Étiquette : SMIC

  • RSA : l’enfer pavé de bonnes intentions ?

    RSA : l’enfer pavé de bonnes intentions ?

    Le rSa est-il une bonne ou une mauvaise idée ? s’agit-il d’une nouvelle usine à  gaz injustifiée aux effets incertains, ou d’un plan courageux qui va permettre d’inciter au travail et de sortir de l’assistanat ?
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  • Citation #94

    La presse économique nous a récemment abreuvés de reportages sur la dure vie de ceux qui sont payés un salaire de misère dans les pays anglo-saxons où le salaire minimum est faible ou inexistant. L’erreur implicite (et probablement volontaire) transmise par ces hebdomadaires consiste à  comparer ces gens-là  avec nos smicards, évidemment beaucoup mieux payés. Or, ceux qui gagneraient aussi peu en l’absence de salaire minimum ne sont pas les smicards. Ceux-là  sont assez productifs pour justifier leur emploi au niveau imposé, et ne gagneraient donc pas moins si on supprimait le SMIC. C’est avec nos exclus, victimes de nos interdiction de travailler, qu’il faut comparer les faibles salaires dans les autres pays.

    Et à  qui prétend qu’il vaut mieux ne pas travailler que le faire à  ces conditions, on répondra que c’est aux intéressés de choisir. Les législateurs du salaire minimum, en les privant de leur Droit de choisir, leur confisquent leur Droit naturel (et constitutionnel) de travailler. Confisquer à  quelqu’un son Droit de travailler, c’est se dire propriétaire de sa capacité de travail. Et se prétendre propriétaire du travail de quelqu’un, c’est de l’esclavagisme.

    Si on supprimait le SMIC, par conséquent, la seule conséquence en serait de rendre leurs chances à  une foule d’êtres humains en les rétablissant dans leur droit d’entrer à  nouveau sur le marché du travail, alors qu’ils en étaient exclus faute de produire assez pour rentabiliser leur embauche par un éventuel employeur.

    Dans le climat terrorisant de la « pensée unique » qui domine notre pays, il faut du courage pour réclamer la suppression du salaire minimum. On a tôt fait d’interpréter cette position comme l’expression du désir de favoriser « les patrons » aux dépens des « travailleurs ». Il s’agit, bien au contraire, de rendre leurs chances en rendant leur Droit à  ceux qui, c’est le cas de le dire, sont les moins favorisés. C’est pourquoi je considère que réclamer la suppression du salaire minimum est un devoir moral qui s’impose à  tous et je souhaite donc que tous hommes de bonne volonté, de tous horizons, s’engagent dans une campagne pour sa suppression.

    Pascal Salin

  • Jean-Philippe Feldman : Le droit doit remplacer la législation

    Jean-Philippe Feldman : Le droit doit remplacer la législation

    Dans le Figaro du mercredi 7 mai 2008, un article intéressant de Jean-Philippe Feldman faisait le point sur le Code du travail un an après l’élection présidentielle. Comme je n’ai pas réussi à  le retrouver sur internet pour vous y renvoyer, j’ai pris le temps hier de le recopier. Parce qu’il me semble pertinent, lucide et direct. Il prône une simplification de la législation, pour revenir au droit commun. Trop de règlementation nuit à  la clarté et à  l’utilité du droit. Un appel à  la liberté individuelle qui est passé inaperçu, et qui mérite à  mon sens d’être souligné.

    Jean-philippe Feldman est agrégé de droit, avocat à  la cour de Paris, spécialiste de droit constitutionnel. Il est l’auteur de nombreux ouvrages et articles. Son approche est libérale, au sens noble du terme. Je vous laisse apprécier son article, je n’ai fait que mettre en exergue certaines phrases pour donner un peu de rythme. Bonne lecture !

