Les idĂ©es reçues ont la vie dure…Les nitrates contenus dans l’eau ne sont absolument pas dangereux pour l’homme. Pas plus que le sel de table, pas plus que la salade. Pourtant, la norme europĂ©enne (qui suit les recommandations de l’OMS) fixe toujours une limite de 50mg de nitrates par litre d’eau pour que celle-ci puisse ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme potable. Principe de prĂ©caution, quand tu nous tiens !
(suiteâŠ)
CatĂ©gorie : đ Sciences
-

Nitrates et intoxication
-

Portables et santé : pas de risques significatifs
Vous vous rappelez de nos discussions de l’autre jour Ă propos des dangers pour la santĂ© des tĂ©lĂ©phones portables ? L’AcadĂ©mie nationale de mĂ©decine a publiĂ© le 17 juin dernier un communiquĂ© pour rĂ©agir Ă l’appel Ă la prĂ©caution des cancĂ©rologues. Son contenu : pas de risques significatifs connus, et affirmation que « la mĂ©decine nâest ni de la publicitĂ© ni du marketing, et quâil ne peut y avoir de mĂ©decine moderne que fondĂ©e sur les faits. InquiĂ©ter lâopinion dans un tel contexte relĂšve de la dĂ©magogie mais en aucun cas dâune dĂ©marche scientifique. ». Pan.
Etude Interphone : résultats rassurants
L’acadĂ©mie nationale de mĂ©decine commence par rappeler dans son communiquĂ© les rĂ©sultats partiels de l’Ă©tude Interphone (conduite dans 13 pays, et qui aura une puissance statistique importante puisquâelle repose sur 6.600 cas de tumeurs (2.700 gliomes, 2.400 mĂ©ningiomes, 1.100 neurinomes de lâacoustique et 400 tumeurs de la parotide). Ils sont sans Ă©quivoques :
LâĂ©tude Interphone France nâa pas montrĂ© dâexcĂšs de risque statistiquement significatif et ses auteurs ne font que suggĂ©rer la possibilitĂ© dâun risque pour des utilisations de 10 ans ou plus.
Ces rĂ©sultats doivent ĂȘtre consolidĂ©s par le regroupement de toutes les Ă©tudes partielles, mais Interphone nâĂ©chappe pas Ă de sĂ©rieuses rĂ©serves mĂ©thodologiques : les expositions des cas et des tĂ©moins ont Ă©tĂ© estimĂ©es Ă partir dâinterrogatoires sources dâincertitudes (non prises en compte dans les analyses statistiques) et de biais possibles dâanamnĂšse ** Par exemple, dans EpidĂ©miologie, de Pierre Czernichow, Jacques Chaperon, Xavier Le Coutour, p. 264 : « Un biais de mesure frĂ©quent est la recherche souvent plus attentive des faits passĂ©s chez les cas, dont la maladie les conduits Ă rechercher une cause possible : c’est le biais d’anamnĂšse (biais de mĂ©moire, ou de « rumination »). » (pratiquement impossibles Ă corriger) ; les multiples tests statistiques devraient se fonder sur des techniques statistiques adĂ©quates (pour ne pas augmenter le risque de rĂ©sultat positif par simple hasard), ce qui nâest pas le cas.Et le communiquĂ© revient ensuite sur l’article de Servan-Schreiber et des cancĂ©rologues, avant de donner ses propres recommandations.
Position de l’acadĂ©mie nationale de mĂ©decine
LâAcadĂ©mie de mĂ©decine rappelle :- que la mĂ©decine nâest ni de la publicitĂ© ni du marketing, et quâil ne peut y avoir de mĂ©decine moderne que fondĂ©e sur les faits. InquiĂ©ter lâopinion dans un tel contexte relĂšve de la dĂ©magogie mais en aucun cas dâune dĂ©marche scientifique. On ne peut pas raisonnablement affirmer quâ »un risque existe qu’il favorise l’apparition de cancers en cas d’exposition Ă long terme » et, en mĂȘme temps, quâ »il n’y a pas de preuve formelle de la nocivitĂ© du portable » ;
- que le principe de précaution ne saurait se transformer en machine alarmiste, surtout quand plusieurs milliards de portables sont utilisés dans le monde sans conséquences sanitaires apparentes depuis 15 ans.
LâAcadĂ©mie de mĂ©decine recommande :
- d’Ă©valuer sĂ©rieusement les risques rĂ©guliĂšrement Ă©voquĂ©s, en privilĂ©giant dans chaque cas une grande Ă©tude inattaquable sur sa mĂ©thodologie (ce qui n’est le cas ni d’Interphone ni du grand nombre d’Ă©tudes sur le mĂȘme sujet qui l’ont prĂ©cĂ©dĂ©e), plutĂŽt que de nombreuses Ă©tudes de moindre envergure dotĂ©es de moyens et dâune puissance statistique insuffisants ;
- de privilégier les études de cohorte ** Etudes de cohorte :
sĂ©lection des sujets rĂ©alisĂ©e en fonction de l’exposition et non pas de l’issue. Il s’agit d’Ă©tudes d’observation, le plus souvent prospectives, dans laquelle un groupe de sujets exposĂ©s (Ă des facteurs de risque d’une maladie ou Ă un traitement particulier) est suivi pendant une pĂ©riode dĂ©terminĂ©e et comparĂ© Ă un groupe contrĂŽle non exposĂ©. qui permettent une estimation beaucoup plus fiable des expositions et Ă©vitent les biais dâanamnĂšse entre les cas et les tĂ©moins ; - de mettre systĂ©matiquement Ă la disposition de la communautĂ© scientifique les donnĂ©es de base des Ă©tudes Ă©pidĂ©miologiques, aprĂšs un dĂ©lai raisonnable pour ne pas priver ses auteurs de la prioritĂ© de leurs publications, afin de pouvoir faire lâanalyse pertinente de leur fiabilitĂ©.
Que rajouter Ă tout cela ? ça m’a fait chaud au coeur de voir que l’esprit scientifique, d’analyse et de scepticisme, n’est pas mort.
-
Un peu de science ?
Comme souvent, j’ai envie d’avoir votre avis, chers lecteurs, avant de changer certaines choses sur ce blog. En l’occurence, je me suis fait la rĂ©flexion suivante, aprĂšs avoir postĂ© mon dernier billet (sur les dangers illusoires des tĂ©lĂ©phones portables). J’ai fait des Ă©tudes de physique. Je n’en tire aucune fiertĂ©, mais ça veut dire que je peux mettre dans mon article (comme hier), des mots comme « énergie », « ondes », « Watt », qui ont tous un sens bien clair pour moi, sans forcĂ©ment y faire attention. Ce qui n’est pas forcĂ©ment le cas des lecteurs de ce blog. Je me suis dit qu’un bon moyen d’apporter de la valeur ajoutĂ©e Ă Â ce blog serait de faire de temps en temps des petits articles de vulgarisation scientifique. Est-ce que ça vous tente ? Puisque j’ai eu la chance de faire des Ă©tudes de physique, autant en faire profiter les autres, non ? Le petit sondage et les commentaires ci-dessous devraient vous permettre de me le dire…
[poll=4] -

