Rubin vient de lancer, en parallÚle de la réflexion que nous avons mise en place au sein de LHC sur le positionnement politique de nos blogs, une chaine visant à  préciser en 5 questions/réponses, notre positionnement politique.
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CatĂ©gorie : đ§đ»âđ€âđ§đ» SociĂ©tĂ©
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Politique personnelle
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Cherchons les responsables, plutĂŽt que les coupables
La Marseillaise a Ă©tĂ© sifflĂ©e, il y a peu. J’ai Ă©tĂ© Ă©tonnĂ© du peu de rĂ©actions mettant en avant la notion de responsabilitĂ©. Il ne s’agit pas ici de dĂ©signer des coupables, mais d’Ă©tablir clairement les responsabilitĂ©s, pour essayer d’Ă©viter ce genre de spectacles affligeants. Je n’ai pas de rĂ©ponse Ă Â apporter, mais quelques questions qui me paraissent importantesâŠPour en discuter !
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De la liberté de travailler
DĂ©bat douteuxâŠ
La discussion a Ă©tĂ© lancĂ©e chez Le Chafouin : autoriser le travail le dimanche est-il « dangereux » ? Il se trouve que tout le monde semble d’accord lĂ Â -dessus[1. Ă Â part bien sĂ»r Criticus, qui est venu peser dans la discussion] : les gauchistes vigilants sont du mĂȘme avis que Le Chafouin, ainsi que Koz, qui au passage m’a traitĂ© de naĂŻf. Parce que je dĂ©fendais le droit, simple pourtant et fondamental, de travailler librement. Je ne sais si c’est le dimanche qui est sensible, ou le travail. Peut-ĂȘtre les deux, d’ailleurs. Beaucoup de conservatisme, en tout cas. Au sens tout Ă Â fait dĂ©plaisant du terme, car en l’occurrence simplement synonyme d’immobilisme.
Le Chafouin rĂ©cidive aujourd’hui, en donnant d’autres arguments. Arguments que je comprends – faut-il le prĂ©ciser ? – mais que je trouve bien faibles comparĂ©s au respect de la libertĂ© individuelle.
Deux remarques :- le fond de ce dĂ©bat me semble particuliĂšrement « constructiviste », c’est-Ă Â -dire qu’il ressort d’une vision d’un gouvernement qui devrait s’occuper de diriger les moindres menus dĂ©tails d’organisation de la vie des citoyens. Au mĂ©pris de la libertĂ© d’action de ces individus qu’il prĂ©tend protĂ©ger. N’est-ce pas protĂ©ger et garantir la libertĂ© – l’un des droits fondamentaux des individus – que de permettre le travail le dimanche ?
- un relent assez pĂ©nible est sous-jacent Ă Â la discussion : le fait que certains prĂ©tendent savoir mieux que les autres ce qui est bon pour eux. En exemple, le fait qu’il y en a « marre de voir des gens se promener en famille dans les centres commerciaux ! Ils seraient aussi bien en forĂȘt Ă Â cueillir des champignons ». Quelle extraordinaire intolĂ©rance, et quel extraordinaire complexe de supĂ©rioritĂ©. Les gens sont des veaux, c’est bien connu, et je vais leur expliquer comment vivre bien. C’est Ă Â dire comme moi. Logique totalitaire. Laissez-donc les gens vivre leur vie comme ils l’entendent !
La réalité
Outre le fait que le travail dominical est dĂ©jĂ Â une rĂ©alitĂ© bien installĂ©e en France (on se demande donc pourquoi la Loi devrait ĂȘtre diffĂ©rente selon la catĂ©gorie sociale Ă Â laquelle on appartient), les intentions exprimĂ©es par Xavier Bertrand sont pourtant assez claires :
« Le dimanche n’est pas un jour comme les autres, c’est vrai. Mais il faut aussi voir comment les choses Ă©voluent. Nous ne pouvons pas refuser Ă Â des personnes qui souhaitent travailler le dimanche de le faire », a-t-il expliquĂ©. Selon lui, la rĂ©glementation doit « aussi apporter des garanties », avec un travail le dimanche « mieux payĂ© et surtout le droit au refus pour le salarié ».
Rétablir la liberté de travailler
Le gouvernement devrait, par pĂ©dagogie, Ă©viter de laisser sous-entendre par ses propos que les salariĂ©s n’ont pas le droit de refuser ce que lui impose un employeur. La libertĂ© contractuelle est toujours la rĂšgle en France (Ă Â moins que j’ai loupĂ© un Ă©pisode) : un contrat peut toujours se rompre, dans des conditions dĂ©finies a priori, d’un cĂŽtĂ© comme de l’autre.
