Catégorie : 🧑🏻‍🤝‍🧑🏻 Société

  • PropriĂ©tĂ© privĂ©e

    Propriété privée

    Dans une discussion familiale qui s’est dĂ©roulĂ©e sur Signal, un point de dĂ©saccord a Ă©mergĂ© sur la notion de « propriĂ©tĂ© privĂ©e » et sur le fait, disais-je, que les français, manipulĂ©s par des dĂ©cennies de socialisme, ne respectent plus la propriĂ©tĂ© privĂ©e. Il m’a Ă©tĂ© rĂ©pondu, et j’ai trouvĂ© l’argument valide sur le moment, sans pour autant changer d’avis : « les français respectent la propriĂ©tĂ© privĂ©e : ils sont 60% Ă  ĂŞtre propriĂ©taires de biens immobiliers et bien d’autres y aspirent ». Cette phrase est vraie, d’un bout Ă  l’autre. Mais ce n’est pas un bon argument. J’essaye d’expliquer pourquoi ici.

    Etat de fait versus Principe

    En effet, on peut tout Ă  fait dĂ©sirer ou convoiter un bien (ou un Ă©tat de fait) sans pour autant respecter la propriĂ©tĂ© privĂ©e. Respecter la propriĂ©tĂ© privĂ©e, c’est respecter une « règle de juste conduite abstraite ». C’est un principe moral. Respecter la propriĂ©tĂ© privĂ©e, c’est considĂ©rer que tout ĂŞtre humain est propriĂ©taire (et responsable) de sa vie, du fruit de son travail et de ce qu’il acquiert par des Ă©changes libres. On peut donc tout Ă  fait dĂ©sirer ĂŞtre propriĂ©taire, et considĂ©rer qu’il est lĂ©gitime de voler le bien Ă  quelqu’un d’autre (un riche, un salaud de capitaliste, etc.). Que les français, et les gens en gĂ©nĂ©ral, gardent un bon sens et une comprĂ©hension concrète de leur propre intĂ©rĂŞt, c’est fort heureux (il vaut mieux ĂŞtre propriĂ©taire si on peut) ; mais cela ne valide en aucune manière leur respect de la propriĂ©tĂ© privĂ©e. Ce sera juste un bon moyen, s’ils deviennent propriĂ©taires, d’avoir des gens en plus qui dĂ©fendront ce principe (par intĂ©rĂŞt personnel).

    Je crois, et j’ai peut-ĂŞtre tort, qu’une grande partie de la population trouve lĂ©gitime de « voler » des biens Ă  certains pour les donner Ă  d’autres. La notion mĂŞme de « justice sociale », si bien dĂ©montĂ©e par Hayek, sert très exactement Ă  cela. Justifier des transferts forcĂ©s. Rappelons-le : la très grande majoritĂ© de l’argent pompĂ© aux français ne sert pas Ă  financer les fonctions rĂ©galiennes de l’Etat, mais de la redistribution forcĂ©e (part du rĂ©galien dans le budget de l’Etat autour de 20%). J’entends dĂ©jĂ  les rĂ©criminations : « et la solidaritĂ©! ». Mais quel est donc le sens d’une solidaritĂ© forcĂ©e ? La solidaritĂ© implique la comprĂ©hension mutuelle d’intĂ©rĂŞts partagĂ©s, d’une unitĂ© de destin, qui incite Ă  collaborer et Ă  s’entraider, de manière rĂ©ciproque. Je ne vois pas en quoi elle justifie le vol. J’y reviendrai plus bas.

    Morale

    Je reconnais que cette approche basĂ©e sur le respect de principe d’une règle de juste conduite applicable Ă  tous de la mĂŞme manière est très « dĂ©ontologique ». Larmore a montrĂ© que la morale est hĂ©tĂ©rogène : Ă  cĂ´tĂ© de ce principe dĂ©ontologique, on trouve le principe consĂ©quentialiste et le principe de partialitĂ©.

