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  • Histoire de la philosophie occidentale

    Histoire de la philosophie occidentale

    J’ai fini il y a quelques mois le formidable livre de Bertrand Russell, « Histoire de la philosophie occidentale » (éditions Les belles lettres).

    Les idées, et leurs auteurs

    C’est un livre formidable, mêlant philosophie bien sûr, mais aussi histoire de la pensée : Russell, dans sa plongée historique, met l’accent sur des auteurs. C’est-à -dire qu’il donne des éléments permettant de comprendre d’une part, qui était tel ou tel philosophe, et dans quel contexte il a produit ses idées, et d’autre part ce que ce philosophe a apporté au monde (idées, théories, ouvrages, actions.
    Les chapitres sont assez courts, donc faciles à  lire séparément, comme un lit on feuilleton ou comme on regarde une série, et le style est stimulant et drôle. Russell n’est jamais dans la révérence par rapport à  ces grands penseurs (au contraire), et il ne se prive jamais de souligner ce qui dans les théories des uns ou des autres a pu se révéler complètement faux. Il ne se prive pas non plus de mettre en avant les décalages parfois profonds entre les théories professées, et les manières de vivre de ceux qui les portaient.

    Amour de la vérité

    Pour finir de vous convaincre de lire cette somme indispensable, un dernier mot. Russell fait partie des philosophes qui ne sont pas « que » philosophes : wikipedia et sa biographie nous montrent qu’il était « mathématicien, logicien (il a croisé Popper au Cercle de Vienne), philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste ». Esprit très large, critique au sens positif du terme. Ce qui me touche dans le livre de Russell, et je crois que c’est en lien avec cette formation scientifique et philosophique, c’est son amour sincère, humble et rationnel de la vérité. Je lui laisse donc le mot de la fin (cité d’ailleurs en épilogue de l’excellentissime Impostures intellectuelles) :
    Le concept de « vérité », compris comme dépendant de faits qui dépassent largement le contrôle humain, a été l’une des voies par lesquelles la philosophie a, jusqu’ici, inculqué la dose nécessaire d’humilité. Lorsque cette entrave à  notre orgueil sera écartée, un pas de plus aura été fait sur la route qui mène à  une sorte de folie – l’intoxication de la puissance qui a envahi la philosophie avec Fichte et à  laquelle les hommes modernes, qu’ils soient philosophes ou non, ont tendance à  succomber. Je suis persuadé que cette intoxication est le plus grand danger de notre temps et que toute philosophie qui y contribue, même non intentionnellement, augmente le danger d’un vaste désastre social.

  • Le bourreau de l’amour

    Le bourreau de l’amour

    Ce petit livre est formidable ! Irvin Yalom est un psychothérapeute, écrivain, professeur de psychiatrie. Je n’ai pas – encore – lu ses romans, mais ce recueil, dans un format court, de cas concrets d’analyses est un régal. Ces récits intenses, profonds, douloureux toujours, mais également riches du parcours effectué par l’analyste Yalom et ses patients, sont très bien écrits.

    Les 4 difficultés existentielles

    Une préface magnifique les précède. J’y ai trouvé ce passage, très éclairant, direct et sublime à  mes yeux :
    Bien des choses – un simple exercice de groupe, quelques minutes de profondes réflexion, une oeuvre d’art, un prêche, une crise personnelle, une disparition – nous rappellent que nos attentes les plus profondes, nos désirs de jeunesse, de voir le temps s’arrêter, de voir revenir ceux qui nous ont quittés, nos désirs d’amour éternel, de protection, de signification, d’immortalité même, ne peuvent être remplis. Souvent ces attentes impossibles, cette douleur existentielle, deviennent si fortes que nous cherchons l’aide de notre famille, de nos amis, de la religion, et parfois des psychothérapeutes. […] Je crois que la raison d’être de la psychothérapie est toujours cette souffrance existentielle – et non pas, comme on l’affirme souvent, le refoulement des impératifs sexuels ou les épines encore aigà¼es d’un vécu douloureux. Dans les thérapies que j’ai mené avec chacun de ces dix patients, ma principale présomption clinique – présomption sur laquelle j’ai fondé ma méthode – est que l’angoisse fondamentale surgit des efforts désespérés, conscients ou inconscients, d’un individu pour affronter les dures réalités de la vie, les « données préalables » de l’existence. J’ai découvert que quatre données sont particulièrement pertinentes en matière de psychothérapie : l’aspect inéluctable de la mort, pour chacun de nous et ceux que nous aimons; la liberté de diriger notre vie comme nous l’entendons; notre solitude fondamentale; et enfin, l’absence d’une signification ou d’un sens évident de l’existence. Pour oppressantes que soient ces données, elles contiennent les germes de la sagesse et de la rédemption. J’espère démontrer, avec ces dix récits de psychothérapie, qu’il est possible d’affronter les réalités de l’existence et d’en tirer profit pour changer et améliorer sa propre personnalité.
    J’en ai refait un article plus tard, pour creuser ces 4 difficultés et les intégrer dans ma réflexion.