Et il devrait bien plutĂŽt s’occuper de dĂ©rĂ©glementer, plutĂŽt que d’essayer de faire bouger les choses dans le bon sens en rajoutant une rĂ©glementation Ă Â celles – nombreuses – qui existent dĂ©jĂ Â , et qui bloquent les initiatives privĂ©es et l’innovation sociale.
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A quoi sert le ministre de la culture ?
Ministre de la culture. Rien que l’appellation est ridicule. Les diffĂ©rentes politiques culturelles mises en oeuvre depuis 1959 n’ont servi Ă Â rien. La lettre de mission que Nicolas Sarkozy a adressĂ© Ă Â Mme Albanel le rappelle :
En 1959, Malraux dĂ©finissait ainsi les missions du nouveau ministĂšre des affaires culturelles : « rendre accessible les oeuvres capitales de l’humanitĂ©, assurer la plus vaste audience Ă Â notre patrimoine culturel et favoriser la crĂ©ation des oeuvres de l’art et de l’esprit qui les enrichit ». [âŠ]
Les acquis de cette politique sont considĂ©rables : une offre foisonnante, des musĂ©es et des monuments rĂ©novĂ©s, un cinĂ©ma rivalisant avec la production internationale. Ces succĂšs ne doivent pas faire oublier les lacunes et les ratĂ©s : un dĂ©sĂ©quilibre persistant entre Paris et les rĂ©gions, une politique d’addition de guichets et de projets au dĂ©triment de la cohĂ©rence d’ensemble, une prise en compte insuffisante des publics, et surtout l’Ă©chec de l’objectif de dĂ©mocratisation culturelle. De fait, notre politique culturelle est l’une des moins redistributives de notre pays. FinancĂ©e par l’argent de tous, elle ne profite qu’Ă Â un tout petit nombre.
[âŠ] Il vous revient de proposer les voies et moyens d’une politique culturelle nouvelle, audacieuse, soucieuse de favoriser l’Ă©galitĂ© des chances, d’assurer aux artistes une juste rĂ©munĂ©ration de leur travail, de dĂ©velopper la crĂ©ation et nos industries culturelles, de s’adresser Ă Â tous les publics.
On retrouve la logique constructiviste de Malraux, cette logique qui a la prĂ©tention de croire qu’il est possible de piloter la production culturelle, sous toutes ses formes. Et qui veut faire croire qu’en perfusant le domaine de la culture avec de l’argent public on parviendra Ă Â autre chose qu’Ă Â un dĂ©sastre. Si une oeuvre n’intĂ©resse personne, au nom de quoi faut-il la subventionner ? Et si elle intĂ©resse un public, comment croire qu’il n’y aura pas des producteurs suffisamment intelligents pour la produire et gagner de l’argent avec ?
Il n’y a aucune justification morale ou politique Ă Â ce que l’argent du contribuable serve à  « assurer aux artistes la juste rĂ©munĂ©ration pour leur travail », ou à  « dĂ©velopper les industries culturelles ».
Et que je sache, ce n’est pas la France qui a produit Eternal Sunshine of the Spotless Mind, ou Little Miss Sunshine. Coltrane ou Madonna n’ont pas eu besoin de subventions pour travailler, crĂ©er des oeuvres originales, et convaincre leur public de les acheter.
A quoi sert le ministre de la culture ? A rien. -
Subsidiarité
Retour sur le principe de subsidiaritĂ©, souvent invoquĂ© et source de pas mal de confusion. Les sociaux-dĂ©mocrates le font partir d’en haut, et le confondent avec la dĂ©centralisation (le niveau le plus haut dans l’organisation de la sociĂ©tĂ© dĂ©lĂšgue une partie de ses pouvoirs), tandis que les libĂ©raux le font partir de l’individu, et y voient le seul moyen de structurer la loi pour garantir la libertĂ© individuelle. Pour les libĂ©raux, la subsidiaritĂ©, c’est le principe selon lequel les individus dĂ©lĂšguent une partie du pouvoir sur un organe collectif (public ou non).
J’ai reçu ma derniĂšre commande : « L’homme Libre« , un livre d’hommage Ă Â Pascal Salin. Et, bien sĂ»r, je n’ai pas pu m’empĂȘcher de commencer Ă Â dĂ©vorer quelques chapitres. Dont un, clair et nĂ©anmoins fouillĂ©11. Il y revient notamment sur les racines Ă©tymologiques, historiques, et philosophiques du concept, en particulier sur sa proximitĂ© avec des textes du pape Pie XII, et avec le concept de personnalisme – cher Ă Â Koz, de Jean-Philippe Feldman2, traitant du principe de subsidiaritĂ© : « SubsidiaritĂ© et libĂ©ralisme ». Son article montre bien comment ce principe a Ă©tĂ© utilisĂ© aussi bien par les sociaux-dĂ©mocrates, que par les conservateurs ou les libĂ©raux.