    J’appelerais ces trois principes : principe de partialité, principe conséquentialiste et principe déontologique. Ils se situent tous trois à un niveau élevé de généralité. Le principe de partialité sous-tend les obligations « particularistes » qui ne s’imposent à nous qu’en vertu d’un certain désir ou intérêt que nous nous trouvons avoir. (…) Le principe de partialité exprime donc une priorité du bien sur le juste. (…) Les deux autres principes pratiques – les principes conséquentialiste et déontologique – sont universalistes et représentent des obligations catégoriques. Le principe conséquentialiste exige que l’on fasse ce qui produira globalement le plus grand bien (la plus grande somme algébrique de bien et de mal), eu égard à tous ceux qui sont affectés par notre action. (…) Le principe déontologique exige que l’on ne fasse jamais certaines choses (ne pas respecter une promesse, dire des mensonges, tuer un innocent) à autrui, même s’il doit en résulter globalement un moindre bien ou un plus grand mal. (…) Contrairement au principe de partialité, ces deux principes impliquent des devoirs qui sont catégoriques et s’imposent à l’agent, quels que puissent être ses désirs ou ses intérêts. Ils expriment, par conséquent, une priorité du juste sur le bien. Il me semble que toute personne réfléchie reconnaît, dans une certaine mesure, les exigences de ces trois principes.

    Je suis peut-ĂŞtre trop fixĂ© dans une approche dĂ©ontologique. Mais si je pars sur une approche consĂ©quentialiste, alors les partisans de la « justice sociale », et de la rĂ©partition (ce que j’appelle le vol lĂ©gal, ou la spoliation) doivent reconnaĂ®tre que le mode de fonctionnement actuel, ne respectant pas – Ă  plein d’Ă©gards – la propriĂ©tĂ© privĂ©e n’atteint en aucune manière des consĂ©quences souhaitables. PaupĂ©risation, baisse gĂ©nĂ©rale du niveau de service, effondrement de l’Ă©cole, on pourrait continuer la liste. Tout cela pour un seul indicateur qui va dans leur sens (la baisse des inĂ©galitĂ©s). Ils n’ont donc raison ni sur l’aspect dĂ©ontologique, ni sur l’aspect consĂ©quentialiste. Ils prĂ©fèrent que les gens soit pauvres mais Ă©gaux, plutĂ´t que riches et inĂ©gaux. Et l’on a bien du mal, Ă  retrouver lĂ -dedans, une notion de solidaritĂ©. Un tel dĂ©litement de la sociĂ©tĂ©, un tel effondrement moral, ne saurait ĂŞtre un bon exemple de solidaritĂ© bien pensĂ©e. Par ailleurs, cette relative « égalité » des gens dans la pauvretĂ© (mesurĂ©e par des indicateurs utilisĂ©s politiquement et Ă  l’envers) cache bien mal la rĂ©alitĂ© concrète.

    Partialité

    Mais c’est lĂ  oĂą l’on retrouve le troisième principe moral : le principe de partialitĂ©. Car, bien sĂ»r, tout le monde n’est pas pauvre dans ce système. Certains, dont les dirigeants, ceux qui sont proches du pouvoir, ou ceux qui ont la chance d’avoir dĂ©jĂ  des moyens, ne souffrent pas autant que le reste de la population. Certains bien sĂ»r, ne sont pas des profiteurs immoraux, et essayent de faire bouger les lignes. Mais tout de mĂŞme, le système en est venu Ă  ĂŞtre clĂ´t sur lui-mĂŞme. C’est ce qui se passe Ă  mon avis : une petite « caste » tire les marrons du feu, pour soi et pour ses proches, en faisant du chantage moral au reste de la population au nom de l’Ă©galitĂ© et de la justice sociale. Ou de l’anti-racisme, ou de tout ce qui peut permettre de « menacer » d’exclusion sociale les opposants. Ils ont pillĂ© les ressources du pays, pris des mauvaises dĂ©cisions – au vu de l’intĂ©rĂŞt gĂ©nĂ©ral – sur presque tous les sujets, pillĂ© les ressources des gĂ©nĂ©rations futures, pillĂ© l’Ă©pargne des français. Il est probable, et c’Ă©tait l’avis que j’exprimais au dĂ©but de ce billet, qu’une bonne partie des français les dĂ©teste au moins autant par jalousie que par rĂ©probation morale. Beaucoup se rĂŞveraient dans la mĂŞme situation, sans pour autant vouloir respecter des règles abstraites de juste conduite, et le droit de propriĂ©tĂ©.

    Je ne demande qu’Ă  avoir tort, et ça serait une grande source d’espoir que de savoir que les français, dans leur majoritĂ©, considère qu’il est injuste de voler quelqu’un, mĂŞme riche.

