Étiquette : Sarkozy

  • Quelques mots que j'aurais aimé écrire…

    Existerait-il une hiérarchie entre les otages binationaux de mouvements terroristes ? Si l’opinion s’est passionnée jusqu’à  l’excès pour la libération de la franco-colombienne Ingrid Betancourt, détenue durant plus de six ans par les Farc, elle ne porte aucun intérêt au sort du jeune soldat franco-israélien, Gilad Shalit. Ce dernier a été enlevé en juin 2006 par le Hamas et il est détenu depuis à  Gaza. Il y a un an, deux élus UMP de Paris (Martine Weill-Raynal et Jacques Bohbot) avaient demandé, en vain, au maire de Paris, Bertrand Delanoë, de placer le portrait de Shalit à  côté de celui de Betancourt (accroché en 2004 et enlevé vendredi soir), sur la façade de l’Hôtel de Ville. Ne serait-il pas temps de réparer cette injustice ?

    « Je voudrais que mes derniers mots soient pour le soldat Shalit et pour ses parents. Nous ne l’oublions pas », avait déclaré Nicolas Sarkozy, dès l’annonce, mercredi soir, de la libération d’Ingrid Betancourt par l’armée. Mais la gauche pacifiste, qui n’a jamais caché ses indulgences pour la « guérilla » des Farc et leur idéal guévariste, a de semblables compréhensions pour « l’activisme » du Hamas face à  Israël. Le comité de soutien à  Ingrid Betancourt, le chanteur Renaud en tête, avait toujours prôné la négociation avec les terroristes, en faisant passer le président Alvaro Uribe pour le responsable du sort des otages. Cette stratégie a été spectaculairement démentie. Néanmoins elle fait du soldat Shalit une cause indéfendable pour les professionnels de l’indignation.

    Chez Ivan Rioufol

    Je pique cette rubrique à  Rubin, car je la trouve super !

  • La vulgarité du Nouvel Obs

    Comment faire pour remplir un journal, quand on est à  court d’idées ? Au Nouvel Observateur, ils ont la solution : prendre un évènement avec Sarkozy qu’ils n’ont pas couvert, et raconter n’importe quoi ! Si possible en faisant passer Sarkozy pour un gros imbécile vulgaire. La vulgarité n’est pas toujours où l’on veut nous faire croire, et c’est grâce à  Jean Quatremer, journaliste à  Libération, que l’on sait où elle se trouve en l’occurence.

    C’est une bien belle histoire (lue chez Koz), et qui mérite de circuler fort et partout.
    Le Jeudi 15/05/2008, la rubrique « Téléphone Rouge » du Nouvel Observateur (rubriques où les articles ne sont pas signés) s’ouvre sur la nouvelle suivante :
    Les nouveaux connards de Sarkozy
    Nicolas Sarkozy a toujours autant de mal à  se faire au style présidentiel. ”Putain les mecs, il fait chaud, on se fout sur la terrasse ! », a-t-il lancé, lundi 5 mai, à  quelques journalistes spécialistes des questions européennes qu’il avait invité pour une rencontre informelle à  l’Elysée. L’entretien s’est déroulé dans la bonne humeur jusqu’à  ce qu’un des reporters s’avise d’interroger Sarkozy sur sa pusillanimité à  propos des droits de l’homme en Tunisie. Réponse du président : « Rien à  foutre, de toute manière, ce ne sont que des connards qui posent des questions à  la con… ».

    Or, un des journalistes qui étaient présent (contrairement au Nouvel Obs) à  cette entrevue, Jean Quatremer, est formel :
    Spectaculaire, mais totalement faux. Je le sais, comme mes confrères en poste à  Bruxelles le savent, puisque j’étais présent. Et je peux vous affirmer que jamais le Président n’a tenu de tels propos. En le disant, je brise le « off » dont nous étions convenu avec l’Élysée. Mais comment rester muet devant un tel mensonge qui nuit à  toute la profession : d’une part parce que celui qui a parlé (ou qui a parlé à  quelqu’un qui a parlé) a violé le « off », mais surtout parce qu’il a raconté n’importe quoi. C’est exactement de la même eau que le soi-disant SMS envoyé par Nicolas Sarkozy à  son ex-femme (« si tu reviens, j’annule tout »).

