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  • Droit, Législation et Liberté

    J’avais commandé quelques bouquins l’autre jour sur Amazon. Parmi eux, un gros pavé intitulé « Droit, Législation et Liberté« , de Friedrich Hayek. J’ai lu une centaine de pages, et déjà  je sais que ce livre fera partie des deux ou trois livres majeurs que j’aurais lu. Hayek est un grand philosophe : limpide, rigoureux, humble et puissant. Quand on sait que ce livre est considéré partout dans le monde comme la « bible » du libéralisme, et quand on voit la profondeur de ce livre, sa simplicité, on ne peut qu’être surpris et choqué de constater que l’on peut faire toute sa scolarité en France sans en avoir entendu parler.
    Je pense que je vais régulièrement revenir ici sur des idées que l’on y trouve : elles sont passionnantes. J’ai commencé le livre avec un crayon à  la main, pour souligner les passages intéressants : il y a du crayon sur presque toute les pages. Les idées s’enchainent de manière lumineuse, toujours nuancée. Un grand livre, que j’ai envie de partager avec vous. La forme reste à  déterminer : de cours extraits, pour lancer la discussion ? des passages plus longs et plus fouillés ? Pourquoi ne pas se servir de la zone de commentaires, d’ailleurs, pour donner votre avis sur la question ?

  • Sensations et sentiments

    Les sensations disparaissent vite du corps. Celui-ci a une mémoire très faible des sensations : aussitôt éprouvées, aussitôt disparues. La douceur des caresses, la qualité d’un arôme, la douleur, ne valent qu’au présent.
    Les sentiments qu’elles provoquent en nous sont un peu plus durables : ils impliquent une sorte de bouclage interne qui nous fait prendre conscience de la sensation, et de son impact sur nous. Si on ajoute aux sentiments des mots pour essayer de les décrire, on leur associe autant de petites clefs qui nous permettront de nous en rappeler.
    Je fonctionne comme ça, en tout cas : ce que je formalise en mots, je peux m’en rappeler. Et si on ne retrouve jamais la sensation éprouvée dans les mots, dans le rappel des sentiments, au moins pouvons-nous en garder comme une trace, comme un chemin, qui nous permettra d’aller rechercher dans le monde cette sensation.
    Les mots peuvent aussi servir à  se rapprocher du présent.

  • Quelques mots que j'aurais aimé écrire…

    Existerait-il une hiérarchie entre les otages binationaux de mouvements terroristes ? Si l’opinion s’est passionnée jusqu’à  l’excès pour la libération de la franco-colombienne Ingrid Betancourt, détenue durant plus de six ans par les Farc, elle ne porte aucun intérêt au sort du jeune soldat franco-israélien, Gilad Shalit. Ce dernier a été enlevé en juin 2006 par le Hamas et il est détenu depuis à  Gaza. Il y a un an, deux élus UMP de Paris (Martine Weill-Raynal et Jacques Bohbot) avaient demandé, en vain, au maire de Paris, Bertrand Delanoë, de placer le portrait de Shalit à  côté de celui de Betancourt (accroché en 2004 et enlevé vendredi soir), sur la façade de l’Hôtel de Ville. Ne serait-il pas temps de réparer cette injustice ?

    « Je voudrais que mes derniers mots soient pour le soldat Shalit et pour ses parents. Nous ne l’oublions pas », avait déclaré Nicolas Sarkozy, dès l’annonce, mercredi soir, de la libération d’Ingrid Betancourt par l’armée. Mais la gauche pacifiste, qui n’a jamais caché ses indulgences pour la « guérilla » des Farc et leur idéal guévariste, a de semblables compréhensions pour « l’activisme » du Hamas face à  Israël. Le comité de soutien à  Ingrid Betancourt, le chanteur Renaud en tête, avait toujours prôné la négociation avec les terroristes, en faisant passer le président Alvaro Uribe pour le responsable du sort des otages. Cette stratégie a été spectaculairement démentie. Néanmoins elle fait du soldat Shalit une cause indéfendable pour les professionnels de l’indignation.

    Chez Ivan Rioufol

    Je pique cette rubrique à  Rubin, car je la trouve super !

  • Citation #84

    Laissez faire ne signifie pas : laissez agir des forces mécaniques sans âme. Il signifie : permettez à  chaque individu de choisir comment il veut coopérer dans la division sociale du travail ; permettez aux consommateurs de déterminer ce que les entrepreneurs doivent produire.

    Ludwig Von Mises (1881-1973) Economiste autrichien, puis américain

  • Quel type de radical êtes-vous ?

    Radical ou arbitraire ? Individualiste ou collectiviste ? J’ai pensé pendant longtemps que ce qui rendait sympathique le collectivisme, c’était une forme de pragmatisme non radical, qui serait venu contrebalancer ses aspects par ailleurs exécrables (principalement l’acceptation de l’arbitraire). Il n’en est rien : les collectivistes sont tout aussi radicaux que les libéraux ; ils partent simplement d’un principe qui n’est pas le même. Mais ils le suivent, et l’appliquent de manière radicale. La différence, c’est que leur principe de départ est injuste, et sans signification objective.

    Radical ou arbitraire ?

    Une vraie interrogation qui se pose, lorsqu’on se plonge dans la pensée libérale, est qu’elle part d’un principe fondateur juste (refus de la contrainte, respect absolu de la liberté individuelle dans le cadre de la loi), et qu’elle en tire toute les conséquences. Jusqu’au bout. C’est ce qu’on appelle être radicalLe dictionnaire donne plusieurs sens à  radical. Entre autres, en philosophie, « Qui va jusqu’au bout de chacune des conséquences impliquées par le choix initial », « Attitude qui refuse tout compromis en allant jusqu’au bout de la logique de ses convictions » et « Doctrine réformiste fondée sur l’attachement à  la démocratie, à  la propriété privée, à  la laïcité de l’enseignement » ; si la radicalité est une forme de cohérence dans la pensée, elle peut aussi être une forme de dogmatisme. Et je déteste le dogmatisme.
    Comme par ailleurs, les doctrines non-libérales (constructivistes) acceptent dans leurs gènes une part d’arbitraire, j’étais dans pris dans cette espèce de dilemme, à  savoir choisir entre « radicalisme » et « arbitraire ».
    Hier soir, j’ai compris que cette alternative est une fausse alternative.