    Jean-philippe Feldman : « Droit du travail : vers la fin de l’exception française »

    Paru dans Le Figaro du 07 mai 2008
    Quand Nicolas Sarkozy accède à  la présidence de la République, le modèle social français a triste allure : grèves à  répétition, chômage structurel, syndicats opaques et arc-boutés sur la défense des « acquis sociaux ». Le droit du travail a sa lourde part de responsabilité dans cette situation : salariés protégés quasi inamovibles, licenciements complexes et coûteux qui, par contrecoup, découragent les embauches, Code du travail foisonnant et brumeux, miné par l’inflation normative. Un an après le tableau est-il toujours aussi sombre ?
    Le chef de l’Etat est parvenu à  la magistrature suprême, nanti d’un programme centré sur le pouvoir d’achat et la libération des énergies. Travailler plus pour gagner plus. Nicolas Sarkozy a eu le mérite de décomplexer les ambitieux et les courageux. Il a bien perçu l’inspiration largement partagée à  briser le carcan qui entoure l’individu et qui l’empêche de déployer ses talents. Il a également eu le mérite de relier le culte de l’effort avec l’esprit d’entreprise en tentant de faire comprendre à  certains Français que les sociétés ne sont pas forcément le lieu de la « lutte des classes » et de l’exploitation des « travailleurs ». Il s’est bien garder de répéter l’erreur du contrat première embauche, réforme injuste, par surcroît menée à  la hussarde, qui a scellé le destin du premier ministre de l’époque. L’objectif a donc été de réformer de manière pédagogique. Il s’est agi et il s’agit toujours de transformer le système de relations sociales pour favoriser la négociation collective, avec en ligne de mire une « flexisécurité » à  la française.
    Mais, il y a loin de la coupe aux lèvres. Coïncidence : le Code du travail a fait peau neuve en vertu d’une entreprise de recodification lancée bien avant l’arrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir. Est-ce un progrès qu’au 1er mai 2008, le nouveau code compte 3652 articles, fussent-ils plus concis, contre 1891 dans l’ancien ? Les employeurs et les salariés ne disposent toujours d’aucun instrument qui leur permette d’anticiper leur situation juridique ; La liberté doit être le leitmotiv : liberté contractuelle, d’embauche et de licenciement.ils continuent d’être tributaires d’une jurisprudence qui, trop souvent, ajoute à  la confusion en renforçant le formalisme des règles.
    Un retour au droit commun s’impose. La liberté doit être le leitmotiv : liberté contractuelle, d’embauche et de licenciement. Les privilèges syndicaux doivent être abolis : suppression du monopole de la représentation, financement sans fonds publics à  rebours du financement des partis politiques. Le président a lancé une profonde réforme du préambule de la Constitution. Ne serait-ce pas l’occasion de supprimer le renvoi au préambule de la Constitution de 1946 ?
    En substance, un droit du travail digne de ce nom doit se substituer à  un magma de normes sociales. Le droit doit remplacer la législation. Or, un an après l’élection présidentielle, aucune véritable réforme de fond n’a été entreprise : les 35 heures subsistent malgré les nouvelles règles – largement incompréhensibles – sur les heures supplémentaires ; Un droit du travail digne de ce nom doit se substituer à  un magma de normes sociales. Le droit doit remplacer la législation.
    le service minimum n’existe toujours pas, encore moins un « service maximum » ; les contrats aidés demeurent alors qu’ils ne font que déplacer des emplois sans en créer ; le smic reste une question taboue.
    La méthode prônée par Nicolas Sarkozy fait aussi débat. Le « gradualisme » dans la réforme proposée, puis expliquée, enfin débattue avec les syndicats, s’impose-t-il ? Il est permis là  encore d’en douter. Depuis longtemps, il existe une coupure au sein du syndicalisme salarial : globalement représentatif, mais le plus souvent passéiste et rétrograde sous couvert de « progressisme » dans le secteur public ; peu ou prou inexistant dans le secteur privé. Quel est dès lors sa légitimité ? L’expérience prouve qu’aucune modernisation n’a été conduite dans un pays démocratique ces trente dernières années en l’absence du triptyque : détermination, thérapie de choc et globalité des réformes. On ne traitera pas du modèle social français si, concomitamment, on ne réduit pas drastiquement la fiscalité, le budget de l’Etat au sens large et les déficits. Tout se tient : dépolitiser, désétatiser, bref mettre fin à  l’ »exception française ». Il ne s’agit pas de liquider mai 68, mais essentiellement de défaire des réformes sociales du Front populaire et de la Libération. Alors, et alors seulement, un droit du travail adviendra en France.