    Chasse à  l’illusion et quête de la vérité

    Un des termes importants dans ce texte est le mot « affronter ». Il rejoint une autre remarque d’Irvin Yalom dans un des récits de thérapie :

    Pour moi, la « bonne » psychothérapie (la psychothérapie profonde, ou pénétrante et non pas efficace ou même – je suis au regret de le dire – utile) conduite avec un bon patient est essentiellement une recherche de la vérité. […] C’est l’illusion que je pourchasse. Je fais la guerre à  la magie. Je crois que si l’illusion souvent encourage et réconforte, elle finit invariablement par affaiblir et limiter le courage.

    Ces mots sonnent doux à  mon oreille. Je vous invite à  lire ces dix récits puissants, dans lesquels on découvre des êtres meurtris, angoissés, et le point du vue du thérapeute, ses doutes, et sa manière très humaine, touchante, de guider ses patients vers la vérité. Le mot de courage utilisé dans cette dernière citation en fait résonner une autre, qui servira de conclusion:

    Le secret du bonheur, c’est la liberté. Le secret de la liberté, c’est le courage. [Thucydide]

  • Un individu dans l’innovation

    Un individu dans l’innovation

    A l’heure où tout ce qui s’est construit sur le web impacte pleinement les entreprises (pour le meilleur souvent), et la société en général, je suis empli – plus que jamais – de doutes. Est-il encore permis de douter, tout en agissant ? Je l’espère !

    Si vous êtes certain, vous vous trompez certainement, parce que rien n’est digne de certitude ; et on devrait toujours laisser place à  quelque doute au sein de ce qu’on croit ; et on devrait être capable d’agir avec énergie, malgré ce doute. — Bertrand Russell

    Idéalisme et action intraprenariale

    J’ai la chance de faire un métier passionnant, centré sur l’innovation (donc sur la structuration de l’inconnu, la conduite du changement, et l’humain au sens large). Et j’ai la chance d’avoir une activité qui mêle les non-spécialistes aux spécialistes, et qui questionne la capacité à  faire (Refaire?).

    Etant idéaliste, j’ai une tendance naturelle à  voir le résultat escompté avant les embûches : je pense qu’il est possible d’imaginer, et de construire, une société où les humains puissent vivre librement, en sécurité, et rechercher comme ils l’entendent leur bonheur, en respectant ce même droit pour les autres. Je pense également qu’il possible d’imaginer, et de construire, des entreprises (des firmes) où il fait bon travailler, dans la joie, le respect et la transparence.

    Le propre de l’idéalisme, c’est d’être décalé du monde réel. L’idéaliste se construit dans l’espace qui sépare sa vision de la réalité. L’idéaliste non dogmatique se nourrit des difficultés (le sage aussi, mais sans en souffrir). Ma souffrance au quotidien (souffrance toute spirituelle) consiste à  mesurer l’écart entre ma visée, et ce qui est la réalité au quotidien. Je suis donc pour cela (et aussi un peu par choix/nécessité) enclin au doute. Et comme je pense qu’il est plus profitable de partager ses doutes que ses convictions, j’ai envie d’en partager quelques-uns.

