant monnaie, puis le roi, prélevait sur la fabrication de cette monnaie. », TLFI). En d’autres termes, l’avantage financier dont profite celui qui émet la monnaie.
    Le seigneuriage est ainsi le fait de tirer profit d’une industrie particulière : la production de monnaie. Il est le résultat de quatre mesures légales fondamentales que sont la contrefaçon légalisée, le monopole sur la production, l’imposition du cours légal et la suspension des paiements. Comme dans le cas de l’impôt, ces actions sont largement acceptées dans la mesure où elles émanent de la puissance publique. (p. 85)
    L’Etat n’est pas le seul à bénéficier du seigneuriage, puisque l’Effet Cantillon (du nom de Cantillon) est un phénomène reconnu et observable : la non uniformité des effets sur les acteurs économiques de l’injection de nouvelle monnaie. Pour en savoir plus, je vous recommande l’excellente vidéo de @JonBlackFR à ce sujet : L’effet Cantillon, comment votre pouvoir d’achat vous est volé.

    Incontournable

    Vous l’aurez compris, ce livre est incontournable, et je le recommande chaudement à tous ceux qui veulent découvrir Bitcoin de manière approfondie. Je laisse le mot de la fin à l’auteur, avec un extrait du dernier chapitre :
    Bitcoin vit de la tension qui existe entre l’économie officielle, qui approuve le pouvoir sur la monnaie, et la contre-économie, qui s’y oppose. Du fait de cette tension, la culture cryptomonétaire est également constamment attaquée, notamment par les médias de masse, par les banquiers centraux et par les représentants de l’Etat. Il existe ainsi un nombre stupéfiant de détracteurs qui, travaillant pour l’adversaire, répètent à l’envi leur argumentaire de mauvaise foi. S’il est utile de se confronter à eux pour rétablir la vérité devant un public qui doute, il est vain de croire qu’ils disparaîtront ou perdront en visibilité. C’est pourquoi Bitcoin a besoin d’une tradition, d’une transmission culturelle d’individu à individu, qui permettrait d’expliquer ses principes de manière saine et organique au nouveau venu.
    En particulier, le message de Bitcoin devrait toujours être un appel à la pratique, conformément aux mouvement idéologiques qui l’ont précédé, à commencer par les cypherpunks. Chacun devrait se sentir poussé à écrire (et à lire) du code, à déployer des fermes de minage dans la mesure du possible, à participer à l’économie circulaire, à conserver du bitcoin et à éduquer les autres sur le sujet, quand bien même ce la n’apporterait pas un gain financier direct. Car c’est aussi de cette manière que Bitcoin prospère.
    Quoi qu’il en soit, Bitcoin ne peut pas être oublié. La découverte de Satoshi Nakamoto est là pour rester. Elle a déjà joué un rôle dans le combat pour la liberté humaine et devra probablement jouer un rôle encore plus grand à l’avenir. Son succès dépendra de l’action des personnes qui le soutiennent. La révolution ne sera pas centralisée.

  • Documentalité

    Documentalité

    Sous-titré « Pourquoi il est nécessaire de laisser des traces », le livre majeur de Maurizio Ferraris est incroyablement riche, structuré et indispensable. Je ne reviens pas à nouveau sur le sentiment un peu Mes articles utilisent parfois des liens wikipedia : faites attention à la qualité des informations que vous pouvez y trouver, notamment celles ayant des résonnances politiques.frustrant qu’il y a à lire sous la plume d’un autre, et en bien mieux, ce qu’on aurait aimé écrire : je l’ai déjà dit dans ma recension de son « Manifeste du nouveau réalisme« . Documentalité est un ouvrage d’une autre envergure : c’est une somme très ambitieuse qui vise à ranger les différents objets qui existent (« catalogue du monde » est le titre du premier chapitre), et qui dans sa description très complète du réel, fait un plongée en détail sur les « objets sociaux », leur mode d’existence, et leur lien avec le phénomène, pris dans son sens le plus large, d’inscription.