  • Smic : enfin du courage politique !

    Sarkozy et Fillon ont raison de ne pas augmenter le Smic plus vite que l’inflation. On sait effectivement que les coups de pouce donnés régulièrement au Smic ont été des coups de pieds pour l’emploi, et ont produit un tassement des salaires vers le bas (smicardisation des salaires). Rappel de quelques évidences économiques, et critique de la position poliquement correcte.
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  • Pourquoi il faut que Sarkozy l’emporte

    A moins d’une semaine du premier tour, il semble que Bayrou chute un peu dans les intentions de vote, et que Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal confortent leur avance sur les autres candidats. On voit donc se profiler un second tour Royal-Sarkozy, avec avantage à  Sarkozy. Ca c’est pour l’aspect « sondages ».
    Un autre aspect des sondages concerne les préoccupations des français, avec en tête, le chômage, donc le travail. Cela me semble tout à  fait normal, dans la mesure où avec un taux de 10% de la population active (soit à  peu près 20% de la population active soumise à  une possibilité de chômage), la France continue de subir le choix politique qui a été fait (pas forcément explicitement) de moins travailler, et d’augmenter le coût du travail. Le chômage est une plaie sociale, individuelle et économique. Le faire chuter radicalement doit être une priorité — en tout cas pour qui souhaite traiter le problème n°1 des français. Le chômage est le symptôme, aussi, d’un manque de compétitivité, de confiance, de solidarité.
    La France a fait le choix du chômage, et il faut maintenant faire le choix inverse : celui du travail. Cela implique un courage politique pour dire la vérité. Dire qu’il faut arrêter d’augmenter le SMIC mécaniquement plus vite que les autres salaires ; dire qu’il faut supprimer — ou modifier fortement les 35h ; dire que la travail crée du travail, et qu’il ne se divise pas ; dire que pour partager un gâteau, il faut encore le produire.
    Il n’y a que Sarkozy qui mette la revalorisation du travail comme priorité dans son programme ; c’est utile et important, tant au niveau économique que philosophique. Le travail aliénant, décrié par les intellos en mal de grand soir ayant mal digéré leur « Capital », n’est qu’un aspect de la réalité. Le travail, c’est aussi et surtout l’émancipation, le progrès, l’entraide mutuelle.

    Le travail éloigne de nous trois grands maux : le besoin, le vice, l’ennui.
    Voltaire

    Dans la guerre, le plus fort accable le plus faible.
    Dans le travail, le plus fort communique de la force au plus faible.

    Bastiat

  • Ségolène Royal : interventionnisme, démagogie et quelques silences en forme d’aveux

    Hier soir, comme beaucoup de Français j’imagine, j’ai regardé la prestation de Ségolène Royal sur TF1. Si je devais résumer, je dirais qu’elle nous a servi un vaste foutoir de bons sentiments et de promesses sans réelle assise économique. Voyons plus en détail.

    Interventionnisme

    Ségolène Royal est bien dans la droite ligne des politiciens qui surtout ne veulent pas restreindre le rôle de l’Etat, et ses domaines d’intervention. En voilà  trois exemples abordés hier :

    • augmentation du SMIC et des autres salaires par intervention de l’état : les entreprises n’auront bientôt plus qu’à  suivre une grille des salaires fournie par le Ministère du Travail : vive la planification !
    • l’annonce de la réquisition des logements inoccupés par l’Etat est une atteinte à  la propriété : mais il vrai que nous devons tout mettre en commun pour le bien général : vive le communisme !
    • l’annonce d’empêcher les licenciements dans les entreprises qui font des profits ; les patrons peuvent être plus cool maintenant : l’Etat providence va gérer leur boîte à  leur place (il est vrai que l’Etat a depuis longtemps fait ses preuves en tant que gestionnaire et stratège !)