  • Les gueux

    Les gueux

    Je suis de près le formidable mouvement des gueux, initiĂ© par Alexandre Jardin, mais, comme il l’explique, dont il n’a Ă©tĂ© qu’un catalyseur. J’ai commandĂ© pour soutenir le mouvement le petit livre manifeste (premier chapitre en ligne si vous voulez dĂ©couvrir). C’est un formidable coup de gueule contre les Ă©lites dĂ©connectĂ©es, mĂ©prisantes, enfermĂ©es dans des dĂ©lires de communicants politiquement correct, dans le dogme climatique, et surtout dans la volontĂ© de se tenir bien loin du peuple des gueux.
    Si vous n’avez rien suivi Ă  ce mouvement, sachez qu’il est parti de l’opposition Ă  une (nouvelle) règlementation complètement idiote et liberticide (loi ZFE) qui, sous couvert d’Ă©cologie (mon Ĺ“il), empĂŞchait tout bonnement des millions de citoyens de venir en ville, ou de vendre leur vĂ©hicule d’occasion. Ces citoyens – les Gueux! – que la règlementation excluaient d’une vie normale ne l’ont pas entendu de cette oreille. Ils ont manifestĂ© pour dire leur colère, avec le soutien des Maires.
    Après une première victoire (suspension de la loi ZFE), ils s’opposent maintenant Ă  de nouvelles règlementations totalitaires dans le mĂŞme dĂ©lire escrologiste (PPE3, qui va faire doubler la facture d’Ă©lectricitĂ© des français), et poussent pour que la dĂ©mocratie directe devienne la règle et non l’exception.
    Pour qui était avec les Gilets Jaunes, et avec les @NicolasQuiPaie, ce mouvement est une formidable occasion de taper du poing sur la table de faire passer quelques messages à nos « élites » devenues folles. Rendez-vous le 10 septembre pour un mouvement national !

  • Le règne du mensonge

    Le règne du mensonge

    On a beau tourner la tête, à droite, à gauche, en haut, en bas, c’est partout le règne du mensonge. Sur quelque sujet que ce soit, l’approche consistant simplement à vouloir commencer par les faits, la réalité, puis à élaborer, se heurte à toute une litanie de prêchi-prêcha à peine construits, à peine crédibles, et il faut toute la force de frappe d’une répétition médiatique continue, d’un matraquage de haute intensité pour l’imposer aux gens. Cette idéologisation permanente maintient la population dans un état d’enfance, en l’empêchant d’aller se confronter au réel.
    J’ai le sentiment parfois que certains de mes congĂ©nères ne pensent plus, ou n’osent plus le faire, et mĂŞme dans le pire des cas pĂ©rorent, assènent, bouffis de fausses certitudes visant simplement Ă  se regarder dans un miroir agrĂ©able Ă  leurs yeux. Les plus fieffĂ©s utilisent ces narrations politiques pour se faire une place de choix, implacablement. Cyniquement. Immoralement. Le travail et la droiture morale devraient seuls permettre de s’honorer de quoi que ce soit. Le mensonge est aussi, je crois, le signe de notre Ă©poque oĂą chacun veut aller vite. La vĂ©ritĂ© n’est pas toujours donnĂ©e, il faut travailler acquĂ©rir des connaissances. La vĂ©ritĂ© transcende, lĂ  oĂą le mensonge avili.

    Les plus honnêtes d’entre nous, bien sûr, heureusement, et dont j’ai la prétention de faire partie, continuent à penser, mais en se taisant souvent, en baissant parfois la tête, toujours en serrant les dents. Pour qui aime la vérité, et sa quête, l’époque est difficile. Cela mine en partie la qualité des relations sociales : être obligés de mentir par omission aux gens que l’on apprécie humainement est un crève-cœur.

    On est obligĂ© de regarder notre beau pays s’abimer, sans mĂŞme, au moins, pouvoir le dire. Heureusement, il existe des proches, des amis, avec qui l’on peut continuer Ă  au moins ne pas se mentir. Il faut, et je crois que c’est le premier combat, retrouver le goĂ»t de la vĂ©ritĂ©, chasser le mensonge, dĂ©battre. La libre expression, respectueuse et contradictoire, est l’urgence. Il faut abolir les lois de censures qui font baisser le niveau du dĂ©bat, et forcent les intelligences amoindries Ă  rĂ©pĂ©ter ou Ă  ne pas contredire – pour simplement pouvoir rester dans la zone de respectabilitĂ© – les contes Ă  dormir debout de ceux qui ont le pouvoir. Il faut couper toutes les subventions Ă  ceux qui, avec notre argent, Ĺ“uvrent Ă  restreindre la libertĂ© de penser.