    Admirable forme

    L’écriture de Ferraris est d’une grande clarté, et d’une grande élégance. Au delà de son style, cela se traduit également dans la structure même de l’ouvrage : une introduction en donne une vue d’ensemble, de nombreux passages récapitulent pour le lecteur l’avancement dans le fil de l’exposition des différentes thèses, et un épilogue résume de manière impeccable les 11 thèses développées dans le livre. Cela montre une démarche pédagogique, qui en jonglant avec différents niveaux de détail, et en intégrant à son raisonnement des contre-arguments régulièrement, assume une très grande clarté (au sens de Larmore : « Une position philosophique est claire dans la mesure où l’on spécifie les conditions dans lesquelles on l’abandonnerait »).

    Quelques éléments

    Loin de moi l’idée d’envisager de résumer un tel livre. Je vous en partage simplement quelques points marquants dont je souhaite garder trace. Il est d’ores et déjà devenu une référence majeure pour la suite de mes réflexions sur le réel.

    Les différents objets composant le réel

    L’approche de Ferraris est de considérer que le monde est la totalité des individus, lesquels font partie de classes au titre d’exemplaires. Dans mon essai, j’avais posé la même approche avec une logique de classes également, et avec le terme instance pour parler des exemplaires. Ferraris distingue ensuite les sujets et les objets (les sujets ont des représentations et pas les objets), et divise les objets en trois grandes classes : les objets naturels, les objets idéaux et les objets sociaux. Voici les caractéristiques qu’ils leur attribue :

    • Objets naturels : se trouvent dans l’espace et dans le temps indépendamment des sujets
    • objets idéaux : se trouvent en dehors de l’espace et du temps indépendamment des sujets
    • objets sociaux : se trouvent dans l’espace et dans le temps de façon dépendante des sujets

    Bien sûr, « les sujets sont aussi des objets naturels (ils en sont une sous-catégorie), en tant qu’entités biologiques, et (s’ils s’insèrent dans une société), ce sont également des objets sociaux.
    Il insiste ensuite sur le fait que, si les objets sociaux dépendent des représentations et des croyances des sujets, ils ne sont pas pour autant purement subjectifs.

    Objet = acte inscrit

    Le coeur de l’ouvrage repose sur la règle générale posée par Ferraris, qui est que tous les objets sociaux sont des actes inscrits.
    En d’autres termes : les objets sociaux sont le résultat d’actes sociaux (qui impliquent au moins deux personnes) caractérisés par le fait d’être inscrits : sur le papier, sur un fichier d’ordinateur, voire simplement dans la tête des personnes.
    Ferraris construit sur cette base une véritable ontologie et une épistémologie des objets sociaux. Son approche qui met l’inscription au centre, donc l’enregistrement. Sa thèse le conduit à penser la société, non comme basée sur la communication, mais bien sur l’enregistrement.
    Tout cela est passionnant. Et je ne peux pas, évidemment, vous donner à voir la richesse des raisonnements et des idées qui y foisonnent. J’en retiens une dernière, qui est très proche de mon intuition et de ma compréhension du fonctionnement de l’esprit humain, né des inscriptions (et non l’inverse) :
    Il s’agit de reconnaître dans chaque oeuvre de l’esprit le résultat d’inscriptions internes et externes, en mettant à profit les acquis de l’ichnologie11. Ferraris appelle ichnologie la science de la trace et des inscriptions au sens très large du terme et de la documentalité. Cela vaut tant pour l’esprit subjectif (l’âme en tant que table) que pour l’esprit objectif (le monde des institutions et pour l’esprit absolu (art, religion, philosophie) : aucune production de l’esprit ne pourrait subsister sans la lettre, l’enregistrement et le document ; et, plus radicalement, l’esprit trouve sa condition de possibilité dans la lettre, dans les inscriptions qui nous constituent comme être sociaux.
    Allez, une petite dernière pour la route :

    Le monde est plein d’inscriptions : c’est tout, mais c’est vraiment beaucoup, car ces inscriptions constituent l’intégralité du monde de la société, de la culture et de l’esprit..