De la bouillie de cerveaux !
Faire du pop-corn avec des tĂ©lĂ©phones portables, c’est possible ? Bien sĂ»r que non. Un rapide tour des connaissances sur les effets des ondes des portables sur la santĂ© montrent qu’ils sont sans effets connus. Ni sur les grains de maĂŻs, ni sur nous. Pourtant des scientifiques de renom s’associent pour recommander de prendre des prĂ©cautions. Recommandations bienveillantes, ou opĂ©ration de communication intĂ©ressĂ©e ? Je penche pour la deuxiĂšme explication. La peur est un levier puissant.
(suiteâŠ) -

Kit de détection d'idioties #2
AprĂšs le premier volet du Kit de dĂ©tection d’idioties, qui prĂ©sentait les mĂ©thodes « scientifiques » pour raisonner de maniĂšre rigoureuse, voici le deuxiĂšme volet qui prĂ©sent les sophismes et paralogismes les plus courants. TrĂšs intĂ©ressant, et indispensable pour savoir argumenter proprement. Que ce soit pour dĂ©tecter les trolls, ou pour passer ses propres arguments au crible d’un outil d’esprit critiqueâŠ
(suiteâŠ) -

Kit de détection d'idioties #1
Carl Sagan, scientifique connu pour son scepticisme a dĂ©crit dans un ouvrage cĂ©lĂšbre la dĂ©marche scientifique et les outils de la pensĂ©e critique. Il a rĂ©sumĂ© cela de maniĂšre trĂšs simple et concise dans son fameux « Kit de dĂ©tection d’idioties ». Il s’agit d’une liste d’outils permettant de vĂ©rifier la soliditĂ© d’hypothĂšses, et d’Ă©viter les erreurs de logiques ou de rhĂ©toriques les plus courantes. Dans ce premier volet, je vous prĂ©sente les outils pour bien construire et tester un raisonnement.
(suiteâŠ)