    Jean Quatremer, « Sarkozy, le Nouvel Observateur et les connards »
    Depuis, le Nouvel Observateur a reconnu s’être trompé.
    Comment qualifier ce genre de non-journalisme ? De la propagande ? Du mensonge éhonté ? De la basse manipulation ? Je vous laisse choisir les mots qui conviennent le mieux pour décrire cet acte minable.
    Vendredi 23 mai, le texte en question était encore en ligne (cliquez sur la petite image ci-dessous pour voir la copie d’écran). L’affaire est maintenant dans les mains des grands médias. On ne peut que saluer, en attendant, la rigueur intellectuelle de Jean Quatremer. Et le remercier d’avoir dénoncé cet acte de mensonge grossier.
    Copie d'écran du 23/05

  • Cafouillage ?

    Ce matin à  la radio, le présentateur du journal parlait de « cafouillage » entre l’UMP et le gouvernement, à  propos des sons de cloches discordant sur les 35 heures. Devedjian, patron de l’UMP, veut les supprimer purement et simplement (approche libérale pour laisser les négocations jouer au sein de chaque entreprise). Bertrand et Sarkozy ont rappelé qu’il n’en était pas question (approche prudente visant à  éviter le conflit).
    Pour ma part, je trouve plutôt sain que l’UMP et le gouvernement ne soient pas en phase sur tout. Ceux qui seraient les premiers à  descendre Devedjian s’il ne faisait que répéter comme un toutou les messages de Sarkozy, lui reprochent allègrement ses prises de position décalées sur les 35h.
    En clair, quoi qu’il dise, quoi qu’il fasse, il aura tort. C’est ce qu’on appelle être partisan, et bien peu objectif. Si cela se comprend de la part de blogueurs qui livrent leurs opinions, cela est plus invraisemblable de la part de journalistes professionnels parlant aux heures de grandes écoutes. Pourquoi décrire cela comme un cafouillage, plutôt que comme une prise de position libérale de l’UMP ? C’est encore une fois pour centrer le débat sur les querelles de personnes, et oublier l’essentiel : parler du bien-fondé – ou non – de laisser les acteurs responsables décider entre eux de leurs contrats.

  • Jean-Philippe Feldman : Le droit doit remplacer la législation

    Jean-Philippe Feldman : Le droit doit remplacer la législation

    Dans le Figaro du mercredi 7 mai 2008, un article intéressant de Jean-Philippe Feldman faisait le point sur le Code du travail un an après l’élection présidentielle. Comme je n’ai pas réussi à  le retrouver sur internet pour vous y renvoyer, j’ai pris le temps hier de le recopier. Parce qu’il me semble pertinent, lucide et direct. Il prône une simplification de la législation, pour revenir au droit commun. Trop de règlementation nuit à  la clarté et à  l’utilité du droit. Un appel à  la liberté individuelle qui est passé inaperçu, et qui mérite à  mon sens d’être souligné.

    Jean-philippe Feldman est agrégé de droit, avocat à  la cour de Paris, spécialiste de droit constitutionnel. Il est l’auteur de nombreux ouvrages et articles. Son approche est libérale, au sens noble du terme. Je vous laisse apprécier son article, je n’ai fait que mettre en exergue certaines phrases pour donner un peu de rythme. Bonne lecture !

    Jean-philippe Feldman : « Droit du travail : vers la fin de l’exception française »