    Maurizio Ferraris (1956),
    philosophe italien.

  • Sommes nous toujours en démocratie ?

    Sommes nous toujours en démocratie ?

    A la lecture, dans l’excellent magazine L’incorrect, de l’interview croisée de Marcel Gauchet et Pierre Manent, j’ai eu un sentiment contrasté. Cet article pointe vers des liens Wikipedia : faites attention à la qualité des informations que vous pouvez y trouver, notamment celles ayant des résonnances politiques.Bien sûr, ces deux là sont intelligents, lucides, et très habiles pour exprimer leur pensées. Mais j’ai eu aussi le sentiment d’un décalage entre leurs propos, et la manière dont je perçois la réalité. Comme si une sorte de voile politiquement correct couvrait leur discussion, dont ressort à mes yeux une forme d’euphémisation de la situation, à force de la présenter de manière elliptique. J’ai donc eu envie, en rebond, de creuser la question du titre, car elle résonne avec les débats qui émaillent la campagne présidentielle aux US, où – je trouve – les débats sont d’un autre niveau, plus virulents, plus vrais (est-ce une conséquence du 1er amendement ?). Elon Musk explique clairement en interview la fragilité de la démocratie, et expose les mensonges éhontés des médias. JD Vance (interview extraordinaire), ou Vivek Ramaswami (celle-là aussi), sont d’une grande clarté, d’une grande précision, mais également d’une grande force dans leurs propos. Le monde politique français, en comparaison, parait bien terne, bien mou, et à vrai dire exaspérant de répétitions et de contorsions.

    La voix du peuple ?

    Chacun le sait, Démocratie signifie étymologiquement le « pouvoir du peuple », et notre constitution le redit autrement en précisant le principe de la République : « gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ». Répondre à la question « Sommes nous encore ou toujours en démocratie ? » consiste donc à se demander si notre organisation sociale, nos institutions, sont toujours réellement au service du peuple, des citoyens, et si ce que pensent majoritairement les citoyens est représenté dans ces institutions, si leur voix porte et influe sur les évolutions politiques. Mon avis, que je vais argumenter ci-dessous, est que nous ne sommes plus vraiment en démocratie : les apparences sont là, une partie des institutions est encore là, le jeu se joue, à la manière d’une pièce de théâtre, mais cela a tout de ce qu’on peut observer dans l’excellent film The Truman Show. Sous les apparences, la réalité est que le démocratie est devenu un mot un peu creux, porteur d’idéaux pour tous, mais incarné réellement nulle part.

    Etat et gouvernement

    Dans un remarquable essai (disponible gratuitement en ligne), Milton Friedman avait expliqué en 1993 pourquoi c’était le Gouvernement et l’Etat bureaucrate les source du problème. En prenant des exemples concrets dans tous les secteurs d’activité, il démontrait qu’à peu près tout ce que prenait en main le gouvernement était désastreux. Trop de dépenses, bureaucratisation, inefficacité endémique, perte du sens de l’intérêt général. Vous pouvez prendre n’importe quel champ d’action du gouvernement et de l’Etat, leur action est catastrophique et ne sert les intérêts que de la caste au pouvoir. Les « serviteurs de l’Etat » sont bien nommés : ils ne servent plus l’intérêt du peuple, mais bien celui de la bureaucratie, toujours plus occupée de tout, de tout règlementer, de taxer. Pour le dire plus crûment, et justement avec moins de pincettes que Gauchet et Manent : une clique de parasites se gave sur le dos du pays, en faisant mine de se préoccuper du sort du peuple. Friedman expliquait que les actions du gouvernement devraient être limitées à 4 sujets : défense nationale (protection contre les pays ennemis), sécurité intérieure (protection des citoyens contre les atteintes des autres citoyens), législation (définir les règles avec lesquelles on s’organise), judiciaire (arbitrer les disputes autour du respect des ces règles). Le reste n’a rien à faire dans les mains de l’Etat. Je suis d’accord avec cela. Et voilà ce que l’on peut dire de manière très factuelle, sur ces 4 points.