Il rappelle les distinctions et les nuances qu’il faut apporter Ă Â la dĂ©finition du concept32. J’avais dĂ©jĂ Â fait suivre ici une tribune de Feldman sur le droit et la lĂ©gislation, pour Ă©viter que cela ne devienne un fourre-tout. La subsidiaritĂ© comporte deux dimensions, et doit partir de l’individu pour ĂȘtre une notion pleinement libĂ©rale.SubsidiaritĂ© : deux dimensions
3. distinctions que l’article de Wikipedia sur la subsidiaritĂ© ne fait pas du tout
Ce qu’il rappelait dĂ©jĂ Â dans une confĂ©rence sur la constitution europĂ©enne :Pour un libĂ©ral, la subsidiaritĂ© a deux dimensions. La premiĂšre, trop souvent oubliĂ©e, est la dimension horizontale : la subsidiaritĂ© câest ce qui fait le partage entre la sphĂšre de la puissance publique et la sociĂ©tĂ© civile. La deuxiĂšme, qui nâest quâannexe, câest la subsidiaritĂ© verticale : au sein de la puissance publique les dĂ©cisions doivent ĂȘtre prises au plus prĂšs de lâindividu.
La subsidiaritĂ© doit partir de l’individu
La subsidiaritĂ© doit partir de l’individu, comme le rappelle Jacques de GuĂ©nin :
L’homme libre et responsable, nous l’avons vu, cherche Ă Â s’associer Ă Â d’autres personnes pour satisfaire des objectifs qui dĂ©passent ses seules capacitĂ©s. Il fait ainsi partie de groupes, comme sa paroisse, son quartier, ou sa commune. Ces groupements peuvent Ă Â leur tour s’associer pour accomplir des objectifs encore plus ambitieux. Mais les groupes d’ordre supĂ©rieur ne doivent pas retirer aux groupes d’ordre infĂ©rieur (dont le plus petit est l’individu), ce que ces derniers peuvent accomplir eux-mĂȘmes : c’est le fameux principe de subsidiaritĂ©. Pour le libĂ©ral, l’Ătat lui-mĂȘme devrait ĂȘtre une association d’ordre supĂ©rieur Ă Â laquelle les associations d’ordre infĂ©rieur, telles que les communes, dĂ©lĂ©gueraient certains pouvoirs et certains moyens, selon le principe de subsidiaritĂ©. Mais nous vivons depuis toujours dans un schĂ©ma strictement inverse oĂč l’Ătat dispose de tous les pouvoirs et ne consent Ă Â dĂ©lĂ©guer quelques petits espaces de libertĂ© aux citoyens que lorsque ceux-ci le lui arrachent.
Mathieu Laine et Jean-Philippe Feldman avait également insisté sur le caractÚre remontant de la subsidiarité dans un texte traitant du rejet de la constitution européenne paru sur le Québécois Libre :
Pour les libĂ©raux, une constitution devrait tout d’abord avoir pour objet non pas tant d’agencer les pouvoirs que de limiter le Pouvoir. SynthĂšse ambiguĂ«, la Constitution europĂ©enne encourage Ă Â l’inverse l’augmentation et la centralisation des pouvoirs. Au-delĂ Â des domaines de compĂ©tence exclusive de l’Union europĂ©enne, la liste des domaines de compĂ©tence partagĂ©e avec les Ătats membres est en effet impressionnante : marchĂ© intĂ©rieur, environnement, protection des consommateurs, transports, etc. Les principes de subsidiaritĂ© et de proportionnalitĂ© sont certes consacrĂ©s, mais au lieu d’ĂȘtre remontante, au lieu de partir de l’individu pour remonter jusqu’Ă Â l’Union europĂ©enne, la subsidiaritĂ©, concept fondamentalement libĂ©ral, est ici descendante.
C’est toujours le mĂȘme principe mis en avant par les libĂ©raux : l’individu – les individus – doivent ĂȘtre le dĂ©part et la fin de tout systĂšme politique, sous peine de bafouer la libertĂ© individuelle. Chose immorale, mĂȘme sous des prĂ©textes constructivistes prĂ©tendument « sociaux ». J’y souscris pleinement : et vous ?
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Edvige : menace ou protection pour la liberté ?
Avez-vous entendu parler d’Edvige ? Il s’agit d’un nouveau fichier qui permet de recenser les personnes jugĂ©es « susceptibles de porter atteinte Ă Â l’ordre public ». Tous les anti-sarkosystes se sont retrouvĂ©s d’accord, pour le coup, avec les libĂ©raux, et il n’y a guĂšre que l’UMP pour dĂ©fendre ce fichier. Et moi !
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