    Je crois qu’il va falloir que tous les citoyens osent sortir de la zone de confort, et peu Ă  peu, en partant du cercle amical et familial, Ă©largissent les cercles de libre parole. Avec les collègues proches, avec son boulanger ou avec le serveur, avec ses voisins. Sur les rĂ©seaux. Le salut ne viendra pas d’en haut : les pires sont ceux que l’on voit faire leur cirque mĂ©diatique et politique pour rĂ©cupĂ©rer des postes, tout en nous vomissant dessus, car presque jamais ils ne parlent directement de ce qui est important, en des termes simples, avec le goĂ»t de l’intĂ©rĂŞt du peuple. Le mensonge, parfois, n’est pas que de la rouerie, mais bien de la perversitĂ©.

    Petit test : prenez un sujet, n’importe lequel. Réfléchissez quelques minutes à ce qu’est la situation réelle. Puis comparez avec ce qu’il est autorisé d’en dire socialement, et avec ce que les politiciens et les journalistes racontent. Je ne sais pas le sujet que vous avez choisi, mais je suis presque sûr de pouvoir affirmer la chose suivante : ce qu’il est convenu d’en dire dans un cadre social normal est un affreux ramassis de mensonges, de soumission au wokisme et à des idées délirantes d’extrême-gauche, de relativisme moral, d’approximations visant à cacher la réalité. C’est une sorte de dogme assez rigide, pouvant conduire au tribunal les plus rebelles du verbe, mais bâti sur du sable intellectuel et moral.

    Parlons-en. Le plus possible. Entre nous, souvent. Et essayons de faire bouger les lignes : plus nombreux nous serons, et plus nous serons à nouveau capable, peut-être, de faire un contre-pouvoir. Notre vote n’est plus tout à fait suffisant, il me semble, et j’en ai bien peur. Notre première arme, c’est la vérité.

    Alors, vous avez pris quoi comme sujet pour faire le test ?

  • Structures de censure

    Structures de censure

    Je suis assez surpris, pour ne pas dire plus, depuis quelques jours par les rĂ©actions, que je partage pourtant, relatives aux prises de positions de l’ARCOM, sous pilotage du Conseil d’Etat. Un obscur rapport d’un obscur apparatchik, visiblement complètement dĂ©bile (le rapport), sert Ă  faire semblant d’Ă©tayer la tentative de censure de Cnews. Je suis surpris parce que les commentateurs passent du temps, avec de bons arguments, Ă  expliquer pourquoi il ne faut pas, bien sĂ»r, couper CNews. Comme si ceux qui sont Ă  la manoeuvre avaient besoin d’ĂŞtre convaincu, ou rappelĂ© Ă  l’ordre en ce qui concerne la nĂ©cessaire libertĂ© d’expression.

    Soyons réalistes

    Soyons rĂ©alistes : ils n’en ont rien Ă  faire de la libertĂ© d’expression. La prise de pouvoir par les juges de notre fameux « état de droit » n’est plus Ă  dĂ©montrer. Elle a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© analysĂ©e (notamment Zemmour, dans « Le coup d’Etat des juges », en 1997, ou Philippe Nemo dans « La rĂ©gression intellectuelle de la France« , en 2011, qui avait montrĂ© comment les lois de censures contribuent Ă  saper le niveau des dĂ©bats). Le dĂ©tournement de la quasi-totalitĂ© des institutions censĂ©es garantir la libertĂ© est patent. Le cadre juridique a Ă©tĂ© ainsi vidĂ© de son sens par une confusion entretenue entre loi et rĂ©glementations (je l’ai analysĂ© en dĂ©tail ici). Il serait temps d’amender, pour une fois pour bonne raison, notre Constitution et d’y introduire quelque chose comme le premier amendement de celles des USA, qui interdit au lĂ©gislateur de faire des lois de censure.
    Le Congrès n’adoptera aucune loi relative Ă  l’Ă©tablissement d’une religion, ou Ă  l’interdiction de son libre exercice ; ou pour limiter la libertĂ© d’expression, de la presse ou le droit des citoyens de se rĂ©unir pacifiquement ou d’adresser au Gouvernement des pĂ©titions pour obtenir rĂ©parations des torts subis.
    Il est donc temps d’arrĂŞter le cinĂ©ma, et de se poser les bonnes questions : ceux qui menacent de faire taire Cnews ne sont pas Ă  convaincre de quoi que ce soit, puisqu’ils ont dĂ©jĂ  dĂ©cidĂ© que la libertĂ© d’expression Ă©tait infĂ©rieure, dans leurs valeurs, au fait de faire taire ceux qui ne sont pas d’accord avec eux. Ils ne veulent pas la libertĂ©, ils veulent garder le pouvoir.