    • Les gouvernements ont systématiquement diminués l’argent injecté dans l’armée. Il reste un corps probablement encore très digne de sa fonction, mais complètement dénué de moyens, et l’on a en plus consciencieusement laissé partir des savoir-faire de défense à l’étranger
    • la sécurité intérieure est totalement en berne. Sous l’effet d’une immigration incontrôlée, de civilisations différentes, toutes les conditions de la guerre civile continuent d’être mises en place. Taper sur les gilets jaunes, ça oui, mais expulser les étranger en situation irrégulière, les criminels, ça non.
    • Le fonctionnement du système législatif est une catastrophe : les réglementations s’empilent, dans tous les secteurs et rendent quasiment impossible le fonctionnement normal de la société. Comme par ailleurs, des lois fondamentales ne sont pas appliquées, on marche sur la tête. Mesurer la taille de la barrière qu’un particulier a installé chez lui, ça oui, mais punir de prison les multiples délits et méfaits des racailles, ça non.
    • Que dire de la justice ? Politisée, remplie d’idéologues, n’appliquant plus la Loi, tant de multiples aménagements sont prévus à tous les niveaux, on a l’impression d’une mascarade glaçante et inquiétante.

    Ajoutons deux points à cela, tout d’abord, nous avons placé une part de notre souveraineté dans les mains de l’UE, c’est-à-dire que nous l’avons en partie perdue. La souveraineté ne se partage pas. Ensuite, l’Etat s’occupe maintenant de tellement d’autres sujets qu’il fait tout mal, intervient partout, souvent pour des raisons totalement injustifiées. Les « bidules », les ministères ridicules se multiplient, et personne n’y trouve rien à redire.

    Donnez moi tort

    Je ne demande rien de plus qu’à revoir mon jugement, et à me laisser convaincre que si, nous sommes encore en démocratie. Mais le referendum de Maastrich, suivi du traité de Lisbonne pour refaire passer en force ce que le peuple avait rejeté, ou les récentes élections législatives, où nous avons du accepter de nous faire, une nouvelle fois, expliquer que plus de 10 millions de français ne pouvait pas participer à la « démocratie » montrent bien, en plus de tout le reste, à quel point le bateau est pourrie de part en part. Il faut revenir aux fonctions régaliennes listées ci-dessus, virer des fonctionnaires, arrêter de distribuer de l’argent au monde entier, mettre fin à toutes les fraudes et à tous les crimes, privatiser des pans entier de l’action de l’Etat, stopper brutalement l’immigration et reposer ensuite le sujet de l’assimilation et de la remigration, reposer une doctrine législative et judiciaire saine, non politisée, faire appliquer la Loi de manière intraitable, supprimer la plupart des règlementations débiles qui bloquent la liberté d’agir, d’entreprendre et de faire prospérer le pays, couper toutes les formes de subventions aux médias et aux associations (tous), refaire de la liberté d’expression un principe fort, faire cesser la gabegie généralisée, dénoncer le socialisme pour ce qu’il est (du vol auquel on donne le nom de justice social), assumer notre histoire et notre culture. Une fois ce programme enclenché et mis en œuvre nous pourrons peut-être nous dire que nous redevenons une démocratie. En attendant cela, il parait très clair que nous sommes dans une forme d’oligarchie de fait.
    La réponse à la question du titre est donc clairement non. J’attends des contre-arguments, je serai heureux de les lire, et de les faire miens. Voilà ce que j’aurais voulu lire dans l’interview, au lieu d’une ridicule défense de principe de l’Arcom par Gauchet, ou la mention par Manent que nos « élites » sont « compétentes », mais déconnectées. Non, ils ne sont pas compétents, et s’ils le sont, ce sont alors d’horribles menteurs et de vils traitres, et ils ne sont pas déconnectés : ils nous volent et tuent le pays à petit feu depuis trop longtemps. Il est temps de se dire les choses.