    Les grandes entreprises sont-elles prêtes à  jouer le jeu de l’innovation ?

    Pour le vivre au quotidien, je crois que le vrai problème de l’innovation dans les grandes entreprises est l’articulation entre les activités de conception innovante et les celles de conception réglée (je ne parle pas comme chercheur, mais sur la base d’un retour d’expérience de terrain, donc non généralisable). Mettre en place des structures de conception réglée pour mener à  bien des exploits industriels, beaucoup d’entreprises l’ont fait, et savent très bien le faire. Mener à  bien des activités de conception innovante, beaucoup d’entreprises aussi l’ont fait. Mais articuler ces deux activités relativement différentes (dans leurs modes de raisonnements, dans leur pilotage, dans la manière de les évaluer), au sein d’une même structure, voilà  qui est plus complexe. Certaines entreprises ont montré des voies possibles : Apple, Google, Pixar, mais aussi 3M, Seb, et bien d’autres. Articuler ces deux types d’activités conduit à  faire se parler deux mondes :
    1° comment rendre appropriables par le monde de la conception réglée les sorties de l’activité de conception innovante ? L’exploration de la valeur (au sens plein du terme) parait être le chemin commun. En voyez-vous d’autres ?
    2° comment intégrer les contraintes de la conception réglée à  l’activité de conception innovante ?
    Pour l’une comme pour l’autre de ces questions, il parait évident que le plus simple est de mélanger des acteurs de ces deux mondes, et les faire travailler ensemble. Plus facile à  dire qu’à  faire. Les projets temps libres sont une vraie piste pour cela (sortir les gens de leurs missions au sein de la firme), et les « tiers-lieu » permettent de formaliser cette transversalité, et de favoriser un mélange réussi entre les métiers, avec une organisation différente de l’activité. Les grandes entreprises sont-elle prêtes pour ce jeu-là  ? J’en doute, tant les effets de la « corporate governance », mêlés à  ceux de la crise, tendent la situation interne.

    Une révolution, ça tourne…et ça revient !

    Il est toujours dangereux de parler de « changement de paradigme », de « révolution ». Notre point de vue est si temporellement défini que les effets de distorsion sont inévitables. Voilà  un doute de plus : je doute sincèrement du fait que nous soyons en plein changement de paradigme. Je crois que beaucoup de monde se gargarise avec ces grands mots, qui cachent facilement les petites lâchetés et la paresse intellectuelle. La bascule des produits vers les services, nouvelle ? Mais IBM l’a déjà  réalisée ! L’arrivée des Big Datas, nouvelle ? Mais Google s’est justement construite sur la structuration des informations, et sur leur utilisation appropriée ! Dans un cas comme dans l’autre, parler de révolution, c’est bien, mais cela masque surtout un manque de capacité à  intégrer ces exemples au jour le jour dans nos pratiques. Qu’en pensez-vous ? Sommes-nous réellement dans un « changement de paradigme » ?