    Structures de propagande et de censure

    Je suis donc Ă©galement surpris de constater que les journalistes français, aussi d’accord que je puisse ĂŞtre avec ceux qui dĂ©fendent, et bien, la libertĂ© d’expression, n’aient pas compris ce qui se joue, Ă  l’Ă©chelle mondiale. La prise de X (ex-Twitter) a conduit, pourtant, Ă  dĂ©montrer Ă  quel point les rĂ©seaux sociaux sont l’objet de vĂ©ritables entreprises de propagandes et de censures de la part des gouvernements (et de plein d’autres groupes plus ou moins organisĂ©s). Il importe donc, non pas de rejouer une Ă©nième fois le petit jeu des vierges effarouchĂ©es, mais de comprendre oĂą sont les structures de propagandes, par qui elles sont dirigĂ©es, comment elles agissent, histoire d’enfin livrer cette bataille. Si vous en avez le courage et la capacitĂ© (c’est en anglais) je vous invite Ă  Ă©couter les faits rapportĂ©s par Mike Benz chez Tucker Carlson. La machinerie mise en place pour museler les supporters de Trump, ou les opposants aux mesures liberticides pendant le COVID, est très clairement explicitĂ©e, ainsi que ses ressorts officiels : ne faisons pas semblant de ne pas voir. Les pourritures comme Thierry Breton ne sont pas des exceptions : ce sont les symptĂ´mes d’institutions qui ont, depuis assez longtemps maintenant, par le biais de leurs dirigeants, dĂ©cidĂ© qu’il fallait empĂŞcher les pensĂ©es divergentes de s’exprimer librement. Censure de masse correspond assez bien Ă  ce qui se passe sur les rĂ©seaux sociaux. C’est pour cela qu’Ă  son arrivĂ©e, Elon Musk a virĂ© les bots et … les agences gouvernementales.

  • SĂ©cession

    Sécession

    Le dernier ouvrage d’Eric Verhaeghe, « SĂ©cession », est sous-titrĂ© « Manuel d’auto-dĂ©fense contre la caste ». Eric Verhaeghe est – entre autres – animateur du site Le Courrier des Stratèges, et fin analyste du monde contemporain. J’ai dĂ©couvert Eric Verhaeghe au moment de la « crise Covid » car c’est une des rares personnes Ă  avoir gardĂ© la tĂŞte froide, Ă  s’opposer au matraquage systĂ©matique opĂ©rĂ© par la dite « caste », et Ă  continuer Ă  vouloir regarder les faits, Ă  rester exigeant sur notre conception – humaniste, libĂ©rale – de la sociĂ©tĂ©. C’est un sujet qui m’a pas mal (prĂ©)-occupĂ©, et qui continue de le faire par ce qu’il a rĂ©vĂ©lĂ© de fragilitĂ©s dans ce qu’on appelle l’Ă©tat de droit.

    Un livre passionnant

    C’est un bel ouvrage, passionnant, très direct et pĂ©dagogique que ce « SĂ©cession ». Capable Ă  la fois d’embrasser très large, et ensuite de redescendre au plus près des dĂ©tails opĂ©rationnels concrets, il est Ă  ce titre tout Ă  fait typique des livres de penseurs attachĂ©s Ă  la rĂ©alitĂ© (j’avais eu la mĂŞme sensation, dans un tout autre registre, en lisant le dernier Finkielkraut « L’après littĂ©rature »). Eric Verhaeghe y dĂ©crit donc, de manière prĂ©cise, sans rechigner Ă  prendre de la hauteur, ce qu’est la sĂ©cession. Mais avant cela, il prĂ©cise dans l’introduction les raisons de sa nĂ©cessitĂ©.