    Paru dans Le Figaro du 07 mai 2008
    Quand Nicolas Sarkozy accède à  la présidence de la République, le modèle social français a triste allure : grèves à  répétition, chômage structurel, syndicats opaques et arc-boutés sur la défense des « acquis sociaux ». Le droit du travail a sa lourde part de responsabilité dans cette situation : salariés protégés quasi inamovibles, licenciements complexes et coûteux qui, par contrecoup, découragent les embauches, Code du travail foisonnant et brumeux, miné par l’inflation normative. Un an après le tableau est-il toujours aussi sombre ?
    Le chef de l’Etat est parvenu à  la magistrature suprême, nanti d’un programme centré sur le pouvoir d’achat et la libération des énergies. Travailler plus pour gagner plus. Nicolas Sarkozy a eu le mérite de décomplexer les ambitieux et les courageux. Il a bien perçu l’inspiration largement partagée à  briser le carcan qui entoure l’individu et qui l’empêche de déployer ses talents. Il a également eu le mérite de relier le culte de l’effort avec l’esprit d’entreprise en tentant de faire comprendre à  certains Français que les sociétés ne sont pas forcément le lieu de la « lutte des classes » et de l’exploitation des « travailleurs ». Il s’est bien garder de répéter l’erreur du contrat première embauche, réforme injuste, par surcroît menée à  la hussarde, qui a scellé le destin du premier ministre de l’époque. L’objectif a donc été de réformer de manière pédagogique. Il s’est agi et il s’agit toujours de transformer le système de relations sociales pour favoriser la négociation collective, avec en ligne de mire une « flexisécurité » à  la française.
    Mais, il y a loin de la coupe aux lèvres. Coïncidence : le Code du travail a fait peau neuve en vertu d’une entreprise de recodification lancée bien avant l’arrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir. Est-ce un progrès qu’au 1er mai 2008, le nouveau code compte 3652 articles, fussent-ils plus concis, contre 1891 dans l’ancien ? Les employeurs et les salariés ne disposent toujours d’aucun instrument qui leur permette d’anticiper leur situation juridique ; La liberté doit être le leitmotiv : liberté contractuelle, d’embauche et de licenciement.ils continuent d’être tributaires d’une jurisprudence qui, trop souvent, ajoute à  la confusion en renforçant le formalisme des règles.
    Un retour au droit commun s’impose. La liberté doit être le leitmotiv : liberté contractuelle, d’embauche et de licenciement. Les privilèges syndicaux doivent être abolis : suppression du monopole de la représentation, financement sans fonds publics à  rebours du financement des partis politiques. Le président a lancé une profonde réforme du préambule de la Constitution. Ne serait-ce pas l’occasion de supprimer le renvoi au préambule de la Constitution de 1946 ?
    En substance, un droit du travail digne de ce nom doit se substituer à  un magma de normes sociales. Le droit doit remplacer la législation. Or, un an après l’élection présidentielle, aucune véritable réforme de fond n’a été entreprise : les 35 heures subsistent malgré les nouvelles règles – largement incompréhensibles – sur les heures supplémentaires ; Un droit du travail digne de ce nom doit se substituer à  un magma de normes sociales. Le droit doit remplacer la législation.
    le service minimum n’existe toujours pas, encore moins un « service maximum » ; les contrats aidés demeurent alors qu’ils ne font que déplacer des emplois sans en créer ; le smic reste une question taboue.
    La méthode prônée par Nicolas Sarkozy fait aussi débat. Le « gradualisme » dans la réforme proposée, puis expliquée, enfin débattue avec les syndicats, s’impose-t-il ? Il est permis là  encore d’en douter. Depuis longtemps, il existe une coupure au sein du syndicalisme salarial : globalement représentatif, mais le plus souvent passéiste et rétrograde sous couvert de « progressisme » dans le secteur public ; peu ou prou inexistant dans le secteur privé. Quel est dès lors sa légitimité ? L’expérience prouve qu’aucune modernisation n’a été conduite dans un pays démocratique ces trente dernières années en l’absence du triptyque : détermination, thérapie de choc et globalité des réformes. On ne traitera pas du modèle social français si, concomitamment, on ne réduit pas drastiquement la fiscalité, le budget de l’Etat au sens large et les déficits. Tout se tient : dépolitiser, désétatiser, bref mettre fin à  l’ »exception française ». Il ne s’agit pas de liquider mai 68, mais essentiellement de défaire des réformes sociales du Front populaire et de la Libération. Alors, et alors seulement, un droit du travail adviendra en France.