    Tout le monde est radical

    Pris sous l’angle philosophique, radical signifie « qui va jusqu’au bout des conséquences impliquées par le choix initial ». Ce n’est qu’une forme de cohérence idéologique, et finalement d’amour de la vérité. Si je pars d’un principe vrai, alors je dois le dérouler proprement. Soit quelque chose est vrai, soit quelque chose est faux.
    En enlevant la connotation péjorative du mot « radical », on se rend compte que à la fois les libéraux, et à la fois les constructivistes / utilitaristes sont radicaux. Ils déroulent logiquement (et c’est heureux) des idées politiques issues de principes fondateurs différents.
    Le principe fondateur du libéralisme, Si on cherche à « construire » une société meilleure, il vient toujours un moment où l’on va empiéter sur la liberté et la propriété de certains, pour favoriser d’autres. Ce que le libéralisme rejette, justement…c’est le respect des individus, et le refus de la contrainte. Aucun individu ne doit avoir le droit de forcer un autre à  faire ce qu’il ne veut pas. C’est simple, et il parait évident que si ce principe était respecté partout, il ne pourrait pas y avoir d’injustice. Ce principe est fondamentalement individualiste, et juste – parce que non arbitraire -.
    Le principe fondateur du constructivisme, c’est l’idée qu’il faut améliorer le sort des populations, notamment les plus démunis, par des mesures centralisées d’organisations de la société. Les constructivistes partent du principe fort qu’il peut être justifié d’empiéter sur la liberté de certains, pour améliorer le sort des plus On n’a guère le choix qu’entre ces deux radicalismes : nier l’existence d’une justice sociale, ou nier la liberté des individus. J’ai choisi.démunis, et donc pour améliorer une sorte de « bien-être » global, ou d’intérêt général. C’est un principe collectiviste, arbitraire. C’est le pouvoir qui décide, au gré des changements de majorité ou de régime, du sens à  donner à  tous ces mots abstraits « justice sociale », « bien-être global », etc…Quand le pouvoir est arbitraire, cela signifie que ce n’est plus une norme impartiale (identique pour tous) qui est la règle, mais la volonté d’un homme ou d’un groupeLexilogos donne : Arbitraire (En parlant du pouvoir) : Substitution aux règles de la justice distributive ou aux normes fixes et impartiales de la loi, de la volonté variable et intéressée d’un homme ou d’un groupe. Synonyme : despotisme].
    Contrairement à  ce que je pensais, ce côté arbitraire du constructivisme n’est pas le pendant du radicalisme libéral ; car les constructivistes sont radicaux aussi. Il y a simplement un radicalisme individualiste, qui place le triptyque « liberté individuelle-responsabilité-propriété » au-dessus de tout, et un radicalisme constructiviste, qui place la « justice sociale », ou l’ »intérêt général » au-dessus de tout.
    Là  où les libéraux voudraient que l’utilisation de la force soit strictement réservé à  l’application de la loi, et donc également à  réprimer toute forme de contrainte et de restriction des libertés, les collectivistes pensent qu’il est justifié de contraindre certains pour donner à  d’autres. Un collectiviste ne supporte pas l’idée que quelqu’un puisse vivre dans son coin, sans avoir à  participer à  un effort collectif, justifié par la « solidarité ». Et il trouvera justifiée l’usage de la force, s’il le faut, pour faire rentrer les récalcitrants dans le jeu collectif. Le libéralisme écrase le collectif au nom de l’individu ; le constructivisme écrase les individus au nom du collectif.
    On n’a guère le choix qu’entre ces deux radicalismes. J’ai fait mon choix. Et vous ?

  • Justice débonnaire ?

    Il y a plusieurs sens au mot « débonnaire« . Le troisième d’entre-eux est « qui se montre excessivement complaisant, par faiblesse de tempérament ou par bêtise. »
    La décision qu’a pris la justice à  l’encontre de celui qui avait menacé Robert Redeker peut-être qualifiée de débonnaire.

    Feu vert pour la fatwa

    Le Français d’origine marocaine, auteur de menaces de mort sur la personne de Robert Redeker, vient d’être condamné à  six mois de prison avec sursis et à  750 euros d’amende. […]

    La Justice, si prompte à  se vouloir exemplaire en matière de pédophilie où de malversations politico-financières, ne semble pas avoir pris la mesure du cancer que représente la menace obscurantiste dans notre pays. Là  aussi, nous voilà  contraints d’attendre la survenue de la première tragédie pour espérer qu’une jurisprudence daigne enfin condamner équitablement ceux qui menacent le plus la stabilité de notre société. Il est d’ailleurs significatif de constater que la défense du cyber-islamiste a eu l’outrecuidance de faire appel de cette décision pourtant bien clémente et inférieure aux réquisitions du parquet elles-mêmes bien timides (huit mois de prison avec sursis et 1000 euros d’amende).

    Cela n’empêche pas France-Info de commenter ainsi l’information : « La justice ne plaisante pas avec les menaces de mort. » Ouf ! Nous voilà  rassurés ! On tremble à  l’idée de ce qu’aurait été la décision du tribunal si l’idée de plaisanter lui était venue.

    Info trouvée, et à  lire en entier sur Primo-Europe