    Pourquoi faire sécession ?

    Partant du constat que les sociĂ©tĂ©s occidentales ont dĂ©rivĂ© vers une situation de très forte dĂ©pendance Ă  la consommation, comme un drogue, il expose en quoi une « caste » (dirigeants des Ă©tats, certains grands patrons, les mĂ©dias) voit une convergence d’intĂ©rĂŞt assez nette pour garder le pouvoir en encourageant cette dĂ©pendance. Cela rejoint la thĂ©orie du Great Reset de Klaus Schwab, conduisant Ă  un « capitalisme » de surveillance gĂ©nĂ©ralisĂ©e, adossĂ© une gouvernance mondiale Ă©tatiste brimant ce qui fait la beautĂ© de notre civilisation : la libertĂ©. J’ai mis des guillemets Ă  « capitalisme », car ce projet d’essence socialiste et totalisant (sinon totalitaire) n’a pas grand-chose Ă  voire, Ă  mon sens, avec le capitalisme.

    Face Ă  cette poussĂ©e Ă©tatiste, qui est d’essence autoritaire et mĂŞme totalitaire, seule la sĂ©cession permet de recouvrer des marges de libertĂ© et d’Ă©viter le naufrage collectif qui se profile (p. 30)

    Qu’est ce que la sĂ©cession ?

    Je copie ici un long extrait car il dit bien et le style et l’esprit du livre.

    Il faut toutefois prĂ©ciser ici ce qu’il faut entendre par sĂ©cession. LittĂ©ralement, la sĂ©cession est un acte de sĂ©paration entre deux entitĂ©s « morales ». Ce mot a Ă©tĂ© utilisĂ© dans des contextes diffĂ©rents, qui expriment tous la volontĂ© de ne plus vivre dans un mĂŞme pays. Par exemple, la RĂ©publique Tchèque et la Slovaquie ont fait sĂ©cession en 1993.
    Mais nous n’utilisons pas la sĂ©cession dans ce sens-lĂ . Nous prĂ©ferons lui accorder un sens social et spirituel, sur le modèle de la « secessio plebis », la sĂ©cession de la plèbe sur l’Aventin, au Ve siècle avant JĂ©sus-Christ, Ă  Rome. Ă€ cette Ă©poque, et par deux fois en quelques dĂ©cennies, le petit peuple de Rome s’Ă©tait retirĂ© sur la colline de l’Aventin pour ne plus frayer avec l’aristocratie.
    Les prolĂ©taires, pourrait-on dire, les premiers de corvĂ©e en quelque sorte, n’avaient pas trouvĂ© de meilleur moyen pour faire progresser leurs revendications. En l’espèce, ils rĂ©clamaient un allègement du fardeau fiscal, notamment foncier, qui pesait sur eux. C’Ă©tait la condition qu’ils mirent Ă  leur enrĂ´lement dans l’armĂ©e pour aider les chevaliers dans la guerre contre les tribus voisines.[…]
    D’une certain façon, notre ambition est d’exposer ici les principaux moyens de rĂ©aliser une sĂ©cession Ă  l’heure de la civilisation numĂ©rique. On ne peut plus, comme dans la Rome antique (et a fortiori comme dans la Rome naissante, qui Ă©tait une bourgade) penser la sĂ©cession comme une concentration du peuple sur une colline, dĂ©fiant l’aristocratie. GĂ©ographiquement, cette sĂ©paration n’aurait pas de sens, ni aucune possibilitĂ© de rĂ©ussir. En revanche, il est possible d’entamer une sĂ©cession sociĂ©tale, en refusant d’adopter les codes, les usages, les principes, les valeurs, vĂ©hiculĂ©s par la caste mondialisĂ©e, ou instrumentalisĂ©s par elle, et en adoptant des codes et des valeurs alternatives. C’est ce processus global que nous entreprenons de dĂ©crire ici, non de façon exhaustive, mais en donnant des pistes que chacun pourra approfondir et adapter selon ses besoins.

    Il la dĂ©cline de manière très concrète sur les plans fiscaux, politiques, sociaux, Ă©ducatifs, etc. Les conseils de sĂ©cession de Verhaege sont très pratiques, sur tous les registres. Le livre sonne très juste Ă  beaucoup d’endroits, un brin parano Ă  d’autres (mais c’est probablement moi qui suis naĂŻf, c’est un trait de mon caractère).