  • Rassurant et confus

    J’ai regardé le début de l’intervention télévisée de Nicolas Sarkozy. Pour résumer, j’ai trouvé ça rassurant, et confus. Rassurant, parce que la volonté de réformer le pays semble toujours l’animer, avec les mêmes axes qu’au début de son mandat. Confus, parce qu’il est réaliste à  l’excès, et que l’idéologie n’est pas son fort. Ce pragmatisme dogmatique peut se défendre, mais j’ai toujours du mal à  m’y retrouver…

    Rassurant, donc, parce qu’on sent que la volonté de réforme de Sarkozy est intacte, et je trouve qu’il a plutôt bien défendu le bilan de la première année. Il garde le cap sur la réhabilitation du travail, et ça me parait essentiel et cohérent. Je ne suis pas d’accord avec tout ce qu’il fait, mais dans le contexte collectiviste qui est le nôtre, il est certainement le seul à  même de faire bouger les choses. Lui et son gouvernement ont déjà  fait bouger beaucoup de choses depuis un an. Et il est vrai qu’on ne peut pas juger d’un quinquennat au bout d’un an…
    Confus, donc, et c’est normal, parce que Sarkozy a clairement choisi l’option réaliste pour mener ses réformes. Les contradictions idéologiques ne semblent pas le perturber ; il a peut-être raison, mais cela me choque toujours. Un an de réformes menées tambour battant, avec finalement peu de conflits sociaux, cela mérite d’être salué. Ce manque de clarté idéologique peut irriter Nicolas, au point qu’il critique un président qui « saute sur sa chaise comme un cabri en disant : Réformes ! Réformes ! ». Yvan Rioufol, de même, met en avant le courage des positions de Sarkozy, et regrette son côté confus sur les sans-papier (pour un point de vue clair à  propos de l’immigration, je vous conseille l’excellent billet – libertarien – de Laure). Je sens chez Séb le même agacement tempéré que j’avais exprimé l’autre jour : une sorte d’impatience de ceux qui attendaient plus de libéralisme et de clarté. Même son de cloche, d’ailleurs, chez JM Apathie, qui trouve que le discours manque de cohérence.
    Bien sûr, à  gauche, les avis sont très nets : Sarkozy a raté son passage d’oral. Je ne suis pas sûr d’y trouver des arguments très convaincants, ni que cette réaction n’était pas éminemment prévisible.
    J’avais envie, encore une fois, d’exprimer le niveau relativement pitoyable des journalistes présents, mais ce n’est pas le point intéressant. D’ailleurs, Le Chafouin a déjà  dit cela, en rappelant qu’Yves Calvi est quand même au dessus du lot.
    Une petite citation du billet de Rioufol, pour finir, parce qu’elle décrit bien mon sentiment, et l’envie que j’aurais de voir Sarkozy aller plus vite et plus fort :
    C’est la rupture qu’attendent encore ceux qui ont voté pour elle. Elle ne sera pas entamée tant que l’État gardera ses vieux réflexes. Philippe Sassier et Dominique Lansoy rappellent (Ubu loi, Fayard) que « quarante textes par jour pleuvent sur la tête des Français ». Cette logorrhée fortifie la citadelle fonctionnarisée. Alors que plus de 80% de la politique agricole se décide à  Bruxelles et que les paysans disparaissent, le ministère de l’Agriculture compte toujours près de 40.000 fonctionnaires. À quand, ici, les coupes claires?
    Plusieurs réactions de blogueur sont également détaillées chez Criticus.
    Le Club de la Boussole a mis en ligne sur Le Figaro un document rappelant les promesses de campagnes, et ce qui a été mis en oeuvre pendant cette première année de mandat.

  • La grande déception

    La grande déception

    Finalement, personne n’est content de Sarkozy. Ceux qui criaient à  la dictature sont déçus, car ils voient bien que Sarkozy n’est pas l’autocrate qu’ils craignaient de voir arriver au pouvoir. Et ceux (dont je suis) qui voyaient en lui un vrai politique capable de réformes courageuses sont pour le moins déçus après l’amoncellement de mesurettes dont l’année passée nous a gratifiés. Est-ce le signe d’un manque de courage politique, ou d’un manque de cohérence idéologique ? Peut-être un peu des deux…
    (suite…)