    L’humain au centre de tout ça

    Voilà  qui nous ramène directement à  l’humain, et aux individus. Jusqu’à  preuve du contraire, une entreprise, un état, une nation, une communauté, ça ne parle pas, ça ne pense pas ; les individus oui. Les acteurs sont les individus. Et le fait que leurs actions et leurs pensées puissent être structurées par des facteurs externes n’y change pas grand-chose. Les acteurs sont les individus.
    Voilà  encore un doute qui me traverse au quotidien. Aucune idée n’avance seule ; les idées avancent parce que des porteurs y mettent leur énergie, leurs tripes parfois, et parce que cela rencontre un écho chez les autres. Qu’ils soient des acteurs à  fédérer, des clients à  combler ou à  titiller, des partenaires à  séduire (dans le bon sens du terme). Voilà  un autre doute qui m’anime, liée à  notre contexte français : les gens sont-ils prêts à  accepter une société plus ouverte, avec une place accrue de la société civile, avec une mise en avant plus forte de la responsabilité individuelle ? Je suis un ferme partisan d’une vraie subsidiarité : avant de prévoir des plans pharaoniques nécessitant un recours souvent brutal au financement des contribuables, il convient de balayer devant sa porte. En commençant à  la brique élémentaire, l’individu. Nous avons un penchant culturel à  toujours vouloir régler les problèmes par le haut, au lieu de commencer à  retrousser les manches au niveau local pour gérer nous-mêmes les choses. Le système (qu’il soit celui de l’entreprise, ou la société en général) ne peut se changer qu’au quotidien, avec un peu de courage, de liberté et de vérité. Cela implique une ambiance de confiance totale ; c’est ce qu’Ed Catmull -co-fondateur de Pixar- avait bien compris. La première règle formelle chez Pixar est : chacun est libre de s’adresser à  n’importe qui. Cette simple règle serait révolutionnaire si on l’appliquait dans beaucoup d’organisme. La confiance est une clé. La convivialité aussi. Le goût du débat, voire de la controverse, de l’argumentation font partie de tout cela. Un soldat au garde-à -vous est utile pour que l’armée soit opérationnelle ; est-ce une attitude bien utile dans une entreprise innovante ? Voilà  un ensemble de valeur dont j’entends souvent parler, mais qui demandent, pour être défendue au quotidien, pas mal d’efforts, et d’idéalisme. Qu’en pensez-vous? Ces doutes exprimés vous parlent-ils ? Vous paraissent-ils ridicules ? La section commentaire est là  pour en discuter !

  • Pascal Salin

    Pascal Salin

    Ce billet servira de point central pour lister les articles et les ressources concernant Pascal Salin. Comme j’ai écrit pas mal d’articles en me basant sur ses textes, ou en utilisant des citations de lui, je trouve cohérent de centraliser tout ça au même endroit. N’hésitez pas à  suggérer d’autres ressources le concernant en commentaires !

    Qui est Pascal Salin ?

    Pascal Salin (né le 16 mai 1939 à  Paris) est un économiste français, professeur à  l’université de Paris IX Dauphine, spécialiste de la finance publique et ancien président de la Société du Mont Pèlerin (1994-1996).
    D’inspiration libérale et libertarienne, son oeuvre marche dans les traces de Frédéric Bastiat, Ludwig von Mises et Friedrich Hayek.

    Vous trouverez d’autres éléments sur Wikipedia, ou Liberpedia.

    « Libéralisme »

    Voici les billets directement basés sur le merveilleux livre « Libéralisme ».

    Deux articles intéressants à  propos de ce livre :
    « Libéralisme », de Pascal Salin, par Marc Grunert, et Libéralisme sur l’ALEPS.

    Interview exclusive pour Expression Libre

    J’ai eu le plaisir d’interviewer Pascal Salin chez lui au moment de la sortie de son livre « Revenir au capitalisme » :

    Traduction de la conférence pour le prix Schlarbaum

    L’Ecole Autrichienne d’Economie : l’aboutissement d’un voyage intellectuel
    Conférence de Pascal Salin à  l’occasion de la remise du prix Schlarbaum, publiée le 13/02/2009 sur le site de l’Institut Mises. Traduction : BLOmiG.

    Vidéos de la conférence à  Lugano

    Divers textes

    Et pour finir, voilà  divers articles du blog qui ne sont que des citations, ou des extraits de textes de Salin :

    Salin sur le Québécois Libre

    Retrouvez tous ses articles sur le Québécois Libre (super site, dont je vous recommande vivement d’aller parcourir un peu les entrailles…) :
    Pascal Salin sur le Québécois Libre

  • Choisissez le slogan du blog !

    Petit sondage pour vous permettre, chers lecteurs, de choisir la citation qui sera utilisée comme « slogan » du blog. Vous pouvez, bien sûr, en proposer d’autres qui vous paraitraient plus pertinentes en commentaires…
    (suite…)

  • Citation #52

    L’homme d’Etat qui tenterait d’ordonner les capitaux des particuliers, non seulement se chargerait d’un soin très superflu, mais encore assumerait une autorité qui ne pourrait être confiée avec sûreté à  aucun conseil ni sénat, et qui ne serait nulle part si dangereuse qu’entre les mains d’un homme assez fou et assez présomptueux pour se croire capable de l’exercer.

    Adam Smith