    Difficile vérité

    J’ai Ă©tĂ© sensible au fait que l’auteur mentionne l’Ă©cole autrichienne d’Ă©conomie et les penseurs qui peuvent y ĂŞtre associĂ©s (Bastiat, Von Mises, Hayek) : c’est probablement l’Ă©cole philosophique et politique dont je me sens le plus proche.
    La fin du livre me semble la plus intĂ©ressante, quand il traite des diffĂ©rents degrĂ©s de sĂ©cession, de la rĂ©sistance passive, jusqu’Ă  la sĂ©dition si les circonstances l’imposent. Les dernières phases que nous avons vĂ©cus pendant ces dernières annĂ©es rĂ©sonnent avec ces rĂ©flexions : quand les dirigeants ne dĂ©fendent plus nos intĂ©rĂŞts, quand la gabegie est gĂ©nĂ©ralisĂ©e (donc le vol et la corruption officiels), il convient d’avoir en tĂŞte l’article 2 de la DĂ©claration des droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 :

    Art. 2. – Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’Homme. Ces droits sont la libertĂ©, la propriĂ©tĂ©, la sĂ»retĂ©, et la rĂ©sistance Ă  l’oppression.

    Le livre sonne si juste, et pose des questions si dĂ©rangeantes (parce qu’engageant notre manière de vivre), que je ne trouve pas mieux pour dĂ©crire mon sentiment Ă  la lecture que cette citation de Churchill :

    Les hommes trébuchent parfois sur la vérité, mais la plupart se redressent et passent vite leur chemin comme si rien ne leur était arrivé.

    Winston Churchill (1874-1975) homme d’Etat britannique.

    Suite…

    Pour finir, en soulignant Ă  nouveau, Ă  mon sens, l’importance de ce livre passionnant, je vous invite Ă  regarder l’interview d’Eric Verhaeghe sur l’excellente chaĂ®ne d’info TVLibertĂ©s :

  • La rĂ©gression intellectuelle de la France

    La régression intellectuelle de la France

    Des lois de censure

    Philippe Nemo, grand intellectuel français (auteur du magnifique « Qu’est-ce que l’Occident?« ), a signĂ© ce petit livre en 2011. Je l’avais loupĂ© (ce qui n’est pas le cas de tout le monde). Il est extraordinaire de concision, de clartĂ© et de force. C’est un Ă©loge de la libertĂ© d’expression, et une dĂ©monstration sans appel des raisons qui doivent conduire à  abroger les lois Pleven, Gayssot et autres lois dites « mĂ©morielles ».
    En tant que libĂ©ral, et hĂ©ritier de la meilleure part des Lumières (l’esprit de rationalitĂ©, le pluralisme et l’esprit critique), Nemo constate que la libertĂ© d’expression a reculĂ© en France, et il analyse cette situation.
    Elle a reculĂ© à  cause de lois de censures : des lois qui, sous-couvert d’interdire des propos attisant la haine, ont introduit des ruptures inĂ©dites, et graves, dans le droit. Elles permettent en effet de condamner les gens pour leurs opinions, et en outre, deuxième rupture, elles ouvrent la voie à  des plaintes qui ne sont pas portĂ©es par les victimes ou le ministère public.

    Pour que la mise en cause de l’auteur du propos ne soit pas une injustice manifeste, il faudrait bien, cependant, qu’il y ait quelque forme de lien causal entre le propos incriminĂ© et un tort objectivement constatable et mesurable subi par des victimes. Or ce type de chaĂ®ne causale ne peut jamais ĂŞtre Ă©tabli

    Conséquences : archaïsme

    Ce grave dĂ©tournement de l’esprit du droit conduit à  une insĂ©curitĂ© juridique pour tous ceux qui prennent la parole en public, et à  une perversion du mĂ©tier de juge, lesquels se retrouve à  faire un travail de tri idĂ©ologique et non juridique.
    Il conduit Ă©galement à  une diminution de la qualitĂ© des dĂ©bats sur un grand-nombre de sujets, qui sont devenus, peu à  peu, tabou. C’est bien là  la consĂ©quence la plus grave de cette libertĂ© d’expression endommagĂ©e : sans libre concurrence entre les idĂ©es, sans dĂ©bats critiques, basĂ©s sur des arguments, la sociĂ©tĂ© française se recroqueville peu à  peu dans des logiques archaĂŻques, non plus basĂ© sur la raison, mais sur des logiques de pur et d’impur. Il y a des sujets à  Ă©viter, et d’autres que l’on peut aborder sereinement. On retrouve là  le politiquement correct, et la frontière de respectabilitĂ© sociale pensĂ©e par Bock-CĂ´tĂ©.
    Une autre conséquence :