  • Bitcoin n’est pas qu’une monnaie

    Bitcoin n’est pas qu’une monnaie

    Vous le savez, depuis quelques temps déjà, j’étudie un peu le Bitcoin. Je trouve que c’est une invention formidable, et plus je creuse le sujet, plus je découvre que c’est une véritable révolution, à mon avis aussi importante qu’internet. Pour des raisons politiques, bien sûr, car l’apparition d’une monnaie, au sens propre du terme, décentralisée, avec une masse fixe, accessible à tous, va profondément transformer la manière dont les politiciens maltraitent la population en faisant n’importe quoi avec les monnaies d’état (ou monnaies Fiat). La concurrence apportée par Bitcoin est salutaire, à commencer par le fait que nous pouvons désormais mettre de côté de l’argent avec la garantie qu’il ne sera pas dévalué.

    Système complet…avec un comportement régulier

    Un autre aspect, que je découvre, est que le Bitcoin n’est pas réellement qu’une monnaie au sens habituel du terme, ou en tout cas pas un bien comme tous les autres : en effet, la manière dont il a été conçu, dont il s’est construit dans le temps, fait que c’est à la fois un programme (un code, et des règles), mais aussi un réseaux décentralisé de nœuds distribués sur la planète, et bien sûr un marché. On a tendance à penser que qui dit « marché », dit « offre et demande » uniquement. Pour plein de raisons, visiblement, le Bitcoin ne se comporte pas uniquement selon la loi de l’offre et de la demande. Foin de discussions philosophiques et techniques que je ne suis pas en mesure de conduire, il y a quelque chose de simple, par contre, c’est que nous avons maintenant sur Bitcoin des données accumulées depuis 15 ans. Je suis et m’appuie ici sur les travaux d’un physicien italien (Giovanni Santostasi), qui avec son fils, a monté une communauté très active pour analyser et comprendre le bitcoin. Ces données sont pour le moment sans appel : l’évolution du Bitcoin, depuis 15 ans, est régulière. Très volatil par nature (puisque pure monnaie digitale sur des marchés avec des capitaux énormes), le bitcoin n’en a pas moins connu une évolution qui suit d’assez près une loi de puissance, signe d’une remarquable invariance d’échelle. C’est ce que la figure ci-dessous montre.

    C’est un graphe particulier : l’échelle des ordonnées (le prix du bitcoin) est logarithmique. Ce qui veut dire que l’échelle n’est pas linéaire : on y trouve les puissances de 10 (10, 100, 1000, etc…). On voit que malgré les fluctuations (importantes), le prix du bitcoin suit une progression très bien décrite par la courbe verte (la fameuse loi de Puissance de Santostasi, qui incorpore également une modélisation des « bulles » qui se produisent tous les 4 ans, en lien avec le halving qui rythme l’évolution de bitcoin). C’est encore plus net si l’on trace avec des valeurs moyennées le prix du bitcoin et la loi de puissance. Sur la courbe ci-dessous c’est représenté en spirale (où l’angle représente le temps qui passe).