    La position du curseur qui définit le rôle que doit prendre l’Etat dans la force de ses interactions avec le marché a été clairement annoncée hier soir : interventionnisme forcené. Il est vrai que c’est ce que les Français voulaient entendre, tant ils sont habitués à  systématiquement se tourner vers l’Etat pour chaque problème de la vie.

    Démagogie

    Si la démagogie est l’art de flatter les gens en leur disant ce qu’ils veulent entendre, et la rouerie l’art d’utiliser l’habilité de la parole jusqu’au mensonge, alors Ségolène Royal est une sacrée démagogue, voire une menteuse. Dire tout et son contraire dans un intervalle de trois minutes, c’est ce qu’elle a fait à  plusieurs reprises hier :

    • augmenter le SMIC et diminuer le chômage (voir mon billet précédent)
    • il faut diminuer la dette de l’Etat Français, mais par contre, on ne touche pas aux fonctionnaires !
    • à  propos des OGM : il faut faire dela recherche sur les OGM, car ils peuvent apporter beaucoup, en terme de santé et d’environnement, mais José Bové a eu raison de faucher des champs d’OGM (contre ce que la justice vient pourtant de décider)
    • quant au progrès technique, il détruit des emplois, mais il crée des emplois (dans la même phrase!)

    N’oublions pas que la cohérence du discours, allant avec une utilisation saine de la raison, comporte le principe de non-contradiction : dois-je en conclure que Ségolène Royal, hier ne s’adressait pas à  la raison ?

    Quelques silences en forme d’aveux

    Certains sujets importants n’ont pas été abordés, et qu’ils aient donné lieu à  des questions ne change pas grand-chose :

    • la pérennité du système de retraite a fait l’objet de la première question et Ségolène Royal, au lieu de répondre sur le fond de la question (l’âge des départs à  la retraite) a préféré botter en touche et parler du montant des petites retraites
    • un intervenant, étudiant en chimie, a évoqué les émeutes de l’hiver 2005 : là  encore, silence sur ces évènements graves et sur leurs causes
    • en enfin le clou du spectacle : personne n’a abordé les 35 heures ! Ségolène Royal, selon moi, avait pourtant le devoir de clarifier sa position sur ce point précis…

    Ca fait franchement froid dans le dos !

    Profondeur des vues journalistiques

    Pour finir, il faut décerner la palme du ridicule à  PPDA, dont le rôle est pourtant bien passif dans ce type rendez-vous : les seules interventions qu’il a faite pour rappeler des questions posées, et que Mme Royal avait oublié portaient sur … les 35 heures ? les banlieues ? l’inégalité de traitement homme/femme au travail ? le coût de la main d’oeuvre ? NON ! PPDA est intervenu pour relancer sur deux points essentiels de la campagne présidentielle, et cruciaux pour l’avenir de la France :

    • le remaniement en cours de l’équipe de Ségolène Royal, mais sur les gens, hein ?
    • est-ce que M. Hollande aura un poste et si oui, lequel ?

    Merci pour ces interventions de journaliste « peopolitique », on s’en serait passé, et j’aurais pour ma part préféré qu’il relance Mme Royal sur les émeutes…
    Pour finir sur une note d’humour, le monsieur qui a posé la question concernant le futur poste de Hollande en cas de victoire de Royal, l’a tourné de la sorte — vous me direz que j’ai l’esprit mal tourné, et c’est peut être vrai! – :

    Quelle sera la position de M. Hollande?
    :mrgreen:

    Posée à  la femme de l’intéressé, c’est une question qui ne manque pas de piquant ; ça m’a bien fait marrer. Il n’y a que les propos de Ségolène qui auraient pu être aussi drôles, s’ils n’avaient pas été aussi pathétiques.