    La rĂ©gression d’une proportion non nĂ©gligeable de la classe parlante française au stade mental des sociĂ©tĂ©s prĂ©civiques se marque par deux autres traits qui en sont insĂ©parables : le rĂ´le croissant de l’imitation moutonnière et le sacrifice rituel de boucs Ă©missaires.

    Il suffit de se repasser le film de la crise COVID pour voir que ces logiques ont joué à  plein régime.
    Nemo donne de nombreux exemples concrets et pratiques de cette dĂ©rive collective (par exemple l’affaire Vanneste, et l’affaire Gougenheim).

    Urgent retour à  la raison

    Faisant le constat simple mais indispensable que la plupart des opinions, projets politiques, pensĂ©es, nĂ©cessitent d’une manière ou d’une autre de discriminer (voir mon Eloge de la discrimination), Philippe Nemo appelle à  un vraie libertĂ© de dĂ©bat, sans censure.

    La conséquence de tout cela est claire : le débat public, en France, ces dernières années, a été de plus en plus gravement appauvri et faussé.
    Or les problèmes, en tous domaines, ne peuvent ĂŞtre rĂ©glĂ©s s’ils ne sont pas d’abord posĂ©s. Si donc la gĂ©nĂ©ralisation des tabous et des interdits en France empĂŞche que les plus importants des problèmes de sociĂ©tĂ© y soient explicitement posĂ©s, il ne faut pas espĂ©rer qu’ils soient dĂ»ment traitĂ©s et, en dĂ©finitive, rĂ©glĂ©s. La gouvernance du pays subit, de ce fait, un grave dĂ©ficit.
    Il existe des solutions aux problèmes graves qui se posent à  notre pays. Toute sociĂ©tĂ© peut sortir de tout mauvais pas ; pour les sociĂ©tĂ©s, il n’y a pas de dĂ©cadence irrĂ©versible comme pour les individus. Mais quelques-unes de ces solutions impliqueraient qu’on puisse remettre en cause certains prĂ©jugĂ©s, qu’on puisse rompre avec certaines routines instaurĂ©es un beau jour et trop longtemps reproduites sans nouvelle rĂ©flexion. Cette dĂ©marche ordinaire de correction de trajectoire peut ĂŞtre mise en oeuvre si les prĂ©jugĂ©s et les routines en question ont le statut de simples opinions, comme c’est le cas dans les pays dĂ©mocratiques normaux ; mais, s’ils ont Ă©tĂ© rigidifiĂ©s en mythes et en tabous, ils ne peuvent plus ĂŞtre changĂ©s ; ils continueront à  orienter les mentalitĂ©s et les comportements dans le mĂŞme sens, si faux et utopique soit-il. Alors la sociĂ©tĂ©, aveuglĂ©e, ira dans le mur.

    Il a mille fois raison, bien sĂ»r : comment envisager l’avenir si on ne peut pas commencer par se reprĂ©senter le rĂ©el, le prĂ©sent, correctement ?
    Sa conclusion est simple et limpide, je la partage telle quelle. Savoir qu’elle figure au programme de Zemmour me donne une raison de plus de voter pour lui :

    Si un jour le pays se ressaisit et se donne un gouvernement et un parlement connaissant la valeur vitale des libertĂ©s intellectuelles et le tort qu’une sociĂ©tĂ© se fait à  elle-mĂŞme en les diminuant, un des premiers projets de loi à  dĂ©poser sur le bureau de l’AssemblĂ©e sera celui-ci :
    « Article unique. Les lois du 1er juillet 1972, 13 juillet 1990, 21 mai 2001, 30 dĂ©cembre 2004, ainsi que l’article R. 625-7 du Code pĂ©nal et l’article 475 du Code de prodĂ©cure pĂ©nale sont abrogĂ©s. »