    Conséquences

    Cet état de fait (6 ordres de grandeur sur 15 ans qui sont bien modélisés par une loi simple P=C*xm) a plusieurs conséquences importantes :

    • sur le long court, le prix du bitcoin est plutôt bien connu dans son ordre de grandeur. C’est un placement long terme très peu risqué
    • Sur le court terme, la volatilité et les variations du fait de l’offre et de la demande ou d’autres évènements, le prix est impossible à connaître précisément
    • Les modélisations de Santostasi montre que les bulles inflationnistes sont assez régulièrement espacées dans le temps, avec une amplitude qui va en diminuant. Le bitcoin régularise sa trajectoire autour de l’équilibre décrit par la loi de puissance

    Le Bitcoin est donc très solide, c’est un bien / réserve de valeur beaucoup plus fiable que tout ce qu’on connaît, c’est un excellent placement à long terme, et il doit même être possible de s’amuser, si l’on aime le risque à vendre le bitcoin en haut des bulles, et à en racheter ensuite quand il retombe sur sa ligne de base.

  • L’orbe

    L’orbe

    Marc Obregon travaille au magazine l’Incorrect, à qui je pique cette photo. Je termine en ce moment son superbe premier roman « L’orbe ». Dans un univers qui pourrait être dystopique, s’il ne ressemblait pas autant au nôtre, son personnage Tristan vit des aventures rocambolesques et romantiques, dans une ambiance digne de Dantec ou de Dick. L’Orbe, c’est la mega-entreprise de tech qui arraisonne peu à peu l’entièreté de la réalité. Dans une ambiance de pandémie et de confinements, on suit l’histoire d’amour de Tristan pour Violette, émaillée de quêtes spirituelles, d’un club des super-héros aux pouvoirs créés par le virus, en passant par des drones de surveillance dotés d’IA et les envolées oniriques chatoyantes et hallucinatoires, durcies à la flamme de la vérité.

    Du style !

    L’écriture d’Obregon est magnifique : son style nous attrape dès le début dans un rythme dense, précis et riche en vocables de plusieurs horizons imaginaires différents, dessinant une ambiance baroque au possible. Urbain, technique, écrit au futur proche, j’ai tout de suite adoré cette narration. Les personnages sont très justes, touchants. Si l’auteur n’aime que modérément le monde dans lequel nous vivons, et dans lequel, à peine surligné, il plonge ses personnages, on sent par contre une vraie tendresse pour les humains sous sa plume. Tous plus ou moins décalés, originaux, ils ne sont jamais tournés en dérision, ou alors sous forme d’amicale moquerie. Ce que nous donne à voir Obregon dans son livre, ce sont des personnages qui, malgré la marche chaotique du monde, continuent – que pourraient-ils faire d’autres ? – à être des humains, épris de sens, d’amour, de vérité.
    Je ne saurais assez recommander ce roman, et je suis très heureux d’avoir découvert cet auteur. Je vais me précipiter sur ses autres bouquins. Vous pouvez également lire la recension de l’Orbe sur Causeur, par Jonathan Sturel, s’il vous faut quelques arguments de plus.

  • Frederik Peeters

    Frederik Peeters

    Après le premier article dédié à Moebius, je continue la série BD avec un auteur fantastique : Frederik Peeters. J’ai découvert cet auteur avec la série « Lupus », sorte d’épopée existentielle galactique, dessinée dans un superbe noir et blanc, très original, avec des personnages très bien plantés, et une inspiration SF, et des plans cadrés sur des détails, ou avec des points de vue particuliers, qui donnent tout de suite un style particulier à la narration, entre aventure et poésie.

    J’ai ensuite découvert « Aama » (même veine), « Koma », très belle série dans un monde imaginaire étrange, et puis le fantastique « L’homme gribouillé ». J’ai depuis peu aussi fait l’acquisition de la série « Saint Elme », qui est un peu dans la même veine que L’homme gribouillé, en plus trash. Je ne peux que vous inviter à découvrir cet auteur incontournable. A mon avis, il faut commencer par « L’homme gribouillé », puis enchaîner avec « Lupus ». Ce n’est que mon avis, de toute façon pour ma part, je suis fan de son coup de crayon et de ses cadrages, donc peu importe l’œuvre en fait.

    Pour vous mettre l’eau à la bouche, une image de l’univers d’Aama. Le singe est une sorte de robot super-combattant vraiment terrible.